Nô 15 SEPT. 1902 JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE 267
différentes farines courantes du commerce
européen. Il s'agissait de savoir comment
on procède pour exprimer la valeur nutritive
d'une farine d'après le schéma de KŒNIG; le
savant chimiste cité sous le couvert de l'ano-
nymat, comme témoin à décharge dans notre
cahier de novembre 1901, nous écrit à ce
propos:
« Je n'ai pas sous les yeux les analyses des
farines de bananes publiées dans votre n° 5.
Mais il sera facile à n'importe qui d'établir
leur valeur alimentaire en adoptant les coef-
ficients 5 pour les les mat. azotées, 3 pour
les mat. grasses et 1 pour les mat. amylacées-
sucrées et extractives. Les résultats n'ont
rien d'absolu, mais ils sont très compara
bles.
Pour la farine de la Quinta da Thebaïda,
décrite dans votre n° 9,, on aura par kilo-
gramme :
Mat. albuminoïdes. 28,01 X 5 = 140,05
grasses 10,00 X 3 = 3o,oo
gommeuses 81,80 j
- gl ucosiques. 68,20 I
extractives 56,og I
amylacées 52Q 00 )
735,09 X 1 = 735,09
905,14
La farine de la Quinta da Thebaïda vaut
donc à peu près 905 unités nutritives ».
M. A. DE MEDEIROS, propriétaire de la
Quinta da Thebaïda, nous écrivait en no-
vembre 1901 : « Le coefficient de 850, donné
pour la farine de bananes par M. DE JONG, me
semble viser uniquement les variétés infé-
rieures qu'il aura employées pour fabriquer
sa farine. » La farine de M. DE MEDEIROS,
extraite de variétés de bananes particulière-
ment nutritives, est en effet plus riche, puis-
qu'elle vaut un peu plus de 905 unités; elle
n'en demeure pas moins au-dessous de la
farine de pommes de terre, la moins nutritive
des farines d'Europe; car cette dernière
vaut environ 950.
Les documents nouveaux, que nous appor-
tons au débat aujourd'hui, sont :
; "-"--
Un procès verbal du Comité d'Economie
Coloniale de Berlin, expliquant les raisons
de l'ajournement du projet LEUSCHER.
Un dossier publié par le Musée Colonia
de Haarlem, très riche en renseignements, •
aboutissant d'ailleurs également à une con-
clusion excessivement réservée. Rappelons
que le célèbre directeur de ce Musée, M. GRE-
SHOFF, est chimiste et s'est occupé à maintes
reprises des produits alimentaires.
Ajournement de la mission pour l'in-
troduction de l'industrie de farine de
bananes dans l'Afrique Occidentale Alle-
mande. Le Dr LEUSCHER, antérieurement
chimiste dans une usine de farine de bananes
à la Jamaïque, avait présenté au « Kolonial
Wirtschaftliches Komitee » de Berlin un
rapport détaillé, montrant l'importance de
la culture industrielle du bananier dans les
Indes Occidentales, la possibilité de son in-
troduction dans l'Afrique Occidentale et
l'intérêt qu'il y aurait à construire au Togo
ou au Caméroun, à titre d'essai, une fabri-
que où l'on préparerait des bananes dessé-
chées et de la farine. A la suite de ce rapport,
le Comité avait décidé d'envoyer M. LEUS-
CHER en Afrique et de le mettre à même de
réaliser son projet. Mais, récemment, il s'est
repris, ayant recueilli des renseignements
nouveaux défavorables, et dans la séance du
2 juin, la résolution a été prise de renoncer
à la mission projetée. La lecture du procès-
verbal de la séance est instructive : M. le
Dr PREUSS, directeur du Jardin botanique de
Victoria, dit qu'on a déjà de la peine à
fournir aux ouvriers des plantations du
Cameroun les quantités considérables de
bananes fraîches, nécessaires pour leur ali-
mentation, et qu'il est impossible de prévoir
le moment où la production deviendrait
supérieure à la consommation locale et où,
par conséquent, l'excédent pourrait être
employé à la préparation de conserves pour
l'exportation. Quant à encourager les indi-
gènes à augmenter leur production de ba-
nanes, il existe des produits plus importants
pour le marché allemand et dont il y aurait
lieu de se préoccuper en premier lieu.
M. le Professeur WOHLTMANN, de Bonn
Poppelsdorff, qui a fait différents séjours en
Afrique occidentale, est du même avis, en ce
qui concerne le Togo. Il fait remarquer que
