Titre : Revue française d'Outre-mer
Éditeur : A. Challamel (Paris)
Date d'édition : 1939-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344252672
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 avril 1939 01 avril 1939
Description : 1939/04/01 (A43,N765)-1939/04/30. 1939/04/01 (A43,N765)-1939/04/30.
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3201660q
Source : CIRAD, 2018-237423
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2019
AVRIL 1939 — LA REVUE FRANÇAISE D’OUTIIE-MER
111
quelque jour à la redistribution des matières pre
mières du monde. En échange d’une « participa
tion » allemande à l’exploitation des mines de fer
de Guinée, pourquoi ne nous serati-il pas reconnu
des « intérêts » de même nature dans les mines de
charbon de la Sarre ou dans les fours à coke de la
Ruhr ?
Justement, le Bulletin mensuel de la Chambre de
commerce allemande de Paris se plaint de la
« grave dépression qu’a subi la situation écono
mique générale en très peu de jours », à la suite
des « commentaires » provoqués par « l’évolution
de la situation en Europe centrale. Les échanges
commerciaux franco-allemands ont été en partie
totalement interrompus, en partie ralentis ou ren
dus incertains ». Quoi qu’il ait pu arriver du côté
de la Bohême .continue le Bulletin, l’Empire fran
çais et le Reich grand-allemand devront continuer
à vivre côte à côte. Suit un couplet sur « l’inter
pénétration mutuelle », la « compréhension mu
tuelle des besoins, des nécessités et des droits » et
la malfaisance des « malentendus », ainsi qu’un
appel aux « milieux compréhensifs ». La France
a besoin d’exporter. Ses intérêts ne peuvent être
favorisés par le boycottage des produits allemands.
« En dernière analyse, ce serait l’exportateur fran
çais qui supporterait les frais d’une pareille atti
tude », et le Bulletin de préciser sa menace à propos
des vins dont l’importation en Allemagne pourrait
diminuer de moitié, ce qui obligerait à « faire déna
turer les quantités invendues aux frais du contri
buable français ».
La thèse est présentée habilement et tant de sol
licitude nous touche. Mais on sent très bien, à tra
vers les lignes, que les importateurs allemands sont
au moins aussi ennuyés que peuvent l’être les
exportateurs* français et même plus frappés sans
doute, car l’Allemagne n’importe et n’exporte que
le strict nécessaire. Toute atteinte à son commerce,
dont elle règle minutieusement le cours, porte un
trouble grave dans son économie de guerre. Connue
« 1’évolution en Europe centrale » ne dépend pas
de nous et comme les menaces qui pèsent sur la
paix du monde ne sont pas notre fait, il ne tient
qu’à l’Allemagne de provoquer la détente politique,
laquelle entraînera la détente économique. Puissent
les conséquences de nos instinctifs réflexes l’y inci
ter. « N’oublions jamais, disait le Maréchal Foch,
que lorsqu’il pleut chez nous, il pleut aussi en
face. »
Pleut-il en Autriche ?
L’exposition coloniale, qui devait avoir lieu à
\ ienne entre le 21 juin et le 10 septembre
prochain, a dû être transférée à Dresde « pour
des raisons techniques et malgré l’état avancé
des préparatifs ». Les journaux allemands qui
nous donnent cette nouvelle ne font aucun com
mentaire. Imitons leur prudence...
IV
Discours et réalités
Les discours se suivent... 30 janvier, 26 mars,
28 avril... et il n’en sort aucun éclaircissement.
« Djibouti, Suez, Tunis », clame la branche sud de
l’axe ; mais en oubliant de spécifier s’il s’agit d’une
revendication « totalitaire » ou simplement d’amé
nagements au statu quo actuel. « München Konnte
nicht ewig sein ! » (Munich ne pouvait pas être
éternel), s’écrie la branche nord, ce qui est une
explication, l’explication de l’éternelle politique
allemande, du perpétuel devenir d’une Germanie
toujours en gestation, en bouillonnement et en
marche, mais ne fournit justement pas Vexplica
tion que les Occidentaux attendaient.
