Titre : Chronique mensuelle / L'Institut colonial français
Auteur : Institut colonial français (Paris). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1923-10-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327925070
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 octobre 1923 05 octobre 1923
Description : 1923/10/05 (A3,N9). 1923/10/05 (A3,N9).
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3201378c
Source : CIRAD, 2018-238761
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/02/2019
Troisième Aimé 1 . — X 9.
Le Numéro : 0 fr. 50
5 Octobre 1920.
Chronicfue
de l’Institut
Colonial Français
t RÉDACTION & ADMINISTRATION f
La FRANCE chez elle J PARIS (2 e ) - 4, Rue Volney - PARIS (2 e ) J Les COLONIES chez e iie.
aux COLONIES | TÉLÉPHONE : CENTRAL o5-S6 t ™ FRANCE
I Abonnements : Union postale, 10 fr.; Etranger, 12 fr. |
T; 'T
LE DRAME ORIENTAL A DAMAS
Sous ce titre, M. Pierre Lyautey, dont la magistrale étude sur le « Drame Oriental et le rôle de la Fiance »
que nous analysons plus loin, vient de paraître en librairie avec succès, veut bien inaugurer pour nous la série des
leaders qui ouvriront désormais chaque quinzaine notre Chronique transformée■ Fous ne pouvions mieux faire,
pensons-nous, et pour le plus grand plaisir de nos lecteurs comme pour le nôtre, que d'associer au début de cette
nouvelle jihase de notre jeune effort, le bonheur de cette jeune et vibrante pensée, toute empreinte de sa race, et
toute riche de sève et d'avenir.
Devant le désert rose et ocre qui, par Palmyre, s’étend
jusqu'à Bagdad, Damas monte le guet. Deux chaînes fran
chies par une roule et un chemin de fer, le Liban et l’Anti-
Liban, la séparent de la Méditerranée. Le Barada, des
cendu des crêtes qui dominent la Békaa — peut-être la
Terre Promise — l’arrose de mille canaux avant de se
perdre dans les sables. Tout autour de la ville, c’est une
forêt d’abricotiers. Le soleil se mire dans un miroir de ver
dure. Les saules et les noyers, les peupliers et les platanes
donnent parfois, à cette terre chaude et féconde, l’aspect
d’un jardin du Valois. Les pistes suivies depuis qu’il y a
des hommes, amènent de Mésopotamie, du Bosphore et
d’Anatolie, d’Egypte et de Palestine, les caravanes comme
les penseurs. Damas est un marché ,par le dessin de l’Asie
Mineure, un foyer de l’esprit par son atmosphère, sa cou
leur, son charme, qui portent à l’élégance, à la contro
verse ou à la poésie.
Avant notre ère, de siècle en siècle, Damas est ou rede
vient capitale. Après Mahomet, l’Islam né dans le désert
d’Arabie y prend le contact avec la civilisation. Le pre
mier Omeyade Moawia, l’un des secrétaires du Prophète,
confie son principal ministère, celui des Finances, au tré
sorier d’Héraelius, le basile battu par les Arabes. Tandis
que l’Europe morcelée depuis le démembrement de l’Em
pire romain attendait Charlemagne, l’industrie fleurit à
Damas. Une décoration souple et légère comme de la den
telle vole sur les lames et les armures, les lampes et les
plateaux, les velours et les soies. Les bois s’incrustent
d’ivoire,, de nacre ou d’argent. Les voûtes, les chapiteaux
et les vasques sont dans les mosquées comme découpés
par tant de sculptures, d’inscriptions et d’arabesques qui
tamisent la lumière. Walid, l’un des plus célèbres parmi
les Omeyades transforme la grande basilique en mosquée :
celle-là même qu'on admire aujourd'hui encore.
Pendant les Croisades, Xoured-Din, fils de l’Ababek de
Mossoul, y règne en maître sur la Syrie et la Mésopota
mie pour disputer à Amaury l’Empire de l’Egypte.
Saladin, dont le tombeau est toujours vénéré, dirige
de Damas ses opérations contre les royaumes latins et leur
défenseur, Renaud de Châtillon, fièrement campé vers
Médine sur le crac de Montréal. Lieutenant des Mame
louks, Bibars, vainqueur des Mongols, y domine en Sultan
après l’assassinat de son souverain.
Au début du xvi e siècle, les califes de Constantinople
s'en emparent; Soliman construit la Tekkié, la grande der-
vicherie vallonnée de coupoles pures comme le lait ; mais
Stamboul l’emportera désormais du Danube à la Mer
Rouge.
*
* *
Il a fallu que les idées de 1789 et de 1848 cheminent jus
que dans l’Empire Ottoman pour que Damas se relève d’une
léthargie de quatre siècles. Pendant que l’Angleterre s’ins
talle en Egypte, l’Arabie fermente. Des- pamphlets circu
lent, une doctrine s’élabore. Et, au Sud, dans cette mo
saïque de Saints et de marchands, de tribus et de seigneu
ries que baignent la Mer Rouge et le Golfe Persique, tout
un monde est en ébullition : les Emirs du Nedjed et des
Chammàls, l’Iman du Yemen, le Sultan de Koweit.
