Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-01-26
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 janvier 1926 26 janvier 1926
Description : 1926/01/26 (A27,N14). 1926/01/26 (A27,N14).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63970618
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
VINÇT-SEPTIBME ANNEE. - No 14 -- - --.-. -- - .- - -- - - - - -- - -- ---- -- - - LE NUMERO: 8) CBNTIMBS
MARDI SOIR, 26 JANVIER 1926 -
- - - - - - - - - - - - - - - - -
Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES- SONT LA PROPRIÉTÉ
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On eabonne dans tous le* Bamu d« pomeet citez les priacipau librmirM
Carburant africain
Quand ce ne serait que pour éviter de payer
l'essence aux prix élevés actuels (7 fr. le litre),
il serait intéressant au plus haut point de trouver
sur place, dans nos colonies africaines aux routes
automobilables, un alcool carburant. Nous sa-
vons, d'autre part, que l'industrie automobile a
trouvé, depuis quelques années, d'importants dé"
bouchés dans la plupart de nos colonies du grou-
pe de l'A. O. F. et en A. t. F., dans l'Ou-
bangui-Chari, où M. le Gouverneur Lamblin a
développé le réseau routier. La production d'un
alcool colonial, écrit M. l'Ingénieur Fouque,
est la seule issue pour sauver r alcool carburant
métropolitain et pour résoudre la question si ai-
guë de notre carburant national.
Voici les directives générales qui permettront
d'implanter en Afrique une profitable industrie
de l'alcool carburait.
Le prix de revient
Dans la colonie de production, il faut que le
prix du cheval-heure soit très nettement inférieur
au prix du cheval-heure produit avec l'essence
importée. Au point de vue strictement colonial,
ainsi que l'écrivait dans les Annales Colonia-
les du 31 décembre mon distingué collègue.
M. le Sénateur Mario Roustan, il y aura
avantage à fabriquer de l' alcool carburant,
on peut dire dans toute l'Afrique fran-
çaise, car dès qu' on pénètre un peu à l'intérieur,
le prix de l'essence monte aux prix prohibitifs
que nous indiquions plus haut. Localement, on
pourrait produire de l'alcool à moins de I franc.
La circulation intense dans notre domaine afri-
cain (avions, auto-chenilles, tracteurs, etc.) ne
se développera que lorsque cette production lo-
cale d'alcool carburant sera chose réalisée. La
mise en valeur de nos possessions africaines est
également à ce prix.
- Au point de vue métropolitain, la question est
plus complexe. Il faut que le prix de revient de
l'alcool africain (arrivée port français) soit assez
bas pour permettre à la fois une juste protection
de l'alcool métropolitain de betteraves. et aussi
pour concurrencer à peu près a égalité l'essence
importée (prix comparés du cheval-heure).
L'Etat pouvant acheter bon marché l'alcool
colonial, pouffa payer plus cher l'alcool de bet-
teraves, tout en les revendant au même prix. On
favorisera ainsi la culture de la betterave de dis-
tillerie si profitable pour notre agriculture. On
pourrait ainsi facilement tripler ou quadrupler
la production actuelle de la betterave, malgré
les hauts prix de l' alcool de betterave, à la con-
dition, naturellement, de « noyer » cet alcool
métropolitain dans une quantité au moins décu-
ple d'alcool colonial. A tous égards, un tel ef-
fort doit être favorisé, car l'augmentation dfes
cultures de betteraves, c'est l'amélioration - de
notre cheptel, puisqu'à chaque hectolitre d'al-
cool produit correspond une quantité de pulpes
suffisante pour nourrir J 2 bovins pendant vingt-
quatre heures, c' est la production du fumier cor-
respondant, etc., tous éléments extrêmement fa-
vorables à notre économie agricole.
D'autre part, l'augmentation de production
d'alcool dans la métropole est aussi une sécurité
en temps de guerre.
Reste la question de la concurrence avec l'es-
sence ; le prix moyen de vente de l'alcool par
l'Etat doit être encore assez bas pour que la
protection douanière exercée contre I* essence
étrangère suffise pour rapprocher le prix du che-
val-heure pour les deux carburants.
Voyons les conditions que devra remplir une
telle industrie :
1° La matière première de distillerie devra
être obtenue sur place sans transport. -- Ceci
impose dans la colonie de réaliser une plantation
avec distillerie centrale ; c'est à ce prix qu'on
diminuera un des éléments importants du prix
de revient, à savoir les frais de transport à l'usine
de la matière première ;
20 La matière première de distillerie devra
pouvoir être récoltée toute l'année; on pourTa
ainsi faire marcher l'usine sans interruption, ce
qui diminuera les frais d'amortissement et de
main-d oeuvre. Cette condition oblige à ne trai-
ter que des mati ères premières qui peuvent être
récoltées toute l'année ; or, nous avons deux
matières premières qui rentrent dans cette ca-
tégorie : les agoocs, dont les feuilles sucrées
sont coupées chaque jour, et les bananes qui, à
la Guinée, à la Côte d'Ivoire et au Dahomey,
par exemple, donnent des régimes (matière
amylacée) à toutes les époques de l'année, sui-
vant la date de plantation du rejet.
, Ces conditions seront, pour la cbstillerie, une
sécurité pour son approvisionnement régulier et
sâr en matière de distillerie ; c'est là un élément
essentiel pour la bonne marche industrielle.
Les produits récoltés sur la plantation seront
tels que l'alcool produit à la distillerie ne soit
obtenu que par l'utilisation de résidus ou déchets
habituellement perdus ; en un mot, l'alcool sera
un sous-produit d'une autre production ou fabri-
cation. Ce point est important ; il assure un prix
d'achat très bas pour les matières premières, et,
d'autre part, il diminue généralement les frais
île transport à la distillerie.
Rentrent dans ces conditions l'alcool d'aga-
ves et l' alcool de bananes. La production d'al-
cool d' agave est une conséquence de la produc-
tion ce la fibre ; la plantation d'agaves étant
considérée établie fIoUr la production de la fibre;
il reste chaque jour porté à pied-d' œuwe un ré-
sidu de clé fi tarage ; c' est ce résidu qu'on fera
fermenter pour avoir de l'alcool. Ce résidu ac-
tuellement perdu sera nécessairement compté à
un prix très bas. L'alfool, dans ce cas, est un
sous-produit industriel de la fabrication de la
fibre de sisal.
Pour les bananes, comme l'écrivait M. Ma-
rio Roustan dans son article précité. la ques-
tion est plus complexe. Si on établit des ba-
naneraies dans le but principal de pro-
duire de la banane pour l' exportation, on se
trouve, à cause de la difficulté d'assurer
des transports sûrs, rapides et réguliers
à ce produit éminemment périssable, devant ce
fait qu'il y a en moyenne 50 de régimes qui
ne peuvent être expédiés. C'est ce déchet qui
sera traité à la distillerie. La présence de la dis-
tillerie est une garantie pour la production régu-
lière de la banane ; c'est aussi un volant de
production, dans le cas où la banane serait mo-
mentanément en trop grande quantité sur le mar-
ché. En un mot, l'alcool de banane est un sous-
produit économique de la production de bananes
de consommation.
Le combustible nécessaire à la marche de la
distillerie devra être produit sur place et à très
bon compte.
Dans le cas des agaves, les résidus cellulosi-
ques obtenus après pressurage et extraction du
jus sucré contiennent assez de calories pour ali-
menter en combustibles à la fois les défibreuses
et la distillerie. D'après les anal yses du résidu
sec, on peut admettre que 100 tonnes de feuil-
les contiennent un minimum de 6.000 kilogs de
cellulose, des résidus combustibles contenant
40 d'eau. Ces résidus seront desséchés jus-
qu'à 15 et cellulosés dans des foyers, ou trai-
tés directement dans des gazogènes appropriés.
Ces résidus cellulosiques correspondent à envi-
ron 2.000 kilogs de charbon de bonne qualité î
or, pour traiter 100 tonnes d'agaves tant pour le
défibrage que pour la distillerie, on ne dépasse
guère 1.500 kilogs de charbon. C'est dire que
les résidus de pressurage suffisent pour actionner
l'usine.
Dans le cas de la banane, on utiliserait les
troncs et l'exploitation de la zone forestière qui
se trouve généralement à proximité.
Dans ces conditions, on baissera au minimum
la dépense de combustibles ; néanmoins, dans le
prix de revient, nous admettrons une dépense de
combustible égal À celle de la betterave.
Les procédés de fabrication êf alcool ne de-
oront nécessiter que des installations possibles
aux colonies.
