Titre : Revue internationale des produits coloniaux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1931-11-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343784169
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 7259 Nombre total de vues : 7259
Description : 01 novembre 1931 01 novembre 1931
Description : 1931/11/01 (A6,N71)-1931/11/30. 1931/11/01 (A6,N71)-1931/11/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63847387
Source : CIRAD, 2012-231858
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2013
REVUE INTERNATIONALE DES PRODUITS COLONIAUX 581
un objet de luxe, et le conserver comme il convient, avec un jouet de luxe, ne
devant pas servir à autre chose qu'à un mirage de faux prestige.
On a dit1 et on a écrit qu'une telle conception négative a eu sa part de res-
ponsabilité dans les désordres qui, pour environ dix années, réduisirent la Tripo-
litaine aux conditions morales et politiques les plus déplorables.
Une semblable affirmation n'est nullement dénuée de fondement. L'absence
complète de confiance dans les possibilités économiques de la colonie tarissait la
source de toute initiative sérieuse et créait un sentiment de déplorable indiffé-
rence pour ce qui concernait l'avenir. Toute l' activité du gouvernement se pola-
risait et se pulvérisait autour d'une singulière construction politique et bureau-
cratique, qui était un but en soi, artificielle, inconcluante, très préjudiciable,
saturée d'erreurs, dont les effets ne tardèrent pas à s'affirmer évidents, carac-
térisés par ce tableau lamentable que présentait la Tripolitaine vers les années
1919-1920.
A tout cela ne furent pas étrangères l'inexpérience et la faible conscience
coloniale italienne; mais la négation de tout programme de mise en valeur éco-
nomique, comme une fastidieuse utopie irréalisable, joua un rôle notable dans
l'ensemble des facteurs, Si l'activité du gouvernement, appuyée alors par une
profusion de milliards, au lieu de se dessécher dans une existence vide, matéria-
lisée en formules politiques, s'était consacrée avec décision à tracer et à réaliser
un programme de mise en valeur économique, peut-être aurait-on commis beau-
coup moins d'erreurs dans le domaine de la politique pure, surtout parce que les
Italiens auraient donné dès le début aux indigènes une idée bien différente
d'eux-mêmes, l'idée d'un peuple qui n'a pas besoin de recourir à la fâcheuse
recherche de compromis à coups d'espèces sonnantes - en cela consistait essen-
tiellement la doctrine politique de l'époque — mais emploie de tout autres
méthodes : consolider à tout prix et immédiatement l'occupation militaire par
la conquête économique de la terre.
Il n' est pas douteux qu'une tout autre conduite aurait imposé aux indigènes
un spectacle tout différent d'activité constructive et de force morale, qui aurait
constitué en même temps une démonstration et un exemple !
Quelques hommes de foi sincère étaient isolés et négligés au milieu de li
mer des politiciens et des sceptiques : quelques hommes qui entrevirent l'avenir
et y crurent fermement.
C'est à eux que l'on doit les rares tentatives à peine tolérées dans le domaine
agricole. Parmi eux, à mesure que le temps nous détache de la vision opaque des
origines, s'éclaire de plus en plus sur les bas-fonds la figure d'un homme qui,
plus que tout autre, crut et voulut énergiquement : Emanuele De Cillis. C'est
lui qui fonda l'Office Agricole et l'Institut Expérimental de Sidi Mesri, qui
sont demeurés les institutions agricoles classiques de la colonie; c'est lui qui
conçut dans ses grandes lignes la forme de la colonisation qui devait être
réalisée par la suite, qui étudia les premières applications d'une agriculture
métropolitaine dans la colonie, qui donna la vie aux premières concessions agri-
coles de terres domaniales, qui, en substance, jeta à pleines mains la bonne
semence féconde qui, bien que restée suffoquée dans les années qui suivirent,
était toutefois destinée à germer abondamment dans l'avenir.
un objet de luxe, et le conserver comme il convient, avec un jouet de luxe, ne
devant pas servir à autre chose qu'à un mirage de faux prestige.
On a dit1 et on a écrit qu'une telle conception négative a eu sa part de res-
ponsabilité dans les désordres qui, pour environ dix années, réduisirent la Tripo-
litaine aux conditions morales et politiques les plus déplorables.
Une semblable affirmation n'est nullement dénuée de fondement. L'absence
complète de confiance dans les possibilités économiques de la colonie tarissait la
source de toute initiative sérieuse et créait un sentiment de déplorable indiffé-
rence pour ce qui concernait l'avenir. Toute l' activité du gouvernement se pola-
risait et se pulvérisait autour d'une singulière construction politique et bureau-
cratique, qui était un but en soi, artificielle, inconcluante, très préjudiciable,
saturée d'erreurs, dont les effets ne tardèrent pas à s'affirmer évidents, carac-
térisés par ce tableau lamentable que présentait la Tripolitaine vers les années
1919-1920.
A tout cela ne furent pas étrangères l'inexpérience et la faible conscience
coloniale italienne; mais la négation de tout programme de mise en valeur éco-
nomique, comme une fastidieuse utopie irréalisable, joua un rôle notable dans
l'ensemble des facteurs, Si l'activité du gouvernement, appuyée alors par une
profusion de milliards, au lieu de se dessécher dans une existence vide, matéria-
lisée en formules politiques, s'était consacrée avec décision à tracer et à réaliser
un programme de mise en valeur économique, peut-être aurait-on commis beau-
coup moins d'erreurs dans le domaine de la politique pure, surtout parce que les
Italiens auraient donné dès le début aux indigènes une idée bien différente
d'eux-mêmes, l'idée d'un peuple qui n'a pas besoin de recourir à la fâcheuse
recherche de compromis à coups d'espèces sonnantes - en cela consistait essen-
tiellement la doctrine politique de l'époque — mais emploie de tout autres
méthodes : consolider à tout prix et immédiatement l'occupation militaire par
la conquête économique de la terre.
Il n' est pas douteux qu'une tout autre conduite aurait imposé aux indigènes
un spectacle tout différent d'activité constructive et de force morale, qui aurait
constitué en même temps une démonstration et un exemple !
Quelques hommes de foi sincère étaient isolés et négligés au milieu de li
mer des politiciens et des sceptiques : quelques hommes qui entrevirent l'avenir
et y crurent fermement.
C'est à eux que l'on doit les rares tentatives à peine tolérées dans le domaine
agricole. Parmi eux, à mesure que le temps nous détache de la vision opaque des
origines, s'éclaire de plus en plus sur les bas-fonds la figure d'un homme qui,
plus que tout autre, crut et voulut énergiquement : Emanuele De Cillis. C'est
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métropolitaine dans la colonie, qui donna la vie aux premières concessions agri-
coles de terres domaniales, qui, en substance, jeta à pleines mains la bonne
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était toutefois destinée à germer abondamment dans l'avenir.
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