Titre : L'Océanie française : bulletin mensuel du Comité de l'Océanie française
Auteur : Comité de l'Océanie française. Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Océanie française (Paris)
Date d'édition : 1919-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32828039d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1919 01 janvier 1919
Description : 1919/01/01 (A15,N47)-1920/12/31 (A16,N54). 1919/01/01 (A15,N47)-1920/12/31 (A16,N54).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3205623p
Source : CIRAD, 2019-18526
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/03/2019
L’OCÉANIE FRANÇAISE
7
En outre, les Etats-Unis ont demandé que
les intérêts financiers des Alliés soient mis
en commun en Chine. Rentrant dans l’ordre
financièrement, le Japon, du même coup, ren
tre dans l’ordre politiquement.
Pour marquer mieux encore sa résolution,
nous dirions volontiers son changement de
front, le gouvernement japonais a fait publier
une note enjoignant à ses capitalistes ou ban
quiers de ne consentir de prêts à la Chine ou
en Sibérie qu’avec l’agrément du Japon, sous
peine de non-protection.
En résumé, le Japon s’est associé les alliés
dans une tentative d’arbitrage entre Pékin et
Canton, en escomptant ainsi plus de chances
de réussite. Pour marquer sa neutralité, s’abste
nir extérieurement de toute ingérence en
Chine, et favoriser le rétablissement dç la paix
en Extrême-Orient, il arrête ou suspend ses
prêts intéressés, ce qu’il présente comme un
frein mis à la fièvre de spéculation financière
de ses nationaux, tout en déclarant qu’il ne fau
drait pas que trop de prudence, mal éclairée,
entravât l’activité financière légitime de ses
capitalistes à l’étranger.
Mais quelle que soit la nouvelle attitude du
Japon vis-à-vis de la Chine, celle-ci n’en reste
pas moins liée par de multiples engagements
financiers ou économiques, au fond desquels
elle craint de voir sombrer non seulement sa
liberté économique, mais encore son indépen
dance politique.
Aussi se tourne-t-elle anxieusement vers la
Conférence de la Paix, s’accusant de sa propre
faiblesse, commune, finvoque-t-elle, pendant la
période de transition, aux nations qui cherchent
à s’adapter aux exigences d’un autre milieu, lui
demandant de consacrer solennellement son
indépendance et son intégrité, garanties seule
ment par une série de conventions et d’accords
conclus séparément avec le Japon par la Grande-
Bretagne, la France, la Russie et les Etats-Unis.
Puis, au nom de ces principes, elle proteste
contre toute revendication par le Japon de
Kiao-Tchéou et du chemin de fer du Chan-
Toung, qu’elle estime devoir lui être en toute
propriété restitués. Elle s’élève également
contre les vingt-et-une demandes dont le Japon
lui imposa, sous menace de guerre, l’accepta
tion le 18 janvier 1915, en lui enjoignant en
même temps de garder à ce sujet le secret le
plus absolu. « Toutes les chancelleries étran
gères savent, a dit M. Lou, ministre des Af
faires étrangères et délégué de la Chine à la
Conférence de la Paix, qu’un texte incomplet
de ces demandes avait été communiqué aux
autres puissances, texte oi'i ne figurait pas la
partie la plus menaçante pour la Chine, dont
on alla jusqu’à nier l’existence. »
Quelles transactions, quels accords naîtront
des discussions en cours ? 11 appartient en effet
aux diplomates de la Conférence de rechercher
à ces problèmes les solutions les plus satisfai
santes. Devons-nous ajouter qu’elles auront
sans doute, c’est le sort habituel à la concilia
tion, grand’peine à satisfaire également les
deux parties !
Lasagacitéde ces mêmes diplomates trouverait
mieux encore à s’exercer à propos d’un autre
problème, infiniment plus délicat, le plus déli
cat assurément de tous ceux qui se posent à
l’occasion du Pacifique. C’est celui de l’égalité
des races que le Japon a posé comme prélude
à la constitution de la Société des Nations.
Faut-il rappeler combien les incapacités
rigoureuses, voire même l’exclusion, dont les
immigrants japonais sont frappés dans les
Etats-Unis du Pacifique, en Colombie britanni
que, en Australasie, blessent les sentiments
intimes de cette nation orgueilleuse.
