Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1938-11-22
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 22 novembre 1938 22 novembre 1938
Description : 1938/11/22 (A38,N47). 1938/11/22 (A38,N47).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6272111c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
Mardi 22 Novembre J93Fà
fondateur j Marcel RUÉDEL!
-
Edi tioa. Jwèdomadaire»; Prix du numéro 1 Un franc
3fi* année. N° ûï
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Les Annales Coloniales
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« Une politique de l'empire lie
sera jamais m refuge pour b
fatigue et la médiocrité »,
Luden ROMIER
(« La République »)
DIRECTION
RÉDACTION
12, ne U PgWtefi Paris (9*). Téléphone : Prév*nc<^.3| et 82. »»- C. C. postaux Paris 147385.
Correspondants particuliers dons tout l'Empire et dans les ports de la Métropole.
Les manuscrits ne sont pas rendus. :
Les annonces sont reçues à Paris, 12, rue Le Peleder (9*y,
par la Société Africaine de Publicité et d'Editions françaises.
ADMINISTRATION
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France et Colonie». 1 an : 50 francs 6 mois i 30 francs
Etranger et' Colonies.,i 1 an : 70 francs 6 mois : 40 francs
France et Colonlea. -.i 1 an : 200 franc* par 5
Etranger et Colonies, oi 4 1 an : 300 francs numéros
PROPAGANDE
-. .-. - v“;
L'EMPIRE demande
DES BASES
NAVALES
par Jean-Michel RENAITOUR - -"
Député, Président de la Commission de la Marine Militaire
Si la France possédait aujourd'hui les territoires sur lesquels
elle a fait acte de souveraineté, à quelqu'époque de son histoire,
une bonne partie du monde serait française.
Tant que la France a été vivante, a exercé son rayonnement
spirituel, elle s'est montrée agissante, éprise d'expansion.
Aux XVIIème et XVIIIème siècles, elle se manifeste en Afrique,
au Canada, aux Antilles, dans l'Inde ; au début du XIXème, après
le gigantesque coup d'éponge qui suivit les guerres de Louis XV,
de la Révolution et de l'Empire, elle a tout perdu.
Sans désemparer, eneseprend son œuvre, en Algérie, en A.O.F.,
en Afrique Equatoriale, en Indochine, à Madagascar, en Océanie.
Enfin, le début du XXème siècle voit consacrer son expansion au
Maroc et en Svrie.
Tout cela est l'œuvre de quelques hommes, qui apportent des
territoires nouveaux en don à la. Métropole ; celle-ci les accepte
avec une réprobation bougonne ; elle a quelque répugnance à
prendre ainsi des charges nouvelles.
Non sans raison 1 la dispersion de notre empire colonial est
considérable, et c'est une charge stratégique très lourde 1
A vouloir défendre toutes les parcelles de l'Empire, nous dis-
persons nos efforts et il nous devient impossible de faire masse
au bon moment sur le point vraiment menacé ; il nous devient
difficile de mener à bien notre action européenne.
Aussi nos colonies doivent-elles se persuader qu'il est, indis-
pensable à la sécurité même de la Métropole qu'elles apprennent
à se défendre elles-mêmes..
Oui, notre flotte est là pour les protéger, pour défendre leurs
communications ,si elles venaient à être compromises ; mais' le
champ de bataille est trop grand, qui couvre les cinq continents 1
Et si les appels au secours sont simultanés, il faudra bien choisir 1.
Certaines colonies deviendront peut-être des théâtres d'opéra-
tions navales importants ; il y faut prévoir des positions straté-
giques, des bases. C'est le rôle des points d'appui de la Flotte.
Entendons-nous bien : il s'agit de ports susceptibles d'abriter,
de ravitailler, de réparer des forces navales d'une certaine im-
portance, où les navires ne risqueront pas d'être enlevés par un
ennemi entreprenant, donc do positions détendues, §ur lesquelles
ïarï~~N~.-~:~et~ ", ,-
merdaiac qui appelleraient îà Flotte à leur secours pour la protëo-
tion de leur trafic 1
1, APRES ;
LE DISCOURS
DE MUNICH
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LIRÉPOXSE
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La Marine a ainsi constitué cinq points d appui outre-mer, d im-
portance et d'efficacité très différentes.
* (Lire la suite en troisième page)
Les « flambeaux du souvenir » d'Afrique du Nord
Onze novembre 1938
Pour la première fois depuis l'Ar-
mistice, les Colonies ont été appe-
lées à participer avec éclat à la so-
lennité nationale.
Non seulement d'importants con-
tingents de l'armée d'outre-mer fi-
guraient à Paris dans le défilé qui
clôtura la cérémonie, mais on sait
que des délégations venues de tous
les horizons de l'Empire apportèrent
sous l'Arche de l'Inconnu des flam-
beaux symbolisant le souvenir pieux
de nos provinces lointaines.
LES FLAMBEAUX
DU MOGHREB
ARRIVENT A MARSEILLE
C'est Marseille, métropole coloniale.
qui, au. matin du 10 novembre, a vu
commencer les manifestations du ving-
tième anniversaire de l'Armistice par
l'émouvante cérémonie des flambeaux.
Malgré le deuil qui a frappé la ville.
la population s'est associée avec les
Anciens Combattants pour rendre
grandiose l'accueil réservé aux flam-
mes du souvenir venues de l'Afrique
du Nord et de nos départements mé-
diterranéens.
Commé le cérémonial le prévoyait,
les flambeaux glorieux avaient été con-
duits sur le contre-torpilleur La Bom-
barde.
Les honneurs militaires étaient ren-
dus par une compagnie du 141* PJA
avec musique et drapeau et par deux
pelotons d artillerie de côte.
