Titre : L'Océanie française : bulletin mensuel du Comité de l'Océanie française
Auteur : Comité de l'Océanie française. Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Océanie française (Paris)
Date d'édition : 1918-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32828039d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1918 01 janvier 1918
Description : 1918/01/01 (A14,N44)-1918/12/31 (A14,N46). 1918/01/01 (A14,N44)-1918/12/31 (A14,N46).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32056228
Source : CIRAD, 2019-18526
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/03/2019
L’OCÉANIE FRANÇAISE
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aime, tout simplement, il veut la défendre :
« —En (juoi (lui demande-t-on)la guerre m’inté
resse t elle ? — Mes amis, répond M. Hughes,
la guerre vous intéresse comme la vie vous inté
resse et comme la mort vous intéresse. Vous ne
pouvez y échapper. Les conséquences de la dé
faite pèseraient sur vous comme le char du
Jaggernant, et vous seriez écrasés au point qu’il
ne resterait rien de vous qui ressemblât à un
homme libre. » Et qu’on ne dise pas que l’Aus
tralie est protégée par la distance. Pour une
Allemagne victorieuse, il n’y aurait plus de dis
tance ; et au temps où M. Hughes parlait, à
travers la Mésopotamie (d’où il a été refoulé
depuis), « l’instrument terrible » fo rgé pour
notre destruction à tous, « pas à pas se rappro
chait de ces rivages lointains. »
L’Australie a entendu ces appels. Elle a
prélevé, sur sa population de cinq millions
d'habitants, une armée de 300.000 volontaires,
représentant plus de la moitié de celle que la
conscription obligatoire aurait donnée. « Mise
en présence d’une tâche humainement presque
impossible, elle l’a accomplie... Sans aucune
expérience de la guerre, le peuple australien
s’est plongé dans un véritable enfer. Les hommes
ont été arrachés à leurs fermes, à leurs comp
toirs, à leurs ateliers. Nulle tradition militaire
ne les soutenait. Ils ne possédaient que la valeur
de leur race et l’amour de la liberté. Le pays
n’a pas murmuré, n’a pas faibli. Plus les pertes
étaient lourdes, plus le recrutement fournissait
de soldats. »
Et quels soldats! Rappelez-vous quelle place
les « Anzac » tiennent dans les communiqués,
depuis des années. Plus qu’on ne le croirait
possible d’après l’importance numérique de
leurs contingents, assurément. Ils étaient aux
Dardanelles, ils sont en Palestine, ils se battent
en France, et comment ! Ils représentent quel
que chose comme un 20 e corps britannique.
Aussi de quel cœur M. Hughes les salue ! —
« J’ai un message du gouvernement et du peu
ple australiens : l’Australie vous estime, et elle
est fière de vous ! » avec quel amour il les ca
ractérise ! —■ « Chez le peuple australien, l’ar
deur celtique s’allie à la ténacité caractéristique
du Saxon. Le soldat australien est le symbole
de ce mélange heureux des deux races qui ont
formé le peuple anglais. » Avec quel enthou
siasme il les évoque, aux Dardanelles, escala
dant, à la faible lueur de l’aube, les hauteurs
de Gaba Tépé! — « Ils accomplirent l’impossi
ble. Tous savaient qu’ils devaient marcher «à la
mort, et cependant ils n’eurent pas une hési
tation. Et cependant ce fait d’armes, sans paral-
lèledansl’histoire delà guerre, marqua le début
d’une campagne au cours de laquelle des ex
ploits de cet ordre devinrent quotidiens. » Avec
quelle piété il les ennoblit encore en les com
parant aux anciens illustres ! — «Les Spartiates
des Thermopyles ont laissé un impérissable
souvenir. Mais ce qu’accomplirent les soldats
de l’Australie — l’avant-dernière entrée dans
la famille du grand Empire Britannique, — ce
qu’accomplirent ces hommes ne mourra pas
davantage. » Avec quel légitime orgueil il les
montre au monde ! — « Nous connaissions bien
nos soldats, mais l’éclat de leurs actes dépassa
nos prévisions. Le monde qui ne les connaissait
pas, et qui ne savait rien de l’astmosphère dans
laquelle ils avaient été élevés, ni du sang dont
ils étaient issus, resta frémissant d’admiration. »
Avec quelle modestie sincère, avec quelle recon
naissance, il reporte sur eux l’autorité qui lui
est accordée ! — « J’éprouve aujourd’hui l’im
pression que la gloire des soldats australiens
rejaillit sur ma personne, et que je suis enve
loppé de son éclat. » Avec quelle émotion pro
fonde; il mesure leur sacrifice ! « Nous avons
vu avec tristesse quel prix effrayant vous payiez
chaque pouce de terrain conquis; nous avons
vu les listes terribles rapportant les noms de
ceux qui tombaient et que nous aimions. »
Car M. Hughes n'est pas de ceux qui cher
chent à rendre la guerre « agréable et popu
laire », qui en dissimulent ou en atténuent les
horreurs. Ce « jusqu’auboutiste » résolu est
l’homme le plus accessible par le cœur, par les
entrailles. Il n’en est que plus ardent à faire tout
ce qu’il faut pour que cela ne recommence pqs.