C'est le cas spécialement pour les agaves pour
lesquels l'installation serà très rustique (cases en
bois, tic.). Pour les bananes, le type d'instal-
lation sera un peu plus complexe, il ressemblera
à celui des distilleries de riz en Indochine.
En admettant une production permettant de
produire de l'alcool pour la métropole, les dis-
tilleries devront être installées près de la côte,
pour diminuer les frais de transport.
Dans l'avenir, le transport de cet alcool car-
burant à la métropole se fera par tank-steamers,
comme les transports de pétrole. Dans le cas où
on utiliserait, pour importer en France, de l' al-
cool produit à l'intérieur, il faudrait prévoir le
transport à la côte par wagons-citernes ou par
pipe-lines.
M. R. Fouque s'imagine que ces difficultés
de main-d' oeuvre seront évitées grâce à l'appui
des gouvernements coloniaux. C'est peut-être
aller un peu loin dans l' optimisme. Mais on
peut toujours espérer dans l'appui gouvernemen-
tal qui semble indispensable pour le succès de
telles entreprises.
Je ne suis pas tout à fait de l'avis de M. R.
Fouque et. je persiste à penser que nos terres
d'Afrique, et spécialement d'Afrique noire, ne
peuvent supporter de grandes exploitations, à
cause de la pénurie de main-d' oeuvre, malgré
que la culture industrielle qu'il envisage suppose
l'emploi de machines, et par conséquent le mi-
nimum de personnel.
Le grand nombre d'exploitations a diminué
la main-d'œuvre déjà très pauvre, et si l'on peut
estimer à 14 au maximum la densité du pays
Mossi, et non 50, comme l'écrit M. R. Fou-
que, il faut bien songer, ainsi que le faisait re-
marquer M. le Gouverneur Général Carde, qu'il
faut contenter toutes les entreprises et qu'on ne;
pourra pas puiser impunément dans ce réservoir
du cheptel humain cle l' A. O. F. Cette densité
n' est dépassée, et de fort peu, que dans le Bas
Togo.
11 faut donc résoudre pour le mieux cette
question de main-d'œuvre avant de se livrer à
toute exploitation conduite à l'européenne.
A l'alcool d'agaves ou de bananes qui sem-
blent les matières de distillerie les plus inté-
ressantes, nous pouvons ajouter l'alcool de sor-
gho (ou de mil) qui sera le plus employé en
Haute-Volta, à raison de 80 à 90 francs l'hec-
tolitre.
L'alcool de maïs du Togo et du Bas-Daho-
mey revenant sur place à 110 francs l'hecto, et
en France à 170 francs au maximum.
L'alcool de patate, manioc, igname produit
par la Guinée et la Côte d'Ivoire, revient sur
place à 80 francs l'hecto, et à 150 francs en
France.
Somme toute, le prix de vente de 1 alcool
africain peut être fixé à environ 120 fr. l'hec-
talitre, soit environ la moitié de l'alcool de
betterave.
Or, le prix de cession de 1 alcool employé
comme carburant aux importateurs d essence ou
aux groupements qui vendent des mélanges
carburants, est fixé aux taux suivants :
Alcool titrant au minimum 99°4 à 15° centi-
grades : 140 francs.
Alcool titrant au minimum 94° à 15° centi-
grattes : 130 francs.
Si nous prenons le prix le plus bas, nous
constatons qu'avec ce prix de vente de 130 fr.
et le prix d'achat de 120 francs I hectolitre
d'alcool colonial, l'Etat doit réaliser un béné-
fice de 10 francs par hectolitre qui permettrait
d'acheter une plus graude quantité d'alcool de
betteraves, au minimum 1 hectolitre supplémen-
taire d'alcool de betteraves par 10 hl. d'alcool
colonial introduit en France. On voit donc que
la protection que peut apporter l'alcool colo-
nial à l'alcool métropolitain est établie sur des
bases solides.
Pour que nous tirions de nos colonies afri-
caines une production intéressante d'alcool, il
faudrait exploiter ces plantes génératrices SUI:
60.000 hectares, ce qui nous constituerait un
approvisionnement annuel d'environ 5 millions
d'hectolitres d'alcool carburant, soit environ la
moitié de notre consommation nationale d'es-
sence.
Pierre Valude,
Député du Cher.
--
1 la Commission de l'Algérie,
des Colories et des Protectorats
0-0-
La Commission de l'Algérie, des Colo-
nies et des Protectorats se réuhira demain
morcrcdi 27 janvier, à 15 heures, local du
5° Bureau.
A l'ordre du jour figure la constitution
du Bureau.
0»0-
L'EXPOSITION GOLOIIILE DE 1928
--<)-0--
Hier après-midi, à 2 h. 1/2, à la mairie de
Vincennes. a eu lieu une réunion de maires
et conseillers généraux de la région, en vue
de hâter les négociation? relatives à l'orga-
nisation de l'Exposition internationale colo-
niale de 1928 à Vincennes.
Y assistaient notamment MM. G. Angoul-
vant, commissaire général de l'Exposition, et
son adjoint Robagliaj député ; Bresson, con-
seiller général; Mann, ancien président du
Conseil général, quelques maires des com-
munes voisines et les deux architectes de
l'Exposition.
.-
A la Société des Nations
-o.()--
Mandat sur la Syrie
Le mandat de la France sur la Syrie sera
examiné le 16 février à Rome, par la Com-
mission des mandata.
La Commission établira les bases du rap-
port qu'elle doit présenter au Conseil fédé-
ral qui se tiendra dans la session de mars
prochain.
8..
LA PKOTECnOft DES StDIS
Il y a actuellement à Paris, près de 40.000
Nord-Africains : Kabyles, Algériens, Tuni-
siens, Marocains. Ils vivent la plupart du
temps dans des conditions efIroyablcs. Des
rapports de police ont révélé que l'on en a
trouvé jusqu'à trente dormant dans une
même chambre. Un pareil milieu constitue
forcément un foyer de tuberculose. La terri-
ble maladie fait des coupes sombres parmi
les Nord-Africains de Paris, qui deviennent
de dangereux porteurs de germes, à telles en-
seignes qu'on trouve aujourd'hui des tuber-
culeux jusque dans le pays berbère.
Pour essayer de remédier à ce déplorable
état de choses, la Commission municipale de
protection des Nord-Africains, constituée à la
demande de M. Pierre Godin, a tenu hier ii
l'Hôtel de Ville, sa première réunion.
Plusieurs personnalités avaient répondu à
l'invitation du conseiller du quartier Saint-
Georges. Citons entre autres : M. Depont,
ancien inspecteur général des communes
mixtes d'Algérie; les colonels Chardcnet et
Raine, ancftns officiers du bureau arabe ;
MM. Calary de Lamazièrc, ancien député;
Terrier, diplomate, etc.
Cette réunion avait pour objet de jeter les
bases de la création, à Paris, d'une cruvre
de foyers musulmans ayant pour but de dif-
fuser les méthodes d'hygiène et d'habitation
parmi les milliers de Nord-Africains venus
pour travailler dans la capitale.
Une couvre s'est bien fondée à Paris : le
« Foyer musulman n, mais elle est encore
a: l'état embryonnaire. La Commission a dé-
cidé la création d'un comité chargé de réu-
nir tontes les bonnes volontés pour dévelop-
per cette œuvre. I.e Comité aura ensuite à
se mettre en rapport avec la Commission mu-
nicipale pour chercher tous les moyens pos-
sibles de protéger les Nord-Africain s.
Sacre d'un évêque colonial
Le cardinal Dubois, archevêque de Paris,
u procédé, liior malin, en la chapelle des
Pères du Saint-Esprit-, .»(), rue Lhomond, à
la cérémonie du sacre de Mgr Turdy, vicaire
apostolique du Gabon.
Le prélat conséerateur, Mgr Champavier,
évôque de Marseille et cousin de Mgr Tar-
dy, avait comme assistants Mgr Tailloî,
évoque do (Irenoble, et, Mgr de Beaumont,
évêquo de la HÚnnion.
l ia As l'assistance se t rouvaient les direc-
teurs de la Propagation de la foi, de la Sain-
te-Hnfane", do !'()':u\'}'e apostolique, et des
principaux urdres religieux.
La marine de guerre et nos colonies
–00–
En inaugurant h8 nouveaux services
d'action du Ministère do la Marine, M.
(Iourtes Leygues, ministre de la Ma-
rine, après avoir exposé les critiques fon-
dées qu'on adresse A la marine et dont il
faut faire profit, a conclu :
- Ces dernières années ont prouvé, une
lois de plus, qu'un grand pays ne ipeut se
passer d'une imarine et que la France, à
canse de sa position géographique, de l'im-
portance de son empire colonial, des in-
térêts de tous ordres qu'elle a dans le
monde et du rOle politique qu'elle joue, ne
Pourrait y renoncer sans déchoir.
