Titre : L'Océanie française : bulletin mensuel du Comité de l'Océanie française
Auteur : Comité de l'Océanie française. Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Océanie française (Paris)
Date d'édition : 1932-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32828039d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1932 01 janvier 1932
Description : 1932/01/01 (A28,N123)-1932/12/31 (A28,N128). 1932/01/01 (A28,N123)-1932/12/31 (A28,N128).
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3205595t
Source : CIRAD, 2019-18526
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/03/2019
L'OCÉANIE FRANÇAISE
5
L’axe africain en est naturellement le princi
pal. La prise d’Alger contenait en germe toute
l’Afrique du Nord et plus encore : sa liaison
avec l’ouest africain et avec l’Afrique équato
riale.
L’amiral passe ensuite à l’axe asiatique, à
ces terres d’Extrême-Orient au sujet desquelles
il s’adresse au préalable cette demande : « Com
ment avons-nous été attirés dans cette région si
lointaine et si excentrique? »
La Restauration, la première, afficha quelques
velléités dans cette direction géographique. Le
gouvernement de Louis-Philippe les reprit et
les confirma, parce que, dit Guizot, « il ne con
vient pas à la France d’être absente dans une
aussi grande partie du monde ». Le Second
Empire s’appropria l’idée que la Troisième Ré
publique devait conduire au point où nous la
connaissons.
« Tard venus, illogiquement venus sur cet
axe asiatique, nous avons pu, jusqu’ici, exau
cer ce vœu de l’amiral Réveillère : « Nous som
mes au Tonkin, condamnés à y rester; tâchons
de nous tirer de cette aventure le plus heu
reusement possible. »
O11 objectera, en passant, que M. Paul Rey-
naud a pu constater et déclarer qu’à tout pren
dre, nous ne nous en étions pas si mal tirés
jusqu’ici.
S’agit-il de l’axe océanien?
« Quant à l’Océanie, écrit l’amiral Castex, on
peut se demander également si ce sont des né
cessités vraiment impérieuses cpii nous ont pous
sés dans le Pacifique. Intérêts économiques?
Expansion navale? Non, rien de tout cela. A
l’origine, c’est une simple rivalité entre les mis
sionnaires français des Missions catholiques d’O
céanie et les missionnaires anglais et protes
tants de la London Missionary Society, rivalité
dans laquelle nous soutenons les premiers. Et ce
sont ces démêlés qui amèneront l’amiral Dupelit-
Thouars, au prix de la célèbre affaire Pritchard,
à établir notre protectorat sur les. îles de la
Société (1842), puis à annexer cet archipel (1841)
ainsi que ses voisins (Marquises, Gambier, Tua-
motou, etc...). En 1853, l’amiral Febvrier-Des-
pointes prend de même possession de la Nou
velle-Calédonie, qui sera transformée de 1861 à
1896 en colonie pénitentiaire. De nos jours, cet
accès expansif s’est terminé par l’établissement
du condominium franco-anglais des Nouvelles-
Hébrides et par l’annexion des îles Wallis (1912).
On a même discuté avec le Mexique, non sans
aigreur, pour savoir qui de lui ou de la France
était propriétaire du petit tas de guano' qu’est
Tîlot Clipperton! Et c’est ainsi que nous nous
sommes installés aux antipodes. »
Nous ne parlerons pas de l’axe américain, ni
de l’axe indo-africain, ni de l’axe syrien, jugés
de la même sorte, ce dernier avec plus d’âpreté
encore.
La conclusion de l’amiral Castex est qu’une
telle situation emporte de graves préoccupa
tions. . ' ; ■ :
Il n’y a qu’en Afrique que notre position stra
tégique, déjà bonne, ira encore en s’améliorant,
surtout après l’exécution du Transsaharien.
La situation est déjà moins brillante sur l’axe
asiatique, en ce qui concerne l’Indochine, terri
blement éloignée et exposée à des périls tout
particuliers. L’auteur estime en effet qu’il nous
serait impossible de la défendre contre le Japon
et même contre une Chine évoluée, sans compter
l’adversaire que représenterait aujourd’hui le
petit royaume voisin du Siam.
