Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1938-10-10
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 10 octobre 1938 10 octobre 1938
Description : 1938/10/10 (A38,N41). 1938/10/10 (A38,N41).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6272105n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
Aujourd'hui ceux qui se lamentent,
ceux qui récriminent sont les mimes
qui hier encore ne voulaient ni en-
tendre, ni prévoir, ni construire.
La leçon est sévère. puissM-elle
être salutaire.
• (La Journée Industrielle).
- Lundi 10 ocfobre 1938. - Fondateur Marcel RUEDEL. Edition helidomaClairé. - Prix du numéro : Un franc 38° année. N" 4î*
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Les Anna les Coloniales
M~St~aMtHMtbM~
o.,
DIRECTION
RÉDACTION
12, rue Le Peletier, Paris Jla). - Téléphone : Provence 49.81 et 82. –C. C. pos taux" Paris-147385.
Correspondants, particuliers dans tout l'Empire et dans les ports-de la Métropole.
- Les manuscrits ne sont pas rendus.
Les annonces sont reçues à Paris, 12, rue Le Peletier (9e),
par la Société Africaine de Publicité et d'Editions françaises, ,'"
ADMINISTRATION
PUBLICITÉ
ABONNEMENTS
France et Colonies.1 an : 50 franc* 6 mois : 30 francs
.Etranger et Colonies.vaiw*ww*w 1 an : 70 francs 6 mois : 40 francs
LE PLUS PARISIEN
LE PLUS COLONIAL
France et Ctolonies..1 an : 200 francs par 5 PROpIA,. A uni
Etranger et Colonies1 an ; 300 francs aumérOti PROPAGMIS
AU CONGRÈS DE L'UNION INTERPARLEMENTAIRE
LE PROBLEME
COLONI AL
(SUITE)
par Mario ROUSTAN, sénateur, ancien ministre, président de
Je Commission sénatoriale des Colonies et du groupe français
o'e l'Union interparlementaire
J'ai indiqué, dans un précédent article, quel était J'état de la dis-
cussion sur le problème colonial lorsque les parlementaires français
sont intervenus dans le débat.
Je rappelle d'un mot nos traditions. Le groupe français se réu-
nit avant les séances des commissions, avant et pendant les séances
des conférences générales. Il discute l'opinion ou les opinions qui
seront développées et soutenues en son nom. Il désigne ceux qui au-
ront mission de les développer et de les soutenir. Ceux-là seuls peu-
vent se dire ses interprètes qui ont été « mandatés » par lui.
Le premier orateur français, inscrit dans le débat, était M. Gau-
therot, sénateur de la Haute-Loire, qui a fait partie de la commission
sénatoriale des colonies et des protectorats ; très préoccupé des
questions coloniales, M. Gautherot est notamment l'auteur d'une pro-
position relative au transsaharien, déposée sur le bureau du Sénat et
Qui sera examinée après la rentrée des Chambres.
Pour lui, pour le groupe français, l'échange d'idées qui a eu lieu
aux commissions qui ont tenu leur séance à Nice, et qui a lieu à la
XXXIV6 Conférence de la Haye, ne peut porter que sur un point
bien défini : le problème n'est posé que sur le terrain économique.
A qui voudrait l'en faire sortir, la réponse serait identique de la part
de tous les Etats qu'on appelle « pourvus ». Aucun ne consentirait
à « amener son pavillon », aucun ne se résignerait à « déchirer les
inille liens qui l'unissent à l'une quelconque des colonies ». Ces liens,
Forateur les a rappelés en quelques phrases éloquentes. Il en a montré,
Je nombre, la force, la solidité. - -
Qu'est-ce d'ailleurs qu'une redistribution des colonies, sinon le
prélude, l'annonce d'une redistribution des territoires métropoli-
tains ? Et qu'est-ce qu'une redistribution des territoires métropoli-
tains, sinon le prélude, l'amorce d'une guerre générale, d'autant plus
abominable qu'elle serait excitée par le déchaînement des appétits
dont certains sont connus et dont d'autres se révèleraient au milieu
du désordre de l'univers ?
On devine que cette déclaration a vivement frappé les auditeurs
et dissipé tous les malentendus probables. C'était plus qu'une, pré-
caution oratoire. C'était le « Tu n'iras pas plus loin », qui fixait la
- limité infranchissable. Après cela, le sénateur Gàutherot- pouvait
aller aussi loin que -possible dans l'affirmation que la délégation
française apportait son adhésion pleine et entière à la politique de
ia porte ouverte, et que sa doctrine était de favoriser, de développer
constamment la participation de tous les Etats à l'exploitation des
ressources coloniales - de l'Emoire francais.
Toutefois une remarque s'imposait. Quel que soit l'ingéniosité
ou l'opportunité de leurs excuses, il y a un certain nombre de nations
qui se declarent tideles au régi-
me de l'autarcie, qui se font gloi-
re de le mettre en pratique, qui
s'en vantent en des occasions so-
lennelles. Or, on a beau épiloguer:
l'autarcie est le régime diamétra-
lement opposé à toute colIabora-
tion économique entre les Etats.
Comment donc ses partisans sont-
ils fondés à réclamer cette politi-
que libérale dans les colonies des
autres Etats, lorsqu'ils se font les
apôtres, dans leur propre pays, de
la politique la plus illibérale et la
plus préjudiciable aux échanges
internationaux ?
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
L'ACTUALITÉ
COLONIALE
A PARIS
* Le gouverneur général Le Beau
est arrivé pour un court séjour dans
la capitale.
A MOSTAGANEM
* Les dockers refusent à nouveau
de faire des heures supplémentaires.
Ce conflit qui semblait définitivement
réglé rebondit ainsi sans motif plau-
sible.
A CASABLANCA
* Les légionnaires Schmitt et Ben-
kart, assassins du capitaine Prague,
ont été condamnés à mort par le tribu-
nal militaire.