La Leçon des Moutons
---0-0-
Parmi les bonnes choses que
VAlgérie nous envoie ; t surtout
pourrait nous envoyer, j purent ses
moutolls. A certaines époques cii l'année.
c'est un spectacle curieux que de voir des
troupeaux de centaines de ces pauvres ani-
maux s'engouffrer dans un navire, aux
flancs duquel un pallneau' déplacé ouvre une
large brèche par oii ils disparaissent, comme
si un géant glouton les avalait sans répit.
Or, les éleveurs algériens se Plaignent de
la façon dont leurs moutons sont entassés
dans des cales sans air, où règne une tempé-
rature d'étuve de 4° à 42 degrés. A chaque
voyage, on compte plusieurs animaux étouf-
fés, et tous ceux qui débarquent ont peine à
se tenir sur leurs pattes, tellement ils sont
fatiguée et fiévreux.
Du reste, avant le tfajet maritime, ils ont
déjà subi un long transport ferroviaire qui
n'est pas mieux organisé. Ces troupeaux
viennent "ailtrellement de très loin, car Véle-
vage moutonnier ne saurait se pratiquer dans
la banlieue des cités. Les régions de pâtu-
rage sont au moins à 200 kilomètres des
ports d'embarquement ; certaines à 500 ou
600 kilomètres. Les moutons franchissent
ces longues distances, pressés dans leurs wa-
gons spéciaux souvent à deux étages, laissés
Pendant longtemps sur deg" voies de garage
oit il est très difficile de les soigner, et met-
tent plusieurs jours à faire ce premier voyage
qui les dispose mal à supporter !a traversée.
En outre, les frais de plus en plus élevés
de ces déplacements contribuent à rendre
inabordables pour le Français moyen la côte-
lette et le gigot, et même les morceaux moins
recherchés du mouton, destinés au navarin
naguère démocratique.
A la voix des éleveurs algériens, bien d'au-
tres pourraient se joindre pour donner à peu
près la même note.
Il semble que dans le Problème colonial,
on ne donne pas une place suffisante à la
question des moyens de transport. Est-ce
parce que celle-ci ne relève pas du même dé-
partement ministériel que celui-là t C'est
bien possible, mais l'intérêt de la France et
des colonies ne saurait lire sacrifié à ce com-
partimentage administratif.
Que nos colonies produisent du coton, de
la laine, de l'huile, du bois, des céréales, de
la viande, des fruits, à quoi cela servira-t-il
si nous ne disposons pas des moyens de
transporter ces denrées jusqu'à nos marchés
dans de bonnes conditions d'installation et
sans les grever de frais qui les mettent dans
une situation économique inférieure.
On avait, il y a deux ans, fait quelque
bruit autour d'une tentative d'apport à Bor-
deaux, à Paris, des primeurs du Maroc. Au-
cun résultat n'a suivi cet essai.
Artichauts, choux-fleurs, petits pois, hari-
rots verts et autrcs végétaux alimentaires de
la Chaouia, des DouklMla, des Abda, qui
pourraientdès le mois de février, apparaÎ-
tre aux Halles, continuent, à prendre la route
de Londres, d'Anvers et même de Ham-
bourg, parce qu'il en coûte moins de les
faire arriver à ces ports plus éloignés que de
les amener à Marseille, à Bordeaux ou au
Havre.
Nous avons,, à la Cote d'Ivoire et dans
notre Afrique Equatoriale, la plus merveil-
leuse forêt du monde, mais nos bois nous
reviennent plus cher que ceux de l'étraltger.
Ainsi, du reste, pour tous les produits de
nos colonies. Cependant, partout un superbe
effort de mise en valeur, pour lequel nos co-
lons et nos administrateurs ont su instruire
et guider les po pulations indigènes, s'affir-
me, aussi bien dans nos terres asiatiques que
dans nos immenses territoires africains et
dans cette île de JI adagascar dont on dis-
cute les affinités africaille's ou asiatiqun.
Encore une. fois, à quoi cela nous servira-
t-If si nous n avons pas les moyens d aller
chercher el d'apporter chez nous ces richesses
qui, pourtant, nous délivreraient de hien dis
dépendances pénibles et lourdes?
Le problème des transportç coloniaux est
éminemment complexe. Notre marine mar-
chande qui devrait le résoudre, semble mal
préparie à en trouver la sdulioll. Or, si l'on
parle quelque peu des colonies, pas toujours
du reste utilement, et si Von écrit à leur su-
jet, rares sont les écrivains ou les orateurs
qui s'occupent de la marine.
Cependant, colonies et marine sont ilfS,"
parables, et pour en revmir à notre point, dl
départ., il faut aviser à ce que les mou tous
que l'on nous envoie ne nous arrivent pa*
transformés en épaves d'équarrissage ou (II
bidoehe de fibu.
Ernest Haudos,
Sénateur de la Marne,
A travers l'Afrique
so-o
Le major C:'Jlwt-Tl'enli., dont nous avons
annoncé l'arrivée au Caire venant du Cap.
et ses compagnons ont., durant les -i-87 jours
qu'a dures leur randonnée, milles (:!O..)()() kilomètres*, ce qui représente
une moyenne de 4.2 kilomètres par jour.
Mais peut-on parler do moyenne dans
une randonnée de ce genre ? Si dans les ré-
gions les plus favorables, la vitesse record
de 150 milles fut atteinte, on n'avançait par-
fois que d'un mille par j'Mir et cela durant
sept, jours conséculifs.
Au Conseil d'Etat
Incendie du Port d'Oran
Considérant que M. Daquin, soutient que
les dommages subis par lui à la suite de
l'incendie qui a éclaté dans le port d'Oran,
le 8 mars 1920, engagent la responsabilité
de l'Algérie et ouvrent en sa faveur un
droit iL indemnité.
Considérant que ces dommagea, lesquels
consistent dans la perte de futs d'alcool
appartenant au requérant, et déposés par
lui sur les terres-pleins du port, ne sau-
raient engager la responsabilité de l'ad-
ministration, qu'au cas où on pourrait re-
lever une faute grave à la charge du ser-
vice public
Considérant qu'il résulte de l'instruction
que la cause de l'incendie n'a pu être pré-
cisée et qu'aucune faute n'a été pu relevée à
la charge dqg agents du gouvernement gé-
néral de l'Algérie ; que dès lors le requé-
rant n'est pas fondé à réclamer une indem-
nité de réparation de dommages dont l'Al-
gérie n'est pas responsable.
Décide :
La requête de M. Daquin est rejetée.
Les dépens sont mis à sa charge.
Contre une décision du Lieutenant-Gouver-
neur de la Haute-Volta.
Lo 22 février 1924, le Lieutenant-Gouver-
neur de la Haute-Volta, prenait une déci-
sion aux termes de laquelle, Mme BattesU
infirmière à l'hôpital de Ouagadougou,
était licenciée.
En dépit do ses réclamations, de ses pro-
testations, ce haut fonctionnaire ayant
maintenu sa décision, l'intéressée estimant
que cette mesure qui la frappait était arbi-
traire, introduisit une requête au Conseil
d'Etat, aux fins de son annulation.
Cette haute jurisprudence lui a donné
satisfaction en annulant la décision dont
s'agit, et ce, pour les motifs ci-après :
Le Conseil :
Considérant que dans les conditions où
elle a élé engagée pour remplir les fonc-
tions d'infirmièto à l'hôpital de Ouagadou-
gou, la dame Battesti doit être regardée
comme rentrant dans la catégorie des
agents auxquels s'applique l'article 66 de
la loi du 22 avril 1906 : que les mesures
disciplinaires prises à l'égard de la requé-
rante sont intervenues sans qu'elle ait reçu
communication des' pièces sur le vu des-
queles elles ont été prononcées et sans
qu'elle ait été mise en mesttre de rédamer
cette communication.
Dans ces circonstances, la dame Battesti
est fondée à soutenir qu il n'a pas été sa-
tisfait à son égard aux prescriptions de
l'article 65 de la loi du 22 avril 1905 et ce
demander pour ce motif l'annulation des
arrfflés attaqués.
Décide :
La décision du Lieutenant-Gouverneur de
la Haute-Volta est annulée.
Contre une décision
du Gouverneur de la Martinique
A la requAto do M. Sainte-Rose, institu-
teur ii Rivière-Pilote {Martinique), le Conseil
d'Etat a annulé une décision du Gouver-
neur fie la Martinique rangeant l'intéressé
dans la r)" classe de son grade.
