Titre : Revue des cultures coloniales
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1902-10-20
Contributeur : Milhe-Poutingon, Albert. Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858342r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5134 Nombre total de vues : 5134
Description : 20 octobre 1902 20 octobre 1902
Description : 1902/10/20 (A6,N111,T11). 1902/10/20 (A6,N111,T11).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6378079q
Source : CIRAD, 2012-231823
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2013
L'OLIVIER 37
S'il semble, en effet, tout naturel de penser que les Phéniciens ont apporté
avec eux un arbre dont les produits étaient d'un échange, d'un transport si
facile en même temps que d'un si haut prix, il est tout aussi évident que s'ils ont
trouvé cet arbre dans leurs nouvelles colonies, ils ont dû faire tous leurs
efforts pour en développer la culture, pour apprendre aux aborigènes à tirer, par
la fabrication de l'huile, un parti plus avantageux de ses riches récoltes.
Une tradition kabyle, que j'ai recueillie dans les Beni-Abbès, attribue, du
reste, à une nation étrangère l'introduction ou au moins la vulgarisation de
l'olivier en Algérie.
L'olivier était fort peu connu en Kabylie, dit cette tradition, lorsqu'un grand
chef qui venait de l'Est et qui avait établi son autorité sur la Tunisie et l'Algérie,
ordonna deplanter, sans retard, en oliviers, toutes les terres du pays où pouvait
prospérer cet arbre. Une partie des habitants voulut bien se soustraire [à cette
obligation; mais les ordres furent alors donnés d'une façon si formelle, les
peines édictées contre ceux qui refusaient de s'y soumettre si sévères, qu'ils suf-
fit d'une seule génération pour planter tous les oliviers qui existent encore dans
le pays. Dieu s'était servi, me disait le vieux tailleur d'arbres qui me contait
cette tradition, delà volonté d'un homme énergique pour enrichir de nombreuses
populations.
D'autre part, on a prétendu qu'Annibal avait prodigieusement multiplié l'oli-
vier en Afrique, pour occuper ses] soldats en temps de paix. Faut-il voir une
corrélation entre ces deux traditions, ou faut-il admettre, comme M. Bourde
semble l'avoir établi pour la Tunisie, que c'est seulement pendant les pre-
miers siècles de l'ère chrétienne que les olivettes ont pris un grand essor en
Algérie ?
Toutes ces hypothèses peuvent être également vraies; chaque fois qu'une
sérieuse période de paix permettait aux habitants de se livrer à des travaux
culturaux de longue haleine, ils donnaient certainement tous leurs soins à la
reconstitution de leurs olivettes qui devaient être, par contre, saccagées et en
partie détruites pendant les guerres barbares qui ont de tout temps désolé
l'Afrique.
Il semble pourtant que c'est plutôt au moment où la puissance de Carthage
était dans toute sa splendeur qu'il faut faire remonter la création première de
ces immenses plantations d'oliviers. L'on sait que les Carthaginois étaient des
agriculteurs fort habiles; j'avoue, de plus, que j'ai toujours été frappé par la
longue suite de siècles qu'ont dû vivre bien des arbres que j'ai vus en Kabylie.
Dans ma propriété des Beni-Abbès, des arbres, poussant sur un plateau
qu'entourent de légères déclivités, ont été si bien enterrés, que les greffes sont
cachées sous terre et qu'ils paraissent tous être francs de pied. Sur les pentes,
pourtant bien légères, qui entourent ce plateau, les racines sont, au contraire,
en partie dénudées. Combien a-t-il fallu d'années pour amener l'enfouissement
des premiers, le déchaussement des seconds?