A POUALA
* Au terme de sa mission d'inspec-
tion sanitaire en A. E. F. et au Came-
roun, le professeur Achard, membre de
l'Institut, s'est embarqué pour la
France.
A SAIGON
* Le gouverneur général Brévié a
inauguré la vente de charité organisée
par le Comité de la Croix-Rouge pour
venir en aide à ses diverses oeuvres.
A PNOM PENH
* La cérémonie d'ouverture du Pre-
mier Sillon, marquant traditionnelle-
ment le début de la saison des labours,
-a été célébrée en présence de S. M. Mo-
nivong.
A HANOI
* Le Conseil français des intérêts
économiques et financiers du Tonkin a
ouvert sa session ordinaire sous la pré-
sidence du résident supérieur Châtel.
A SHANGHAI
* M. Tong Chao Yi, ex-ministre
chinois, a été assassiné dans la villa
de la concession française où il s'était
réfugié.
A TIEN-TSIN
* Pour protester contre l'accueil
accordé aux éléments antinippons par
les autorités des concessions françaises
et britanniques, le Japon a ordonné à
tous ses ressortissànts de quitter - ces
concessions.
A SAINT-PIERRE
* Les restes du R. P. Payeur, dis-
paru lors d'une excursion dans la Mon-
tagne Pelée, ont été découverts dans le
Ut de la Rivière Chaud..
« Dans notre gratitude envers les hommes d'Etat qui ont évité la mort à des millions
d'êtres humains et sauvé la civilisation européenne, n'oublions pas M. Franklin ROOSE-
VELT qui, à l'heure où tout espoir semblait perdu, a fait le geste de salut que nous atten-
dions de lui. En adressant des appels à MM. HITLER et BENES et en suggérant l'idée de
la réunion des chefs des principaux gouvernements européens, il a facilité la Conférence
de Munich d'où est sortie la Paix. Merci. Monsieur ROOSEVELT ».
Jean de BEAUMONT (Le Capital)
Le ministre des Colonies vient, pai
une récente décision, de permettre aus
Indochinois d'accéder à tous les grade:
de l'armée sans perdre leur nationalité
Cette nouvelle est un peu passée ina-
perçue à côté des nouvelles sensation-
nelles qui ont été publiées ces jours
derniers. Elle ne méritait d'ailleurs pas
une place plus importante en regard
des événements historiques qui se sont
déroulés en une semaine. On nous per-
mettra néanmoins d'y revenir, car cette
décision était depuis longtemps récla-
mée par les indigènes et elle crée un
régime d'égalité qui aura d'importan-
tes répercussions.
Que se passait-il jusqu'à présent ?
Les Indochinois avaient le droit de
s'engager. On les invitait même à le
faire en donnant au recrutement une
énergique impulsion. Mais ils n'avaient
pas la possibilité de devenir officiers.
Au bout de douze ans de services, ils
pouvaient entrer cependant au Centre
de perfectionnement de Sept-Pagodes,
école analogue à celle de Fréjus pour
les : Sénégalais.
Pendant un. art, on -les- initiait q^ £ 2 peu-aux problèmes militaires et ils sor-
taient de là, avec un certificat d'apti-
tude ou plutôt avec un brevet de chef
de section qui leur permettait de con-
quérir leurs galons de sous-officiers.
Quelques sujets particulièrement loyaux
et qui avaient donné de grandes preu-
ves de leur dévouement à la patrie de-
venaient peu à peu sous-lieutenants,
lieutenants, voire même. capitaines.
Ce cas était toutefois exceptionnel et
constituait le couronnement d'une car-
rière magnifique.
En prenant sa décision, le ministre
a modifié complètement cet état de
choses. Les Indochinois auront, en effet,
accès à toutes nos écoles militaires en
bénéficiant du régime intermédiaire
entre celui des étrangers et celui des
Français.
D'une part, ceux qui seront nantis
des titres universitaires nécessaires
pourront se présenter aux concours de
Saint-Cvr ou de Polytechnique et pas-
seront des examens identiques à ceux
que subissent les Français.
D'autre part, les écoles de Saint-
Maixent pour l'infanterie, de Poitiers,
pour l'artillerie, (J^ÏMeanes pour l'àd-
Dilixistratlon. 'Sfirtar'ouvertes; après
concours, aux sous-Officiers capables
d'accéder aux grades supérieurs. Ils ne
pourront cependant entrer à Saumur,
qui est une école de cavalerie, car au-
cune unité de cette nature n'existe en
Indochine. Mais il est possible qu'ils
entrent également à l'Ecole de l'Air,
voire même à l'Ecole navale.
Une fois leurs galons conquis, ils ne
pourront remplir leurs fonctions qu'en
Indochine, en collaboration avec les
cadres supérieurs français de l'armée
de notre colonie d'Extrême-Orient.
Cette décision intervient à un mo-
ment où l'Indochine'a donné à la patrie
les meilleures preuves de sa fidélité et
de son loyalisme. Non seulement, elle
a répondu d'un élan généreux à l'appel
de la France en doublant ses effectifs
militaires, mais elle a souscrit à l'em-
prunt de Défense nationale qui doit
couvrir ces dépenses supplémentaires.
Alors que 30 millions de piastres étaient
demandés, c'est 44 millions qui ont été
versés. Et chacun, même le plus hum-
ble indigène, a tenu à offrir son obole.
(LIRE LA SUITE PAGE TR018)
Pour les étudiants
d outre-mer
M. Georges Mandel, ministre des Co-
lonies, a décidé, d'accord avec le minis-
tère de l'Education nationale, de créer
à Paris un bureau d'accueil pour les
étudiants d'outre-mer.