Quatre sections du troisième batan-
Ion du régiment des Tirailleurs Séné-
galais; un détachement de tirailleurs;
et un détachement de l'armée de l'Au
participaient à la cérémonie, j
A 8 h. précises, les porteurs de flam-
beaux débarquaient de La Bombarde,
sur le quai des Belges et venaient se
placer sur une ligne encadrée par la
haie des drapeaux.
Des grands mutilés portaient les
flammes sacrées. Les Anciens Com-
battants venus, de l'Afrique du Nord
et majestueusement drapés dans leurs
burnous otnés de décorations, repré-
sentaient notre - empire. --
Tout a coup. une vxorcnie marseil-
laise éclata, applaudie à la ronde, et
le cortège se forma. L'immense défilé
se dirigea vers la gare, où les délé-
gations devaient s'embarquer pour
Paris.
Tout au long du parcours, la foule
silencieuse faisait la haie. L'activité de
la ville se paralysait. Marseille s'as-
sociait dans une même pensée et un
même cœur avec les Anciens Com-
battants.
L'HOMMAGE DE L'EMPIRE
Mais nos provinces lointaines ne s'en
tinrent pas à ce geste envers la mé-
tropole.
Dans les grandes capitales comme
dans les plus humbles postes, le 11 no-
vembre a été marqué par des mani-
festations grandioses ou humbles, mais
partout émouvantes.
A Alger, la population a assisté en
masse à.la revue des troupes et au
défilé qui se sont déroulés place de la
Grande-Poste en présence de toutes
les autorités.
A Rabat, une prise d'armes a eu
lieu en présence du résident général
Noguès.
A Tunis, devant le monument pro-
visoire de la -Flamme' du Souvenir,
t eu lieu une prise d'armes.
(LIu LA SUBI en page trois)
A HITL ER
-,..
Le Parlement s'élève contre
toute capitulation coloniale -
,"
;. .L -"
AUCUNE. CESSION
Aucune négociation
déclare le Président du Conseil
Le président Daladier
La « dernière >» réclamation du Chancelier du Reich mena-
çant l'intégrité de la plus grande France, provoquera-t-elle
l'union indispensable de tous nos compatriotes ?
M. de Beaumont, député de la Cochinchine,. passionnément
attaché à la « Grande France » va interpeller le gouvernement
sur l'attitude qu'il entend prendre. D'ores et déjà, le jeune
parlementaire a envoyé à ses collègues, membres de la Chambre
et du Sénat, une adresse dont voici le texte, qu'il leur demande
d'aoorouver :
Les soussignés, représentants du
peuple français;
Emus autant que surpris par les dé-
clarations publiques du Chancelier al-
lemand qui, au lendemain des accords
de Munich, pose avec une menaçante
brutalité le problème de la rétroces-
sion au Reich de ses anciennes colo- I
nies :
Rappellent aux pouvoirs publics et
au peuple de France que les territoires
coloniaux qui nous ont été attribués
par le Traité de Paix ont été conquis
par nos soldats, au cours d'une puerre
imposée par l'agression allemande ;
Que, depuis vingt ans, nous avons
appartéaux populations qui lu - habi-
tént l'ordre, ut yatay la saiité, là biii*
être, l'instruction et la justiec - que
nous avons pris envers elles des enga-
gements sacrés; qu'elles nous ont té-
moigné, en maintes circonstances, leur
confiance et leur gratitude pour notre
humaine protection ; qu'un pacte mo-
ral nous lie à elles désormais ;
Que les peuples coloniale ne sont
pas des races esclaves dont on dispose,
comme un pasteur de ses troupeaux;
que nous avons élevé nos protégés, nos
frères de couleur, dans le respect de
la personnalité humaine, et que nous
n'avons pas le droit, aujourd'hui, pour
on me sait quelle opportunité politi-
que, de les placer sous le joug arro-
gant du racisme, qui a érigé en dogme
religieux le mépris de' toute race qui
n'est pas de souche aryenne ;
PROPAGANDE
COLONIALE
Notre courrier d'Indochine
nous apporte la petite histoi-
re suivante : victime à diver-
ses reprises d'un pillard noc-
turne, un bon paysan de
Tayninh surprend son voleur
en train de s'introduire chez
lui. S'armant d'une lance
incontinent, il se précipite
sur le malandrin, et le larde
si bien que l'autre en trépas-
se.
D après la tradition anna-
mite, le bon paysan avait agi
conformément à son droit le
plus légitime. Sous le régime
des -.mandarins, nul n'aurait
songé à lui adresser autre
chose que des félicitations
pour avoir défendu son bien
et purgé le pays d'un indivi-
du indésirable.
Mais on ne vit plus a
Tayninh, sous le Code de Gia
Lonj. Le Code Napoléon y
est en vigueur par nos soins.
- Résultat : le volé estocon-
damné à deux ans de prison
pour homicide. Les juges
français lui accordent toute-
fois le : bénéfice du sursis,
étant donné ta notoriété de
la victime comme voleur
professionnel.
- Bien entendu, avec leur
esprit simpliste, mais aussi
selon tout ce qu'une tradi-
tion vénérée a continué de
leur enseigner, les indigènes
s'effarent d'un tel verdict et
se demandent si la loi fran-
çaise va désormais protéger
les voleurs.
Certes, on comprendrait
en France la sentence inter-
venue : il y avait mort
d'homme et sanction d'un
vol quant au reste un par-
ticulier n'a pas à faire jus-
tice lui-même des dommages
subis.
(Lots LA SUITE en-page trois)
La France sait ce qu'elle
doit aux colonies Elle n'a
pas oublié l'aide qu'elles lui
ont prêtée au cours de la
dernière guerre : soldats au
front travailleur* en usine,
matières premières indus-
trielles. produits d'alimenta-
tion, ce fnfci» bilan impies?
