Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1926-01-25
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 janvier 1926 25 janvier 1926
Description : 1926/01/25 (A27,N13). 1926/01/25 (A27,N13).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6397060v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
*
VINOI-ISEPIIEMF. ANNEE. -NO là. ----- --- - - - - - - - --- - .- - --- - _- - - - -- - -- -- u 12 NUMERO : 20 CENTIMES LUNDI SOIA JANVIElt lWfT*
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Les Annules Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LU ARTKUS PUBLIÉS PAR "LU ANNALES COLONIALBS" lOIIIr LA PKOPMtTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
Lu jlwnwirw d fTfrfwnrr trnf n–r ttt P *r/~i–'tT l'nr trr Af~
DIRECTEURS: MARCEL RUEDEL et L.-G. THÊBAULT
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Un an 4,mOi8 S Bois
1.ItI.!.V't j s FrGN:. Colénies. 80 « 41 » 25 »
m. ( Etranger 120. la »
On l' dans tooa 1m Bwmos de porta et clin laa priadptus libraire -
0
Mainmd' uvre coloniale
,
Ce qui est vraiment intéressant, dans le mé-
tier de journaliste cotociat, c'est le nombre des
correspondante lointains, inconnus ou connus,
qui vous écrivent, soit pour vous donner raison,
soit, ce qui est plus utile, pour vous donner
tort, et pour vous apporter des faits caractéris-
tiques, des preuves indiscutables.
Voici ce que je reçois de l'im de ces
a broussards », auxquel s je dois tant de gra-
titude, pour les renseignements qu'ils veulent
bien me confier. Celui dont il s' agit, je le con-
aaÎs très particulièrement, et pour cause. Je ne
le désignerai pas plus précisément, mais je di-
ra que je crois à la vérité absolue de ses ob-
servations et à la sincérité de ses commentaires.
Dans la colonie où il se trouve, il y a un
gouverneur sérieux, consciencieux, cultivé, et
auquel il ne manquerait pas grand'chose s'il
connaissait davantage l'art de se faire valoir.
Ainsi le jugent ses collaborateurs et ses
subordonnés : non pas qu'on le loue de
toutes choses ; cet administrateur n'a qu'un
lève, un seul, et qui vaut d'ailleurs la peine
d'ère réalisé : il voudrait couvrir toutes les ré-
gions de sa colonie de machines agricoles, de
chanues, de batteuses et de lieuses ; on lui re-
poche de ne pas voir qu'à côté des cultures
Yimes. les cultures d'exportation font la ri-
chesse d'une colonie et la prospérité de la mé-
tnmole. On lui reoroche moins d'être au-des-
tons de sa tache quand il s'agit des questions
de main d oeuvte : c'est qu'en effet on se rend
compte, autour de lui, des difficultés.
Les planteurs de bananes et d'ananas ont
besoin constamment de manœuvres. Deux d'en-
tre eux que l'on me cite ne peuvent se sortir
d'affaire que s ils ont continuellement une
soixantaine d'hommes que les chefs de canton
doivent leur procurer et renouveler tous les
wtoîs. Les planteurs considèrent que c'est un
droit pour eux d'avoir à leur disposition cette
Main-d'œuvre et que l'achninistration est obli-
aile de la leur fournir. C'est d'ailleurs une rai-
son pour qu'ils lui demandent le maximum de
fondement contre le minimum de salaires.
Mais, d autre part, les chefs indigènes ont
dei iMes désormais arrêtées sur le droit qu'ont
leurs concitoyens de travailler ou de ne rien
faire. On leur a répété sur tous les tons qu'ils
étaient libres. et que nul ne pouvait les forcer
à la tâche s'ils ne se sentaient ni le goût ni le
besoin d'y employer leurs forces. L'adminis-
trateur va les trouver, et les invite à recruter
des manœuvres et à les envoyer aux deux plan-
teur. qui les attendent. « Tu peux partir tran-
quille, lui répondent-ils avec le sourire ; dès
que tu ne seras plus là, cela sera fait. » L'ad-
ministrateur s'éloigne, et les deux planteurs
dont j'ai parlé voient arriver quelques jours
après, au lieu des soixante hommes réclamés,
d'abord cinq ou six gamins qui s'abattent au-
tour d'eux, comme une volée de moineaux,
gais, broyants, disposés à jouer plutôt qu'à pei-
ner; c'est l'avant-garde, se dit-on; le gros de
rannée suit à quelque distance; il est composé
par une douzaine de vieillards, éreintés, pous-
sifs, dont on n'a qu'à voir l'allure pour com-
prendre qu'ils sont incapables de rendre aucune
espèce de service ; ils restent immobiles, fati-
gués, railleurs peut-être, pendant que les plan-
teurs jurent tout ce qu'ils savent et n'ont pas
besoin de s'interroger pour savoir de qui on
s'est payé la tête.
Remarquez d'ailleurs que les mêmes chefs
indigènes, si jaloux des droits de leurs adminis-
trés, si habiles pour se moquer de ceux qui les
méconnaissent et si experts dans l'art de faire
enrager les colons européem. changent d'atti-
tude dès qu'il s'agit de leurs propres intérêh.
L'indigène n'est libre de travailler ou de ne
rien faire que si son concours est réclamé par
l'étranger ? quand c'est son propre chef qui fait
appel à son travail, l'indigène n'est plus libre
de le ref user : on le fait travailler illégalement
plusieurs jours par mois, et on lève sur lui des
contributions spéciales toutes les fois que le be-
soin d'argent se fait sentir chez ceux qui le di- j
vigent. Evidemment, la morale n'est plus la
même ; on ne leur en fait pas un crime, mais
enfin il faudrait bien objecter à ceux qui
s'écrieraient : « Mais les chefs ont raison )1,
que la véritable formule de leur morale est la
suivante : « Tout pour moi, rien pour les au-
tres », ce qui n'est pas très reluisant.
Au milieu de ces difficultés sans cesse re..
naissantes, que deviennent le prestige de l'ad-
ministrateur et son autorité? Il a pourtant besoin,
lui, de ne rien perdre de son autorité, en pré-
sence de peuplades qui ont vite tait de maltrai.
ter ceux qu'elles ne respectent pas, et de gar-
der tout son prestige aux yeux de nations sur
lesquelles la France veut agir par d'autres
armes que celles de la force.
Quant au gouverneur,'il essuie tout naturel-
lement les protestations et les plaintes des plan-
tews; ceux-ci voient avec douleur dépérir leurs
domaines et fondre leurs capitaux. De guene
lasse, le gouverneur fait cette réponse que nous
connaissons bien : « Ma foi, débrouillez-
vous! » Le système D, sans doute. Mais il est
plus facile d'en vanter les mérites en France
que d'en tirer des applications pratiques dans
les colonies. C'est bien dit, s'il le peut I « Et
pourtant, déclare mon broussard, jamais on De
les aidera assez, nos colons dont les efforts
sont admirables; ils fournissent une somme de
travail comidérable, ils supportent bien des
fatigues et bravent bien des dangers, je les vois
mener une dure vie dans des cases indigènes,
et je me répète, sans cesse, qu'on reconnait
bien mal leur courage et leur ténacité. »
J\insi se termine par quelques remarques
attristées un récit où il ne manquerait pas de
quoi égayer une narration humoristique ; il suf-
firait, pour en tirer un conte plaisant, après
avoir donné des noms grotesques aux personna-
ges, de mettre en lumière ce qu'il y a de co-
mique dans les procédés par lesquels les chefs
indigènes se moquent du colon européen. Mais
l'enjeu est trop grave. Il s'agit, à la fois, de
l'influence de nos fonctionnaires, de l'avenir de
l'agriculture coloniale, du sort de ces Français
vaillants qui risquent là-bas leur santé et leurs
capitaux. J'ai répété à peu près comme je l'ai
lue l'histoire qui m'était contée dans la lettre
que j'ai sous les yeux ; je suis persuadé que
d' autres pourraient m'en conter de semblables
et non moins vraies.
Mario Rouwtan,
Sénateur de lHéroult, tries-président
de la Commission sénatoriale des Co-
Umktt, Secrétaire finirai du Groupe
*"to"
s,.
Cinéma colonial
-0-0---
Retour de cinéaste
M. J. de Roroncelli est rentré de Tunis et
Bizerte, où il était allé reconnaître les ex-
térieure que nous verrons dans son pro-
chain iilm.
Cette production, dont le titre n'est pas
encore arrêté, sera réalisée d'après un scé-
nario original de J. de BaroncelU et inter-
prétée par Charles Vanel et Raphaël Lié.
vin.
Il y aura aussi une femme que le réali-
sateur veut jeune, belle, élégante, très dra-
matique. et qu'il n'a pas encore trouvée.