Un mouvement se dessine dans la Chambre Ottomane
qui conduit la représentation arabe à demander sa part du
pouvoir, qui pousse des hommes de culture à réclamer des
libertés qu’Abdul-Hamid et les Jeunes-Turcs leur avaient
refusées : un Comité national arabe invoque au Caire où
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LE DRAME ORIENTAL A DAMAS
Sous ce titre, M. Pierre Lyautey, dont la magistrale étude sur le « Drame Oriental et le rôle de la Fiance »
que nous analysons plus loin, vient de paraître en librairie avec succès, veut bien inaugurer pour nous la série des
leaders qui ouvriront désormais chaque quinzaine notre Chronique transformée■ Fous ne pouvions mieux faire,
pensons-nous, et pour le plus grand plaisir de nos lecteurs comme pour le nôtre, que d'associer au début de cette
nouvelle jihase de notre jeune effort, le bonheur de cette jeune et vibrante pensée, toute empreinte de sa race, et
toute riche de sève et d'avenir.
Devant le désert rose et ocre qui, par Palmyre, s’étend
jusqu'à Bagdad, Damas monte le guet. Deux chaînes fran
chies par une roule et un chemin de fer, le Liban et l’Anti-
Liban, la séparent de la Méditerranée. Le Barada, des
cendu des crêtes qui dominent la Békaa — peut-être la
Terre Promise — l’arrose de mille canaux avant de se
perdre dans les sables. Tout autour de la ville, c’est une
forêt d’abricotiers. Le soleil se mire dans un miroir de ver
dure. Les saules et les noyers, les peupliers et les platanes
donnent parfois, à cette terre chaude et féconde, l’aspect
d’un jardin du Valois. Les pistes suivies depuis qu’il y a
des hommes, amènent de Mésopotamie, du Bosphore et
d’Anatolie, d’Egypte et de Palestine, les caravanes comme
les penseurs. Damas est un marché ,par le dessin de l’Asie
Mineure, un foyer de l’esprit par son atmosphère, sa cou
leur, son charme, qui portent à l’élégance, à la contro
verse ou à la poésie.
Avant notre ère, de siècle en siècle, Damas est ou rede
vient capitale. Après Mahomet, l’Islam né dans le désert
d’Arabie y prend le contact avec la civilisation. Le pre
mier Omeyade Moawia, l’un des secrétaires du Prophète,
confie son principal ministère, celui des Finances, au tré
sorier d’Héraelius, le basile battu par les Arabes. Tandis
que l’Europe morcelée depuis le démembrement de l’Em
pire romain attendait Charlemagne, l’industrie fleurit à
Damas. Une décoration souple et légère comme de la den
telle vole sur les lames et les armures, les lampes et les
plateaux, les velours et les soies. Les bois s’incrustent
d’ivoire,, de nacre ou d’argent. Les voûtes, les chapiteaux
et les vasques sont dans les mosquées comme découpés
par tant de sculptures, d’inscriptions et d’arabesques qui
tamisent la lumière. Walid, l’un des plus célèbres parmi
les Omeyades transforme la grande basilique en mosquée :
celle-là même qu'on admire aujourd'hui encore.
Pendant les Croisades, Xoured-Din, fils de l’Ababek de
Mossoul, y règne en maître sur la Syrie et la Mésopota
mie pour disputer à Amaury l’Empire de l’Egypte.
Saladin, dont le tombeau est toujours vénéré, dirige
de Damas ses opérations contre les royaumes latins et leur
défenseur, Renaud de Châtillon, fièrement campé vers
Médine sur le crac de Montréal. Lieutenant des Mame
louks, Bibars, vainqueur des Mongols, y domine en Sultan
après l’assassinat de son souverain.
Au début du xvi e siècle, les califes de Constantinople
s'en emparent; Soliman construit la Tekkié, la grande der-
vicherie vallonnée de coupoles pures comme le lait ; mais
Stamboul l’emportera désormais du Danube à la Mer
Rouge.
*
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Il a fallu que les idées de 1789 et de 1848 cheminent jus
que dans l’Empire Ottoman pour que Damas se relève d’une
léthargie de quatre siècles. Pendant que l’Angleterre s’ins
talle en Egypte, l’Arabie fermente. Des- pamphlets circu
lent, une doctrine s’élabore. Et, au Sud, dans cette mo
saïque de Saints et de marchands, de tribus et de seigneu
ries que baignent la Mer Rouge et le Golfe Persique, tout
un monde est en ébullition : les Emirs du Nedjed et des
Chammàls, l’Iman du Yemen, le Sultan de Koweit.
Un mouvement se dessine dans la Chambre Ottomane
qui conduit la représentation arabe à demander sa part du
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