•juoàipnnr •• •
Depuis, ces pays se sont
développés encore. Ils se-
raient en situation demain
de nous donner un concours
plus généreux. N'a-t-on pas
vu récemment des emprunts
lancés dans certaines de nos
colonies en vue de perfec-
tionner leurs moyens de dé-
fense souscrits dans des con-
ditions dépassant toutes les
espérances, et les recrute-
ments complémentaires d'in-
digènes ne se sont-ils pas
poursuivis à la pleine satis-
faction du commandement ?
Aussi bien, au cours de la
crise récente, nous sont ve-
nues de partout d'émouvan-
tes adresses de loyalisme
et de fidélité.
L empire français, dans sa
magnifique unité, porte en
lui tous les éléments de son
redressement. Puissions-
nous les mettre pleinement
en valeur. !
M. Albert LEBRUN
Discours prononcé le
12 novembre 1938 à
Luna Park
Que la France ne peut donc, sans
jorfaire à ses engagements, à son de-
voir et à sa mission, sans perdre tout
crédit moral et tout prestige à la face
des peuples de son Empire, renier les
engagements solennels pris par elle
envers ses protégés;
Les soussignés déclarent en consé-
quence qu'ils s'opposeront, par tous les
moyens en leur pouvoir, à ce que le
Gouvernement français, cédant une
fois de plus à la menace allemande,
discute de la rétrocession des territoi-
res coloniaux conquis à la France par
le sang de ses enfants ;
Et s'engagent à s'opposer à toute ca-
pitulation de la France sur la ques-
tion coloniale.
» Paris, le 11 novembre 1938.
A
Souhaitons que nos parlementaires
soient nombreux à s'associer au geste
de M. de Beaumont : qu'ils se grou-
pent et maintiennent avec courage et
ténacité le bon droit de notre pays.
L'heure est venue de se compter, et
de voir ceux qui sont réellement at-
tachés au salut de la France:
(LIRE LA SUITE en page trois)
CE DUE
ja ---:
JE DIRAI
A DAKAR
nous parle du voyage qu'il -
va effectuer en A.O.F.
Ayant appris le prochain départ de
M. Alcide Delmont pour VA.O.F. nous
sommes allés demander au délégué de
la Côte d'Ivoire de vouloir bien nous
exposer ses projets pour le séjour
qu'il va accomplir tant à Dakar que
dans la Colonie dont il est le si actif
mamilftlrire. - -t.--'
«Mon premier but, nous déclare
M. Alcide Delmont, est d'assister au
Conseil de Gouvernement qui va se
tenir proéhainement à Dakar. Je comp-
:e insister tout particulièrement auprès
le cette assemblée pour que les inté-
-êts vitaux de la Côte d'Ivoire, gra-
rement menacés en ce moment par les
tbus de la fiscalité, soient enfin pris
>n considération. Ayant déjà entrete-
iu vos lecteurs des détails de ce pro-
Ilème, je n'y reviendrai pas aujour-
l'hui. Là d'ailleurs ne doivent point
l'hui.
se borner mes interventions. Il y a la
question du port de Sassandra à la-
quelle je me suis inlassablement atta-
ché depuis plusieurs années et que
je n'aurai de cesse de voir réglée un
jour pour le plus grand bénéfice de
cette immense région de l'Ouest qui
s'étend jusqu'à Man et à la Haute-
Guinée. H y a là un pays aux ressour-
ces innombrables qu'une poignée d'ad-
mirables Français a réussi à pénétrer,
à défricher, à faire produire. Songez
que la pacification de ces régions hos-
tiles remonte tout juste à 23 ans ! Ar-
rière-pays de l'ancienne « Côte des
Malegens » on les disait couvertes d'u-
ne forêt inextricable, et dotées d'un
climat mortel pour l'européen. Eh
bien, ces européens s'y sont cependant
établis et en 20 ans sont parvenus
à sortir annuellement 30.000 tonnes de
produits de ces terres condamnîes.!.
Je conduisais l'autre jour une délé-
gation d'entre eux à M. Georges Man-
del :
« Monsieur le Ministre, lui disais-
je, voici des hommes de chez nous de-
vant qui les Français, s'ils avaient le
sens de leur grandeur impériale, de-
vraient tirer bien bas leurs chapeaux. s
Je n'exagérais point, croyez-moi bien,
et la tâche de ces pionniers fut d'au-
tant plus admirable qu'ils ne recevaient
la plupart du temps de la Métropole
que des marques d'indifférence et, dû
Gouvernement, des entraves plus ou
moins tangibles à leur activité.
Encore aujounThui, cette immense ;
région de Côte d'Ivoire qu'ils ont vi-
vifiée par leur travail, ne dispose d'au-
cun exutoire véritablement outillé.
A Sassandra il faut embarquer les ba-
nanes, les cacaos, etc., dans des piro-
gues tirées à même le sable de la grè-
ve. Puis on les pousse à flot à bras
d'hommes et à Dieu vat ! Par mer un
peu grosse, les lames déferlent sur ces
esquifs, noyant, détériorant, leur fra-
gile cargaison.
Jean MAN I
(Lire la suite en troisième page)
1. ALCIDE
DELMONT
ancien -
sous-secrétaire
d'Etat
aux Colonie.s,
délégué de :
la Côte d'Ivoire
APRÈS - LA PRISE - DE CANTON
De notre
correspondant permanent
à Londres
Diana WOOD
DEVANT LE JAPON
L'ANGLETERRE
sauvera-t-elle la face ? *.
Les Anglais le savent et se taisent.
Ils font d'héroïques efforts pour ne
pas perdre la face avec leur or. L'autre
jour encore la canonnière anglaise
« Sandpiper » était bombardée par
six avions japonais sur un tributaire
du Fleuve Bleu. Platoniques protes-
tations, accompagnées d'obséquieuses
promesses d'enquête. On ne fait plus
même des excuses immédiates et des
réparations effectives.