Dans sa requête M. Sainte-Rose faisait
remarquer que s'il ne pouvait bénéficier
des dispositions de la loi du 27w août 1918,
il appartenait A l'Administration de ne pas
le classer dans la 5° classe.
Celte haute jurisprudence a annulé la dé-
cision en question pour les motifs suivants,
ils seront certainement retenus par les in-
téressés :
Le Conseil,
Considérant que d'une manière géné-
rale, s'il appartient aux autorités adminis-
tratives, lorsqu'une décision, ayant créé des
droits est riitadiée d'une illégalité de na-
ture à entraîner l'annulation par la
voie contentieuse, de prononcer pUes-mômes
cette annulation ; elles ne peuvent le faire
que dans les délais du recours contentieux
qui lie sont pas expirés ; ou, postérieure-
ment, si une requête a été introduite devant
Je Conseil d'Etal, tant qu'il n'a pas été sta-
tué sur ce pourvoi, mais alors seulement
dans les limites des conclusions de la re-
quête ;
Considérant que la décision attaquée en
date du 21 décembre 1963 est intervenue
après l'expiration du délai prévu par l'ar-
ticle 7:i du Code de procédure, modifié par
l'arti'c.le i de la loi.du 13 mars 1022, pour se
pourvoir contre la. décision du 21 juin 192;»
promouvant le sieur Sainte-Bose à la 5°
classe qu'aueun recours n'avait, été formé
cou Ire celle dernière décision, que le sieur
Sainte-Rose avait dès lors un droit défini-
tivement acquis la classe à laquelle il
avait élé promu et que le Gouverneur de
la Martinique, n'a p" dans ces conditions
légalement rapporter sa première décision.
Décide : T.a décision du Gouverneur de la
Martiuiqii" en date du 21 décembre 1023
est annulée.
Lois, Décrets, Arrêtés
-0-0---
Décret du 22 janvier 1926 portant nomina-
tions dans les justices de paix d'Algérie.
Décret du 22 janvier 1926 relatif à la solde
des militaires des compagnies saharien-
nes.
Décret du 22 janvier 1926 modifiant le ré-
gime de solde des militaires en service
au Maroc.
Décret du 22 janvier 1926 modifiant le ré
qimt, de solde des militaires en service
au Levant.
Décret du 22 janvier 1926 modifiant les ta-
rifs de solde des militaires des troupes co-
loniales.
Décret du 22 janvier 1926 étendant aux sous-
officiers indigènes coloniaux en service
dans l'Afrique du Nord le bénéfice des
dispositions du décret du 21 février 1924
relatif à l'indemnité complémentaire de
service extérieur.
'f. O. du 21 janvier I:f'.!(;,:
La guerre au Maroc
0-0
Les soumissions
Lo cuid des Déni Ouriaghel vient d'arriver
à Fez avec sa famille et ses biens. On
compte dix « tellis » de pièces d'argent
parmi Les objets innombrables qui compo-
sent le patrimoine du grand chef récemment
soumis.
Cette fortune lui vient de son père, Ab es
Selinenn El Ourigui, lui-mêlne oaïd dos Beni
Ouriaghel, qui captura autrefois le fameux
roghi Bou Hamara et hérita son trésor de
fjuerre évalué ù 2 mi liions de pesetas
fwssani, soit au cours du change, près de
7 mIllions.
C'est grâce à cotte puissance financière
que le caïd pouvait armer ses guerriers
qu'il payait un douro d'argent par jour.
On voit quelle puissance vient d'échapper
à Abd cl Krim.
Deux nouveaux villages des Beni-Mostara
ont fait leur soumission. La soumission des-
Memiroua peut être considérée comme com-
plète.
Chez les Rifains
Revenu de Taounal où il a assisté au."
retour des Meaziat et a lu soumission d'une;
partie des M uoua-mai-OuHt, le colonel No-
gués a déclaré aujourd'hui que le pays
M uoua, où nos partisans ont effectué une-
démonstration ces jours derniers, était par-
faitement urganisé. Entre les Mahakinas de
liou-itadoub et de iaouerta existait une
ligne d'ouvrages retranches puissants, avec
des points d'appui et des tranchées longues
de plusieurs kilomètres, munies de ban-
quettes de tir et de purapots de protection
contre le tir en enfilade, le tout barrant la
vallée de l'oued lllane, constituant pour
nous une voie de pénétration. Des ouvragee
fixes d'une certaine importance défendraient
en outre Bou-Radoub et Taouerta, tête de
ligne de la route ri faine carrossuble, sus-
ceptible d'être employée par l'artillerie et
qui, par l'aberrant, Sidi-Ali-bel-llakem,
Sou k-es-Sei)t-Tai-g uist mène à la baie d'Al-
hucemas.
Malgré cette organisation indiquant quelle
importance Abd el Krim attachait à h pos-
session de cette ligne, l'ennemi est si démo-
ralisé qu'il n'a même pas tenté de s'en
servir. Nos troupes régulières n'ont eu aue,
deux blessés, nos partisans une dizaine. Par'
contre, les Mezziat qui, à la faveur du
combat, ont rejoint Taouoat, ont déclaré
qu'ils avaient été complètement dépouillée-
par les Ri/-;..ans.
Les souâ-officiers Lesven et Chaumet qui
sa sont úvndés des geôles ri faines ont rap-
porte tju'Abd el Krim se montre do plus en
plus dur pour ses prisonniers depuis que
son ravitaillement s'opère difficilement et
que les tribus encore sous sa coupe affec-
tent une lassitude qui fuit présager en no-
tre faveur de prochaines et importantes
soumissions.
D'uulre plrl. des prisonniers espagnols,
qui viennent de réussii ù passer les lignes,
rions mil déclare que t. s captifs sont em-
ployés :-.:I!IS répit j creuser des abris sou-
l'Ti.iins contre les ianinhurdements aériens.
--- -
PHILATÉLIE
Algérie
Le io centimes rouiff, grand format, ea!<
connu avec surcharge renversée. Il n'y au-
rait eu qu'une feuille ainsi surchargée à
l'envers, soit 73 timbres.
Maroc
Rure-au angluis : 11) c. sur 1 d., 15 c. sur
1 1/2 d., OU c. sur 5 d.
Congo belge
Le 1 franc bleu a paru. Ce timbre existe
également avec la surcharge ; Ruanda-
Urundi.
Diego-Suarez
Depuis 18Ou on a eu recours aux timbres
surchargés.
là c. sur 1 c., valeur environ M francs ;
C. sur 5 C., valeur environ titanes;
15 c. sur lu c., valeur environ 50 francs;
15 c. sur 20 c., valeur environ 50 lianes ;
15 c. sur 25 c., valeur environ 30 francs.
Ces surcharges étaient apposées lill
moyen d'un cachet eu -vioutchouc et à la
main. Il y a par conséquent de très Hom-
breuses variétés. Il y a aussi beaucoup do
faux.
En septembre l). l'approvisionnement
demandé ti Paris n'arrivant toujours pas
l'adminisll'atioll- locale lit imprimer sur
place des vignettes spéciales en lithogra-
phie. Quatre timbres furent ainsi créés, im-
• priméà sur papier blane légèrement jau-
nâtre et non dentelés. Ce sont :
l c. lfx) t ;
5_e. (tirage G.0 fr. ,
15 c. t tirage ll.500_, valeur environ :;) fr.;
25 c. (tirage 8.500), valeur environ i5 fr.
Mais il y a lieu de remarquer que la tota-
lité du tirage rie fut. pas mise en service
car les timbres de la métropole étant arri-
vés en octobre, lo stock restant des vignet-
tes lithographiques fui i:l,'itllt't à. celf-v
époque. Le stok ainsi incinéré comprenait,
vignettes Ii» e. et près de i.OOO if
0,25 c.
11 résulte de ceci que le 25 c. est le plus -
rare des quatre timbres et que sa valeur*
comparée a c lie du I <•., devrait être ci"
100 francs.
K11 seplembre 1801, les timbres de 5 c.
faisant ,1.1hHIV,eU\1 défaut, une nouvelle vi-
gnette do 5 c. lithographie til son app '-
rition, tirage. fl.OOo valeur, environ 70 f:
Ces cinq vignettes ont été copieusement
imitées et il est prudent de ne les acqu'':^
qu'avec garantie.
..- ,-.---.. -._-_,. ----- ,-- --
Un navire pour les missions d'Afrique
,-0'" O-O
L. vapeur missionnaire Pic-Xl (destiné
aux missions d'Afrique', -pie les catholiques
d. Milan offrent ,im t')' lancé à \'e-
nl^e au mois d'axni.