Mais alors que toute l’opinion publique japo
naise réclame avec insistance la disparition de
ce qu’elle appelle les préjugés de race, le sen
timent des peuples d’Amérique ou d’Australie
n’évolue que dans le sens d’une accentuation
de l’ostracisme encouru par les jaunes.
Les Etats de l’Amérique du Sud s’en préoc
cupent à leur tour. La diminution probable
de l’immigration européenne, conséquence de
la guerre, les amène à regretter cette main-
d’œuvre qui leur était utile, nécessaire même,
et les aiderait à lutter maintenant contre les
impérialismes asiatiques naissants. Certains
organes vont plus loin. Un journal argentin
déclare que « l’introduction de travailleurs japo
nais serait un danger pour le pays ». La raison :
le jaune ferait baisser le prix de la main-d’œuvre
et compromettrait l’unité nationale, car il est
très prolifique. Et ce journal ajoute : « nous ne
voulons chez nous que des immigrants de race
blanche ». Une agitation renaît présentement
en Colombie britannique, où l’on trouve que
Chinois et Japonais pénètrent en trop grand
nombre dans la province. Au sein du Pacifique,
l’Australie ne veut à aucun prix des Japonais,
même en Nouvelle-Guinée.
Le conflit est-il irréductible ? La solution de
la question pourrait bien ne pas être du do
maine de la diplomatie publique et devoir
être recherchée « in caméra », sous la forme
d’un compromis.
Ce que pourrait être celui-ci, l’interview
accordé à un représentant de Y Associated Press
par le baron Makino, ancien ministre des affai
res étrangères et membre de la délégation
japonaise à la Conférence de la paix, le laisse
entrevoir. « On nous demande de faire partie
d’une Ligue des nations. Mais à quel titre?
Comme égaux? S’il en est ainsi, nous sommes
prêts. » Et plus loin : « Aucune nation asiati
que ne pourrait se trouver heureuse dans une
Ligue des nations où l’on maintiendrait de
strictes distinctions de races. »
Voilà pour le principe. Mais lisons ensuite.
« Nous ne désirons pas imposer nos classes
ouvrières comme immigrants à l’un quelcon
que des pays qui seraient nos associés. Nous
reconnaissons que cette question est une de
7
En outre, les Etats-Unis ont demandé que
les intérêts financiers des Alliés soient mis
en commun en Chine. Rentrant dans l’ordre
financièrement, le Japon, du même coup, ren
tre dans l’ordre politiquement.
Pour marquer mieux encore sa résolution,
nous dirions volontiers son changement de
front, le gouvernement japonais a fait publier
une note enjoignant à ses capitalistes ou ban
quiers de ne consentir de prêts à la Chine ou
en Sibérie qu’avec l’agrément du Japon, sous
peine de non-protection.
En résumé, le Japon s’est associé les alliés
dans une tentative d’arbitrage entre Pékin et
Canton, en escomptant ainsi plus de chances
de réussite. Pour marquer sa neutralité, s’abste
nir extérieurement de toute ingérence en
Chine, et favoriser le rétablissement dç la paix
en Extrême-Orient, il arrête ou suspend ses
prêts intéressés, ce qu’il présente comme un
frein mis à la fièvre de spéculation financière
de ses nationaux, tout en déclarant qu’il ne fau
drait pas que trop de prudence, mal éclairée,
entravât l’activité financière légitime de ses
capitalistes à l’étranger.
Mais quelle que soit la nouvelle attitude du
Japon vis-à-vis de la Chine, celle-ci n’en reste
pas moins liée par de multiples engagements
financiers ou économiques, au fond desquels
elle craint de voir sombrer non seulement sa
liberté économique, mais encore son indépen
dance politique.
Aussi se tourne-t-elle anxieusement vers la
Conférence de la Paix, s’accusant de sa propre
faiblesse, commune, finvoque-t-elle, pendant la
période de transition, aux nations qui cherchent
à s’adapter aux exigences d’un autre milieu, lui
demandant de consacrer solennellement son
indépendance et son intégrité, garanties seule
ment par une série de conventions et d’accords
conclus séparément avec le Japon par la Grande-
Bretagne, la France, la Russie et les Etats-Unis.