Le contrôle des films au Maroc
Le résident général vient de promulguer
un arrêté portant organisation du contrôle
des filins cinématographiques au Maroc. Dé-
sormais aucun lilm a l'exception des films
reproduisant des faits d'actualité ne pourra
etre introduit en zone française par Casa-
blanca ou Oujda s'il n'a pas obtenu le visa
d'une commission spéciale de six membree
comprenant le clief de la région, le chef des
services municipaux, un magistrat, le chef
de la sûreté régionale, un officier désigné
par le chef d'état-major, un délégué du ser-
vice des Beaux-Arts ; le contrôle des films
reproduisant des faits d'actualité sera as-
suré s'il y a lieu daus chaque région par
l'autorité du contrôle.
.,.
Marseille au premier rang
Notre grand port commercial où arrivent
les produits de nos colonies de l'Océan In-
dien et de l'Extrême-Orient, vient do se
placer au premier rang avec un trafic de
7.414.634 tonnes contre 6.9013.760 tonnes en-
registrées au port de Rouen.
A travers l'Afrique
--0-0--
Le maior Court Treatt, opérateur de
cinéma, terminant son raid en automobile
commencé en partant du Cap, et poursuivi
dix-sept mois à travers l'Afrique, est arrivé
dans la matinée au Caire. Un nombreux
public lui a fait une chaleureuse ovation.
Un ancien colonial décoré
--0.0.-
M. Pierre Bonardi, qui a appartenu au ser-
vice des postes dans l'Administration colo-
niale avant de devenir directeur littéraire de
la Volonté, vient d'être décoré de la Légion
d'honneur par M. Daladier, au titre de l'Ins-
truction publique.
Nous félicitons cordialemenr l'auteur du
Visage de la Brousse.
Le beau voyage
00
Une jeune fille, appartenant à une famille
fort honorable, était étudiante à Paris. Elle
avait dix-huîf ans. Cet âge est tendre et sans
prudence. C'est pourquoi un quidam, soi-di-
sant étudiant, mais apparemment mieux
pourvu de nageoires que de diplômes, éveilla
sans trop de difficultés chez la jouvencelle le
désir d'un voyage à Cythère. Marseille en
fut la première étape. C'était bien la route
de l'Archipel. Mais, avec la complicité d'un
second quidam, prénommé Henri et pudique-
ment muet sur son patronyme, 1'( étudiant »
aiguilla sa naïve compagne sur Alger, puis
sur Sétif, où un hôtel, sans autel, représen-
tait néanmoins trop bien le temple de Vénus.
Le plus navrant fut que, devant le com-
missaire de police, le patron de cet établisse-
ment spécial assomma aux trois quarts, d'un
coup de matraque, la jeune fille qui osait se
plaindre.
Elle est aujourd'hui rapatriée, après plu-
sieurs semaines d'hôpital.
On recherche Henri et son associé, évoca-
teur d'« horizons chimériques M et trop in-
génieux colonisateur. -
Souhaitons qu'on retrouve ces deux per-
sonnages du plus triste des romans à trois,
et regrettons qu'ils ne soient pas justiciables
du fouet et du fer rouge.
R. B. de Laromiguière
TAUX DE LA PIASTRE
0 -
Le gouverneur général de l'Indochine vient
de faire connaître nu ministre des colonies
qu'à la dnte dn 23 janvier 1026, le taux officiel
de la piastre était de 15 fr. 20.
Fiscalité décevante
10-0
Nous ne sommes pas de ceux qui
méconnaissent la tâche angoissante
incombant actuellement au ministre
des Finances; mais, cottvaincus que la pros-
périté des colonies reste l'un des facteurs les
plus précieux du relèvement de la France,
nous ne saurions souscrire à certaines mesu-
res fiscales risquant £ hypothéquer grave-
ment l'avenir.
C'est ainsi que nous avons protesté contre
la taxe de 1 30 Prévue par l'article 12 du
projet du Gouvernement et aggravée Par
l'article 30 du projet du Cartel - frappant,
au titre de t impôt sur le chiffre d'affaires,
les opérations de velite, de commission ou de
courtage « qui portent sur les marchandises
ou produits exportés. lorsque ces mar-
chandises ou produits sont à destination de
nos propres colonies : c'est l'intérêt national
que nous avons conscience de défendre en
l'occurrence, car la nouvelle surcharge fis-
cale viendrait trop manifestement favoriser
sur le marché colonial la concurrence é"",,,.
gère au détriment de l'industrie franfaise 1
De même, nous demandons au Ministère
des Finances une Plus juste compréhension
de l'intérêt colonial et de Vintérêt national
lui-même dans Vapplication de l'article
84 de la loi de Finances du' 13 juillet 1925
exonérant de la taxe sur le chiffre d'affaires
les produits importés des colonies à l'état
brut, c'est-à-dire sans avoir subi de transfor-
mation industrielle. On sait que la nomen-
clature de ces produits doit être fixée par
décret. Or, le décret du 14 août 1925 en a
exclu les viandes fraîches ou conservées par
un procédé frigorifique, le manioc brut ou
desséché, les sucres bruts et les rhums cons-
tituant « la forme primaire » sous laquelle
est réalisée la canne à sucre, les huiles de
palme, etc. On nous permettra de considérer
qu'il y a là violation évidente de l'esprit du
texte, méconnaissance de la volonté Qu lé-
gislateur. Aussi bien, M. le Ministre des
Colonies voulait bien nous aviser à la date
du 1er septembre. qu'il Priait son collègue
de bien vouloir examiner, d'accord avec son
département, la possibilité de compléter par
un nouveau décret la première liste des pro-
duits appelés à bénéficier des dispositions
de l'article 84 de la loi de Finances de
1925 ».
Nous attendons toujours l'addendum ou le
post-scriptum qu'on nous avait laissé esérer.
Fort heureusement, les décrets de l'espèce
doivent être soumis à la ratification des
Clramhres. C'est dire que la voie des amen.
dements nous reste ouverte. Nous en use-
rons.
Auguête Brunet
Député de la lltumoo.
..a
M. UiflH Pcrrier au Muse DI
---0-0--
M. Léon Perrier est allé au Muséum visi-
ter les laboratoires du professeur Gruvel.
C'est plus en savant qu'en ministre que
M. Lébn Perrier a fuit su. visite et il s'est
attardé très longuement, demandant des
explications sur les plus récentes découver.
tes et sur les applications pratiques qui en
peuvent résulter.
M. Gruvel lui a montré les différentes
sortes de poissons qui foisonnent sur les
côtes de nos colonies et qui peuvent con-
courir - si on enseigne aux indigènes le
moyen - de les conserver - à parer à la
crise de sous-alimentation qui cause tant
de ravages en Afrique. Il lui a indiqué
aussi de quoi le façon certaines de nos pos-
sessions peuvent approvisionner la métro-
pole. Puis, il lui a fait voir tout ce qu'on
peut tirer d'un requin : tlu cuir superbe,
des graisses pour l'industrie, des essences.
M. Léon Perrier a suivi avec un vif inté-
rêt toutes les explications qui lui ont été
données.
-ob-
DANS LA LEGtON D'HONNEUR
MINISTERE DES FINANCES
Est nommé chevalier :
M. Prosper Cornic, publiciste, attaché à
l'Agence Républicaine de Publicité.
MINISTERE DE L'INSTRUCTION
PUBLIQUE
Est promu officier :
M. Clapier Marcel, chef de division à la
préfecture de Vaucluse, chef du cabinet du
ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts, ancien chef du Secrétariat par-
ticulier du ministre des Colonies.
Est nommé chevalier :
M. Lombard, directeur d'école, secrétaire
général de l'Office des pupilles de la nation
à Constantine.
MINISTERE DU COMMERCE
Est nommé chevalier :
M. Bouchot président de la Chambre de
Commerce ran.
AU SENAT
-o-()--
DANS LES COMMISSIONS
Commission des Colonies
La Commission des Colonies du Sénat ee
réunira le mardi 26 janvier 1926, à 15 h. 30.
Rappelons que nos amia, le général Mes-
simy et Mario Ronstan en sont président
ot premier vice-président.
A LA CHAMBRE
-0-0---
Les groupes
A titre indicatif, voici la répartition des
groupes de la Chamibre en janvier 1925 et
en janvier 1000.
- 1925 lij
Groupe communiste.,.., 26 26
Groupe des démocrates. , 14 14
Gauche indépendante. 0 13
Gaucflie radicale 41 41
Gauche Républic. démocrat. 43 ab
Parti socialiste m6 M
Radical et radical socialiste.. 140 136
Républicains socialistes .1.2 41
Républicains de gauche W 32
Union républicaine démocrat. 103 10t
Députés n'appartenant à au-
cun groupe 30 28
Les différences en moins proviennent de
décès parmi les membres du parti socia-
liste, de la gauche radicale et radicale-so-
cialiste, et de démissions parmi les républi-
cains de gauche et les membres de la gau-
Che démocratique au profit du petit groupe
de la gauche indépendante auquel appar-
tiennent 4 anciens minis4res sur 13 mem-
bres et auquel ne s'est pas encore fait ins-
crire quoi qu'il l'ait publié le spirituel
député de la Codhinchine, M. Ernest Ou-
trey.