Les Français le savent aussi. Mais ils
sont plus décidés à défendre leurs
biens. Malgré les protestations du Ja-
pon, ils avaient déjà occupé l'archipel
de corail des Paracels au large de l'In-
dochine. Et ils ont annoncé aux puis-
sances que si jamais les Japonais dé-
barquent dans l'Ile d'Hainan. ils y dé-
barqueront un nombre égal de soldats.
Le Nippon se le tient pour dit. Et
Chang-Kai-Chek conserve ainsi une
des rares voies de communications qui
lui reste avec l'extérieur.
Les Américains même se sont ré-
veillés. Tout récemment le président
Roosevelt faisait dire à Tokio que les
Etats-Unis ne pouvaient supporter pas-
sivement la négligence des intérêts
américains par des tierces puissances
en Chine, les atcrocs suivis donnés à
la politique de la porte ouverte en Chi-
ne, et les pertes que cette affaires cau-
sait au commerce de la Bannière
Etoilée.
les anglais, comme aussi les exporta-
tions d'autres produits manufacturés.
Les ennuis constants provoqués par
cette lutte ont même porté les Cham-
bres de commerce de Manchester et
de Liverpool à prendre certaines me-
sures pour limiter les pertes : haus.
se des assurances pour les risques de
guerre, déviation de cargos, moyeu
pour dégager les marchandises en souf-
france dans certains ports, et pour re-
couvrer les paiements des ventes, com-
me aussi pour protéger ce qui reste
d'échanges.
(LIRE LA SUITE en page trois)
L'ACTUALITÉ
COLONIALE
A TUNIS
* Le gouvernement tunisien procède
à la réfection du Dar-el-Bey; Le palais
conservera toutefois son cachet oriental
en bénéficiant d'installations modernes.
A TIMIMOUN
♦ Une exposition des produits de
l'artisanat local s'ouvrira en décembre
prochain dans l'oasis de Timimoun.
A St-LOU IS
* L'achèvement des barrages de Ban-
go et Diadoune viennent de créer pour
St. Louis une réserve d'eau de 10 mil*
lions de mètres cubes destinée à l'ali-
mentation de la ville en eau potable.
A BAMAKO -
* Une brigade topographique de
l'Armée va procéder au lever de la ré..
gion aurifère aux confins Soudana4
Guinéens. -1
A SAIGON -
* Le gouverneur général Brévié a
inauguré la Rue Mac-Mahon prolongée,
une des plus belles voies de dégagement
de la capitale cochinchinoise.
1
A HANOI
* En vue d'encourager l'artisanat
local le Résident Supérieur Chadel a ins-
titué un concours des petites inventions
qui s'affirme comme devant être le
pendant du Lépfne à Paris.
A FORT DE FRANCE
* Les élections au Conseil général de
St Denis et St Paul, précédemment an":
nulées ont lieu.à nouveau le 13 tlqvernt
fer*
Les Etats-Unis sont fâchés. Et ils
laissent croire qu'ils mettront le Japon
sur là liste noire, pour commencer, m
qui réduirait considérablement l'achat
de * fournitures d'utilisation militaire
par le Japon, et la réduction de son
commerce avec les Etats-Unis. Pour le
moment, c'est l'Allemagne seule qui
se trouve sur cette liste noire.
Et les Anglais ?
Ils ont pourtant les plus gros inté-
rêts en Chine par comparaison avec
les autres puissances. D'après les sta-
tistiques officielles, ils ont investi plus
de 240 millions de livres sterling !
Alors que le chiffre américain n'at-
teint pas 40 millions de livres. La Fran-
ce même dépasse le chiffre américain,
sans compter que ses concessions à
Shanghaï, à Canton et dans les au-
tres ports à traité, sont chacune aussi
grande qu'ui.e ville.
Mais alors que les Etats-Unis n'ont
pas des possessions ou des bases nava-
les en Extrême-Orient, l'Angleterre et
la France doivent défendre Hong-Kong
l'Indochine, la Malaisie. Bornéo, et
servir même d'écran aux Indes Néer-
landaises.
C'est donc aux deux démocraties oc-
cidentales à prendre les premières tou-
tes les mesures nécessaires pour pro-
téger leurs intérêts. Les Etats-Unis
pourraient se mettre à leurs côtés plus
tard; car les Américains n'oublient pas
qu'ils ont pour près de 100 millions de
livres de placements au Japon, ce qui
explique leur réserve à l'égard de ces
derniers.
Avec tout cela, c'est le commerce
européen avec l'Extrême-Orient qu'il
faut prendre en considération. Outre
les échanges avec leurs propres pos-
sessions, 1 Angleterre en particulier et
la France avaient jusqu'ici un commer-
ce très - lucratif avec la Chine.
Pour la Chine, ce sont surtout les
textiles du Lancashire qui constituent
la principale exportation anglaise. Or.
de 15 millions de yards carrés expor*
tés en 1934, la Chine en achète moins
de 4 millions en ce moment; et Ica
chiffres correspondants pour Hong-
Kong sont tombés de 5 millions 1/2 à
3 millions 1/2 pendant la même pé-
riode. H est vrai que pendant cette
même période. les exportations en Ma-
laisie ont doublé, et celles vers les In-
des Néerlandaises quadruplé. Mais le
fait reste que la guerre sino-japonaise
affecte très défavorablement les$ex&-J
Après le progrom.
: LA QUESTION COLONIALE NE DOIT PAS ETRE POSEE
A Berlin, les membres de la presse viennent d'être invités à visiter
l'exposition anti-sémite et anti-communiste du « Juif Eternel ».
Conséquence indirecte do meurtre de
M. von Rath et des persécutions infligées
aux Juifs, des protestations s'élioent aux
Etats-Unis, contre rattribution de terri.
toires coloniaux aux Allemands.