Puis, au nom de ces principes, elle proteste
contre toute revendication par le Japon de
Kiao-Tchéou et du chemin de fer du Chan-
Toung, qu’elle estime devoir lui être en toute
propriété restitués. Elle s’élève également
contre les vingt-et-une demandes dont le Japon
lui imposa, sous menace de guerre, l’accepta
tion le 18 janvier 1915, en lui enjoignant en
même temps de garder à ce sujet le secret le
plus absolu. « Toutes les chancelleries étran
gères savent, a dit M. Lou, ministre des Af
faires étrangères et délégué de la Chine à la
Conférence de la Paix, qu’un texte incomplet
de ces demandes avait été communiqué aux
autres puissances, texte oi'i ne figurait pas la
partie la plus menaçante pour la Chine, dont
on alla jusqu’à nier l’existence. »
Quelles transactions, quels accords naîtront
des discussions en cours ? 11 appartient en effet
aux diplomates de la Conférence de rechercher
à ces problèmes les solutions les plus satisfai
santes. Devons-nous ajouter qu’elles auront
sans doute, c’est le sort habituel à la concilia
tion, grand’peine à satisfaire également les
deux parties !
Lasagacitéde ces mêmes diplomates trouverait
mieux encore à s’exercer à propos d’un autre
problème, infiniment plus délicat, le plus déli
cat assurément de tous ceux qui se posent à
l’occasion du Pacifique. C’est celui de l’égalité
des races que le Japon a posé comme prélude
à la constitution de la Société des Nations.
Faut-il rappeler combien les incapacités
rigoureuses, voire même l’exclusion, dont les
immigrants japonais sont frappés dans les
Etats-Unis du Pacifique, en Colombie britanni
que, en Australasie, blessent les sentiments
intimes de cette nation orgueilleuse.
Mais alors que toute l’opinion publique japo
naise réclame avec insistance la disparition de
ce qu’elle appelle les préjugés de race, le sen
timent des peuples d’Amérique ou d’Australie
n’évolue que dans le sens d’une accentuation
de l’ostracisme encouru par les jaunes.
Les Etats de l’Amérique du Sud s’en préoc
cupent à leur tour. La diminution probable
de l’immigration européenne, conséquence de
la guerre, les amène à regretter cette main-
d’œuvre qui leur était utile, nécessaire même,
et les aiderait à lutter maintenant contre les
impérialismes asiatiques naissants. Certains
organes vont plus loin. Un journal argentin
déclare que « l’introduction de travailleurs japo
nais serait un danger pour le pays ». La raison :
le jaune ferait baisser le prix de la main-d’œuvre
et compromettrait l’unité nationale, car il est
très prolifique. Et ce journal ajoute : « nous ne
voulons chez nous que des immigrants de race
blanche ». Une agitation renaît présentement
en Colombie britannique, où l’on trouve que
Chinois et Japonais pénètrent en trop grand
nombre dans la province. Au sein du Pacifique,
l’Australie ne veut à aucun prix des Japonais,
même en Nouvelle-Guinée.
Le conflit est-il irréductible ? La solution de
la question pourrait bien ne pas être du do
maine de la diplomatie publique et devoir
être recherchée « in caméra », sous la forme
d’un compromis.
Ce que pourrait être celui-ci, l’interview
accordé à un représentant de Y Associated Press
par le baron Makino, ancien ministre des affai
res étrangères et membre de la délégation
japonaise à la Conférence de la paix, le laisse
entrevoir. « On nous demande de faire partie
d’une Ligue des nations. Mais à quel titre?
Comme égaux? S’il en est ainsi, nous sommes
prêts. » Et plus loin : « Aucune nation asiati
que ne pourrait se trouver heureuse dans une
Ligue des nations où l’on maintiendrait de
strictes distinctions de races. »
Voilà pour le principe. Mais lisons ensuite.
« Nous ne désirons pas imposer nos classes
ouvrières comme immigrants à l’un quelcon
que des pays qui seraient nos associés. Nous
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