Ce bureau, dont le fonctionnement
sera assuré grâce à des subventions
accordées par les gouvernements colo.
niaux, recevra les étudiants coloniaux,
facilitera leur installation dans les cen-
tres universitaires et s'intéressera à
l'orientation de leurs études. Il favori-
M. GOUX
Plaque tournante de l'Atlantique, vil-
le impériale de notre Afrique noire,
Dakar est incontestablement la ville
coloniale qui se développe avec la plus
grande rapidité.
Qui pourrait dire avec certitude ce
que sera dans vingt ans, dans dix ans
même, cette grande cité en plein essor f
Si on ne peut le dire il importe ce-
pendant de le prévoir et de doter la ca-
pitale de l'A. O. F. de toutes les créa-
tions d'urbanisme qui lui sont d'ores
et déjà et lui seront plus encore dans
un proche avenir indispensables.
C'est à cette tâche que s'est voué,
avec toute son intelligence et tout son
cœur M. Goux, maire de Dakar, qui
veut bien nous accueillir aujourd'hui.
Ce qui a manqué à Dakar, dès ses
débuts, nous déclaré M. Goux, c'est un
plan logique et harmonieux de dévelop-
pement.
« Je songe en vous disant cela, à ce qui
fut fait au Maroc, pour Casablanca par
exemple dès les premières années du
protectorat.
« Dakar est évidemment née en d'au-
tres temps et sous d'autres auspices
et nous nous trouvons aujourd'hui
en face d'une tâche de transformation,
plus délicate, plus difficile, même
qu'une tâche de création- -
UN PLAN
D'URBANISME POUR DAKAR
« Toute transformation qui n'apporte pas un
progrès humain ou une assurance d'avenir
est une erreur. Mieux vaut ne rien faire
que de ne pas faire ce qu'il faut.»
--- - A. GOUX (maire de Dakar)
« Le développement de notre port, l'ex.
tension des affaires et de leurs besoins,
le peuplement sans cesse croissant de
la cité ont dépassé les cadres premiers
de celle-ci et obligent en quelque sorte
à en remodeler le visage.
« Mais il n'y a pas que les exigences
du présent à satisfaire. Ce que nous
pouvons augurer de l'avenir nous im-
pose de voir large et grand.
« On nous a reproché d'ailleurs de
voir trop grand. »
M. Goux prend un temps n'achève
pas mais nous devinons ce qu'il
pourrait ajouter : quoi de trop grand
pour l'avenir si grand de Dakar ?
La municipalité, poursuit notre
éminent interlocuteur, n'a cependant
travaillé jusqu'à présent que selon un
programme inspiré par des nécessités
immédiates. C'est ainsi par exemple
qu'elle s'est préoccupée d'accueillir un
nombre sans cesse accru d'enfants dans
ses écoles et qu'il a fallu pour cela
construire de nouveaux établissements,
en plus des anciens que l'on agrandis-
sait ou rénovait.
« Dans les projets municipaux figure
- autre exemple la construction
d'une usine d'incinération des ordures
ménagères et des animaux morts. En-
core actuellement nous sommes obli-
gés de brûler ces divers déchets sur des
lits de paille arrosés-de pétrole. Ce qui
subsiste est jeté à la mer. qui nous
le rapporte ponctuellement à marée
haute !. Vous avouerez qu'une grande
ville comme Dakar peut exiger du mé-
thodes moins primitives pour la résorp-
tion de ses issues, et ce simple fait sou-
ligne assez, je pense, le réalisme de
nos buts.
Certainement. Mais on vous
prête des projets plus étendus encore.
.plus étendus et non moins ur-
gents. Le premier de tous, celui auquel
je m'attache tout particulièrement, a
trait à la construction de la nouvelle
« Medina > (de la nouvelle ville in-
digène si vous préférez) ̃– sur les ter-
rains situés en bordure de la route de
Ouakam.
« Il faut bien dire que Dakar compte
encore dans les îlots délimités par ses
grandes voies modernes, trop de quar-
tiers insalubres, trop de taudis où une
population indigène très dense vit dans
des conditions matérielles déplorables.
<; II y a là pour notre ville et en dépit
de tous les efforts de surveillance des
services d'hygiêne un danger perma-
nent sur lequel je reviendrai tout à
l'heure.
« Il faut.évacuer ces quartiers de ma-
sures et recréer ailleurs, en terrain li-
bre, une ville nouvelle.
« Mais ici et je tiens à insister sur
ce point - il ne s'agit pas de transfé-
rer d'un endroit à un autre des foyers
de misère et peut-être d'infection. Pour
être justifié, ce transfert doit s'accom-
pagner d'un progrès incontestable dans
les conditions de vie de la population
qui en fera l'objet..
.(LIRE LA SUITE RAGE TROIS)
Un beau geste
des coloniaux
de Bordeaux
Le centre mobilisateur des troupes
coloniales de Bordeaux a démobilisé la
semaine dernière les réservistes appelés
au cours des journées d'angoisse que
vient de vivre le peuple de France.
En quittant la caserne, les réservis-
tes ont tenu à accomplir un acte de pa-
triotisme et de souvenir.
Après la minute de silence et de re-
cueil, le chef de bataillon Bugeaud, a
félicité et remercié les réservistes de
leur pieuse pensée.
Un tel acte devait être signalé.
UN COIN D'AFRIQUE A VIVIFIER t
GAO ET SA RÉGION
par Albert LE BAIL, député, vice-présidenf
du groupe parlementaire de t'A. 0. F.
Au bord de la grande nappe d'eau
calme du Niger, bordé sur la rive op-
posée d'un exquis lacis d'îlots très
verts et de grandes falaises roses, la
vieille ville de Gao assemble ses mai-
sons brunes faites de banko.
Lorsque le soir tombe et que la
grande chaleur du jour s'est calmée,
les bords du fleuve s'animent. De jolies
statues d'ébène s'ébattent dans l'eau
bleuâtre, sur le fond rose du ciel.
