Voilà des mots accolés qui eussent étrangement juré il n’y a pas bien longtemps encore. L’accord Franco-Allemand ! Et cependant, la France, l’Allemagne, l’Europe, le Monde les saluent joyeusement. La France... ah! certes, elle n’a rien abandonné de sa di gnité et de son honneur. Elle n’a pas aboli son rêve, elle n’a pas sacrifié son espoir tenace de vaincue devenue si digne de la victoire; et, de l’autre côté du Rhin, on ne lui a pas demandé une pareille abdication. Elle n’a pas non plus donné la crainte comme base à son action diplomatique. Hier encore, elle était debout, prête au sacrifice, prête à l’horreur d’une nouvelle rencontre. Et c’est peut-être, c’est sûrement parce que jamais elle n’a été en aussi complète possession de soi-même, parce que jamais peut-être, depuis 1870, elle n’a eu à un tel point la nette conscience de la place qu’elle tient dans le monde, qu’elle a pu, au-dessous du mot accord, mettre sa signature à côté de celle de l’Alle magne. Je sais bien, moi aussi, qu'une hirondelle ne fait pas le printemps; je sais bien que le règlement d’un litige si aigu soit-il, dans un coin de l’Afrique, n'est pas le règlement de tous les litiges qui nous séparent. Mais, n'importe, il me plaît, dans ces quelques lignes rela tives à notre situation commune avec l’Allemagne au Maroc, de lire autre chose et d’espérer plus loin. # * Il n’y a pas un mois, consulté par le Berliner Lokal Anzeiger
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