Titre : L'Océanie française : bulletin mensuel du Comité de l'Océanie française
Auteur : Comité de l'Océanie française. Auteur du texte
Éditeur : Comité de l'Océanie française (Paris)
Date d'édition : 1924-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32828039d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1924 01 avril 1924
Description : 1924/04/01 (A20,N75)-1924/04/30. 1924/04/01 (A20,N75)-1924/04/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32055344
Source : CIRAD, 2019-18526
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/03/2019
L’OCÉANIE FRANÇAISE
67
plantations (cocotier spécialement) a été entre
pris; le résultat risque d’être compromis: les
planteurs ne disposeront pas au jour venu des
bras nécessaires pour leur récolte. Une richesse
immense s’apprête à être perdue, à se décom
poser sur place, devant nos colons découragés,
irrités et impuissants. Et déjà nous avons pu
évaluer ces pertes à plus de 3 millions de
francs. Ce sera pis encore demain.
Il importe donc d’agir, d’agir rapidement; ce
n’est point dans des réformes de détail que ré
side l’avenir de ces îles. C’est dans une négo
ciation sur cette question essentielle avec l’In
dochine française: il faut y consacrer nos for
ces, notre volonté tendue, sans défaillance, sans
arrêt, sinon tout le reste est vain.
Et vraiment de quoi s’agit-il au fond? d’un
millier de coolies indochinois. Dérision! Aura-t-
il donc fallu tant d’années pour aboutir?
Au poinl de vue des travaux publics l’exposé
des motifs n’avait pas à parler de l’aménage
ment du port de Papeete: celui-ci est du ressort
de l’Administration centrale. En ce sens les
Océaniens ont éprouvé avec la fin de la légis
lature une profonde déception: non seulement
le grand programme général des travaux, dit
projet Sarraut, n’est pas venu en discussion et
a été retiré par le nouveau Ministre des Co
lonies, mais le projet relatif au port de Pa
peete n’a pas été déposé. La Chambre a peut-
être donné jusqu’au bout le spectacle d’une
anarchie parlementaire peu commune, mais le
gouvernement lui-même n’a pas toujours donné
l’exemple des décisions. Il en est de la question
du port de Papeete comme de la question des
Nouvelles-Hébrides: depuis des années on a
marqué le pas. Pourquoi?
Les autres travaux publics font l’objet d’un
réel effort local: des postes de T.S.F. sont ins
tallés aux Iles sous-le-Vent, vont l’être aux
Marquises et aux Tuamotu; un plan de cam
pagne de travaux neufs figure au budget: routes
à travers les archipels, construction d’un wharf
à Taiohae, réfection du wharf d’Uturoa; une
infirmerie va être édifiée dans ce centre; la
création de citernes aux Tuamotu n’a pas été
perdue de vue.
Au point de vue social un nouveau médecin
a été installé aux Marquises, avec résidence à
Taiohae. Nous ne pouvons trop en féliciter
le Gouverneur Rivet: qu’on se souvienne du
temps où cet ^rchipel qui meurt possédait
juste un administrateur médecin en rési
dence à Hiva-Oa, à 60 milles de la grande île
septentrionale et sans moyen de communica
tion. Or, ce second praticien a été mis, comme
son collègue d’Atuona d’ailleurs, en possession
de moyens de transport par mer lui permettant
d’effectuer les tournées médicales indispensa
bles. « Ainsi, dit l’exposé des motifs, seront as
surés les soins que nous nous devons de donner
à une race qui se raréfie d’une manière inquié
tante de même que les garanties qu’il convient
d’offrir dans cet ordre d’idées aux colons que
l’Administration se préoccupe d’installer, dès
(pie ce sera .possible, dans ces îles au climat
salubre et d’une fertilité indiscutable.
LTn infirmier-chef de l’armée a été recruté
pour l’îlc de Moorea. Des dispensaires ont été
ouverts pour lutter contre la syphilis. Les lé
preux des Tuamotou sont désormais dirigés
sur le village de ségrégation d’Orofara où les
rejoindront sous peu ceux des Iles sous-le-Vent.