L'indignation américaine aègmente cha-
que jour, au récit des déchaînements al-
lemands. Le Philidelphia Ledgerestimeque
ces événements vont, paralyser la politique
d'apurement dt Chamberlain el quc de*
vant le traitement infligé aux juifs, la
question de rendre des colonies au Reich
ne peut plus se poser sans des conditions
strictes de retour à des méthodes plus hu-
maines.
Notons, que l'opinion britannique, vio-
lemment émue, aussi, proteste contre rat.
tribution de populations noires à un pays
qui massacre et pille ses propres natio-
naux+ som prétexte de < racisme ».
fondateur j Marcel RUÉDEL!
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Edi tioa. Jwèdomadaire»; Prix du numéro 1 Un franc
3fi* année. N° ûï
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Les Annales Coloniales
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« Une politique de l'empire lie
sera jamais m refuge pour b
fatigue et la médiocrité »,
Luden ROMIER
(« La République »)
DIRECTION
RÉDACTION
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Les manuscrits ne sont pas rendus. :
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-. .-. - v“;
L'EMPIRE demande
DES BASES
NAVALES
par Jean-Michel RENAITOUR - -"
Député, Président de la Commission de la Marine Militaire
Si la France possédait aujourd'hui les territoires sur lesquels
elle a fait acte de souveraineté, à quelqu'époque de son histoire,
une bonne partie du monde serait française.
Tant que la France a été vivante, a exercé son rayonnement
spirituel, elle s'est montrée agissante, éprise d'expansion.
Aux XVIIème et XVIIIème siècles, elle se manifeste en Afrique,
au Canada, aux Antilles, dans l'Inde ; au début du XIXème, après
le gigantesque coup d'éponge qui suivit les guerres de Louis XV,
de la Révolution et de l'Empire, elle a tout perdu.
Sans désemparer, eneseprend son œuvre, en Algérie, en A.O.F.,
en Afrique Equatoriale, en Indochine, à Madagascar, en Océanie.
Enfin, le début du XXème siècle voit consacrer son expansion au
Maroc et en Svrie.
Tout cela est l'œuvre de quelques hommes, qui apportent des
territoires nouveaux en don à la. Métropole ; celle-ci les accepte
avec une réprobation bougonne ; elle a quelque répugnance à
prendre ainsi des charges nouvelles.
Non sans raison 1 la dispersion de notre empire colonial est
considérable, et c'est une charge stratégique très lourde 1
A vouloir défendre toutes les parcelles de l'Empire, nous dis-
persons nos efforts et il nous devient impossible de faire masse
au bon moment sur le point vraiment menacé ; il nous devient
difficile de mener à bien notre action européenne.
Aussi nos colonies doivent-elles se persuader qu'il est, indis-
pensable à la sécurité même de la Métropole qu'elles apprennent
à se défendre elles-mêmes..
Oui, notre flotte est là pour les protéger, pour défendre leurs
communications ,si elles venaient à être compromises ; mais' le
champ de bataille est trop grand, qui couvre les cinq continents 1
Et si les appels au secours sont simultanés, il faudra bien choisir 1.
Certaines colonies deviendront peut-être des théâtres d'opéra-
tions navales importants ; il y faut prévoir des positions straté-
giques, des bases. C'est le rôle des points d'appui de la Flotte.
Entendons-nous bien : il s'agit de ports susceptibles d'abriter,
de ravitailler, de réparer des forces navales d'une certaine im-
portance, où les navires ne risqueront pas d'être enlevés par un
ennemi entreprenant, donc do positions détendues, §ur lesquelles
ïarï~~N~.-~:~et~ ", ,-
merdaiac qui appelleraient îà Flotte à leur secours pour la protëo-
tion de leur trafic 1
1, APRES ;
LE DISCOURS
DE MUNICH
'ëfu' "",.. ','
LIRÉPOXSE
.::r. ,.:' E
~r ,," ,." ';- r" ,";"
La Marine a ainsi constitué cinq points d appui outre-mer, d im-
portance et d'efficacité très différentes.
* (Lire la suite en troisième page)
Les « flambeaux du souvenir » d'Afrique du Nord
Onze novembre 1938
Pour la première fois depuis l'Ar-
mistice, les Colonies ont été appe-
lées à participer avec éclat à la so-
lennité nationale.
Non seulement d'importants con-
tingents de l'armée d'outre-mer fi-
guraient à Paris dans le défilé qui
clôtura la cérémonie, mais on sait
que des délégations venues de tous
les horizons de l'Empire apportèrent
sous l'Arche de l'Inconnu des flam-
beaux symbolisant le souvenir pieux
de nos provinces lointaines.
LES FLAMBEAUX
DU MOGHREB
ARRIVENT A MARSEILLE
C'est Marseille, métropole coloniale.
qui, au. matin du 10 novembre, a vu
commencer les manifestations du ving-
tième anniversaire de l'Armistice par
l'émouvante cérémonie des flambeaux.
Malgré le deuil qui a frappé la ville.
la population s'est associée avec les
Anciens Combattants pour rendre
grandiose l'accueil réservé aux flam-
mes du souvenir venues de l'Afrique
du Nord et de nos départements mé-
diterranéens.
Commé le cérémonial le prévoyait,
les flambeaux glorieux avaient été con-
duits sur le contre-torpilleur La Bom-
barde.
Les honneurs militaires étaient ren-
dus par une compagnie du 141* PJA
avec musique et drapeau et par deux
pelotons d artillerie de côte.
Quatre sections du troisième batan-
Ion du régiment des Tirailleurs Séné-
galais; un détachement de tirailleurs;
et un détachement de l'armée de l'Au
participaient à la cérémonie, j
A 8 h. précises, les porteurs de flam-
beaux débarquaient de La Bombarde,
sur le quai des Belges et venaient se
placer sur une ligne encadrée par la
haie des drapeaux.