Quelques grandes Cousions
Voici la composition de quelques-unes des
grandes Commissions :
Commission des Finances
MM. Achille Fould, Ancel (Georges), Ar
chimbaud (Léon), Auriol (Vincent), Baréty
(Léon), Bedouce, Blum (Léonh Boka-
nowski, Bonnefous (Georges), Bouilloux-
Lafont, Bureau (Georges), Cachin (Marcel),
Candace, Champetier de Ribes, Chappede-
laine (de), Compère-Morel, Dariac (Adrien),
Desjardins, Dezarnaulds, Ducos (Haute-
Garonne), Fallières (André), Garcherv
(Jean), Kervenoael (comte, de), Henry Paté,
Henry Simon (Tarn), Lamoureux (Lucien),
Landry, Lassalle Locquin (Jean), Malvy,
Monicault (de), Moutet (Marius), Nogaro,
Paganon, Palmade, Philippoteaux, Pierre
Deyris, Pierre Rameii, Piétri, Prevet, Re-
naudel, Sérot (Robert) (Moselle), Tinguy
du Pouët (de), Valiere.
Commission des douanes et des conventions
commerciales
MM. Altorffer, Balitrand, Barthe (Ed.),
Beauvillain, Burger, Cachin (Marcel), Ca-
denat, Cadic, Camuzet, Cante (Charles),
Carron, Castel, Chauvin (Auguste) (Haute-
Loire), Delesalle, Desoblin, Duboin (J ac-
ques), Dubois (Paul) (Somme), Duboys-
Fresney, Dupuy (Pierre), Epivent, Falcoz,
Gadaud, Girod (Adolphe), Hubert-Rougcr,
Jean Bosc, Jean Payra, Lamazou-Betbeder,
i,aroclie-joubut, Le Friec, Le Mire (Hen-
ry) (Eure), Marin-Quilliard, Molinié (jean-
A.) (Aveyron), Mun (Bertrand de), Peigné,
Pélissier, Plichon (lieutenant-colonel), Kail-
hac, Raynaldy, Régis, Rodhain, Rognon
(Etienne), Salmon, Théo-Bretin, Triballct.
Commission de la Marine marchande
MM. Ameline, Barra, Bergey, Berquet,
Binet, Bouisson (Bouches-du-Rhône), Brunet
(Auguste) (Réunion), Caïtucoli, Canavelli,
Cauderon, Cayrel, Charles Leboucq, Colins,
Coty (René), Delaroche-Vernet, Epivent,
Félix (J ean), Gasparin, Gautier, Gérard (ba-
ron François), Girard (Auguste), Henri Tas.
so, Jean Jadé, Jaurès (amiral), Labes, La
Groudière (de), Le Guen (Victor), Le Moyne
(Pierre) (Morbihan), Léon Meyer (Seine-ln.
féricure), Le Trocqucr, Masson, Morinaud,
Poussineau, Régis, Rimbert, Roux-I1 rcissi-
neng, Teyssier, Théo-lireun, imoy, vaiu-
neng, Vidal (Joseph), Villault-Duchesnois,
dWe, illiam Bertrand (Charente-Inférieure),
Ybarnégaray.
- -«♦«
La nouvelle Commission
des Colonies
–0-0–
Voici la composition de la nouvelle com-
mission de l'Algérie, des colonies et des pro-
tectorats.
MM. AUide Delmont, Angoulvant, Bar-
thélémy Uobaglia, lierthon (André), Bri-
gault, Bringer, Brocard, Brunet (Auguste)
(Réunion), Charles Baron, Diagne, Doriot,
Krnest Outrey, Fabry (Jean), Félix Gouin,
1-layelle, Fontanier (Henry), François Mo-
rel (Tarn). Gasparin, (jinoux-Determon,
Goirand (André), Goniaux, Goude (Finis-
tère), Grandmaison (commandant de), Henri
Michel, Jacquier, Lafagette, La Groudière
(de), Le Moigne (Albert) (Manche), Maître,
Mallarmé, Mazerand, Nouelle, Perreau-Pra-
dier (Pierre), Petit (Claude), Poitou-Du-
plessy, Proust, Riboisière (comte de la),
Roux-Freissineng, Saint-Just (général de),
Taittinger, Thomson, Valudc, Warren
(Edouard de), William-Bertrand (Charente,
Inférieure).
Sur 44 membres on constatera que 41 ren-
trent à la Commission. Enregistrons seule-
ment trois changements.
M Mallarmé député (l'Alger remplace
M. Auhriot pour les républicains socialistes.
La gauche républicaine démocratique
perd un représentant. M. Régis (Bouches-
du-Rhtmc), qui est remplacé par M. Maze-
rand des républicains de gauche (Meurthe-
et Moselle).
Les socialistes perdent un siège à la com-
mission, celui de M. Marius Moutet, député
du Rhône. Les députés n'appartenant à au-
cun groupe gagnent un siège, celui de M.
Rringer, député de la Lozère.
UNE GRANDE MANIFESTATION
DE LA COLONIE INDOCHINOISE DE FRANCE
<>»
La colonie annamite en France a offert
hier soir, au restaurant des Sociétés Savantes,
un grand banquet en l'honneur de M. Bui-
Quang-Chieu, chef du Parti constitutionnaliste
Indochinois, de passage à Paris.
Plus de cent convives, parmi lesquels des
Françaises et des Français amis de l'Indo-
chine, assistèrent à ce dîner présidé par
M. Bui-Quang-Chieu lui même et organisé
par M. Diep-Van-Ky.
Au dessert, AI, Nguyen-Xuan-Bai, au nom
des intellectuels, et M. Nguyen-Nhu-Phong,
au nom des travailleurs inaochinois, ont pro-
noncé deux allocutions très applaudies.
M. N guyen-Xuan-Bai retraça la carrière po-
litique du chef constitutionnaliste.
Le délégué des travailleurs compare
M. Bui- Quang-Chieu à M. Pham-Boi-Chau.
Tandis que le dernier recherche l'indépen-
dante de l'Annam par des moyens réaction-
naires, le premier travaille à l'affranchisse-
ment des Annamites en préconisant des
réformes sur la base de la collaboration
franco-indochinoise.
M. Bui-Quang-Chieu prit ensuite la pa-
role en ces termes ;
Mesdames,
Messieurs,
Mes chers compatriotes et amis,
Je suis étreint de la plus profonde érno-
tion en recevant le témoignage d'affectueuse
confiance et de sincère amitié que vous
m'apportez ce soir au nom de la colonie an-
namite en terre française. Vous me donnez
la plus belle récompense qu'il soit permis
à un homme de recevoir, pour les efforts
incessants que j'ai accomplis en faveur de
la cause commune franco-annamite.
Il y a un an, à pareille heure, mais dans
un cadre plus familier, dans un local plus
modeste, celui de la Société de l'Enseigne-
ment Mutuel de Cochinchine et de l'Asso-
ciation Mutuelle des Anciens Elèves du
Collège Chrfsseloup-Laubat réunis, en bois
sur pilotis, entouré de cocotiers, de pal-
miers et d'hibiscus en fleurs, un banquet
me fut offert par des compatriotes qui, eux
aussi, tinrent à me dire hautement, publi-
quement et leurs souffrances et leurs es-
poirs. - En dépit de l'hostilité ouverte de
ceux dont nous entreprenons de contrecar-
rer l'action néfaste en Indochine, des cen-
taines d'Annamites de tous âges, de toutes
professions vinrent me charger d'apporter
au Peuple de France l'expression doulou-
reuse de leurs doléances communes, toujoars
exprimées et jamais satisfaites. Et comme
un symbole émouvant de la sympathie pro-
fonde que j'allais rencontrer en France,
une charmante Française me donna l'acco-
lade en me souhaitant plein succès au mi-
lieu de frénétiques applaudissements.
Comment ai-je accompli cette mission re-
çue de l'amitié confiante de nos concitoyens
Nous voyons aujourd'hui de tous côtés se
multiplier des réunions, des conférences,
des causeries, des articles de journaux sur
l'Indochine, hélas! si mal connue encoi,-
du gros public métropolitain. Avec tout
l'élan de votre généreuse jeunesse, avec
toute la fougue de vos juvéniles convictions,
vous m'avez secondé, mes chers amis, dans
ma tâche difficile; de amis français se sont
joints à vous ; aux uns et aux autres, je dis
merci, merci de tout cœur au nom de l'In-
dochine annamite. Les résultats, pour être
encourageants, sont bien modestes cepen-
dant par rapport au but à atteindre. La
route à narcourir est longue, parsemée de
gros obstacles, puisqu'il ne s'agit de rien
moins que de réformer des conceptions co-
loniales séculaires de détruire des préjugé:,
millénaires qui s'appuient sur des intérêts
considérables d'autant plus âprement dé-
fendus qu'ils se savent injustes.