Il faut espérer que la terrible maladie, inlassa
blement traquée, finira de disparaître de nos
Etablissements, surtout lorsqu’il aura été pos
sible de prendre des mesures identiques pour
les malades des Gambier.
Telle est la physionomie du budget de 1924
et telles sont les différentes réflexions que nous
suggère sa lecture, du point de vue de la situa
tion actuelle de nos îles et de leur dévelop
pement futur. Un effort méritoire est fait; un
gros effort reste à faire. Ce sera l’œuvre de de
main. Si on s’y attelle avec énergie, nous pour
rons dire, avec l’exposé des motifs: « Grâce à
ces réformes et à ces travaux, il sera possible
à nos Etablissements de tenir la place qui leur
revient parmi les colonies du Pacifique, c’cst-
à- dire dans une région dont l’importance mon
diale est aujourd’hui hors de discussion. »
Ge ou g es Fr o men t -Gui f. ys s e .
Les cyclones aux Tuamotu
L’Archipel des Tuamotu, composé d’îles co-
ralligènes à peine surélevées d’un mètre ou
deux au-dessus du niveau de la mer, doit à cette
particularité d’avoir été, à différentes reprises,
ravagé par de violents cyclones qui ont provo
qué de nombreuses pertes en vies humaines et
des dégâts matériels considérables.
Les plus marquantes de ces catastrophes fu
rent celles de 1878, de 1903 et de 1906.
Le cyclone de 1878 a bouleversé l’île d’Anaa,
chef-lieu de l’Archipel et l’atoll le plus impor
tant, à l’époque, comme population, de Tua
motu.
Ce cataclysme rasa complètement Anaa, ané
antissant les plantations et même de solides
constructions en maçonnerie comme les bâ
timents administratifs de la Résidence et la
gendarmerie. Une grande partie de la popu
lation fut noyée sous les lames furieuses venues
du large qui, d’après le récit de témoins ocu
laires, déferlaient par dessus les cocotiers, em
portant tout sur leur passage.
Le raz-de-marée fouilla le cimetière à un
point tel que les cercueils furent arrachés des
fosses et transportés à travers le lagon, à des
distances considérables.
Dans le district le plus atteint, tous les ha
bitants surpris par la bourrasque, périrent à
l’exception d’un enfant qui réussit à se main-
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plantations (cocotier spécialement) a été entre
pris; le résultat risque d’être compromis: les
planteurs ne disposeront pas au jour venu des
bras nécessaires pour leur récolte. Une richesse
immense s’apprête à être perdue, à se décom
poser sur place, devant nos colons découragés,
irrités et impuissants. Et déjà nous avons pu
évaluer ces pertes à plus de 3 millions de
francs. Ce sera pis encore demain.
Il importe donc d’agir, d’agir rapidement; ce
n’est point dans des réformes de détail que ré
side l’avenir de ces îles. C’est dans une négo
ciation sur cette question essentielle avec l’In
dochine française: il faut y consacrer nos for
ces, notre volonté tendue, sans défaillance, sans
arrêt, sinon tout le reste est vain.
Et vraiment de quoi s’agit-il au fond? d’un
millier de coolies indochinois. Dérision! Aura-t-
il donc fallu tant d’années pour aboutir?
Au poinl de vue des travaux publics l’exposé
des motifs n’avait pas à parler de l’aménage
ment du port de Papeete: celui-ci est du ressort
de l’Administration centrale. En ce sens les
Océaniens ont éprouvé avec la fin de la légis
lature une profonde déception: non seulement
le grand programme général des travaux, dit
projet Sarraut, n’est pas venu en discussion et
a été retiré par le nouveau Ministre des Co
lonies, mais le projet relatif au port de Pa
peete n’a pas été déposé. La Chambre a peut-
être donné jusqu’au bout le spectacle d’une
anarchie parlementaire peu commune, mais le
gouvernement lui-même n’a pas toujours donné
l’exemple des décisions. Il en est de la question
du port de Papeete comme de la question des
Nouvelles-Hébrides: depuis des années on a
marqué le pas. Pourquoi?
