Titre : Chronique mensuelle / L'Institut colonial français
Auteur : Institut colonial français (Paris). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1923-12-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327925070
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 décembre 1923 05 décembre 1923
Description : 1923/12/05 (A3,N13). 1923/12/05 (A3,N13).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32013828
Source : CIRAD, 2018-238761
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2019
Troisième Année. — N° 13.
Le Numéro : 0 fr. 50
5 Décembre 1923.
de l’Institut
Colonial
CHronique
F rançais
| RÉDACTION & ADMINISTRATION J
La FRANCE chez elle | PARIS (2 e ) - 4, Rue Volney ~ PARIS (2 e ) | Les COLONIES chez elles
aux COLONIES f TÉLÉPHONE : CENTRAL o5-86 ■ j en FRANCE
Abonnements : Union postale, 10 fr.; Etranger, 12 fr. T
t t
CARTHAGE DANS LA NUIT
'«ocOoo»*
De toutes parts, des voix éloquentes et autorisées ont dénoncé la « grande pitié » des ruines de la cité punique
et romaine, des écrivains comme Louis Bertrand, le maître des Villes d'Or, Pierre Mille, etc., des archéologues comme
Stéphane Gsell, le P. Delattre, le D T L. Carton. Ce dernier sest, entre tous, signalé par un zèle inlassable
d'apôtre et d'homme d’action. C'est peut-être à lui que l'on doit non seulement le sauvetage de beaucoup de ces émou
vants vestiges de la puissance passée des civilisations colonisatrices phénicienne el romaine, mais encore ce
mouvement d'opinion qui a enfin éveillé l'intérêt du pays sur cet héritage cl'art et d'histoire, dont le sort est inti
mement lié à l'harmonieux développement de notre civilisation colonisatrice en Tunisie. Fidèles ci notre libérale
tradition d’hospitalité pour toutes les causes d’intérêt national, nous prêtons donc aujourd'hui volontiers notre tri
bune au D r L. Carton, heureux si son appel passionné, après le vœu que nous avons nous-mêmes émis voici un
an, détermine enfin la résurrection de Carthage dans la lumière!
Comme je l’ai indiqué dernièrement dans un article
qu’a publié YEcho de Paris, La lumière n'a pu être faite
jusqu’ici sur la restauration des ruines de Carthage, mal
gré tous les efforts faits par M. Lucien Saint, notre Rési
dent général à Tunis, pour arriver à la solution d’une
question dont le caractère scientifique nécessite qu’il
prenne l’avis de personnes compétentes. J’ai montré com
ment la Direction des Antiquités tunisiennes échappe à tout
contrôle, ou n’accepte que celui qui lui convient, exeipant,
vis-à-vis de la Métropole, de la prétendue impossibilité
d’appliquer à la Tunisie les règlements de la France, et
vis-à-vis du gouvernement tunisien, de son incompétence
pour le diriger ou le juger en matière scientifique.
On s’est souvent demandé pourquoi ce service est aussi
réfractaire à tout changement dans les errements qu’il
suit, alors qu’il y aurait là, si son chef savait le compren
dre, une œuvre capable d’illustrer, à elle seule, la carrière
d’un savant! Et la réponse qui vient le plus souvent sur les
lèvres est celle-ci : « Si on se mettait à faire quelque chose
aux ruines de Carthage, s'il en résultait que celles-ci se
présentent enfin aux visiteurs d’une manière honorable
pour la France, on demanderait : pourquoi n’y a-t-on pas
fait cela plus tôt? » En effet, c’est avec une surprise indignée
que les étrangers constatent que la France en est encore,
à Carthage, à des errements archaïques abandonnés, ail
leurs, depuis près d'un siècle. On sait qu’à une certaine
époque, on dépouillait toutes les grandes ruines pour enri
chir les musées. On avait alors le prétexte ou la raison de
l’impossibilité de les protéger. Mais cette période barbare
a cessé : partout on conserve sur place tout ce qui 1 peut
l’être. Elle ne persiste plus qu'à Carthage, placée sous la
garde de la France et où la France a un Service des Anti
quités En ce moment même on y enlève, paraît-il, une
mosaïque découverte par des Américains dans une villa
dont les murs ont 5 à (3 mètres de hauteur!
On pourrait croire que j'exagère; on m'en a accusé. Et
je suis ainsi autorisé, pour me défendre, à citer des faits,
il y a tout d’abord la faute initiale, signalée dans une
lettre de M. Gsell que j’ai reproduite, par laquelle le gou
vernement ne s'est pas attribué ce sol de Carthage à une
époque où il avait une valeur infime. Il aurait pu se réser
ver ainsi la possibilité de l’explorer complètement et à
loisir. Plus tard, ce fut l'autorisation donnée, pendant plus
de vingt années, aux indigènes, de détruire les ruines,
sans même qu’il y ait eu un gardien pour les surveiller.
Puis ce fut, plus près de nous, la vente, à un proprié
taire Israélite de Carthage, par l’archevêché, de centaines
d’hectares en pleines ruines, appartenant à cette surface
dont, avec raison, M. Audollent a dit quelle constituait
une précieuse réserve pour les futures explorations. Le
nouveau propriétaire y a planté de la vigne et, si on veut
le racheter, il faudra payer ce terrain à un prix très élevé.
La colline du Koudiat-el-Hoysia offre un intérêt archéo
logique considérable. Bcuté l’a dit, dès 1859, MM. Salo
mon et Reinach l’ont affirmé à leur tour. La découverte
d'un monument renfermant de magnifiques statues en terre
cuite, que j'ai faite ensuite, l’a prouvé. Elle est formée de
ruines et de remblais qui ont une épaisseur de 13 mètres.