•
MARDI SOIR, 26 JANVIER 1926 -
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Les Annales Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LES ARTICLES PUBLIÉS PAR "LES ANNALES COLONIALES- SONT LA PROPRIÉTÉ
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Un an 4 moi. 1 IBoia
mJS 1BOMHZCMiïEuMITZ* * Franc* et noloni,.. 80.
8.. u Francu et Colonies. - » e - 9 ZS 9
oiuMr* ( "rang.r 120 » Iii. 35 9
On eabonne dans tous le* Bamu d« pomeet citez les priacipau librmirM
Carburant africain
Quand ce ne serait que pour éviter de payer
l'essence aux prix élevés actuels (7 fr. le litre),
il serait intéressant au plus haut point de trouver
sur place, dans nos colonies africaines aux routes
automobilables, un alcool carburant. Nous sa-
vons, d'autre part, que l'industrie automobile a
trouvé, depuis quelques années, d'importants dé"
bouchés dans la plupart de nos colonies du grou-
pe de l'A. O. F. et en A. t. F., dans l'Ou-
bangui-Chari, où M. le Gouverneur Lamblin a
développé le réseau routier. La production d'un
alcool colonial, écrit M. l'Ingénieur Fouque,
est la seule issue pour sauver r alcool carburant
métropolitain et pour résoudre la question si ai-
guë de notre carburant national.
Voici les directives générales qui permettront
d'implanter en Afrique une profitable industrie
de l'alcool carburait.
Le prix de revient
Dans la colonie de production, il faut que le
prix du cheval-heure soit très nettement inférieur
au prix du cheval-heure produit avec l'essence
importée. Au point de vue strictement colonial,
ainsi que l'écrivait dans les Annales Colonia-
les du 31 décembre mon distingué collègue.
M. le Sénateur Mario Roustan, il y aura
avantage à fabriquer de l' alcool carburant,
on peut dire dans toute l'Afrique fran-
çaise, car dès qu' on pénètre un peu à l'intérieur,
le prix de l'essence monte aux prix prohibitifs
que nous indiquions plus haut. Localement, on
pourrait produire de l'alcool à moins de I franc.
La circulation intense dans notre domaine afri-
cain (avions, auto-chenilles, tracteurs, etc.) ne
se développera que lorsque cette production lo-
cale d'alcool carburant sera chose réalisée. La
mise en valeur de nos possessions africaines est
également à ce prix.
- Au point de vue métropolitain, la question est
plus complexe. Il faut que le prix de revient de
l'alcool africain (arrivée port français) soit assez
bas pour permettre à la fois une juste protection
de l'alcool métropolitain de betteraves. et aussi
pour concurrencer à peu près a égalité l'essence
importée (prix comparés du cheval-heure).
L'Etat pouvant acheter bon marché l'alcool
colonial, pouffa payer plus cher l'alcool de bet-
teraves, tout en les revendant au même prix. On
favorisera ainsi la culture de la betterave de dis-
tillerie si profitable pour notre agriculture. On
pourrait ainsi facilement tripler ou quadrupler
la production actuelle de la betterave, malgré
les hauts prix de l' alcool de betterave, à la con-
dition, naturellement, de « noyer » cet alcool
métropolitain dans une quantité au moins décu-
ple d'alcool colonial. A tous égards, un tel ef-
fort doit être favorisé, car l'augmentation dfes
cultures de betteraves, c'est l'amélioration - de
notre cheptel, puisqu'à chaque hectolitre d'al-
cool produit correspond une quantité de pulpes
suffisante pour nourrir J 2 bovins pendant vingt-
quatre heures, c' est la production du fumier cor-
respondant, etc., tous éléments extrêmement fa-
vorables à notre économie agricole.
D'autre part, l'augmentation de production
d'alcool dans la métropole est aussi une sécurité
en temps de guerre.
Reste la question de la concurrence avec l'es-
sence ; le prix moyen de vente de l'alcool par
l'Etat doit être encore assez bas pour que la
protection douanière exercée contre I* essence
étrangère suffise pour rapprocher le prix du che-
val-heure pour les deux carburants.
Voyons les conditions que devra remplir une
telle industrie :
1° La matière première de distillerie devra
être obtenue sur place sans transport. -- Ceci
impose dans la colonie de réaliser une plantation
avec distillerie centrale ; c'est à ce prix qu'on
diminuera un des éléments importants du prix
de revient, à savoir les frais de transport à l'usine
de la matière première ;
20 La matière première de distillerie devra
pouvoir être récoltée toute l'année; on pourTa
ainsi faire marcher l'usine sans interruption, ce
qui diminuera les frais d'amortissement et de
main-d oeuvre. Cette condition oblige à ne trai-
ter que des mati ères premières qui peuvent être
récoltées toute l'année ; or, nous avons deux
matières premières qui rentrent dans cette ca-
tégorie : les agoocs, dont les feuilles sucrées
sont coupées chaque jour, et les bananes qui, à
la Guinée, à la Côte d'Ivoire et au Dahomey,
par exemple, donnent des régimes (matière
amylacée) à toutes les époques de l'année, sui-
vant la date de plantation du rejet.
, Ces conditions seront, pour la cbstillerie, une
sécurité pour son approvisionnement régulier et
sâr en matière de distillerie ; c'est là un élément
essentiel pour la bonne marche industrielle.
Les produits récoltés sur la plantation seront
tels que l'alcool produit à la distillerie ne soit
obtenu que par l'utilisation de résidus ou déchets
habituellement perdus ; en un mot, l'alcool sera
un sous-produit d'une autre production ou fabri-
cation. Ce point est important ; il assure un prix
d'achat très bas pour les matières premières, et,
d'autre part, il diminue généralement les frais
île transport à la distillerie.
Rentrent dans ces conditions l'alcool d'aga-
ves et l' alcool de bananes. La production d'al-
cool d' agave est une conséquence de la produc-
tion ce la fibre ; la plantation d'agaves étant
considérée établie fIoUr la production de la fibre;
il reste chaque jour porté à pied-d' œuwe un ré-
sidu de clé fi tarage ; c' est ce résidu qu'on fera
fermenter pour avoir de l'alcool. Ce résidu ac-
tuellement perdu sera nécessairement compté à
un prix très bas. L'alfool, dans ce cas, est un
sous-produit industriel de la fabrication de la
fibre de sisal.
Pour les bananes, comme l'écrivait M. Ma-
rio Roustan dans son article précité. la ques-
tion est plus complexe. Si on établit des ba-
naneraies dans le but principal de pro-
duire de la banane pour l' exportation, on se
trouve, à cause de la difficulté d'assurer
des transports sûrs, rapides et réguliers
à ce produit éminemment périssable, devant ce
fait qu'il y a en moyenne 50 de régimes qui
ne peuvent être expédiés. C'est ce déchet qui
sera traité à la distillerie. La présence de la dis-
tillerie est une garantie pour la production régu-
lière de la banane ; c'est aussi un volant de
production, dans le cas où la banane serait mo-
mentanément en trop grande quantité sur le mar-
ché. En un mot, l'alcool de banane est un sous-
produit économique de la production de bananes
de consommation.
Le combustible nécessaire à la marche de la
distillerie devra être produit sur place et à très
bon compte.
Dans le cas des agaves, les résidus cellulosi-
ques obtenus après pressurage et extraction du
jus sucré contiennent assez de calories pour ali-
menter en combustibles à la fois les défibreuses
et la distillerie. D'après les anal yses du résidu
sec, on peut admettre que 100 tonnes de feuil-
les contiennent un minimum de 6.000 kilogs de
cellulose, des résidus combustibles contenant
40 d'eau. Ces résidus seront desséchés jus-
qu'à 15 et cellulosés dans des foyers, ou trai-
tés directement dans des gazogènes appropriés.
Ces résidus cellulosiques correspondent à envi-
ron 2.000 kilogs de charbon de bonne qualité î
or, pour traiter 100 tonnes d'agaves tant pour le
défibrage que pour la distillerie, on ne dépasse
guère 1.500 kilogs de charbon. C'est dire que
les résidus de pressurage suffisent pour actionner
l'usine.
Dans le cas de la banane, on utiliserait les
troncs et l'exploitation de la zone forestière qui
se trouve généralement à proximité.
Dans ces conditions, on baissera au minimum
la dépense de combustibles ; néanmoins, dans le
prix de revient, nous admettrons une dépense de
combustible égal À celle de la betterave.
Les procédés de fabrication êf alcool ne de-
oront nécessiter que des installations possibles
aux colonies.