Les autres travaux publics font l’objet d’un
réel effort local: des postes de T.S.F. sont ins
tallés aux Iles sous-le-Vent, vont l’être aux
Marquises et aux Tuamotu; un plan de cam
pagne de travaux neufs figure au budget: routes
à travers les archipels, construction d’un wharf
à Taiohae, réfection du wharf d’Uturoa; une
infirmerie va être édifiée dans ce centre; la
création de citernes aux Tuamotu n’a pas été
perdue de vue.
Au point de vue social un nouveau médecin
a été installé aux Marquises, avec résidence à
Taiohae. Nous ne pouvons trop en féliciter
le Gouverneur Rivet: qu’on se souvienne du
temps où cet ^rchipel qui meurt possédait
juste un administrateur médecin en rési
dence à Hiva-Oa, à 60 milles de la grande île
septentrionale et sans moyen de communica
tion. Or, ce second praticien a été mis, comme
son collègue d’Atuona d’ailleurs, en possession
de moyens de transport par mer lui permettant
d’effectuer les tournées médicales indispensa
bles. « Ainsi, dit l’exposé des motifs, seront as
surés les soins que nous nous devons de donner
à une race qui se raréfie d’une manière inquié
tante de même que les garanties qu’il convient
d’offrir dans cet ordre d’idées aux colons que
l’Administration se préoccupe d’installer, dès
(pie ce sera .possible, dans ces îles au climat
salubre et d’une fertilité indiscutable.
LTn infirmier-chef de l’armée a été recruté
pour l’îlc de Moorea. Des dispensaires ont été
ouverts pour lutter contre la syphilis. Les lé
preux des Tuamotou sont désormais dirigés
sur le village de ségrégation d’Orofara où les
rejoindront sous peu ceux des Iles sous-le-Vent.
Il faut espérer que la terrible maladie, inlassa
blement traquée, finira de disparaître de nos
Etablissements, surtout lorsqu’il aura été pos
sible de prendre des mesures identiques pour
les malades des Gambier.
Telle est la physionomie du budget de 1924
et telles sont les différentes réflexions que nous
suggère sa lecture, du point de vue de la situa
tion actuelle de nos îles et de leur dévelop
pement futur. Un effort méritoire est fait; un
gros effort reste à faire. Ce sera l’œuvre de de
main. Si on s’y attelle avec énergie, nous pour
rons dire, avec l’exposé des motifs: « Grâce à
ces réformes et à ces travaux, il sera possible
à nos Etablissements de tenir la place qui leur
revient parmi les colonies du Pacifique, c’cst-
à- dire dans une région dont l’importance mon
diale est aujourd’hui hors de discussion. »
Ge ou g es Fr o men t -Gui f. ys s e .
Les cyclones aux Tuamotu
L’Archipel des Tuamotu, composé d’îles co-
ralligènes à peine surélevées d’un mètre ou
deux au-dessus du niveau de la mer, doit à cette
particularité d’avoir été, à différentes reprises,
ravagé par de violents cyclones qui ont provo
qué de nombreuses pertes en vies humaines et
des dégâts matériels considérables.
Les plus marquantes de ces catastrophes fu
rent celles de 1878, de 1903 et de 1906.
Le cyclone de 1878 a bouleversé l’île d’Anaa,
chef-lieu de l’Archipel et l’atoll le plus impor
tant, à l’époque, comme population, de Tua
motu.
Ce cataclysme rasa complètement Anaa, ané
antissant les plantations et même de solides
constructions en maçonnerie comme les bâ
timents administratifs de la Résidence et la
gendarmerie. Une grande partie de la popu
lation fut noyée sous les lames furieuses venues
du large qui, d’après le récit de témoins ocu
laires, déferlaient par dessus les cocotiers, em
portant tout sur leur passage.
Le raz-de-marée fouilla le cimetière à un
point tel que les cercueils furent arrachés des
fosses et transportés à travers le lagon, à des
distances considérables.
Dans le district le plus atteint, tous les ha
bitants surpris par la bourrasque, périrent à
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