Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-03-20
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 20 mars 1899 20 mars 1899
Description : 1899/03/20 (A3,N25,T4). 1899/03/20 (A3,N25,T4).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6418292v
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2013
162 REVUE DES CULTURES COLONIALES
Gouverneurs du Sénégal, magnifique installation qu'on a voulu plusieurs fois et
qu'on veut encore restaurer comme centre de culture. Malheureusement, lorsque
le Sénégal déborde, Richard-Toll reste comme un îlot de verdure au-dessus de
l'immense nappe d'eau qui couvre la plaine ; c'est alors le refuge des termites,
ces terribles « fourmis blanches » qui sont les plus grands ennemis des cultures.
Quelles furent les causes de cet insuccès?
1° En premier lieu, je mettrai le manque de sécurité pour les colons et pour leurs
plantations. Les Maures, les Volofs, les Toucouleurs, venaient à chaque instant
commettre des déprédations dans les habitations et les cultures, et la France
n'avait aucun recours contre ces incursions. Le pays n'était pas conquis.
2° Le défaut d'ouvriers. — Les colons ne pouvaient avoir alors que des cultiva-
teurs noirs ignorants, anciens esclaves qui, par dégoût du travail, avaient quitté
leurs maîtres. A la moindre contrariété, ces ouvriers désertaient, emportant tout
ce qu'ils avaient pu trouver sous leur main. Les chefs musulmans se gardaient
bien de faire rendre ce qu'on dérobait à ces « chiens de chrétiens ». -
3° La difficulté des communications avec la France. — Le chemin de fer n'existait
pas. Souvent les navires étaient obligés, comme il arrive encore maintenant, de
rester plusieurs semaines devant la barre du Sénégal pour entrer dans le fleuve
ou pour en sortir.
4° Le mauvais choix du terrain. — Le pays où l'on travaillait était complètement
déboisé. Il se trouvait, de plus, à proximité du grand désert du Sahara, et par
conséquent, il était exposé à toute l'action du vent brûlant qu'on appelle le vent
d'Est. Puis, à la saison des pluies, le fleuve qui débordait endommageait souvent
les cultures. Lorsqu'il se retirait, il laissait des sables peu fertiles, ou bien une
couche d'argile qui, peu de temps après, devenait dure comme la pierre.
50 Les termites. — Comme je l'ai déjà dit, ces « fourmis », terribles partout,
devenaient un fléau là où elles étaient refoulées par les eaux du Sénégal.
60 L'insalubrité du climat. — Après l'inondation, les boues déposées par le
fleuve dégageaient des miasmes paludéens qui engendraient des fièvres perni-
cieuses. De plus, à cette époque, on ignorait encore l'usage de la quinine. Les
colons étaient décimés par les maladies.
7° Ajoutons-y les causes particulières d'insuccès pour chaque produit. — Le coton
d'Amérique envahissait le marché européen, défiant toute concurrence. L'indigo
venait de l'Inde où les Anglais établissaient de grandes usines, et trouvaient une
main-d'œuvre intelligente et à bon marché. La cochenille ne pouvait lutter contre
celle du Mexique, puis, finissait par tomber, comme la plupart des produits tinc-
toriaux. Il en était de même du rocou. Le ver à soie vivait bien sur le mûrier blanc
porté, mais il ne se reproduisait pas, a-t-on dit sans en expliquer la raison.
En 1865, Mgr Kobès, vicaire apostolique de la Sénégambie, cherchait à faire
vivre, à Ngazobil, des centaines d'affamés venus du Saloum, avec le produit de la
culture du coton. Trois cents hectares étaient déjà en plein rapport, lorsque les
sauterelles vinrent tout ravager pendant sept années consécutives.
III. — Nouveaux essais.
Dans ces derniers temps, c'est sur un autre point du Sénégal qu'on a étudié
l'acclimatation des produits exotiques.
A 71 kilomètres de Dakar, sur la voie ferrée qui relie à Saint-Louis cette der-
Gouverneurs du Sénégal, magnifique installation qu'on a voulu plusieurs fois et
qu'on veut encore restaurer comme centre de culture. Malheureusement, lorsque
le Sénégal déborde, Richard-Toll reste comme un îlot de verdure au-dessus de
l'immense nappe d'eau qui couvre la plaine ; c'est alors le refuge des termites,
ces terribles « fourmis blanches » qui sont les plus grands ennemis des cultures.
Quelles furent les causes de cet insuccès?
1° En premier lieu, je mettrai le manque de sécurité pour les colons et pour leurs
plantations. Les Maures, les Volofs, les Toucouleurs, venaient à chaque instant
commettre des déprédations dans les habitations et les cultures, et la France
n'avait aucun recours contre ces incursions. Le pays n'était pas conquis.
2° Le défaut d'ouvriers. — Les colons ne pouvaient avoir alors que des cultiva-
teurs noirs ignorants, anciens esclaves qui, par dégoût du travail, avaient quitté
leurs maîtres. A la moindre contrariété, ces ouvriers désertaient, emportant tout
ce qu'ils avaient pu trouver sous leur main. Les chefs musulmans se gardaient
bien de faire rendre ce qu'on dérobait à ces « chiens de chrétiens ». -
3° La difficulté des communications avec la France. — Le chemin de fer n'existait
pas. Souvent les navires étaient obligés, comme il arrive encore maintenant, de
rester plusieurs semaines devant la barre du Sénégal pour entrer dans le fleuve
ou pour en sortir.
4° Le mauvais choix du terrain. — Le pays où l'on travaillait était complètement
déboisé. Il se trouvait, de plus, à proximité du grand désert du Sahara, et par
conséquent, il était exposé à toute l'action du vent brûlant qu'on appelle le vent
d'Est. Puis, à la saison des pluies, le fleuve qui débordait endommageait souvent
les cultures. Lorsqu'il se retirait, il laissait des sables peu fertiles, ou bien une
couche d'argile qui, peu de temps après, devenait dure comme la pierre.
50 Les termites. — Comme je l'ai déjà dit, ces « fourmis », terribles partout,
devenaient un fléau là où elles étaient refoulées par les eaux du Sénégal.
60 L'insalubrité du climat. — Après l'inondation, les boues déposées par le
fleuve dégageaient des miasmes paludéens qui engendraient des fièvres perni-
cieuses. De plus, à cette époque, on ignorait encore l'usage de la quinine. Les
colons étaient décimés par les maladies.
7° Ajoutons-y les causes particulières d'insuccès pour chaque produit. — Le coton
d'Amérique envahissait le marché européen, défiant toute concurrence. L'indigo
venait de l'Inde où les Anglais établissaient de grandes usines, et trouvaient une
main-d'œuvre intelligente et à bon marché. La cochenille ne pouvait lutter contre
celle du Mexique, puis, finissait par tomber, comme la plupart des produits tinc-
toriaux. Il en était de même du rocou. Le ver à soie vivait bien sur le mûrier blanc
porté, mais il ne se reproduisait pas, a-t-on dit sans en expliquer la raison.
En 1865, Mgr Kobès, vicaire apostolique de la Sénégambie, cherchait à faire
vivre, à Ngazobil, des centaines d'affamés venus du Saloum, avec le produit de la
culture du coton. Trois cents hectares étaient déjà en plein rapport, lorsque les
sauterelles vinrent tout ravager pendant sept années consécutives.
III. — Nouveaux essais.
Dans ces derniers temps, c'est sur un autre point du Sénégal qu'on a étudié
l'acclimatation des produits exotiques.
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