Beaucoup de poésie, dans un cadre
où rien ne tranche très nettement, mais
qui est tout rempli du charme intense
de l'Afrique.
C'est à Gao que les principales rou-
tes sahariennes se joignent. D'après
certains projets, c'est à cette ville
qu'aboutirait le chemin de fer traver-
sant le désert, en attendant qu'il soit
prolongé jusqu'au cœur du Soudan.
Il n'est donc point sans intérêt d'exa-
miner quelles sont les ressources du
vaste cercle de Gao, qui, avec ses
422.000 kilomètres carrés, représente à
peu près la superficie des quatre cin-
quièmes de la France, étant le plus
grand du Soudan avec celui de Tom-
bouctou.
Sa richesse, disons-le dès à présent,
que l'on considère sa population et son
activité économique ou agricole, ne cor-
respond nullement à cette étendue.
Le Niger le traverse bien sur ua
parcours de 460 kilomètres, mais le Ni.
ger n'est pas le Nil. Ses crues ne lais-
sent point derrière elles un limon fer-
tilisant propice à la culture intensive.
Il peut faire naître la richesse non par
ses inondations, mais par les irriga-
tions que son énorme volume d'eau : per-
met. C'est, du reste, loin du cercle, vera
Ségou, que le programme d'irrigation
se poursuit sous la direction de l'Office
du Niger.
L'immense cercle de Gao n'est peu-
plé que de 160.000 habitants, dont
80.000 sédentaires. La plupart sont des
pasteurs, car le climat et l'absence
d'eau ne permettent que rarement la
culture.
pire, détruit au xvr siècle par une ex-
pédition arabo-berbère venant de Mar-
rakech, peu nombreuse, mais forte de
la puissance de ses fusils, qui étaient
au Niger une absolue nouveauté.
Les nomades sont ou des Touareg
ou des Maures. Us parcourent les im-
menses espaces désertiques qui compo-
sent la presque totalité du cercle.
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)'
Graves incidents à - Thiès
Les grévistes du Dakar-Niger
tentent d'empécher Ies non-
grévistes de se rendre au tra-
vail - La troupe débordée,
fait-usage de ses armes
(De notre correspondant particulier)
Dakar, le 2 octobre.
De graves incidents se sont produits
à Thiès, qui ont soulevé la plus grande
émotion dans tout le pays.
Voici les faits :
Depuis quelque temps, une certaine
agitation était fomentée parmi les ou-
vriers stagiaires du Dakar-Niger, qui
estimaient leurs salaires insuffisants.
Trouvant qu'ils n'étaient pas soutenus
par leurs collègues des cadres, ils
étaient en train de former un syndicat,
sous la direction d'un des leurs, em-
ployé à Dakar.
- Ce dernier ayant été muté à Gossas,
la tension s'aggrava, et des menaces
furent échangées.
Travaillés par des meneurs, les jour-
naliers de Thiès décidèrent, lundi, de
se mettre en grève.
Les forces de police alertées permi-
rent à environ 250 ouvriers de rejoin-
dre leur poste, en passant par le pas-
sage à niveau.
Exaspérés par cet échec, les grévis-
tes s'armèrent de pierres, de gourdins
et même de coupe-coupes et se diri-
gèrent vers les bureaux du D. N.,
échangeant des coups avec la police,
qui s'efforçait de conserver le contrôle
de la situation.
L'arrivée de petits pelotons de trou-
pes demandés par la direction n'arrêta
pas les bagarres. Soldats et agents fu-
rent bombardés de pierres et bouscu-
lés. Quelques tirailleurs furent acculés
et se trouvèrent en danger.
Un officier, isolé et menacé par un
groupe de manifestants, l'œil tuméfié,
blessé, tira un coup de revolver en l'air,
ce qui lui permit de se dégager.
Refoulés du passage à niveau, lesi
manifestants firent un détour et, par-
venus sur la voie ferrée, commencèrent
à bombarder de pierres le service d'or-
dre. Les tirailleurs se mirent à l'abri
derrière les arbres, les manifestants
avancèrent et, retrouvant les pierres;
qu'ils avaient lancées, continuèrent à'
lapider les tirailleurs. t
Le service d'ordre, à ce moment un
peu dispersé, se trouvait en danger
d'être débordé. Se jugeant menacés, les
tirailleurs, individuellement, firent feu.
On compte six morts et cinquante
blessés environ parmi les manifes-
tants. Une quarantaine d'agents ont
été blessés, ainsi Que vinert tirailleurs.
Dans le courant de la journée, le
gouverneur Geismar, secrétaire général
de l'A.O.F. ; M. Mahé, inspecteur gé-
néral des Travaux publics, et M. Le-)
fèvre, directeur de la Sûreté, se sont
rendus à Thiès. I
Le lendemain, le calme paraissait ré-
tabli et une grande partie des grévis-
tes reprenait le travail. Mais de nou-
veaux incidents devaient se produire
jeudi à Longa où les cheminots déci-
daient de retenir les trains sur la ligne!
de Saint-Louis. C'est ainsi qu'un con-
voi se dirigeant sur Dakar eut sa Iocol
motive dételée et dut attendre cinq heu-
res à Longa avant que des pourparlers
intervenus dans l'intervalle lui permet-
tent de repartir.
Un accord devait cependant interye* ;
riir dans la même journée entre le.: eu-'
vriers du Dakar-Niger et ïë gouverne»
- ment général.
Les bases de cet accord, telles ; qutan
nous les communique, ne manqueront
pas de susciter l'étonnement après- lès
incidents sanglants de ces jours dec*
niers : - -'- :,
-Ï -.if
(LIRE LA SUITE PAGE TROm
Nous avons tenu à donner, dans. 08
journal un compte rendu précis et ob-
jectif des lamentables incidents qur-..
sont produits la semaine dernière ail
Sénégal au moment même où l'Europe
sortait de justesse d'une crise sans pré-
cédent.