Ensemble, nous avons déployé toutes nos
forces, dans cette œuvre de justice et d'hu-
manité. Nos conyiatriotes en Indochine sont
au courant de nos efforts ; ils nous en sont
reconnaissants. Par nos soins et ceux de nos
amis français, le peuple de France et le
Gouvernement de la Métropole sont avertis
+ «t^,-v; + .1 * 1.^
ut-h pi 1 a 1 IUII» aiiiiaiiiiiv^9
d'Annam des sympathies profondes de la
nation française. Plus d'équivoque possible,
plus de fossé entre la France et l'Annam.
En dépit des fils de fer barbelé dont on pré-
tend isoler notre pays, en dépit de" murail-
les de Chine par lesquelles on voudrait li-
miter les horizons de l'Annam, les senti-
ments récinrooues des deux neunles sont
connus de l'un et de l'autre. Nous continue- !
rons plus ardemment encore de faire notre
devoir en démontrant la nécessité urgente,
impérieuse des réformes qui ont été tant de
fois promises par tous les gouverneurs gé-
néraux de l'Indochine parlant au noni de
la nation tutrice. Des Français de haute
conscience qui se sont penchés sur l'âme an-
namite, ont scruté les battements de notre
cœur, qui ont visité notre pay" autre-
ment qu'en historiographes officiels gras-
sement rémunérés, ont reconnu le bien fondé
de nos doléances modestes Brioux. (i. (Gar-
ros, Ajalbert. Dorge.lès, Monet. Léon
Werth et tant d'autres encore. Ah! oui,
nous savons qu'il y a aussi le coup de
chapeau de feu Lord Northclifîe t coup de
chapeau de gentleman, mais rien de plus,
car on ne saurait sérieusement prétendra
connaître les besoins d'un peuple de vingt
millions d'habitants au cours d'un vovago
touristique de quelques jours, dans des au-
tomobiles gouvernementales.
Nous épuiserons, quant nous, tous les
moyens de conciliation que nous dictent à
la fois et la compréhension bien nette de nos
intérêts et notre sentiment d'affectîort «in-
cere pour la France, pour dissiper le malen-
tendu franco-annamite. 11 faut que l'on soit
bien persuadé que nous ne faisons que tra-
duire publiquement les convictions intime-
de nos frères de race, qui ne veulent que
les réformes nécessaires à leur évolution
sous l'égide de la France; que nous n'avons
pas d'arrière-pensées malsaines, de calculs
machiavéliques. Nous ne sommes guidés
que par la claire conscience des destinées
de notre patrie, fondée sur l'étude de notre
histoire millénaire, sur la connaissance de
nos facultés morales et intellectuelles. En
comparant notre stade - d'évolution à celui
des voisins asiatiques, nous avons acquis le
sentiment amer du temps qu'on a perdu, des
ressources qu'on a gaspillées, de nos éner-
gies comprimées, à piétiner sur place en
criant bien fort: marchons! marchons 1
avec la ferme volonté de ne pas nous lais-
ser aller de l'avant. Nous savons que l'ad-
ministration locale, qui parle et agit au aonk.
de la France, est dominée par un sentiment
incompréhensible de méfiance à l'égard des
indigènes, qu'elle les traite en ennemis en'
puissance, au lieu de les considérer en col.
laborateurs possibles, et cela malgré les-
preuves de loyalisme, d'attachement que-
l'Annam a données à la Métropole pendant
ta Grande '0WTre. Nous reconnaissons sin-
cèrement, hautement les progrès matériels
réalisés dans notre pays depuis plus de 60"
ans, mais nous ne saurions taire qu'il eût
été possible de faire davantage si l'on
n'avait pas pratiqué un système de coloni-
sation étroite, à courte vue, d'intérêts mes-
quins et immédiats où l'âme et l'esprit indi-
gènes sont comprimts, où les aspirations-
annamites les plus nobles sont méconnues.
Que demandent donc les Annamites pour
qu'on refuse de les entendre? L'évacuation
du territoire indochinois? la substitution
brutale de l'administration française par
l'Annamite? La suprématie indigène dans
les Conseils gouvernementaux? La partici-
pation prépondérante des autochtone* dans
a gestion des affaires publiques de leur
pays ?
Rien de tout cela. Bien moins Due tout
cela. N'étant rien dans leur pays, ils veu-
lent être quelque chose. Ils veulent cesser
d'être du bétail humain tailkible et corvéa-
ble à merci, nour devenir de; hnmmp, ca-
pables de collaborer a l'ccuvrc de progrès
et d'émancipation que la France a pris 1 en-
gagement solennel d'entreprendre dans leur
pays, au profit de leur race, pour le plus
grand bien de la France et de l'humanité.
Nous ne demandons pas l'indépendance
complète, mais seulement le droit de vivre
sur le sol de nos pèrej, ce qui ne signite.
pas seulement la bolée de riz et la cuillerée
do mioc mam mais aussi et surtout la liberté
de nous instruire où, quand et comme nous
voulons, sans autre limite que celle de nos
facultés intellectuelles, le droit de mettre au
service de notre pays nos aptitude.; techni-
qucs et intellectuelles sans considération de
la couleur de la peau, le droit d'exprimer
notre pensée, par écrit et verbalement, sans
crainte du gendarme ou du commissaire de
police. Nous désirons qu'on n'empoisonne.
plus notre race par l'alcool et l'opium, sous
prétexte de nécessités budgétaires ! qu'on
protège notre travail, notre enfance et notre
vieillesse, en un mot, qu'on nous traite
comme de vrais enfants de la France en
nous donnant une charte constitutionnelle
qui convienne à notre stade d'évolution
pour participer à la gestion de notre pays
sous la tutelle française. Est-ce. trop deman-
der à la France de 8q ? Est-ce trop exiger
de la démocratie française? Si oui, qu'on
nous le dise pour ne pas nous préparer de
Il Il -1.. 1.
rrue)!cs oesi!îusions. Aiais nous ne recon-
naissons à personne le droit de dire que le
bien-être matériel suffirait à notre bonheur
T.ihr(' quinconque de ne songer qu'à ra-
masser des piastres. Nous poursuivons no-
tre idéal de justice et de liberté.
Nos adversaires s'en vont crier à nui veut
l'entendre que le Parti constitutionnaliste
poursuit sournoisement une o-uvre destruc-
tive. avant nour fin l'éviction des Français
- - - -
en - Indochine. A ccs basses calomnies, nous
répondons par des actes notre travail so
fait en plein jour ; nos écrits et nos confé-
rences publiques attestent la sincérité d&-
nos intentions. T.es démarches que nous
avons faites auprès de personnalités métro-
politaines, témoignent do notre désir de se-
conder la mission française en Fxttèmc-
Asie.
T.f' problème que nous posons à l'opinion.*
publique française n'est pas nouveau; il a,.
été- posé par d'autres, en d'autres régions,
a d'autres peuples colonisateuis et d'autre*
manières! 11 fautes décider à le résoudre*
sous peine de s'aliéner une sympathie qui"
s'offre. Voila la tâche que nous poursuivons,
que nous entendons continuer, en dépit nes-
calomnies de nos adversaires qui ne veu-
lent conserver le stjtu quo que parce qu'H'<-
vivent grassement du sang de notre peuple.“
Messager fidèle, de la pensée annamite,
je l'ai traduite devant le publia français..
J'apporterai fidèlement à l'Indochine l'ex-
pression des sentiments île la Métropole \:.