Aujourd’hui encore, deux ans plus tard, après
tant de déceptions, après des échecs personnels
dans son Australie même, il a gardé tout son
feu. Le 22 avril 1918, il disait à Bendigo : « Les
adversaires de la conscription ont demandé de
quelle importance pouvait bien avoir une cen
taine de mille hommes. Eh bien, si la 5 e armée
anglaise avait eu, lorsqu’elle a été battue,
100.000 Australiens à sa disposition, les Alle
mands n’auraient pas avancé. Les Australiens
se sont couverts de gloire dans cette bataille. »
Le. 13 janvier 1916, il disait déjà, dans le
même esprit . « En face d’une maison en flam
mes, tant qu’on n’a pas éteint, on ne peut dire :
nous en avons fait assez. »
Malgré sa répugnance persistante à l’égard
de la conscription, l’Australie est animée du
meilleur esprit de guerre. Elle a compris, bien
avant les Alliés d’Europe, que nous sommes
engagés dans une guerre totale, a Nous avons,
raconte M. Hughes, le 19 mars 1916, annulé
tous les contrats et supprimé toutes les mar
ques de fabrique appartenant à des Allemands.
Nous avons informé les sociétés que dans les
trois mois qui suivraient janvier 1916, elles de
vaient avoir mis à la porte tout actionnaire alle
mand, qu’il fut ou non naturalisé! » Elle sait
pourquoi elle se bat : « Le peuple de toutes les
parties de l’Australie, sans distinction, sentirait
la vie lui peser comme un intolérable fardeau,
si le despotisme prussien devait atteler encore
des millions d’hommes à son système inhumain.
C’est en suçant le lait de nos mères et en res
pirant l’air de nos campagnes, que nous nous
sommes imprégné de l'esprit de la liberté. »
Et il ne faut pas oublier que M. Hughes est
issu du parti travailliste australien, « parti
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aime, tout simplement, il veut la défendre :
« —En (juoi (lui demande-t-on)la guerre m’inté
resse t elle ? — Mes amis, répond M. Hughes,
la guerre vous intéresse comme la vie vous inté
resse et comme la mort vous intéresse. Vous ne
pouvez y échapper. Les conséquences de la dé
faite pèseraient sur vous comme le char du
Jaggernant, et vous seriez écrasés au point qu’il
ne resterait rien de vous qui ressemblât à un
homme libre. » Et qu’on ne dise pas que l’Aus
tralie est protégée par la distance. Pour une
Allemagne victorieuse, il n’y aurait plus de dis
tance ; et au temps où M. Hughes parlait, à
travers la Mésopotamie (d’où il a été refoulé
depuis), « l’instrument terrible » fo rgé pour
notre destruction à tous, « pas à pas se rappro
chait de ces rivages lointains. »
L’Australie a entendu ces appels. Elle a
prélevé, sur sa population de cinq millions
d'habitants, une armée de 300.000 volontaires,
représentant plus de la moitié de celle que la
conscription obligatoire aurait donnée. « Mise
en présence d’une tâche humainement presque
impossible, elle l’a accomplie... Sans aucune
expérience de la guerre, le peuple australien
s’est plongé dans un véritable enfer. Les hommes
ont été arrachés à leurs fermes, à leurs comp
toirs, à leurs ateliers. Nulle tradition militaire
ne les soutenait. Ils ne possédaient que la valeur
de leur race et l’amour de la liberté. Le pays
n’a pas murmuré, n’a pas faibli. Plus les pertes
étaient lourdes, plus le recrutement fournissait
de soldats. »
Et quels soldats! Rappelez-vous quelle place
les « Anzac » tiennent dans les communiqués,
depuis des années. Plus qu’on ne le croirait
possible d’après l’importance numérique de
leurs contingents, assurément. Ils étaient aux
Dardanelles, ils sont en Palestine, ils se battent
en France, et comment ! Ils représentent quel
que chose comme un 20 e corps britannique.