Certains amis s'étonnaient auprès de
nous de ne pas recevoir d'A.O.F. des
déclarations de loyalisme qui affluaient
de nos autres colonies.
Le gouvernement de la Fédération
avait, nous le savons maintenant, d'au-
tres soucis que de transmettre des
vœux ou des adresses.
Depuis deux ans, nous n'avons cessA
Ide dénoncer le danger que certains, par
leurs manifestations criminelles et
leurs discussions incendiaires faisaient
peser sur une population aussi naïve
aue pacifique.
D'aucuns en ont profité pour flatter
les puissants du jour et gagner un
avancement ou des avantages maté-
riels que des Noirs innocents paient de
leur vie. D'autres, incrédules ou aveu-
gles, se contentaient de hausser les
épaules.
Aujourd'hui les résultats sont là ;
nous déplorons d'avoir eu raison, mais
nous devons aussi faire mesurer à la
fois aux indifférents et aux semeurs.de
désordre tout le poids de leur respon.
sabilité morale.
Nous ne voulons pas juger tes cou.
pables ou le GRAND COUPABLE dont
le nom est sur toutes les lèvres.
Une enquête judiciaire est ouverte
et nous faisons confiance au ministre
des Colonies pour qu'elle soit menée à
bien.. .«
Il faut cependant couper tes. ailes à
la calomnie, cette arme hideuse qui a
si souvent servi les desseins du Sei-
gneur de l'A.O.F.
Déjà on essaie de rejeter les respon-
sabilités sur le manque de sa-ng=fi"oid
des troupes, sur le député Gatafrdou
Diouf qui aurait provoqué les rrfanifes-
tations et même sur le gouverneur gé-
néral Carde qui n'aurait pas diminué
les traitements des indigènes en temps
utile pour permettre à ses successeurs
de les élever.
NON, NON et NON : - -
TREVE DE PLAISANTERIE!
La situation est grave, plus grave
que ne le pensent les Français en gé-
néral et la rue Oudinot en particulier.
On ne plaisante pas avec les Sénéga-
lais. Ce sont des hommes qui prennent
tout au sérieux, et trop au sérieux,
même.
Marcel de Coppet, gouverneur géné-
ral de l'A.O.F., vous avez fait couler
le sang des Noirs que vous a.'rnez et
,e sang a cou!é inutilement puisque
vous leur accordsz aujourd'hui après, le
massacre ce que vous refusez hier.
Nous vous faisons l'honneur -de
croire que vous n'avez pas besoin de
sanctions judiciaires ou disciplinaires
et nous espérons que M. Mandel aura
pitié et vous fera grâce.
Votre conscience d'homme doit yaus
juger. Sachez lui obéir.. '.,.
Inch Allah ! t
Vous comprenez, n'e.t-ce pas ?
Charles de BRETEU»*
Les ateliers de Thiès qui ont été le théâtre des manifestations
sanglantes que nous relatons d'autre Rart
ceux qui récriminent sont les mimes
qui hier encore ne voulaient ni en-
tendre, ni prévoir, ni construire.
La leçon est sévère. puissM-elle
être salutaire.
• (La Journée Industrielle).
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AU CONGRÈS DE L'UNION INTERPARLEMENTAIRE
LE PROBLEME
COLONI AL
(SUITE)
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Je Commission sénatoriale des Colonies et du groupe français
o'e l'Union interparlementaire
J'ai indiqué, dans un précédent article, quel était J'état de la dis-
cussion sur le problème colonial lorsque les parlementaires français
sont intervenus dans le débat.
Je rappelle d'un mot nos traditions. Le groupe français se réu-
nit avant les séances des commissions, avant et pendant les séances
des conférences générales. Il discute l'opinion ou les opinions qui
seront développées et soutenues en son nom. Il désigne ceux qui au-
ront mission de les développer et de les soutenir. Ceux-là seuls peu-
vent se dire ses interprètes qui ont été « mandatés » par lui.
Le premier orateur français, inscrit dans le débat, était M. Gau-
therot, sénateur de la Haute-Loire, qui a fait partie de la commission
sénatoriale des colonies et des protectorats ; très préoccupé des
questions coloniales, M. Gautherot est notamment l'auteur d'une pro-
position relative au transsaharien, déposée sur le bureau du Sénat et
Qui sera examinée après la rentrée des Chambres.
Pour lui, pour le groupe français, l'échange d'idées qui a eu lieu
aux commissions qui ont tenu leur séance à Nice, et qui a lieu à la
XXXIV6 Conférence de la Haye, ne peut porter que sur un point
bien défini : le problème n'est posé que sur le terrain économique.
A qui voudrait l'en faire sortir, la réponse serait identique de la part
de tous les Etats qu'on appelle « pourvus ». Aucun ne consentirait
à « amener son pavillon », aucun ne se résignerait à « déchirer les
inille liens qui l'unissent à l'une quelconque des colonies ». Ces liens,
Forateur les a rappelés en quelques phrases éloquentes. Il en a montré,
Je nombre, la force, la solidité. - -
Qu'est-ce d'ailleurs qu'une redistribution des colonies, sinon le
prélude, l'annonce d'une redistribution des territoires métropoli-
tains ? Et qu'est-ce qu'une redistribution des territoires métropoli-
tains, sinon le prélude, l'amorce d'une guerre générale, d'autant plus
abominable qu'elle serait excitée par le déchaînement des appétits
dont certains sont connus et dont d'autres se révèleraient au milieu
du désordre de l'univers ?