notre égard. Nos concitoyens décideront .1,,,-
l'attitude à prendre dans lTavenir. lie grost
événements so précipitent en Extrême-Asie
des nuages s'amoncellent sous le riel dut
Pacifique. D'aucuns "I flattent que l'lndo-
chine échappera a l'orage. Puissent-ils ne
pas se préparer un réveil cruel ! L'hlstclÍrC'
sanglante de ces deini<-res années ne nous
a-t-elle lias appris nue bien souvent h's évé-
nement- dépassent les prévisions humaines
les plus clairvoyantes, et -i demain l^i fa-
talité voulait que le«s vingt millions d'An-
namite^ fussent sollicités à jouer un rôle
sur la scenn asiatiques, ne serait-il pas à
craindre que ce peuple, qui eut une histoire
glorieuse, qui a de grandes qualités morales
et intellectuelles, no finisse par voir celles-
ri s'atrophier au point qu'il lui importerait
peu de changer de maître? Si pareille atti-
tude venait à être adoptée par nos compa-
triotes en désespoir de cau-e, d'aucuns
crieraient à la trahison, (lui ! il y aurait
trahison, mais seulement de la part de
ceu\-l\ même qui, trahissant la pensée
(raT\t;:d..,.. auront employé- ?eur puissance en
Indochine à détruire chez le p(,\lp!l en tu-
VINOI-ISEPIIEMF. ANNEE. -NO là. ----- --- - - - - - - - --- - .- - --- - _- - - - -- - -- -- u 12 NUMERO : 20 CENTIMES LUNDI SOIA JANVIElt lWfT*
,1 a A
Les Annules Coloniales
JOURNAL QUOTIDIEN
LU ARTKUS PUBLIÉS PAR "LU ANNALES COLONIALBS" lOIIIr LA PKOPMtTÉ
EXCLUSIVE DU JOURNAL
Lu jlwnwirw d fTfrfwnrr trnf n–r ttt P *r/~i–'tT l'nr trr Af~
DIRECTEURS: MARCEL RUEDEL et L.-G. THÊBAULT
RéfcetÎM et AteiuKrttiM : 34. Rue du Mont-Thabor. PARIS-1. Téléakrae : LOOYItl 19-17
Un an 4,mOi8 S Bois
1.ItI.!.V't j s FrGN:. Colénies. 80 « 41 » 25 »
m. ( Etranger 120. la »
On l' dans tooa 1m Bwmos de porta et clin laa priadptus libraire -
0
Mainmd' uvre coloniale
,
Ce qui est vraiment intéressant, dans le mé-
tier de journaliste cotociat, c'est le nombre des
correspondante lointains, inconnus ou connus,
qui vous écrivent, soit pour vous donner raison,
soit, ce qui est plus utile, pour vous donner
tort, et pour vous apporter des faits caractéris-
tiques, des preuves indiscutables.
Voici ce que je reçois de l'im de ces
a broussards », auxquel s je dois tant de gra-
titude, pour les renseignements qu'ils veulent
bien me confier. Celui dont il s' agit, je le con-
aaÎs très particulièrement, et pour cause. Je ne
le désignerai pas plus précisément, mais je di-
ra que je crois à la vérité absolue de ses ob-
servations et à la sincérité de ses commentaires.
Dans la colonie où il se trouve, il y a un
gouverneur sérieux, consciencieux, cultivé, et
auquel il ne manquerait pas grand'chose s'il
connaissait davantage l'art de se faire valoir.
Ainsi le jugent ses collaborateurs et ses
subordonnés : non pas qu'on le loue de
toutes choses ; cet administrateur n'a qu'un
lève, un seul, et qui vaut d'ailleurs la peine
d'ère réalisé : il voudrait couvrir toutes les ré-
gions de sa colonie de machines agricoles, de
chanues, de batteuses et de lieuses ; on lui re-
poche de ne pas voir qu'à côté des cultures
Yimes. les cultures d'exportation font la ri-
chesse d'une colonie et la prospérité de la mé-
tnmole. On lui reoroche moins d'être au-des-
tons de sa tache quand il s'agit des questions
de main d oeuvte : c'est qu'en effet on se rend
compte, autour de lui, des difficultés.
Les planteurs de bananes et d'ananas ont
besoin constamment de manœuvres. Deux d'en-
tre eux que l'on me cite ne peuvent se sortir
d'affaire que s ils ont continuellement une
soixantaine d'hommes que les chefs de canton
doivent leur procurer et renouveler tous les
wtoîs. Les planteurs considèrent que c'est un
droit pour eux d'avoir à leur disposition cette
Main-d'œuvre et que l'achninistration est obli-
aile de la leur fournir. C'est d'ailleurs une rai-
son pour qu'ils lui demandent le maximum de
fondement contre le minimum de salaires.
Mais, d autre part, les chefs indigènes ont
dei iMes désormais arrêtées sur le droit qu'ont
leurs concitoyens de travailler ou de ne rien
faire. On leur a répété sur tous les tons qu'ils
étaient libres. et que nul ne pouvait les forcer
à la tâche s'ils ne se sentaient ni le goût ni le
besoin d'y employer leurs forces. L'adminis-
trateur va les trouver, et les invite à recruter
des manœuvres et à les envoyer aux deux plan-
teur. qui les attendent. « Tu peux partir tran-
quille, lui répondent-ils avec le sourire ; dès
que tu ne seras plus là, cela sera fait. » L'ad-
ministrateur s'éloigne, et les deux planteurs
dont j'ai parlé voient arriver quelques jours
après, au lieu des soixante hommes réclamés,
d'abord cinq ou six gamins qui s'abattent au-
tour d'eux, comme une volée de moineaux,
gais, broyants, disposés à jouer plutôt qu'à pei-
ner; c'est l'avant-garde, se dit-on; le gros de
rannée suit à quelque distance; il est composé
par une douzaine de vieillards, éreintés, pous-
sifs, dont on n'a qu'à voir l'allure pour com-
prendre qu'ils sont incapables de rendre aucune
espèce de service ; ils restent immobiles, fati-
gués, railleurs peut-être, pendant que les plan-
teurs jurent tout ce qu'ils savent et n'ont pas
besoin de s'interroger pour savoir de qui on
s'est payé la tête.
Remarquez d'ailleurs que les mêmes chefs
indigènes, si jaloux des droits de leurs adminis-
trés, si habiles pour se moquer de ceux qui les
méconnaissent et si experts dans l'art de faire
enrager les colons européem. changent d'atti-
tude dès qu'il s'agit de leurs propres intérêh.
L'indigène n'est libre de travailler ou de ne
rien faire que si son concours est réclamé par
l'étranger ? quand c'est son propre chef qui fait
appel à son travail, l'indigène n'est plus libre
de le ref user : on le fait travailler illégalement
plusieurs jours par mois, et on lève sur lui des
contributions spéciales toutes les fois que le be-
soin d'argent se fait sentir chez ceux qui le di- j
vigent. Evidemment, la morale n'est plus la
même ; on ne leur en fait pas un crime, mais
enfin il faudrait bien objecter à ceux qui
s'écrieraient : « Mais les chefs ont raison )1,
que la véritable formule de leur morale est la
suivante : « Tout pour moi, rien pour les au-
tres », ce qui n'est pas très reluisant.
Au milieu de ces difficultés sans cesse re..
naissantes, que deviennent le prestige de l'ad-
ministrateur et son autorité? Il a pourtant besoin,
lui, de ne rien perdre de son autorité, en pré-
sence de peuplades qui ont vite tait de maltrai.
ter ceux qu'elles ne respectent pas, et de gar-
der tout son prestige aux yeux de nations sur
lesquelles la France veut agir par d'autres
armes que celles de la force.
Quant au gouverneur,'il essuie tout naturel-
lement les protestations et les plaintes des plan-
tews; ceux-ci voient avec douleur dépérir leurs
domaines et fondre leurs capitaux. De guene
lasse, le gouverneur fait cette réponse que nous
connaissons bien : « Ma foi, débrouillez-
vous! » Le système D, sans doute. Mais il est
plus facile d'en vanter les mérites en France
que d'en tirer des applications pratiques dans
les colonies. C'est bien dit, s'il le peut I « Et
pourtant, déclare mon broussard, jamais on De
les aidera assez, nos colons dont les efforts
sont admirables; ils fournissent une somme de
travail comidérable, ils supportent bien des
fatigues et bravent bien des dangers, je les vois
mener une dure vie dans des cases indigènes,
et je me répète, sans cesse, qu'on reconnait
bien mal leur courage et leur ténacité. »
J\insi se termine par quelques remarques
attristées un récit où il ne manquerait pas de
quoi égayer une narration humoristique ; il suf-
firait, pour en tirer un conte plaisant, après
avoir donné des noms grotesques aux personna-
ges, de mettre en lumière ce qu'il y a de co-
mique dans les procédés par lesquels les chefs
indigènes se moquent du colon européen. Mais
l'enjeu est trop grave. Il s'agit, à la fois, de
l'influence de nos fonctionnaires, de l'avenir de
l'agriculture coloniale, du sort de ces Français
vaillants qui risquent là-bas leur santé et leurs
capitaux. J'ai répété à peu près comme je l'ai
lue l'histoire qui m'était contée dans la lettre
que j'ai sous les yeux ; je suis persuadé que
d' autres pourraient m'en conter de semblables
et non moins vraies.
Mario Rouwtan,
Sénateur de lHéroult, tries-président
de la Commission sénatoriale des Co-
Umktt, Secrétaire finirai du Groupe
*"to"
s,.
Cinéma colonial
-0-0---
Retour de cinéaste
M. J. de Roroncelli est rentré de Tunis et
Bizerte, où il était allé reconnaître les ex-
térieure que nous verrons dans son pro-
chain iilm.
Cette production, dont le titre n'est pas
encore arrêté, sera réalisée d'après un scé-
nario original de J. de BaroncelU et inter-
prétée par Charles Vanel et Raphaël Lié.
vin.
Il y aura aussi une femme que le réali-
sateur veut jeune, belle, élégante, très dra-
matique. et qu'il n'a pas encore trouvée.