Des grands mutilés portaient les
flammes sacrées. Les Anciens Com-
battants venus, de l'Afrique du Nord
et majestueusement drapés dans leurs
burnous otnés de décorations, repré-
sentaient notre - empire. --
Tout a coup. une vxorcnie marseil-
laise éclata, applaudie à la ronde, et
le cortège se forma. L'immense défilé
se dirigea vers la gare, où les délé-
gations devaient s'embarquer pour
Paris.
Tout au long du parcours, la foule
silencieuse faisait la haie. L'activité de
la ville se paralysait. Marseille s'as-
sociait dans une même pensée et un
même cœur avec les Anciens Com-
battants.
L'HOMMAGE DE L'EMPIRE
Mais nos provinces lointaines ne s'en
tinrent pas à ce geste envers la mé-
tropole.
Dans les grandes capitales comme
dans les plus humbles postes, le 11 no-
vembre a été marqué par des mani-
festations grandioses ou humbles, mais
partout émouvantes.
A Alger, la population a assisté en
masse à.la revue des troupes et au
défilé qui se sont déroulés place de la
Grande-Poste en présence de toutes
les autorités.
A Rabat, une prise d'armes a eu
lieu en présence du résident général
Noguès.
A Tunis, devant le monument pro-
visoire de la -Flamme' du Souvenir,
t eu lieu une prise d'armes.
(LIu LA SUBI en page trois)
A HITL ER
-,..
Le Parlement s'élève contre
toute capitulation coloniale -
,"
;. .L -"
AUCUNE. CESSION
Aucune négociation
déclare le Président du Conseil
Le président Daladier
La « dernière >» réclamation du Chancelier du Reich mena-
çant l'intégrité de la plus grande France, provoquera-t-elle
l'union indispensable de tous nos compatriotes ?
M. de Beaumont, député de la Cochinchine,. passionnément
attaché à la « Grande France » va interpeller le gouvernement
sur l'attitude qu'il entend prendre. D'ores et déjà, le jeune
parlementaire a envoyé à ses collègues, membres de la Chambre
et du Sénat, une adresse dont voici le texte, qu'il leur demande
d'aoorouver :
Les soussignés, représentants du
peuple français;
Emus autant que surpris par les dé-
clarations publiques du Chancelier al-
lemand qui, au lendemain des accords
de Munich, pose avec une menaçante
brutalité le problème de la rétroces-
sion au Reich de ses anciennes colo- I
nies :
Rappellent aux pouvoirs publics et
au peuple de France que les territoires
coloniaux qui nous ont été attribués
par le Traité de Paix ont été conquis
par nos soldats, au cours d'une puerre
imposée par l'agression allemande ;
Que, depuis vingt ans, nous avons
appartéaux populations qui lu - habi-
tént l'ordre, ut yatay la saiité, là biii*
être, l'instruction et la justiec - que
nous avons pris envers elles des enga-
gements sacrés; qu'elles nous ont té-
moigné, en maintes circonstances, leur
confiance et leur gratitude pour notre
humaine protection ; qu'un pacte mo-
ral nous lie à elles désormais ;
Que les peuples coloniale ne sont
pas des races esclaves dont on dispose,
comme un pasteur de ses troupeaux;
que nous avons élevé nos protégés, nos
frères de couleur, dans le respect de
la personnalité humaine, et que nous
n'avons pas le droit, aujourd'hui, pour
on me sait quelle opportunité politi-
que, de les placer sous le joug arro-
gant du racisme, qui a érigé en dogme
religieux le mépris de' toute race qui
n'est pas de souche aryenne ;
PROPAGANDE
COLONIALE
Notre courrier d'Indochine
nous apporte la petite histoi-
re suivante : victime à diver-
ses reprises d'un pillard noc-
turne, un bon paysan de
Tayninh surprend son voleur
en train de s'introduire chez
lui. S'armant d'une lance
incontinent, il se précipite
sur le malandrin, et le larde
si bien que l'autre en trépas-
se.
D après la tradition anna-
mite, le bon paysan avait agi
conformément à son droit le
plus légitime. Sous le régime
des -.mandarins, nul n'aurait
songé à lui adresser autre
chose que des félicitations
pour avoir défendu son bien
et purgé le pays d'un indivi-
du indésirable.
Mais on ne vit plus a
Tayninh, sous le Code de Gia
Lonj. Le Code Napoléon y
est en vigueur par nos soins.
- Résultat : le volé estocon-
damné à deux ans de prison
pour homicide. Les juges
français lui accordent toute-
fois le : bénéfice du sursis,
étant donné ta notoriété de
la victime comme voleur
professionnel.
- Bien entendu, avec leur
esprit simpliste, mais aussi
selon tout ce qu'une tradi-
tion vénérée a continué de
leur enseigner, les indigènes
s'effarent d'un tel verdict et
se demandent si la loi fran-
çaise va désormais protéger
les voleurs.
Certes, on comprendrait
en France la sentence inter-
venue : il y avait mort
d'homme et sanction d'un
vol quant au reste un par-
ticulier n'a pas à faire jus-
tice lui-même des dommages
subis.
(Lots LA SUITE en-page trois)
La France sait ce qu'elle
doit aux colonies Elle n'a
pas oublié l'aide qu'elles lui
ont prêtée au cours de la
dernière guerre : soldats au
front travailleur* en usine,
matières premières indus-
trielles. produits d'alimenta-
tion, ce fnfci» bilan impies?
•juoàipnnr •• •
Depuis, ces pays se sont
développés encore. Ils se-
raient en situation demain
de nous donner un concours
plus généreux. N'a-t-on pas
vu récemment des emprunts
lancés dans certaines de nos
colonies en vue de perfec-
tionner leurs moyens de dé-
fense souscrits dans des con-
ditions dépassant toutes les
espérances, et les recrute-
ments complémentaires d'in-
digènes ne se sont-ils pas
poursuivis à la pleine satis-
faction du commandement ?
