No 44 - FÉvR. 1905 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE 49
dian » dans le sens exact où notre confrère
les entend :
Les chiffres de production ne s'appliquent,
en fait, qu'à l'exportation, et non à la récolte
effective des pays envisagés, qui aurait été
d'ailleurs, le plus souvent, bien difficile à
connaître avec tant soit peu de précision.
Il est curieux de relever les pays dont la
production a le plus augmenté dans ces dix
années. C'est, en premier lieu, la Côte d'Or
dont l'exportation s'est accrue de plus de
2.840 0/0' Puis, le Cameroun, qui produit
aujourd'hui 5 fois plus qu'en 1894. San
Thomé (y compris l'île du Prince) a vendu,
en 1903, presque 3 fois plus qu'en 1894. Saint-
Domingue a profité d'une progression pres-
que aussi rapide que San Thomé (différence,
de 1903 à 1894, plus de 270 %).
Le seul pays producteur qui soit vraiment
en recul, est Surinam : de 1894 à 1903, dimi-
nution de plus de 46 0/0' Cette décadence est
due surtout aux ravages de la maladie dite
« balai de sorcière » (« krulloten » des Hol-
landais), décrite et figurée dans le n° 3 du
« J. d'A. T. ».
Certains paye, tout en produisant de très
fortes quantités de cacao, en consomment
tant eux-mêmes qu'il en reste à peine pour
l'exportation ; telles les républiques du
Centre-Amérique. Quelques-uns sont aujour-
d'hui encore obligés d'en importer, leur
production ne suffisant pas à leurs propres
besoins ; tel le Mexique, qui achète du
cacao aux Antilles.
Les tableaux du « Gordian » ne tiennent
guère compte de ces pays, pas plus que de
ceux où la culture du cacao ne fait que com-
mencer : Congo, Nigérie, Samoa, etc. Il s'en
suit que les totaux admis, pour la production
mondiale, sont plutôt au dessous de la réalité.
Le Congo belge, par exemple, a exporté,
rien que dans les six premiers mois de 1904,
106.437 kg. de cacao ; or, il ne figure pas dans
le tableau du « Gordian ».
La production totale de cacao dans le mon-
de a presque doublé de 1894 à 1903; l'aug-
mentation exacte est de 83 V2 °/o- D'une année
à l'autre de cette décade la différence a va-
rié entre d'assez larges limites, puisque nous
voyons des déficits de 5 Va °/o et des excédents
de + 17 Va %>' cependant, la moyenne arith
métique des neuf années 1895-1903 donne
une progression annuelle de + 6 3/s °/o-
Le tableau de la consommation mondiale
de cacao n'envisage que les grands pays
industriels. En 1894, c'est la France qui était
à la tête de la chocolaterie universelle ;
aujourd'hui, ce sont les Etats-Unis, la France
est repoussée au 3e rang. L'Allemagne est
passée du 4° rang au 2e. L'Angleterre a ré-
trogradé de 2 rangs, comme la France.
De tous les pays, c'est le Canada qui a
augmenté sa consommation dans la propor-
tion la plus forte : plus de 368 ° 0 ; puis vien-
nent la Norvège (presque 269 0/0) et les Etats
Unis (plus de 259 °/o) ! l'Allemagne, la Suisse,
la Belgique, l'Autriche-Hongrie, le Dane-
mark, la Finlande, ont progressé dans des
proportions variables, allant de 123 à 185 °/0.
La consommation mondiale totale a aug-
menté, en dix ans, de plus de 97 °/0, pendant
que la production mondiale n'augmentait que
de 83 Va °/o-
L'Italie et l'Espagne, qui importent au-
jourd'hui moins de cacao en fèves qu'elles
n'en importaient en 1894, achètent en revan-
che des quantités de plus en plus grandes de
cacao fabriqué.
Les statistiques des Etats-Unis ne portent
pas sur l'année civile, mais sur l'année fis-
cale, soit du 1er juillet de l'année précédente,
au 30 juin de l'année inscrite en tète de la
colonne. Ce déplacement de six mois n'est
pas de nature à modifier sensiblement les
totaux.
Les statistiques de consommation de
l'Australie, des Etats-Unis etde la Hollande
ne donnent en réalité que l'importation dans
ces pays sans tenir compte de la réexporta-
tion. Le « Gordian », dont la probité scientifi-
que mérite les plus grands éloges, fait ob-
server lui-même que cette circonstance ne
manque pas d'embrouiller les choses sensi-
blement, pour la Hollande en particulier; car
ce pays a réexporté, en 1903 par exemple,
6 011.191 kg. de cacao: fèves, déchets et
poussières y compris. L'excédent qui résulte
de ce fait, peut être considéré comme com-
pensant le déficit qui résulte de l'absence,
dans le tableau, du Portugal et de quelques