« A l’autre bout du monde, sur l’axe océa
nien, notre position est à la fois des plus mé
diocres et des plus aventurées. Nous tenons
avec les Marquises, les îles de la Société, les
Tuamotou, les Gambier, etc..., une poussière
d’atolls sans aucun intérêt. Avant 1914, leur com
merce extérieur, alimenté presque exclusivement
par la nacre et le coprah, ne dépassait pas 20
millions de francs. Là aussi, l’ouverture du ca
nal de Panama devait révolutionner les cho
ses. En fait, il a seulement facilité les escales
des navires étrangers, et notre pavillon y est
toujours maigrement représenté. Tahiti, fran
çaise en titre, s’américanise de plus en plus
sous l’effet des relations maritimes, du tou
risme yankee et des missions protestantes. Ce
que les Américains n’absorbent point, les Chi
nois le prennent. Seuls quelques fonctionnai
res rappellent qu’appartient toujours à la
France l’île qui n’a joué d’autre rôle dans notre
histoire et dans nos expansions que d’éveiller
en nous les impressions pittoresques ou littérai
res qui s’attachent à la reine Pomaré, à Ra-
rahu et aux autres fadaises à la Pierre Loti.
« La Nouvelle-Calédonie, plus favorisée, pos
sède d’incontestables richesses minières, et elle
a donné un moment de grandes espérances.
Mais la suppression de la déportation, décidée
en 1896 pour faciliter la colonisation libre, s’est
traduite par une grave crise de main-d’œuvre
qui a fortement compromis de brillants débuts.
Plus heureuses, les Nouvelles-Hébrides se sont
remarquablement développées; mais nous n’y
sommes pas entièrement chez nous, et l’Australie
supporte impatiemment notre présence dans cet
archipel.
« Les possibilités défensives de ces posses
sions sont évidemment nulles, vu leur distance
de nous et l’effort maritime qu’exigerait la pro
tection de ces positions, qui sont dans l’étroite
dépendance de la mer. Elles sont à la merci des
Etats-Unis, du Commonwealth australien ou de
la Nouvelle-Zélande le jour où il leur prendra
fantaisie de les attaquer, comme les deux der
niers l’ont fait avec la Nouvelle-Guinée et les
Samoa en 1914. D’ailleurs, les Nouvelles-Hébri
des et la Nouvelle-Calédonie ne choisiront-elles
pas d’elles-mêmes ce sort? Ne seront-elles
pas doucement sollicitées vers l’Australie, elles
aussi, par la même attraction que celle dont
nous parlions plus haut à propos des Antilles? »
Et l’amiral Castex termine par cette phrase, ex
traite du volume d’Onésime Reclus : « Cette
5
L’axe africain en est naturellement le princi
pal. La prise d’Alger contenait en germe toute
l’Afrique du Nord et plus encore : sa liaison
avec l’ouest africain et avec l’Afrique équato
riale.
L’amiral passe ensuite à l’axe asiatique, à
ces terres d’Extrême-Orient au sujet desquelles
il s’adresse au préalable cette demande : « Com
ment avons-nous été attirés dans cette région si
lointaine et si excentrique? »
La Restauration, la première, afficha quelques
velléités dans cette direction géographique. Le
gouvernement de Louis-Philippe les reprit et
les confirma, parce que, dit Guizot, « il ne con
vient pas à la France d’être absente dans une
aussi grande partie du monde ». Le Second
Empire s’appropria l’idée que la Troisième Ré
publique devait conduire au point où nous la
connaissons.
« Tard venus, illogiquement venus sur cet
axe asiatique, nous avons pu, jusqu’ici, exau
cer ce vœu de l’amiral Réveillère : « Nous som
mes au Tonkin, condamnés à y rester; tâchons
de nous tirer de cette aventure le plus heu
reusement possible. »
O11 objectera, en passant, que M. Paul Rey-
naud a pu constater et déclarer qu’à tout pren
dre, nous ne nous en étions pas si mal tirés
jusqu’ici.
S’agit-il de l’axe océanien?
« Quant à l’Océanie, écrit l’amiral Castex, on
peut se demander également si ce sont des né
cessités vraiment impérieuses cpii nous ont pous
sés dans le Pacifique. Intérêts économiques?