Le contrôle des films au Maroc
Le résident général vient de promulguer
un arrêté portant organisation du contrôle
des filins cinématographiques au Maroc. Dé-
sormais aucun lilm a l'exception des films
reproduisant des faits d'actualité ne pourra
etre introduit en zone française par Casa-
blanca ou Oujda s'il n'a pas obtenu le visa
d'une commission spéciale de six membree
comprenant le clief de la région, le chef des
services municipaux, un magistrat, le chef
de la sûreté régionale, un officier désigné
par le chef d'état-major, un délégué du ser-
vice des Beaux-Arts ; le contrôle des films
reproduisant des faits d'actualité sera as-
suré s'il y a lieu daus chaque région par
l'autorité du contrôle.
.,.
Marseille au premier rang
Notre grand port commercial où arrivent
les produits de nos colonies de l'Océan In-
dien et de l'Extrême-Orient, vient do se
placer au premier rang avec un trafic de
7.414.634 tonnes contre 6.9013.760 tonnes en-
registrées au port de Rouen.
A travers l'Afrique
--0-0--
Le maior Court Treatt, opérateur de
cinéma, terminant son raid en automobile
commencé en partant du Cap, et poursuivi
dix-sept mois à travers l'Afrique, est arrivé
dans la matinée au Caire. Un nombreux
public lui a fait une chaleureuse ovation.
Un ancien colonial décoré
--0.0.-
M. Pierre Bonardi, qui a appartenu au ser-
vice des postes dans l'Administration colo-
niale avant de devenir directeur littéraire de
la Volonté, vient d'être décoré de la Légion
d'honneur par M. Daladier, au titre de l'Ins-
truction publique.
Nous félicitons cordialemenr l'auteur du
Visage de la Brousse.
Le beau voyage
00
Une jeune fille, appartenant à une famille
fort honorable, était étudiante à Paris. Elle
avait dix-huîf ans. Cet âge est tendre et sans
prudence. C'est pourquoi un quidam, soi-di-
sant étudiant, mais apparemment mieux
pourvu de nageoires que de diplômes, éveilla
sans trop de difficultés chez la jouvencelle le
désir d'un voyage à Cythère. Marseille en
fut la première étape. C'était bien la route
de l'Archipel. Mais, avec la complicité d'un
second quidam, prénommé Henri et pudique-
ment muet sur son patronyme, 1'( étudiant »
aiguilla sa naïve compagne sur Alger, puis
sur Sétif, où un hôtel, sans autel, représen-
tait néanmoins trop bien le temple de Vénus.
Le plus navrant fut que, devant le com-
missaire de police, le patron de cet établisse-
ment spécial assomma aux trois quarts, d'un
coup de matraque, la jeune fille qui osait se
plaindre.
Elle est aujourd'hui rapatriée, après plu-
sieurs semaines d'hôpital.
On recherche Henri et son associé, évoca-
teur d'« horizons chimériques M et trop in-
génieux colonisateur. -
Souhaitons qu'on retrouve ces deux per-
sonnages du plus triste des romans à trois,
et regrettons qu'ils ne soient pas justiciables
du fouet et du fer rouge.
R. B. de Laromiguière
TAUX DE LA PIASTRE
0 -
Le gouverneur général de l'Indochine vient
de faire connaître nu ministre des colonies
qu'à la dnte dn 23 janvier 1026, le taux officiel
de la piastre était de 15 fr. 20.
Fiscalité décevante
10-0
Nous ne sommes pas de ceux qui
méconnaissent la tâche angoissante
incombant actuellement au ministre
des Finances; mais, cottvaincus que la pros-
périté des colonies reste l'un des facteurs les
plus précieux du relèvement de la France,
nous ne saurions souscrire à certaines mesu-
res fiscales risquant £ hypothéquer grave-
ment l'avenir.
C'est ainsi que nous avons protesté contre
la taxe de 1 30 Prévue par l'article 12 du
projet du Gouvernement et aggravée Par
l'article 30 du projet du Cartel - frappant,
au titre de t impôt sur le chiffre d'affaires,
les opérations de velite, de commission ou de
courtage « qui portent sur les marchandises
ou produits exportés. lorsque ces mar-
chandises ou produits sont à destination de
nos propres colonies : c'est l'intérêt national
que nous avons conscience de défendre en
l'occurrence, car la nouvelle surcharge fis-
cale viendrait trop manifestement favoriser
sur le marché colonial la concurrence é"",,,.
gère au détriment de l'industrie franfaise 1
De même, nous demandons au Ministère
des Finances une Plus juste compréhension
de l'intérêt colonial et de Vintérêt national
lui-même dans Vapplication de l'article
84 de la loi de Finances du' 13 juillet 1925
exonérant de la taxe sur le chiffre d'affaires
les produits importés des colonies à l'état
brut, c'est-à-dire sans avoir subi de transfor-
mation industrielle. On sait que la nomen-
clature de ces produits doit être fixée par
décret. Or, le décret du 14 août 1925 en a
exclu les viandes fraîches ou conservées par
un procédé frigorifique, le manioc brut ou
desséché, les sucres bruts et les rhums cons-
tituant « la forme primaire » sous laquelle
est réalisée la canne à sucre, les huiles de
palme, etc. On nous permettra de considérer
qu'il y a là violation évidente de l'esprit du
texte, méconnaissance de la volonté Qu lé-
gislateur. Aussi bien, M. le Ministre des
Colonies voulait bien nous aviser à la date
du 1er septembre. qu'il Priait son collègue
de bien vouloir examiner, d'accord avec son
département, la possibilité de compléter par
un nouveau décret la première liste des pro-
duits appelés à bénéficier des dispositions
de l'article 84 de la loi de Finances de
1925 ».
Nous attendons toujours l'addendum ou le
post-scriptum qu'on nous avait laissé esérer.
Fort heureusement, les décrets de l'espèce
doivent être soumis à la ratification des
Clramhres. C'est dire que la voie des amen.
dements nous reste ouverte. Nous en use-
rons.
Auguête Brunet
Député de la lltumoo.
..a
M. UiflH Pcrrier au Muse DI
---0-0--
M. Léon Perrier est allé au Muséum visi-
ter les laboratoires du professeur Gruvel.
C'est plus en savant qu'en ministre que
M. Lébn Perrier a fuit su. visite et il s'est
attardé très longuement, demandant des
explications sur les plus récentes découver.
tes et sur les applications pratiques qui en
peuvent résulter.
M. Gruvel lui a montré les différentes
sortes de poissons qui foisonnent sur les
côtes de nos colonies et qui peuvent con-
courir - si on enseigne aux indigènes le
moyen - de les conserver - à parer à la
crise de sous-alimentation qui cause tant
de ravages en Afrique. Il lui a indiqué
aussi de quoi le façon certaines de nos pos-
sessions peuvent approvisionner la métro-
pole. Puis, il lui a fait voir tout ce qu'on
peut tirer d'un requin : tlu cuir superbe,
des graisses pour l'industrie, des essences.
M. Léon Perrier a suivi avec un vif inté-
rêt toutes les explications qui lui ont été
données.
-ob-
DANS LA LEGtON D'HONNEUR
MINISTERE DES FINANCES
Est nommé chevalier :
M. Prosper Cornic, publiciste, attaché à
l'Agence Républicaine de Publicité.
MINISTERE DE L'INSTRUCTION
PUBLIQUE
Est promu officier :
M. Clapier Marcel, chef de division à la
préfecture de Vaucluse, chef du cabinet du
ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts, ancien chef du Secrétariat par-
ticulier du ministre des Colonies.
Est nommé chevalier :
M. Lombard, directeur d'école, secrétaire
général de l'Office des pupilles de la nation
à Constantine.
MINISTERE DU COMMERCE
Est nommé chevalier :
M. Bouchot président de la Chambre de
Commerce ran.
AU SENAT
-o-()--
DANS LES COMMISSIONS
Commission des Colonies
La Commission des Colonies du Sénat ee
réunira le mardi 26 janvier 1926, à 15 h. 30.
Rappelons que nos amia, le général Mes-
simy et Mario Ronstan en sont président
ot premier vice-président.
A LA CHAMBRE
-0-0---
Les groupes
A titre indicatif, voici la répartition des
groupes de la Chamibre en janvier 1925 et
en janvier 1000.
- 1925 lij
Groupe communiste.,.., 26 26
Groupe des démocrates. , 14 14
Gauche indépendante. 0 13
Gaucflie radicale 41 41
Gauche Républic. démocrat. 43 ab
Parti socialiste m6 M
Radical et radical socialiste.. 140 136
Républicains socialistes .1.2 41
Républicains de gauche W 32
Union républicaine démocrat. 103 10t
Députés n'appartenant à au-
cun groupe 30 28
Les différences en moins proviennent de
décès parmi les membres du parti socia-
liste, de la gauche radicale et radicale-so-
cialiste, et de démissions parmi les républi-
cains de gauche et les membres de la gau-
Che démocratique au profit du petit groupe
de la gauche indépendante auquel appar-
tiennent 4 anciens minis4res sur 13 mem-
bres et auquel ne s'est pas encore fait ins-
crire quoi qu'il l'ait publié le spirituel
député de la Codhinchine, M. Ernest Ou-
trey.