Aussi bien, au cours de la
crise récente, nous sont ve-
nues de partout d'émouvan-
tes adresses de loyalisme
et de fidélité.
L empire français, dans sa
magnifique unité, porte en
lui tous les éléments de son
redressement. Puissions-
nous les mettre pleinement
en valeur. !
M. Albert LEBRUN
Discours prononcé le
12 novembre 1938 à
Luna Park
Que la France ne peut donc, sans
jorfaire à ses engagements, à son de-
voir et à sa mission, sans perdre tout
crédit moral et tout prestige à la face
des peuples de son Empire, renier les
engagements solennels pris par elle
envers ses protégés;
Les soussignés déclarent en consé-
quence qu'ils s'opposeront, par tous les
moyens en leur pouvoir, à ce que le
Gouvernement français, cédant une
fois de plus à la menace allemande,
discute de la rétrocession des territoi-
res coloniaux conquis à la France par
le sang de ses enfants ;
Et s'engagent à s'opposer à toute ca-
pitulation de la France sur la ques-
tion coloniale.
» Paris, le 11 novembre 1938.
A
Souhaitons que nos parlementaires
soient nombreux à s'associer au geste
de M. de Beaumont : qu'ils se grou-
pent et maintiennent avec courage et
ténacité le bon droit de notre pays.
L'heure est venue de se compter, et
de voir ceux qui sont réellement at-
tachés au salut de la France:
(LIRE LA SUITE en page trois)
CE DUE
ja ---:
JE DIRAI
A DAKAR
nous parle du voyage qu'il -
va effectuer en A.O.F.
Ayant appris le prochain départ de
M. Alcide Delmont pour VA.O.F. nous
sommes allés demander au délégué de
la Côte d'Ivoire de vouloir bien nous
exposer ses projets pour le séjour
qu'il va accomplir tant à Dakar que
dans la Colonie dont il est le si actif
mamilftlrire. - -t.--'
«Mon premier but, nous déclare
M. Alcide Delmont, est d'assister au
Conseil de Gouvernement qui va se
tenir proéhainement à Dakar. Je comp-
:e insister tout particulièrement auprès
le cette assemblée pour que les inté-
-êts vitaux de la Côte d'Ivoire, gra-
rement menacés en ce moment par les
tbus de la fiscalité, soient enfin pris
>n considération. Ayant déjà entrete-
iu vos lecteurs des détails de ce pro-
Ilème, je n'y reviendrai pas aujour-
l'hui. Là d'ailleurs ne doivent point
l'hui.
se borner mes interventions. Il y a la
question du port de Sassandra à la-
quelle je me suis inlassablement atta-
ché depuis plusieurs années et que
je n'aurai de cesse de voir réglée un
jour pour le plus grand bénéfice de
cette immense région de l'Ouest qui
s'étend jusqu'à Man et à la Haute-
Guinée. H y a là un pays aux ressour-
ces innombrables qu'une poignée d'ad-
mirables Français a réussi à pénétrer,
à défricher, à faire produire. Songez
que la pacification de ces régions hos-
tiles remonte tout juste à 23 ans ! Ar-
rière-pays de l'ancienne « Côte des
Malegens » on les disait couvertes d'u-
ne forêt inextricable, et dotées d'un
climat mortel pour l'européen. Eh
bien, ces européens s'y sont cependant
établis et en 20 ans sont parvenus
à sortir annuellement 30.000 tonnes de
produits de ces terres condamnîes.!.
Je conduisais l'autre jour une délé-
gation d'entre eux à M. Georges Man-
del :
« Monsieur le Ministre, lui disais-
je, voici des hommes de chez nous de-
vant qui les Français, s'ils avaient le
sens de leur grandeur impériale, de-
vraient tirer bien bas leurs chapeaux. s
Je n'exagérais point, croyez-moi bien,
et la tâche de ces pionniers fut d'au-
tant plus admirable qu'ils ne recevaient
la plupart du temps de la Métropole
que des marques d'indifférence et, dû
Gouvernement, des entraves plus ou
moins tangibles à leur activité.
Encore aujounThui, cette immense ;
région de Côte d'Ivoire qu'ils ont vi-
vifiée par leur travail, ne dispose d'au-
cun exutoire véritablement outillé.
A Sassandra il faut embarquer les ba-
nanes, les cacaos, etc., dans des piro-
gues tirées à même le sable de la grè-
ve. Puis on les pousse à flot à bras
d'hommes et à Dieu vat ! Par mer un
peu grosse, les lames déferlent sur ces
esquifs, noyant, détériorant, leur fra-
gile cargaison.
Jean MAN I
(Lire la suite en troisième page)
1. ALCIDE
DELMONT
ancien -
sous-secrétaire
d'Etat
aux Colonie.s,
délégué de :
la Côte d'Ivoire
APRÈS - LA PRISE - DE CANTON
De notre
correspondant permanent
à Londres
Diana WOOD
DEVANT LE JAPON
L'ANGLETERRE
sauvera-t-elle la face ? *.
Les Anglais le savent et se taisent.
Ils font d'héroïques efforts pour ne
pas perdre la face avec leur or. L'autre
jour encore la canonnière anglaise
« Sandpiper » était bombardée par
six avions japonais sur un tributaire
du Fleuve Bleu. Platoniques protes-
tations, accompagnées d'obséquieuses
promesses d'enquête. On ne fait plus
même des excuses immédiates et des
réparations effectives.
Les Français le savent aussi. Mais ils
sont plus décidés à défendre leurs
biens. Malgré les protestations du Ja-
pon, ils avaient déjà occupé l'archipel
de corail des Paracels au large de l'In-
dochine. Et ils ont annoncé aux puis-
sances que si jamais les Japonais dé-
barquent dans l'Ile d'Hainan. ils y dé-
barqueront un nombre égal de soldats.
Le Nippon se le tient pour dit. Et
Chang-Kai-Chek conserve ainsi une
des rares voies de communications qui
lui reste avec l'extérieur.