Voici plus obscur encore : l’Autriche ? Si Hitler
ne l’avait pas annexée,' « er hàtte sich an der
Vorsehung versündigt » — il aurait commis un
péché à l’endroit de la Providence ! C’est la Pro
vidence qui se sert de lui pour modifier la carte de
l’Europe et la carte du monde, tandis que le Führer
ne rêve que de paix, « so wahr mir Gott helfe »,
il en prend Dieu à témoin ! Or la Providence
veut que Dantzig devienne allemande et que le
Reich dispose d’un passage à travers le corridor
pour ses communications avec la Prusse orientale.
Elle veut aussi — mais plus faiblement, car il ne
sera pas nécessaire de mobiliser, — le retour des
anciennes colonies allemandes ; ces bases straté
giques obtenues, elle voudra sans doute autre chose,
conformément au programme et aux méthodes
exposés dans Mein Kampf.
Dans ces conditions, le mieux pour nous est de
suivre les conseils prodigués par la branche sud :
« Des navires ! des canons ! des avions ! » Il n’y
a plus d’autre réalité.
S’il était besoin de le démontrer une fois de plus,
il suffirait de s’en rapporter à Ylllustrazione Colo
niale qui étudie le potentiel militaire de la Libye
et de l’Afrique du Nord. Le territoire libyen « en
grande partie aride et improductif », peut donner
au maximum un contingent de 70.000 hommes qui
auraient besoin d’être fournis en tout, le pays
n’offrant rien pour le ravitaillement en vivres, en
armes et en munitions : pas assez de céréales, pas
de légumes secs, ni de fruits, sauf 350.000 quin
taux de dattes ; pas de bois de construction ; pas
d’arsenaux ; pas d’eau. Il faudrait tout faire venir
par convois maritimes.
Or « la possession de Pantellaria et des côtes de
Sicile ne signifie par la domination italienne abso
lue sur le canal... En cas de guerre, nos troupes
en Libye pourraient se trouver isolées de la mère-
patrie... La France, qui s’est établie en Algérie
depuis plus d’un siècle, dispose en Afrique du Nord
d’un potentiel militaire de beaucoup supérieur à
celui de la Libye... Les divisions de l’armée noire
peuvent être évaluées à deux millions et demi
d’hommes, vis-à-vis desquels les contingents métro-
111
quelque jour à la redistribution des matières pre
mières du monde. En échange d’une « participa
tion » allemande à l’exploitation des mines de fer
de Guinée, pourquoi ne nous serati-il pas reconnu
des « intérêts » de même nature dans les mines de
charbon de la Sarre ou dans les fours à coke de la
Ruhr ?
Justement, le Bulletin mensuel de la Chambre de
commerce allemande de Paris se plaint de la
« grave dépression qu’a subi la situation écono
mique générale en très peu de jours », à la suite
des « commentaires » provoqués par « l’évolution
de la situation en Europe centrale. Les échanges
commerciaux franco-allemands ont été en partie
totalement interrompus, en partie ralentis ou ren
dus incertains ». Quoi qu’il ait pu arriver du côté
de la Bohême .continue le Bulletin, l’Empire fran
çais et le Reich grand-allemand devront continuer
à vivre côte à côte. Suit un couplet sur « l’inter
pénétration mutuelle », la « compréhension mu
tuelle des besoins, des nécessités et des droits » et
la malfaisance des « malentendus », ainsi qu’un
appel aux « milieux compréhensifs ». La France
a besoin d’exporter. Ses intérêts ne peuvent être
favorisés par le boycottage des produits allemands.
« En dernière analyse, ce serait l’exportateur fran
çais qui supporterait les frais d’une pareille atti
tude », et le Bulletin de préciser sa menace à propos
des vins dont l’importation en Allemagne pourrait
diminuer de moitié, ce qui obligerait à « faire déna
turer les quantités invendues aux frais du contri
buable français ».
