Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-10-20
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 20 octobre 1902 20 octobre 1902
Description : 1902/10/20 (A6,N111,T11). 1902/10/20 (A6,N111,T11).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6378079q
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2013
238 REVUE DES CULTURES COLONIALES
telle sorte que, lorsqu'on les voit aujourd'hui à 1 mètre ou 111150 l'un de l'autre,
il semble qu'ils ont été doués de mouvements et que chacun d'eux, sans pour-
tant quitter la souche mère, s'est éloigné de ses frères pour trouver un peu plus
d'air et de lumière.
Combien de siècles comptent encore ces souches, plus vieilles que les arbres
dont je viens de parler, qui ont vu disparaître la tige qu'elles avaient nourrie tout
d'abord, et sur lesquelles se sont développés des rejetons qui sont eux-mêmes
plusieurs fois centenaires. Nous pouvons suivre de nos jours, sur des arbres
hors d'âge, les phases par lesquelles elles ont dû passer.
Le tronc, trop vieux pour servir de conducteur à la sève, ne peut plus
nourrir sa puissante ramure qui diminue tous les ans et va bientôt disparaître ;
mais, comme le phénix, l'olivier renaît de ses cendres. L'on voit, pendant que la
tige dépérit, l'écorce du collet ou bien celle des racines maîtresses, lorsqu'elles
ont été déchaussées par l'effort des ans, prendre peu à peu une teinte plus claire,
un brillant, un poli qui tranche, avec l'apparence rugueuse et desséchée du tronc,
bientôt cette écorce pleine de vie éclate et les yeux sortent par tous les pores.
L'agriculteur intelligent, suivant les indications qui lui donne la nature, abat
le tronc épuisé et qui lui paie encore bien largement son travail par l'excellent
bois de chauffage qu'il fournit. Les drageons poussent alors avec vigueur, on en
diminue peu à peu le nombre, et au bout de quelques années l'on se trouve en
possession d'arbres rajeunis, pleins de vie, qui vont, à leur tour, lutter pendant
toute une suite de générations contre la sécheresse, contre l'ingratitude du sol,
pour donner à qui sait les soigner l'un des produits les plus utiles à l'homme,
l'huile, et ce, pendant que leur nouveau possesseur cherche à savoir si la souche
qui leur a donné naissance a quinze ou vingt siècles d'existence.
Mais revenons à la création des olivettes qui ont fait, à une époque éloignée,
la fortune de l'Afrique du Nord, qui couvrent encore une bonne partie de l'Algérie,
et voyons comment cette création a pu être assez rapide, pour donner naissance
à la tradition qui prétend qu'il n'a fallu qu'une génération et la ferme volonté
d'un homme pour couvrir la Kabylie de cet arbre précieux.
11 est évident qu'un laps de temps si court eût été absolument insuffisant
pour obtenir semblables résultats, si l'on avait dû planter des olivettes nouvelles ;
mais la chose devient possible, si l'on admet qu'il s'est agi simplement de mettre
en valeur des oliviers sauvages, qui formaient assurément à cette époque, comme
à l'heure actuelle, une bonne partie des forêts du littoral et du bas Tell.
Si l'olivier n'est pas venu spontanément en Afrique, nous pouvons être en
effet certains, par ce que nous voyons encore actuellement, que les oiseaux, sur-
tout les étourneaux et les grives, ont dû, dès qu'il a été cultivé même sur de
petites surfaces, en répandre les semences dans toutes les broussailles, et qu'il a
rapidement poussé partout où le sol et le climat pouvaient lui convenir, c'est-à-
dire sur des milliers d'hectares. Je pourrais citer, à l'appui de ce fait, telle plan-
tation d'eucalyptus de vingt à vingt-cinq ans d'existence, qui renferme aujour-
d'hui un magnifique sous-bois d'oliviers sauvages, semés là par des grives qui
venaient y passer la nuit, et qui cédera la place, un jour ou l'autre, à l'arbre de
Minerve; tous les jeunes oliviers sauvages qui poussent le long des haies, sous
des arbres où les oiseaux seuls ont pu les apporter, nous montrent avec quelle
facilité l'olivier se multiplie naturellement en Algérie, au moins à l'état sauvage.