Quelques grandes Cousions
Voici la composition de quelques-unes des
grandes Commissions :
Commission des Finances
MM. Achille Fould, Ancel (Georges), Ar
chimbaud (Léon), Auriol (Vincent), Baréty
(Léon), Bedouce, Blum (Léonh Boka-
nowski, Bonnefous (Georges), Bouilloux-
Lafont, Bureau (Georges), Cachin (Marcel),
Candace, Champetier de Ribes, Chappede-
laine (de), Compère-Morel, Dariac (Adrien),
Desjardins, Dezarnaulds, Ducos (Haute-
Garonne), Fallières (André), Garcherv
(Jean), Kervenoael (comte, de), Henry Paté,
Henry Simon (Tarn), Lamoureux (Lucien),
Landry, Lassalle Locquin (Jean), Malvy,
Monicault (de), Moutet (Marius), Nogaro,
Paganon, Palmade, Philippoteaux, Pierre
Deyris, Pierre Rameii, Piétri, Prevet, Re-
naudel, Sérot (Robert) (Moselle), Tinguy
du Pouët (de), Valiere.
Commission des douanes et des conventions
commerciales
MM. Altorffer, Balitrand, Barthe (Ed.),
Beauvillain, Burger, Cachin (Marcel), Ca-
denat, Cadic, Camuzet, Cante (Charles),
Carron, Castel, Chauvin (Auguste) (Haute-
Loire), Delesalle, Desoblin, Duboin (J ac-
ques), Dubois (Paul) (Somme), Duboys-
Fresney, Dupuy (Pierre), Epivent, Falcoz,
Gadaud, Girod (Adolphe), Hubert-Rougcr,
Jean Bosc, Jean Payra, Lamazou-Betbeder,
i,aroclie-joubut, Le Friec, Le Mire (Hen-
ry) (Eure), Marin-Quilliard, Molinié (jean-
A.) (Aveyron), Mun (Bertrand de), Peigné,
Pélissier, Plichon (lieutenant-colonel), Kail-
hac, Raynaldy, Régis, Rodhain, Rognon
(Etienne), Salmon, Théo-Bretin, Triballct.
Commission de la Marine marchande
MM. Ameline, Barra, Bergey, Berquet,
Binet, Bouisson (Bouches-du-Rhône), Brunet
(Auguste) (Réunion), Caïtucoli, Canavelli,
Cauderon, Cayrel, Charles Leboucq, Colins,
Coty (René), Delaroche-Vernet, Epivent,
Félix (J ean), Gasparin, Gautier, Gérard (ba-
ron François), Girard (Auguste), Henri Tas.
so, Jean Jadé, Jaurès (amiral), Labes, La
Groudière (de), Le Guen (Victor), Le Moyne
(Pierre) (Morbihan), Léon Meyer (Seine-ln.
féricure), Le Trocqucr, Masson, Morinaud,
Poussineau, Régis, Rimbert, Roux-I1 rcissi-
neng, Teyssier, Théo-lireun, imoy, vaiu-
neng, Vidal (Joseph), Villault-Duchesnois,
dWe, illiam Bertrand (Charente-Inférieure),
Ybarnégaray.
- -«♦«
La nouvelle Commission
des Colonies
–0-0–
Voici la composition de la nouvelle com-
mission de l'Algérie, des colonies et des pro-
tectorats.
MM. AUide Delmont, Angoulvant, Bar-
thélémy Uobaglia, lierthon (André), Bri-
gault, Bringer, Brocard, Brunet (Auguste)
(Réunion), Charles Baron, Diagne, Doriot,
Krnest Outrey, Fabry (Jean), Félix Gouin,
1-layelle, Fontanier (Henry), François Mo-
rel (Tarn). Gasparin, (jinoux-Determon,
Goirand (André), Goniaux, Goude (Finis-
tère), Grandmaison (commandant de), Henri
Michel, Jacquier, Lafagette, La Groudière
(de), Le Moigne (Albert) (Manche), Maître,
Mallarmé, Mazerand, Nouelle, Perreau-Pra-
dier (Pierre), Petit (Claude), Poitou-Du-
plessy, Proust, Riboisière (comte de la),
Roux-Freissineng, Saint-Just (général de),
Taittinger, Thomson, Valudc, Warren
(Edouard de), William-Bertrand (Charente,
Inférieure).
Sur 44 membres on constatera que 41 ren-
trent à la Commission. Enregistrons seule-
ment trois changements.
M Mallarmé député (l'Alger remplace
M. Auhriot pour les républicains socialistes.
La gauche républicaine démocratique
perd un représentant. M. Régis (Bouches-
du-Rhtmc), qui est remplacé par M. Maze-
rand des républicains de gauche (Meurthe-
et Moselle).
Les socialistes perdent un siège à la com-
mission, celui de M. Marius Moutet, député
du Rhône. Les députés n'appartenant à au-
cun groupe gagnent un siège, celui de M.
Rringer, député de la Lozère.
UNE GRANDE MANIFESTATION
DE LA COLONIE INDOCHINOISE DE FRANCE
<>»
La colonie annamite en France a offert
hier soir, au restaurant des Sociétés Savantes,
un grand banquet en l'honneur de M. Bui-
Quang-Chieu, chef du Parti constitutionnaliste
Indochinois, de passage à Paris.
Plus de cent convives, parmi lesquels des
Françaises et des Français amis de l'Indo-
chine, assistèrent à ce dîner présidé par
M. Bui-Quang-Chieu lui même et organisé
par M. Diep-Van-Ky.
Au dessert, AI, Nguyen-Xuan-Bai, au nom
des intellectuels, et M. Nguyen-Nhu-Phong,
au nom des travailleurs inaochinois, ont pro-
noncé deux allocutions très applaudies.
M. N guyen-Xuan-Bai retraça la carrière po-
litique du chef constitutionnaliste.
Le délégué des travailleurs compare
M. Bui- Quang-Chieu à M. Pham-Boi-Chau.
Tandis que le dernier recherche l'indépen-
dante de l'Annam par des moyens réaction-
naires, le premier travaille à l'affranchisse-
ment des Annamites en préconisant des
réformes sur la base de la collaboration
franco-indochinoise.
M. Bui-Quang-Chieu prit ensuite la pa-
role en ces termes ;
Mesdames,
Messieurs,
Mes chers compatriotes et amis,
Je suis étreint de la plus profonde érno-
tion en recevant le témoignage d'affectueuse
confiance et de sincère amitié que vous
m'apportez ce soir au nom de la colonie an-
namite en terre française. Vous me donnez
la plus belle récompense qu'il soit permis
à un homme de recevoir, pour les efforts
incessants que j'ai accomplis en faveur de
la cause commune franco-annamite.
Il y a un an, à pareille heure, mais dans
un cadre plus familier, dans un local plus
modeste, celui de la Société de l'Enseigne-
ment Mutuel de Cochinchine et de l'Asso-
ciation Mutuelle des Anciens Elèves du
Collège Chrfsseloup-Laubat réunis, en bois
sur pilotis, entouré de cocotiers, de pal-
miers et d'hibiscus en fleurs, un banquet
me fut offert par des compatriotes qui, eux
aussi, tinrent à me dire hautement, publi-
quement et leurs souffrances et leurs es-
poirs. - En dépit de l'hostilité ouverte de
ceux dont nous entreprenons de contrecar-
rer l'action néfaste en Indochine, des cen-
taines d'Annamites de tous âges, de toutes
professions vinrent me charger d'apporter
au Peuple de France l'expression doulou-
reuse de leurs doléances communes, toujoars
exprimées et jamais satisfaites. Et comme
un symbole émouvant de la sympathie pro-
fonde que j'allais rencontrer en France,
une charmante Française me donna l'acco-
lade en me souhaitant plein succès au mi-
lieu de frénétiques applaudissements.
Comment ai-je accompli cette mission re-
çue de l'amitié confiante de nos concitoyens
Nous voyons aujourd'hui de tous côtés se
multiplier des réunions, des conférences,
des causeries, des articles de journaux sur
l'Indochine, hélas! si mal connue encoi,-
du gros public métropolitain. Avec tout
l'élan de votre généreuse jeunesse, avec
toute la fougue de vos juvéniles convictions,
vous m'avez secondé, mes chers amis, dans
ma tâche difficile; de amis français se sont
joints à vous ; aux uns et aux autres, je dis
merci, merci de tout cœur au nom de l'In-
dochine annamite. Les résultats, pour être
encourageants, sont bien modestes cepen-
dant par rapport au but à atteindre. La
route à narcourir est longue, parsemée de
gros obstacles, puisqu'il ne s'agit de rien
moins que de réformer des conceptions co-
loniales séculaires de détruire des préjugé:,
millénaires qui s'appuient sur des intérêts
considérables d'autant plus âprement dé-
fendus qu'ils se savent injustes.
