Presse et revues
56 pages
Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-11-05
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 05 novembre 1898 05 novembre 1898
Description : 1898/11/05 (A2,N18,T3). 1898/11/05 (A2,N18,T3).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6419695s
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2013
CULTURE POTAGÈRE DANS LES POSTES DU HAUT-NIGER 139
Courges, mais le Luffa, les Momordica, les Lagenaria, etc., cueillies jeunes et
convenablement accommodées forment un mets délicat.
Les Céleris à côtes ne sont pas non plus à dédaigner; ils poussent rapidement,
mais, si l'on n'y prenait garde, ils deviendraient vite filandreux.
Quant aux Aubergines et aux Tomates, elles croissent avec la plus grande facilité.
Quoique originaires, les premières dé l'Asie méridionale, et les secondes de
l'Amérique intertropicale, elles ont été depuis longtemps introduites en Afrique,
où d'ailleurs croissent spontanément beaucoup d'espèces très voisines dont plu-
sieurs sont utilisées comme légumes.
Le Piment, comme je l'ai déjà dit, est cultivé par les indigènes et il est probable
que nos espèces perfectionnées donneront de bons résultats au Niger.
La Pomme de terre, pas plus là que dans les autres pays chauds, ne semble avoir
donné grande consolation à ceux qui l'ont essayée. Au Gabon, en Cazamance, au
Congo Belge, etc., les résultats ont été négatifs. M. Chalot, le distingué Directeur
du Jardin d'essai de Libreville, a réussi, il est vrai, la culture de plusieurs variétés,
mais c'est au prix de précautions et de soins continuels, peu en rapport avec les
ressources dont disposent d'ordinaire les jardins des postes; et d'ailleurs, dans
ces pays où les taros, maniocs, ignames et patates croissent facilement et en
abondance, la pomme de terre perd beaucoup de l'intérêt qu'elle a chez nous.
Comme il fallait s'y attendre, les légumes-racines sont parmi ceux qui ont le
moins bien réussi à Kangaba; Carottes, Navets, Betteraves n'ont donné que de
médiocres produits; c'est là une règle qui semble assez générale dans ces pays
où l'exubérance de la sève dans la saison humide favorise le développement
foliacé aux dépens de la racine. Sagot, dans son « Manuel de cultures tropicales a
dit en parlant de la Carotte qu'elle vient trop médiocrement dans les pays chauds
pour y mériter la culture dans les jardins. Cependant, des résultats favorables
obtenus au Sénégal, au Gabon, etc., me portent à croire qu'il y a là surtout une
question de culture et de préparation de terre; ce qui d'ailleurs semblerait le
prouver, c'est que dans ce même hivernage où les Carottes restaient ligneuses à
Kangaba, on en mangeait d'excellentes à Kankan, dans des conditions climaté-
riques et géologiques équivalentes. De même pour les Betteraves. -
La culture de différents condiments, tels que Persil, Oiboulette, Cresson alénois,
etc., n'a pas non plus été un succès à Kangaba; mais, toujours en m'appuyant
sur des résultats obtenus sur d'autres points également chauds d'Afrique, je ne
crois pas qu'il y ait lieu de l'abandonner.
Il faut seulement tenir compte que beaucoup de plantes délicates seront avec
avantage repiquées près des cases ou des bâtiments, à l'abri du vent, et que des
nattes, tamisant l'ardeur du soleil, ne peuvent être que favorables à leur déve-
loppement.
En résumé, avec plus ou moins de facilité, le plus grand nombre des légumes
dont l'acclimatation a été tentée ont donné des résultats satisfaisants ou, du
moins, encourageants pour l'avenir; et lorsqu'une sélection raisonnée aura été
opérée entre les différentes variétés de chaque espèce, les potagers du Haut-Niger
n'auront rien à envier à ceux de la Mère-patrie.
PHILIPPE DE VILMORIN.
Courges, mais le Luffa, les Momordica, les Lagenaria, etc., cueillies jeunes et
convenablement accommodées forment un mets délicat.
Les Céleris à côtes ne sont pas non plus à dédaigner; ils poussent rapidement,
mais, si l'on n'y prenait garde, ils deviendraient vite filandreux.
Quant aux Aubergines et aux Tomates, elles croissent avec la plus grande facilité.
Quoique originaires, les premières dé l'Asie méridionale, et les secondes de
l'Amérique intertropicale, elles ont été depuis longtemps introduites en Afrique,
où d'ailleurs croissent spontanément beaucoup d'espèces très voisines dont plu-
sieurs sont utilisées comme légumes.
Le Piment, comme je l'ai déjà dit, est cultivé par les indigènes et il est probable
que nos espèces perfectionnées donneront de bons résultats au Niger.
La Pomme de terre, pas plus là que dans les autres pays chauds, ne semble avoir
donné grande consolation à ceux qui l'ont essayée. Au Gabon, en Cazamance, au
Congo Belge, etc., les résultats ont été négatifs. M. Chalot, le distingué Directeur
du Jardin d'essai de Libreville, a réussi, il est vrai, la culture de plusieurs variétés,
mais c'est au prix de précautions et de soins continuels, peu en rapport avec les
ressources dont disposent d'ordinaire les jardins des postes; et d'ailleurs, dans
ces pays où les taros, maniocs, ignames et patates croissent facilement et en
abondance, la pomme de terre perd beaucoup de l'intérêt qu'elle a chez nous.
Comme il fallait s'y attendre, les légumes-racines sont parmi ceux qui ont le
moins bien réussi à Kangaba; Carottes, Navets, Betteraves n'ont donné que de
médiocres produits; c'est là une règle qui semble assez générale dans ces pays
où l'exubérance de la sève dans la saison humide favorise le développement
foliacé aux dépens de la racine. Sagot, dans son « Manuel de cultures tropicales a
dit en parlant de la Carotte qu'elle vient trop médiocrement dans les pays chauds
pour y mériter la culture dans les jardins. Cependant, des résultats favorables
obtenus au Sénégal, au Gabon, etc., me portent à croire qu'il y a là surtout une
question de culture et de préparation de terre; ce qui d'ailleurs semblerait le
prouver, c'est que dans ce même hivernage où les Carottes restaient ligneuses à
Kangaba, on en mangeait d'excellentes à Kankan, dans des conditions climaté-
riques et géologiques équivalentes. De même pour les Betteraves. -
La culture de différents condiments, tels que Persil, Oiboulette, Cresson alénois,
etc., n'a pas non plus été un succès à Kangaba; mais, toujours en m'appuyant
sur des résultats obtenus sur d'autres points également chauds d'Afrique, je ne
crois pas qu'il y ait lieu de l'abandonner.
Il faut seulement tenir compte que beaucoup de plantes délicates seront avec
avantage repiquées près des cases ou des bâtiments, à l'abri du vent, et que des
nattes, tamisant l'ardeur du soleil, ne peuvent être que favorables à leur déve-
loppement.
En résumé, avec plus ou moins de facilité, le plus grand nombre des légumes
dont l'acclimatation a été tentée ont donné des résultats satisfaisants ou, du
moins, encourageants pour l'avenir; et lorsqu'une sélection raisonnée aura été
opérée entre les différentes variétés de chaque espèce, les potagers du Haut-Niger
n'auront rien à envier à ceux de la Mère-patrie.
PHILIPPE DE VILMORIN.
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