On devine que cette déclaration a vivement frappé les auditeurs
et dissipé tous les malentendus probables. C'était plus qu'une, pré-
caution oratoire. C'était le « Tu n'iras pas plus loin », qui fixait la
- limité infranchissable. Après cela, le sénateur Gàutherot- pouvait
aller aussi loin que -possible dans l'affirmation que la délégation
française apportait son adhésion pleine et entière à la politique de
ia porte ouverte, et que sa doctrine était de favoriser, de développer
constamment la participation de tous les Etats à l'exploitation des
ressources coloniales - de l'Emoire francais.
Toutefois une remarque s'imposait. Quel que soit l'ingéniosité
ou l'opportunité de leurs excuses, il y a un certain nombre de nations
qui se declarent tideles au régi-
me de l'autarcie, qui se font gloi-
re de le mettre en pratique, qui
s'en vantent en des occasions so-
lennelles. Or, on a beau épiloguer:
l'autarcie est le régime diamétra-
lement opposé à toute colIabora-
tion économique entre les Etats.
Comment donc ses partisans sont-
ils fondés à réclamer cette politi-
que libérale dans les colonies des
autres Etats, lorsqu'ils se font les
apôtres, dans leur propre pays, de
la politique la plus illibérale et la
plus préjudiciable aux échanges
internationaux ?
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
L'ACTUALITÉ
COLONIALE
A PARIS
* Le gouverneur général Le Beau
est arrivé pour un court séjour dans
la capitale.
A MOSTAGANEM
* Les dockers refusent à nouveau
de faire des heures supplémentaires.
Ce conflit qui semblait définitivement
réglé rebondit ainsi sans motif plau-
sible.
A CASABLANCA
* Les légionnaires Schmitt et Ben-
kart, assassins du capitaine Prague,
ont été condamnés à mort par le tribu-
nal militaire.
A POUALA
* Au terme de sa mission d'inspec-
tion sanitaire en A. E. F. et au Came-
roun, le professeur Achard, membre de
l'Institut, s'est embarqué pour la
France.
A SAIGON
* Le gouverneur général Brévié a
inauguré la vente de charité organisée
par le Comité de la Croix-Rouge pour
venir en aide à ses diverses oeuvres.
A PNOM PENH
* La cérémonie d'ouverture du Pre-
mier Sillon, marquant traditionnelle-
ment le début de la saison des labours,
-a été célébrée en présence de S. M. Mo-
nivong.
A HANOI
* Le Conseil français des intérêts
économiques et financiers du Tonkin a
ouvert sa session ordinaire sous la pré-
sidence du résident supérieur Châtel.
A SHANGHAI
* M. Tong Chao Yi, ex-ministre
chinois, a été assassiné dans la villa
de la concession française où il s'était
réfugié.
A TIEN-TSIN
* Pour protester contre l'accueil
accordé aux éléments antinippons par
les autorités des concessions françaises
et britanniques, le Japon a ordonné à
tous ses ressortissànts de quitter - ces
concessions.
A SAINT-PIERRE
* Les restes du R. P. Payeur, dis-
paru lors d'une excursion dans la Mon-
tagne Pelée, ont été découverts dans le
Ut de la Rivière Chaud..
« Dans notre gratitude envers les hommes d'Etat qui ont évité la mort à des millions
d'êtres humains et sauvé la civilisation européenne, n'oublions pas M. Franklin ROOSE-
VELT qui, à l'heure où tout espoir semblait perdu, a fait le geste de salut que nous atten-
dions de lui. En adressant des appels à MM. HITLER et BENES et en suggérant l'idée de
la réunion des chefs des principaux gouvernements européens, il a facilité la Conférence
de Munich d'où est sortie la Paix. Merci. Monsieur ROOSEVELT ».
Jean de BEAUMONT (Le Capital)
Le ministre des Colonies vient, pai
une récente décision, de permettre aus
Indochinois d'accéder à tous les grade:
de l'armée sans perdre leur nationalité
Cette nouvelle est un peu passée ina-
perçue à côté des nouvelles sensation-
nelles qui ont été publiées ces jours
derniers. Elle ne méritait d'ailleurs pas
une place plus importante en regard
des événements historiques qui se sont
déroulés en une semaine. On nous per-
mettra néanmoins d'y revenir, car cette
décision était depuis longtemps récla-
mée par les indigènes et elle crée un
régime d'égalité qui aura d'importan-
tes répercussions.
Que se passait-il jusqu'à présent ?
Les Indochinois avaient le droit de
s'engager. On les invitait même à le
faire en donnant au recrutement une
énergique impulsion. Mais ils n'avaient
pas la possibilité de devenir officiers.
Au bout de douze ans de services, ils
pouvaient entrer cependant au Centre
de perfectionnement de Sept-Pagodes,
école analogue à celle de Fréjus pour
les : Sénégalais.
Pendant un. art, on -les- initiait q^ £ 2
taient de là, avec un certificat d'apti-
tude ou plutôt avec un brevet de chef
de section qui leur permettait de con-
quérir leurs galons de sous-officiers.
Quelques sujets particulièrement loyaux
et qui avaient donné de grandes preu-
ves de leur dévouement à la patrie de-
venaient peu à peu sous-lieutenants,
lieutenants, voire même. capitaines.
Ce cas était toutefois exceptionnel et
constituait le couronnement d'une car-
rière magnifique.
En prenant sa décision, le ministre
a modifié complètement cet état de
choses. Les Indochinois auront, en effet,
accès à toutes nos écoles militaires en
bénéficiant du régime intermédiaire
entre celui des étrangers et celui des
Français.
D'une part, ceux qui seront nantis
des titres universitaires nécessaires
pourront se présenter aux concours de
Saint-Cvr ou de Polytechnique et pas-
seront des examens identiques à ceux
que subissent les Français.
D'autre part, les écoles de Saint-
Maixent pour l'infanterie, de Poitiers,
pour l'artillerie, (J^ÏMeanes pour l'àd-
Dilixistratlon. 'Sfirtar'ouvertes; après
concours, aux sous-Officiers capables
d'accéder aux grades supérieurs. Ils ne
pourront cependant entrer à Saumur,
qui est une école de cavalerie, car au-
cune unité de cette nature n'existe en
Indochine. Mais il est possible qu'ils
entrent également à l'Ecole de l'Air,
voire même à l'Ecole navale.