Eh bien! cet effort fait autrefois par un homme ou peut-être par un peuple,
qui avait soumis à un servage plus ou moins déguisé les populations kabyles,
telle sorte que, lorsqu'on les voit aujourd'hui à 1 mètre ou 111150 l'un de l'autre,
il semble qu'ils ont été doués de mouvements et que chacun d'eux, sans pour-
tant quitter la souche mère, s'est éloigné de ses frères pour trouver un peu plus
d'air et de lumière.
Combien de siècles comptent encore ces souches, plus vieilles que les arbres
dont je viens de parler, qui ont vu disparaître la tige qu'elles avaient nourrie tout
d'abord, et sur lesquelles se sont développés des rejetons qui sont eux-mêmes
plusieurs fois centenaires. Nous pouvons suivre de nos jours, sur des arbres
hors d'âge, les phases par lesquelles elles ont dû passer.
Le tronc, trop vieux pour servir de conducteur à la sève, ne peut plus
nourrir sa puissante ramure qui diminue tous les ans et va bientôt disparaître ;
mais, comme le phénix, l'olivier renaît de ses cendres. L'on voit, pendant que la
tige dépérit, l'écorce du collet ou bien celle des racines maîtresses, lorsqu'elles
ont été déchaussées par l'effort des ans, prendre peu à peu une teinte plus claire,
un brillant, un poli qui tranche, avec l'apparence rugueuse et desséchée du tronc,
bientôt cette écorce pleine de vie éclate et les yeux sortent par tous les pores.
L'agriculteur intelligent, suivant les indications qui lui donne la nature, abat
le tronc épuisé et qui lui paie encore bien largement son travail par l'excellent
bois de chauffage qu'il fournit. Les drageons poussent alors avec vigueur, on en
diminue peu à peu le nombre, et au bout de quelques années l'on se trouve en
possession d'arbres rajeunis, pleins de vie, qui vont, à leur tour, lutter pendant
toute une suite de générations contre la sécheresse, contre l'ingratitude du sol,
pour donner à qui sait les soigner l'un des produits les plus utiles à l'homme,
l'huile, et ce, pendant que leur nouveau possesseur cherche à savoir si la souche
qui leur a donné naissance a quinze ou vingt siècles d'existence.
Mais revenons à la création des olivettes qui ont fait, à une époque éloignée,
la fortune de l'Afrique du Nord, qui couvrent encore une bonne partie de l'Algérie,
et voyons comment cette création a pu être assez rapide, pour donner naissance
à la tradition qui prétend qu'il n'a fallu qu'une génération et la ferme volonté
d'un homme pour couvrir la Kabylie de cet arbre précieux.
11 est évident qu'un laps de temps si court eût été absolument insuffisant
pour obtenir semblables résultats, si l'on avait dû planter des olivettes nouvelles ;
mais la chose devient possible, si l'on admet qu'il s'est agi simplement de mettre
en valeur des oliviers sauvages, qui formaient assurément à cette époque, comme
à l'heure actuelle, une bonne partie des forêts du littoral et du bas Tell.
Si l'olivier n'est pas venu spontanément en Afrique, nous pouvons être en
effet certains, par ce que nous voyons encore actuellement, que les oiseaux, sur-
tout les étourneaux et les grives, ont dû, dès qu'il a été cultivé même sur de
petites surfaces, en répandre les semences dans toutes les broussailles, et qu'il a
rapidement poussé partout où le sol et le climat pouvaient lui convenir, c'est-à-
dire sur des milliers d'hectares. Je pourrais citer, à l'appui de ce fait, telle plan-
tation d'eucalyptus de vingt à vingt-cinq ans d'existence, qui renferme aujour-
d'hui un magnifique sous-bois d'oliviers sauvages, semés là par des grives qui
venaient y passer la nuit, et qui cédera la place, un jour ou l'autre, à l'arbre de
Minerve; tous les jeunes oliviers sauvages qui poussent le long des haies, sous
des arbres où les oiseaux seuls ont pu les apporter, nous montrent avec quelle
facilité l'olivier se multiplie naturellement en Algérie, au moins à l'état sauvage.
Eh bien! cet effort fait autrefois par un homme ou peut-être par un peuple,
qui avait soumis à un servage plus ou moins déguisé les populations kabyles,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 14/32
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6378079q/f14.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6378079q/f14.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6378079q/f14.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6378079q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6378079q
Facebook
Twitter