C'est le cas spécialement pour les agaves pour
lesquels l'installation serà très rustique (cases en
bois, tic.). Pour les bananes, le type d'instal-
lation sera un peu plus complexe, il ressemblera
à celui des distilleries de riz en Indochine.
En admettant une production permettant de
produire de l'alcool pour la métropole, les dis-
tilleries devront être installées près de la côte,
pour diminuer les frais de transport.
Dans l'avenir, le transport de cet alcool car-
burant à la métropole se fera par tank-steamers,
comme les transports de pétrole. Dans le cas où
on utiliserait, pour importer en France, de l' al-
cool produit à l'intérieur, il faudrait prévoir le
transport à la côte par wagons-citernes ou par
pipe-lines.
M. R. Fouque s'imagine que ces difficultés
de main-d' oeuvre seront évitées grâce à l'appui
des gouvernements coloniaux. C'est peut-être
aller un peu loin dans l' optimisme. Mais on
peut toujours espérer dans l'appui gouvernemen-
tal qui semble indispensable pour le succès de
telles entreprises.
Je ne suis pas tout à fait de l'avis de M. R.
Fouque et. je persiste à penser que nos terres
d'Afrique, et spécialement d'Afrique noire, ne
peuvent supporter de grandes exploitations, à
cause de la pénurie de main-d' oeuvre, malgré
que la culture industrielle qu'il envisage suppose
l'emploi de machines, et par conséquent le mi-
nimum de personnel.
Le grand nombre d'exploitations a diminué
la main-d'œuvre déjà très pauvre, et si l'on peut
estimer à 14 au maximum la densité du pays
Mossi, et non 50, comme l'écrit M. R. Fou-
que, il faut bien songer, ainsi que le faisait re-
marquer M. le Gouverneur Général Carde, qu'il
faut contenter toutes les entreprises et qu'on ne;
pourra pas puiser impunément dans ce réservoir
du cheptel humain cle l' A. O. F. Cette densité
n' est dépassée, et de fort peu, que dans le Bas
Togo.
11 faut donc résoudre pour le mieux cette
question de main-d'œuvre avant de se livrer à
toute exploitation conduite à l'européenne.
A l'alcool d'agaves ou de bananes qui sem-
blent les matières de distillerie les plus inté-
ressantes, nous pouvons ajouter l'alcool de sor-
gho (ou de mil) qui sera le plus employé en
Haute-Volta, à raison de 80 à 90 francs l'hec-
tolitre.
L'alcool de maïs du Togo et du Bas-Daho-
mey revenant sur place à 110 francs l'hecto, et
en France à 170 francs au maximum.
L'alcool de patate, manioc, igname produit
par la Guinée et la Côte d'Ivoire, revient sur
place à 80 francs l'hecto, et à 150 francs en
France.
Somme toute, le prix de vente de 1 alcool
africain peut être fixé à environ 120 fr. l'hec-
talitre, soit environ la moitié de l'alcool de
betterave.
Or, le prix de cession de 1 alcool employé
comme carburant aux importateurs d essence ou
aux groupements qui vendent des mélanges
carburants, est fixé aux taux suivants :
Alcool titrant au minimum 99°4 à 15° centi-
grades : 140 francs.
Alcool titrant au minimum 94° à 15° centi-
grattes : 130 francs.
Si nous prenons le prix le plus bas, nous
constatons qu'avec ce prix de vente de 130 fr.
et le prix d'achat de 120 francs I hectolitre
d'alcool colonial, l'Etat doit réaliser un béné-
fice de 10 francs par hectolitre qui permettrait
d'acheter une plus graude quantité d'alcool de
betteraves, au minimum 1 hectolitre supplémen-
taire d'alcool de betteraves par 10 hl. d'alcool
colonial introduit en France. On voit donc que
la protection que peut apporter l'alcool colo-
nial à l'alcool métropolitain est établie sur des
bases solides.
Pour que nous tirions de nos colonies afri-
caines une production intéressante d'alcool, il
faudrait exploiter ces plantes génératrices SUI:
60.000 hectares, ce qui nous constituerait un
approvisionnement annuel d'environ 5 millions
d'hectolitres d'alcool carburant, soit environ la
moitié de notre consommation nationale d'es-
sence.
Pierre Valude,
Député du Cher.
--
1 la Commission de l'Algérie,
des Colories et des Protectorats
0-0-
La Commission de l'Algérie, des Colo-
nies et des Protectorats se réuhira demain
morcrcdi 27 janvier, à 15 heures, local du
5° Bureau.
A l'ordre du jour figure la constitution
du Bureau.
0»0-
L'EXPOSITION GOLOIIILE DE 1928
--<)-0--
Hier après-midi, à 2 h. 1/2, à la mairie de
Vincennes. a eu lieu une réunion de maires
et conseillers généraux de la région, en vue
de hâter les négociation? relatives à l'orga-
nisation de l'Exposition internationale colo-
niale de 1928 à Vincennes.
Y assistaient notamment MM. G. Angoul-
vant, commissaire général de l'Exposition, et
son adjoint Robagliaj député ; Bresson, con-
seiller général; Mann, ancien président du
Conseil général, quelques maires des com-
munes voisines et les deux architectes de
l'Exposition.
.-
A la Société des Nations
-o.()--
Mandat sur la Syrie
Le mandat de la France sur la Syrie sera
examiné le 16 février à Rome, par la Com-
mission des mandata.
La Commission établira les bases du rap-
port qu'elle doit présenter au Conseil fédé-
ral qui se tiendra dans la session de mars
prochain.
8..
LA PKOTECnOft DES StDIS
Il y a actuellement à Paris, près de 40.000
Nord-Africains : Kabyles, Algériens, Tuni-
siens, Marocains. Ils vivent la plupart du
temps dans des conditions efIroyablcs. Des
rapports de police ont révélé que l'on en a
trouvé jusqu'à trente dormant dans une
même chambre. Un pareil milieu constitue
forcément un foyer de tuberculose. La terri-
ble maladie fait des coupes sombres parmi
les Nord-Africains de Paris, qui deviennent
de dangereux porteurs de germes, à telles en-
seignes qu'on trouve aujourd'hui des tuber-
culeux jusque dans le pays berbère.
Pour essayer de remédier à ce déplorable
état de choses, la Commission municipale de
protection des Nord-Africains, constituée à la
demande de M. Pierre Godin, a tenu hier ii
l'Hôtel de Ville, sa première réunion.
Plusieurs personnalités avaient répondu à
l'invitation du conseiller du quartier Saint-
Georges. Citons entre autres : M. Depont,
ancien inspecteur général des communes
mixtes d'Algérie; les colonels Chardcnet et
Raine, ancftns officiers du bureau arabe ;
MM. Calary de Lamazièrc, ancien député;
Terrier, diplomate, etc.
Cette réunion avait pour objet de jeter les
bases de la création, à Paris, d'une cruvre
de foyers musulmans ayant pour but de dif-
fuser les méthodes d'hygiène et d'habitation
parmi les milliers de Nord-Africains venus
pour travailler dans la capitale.
Une couvre s'est bien fondée à Paris : le
« Foyer musulman n, mais elle est encore
a: l'état embryonnaire. La Commission a dé-
cidé la création d'un comité chargé de réu-
nir tontes les bonnes volontés pour dévelop-
per cette œuvre. I.e Comité aura ensuite à
se mettre en rapport avec la Commission mu-
nicipale pour chercher tous les moyens pos-
sibles de protéger les Nord-Africain s.
Sacre d'un évêque colonial
Le cardinal Dubois, archevêque de Paris,
u procédé, liior malin, en la chapelle des
Pères du Saint-Esprit-, .»(), rue Lhomond, à
la cérémonie du sacre de Mgr Turdy, vicaire
apostolique du Gabon.
Le prélat conséerateur, Mgr Champavier,
évôque de Marseille et cousin de Mgr Tar-
dy, avait comme assistants Mgr Tailloî,
évoque do (Irenoble, et, Mgr de Beaumont,
évêquo de la HÚnnion.
l ia As l'assistance se t rouvaient les direc-
teurs de la Propagation de la foi, de la Sain-
te-Hnfane", do !'()':u\'}'e apostolique, et des
principaux urdres religieux.
La marine de guerre et nos colonies
–00–
En inaugurant h8 nouveaux services
d'action du Ministère do la Marine, M.
(Iourtes Leygues, ministre de la Ma-
rine, après avoir exposé les critiques fon-
dées qu'on adresse A la marine et dont il
faut faire profit, a conclu :
- Ces dernières années ont prouvé, une
lois de plus, qu'un grand pays ne ipeut se
passer d'une imarine et que la France, à
canse de sa position géographique, de l'im-
portance de son empire colonial, des in-
térêts de tous ordres qu'elle a dans le
monde et du rOle politique qu'elle joue, ne
Pourrait y renoncer sans déchoir.