Ensemble, nous avons déployé toutes nos
forces, dans cette œuvre de justice et d'hu-
manité. Nos conyiatriotes en Indochine sont
au courant de nos efforts ; ils nous en sont
reconnaissants. Par nos soins et ceux de nos
amis français, le peuple de France et le
Gouvernement de la Métropole sont avertis
+ «t^,-v; + .1 * 1.^
ut-h pi 1 a 1 IUII» aiiiiaiiiiiv^9
d'Annam des sympathies profondes de la
nation française. Plus d'équivoque possible,
plus de fossé entre la France et l'Annam.
En dépit des fils de fer barbelé dont on pré-
tend isoler notre pays, en dépit de" murail-
les de Chine par lesquelles on voudrait li-
miter les horizons de l'Annam, les senti-
ments récinrooues des deux neunles sont
connus de l'un et de l'autre. Nous continue- !
rons plus ardemment encore de faire notre
devoir en démontrant la nécessité urgente,
impérieuse des réformes qui ont été tant de
fois promises par tous les gouverneurs gé-
néraux de l'Indochine parlant au noni de
la nation tutrice. Des Français de haute
conscience qui se sont penchés sur l'âme an-
namite, ont scruté les battements de notre
cœur, qui ont visité notre pay" autre-
ment qu'en historiographes officiels gras-
sement rémunérés, ont reconnu le bien fondé
de nos doléances modestes Brioux. (i. (Gar-
ros, Ajalbert. Dorge.lès, Monet. Léon
Werth et tant d'autres encore. Ah! oui,
nous savons qu'il y a aussi le coup de
chapeau de feu Lord Northclifîe t coup de
chapeau de gentleman, mais rien de plus,
car on ne saurait sérieusement prétendra
connaître les besoins d'un peuple de vingt
millions d'habitants au cours d'un vovago
touristique de quelques jours, dans des au-
tomobiles gouvernementales.
Nous épuiserons, quant nous, tous les
moyens de conciliation que nous dictent à
la fois et la compréhension bien nette de nos
intérêts et notre sentiment d'affectîort «in-
cere pour la France, pour dissiper le malen-
tendu franco-annamite. 11 faut que l'on soit
bien persuadé que nous ne faisons que tra-
duire publiquement les convictions intime-
de nos frères de race, qui ne veulent que
les réformes nécessaires à leur évolution
sous l'égide de la France; que nous n'avons
pas d'arrière-pensées malsaines, de calculs
machiavéliques. Nous ne sommes guidés
que par la claire conscience des destinées
de notre patrie, fondée sur l'étude de notre
histoire millénaire, sur la connaissance de
nos facultés morales et intellectuelles. En
comparant notre stade - d'évolution à celui
des voisins asiatiques, nous avons acquis le
sentiment amer du temps qu'on a perdu, des
ressources qu'on a gaspillées, de nos éner-
gies comprimées, à piétiner sur place en
criant bien fort: marchons! marchons 1
avec la ferme volonté de ne pas nous lais-
ser aller de l'avant. Nous savons que l'ad-
ministration locale, qui parle et agit au aonk.
de la France, est dominée par un sentiment
incompréhensible de méfiance à l'égard des
indigènes, qu'elle les traite en ennemis en'
puissance, au lieu de les considérer en col.
laborateurs possibles, et cela malgré les-
preuves de loyalisme, d'attachement que-
l'Annam a données à la Métropole pendant
ta Grande '0WTre. Nous reconnaissons sin-
cèrement, hautement les progrès matériels
réalisés dans notre pays depuis plus de 60"
ans, mais nous ne saurions taire qu'il eût
été possible de faire davantage si l'on
n'avait pas pratiqué un système de coloni-
sation étroite, à courte vue, d'intérêts mes-
quins et immédiats où l'âme et l'esprit indi-
gènes sont comprimts, où les aspirations-
annamites les plus nobles sont méconnues.
Que demandent donc les Annamites pour
qu'on refuse de les entendre? L'évacuation
du territoire indochinois? la substitution
brutale de l'administration française par
l'Annamite? La suprématie indigène dans
les Conseils gouvernementaux? La partici-
pation prépondérante des autochtone* dans
a gestion des affaires publiques de leur
pays ?
Rien de tout cela. Bien moins Due tout
cela. N'étant rien dans leur pays, ils veu-
lent être quelque chose. Ils veulent cesser
d'être du bétail humain tailkible et corvéa-
ble à merci, nour devenir de; hnmmp, ca-
pables de collaborer a l'ccuvrc de progrès
et d'émancipation que la France a pris 1 en-
gagement solennel d'entreprendre dans leur
pays, au profit de leur race, pour le plus
grand bien de la France et de l'humanité.
Nous ne demandons pas l'indépendance
complète, mais seulement le droit de vivre
sur le sol de nos pèrej, ce qui ne signite.
pas seulement la bolée de riz et la cuillerée
do mioc mam mais aussi et surtout la liberté
de nous instruire où, quand et comme nous
voulons, sans autre limite que celle de nos
facultés intellectuelles, le droit de mettre au
service de notre pays nos aptitude.; techni-
qucs et intellectuelles sans considération de
la couleur de la peau, le droit d'exprimer
notre pensée, par écrit et verbalement, sans
crainte du gendarme ou du commissaire de
police. Nous désirons qu'on n'empoisonne.
plus notre race par l'alcool et l'opium, sous
prétexte de nécessités budgétaires ! qu'on
protège notre travail, notre enfance et notre
vieillesse, en un mot, qu'on nous traite
comme de vrais enfants de la France en
nous donnant une charte constitutionnelle
qui convienne à notre stade d'évolution
pour participer à la gestion de notre pays
sous la tutelle française. Est-ce. trop deman-
der à la France de 8q ? Est-ce trop exiger
de la démocratie française? Si oui, qu'on
nous le dise pour ne pas nous préparer de
Il Il -1.. 1.
rrue)!cs oesi!îusions. Aiais nous ne recon-
naissons à personne le droit de dire que le
bien-être matériel suffirait à notre bonheur
T.ihr(' quinconque de ne songer qu'à ra-
masser des piastres. Nous poursuivons no-
tre idéal de justice et de liberté.
Nos adversaires s'en vont crier à nui veut
l'entendre que le Parti constitutionnaliste
poursuit sournoisement une o-uvre destruc-
tive. avant nour fin l'éviction des Français
- - - -
en - Indochine. A ccs basses calomnies, nous
répondons par des actes notre travail so
fait en plein jour ; nos écrits et nos confé-
rences publiques attestent la sincérité d&-
nos intentions. T.es démarches que nous
avons faites auprès de personnalités métro-
politaines, témoignent do notre désir de se-
conder la mission française en Fxttèmc-
Asie.
T.f' problème que nous posons à l'opinion.*
publique française n'est pas nouveau; il a,.
été- posé par d'autres, en d'autres régions,
a d'autres peuples colonisateuis et d'autre*
manières! 11 fautes décider à le résoudre*
sous peine de s'aliéner une sympathie qui"
s'offre. Voila la tâche que nous poursuivons,
que nous entendons continuer, en dépit nes-
calomnies de nos adversaires qui ne veu-
lent conserver le stjtu quo que parce qu'H'<-
vivent grassement du sang de notre peuple.“
Messager fidèle, de la pensée annamite,
je l'ai traduite devant le publia français..
J'apporterai fidèlement à l'Indochine l'ex-
pression des sentiments île la Métropole \:.
notre égard. Nos concitoyens décideront .1,,,-
l'attitude à prendre dans lTavenir. lie grost
événements so précipitent en Extrême-Asie
des nuages s'amoncellent sous le riel dut
Pacifique. D'aucuns "I flattent que l'lndo-
chine échappera a l'orage. Puissent-ils ne
pas se préparer un réveil cruel ! L'hlstclÍrC'
sanglante de ces deini<-res années ne nous
a-t-elle lias appris nue bien souvent h's évé-
nement- dépassent les prévisions humaines
les plus clairvoyantes, et -i demain l^i fa-
talité voulait que le«s vingt millions d'An-
namite^ fussent sollicités à jouer un rôle
sur la scenn asiatiques, ne serait-il pas à
craindre que ce peuple, qui eut une histoire
glorieuse, qui a de grandes qualités morales
et intellectuelles, no finisse par voir celles-
ri s'atrophier au point qu'il lui importerait
peu de changer de maître? Si pareille atti-
tude venait à être adoptée par nos compa-
triotes en désespoir de cau-e, d'aucuns
crieraient à la trahison, (lui ! il y aurait
trahison, mais seulement de la part de
ceu\-l\ même qui, trahissant la pensée
(raT\t;:d..,.. auront employé- ?eur puissance en
Indochine à détruire chez le p(,\lp!l en tu-
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