Les Américains même se sont ré-
veillés. Tout récemment le président
Roosevelt faisait dire à Tokio que les
Etats-Unis ne pouvaient supporter pas-
sivement la négligence des intérêts
américains par des tierces puissances
en Chine, les atcrocs suivis donnés à
la politique de la porte ouverte en Chi-
ne, et les pertes que cette affaires cau-
sait au commerce de la Bannière
Etoilée.
les anglais, comme aussi les exporta-
tions d'autres produits manufacturés.
Les ennuis constants provoqués par
cette lutte ont même porté les Cham-
bres de commerce de Manchester et
de Liverpool à prendre certaines me-
sures pour limiter les pertes : haus.
se des assurances pour les risques de
guerre, déviation de cargos, moyeu
pour dégager les marchandises en souf-
france dans certains ports, et pour re-
couvrer les paiements des ventes, com-
me aussi pour protéger ce qui reste
d'échanges.
(LIRE LA SUITE en page trois)
L'ACTUALITÉ
COLONIALE
A TUNIS
* Le gouvernement tunisien procède
à la réfection du Dar-el-Bey; Le palais
conservera toutefois son cachet oriental
en bénéficiant d'installations modernes.
A TIMIMOUN
♦ Une exposition des produits de
l'artisanat local s'ouvrira en décembre
prochain dans l'oasis de Timimoun.
A St-LOU IS
* L'achèvement des barrages de Ban-
go et Diadoune viennent de créer pour
St. Louis une réserve d'eau de 10 mil*
lions de mètres cubes destinée à l'ali-
mentation de la ville en eau potable.
A BAMAKO -
* Une brigade topographique de
l'Armée va procéder au lever de la ré..
gion aurifère aux confins Soudana4
Guinéens. -1
A SAIGON -
* Le gouverneur général Brévié a
inauguré la Rue Mac-Mahon prolongée,
une des plus belles voies de dégagement
de la capitale cochinchinoise.
1
A HANOI
* En vue d'encourager l'artisanat
local le Résident Supérieur Chadel a ins-
titué un concours des petites inventions
qui s'affirme comme devant être le
pendant du Lépfne à Paris.
A FORT DE FRANCE
* Les élections au Conseil général de
St Denis et St Paul, précédemment an":
nulées ont lieu.à nouveau le 13 tlqvernt
fer*
Les Etats-Unis sont fâchés. Et ils
laissent croire qu'ils mettront le Japon
sur là liste noire, pour commencer, m
qui réduirait considérablement l'achat
de * fournitures d'utilisation militaire
par le Japon, et la réduction de son
commerce avec les Etats-Unis. Pour le
moment, c'est l'Allemagne seule qui
se trouve sur cette liste noire.
Et les Anglais ?
Ils ont pourtant les plus gros inté-
rêts en Chine par comparaison avec
les autres puissances. D'après les sta-
tistiques officielles, ils ont investi plus
de 240 millions de livres sterling !
Alors que le chiffre américain n'at-
teint pas 40 millions de livres. La Fran-
ce même dépasse le chiffre américain,
sans compter que ses concessions à
Shanghaï, à Canton et dans les au-
tres ports à traité, sont chacune aussi
grande qu'ui.e ville.
Mais alors que les Etats-Unis n'ont
pas des possessions ou des bases nava-
les en Extrême-Orient, l'Angleterre et
la France doivent défendre Hong-Kong
l'Indochine, la Malaisie. Bornéo, et
servir même d'écran aux Indes Néer-
landaises.
C'est donc aux deux démocraties oc-
cidentales à prendre les premières tou-
tes les mesures nécessaires pour pro-
téger leurs intérêts. Les Etats-Unis
pourraient se mettre à leurs côtés plus
tard; car les Américains n'oublient pas
qu'ils ont pour près de 100 millions de
livres de placements au Japon, ce qui
explique leur réserve à l'égard de ces
derniers.
Avec tout cela, c'est le commerce
européen avec l'Extrême-Orient qu'il
faut prendre en considération. Outre
les échanges avec leurs propres pos-
sessions, 1 Angleterre en particulier et
la France avaient jusqu'ici un commer-
ce très - lucratif avec la Chine.
Pour la Chine, ce sont surtout les
textiles du Lancashire qui constituent
la principale exportation anglaise. Or.
de 15 millions de yards carrés expor*
tés en 1934, la Chine en achète moins
de 4 millions en ce moment; et Ica
chiffres correspondants pour Hong-
Kong sont tombés de 5 millions 1/2 à
3 millions 1/2 pendant la même pé-
riode. H est vrai que pendant cette
même période. les exportations en Ma-
laisie ont doublé, et celles vers les In-
des Néerlandaises quadruplé. Mais le
fait reste que la guerre sino-japonaise
affecte très défavorablement les$ex&-J
Après le progrom.
: LA QUESTION COLONIALE NE DOIT PAS ETRE POSEE
A Berlin, les membres de la presse viennent d'être invités à visiter
l'exposition anti-sémite et anti-communiste du « Juif Eternel ».
Conséquence indirecte do meurtre de
M. von Rath et des persécutions infligées
aux Juifs, des protestations s'élioent aux
Etats-Unis, contre rattribution de terri.
toires coloniaux aux Allemands.
L'indignation américaine aègmente cha-
que jour, au récit des déchaînements al-
lemands. Le Philidelphia Ledgerestimeque
ces événements vont, paralyser la politique
d'apurement dt Chamberlain el quc de*
vant le traitement infligé aux juifs, la
question de rendre des colonies au Reich
ne peut plus se poser sans des conditions
strictes de retour à des méthodes plus hu-
maines.
Notons, que l'opinion britannique, vio-
lemment émue, aussi, proteste contre rat.
tribution de populations noires à un pays
qui massacre et pille ses propres natio-
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