Expansion navale? Non, rien de tout cela. A
l’origine, c’est une simple rivalité entre les mis
sionnaires français des Missions catholiques d’O
céanie et les missionnaires anglais et protes
tants de la London Missionary Society, rivalité
dans laquelle nous soutenons les premiers. Et ce
sont ces démêlés qui amèneront l’amiral Dupelit-
Thouars, au prix de la célèbre affaire Pritchard,
à établir notre protectorat sur les. îles de la
Société (1842), puis à annexer cet archipel (1841)
ainsi que ses voisins (Marquises, Gambier, Tua-
motou, etc...). En 1853, l’amiral Febvrier-Des-
pointes prend de même possession de la Nou
velle-Calédonie, qui sera transformée de 1861 à
1896 en colonie pénitentiaire. De nos jours, cet
accès expansif s’est terminé par l’établissement
du condominium franco-anglais des Nouvelles-
Hébrides et par l’annexion des îles Wallis (1912).
On a même discuté avec le Mexique, non sans
aigreur, pour savoir qui de lui ou de la France
était propriétaire du petit tas de guano' qu’est
Tîlot Clipperton! Et c’est ainsi que nous nous
sommes installés aux antipodes. »
Nous ne parlerons pas de l’axe américain, ni
de l’axe indo-africain, ni de l’axe syrien, jugés
de la même sorte, ce dernier avec plus d’âpreté
encore.
La conclusion de l’amiral Castex est qu’une
telle situation emporte de graves préoccupa
tions. . ' ; ■ :
Il n’y a qu’en Afrique que notre position stra
tégique, déjà bonne, ira encore en s’améliorant,
surtout après l’exécution du Transsaharien.
La situation est déjà moins brillante sur l’axe
asiatique, en ce qui concerne l’Indochine, terri
blement éloignée et exposée à des périls tout
particuliers. L’auteur estime en effet qu’il nous
serait impossible de la défendre contre le Japon
et même contre une Chine évoluée, sans compter
l’adversaire que représenterait aujourd’hui le
petit royaume voisin du Siam.
« A l’autre bout du monde, sur l’axe océa
nien, notre position est à la fois des plus mé
diocres et des plus aventurées. Nous tenons
avec les Marquises, les îles de la Société, les
Tuamotou, les Gambier, etc..., une poussière
d’atolls sans aucun intérêt. Avant 1914, leur com
merce extérieur, alimenté presque exclusivement
par la nacre et le coprah, ne dépassait pas 20
millions de francs. Là aussi, l’ouverture du ca
nal de Panama devait révolutionner les cho
ses. En fait, il a seulement facilité les escales
des navires étrangers, et notre pavillon y est
toujours maigrement représenté. Tahiti, fran
çaise en titre, s’américanise de plus en plus
sous l’effet des relations maritimes, du tou
risme yankee et des missions protestantes. Ce
que les Américains n’absorbent point, les Chi
nois le prennent. Seuls quelques fonctionnai
res rappellent qu’appartient toujours à la
France l’île qui n’a joué d’autre rôle dans notre
histoire et dans nos expansions que d’éveiller
en nous les impressions pittoresques ou littérai
res qui s’attachent à la reine Pomaré, à Ra-
rahu et aux autres fadaises à la Pierre Loti.
« La Nouvelle-Calédonie, plus favorisée, pos
sède d’incontestables richesses minières, et elle
a donné un moment de grandes espérances.
Mais la suppression de la déportation, décidée
en 1896 pour faciliter la colonisation libre, s’est
traduite par une grave crise de main-d’œuvre
qui a fortement compromis de brillants débuts.
Plus heureuses, les Nouvelles-Hébrides se sont
remarquablement développées; mais nous n’y
sommes pas entièrement chez nous, et l’Australie
supporte impatiemment notre présence dans cet
archipel.
« Les possibilités défensives de ces posses
sions sont évidemment nulles, vu leur distance
de nous et l’effort maritime qu’exigerait la pro
tection de ces positions, qui sont dans l’étroite
dépendance de la mer. Elles sont à la merci des
Etats-Unis, du Commonwealth australien ou de
la Nouvelle-Zélande le jour où il leur prendra
fantaisie de les attaquer, comme les deux der
niers l’ont fait avec la Nouvelle-Guinée et les
Samoa en 1914. D’ailleurs, les Nouvelles-Hébri
des et la Nouvelle-Calédonie ne choisiront-elles
pas d’elles-mêmes ce sort? Ne seront-elles
pas doucement sollicitées vers l’Australie, elles
aussi, par la même attraction que celle dont
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