La Leçon des Moutons
---0-0-
Parmi les bonnes choses que
VAlgérie nous envoie ; t surtout
pourrait nous envoyer, j purent ses
moutolls. A certaines époques cii l'année.
c'est un spectacle curieux que de voir des
troupeaux de centaines de ces pauvres ani-
maux s'engouffrer dans un navire, aux
flancs duquel un pallneau' déplacé ouvre une
large brèche par oii ils disparaissent, comme
si un géant glouton les avalait sans répit.
Or, les éleveurs algériens se Plaignent de
la façon dont leurs moutons sont entassés
dans des cales sans air, où règne une tempé-
rature d'étuve de 4° à 42 degrés. A chaque
voyage, on compte plusieurs animaux étouf-
fés, et tous ceux qui débarquent ont peine à
se tenir sur leurs pattes, tellement ils sont
fatiguée et fiévreux.
Du reste, avant le tfajet maritime, ils ont
déjà subi un long transport ferroviaire qui
n'est pas mieux organisé. Ces troupeaux
viennent "ailtrellement de très loin, car Véle-
vage moutonnier ne saurait se pratiquer dans
la banlieue des cités. Les régions de pâtu-
rage sont au moins à 200 kilomètres des
ports d'embarquement ; certaines à 500 ou
600 kilomètres. Les moutons franchissent
ces longues distances, pressés dans leurs wa-
gons spéciaux souvent à deux étages, laissés
Pendant longtemps sur deg" voies de garage
oit il est très difficile de les soigner, et met-
tent plusieurs jours à faire ce premier voyage
qui les dispose mal à supporter !a traversée.
En outre, les frais de plus en plus élevés
de ces déplacements contribuent à rendre
inabordables pour le Français moyen la côte-
lette et le gigot, et même les morceaux moins
recherchés du mouton, destinés au navarin
naguère démocratique.
A la voix des éleveurs algériens, bien d'au-
tres pourraient se joindre pour donner à peu
près la même note.
Il semble que dans le Problème colonial,
on ne donne pas une place suffisante à la
question des moyens de transport. Est-ce
parce que celle-ci ne relève pas du même dé-
partement ministériel que celui-là t C'est
bien possible, mais l'intérêt de la France et
des colonies ne saurait lire sacrifié à ce com-
partimentage administratif.
Que nos colonies produisent du coton, de
la laine, de l'huile, du bois, des céréales, de
la viande, des fruits, à quoi cela servira-t-il
si nous ne disposons pas des moyens de
transporter ces denrées jusqu'à nos marchés
dans de bonnes conditions d'installation et
sans les grever de frais qui les mettent dans
une situation économique inférieure.
On avait, il y a deux ans, fait quelque
bruit autour d'une tentative d'apport à Bor-
deaux, à Paris, des primeurs du Maroc. Au-
cun résultat n'a suivi cet essai.
Artichauts, choux-fleurs, petits pois, hari-
rots verts et autrcs végétaux alimentaires de
la Chaouia, des DouklMla, des Abda, qui
pourraientdès le mois de février, apparaÎ-
tre aux Halles, continuent, à prendre la route
de Londres, d'Anvers et même de Ham-
bourg, parce qu'il en coûte moins de les
faire arriver à ces ports plus éloignés que de
les amener à Marseille, à Bordeaux ou au
Havre.
Nous avons,, à la Cote d'Ivoire et dans
notre Afrique Equatoriale, la plus merveil-
leuse forêt du monde, mais nos bois nous
reviennent plus cher que ceux de l'étraltger.
Ainsi, du reste, pour tous les produits de
nos colonies. Cependant, partout un superbe
effort de mise en valeur, pour lequel nos co-
lons et nos administrateurs ont su instruire
et guider les po pulations indigènes, s'affir-
me, aussi bien dans nos terres asiatiques que
dans nos immenses territoires africains et
dans cette île de JI adagascar dont on dis-
cute les affinités africaille's ou asiatiqun.
Encore une. fois, à quoi cela nous servira-
t-If si nous n avons pas les moyens d aller
chercher el d'apporter chez nous ces richesses
qui, pourtant, nous délivreraient de hien dis
dépendances pénibles et lourdes?
Le problème des transportç coloniaux est
éminemment complexe. Notre marine mar-
chande qui devrait le résoudre, semble mal
préparie à en trouver la sdulioll. Or, si l'on
parle quelque peu des colonies, pas toujours
du reste utilement, et si Von écrit à leur su-
jet, rares sont les écrivains ou les orateurs
qui s'occupent de la marine.
Cependant, colonies et marine sont ilfS,"
parables, et pour en revmir à notre point, dl
départ., il faut aviser à ce que les mou tous
que l'on nous envoie ne nous arrivent pa*
transformés en épaves d'équarrissage ou (II
bidoehe de fibu.
Ernest Haudos,
Sénateur de la Marne,
A travers l'Afrique
so-o
Le major C:'Jlwt-Tl'enli., dont nous avons
annoncé l'arrivée au Caire venant du Cap.
et ses compagnons ont., durant les -i-87 jours
qu'a dures leur randonnée,
une moyenne de 4.2 kilomètres par jour.
Mais peut-on parler do moyenne dans
une randonnée de ce genre ? Si dans les ré-
gions les plus favorables, la vitesse record
de 150 milles fut atteinte, on n'avançait par-
fois que d'un mille par j'Mir et cela durant
sept, jours conséculifs.
Au Conseil d'Etat
Incendie du Port d'Oran
Considérant que M. Daquin, soutient que
les dommages subis par lui à la suite de
l'incendie qui a éclaté dans le port d'Oran,
le 8 mars 1920, engagent la responsabilité
de l'Algérie et ouvrent en sa faveur un
droit iL indemnité.
Considérant que ces dommagea, lesquels
consistent dans la perte de futs d'alcool
appartenant au requérant, et déposés par
lui sur les terres-pleins du port, ne sau-
raient engager la responsabilité de l'ad-
ministration, qu'au cas où on pourrait re-
lever une faute grave à la charge du ser-
vice public
Considérant qu'il résulte de l'instruction
que la cause de l'incendie n'a pu être pré-
cisée et qu'aucune faute n'a été pu relevée à
la charge dqg agents du gouvernement gé-
néral de l'Algérie ; que dès lors le requé-
rant n'est pas fondé à réclamer une indem-
nité de réparation de dommages dont l'Al-
gérie n'est pas responsable.
Décide :
La requête de M. Daquin est rejetée.
Les dépens sont mis à sa charge.
Contre une décision du Lieutenant-Gouver-
neur de la Haute-Volta.
Lo 22 février 1924, le Lieutenant-Gouver-
neur de la Haute-Volta, prenait une déci-
sion aux termes de laquelle, Mme BattesU
infirmière à l'hôpital de Ouagadougou,
était licenciée.
En dépit do ses réclamations, de ses pro-
testations, ce haut fonctionnaire ayant
maintenu sa décision, l'intéressée estimant
que cette mesure qui la frappait était arbi-
traire, introduisit une requête au Conseil
d'Etat, aux fins de son annulation.
Cette haute jurisprudence lui a donné
satisfaction en annulant la décision dont
s'agit, et ce, pour les motifs ci-après :
Le Conseil :
Considérant que dans les conditions où
elle a élé engagée pour remplir les fonc-
tions d'infirmièto à l'hôpital de Ouagadou-
gou, la dame Battesti doit être regardée
comme rentrant dans la catégorie des
agents auxquels s'applique l'article 66 de
la loi du 22 avril 1906 : que les mesures
disciplinaires prises à l'égard de la requé-
rante sont intervenues sans qu'elle ait reçu
communication des' pièces sur le vu des-
queles elles ont été prononcées et sans
qu'elle ait été mise en mesttre de rédamer
cette communication.
Dans ces circonstances, la dame Battesti
est fondée à soutenir qu il n'a pas été sa-
tisfait à son égard aux prescriptions de
l'article 65 de la loi du 22 avril 1905 et ce
demander pour ce motif l'annulation des
arrfflés attaqués.
Décide :
La décision du Lieutenant-Gouverneur de
la Haute-Volta est annulée.
Contre une décision
du Gouverneur de la Martinique
A la requAto do M. Sainte-Rose, institu-
teur ii Rivière-Pilote {Martinique), le Conseil
d'Etat a annulé une décision du Gouver-
neur fie la Martinique rangeant l'intéressé
dans la r)" classe de son grade.