L'on peut encore juger de l'âge considérable auquel arrivent les oliviers, en
voyant ces bouquets, composés de trois ou quatre arbres de la grosseur d'un homme,
qui n'ont d'écorce qu'à la partie extérieure, et qui sont simplement les restes
d'anciens troncs, qui se sont évidés par le milieu et ont fini par se scinder pour
former plusieurs sujets. Puis, ceux-ci continuant à croître par la circonférence,
qui seule était vivante et pourvue d'écorce, pendant que la face interne allait
s'effritant chaque jour davantage, l'espace qui les séparait s'est augmenté de
S'il semble, en effet, tout naturel de penser que les Phéniciens ont apporté
avec eux un arbre dont les produits étaient d'un échange, d'un transport si
facile en même temps que d'un si haut prix, il est tout aussi évident que s'ils ont
trouvé cet arbre dans leurs nouvelles colonies, ils ont dû faire tous leurs
efforts pour en développer la culture, pour apprendre aux aborigènes à tirer, par
la fabrication de l'huile, un parti plus avantageux de ses riches récoltes.
Une tradition kabyle, que j'ai recueillie dans les Beni-Abbès, attribue, du
reste, à une nation étrangère l'introduction ou au moins la vulgarisation de
l'olivier en Algérie.
L'olivier était fort peu connu en Kabylie, dit cette tradition, lorsqu'un grand
chef qui venait de l'Est et qui avait établi son autorité sur la Tunisie et l'Algérie,
ordonna deplanter, sans retard, en oliviers, toutes les terres du pays où pouvait
prospérer cet arbre. Une partie des habitants voulut bien se soustraire [à cette
obligation; mais les ordres furent alors donnés d'une façon si formelle, les
peines édictées contre ceux qui refusaient de s'y soumettre si sévères, qu'ils suf-
fit d'une seule génération pour planter tous les oliviers qui existent encore dans
le pays. Dieu s'était servi, me disait le vieux tailleur d'arbres qui me contait
cette tradition, delà volonté d'un homme énergique pour enrichir de nombreuses
populations.
D'autre part, on a prétendu qu'Annibal avait prodigieusement multiplié l'oli-
vier en Afrique, pour occuper ses] soldats en temps de paix. Faut-il voir une
corrélation entre ces deux traditions, ou faut-il admettre, comme M. Bourde
semble l'avoir établi pour la Tunisie, que c'est seulement pendant les pre-
miers siècles de l'ère chrétienne que les olivettes ont pris un grand essor en
Algérie ?
Toutes ces hypothèses peuvent être également vraies; chaque fois qu'une
sérieuse période de paix permettait aux habitants de se livrer à des travaux
culturaux de longue haleine, ils donnaient certainement tous leurs soins à la
reconstitution de leurs olivettes qui devaient être, par contre, saccagées et en
partie détruites pendant les guerres barbares qui ont de tout temps désolé
l'Afrique.
Il semble pourtant que c'est plutôt au moment où la puissance de Carthage
était dans toute sa splendeur qu'il faut faire remonter la création première de
ces immenses plantations d'oliviers. L'on sait que les Carthaginois étaient des
agriculteurs fort habiles; j'avoue, de plus, que j'ai toujours été frappé par la
longue suite de siècles qu'ont dû vivre bien des arbres que j'ai vus en Kabylie.
Dans ma propriété des Beni-Abbès, des arbres, poussant sur un plateau
qu'entourent de légères déclivités, ont été si bien enterrés, que les greffes sont
cachées sous terre et qu'ils paraissent tous être francs de pied. Sur les pentes,
pourtant bien légères, qui entourent ce plateau, les racines sont, au contraire,
en partie dénudées. Combien a-t-il fallu d'années pour amener l'enfouissement
des premiers, le déchaussement des seconds?
L'on peut encore juger de l'âge considérable auquel arrivent les oliviers, en
voyant ces bouquets, composés de trois ou quatre arbres de la grosseur d'un homme,
qui n'ont d'écorce qu'à la partie extérieure, et qui sont simplement les restes
d'anciens troncs, qui se sont évidés par le milieu et ont fini par se scinder pour
former plusieurs sujets. Puis, ceux-ci continuant à croître par la circonférence,
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