Une fois leurs galons conquis, ils ne
pourront remplir leurs fonctions qu'en
Indochine, en collaboration avec les
cadres supérieurs français de l'armée
de notre colonie d'Extrême-Orient.
Cette décision intervient à un mo-
ment où l'Indochine'a donné à la patrie
les meilleures preuves de sa fidélité et
de son loyalisme. Non seulement, elle
a répondu d'un élan généreux à l'appel
de la France en doublant ses effectifs
militaires, mais elle a souscrit à l'em-
prunt de Défense nationale qui doit
couvrir ces dépenses supplémentaires.
Alors que 30 millions de piastres étaient
demandés, c'est 44 millions qui ont été
versés. Et chacun, même le plus hum-
ble indigène, a tenu à offrir son obole.
(LIRE LA SUITE PAGE TR018)
Pour les étudiants
d outre-mer
M. Georges Mandel, ministre des Co-
lonies, a décidé, d'accord avec le minis-
tère de l'Education nationale, de créer
à Paris un bureau d'accueil pour les
étudiants d'outre-mer.
Ce bureau, dont le fonctionnement
sera assuré grâce à des subventions
accordées par les gouvernements colo.
niaux, recevra les étudiants coloniaux,
facilitera leur installation dans les cen-
tres universitaires et s'intéressera à
l'orientation de leurs études. Il favori-
M. GOUX
Plaque tournante de l'Atlantique, vil-
le impériale de notre Afrique noire,
Dakar est incontestablement la ville
coloniale qui se développe avec la plus
grande rapidité.
Qui pourrait dire avec certitude ce
que sera dans vingt ans, dans dix ans
même, cette grande cité en plein essor f
Si on ne peut le dire il importe ce-
pendant de le prévoir et de doter la ca-
pitale de l'A. O. F. de toutes les créa-
tions d'urbanisme qui lui sont d'ores
et déjà et lui seront plus encore dans
un proche avenir indispensables.
C'est à cette tâche que s'est voué,
avec toute son intelligence et tout son
cœur M. Goux, maire de Dakar, qui
veut bien nous accueillir aujourd'hui.
Ce qui a manqué à Dakar, dès ses
débuts, nous déclaré M. Goux, c'est un
plan logique et harmonieux de dévelop-
pement.
« Je songe en vous disant cela, à ce qui
fut fait au Maroc, pour Casablanca par
exemple dès les premières années du
protectorat.
« Dakar est évidemment née en d'au-
tres temps et sous d'autres auspices
et nous nous trouvons aujourd'hui
en face d'une tâche de transformation,
plus délicate, plus difficile, même
qu'une tâche de création- -
UN PLAN
D'URBANISME POUR DAKAR
« Toute transformation qui n'apporte pas un
progrès humain ou une assurance d'avenir
est une erreur. Mieux vaut ne rien faire
que de ne pas faire ce qu'il faut.»
--- - A. GOUX (maire de Dakar)
« Le développement de notre port, l'ex.
tension des affaires et de leurs besoins,
le peuplement sans cesse croissant de
la cité ont dépassé les cadres premiers
de celle-ci et obligent en quelque sorte
à en remodeler le visage.
« Mais il n'y a pas que les exigences
du présent à satisfaire. Ce que nous
pouvons augurer de l'avenir nous im-
pose de voir large et grand.
« On nous a reproché d'ailleurs de
voir trop grand. »
M. Goux prend un temps n'achève
pas mais nous devinons ce qu'il
pourrait ajouter : quoi de trop grand
pour l'avenir si grand de Dakar ?
La municipalité, poursuit notre
éminent interlocuteur, n'a cependant
travaillé jusqu'à présent que selon un
programme inspiré par des nécessités
immédiates. C'est ainsi par exemple
qu'elle s'est préoccupée d'accueillir un
nombre sans cesse accru d'enfants dans
ses écoles et qu'il a fallu pour cela
construire de nouveaux établissements,
en plus des anciens que l'on agrandis-
sait ou rénovait.
« Dans les projets municipaux figure
- autre exemple la construction
d'une usine d'incinération des ordures
ménagères et des animaux morts. En-
core actuellement nous sommes obli-
gés de brûler ces divers déchets sur des
lits de paille arrosés-de pétrole. Ce qui
subsiste est jeté à la mer. qui nous
le rapporte ponctuellement à marée
haute !. Vous avouerez qu'une grande
ville comme Dakar peut exiger du mé-
thodes moins primitives pour la résorp-
tion de ses issues, et ce simple fait sou-
ligne assez, je pense, le réalisme de
nos buts.
Certainement. Mais on vous
prête des projets plus étendus encore.
.plus étendus et non moins ur-
gents. Le premier de tous, celui auquel
je m'attache tout particulièrement, a
trait à la construction de la nouvelle
« Medina > (de la nouvelle ville in-
digène si vous préférez) ̃– sur les ter-
rains situés en bordure de la route de
Ouakam.
« Il faut bien dire que Dakar compte
encore dans les îlots délimités par ses
grandes voies modernes, trop de quar-
tiers insalubres, trop de taudis où une
population indigène très dense vit dans
des conditions matérielles déplorables.
<; II y a là pour notre ville et en dépit
de tous les efforts de surveillance des
services d'hygiêne un danger perma-
nent sur lequel je reviendrai tout à
l'heure.
« Il faut.évacuer ces quartiers de ma-
sures et recréer ailleurs, en terrain li-
bre, une ville nouvelle.