La thèse est présentée habilement et tant de sol
licitude nous touche. Mais on sent très bien, à tra
vers les lignes, que les importateurs allemands sont
au moins aussi ennuyés que peuvent l’être les
exportateurs* français et même plus frappés sans
doute, car l’Allemagne n’importe et n’exporte que
le strict nécessaire. Toute atteinte à son commerce,
dont elle règle minutieusement le cours, porte un
trouble grave dans son économie de guerre. Connue
« 1’évolution en Europe centrale » ne dépend pas
de nous et comme les menaces qui pèsent sur la
paix du monde ne sont pas notre fait, il ne tient
qu’à l’Allemagne de provoquer la détente politique,
laquelle entraînera la détente économique. Puissent
les conséquences de nos instinctifs réflexes l’y inci
ter. « N’oublions jamais, disait le Maréchal Foch,
que lorsqu’il pleut chez nous, il pleut aussi en
face. »
Pleut-il en Autriche ?
L’exposition coloniale, qui devait avoir lieu à
\ ienne entre le 21 juin et le 10 septembre
prochain, a dû être transférée à Dresde « pour
des raisons techniques et malgré l’état avancé
des préparatifs ». Les journaux allemands qui
nous donnent cette nouvelle ne font aucun com
mentaire. Imitons leur prudence...
IV
Discours et réalités
Les discours se suivent... 30 janvier, 26 mars,
28 avril... et il n’en sort aucun éclaircissement.
« Djibouti, Suez, Tunis », clame la branche sud de
l’axe ; mais en oubliant de spécifier s’il s’agit d’une
revendication « totalitaire » ou simplement d’amé
nagements au statu quo actuel. « München Konnte
nicht ewig sein ! » (Munich ne pouvait pas être
éternel), s’écrie la branche nord, ce qui est une
explication, l’explication de l’éternelle politique
allemande, du perpétuel devenir d’une Germanie
toujours en gestation, en bouillonnement et en
marche, mais ne fournit justement pas Vexplica
tion que les Occidentaux attendaient.
Voici plus obscur encore : l’Autriche ? Si Hitler
ne l’avait pas annexée,' « er hàtte sich an der
Vorsehung versündigt » — il aurait commis un
péché à l’endroit de la Providence ! C’est la Pro
vidence qui se sert de lui pour modifier la carte de
l’Europe et la carte du monde, tandis que le Führer
ne rêve que de paix, « so wahr mir Gott helfe »,
il en prend Dieu à témoin ! Or la Providence
veut que Dantzig devienne allemande et que le
Reich dispose d’un passage à travers le corridor
pour ses communications avec la Prusse orientale.
Elle veut aussi — mais plus faiblement, car il ne
sera pas nécessaire de mobiliser, — le retour des
anciennes colonies allemandes ; ces bases straté
giques obtenues, elle voudra sans doute autre chose,
conformément au programme et aux méthodes
exposés dans Mein Kampf.
Dans ces conditions, le mieux pour nous est de
suivre les conseils prodigués par la branche sud :
« Des navires ! des canons ! des avions ! » Il n’y
a plus d’autre réalité.
S’il était besoin de le démontrer une fois de plus,
il suffirait de s’en rapporter à Ylllustrazione Colo
niale qui étudie le potentiel militaire de la Libye
et de l’Afrique du Nord. Le territoire libyen « en
grande partie aride et improductif », peut donner
au maximum un contingent de 70.000 hommes qui
auraient besoin d’être fournis en tout, le pays
n’offrant rien pour le ravitaillement en vivres, en
armes et en munitions : pas assez de céréales, pas
de légumes secs, ni de fruits, sauf 350.000 quin
taux de dattes ; pas de bois de construction ; pas
d’arsenaux ; pas d’eau. Il faudrait tout faire venir
par convois maritimes.
Or « la possession de Pantellaria et des côtes de
Sicile ne signifie par la domination italienne abso
lue sur le canal... En cas de guerre, nos troupes
en Libye pourraient se trouver isolées de la mère-
patrie... La France, qui s’est établie en Algérie
depuis plus d’un siècle, dispose en Afrique du Nord
d’un potentiel militaire de beaucoup supérieur à
celui de la Libye... Les divisions de l’armée noire
peuvent être évaluées à deux millions et demi
d’hommes, vis-à-vis desquels les contingents métro-
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