Aussi de quel cœur M. Hughes les salue ! —
« J’ai un message du gouvernement et du peu
ple australiens : l’Australie vous estime, et elle
est fière de vous ! » avec quel amour il les ca
ractérise ! —■ « Chez le peuple australien, l’ar
deur celtique s’allie à la ténacité caractéristique
du Saxon. Le soldat australien est le symbole
de ce mélange heureux des deux races qui ont
formé le peuple anglais. » Avec quel enthou
siasme il les évoque, aux Dardanelles, escala
dant, à la faible lueur de l’aube, les hauteurs
de Gaba Tépé! — « Ils accomplirent l’impossi
ble. Tous savaient qu’ils devaient marcher «à la
mort, et cependant ils n’eurent pas une hési
tation. Et cependant ce fait d’armes, sans paral-
lèledansl’histoire delà guerre, marqua le début
d’une campagne au cours de laquelle des ex
ploits de cet ordre devinrent quotidiens. » Avec
quelle piété il les ennoblit encore en les com
parant aux anciens illustres ! — «Les Spartiates
des Thermopyles ont laissé un impérissable
souvenir. Mais ce qu’accomplirent les soldats
de l’Australie — l’avant-dernière entrée dans
la famille du grand Empire Britannique, — ce
qu’accomplirent ces hommes ne mourra pas
davantage. » Avec quel légitime orgueil il les
montre au monde ! — « Nous connaissions bien
nos soldats, mais l’éclat de leurs actes dépassa
nos prévisions. Le monde qui ne les connaissait
pas, et qui ne savait rien de l’astmosphère dans
laquelle ils avaient été élevés, ni du sang dont
ils étaient issus, resta frémissant d’admiration. »
Avec quelle modestie sincère, avec quelle recon
naissance, il reporte sur eux l’autorité qui lui
est accordée ! — « J’éprouve aujourd’hui l’im
pression que la gloire des soldats australiens
rejaillit sur ma personne, et que je suis enve
loppé de son éclat. » Avec quelle émotion pro
fonde; il mesure leur sacrifice ! « Nous avons
vu avec tristesse quel prix effrayant vous payiez
chaque pouce de terrain conquis; nous avons
vu les listes terribles rapportant les noms de
ceux qui tombaient et que nous aimions. »
Car M. Hughes n'est pas de ceux qui cher
chent à rendre la guerre « agréable et popu
laire », qui en dissimulent ou en atténuent les
horreurs. Ce « jusqu’auboutiste » résolu est
l’homme le plus accessible par le cœur, par les
entrailles. Il n’en est que plus ardent à faire tout
ce qu’il faut pour que cela ne recommence pqs.
Aujourd’hui encore, deux ans plus tard, après
tant de déceptions, après des échecs personnels
dans son Australie même, il a gardé tout son
feu. Le 22 avril 1918, il disait à Bendigo : « Les
adversaires de la conscription ont demandé de
quelle importance pouvait bien avoir une cen
taine de mille hommes. Eh bien, si la 5 e armée
anglaise avait eu, lorsqu’elle a été battue,
100.000 Australiens à sa disposition, les Alle
mands n’auraient pas avancé. Les Australiens
se sont couverts de gloire dans cette bataille. »
Le. 13 janvier 1916, il disait déjà, dans le
même esprit . « En face d’une maison en flam
mes, tant qu’on n’a pas éteint, on ne peut dire :
nous en avons fait assez. »
Malgré sa répugnance persistante à l’égard
de la conscription, l’Australie est animée du
meilleur esprit de guerre. Elle a compris, bien
avant les Alliés d’Europe, que nous sommes
engagés dans une guerre totale, a Nous avons,
raconte M. Hughes, le 19 mars 1916, annulé
tous les contrats et supprimé toutes les mar
ques de fabrique appartenant à des Allemands.
Nous avons informé les sociétés que dans les
trois mois qui suivraient janvier 1916, elles de
vaient avoir mis à la porte tout actionnaire alle
mand, qu’il fut ou non naturalisé! » Elle sait
pourquoi elle se bat : « Le peuple de toutes les
parties de l’Australie, sans distinction, sentirait
la vie lui peser comme un intolérable fardeau,
si le despotisme prussien devait atteler encore
des millions d’hommes à son système inhumain.
C’est en suçant le lait de nos mères et en res
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Et il ne faut pas oublier que M. Hughes est
issu du parti travailliste australien, « parti
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