Dans sa requête M. Sainte-Rose faisait
remarquer que s'il ne pouvait bénéficier
des dispositions de la loi du 27w août 1918,
il appartenait A l'Administration de ne pas
le classer dans la 5° classe.
Celte haute jurisprudence a annulé la dé-
cision en question pour les motifs suivants,
ils seront certainement retenus par les in-
téressés :
Le Conseil,
Considérant que d'une manière géné-
rale, s'il appartient aux autorités adminis-
tratives, lorsqu'une décision, ayant créé des
droits est riitadiée d'une illégalité de na-
ture à entraîner l'annulation par la
voie contentieuse, de prononcer pUes-mômes
cette annulation ; elles ne peuvent le faire
que dans les délais du recours contentieux
qui lie sont pas expirés ; ou, postérieure-
ment, si une requête a été introduite devant
Je Conseil d'Etal, tant qu'il n'a pas été sta-
tué sur ce pourvoi, mais alors seulement
dans les limites des conclusions de la re-
quête ;
Considérant que la décision attaquée en
date du 21 décembre 1963 est intervenue
après l'expiration du délai prévu par l'ar-
ticle 7:i du Code de procédure, modifié par
l'arti'c.le i de la loi.du 13 mars 1022, pour se
pourvoir contre la. décision du 21 juin 192;»
promouvant le sieur Sainte-Bose à la 5°
classe qu'aueun recours n'avait, été formé
cou Ire celle dernière décision, que le sieur
Sainte-Rose avait dès lors un droit défini-
tivement acquis la classe à laquelle il
avait élé promu et que le Gouverneur de
la Martinique, n'a p" dans ces conditions
légalement rapporter sa première décision.
Décide : T.a décision du Gouverneur de la
Martiuiqii" en date du 21 décembre 1023
est annulée.
Lois, Décrets, Arrêtés
-0-0---
Décret du 22 janvier 1926 portant nomina-
tions dans les justices de paix d'Algérie.
Décret du 22 janvier 1926 relatif à la solde
des militaires des compagnies saharien-
nes.
Décret du 22 janvier 1926 modifiant le ré-
gime de solde des militaires en service
au Maroc.
Décret du 22 janvier 1926 modifiant le ré
qimt, de solde des militaires en service
au Levant.
Décret du 22 janvier 1926 modifiant les ta-
rifs de solde des militaires des troupes co-
loniales.
Décret du 22 janvier 1926 étendant aux sous-
officiers indigènes coloniaux en service
dans l'Afrique du Nord le bénéfice des
dispositions du décret du 21 février 1924
relatif à l'indemnité complémentaire de
service extérieur.
'f. O. du 21 janvier I:f'.!(;,:
La guerre au Maroc
0-0
Les soumissions
Lo cuid des Déni Ouriaghel vient d'arriver
à Fez avec sa famille et ses biens. On
compte dix « tellis » de pièces d'argent
parmi Les objets innombrables qui compo-
sent le patrimoine du grand chef récemment
soumis.
Cette fortune lui vient de son père, Ab es
Selinenn El Ourigui, lui-mêlne oaïd dos Beni
Ouriaghel, qui captura autrefois le fameux
roghi Bou Hamara et hérita son trésor de
fjuerre évalué ù 2 mi liions de pesetas
fwssani, soit au cours du change, près de
7 mIllions.
C'est grâce à cotte puissance financière
que le caïd pouvait armer ses guerriers
qu'il payait un douro d'argent par jour.
On voit quelle puissance vient d'échapper
à Abd cl Krim.
Deux nouveaux villages des Beni-Mostara
ont fait leur soumission. La soumission des-
Memiroua peut être considérée comme com-
plète.
Chez les Rifains
Revenu de Taounal où il a assisté au."
retour des Meaziat et a lu soumission d'une;
partie des M uoua-mai-OuHt, le colonel No-
gués a déclaré aujourd'hui que le pays
M uoua, où nos partisans ont effectué une-
démonstration ces jours derniers, était par-
faitement urganisé. Entre les Mahakinas de
liou-itadoub et de iaouerta existait une
ligne d'ouvrages retranches puissants, avec
des points d'appui et des tranchées longues
de plusieurs kilomètres, munies de ban-
quettes de tir et de purapots de protection
contre le tir en enfilade, le tout barrant la
vallée de l'oued lllane, constituant pour
nous une voie de pénétration. Des ouvragee
fixes d'une certaine importance défendraient
en outre Bou-Radoub et Taouerta, tête de
ligne de la route ri faine carrossuble, sus-
ceptible d'être employée par l'artillerie et
qui, par l'aberrant, Sidi-Ali-bel-llakem,
Sou k-es-Sei)t-Tai-g uist mène à la baie d'Al-
hucemas.
Malgré cette organisation indiquant quelle
importance Abd el Krim attachait à h pos-
session de cette ligne, l'ennemi est si démo-
ralisé qu'il n'a même pas tenté de s'en
servir. Nos troupes régulières n'ont eu aue,
deux blessés, nos partisans une dizaine. Par'
contre, les Mezziat qui, à la faveur du
combat, ont rejoint Taouoat, ont déclaré
qu'ils avaient été complètement dépouillée-
par les Ri/-;..ans.
Les souâ-officiers Lesven et Chaumet qui
sa sont úvndés des geôles ri faines ont rap-
porte tju'Abd el Krim se montre do plus en
plus dur pour ses prisonniers depuis que
son ravitaillement s'opère difficilement et
que les tribus encore sous sa coupe affec-
tent une lassitude qui fuit présager en no-
tre faveur de prochaines et importantes
soumissions.
D'uulre plrl. des prisonniers espagnols,
qui viennent de réussii ù passer les lignes,
rions mil déclare que t. s captifs sont em-
ployés :-.:I!IS répit j creuser des abris sou-
l'Ti.iins contre les ianinhurdements aériens.
--- -
PHILATÉLIE
Algérie
Le io centimes rouiff, grand format, ea!<
connu avec surcharge renversée. Il n'y au-
rait eu qu'une feuille ainsi surchargée à
l'envers, soit 73 timbres.
Maroc
Rure-au angluis : 11) c. sur 1 d., 15 c. sur
1 1/2 d., OU c. sur 5 d.
Congo belge
Le 1 franc bleu a paru. Ce timbre existe
également avec la surcharge ; Ruanda-
Urundi.
Diego-Suarez
Depuis 18Ou on a eu recours aux timbres
surchargés.
là c. sur 1 c., valeur environ M francs ;
C. sur 5 C., valeur environ titanes;
15 c. sur lu c., valeur environ 50 francs;
15 c. sur 20 c., valeur environ 50 lianes ;
15 c. sur 25 c., valeur environ 30 francs.
Ces surcharges étaient apposées lill
moyen d'un cachet eu -vioutchouc et à la
main. Il y a par conséquent de très Hom-
breuses variétés. Il y a aussi beaucoup do
faux.
En septembre l). l'approvisionnement
demandé ti Paris n'arrivant toujours pas
l'adminisll'atioll- locale lit imprimer sur
place des vignettes spéciales en lithogra-
phie. Quatre timbres furent ainsi créés, im-
• priméà sur papier blane légèrement jau-
nâtre et non dentelés. Ce sont :
l c. lfx) t ;
5_e. (tirage G.0
15 c. t tirage ll.500_, valeur environ :;) fr.;
25 c. (tirage 8.500), valeur environ i5 fr.
Mais il y a lieu de remarquer que la tota-
lité du tirage rie fut. pas mise en service
car les timbres de la métropole étant arri-
vés en octobre, lo stock restant des vignet-
tes lithographiques fui i:l,'itllt't à. celf-v
époque. Le stok ainsi incinéré comprenait,
vignettes Ii» e. et près de i.OOO if
0,25 c.
11 résulte de ceci que le 25 c. est le plus -
rare des quatre timbres et que sa valeur*
comparée a c lie du I <•., devrait être ci"
100 francs.
K11 seplembre 1801, les timbres de 5 c.
faisant ,1.1hHIV,eU\1 défaut, une nouvelle vi-
gnette do 5 c. lithographie til son app '-
rition, tirage. fl.OOo valeur, environ 70 f:
Ces cinq vignettes ont été copieusement
imitées et il est prudent de ne les acqu'':^
qu'avec garantie.
..- ,-.---.. -._-_,. ----- ,-- --
Un navire pour les missions d'Afrique
,-0'" O-O
L. vapeur missionnaire Pic-Xl (destiné
aux missions d'Afrique', -pie les catholiques
d. Milan offrent ,im t')' lancé à \'e-
nl^e au mois d'axni.
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