On l'a laissé couvrir presque entièrement de villas, sans y
avoir fait de sondages préalables.
Le Numéro : 0 fr. 50
5 Décembre 1923.
de l’Institut
Colonial
CHronique
F rançais
| RÉDACTION & ADMINISTRATION J
La FRANCE chez elle | PARIS (2 e ) - 4, Rue Volney ~ PARIS (2 e ) | Les COLONIES chez elles
aux COLONIES f TÉLÉPHONE : CENTRAL o5-86 ■ j en FRANCE
Abonnements : Union postale, 10 fr.; Etranger, 12 fr. T
t t
CARTHAGE DANS LA NUIT
'«ocOoo»*
De toutes parts, des voix éloquentes et autorisées ont dénoncé la « grande pitié » des ruines de la cité punique
et romaine, des écrivains comme Louis Bertrand, le maître des Villes d'Or, Pierre Mille, etc., des archéologues comme
Stéphane Gsell, le P. Delattre, le D T L. Carton. Ce dernier sest, entre tous, signalé par un zèle inlassable
d'apôtre et d'homme d’action. C'est peut-être à lui que l'on doit non seulement le sauvetage de beaucoup de ces émou
vants vestiges de la puissance passée des civilisations colonisatrices phénicienne el romaine, mais encore ce
mouvement d'opinion qui a enfin éveillé l'intérêt du pays sur cet héritage cl'art et d'histoire, dont le sort est inti
mement lié à l'harmonieux développement de notre civilisation colonisatrice en Tunisie. Fidèles ci notre libérale
tradition d’hospitalité pour toutes les causes d’intérêt national, nous prêtons donc aujourd'hui volontiers notre tri
bune au D r L. Carton, heureux si son appel passionné, après le vœu que nous avons nous-mêmes émis voici un
an, détermine enfin la résurrection de Carthage dans la lumière!
Comme je l’ai indiqué dernièrement dans un article
qu’a publié YEcho de Paris, La lumière n'a pu être faite
jusqu’ici sur la restauration des ruines de Carthage, mal
gré tous les efforts faits par M. Lucien Saint, notre Rési
dent général à Tunis, pour arriver à la solution d’une
question dont le caractère scientifique nécessite qu’il
prenne l’avis de personnes compétentes. J’ai montré com
ment la Direction des Antiquités tunisiennes échappe à tout
contrôle, ou n’accepte que celui qui lui convient, exeipant,
vis-à-vis de la Métropole, de la prétendue impossibilité
d’appliquer à la Tunisie les règlements de la France, et
vis-à-vis du gouvernement tunisien, de son incompétence
pour le diriger ou le juger en matière scientifique.
On s’est souvent demandé pourquoi ce service est aussi
réfractaire à tout changement dans les errements qu’il
suit, alors qu’il y aurait là, si son chef savait le compren
dre, une œuvre capable d’illustrer, à elle seule, la carrière
d’un savant! Et la réponse qui vient le plus souvent sur les
lèvres est celle-ci : « Si on se mettait à faire quelque chose
aux ruines de Carthage, s'il en résultait que celles-ci se
présentent enfin aux visiteurs d’une manière honorable
pour la France, on demanderait : pourquoi n’y a-t-on pas
fait cela plus tôt? » En effet, c’est avec une surprise indignée
que les étrangers constatent que la France en est encore,
à Carthage, à des errements archaïques abandonnés, ail
leurs, depuis près d'un siècle. On sait qu’à une certaine
époque, on dépouillait toutes les grandes ruines pour enri
chir les musées. On avait alors le prétexte ou la raison de
l’impossibilité de les protéger. Mais cette période barbare
a cessé : partout on conserve sur place tout ce qui 1 peut
l’être. Elle ne persiste plus qu'à Carthage, placée sous la
garde de la France et où la France a un Service des Anti
quités En ce moment même on y enlève, paraît-il, une
mosaïque découverte par des Américains dans une villa
dont les murs ont 5 à (3 mètres de hauteur!
On pourrait croire que j'exagère; on m'en a accusé. Et
je suis ainsi autorisé, pour me défendre, à citer des faits,
il y a tout d’abord la faute initiale, signalée dans une
lettre de M. Gsell que j’ai reproduite, par laquelle le gou
vernement ne s'est pas attribué ce sol de Carthage à une
époque où il avait une valeur infime. Il aurait pu se réser
ver ainsi la possibilité de l’explorer complètement et à
loisir. Plus tard, ce fut l'autorisation donnée, pendant plus
de vingt années, aux indigènes, de détruire les ruines,
sans même qu’il y ait eu un gardien pour les surveiller.
Puis ce fut, plus près de nous, la vente, à un proprié
taire Israélite de Carthage, par l’archevêché, de centaines
d’hectares en pleines ruines, appartenant à cette surface
dont, avec raison, M. Audollent a dit quelle constituait
une précieuse réserve pour les futures explorations. Le
nouveau propriétaire y a planté de la vigne et, si on veut
le racheter, il faudra payer ce terrain à un prix très élevé.
La colline du Koudiat-el-Hoysia offre un intérêt archéo
logique considérable. Bcuté l’a dit, dès 1859, MM. Salo
mon et Reinach l’ont affirmé à leur tour. La découverte
d'un monument renfermant de magnifiques statues en terre
cuite, que j'ai faite ensuite, l’a prouvé. Elle est formée de
ruines et de remblais qui ont une épaisseur de 13 mètres.
On l'a laissé couvrir presque entièrement de villas, sans y
avoir fait de sondages préalables.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.51%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.51%.
- Auteurs similaires Institut colonial français Institut colonial français /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Institut colonial français" or dc.contributor adj "Institut colonial français")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k32013828/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k32013828/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k32013828/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k32013828
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k32013828
Facebook
Twitter