« Mais ici et je tiens à insister sur
ce point - il ne s'agit pas de transfé-
rer d'un endroit à un autre des foyers
de misère et peut-être d'infection. Pour
être justifié, ce transfert doit s'accom-
pagner d'un progrès incontestable dans
les conditions de vie de la population
qui en fera l'objet..
.(LIRE LA SUITE RAGE TROIS)
Un beau geste
des coloniaux
de Bordeaux
Le centre mobilisateur des troupes
coloniales de Bordeaux a démobilisé la
semaine dernière les réservistes appelés
au cours des journées d'angoisse que
vient de vivre le peuple de France.
En quittant la caserne, les réservis-
tes ont tenu à accomplir un acte de pa-
triotisme et de souvenir.
Après la minute de silence et de re-
cueil, le chef de bataillon Bugeaud, a
félicité et remercié les réservistes de
leur pieuse pensée.
Un tel acte devait être signalé.
UN COIN D'AFRIQUE A VIVIFIER t
GAO ET SA RÉGION
par Albert LE BAIL, député, vice-présidenf
du groupe parlementaire de t'A. 0. F.
Au bord de la grande nappe d'eau
calme du Niger, bordé sur la rive op-
posée d'un exquis lacis d'îlots très
verts et de grandes falaises roses, la
vieille ville de Gao assemble ses mai-
sons brunes faites de banko.
Lorsque le soir tombe et que la
grande chaleur du jour s'est calmée,
les bords du fleuve s'animent. De jolies
statues d'ébène s'ébattent dans l'eau
bleuâtre, sur le fond rose du ciel.
Beaucoup de poésie, dans un cadre
où rien ne tranche très nettement, mais
qui est tout rempli du charme intense
de l'Afrique.
C'est à Gao que les principales rou-
tes sahariennes se joignent. D'après
certains projets, c'est à cette ville
qu'aboutirait le chemin de fer traver-
sant le désert, en attendant qu'il soit
prolongé jusqu'au cœur du Soudan.
Il n'est donc point sans intérêt d'exa-
miner quelles sont les ressources du
vaste cercle de Gao, qui, avec ses
422.000 kilomètres carrés, représente à
peu près la superficie des quatre cin-
quièmes de la France, étant le plus
grand du Soudan avec celui de Tom-
bouctou.
Sa richesse, disons-le dès à présent,
que l'on considère sa population et son
activité économique ou agricole, ne cor-
respond nullement à cette étendue.
Le Niger le traverse bien sur ua
parcours de 460 kilomètres, mais le Ni.
ger n'est pas le Nil. Ses crues ne lais-
sent point derrière elles un limon fer-
tilisant propice à la culture intensive.
Il peut faire naître la richesse non par
ses inondations, mais par les irriga-
tions que son énorme volume d'eau : per-
met. C'est, du reste, loin du cercle, vera
Ségou, que le programme d'irrigation
se poursuit sous la direction de l'Office
du Niger.
L'immense cercle de Gao n'est peu-
plé que de 160.000 habitants, dont
80.000 sédentaires. La plupart sont des
pasteurs, car le climat et l'absence
d'eau ne permettent que rarement la
culture.
pire, détruit au xvr siècle par une ex-
pédition arabo-berbère venant de Mar-
rakech, peu nombreuse, mais forte de
la puissance de ses fusils, qui étaient
au Niger une absolue nouveauté.
Les nomades sont ou des Touareg
ou des Maures. Us parcourent les im-
menses espaces désertiques qui compo-
sent la presque totalité du cercle.
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)'
Graves incidents à - Thiès
Les grévistes du Dakar-Niger
tentent d'empécher Ies non-
grévistes de se rendre au tra-
vail - La troupe débordée,
fait-usage de ses armes
(De notre correspondant particulier)
Dakar, le 2 octobre.
De graves incidents se sont produits
à Thiès, qui ont soulevé la plus grande
émotion dans tout le pays.
Voici les faits :
Depuis quelque temps, une certaine
agitation était fomentée parmi les ou-
vriers stagiaires du Dakar-Niger, qui
estimaient leurs salaires insuffisants.
Trouvant qu'ils n'étaient pas soutenus
par leurs collègues des cadres, ils
étaient en train de former un syndicat,
sous la direction d'un des leurs, em-
ployé à Dakar.
- Ce dernier ayant été muté à Gossas,
la tension s'aggrava, et des menaces
furent échangées.
Travaillés par des meneurs, les jour-
naliers de Thiès décidèrent, lundi, de
se mettre en grève.
Les forces de police alertées permi-
rent à environ 250 ouvriers de rejoin-
dre leur poste, en passant par le pas-
sage à niveau.
Exaspérés par cet échec, les grévis-
tes s'armèrent de pierres, de gourdins
et même de coupe-coupes et se diri-
gèrent vers les bureaux du D. N.,
échangeant des coups avec la police,
qui s'efforçait de conserver le contrôle
de la situation.
L'arrivée de petits pelotons de trou-
pes demandés par la direction n'arrêta
pas les bagarres. Soldats et agents fu-
rent bombardés de pierres et bouscu-
lés. Quelques tirailleurs furent acculés
et se trouvèrent en danger.
Un officier, isolé et menacé par un
groupe de manifestants, l'œil tuméfié,
blessé, tira un coup de revolver en l'air,
ce qui lui permit de se dégager.
Refoulés du passage à niveau, lesi
manifestants firent un détour et, par-
venus sur la voie ferrée, commencèrent
à bombarder de pierres le service d'or-
dre. Les tirailleurs se mirent à l'abri
derrière les arbres, les manifestants
avancèrent et, retrouvant les pierres;
qu'ils avaient lancées, continuèrent à'
lapider les tirailleurs. t
Le service d'ordre, à ce moment un
peu dispersé, se trouvait en danger
d'être débordé. Se jugeant menacés, les
tirailleurs, individuellement, firent feu.
On compte six morts et cinquante
blessés environ parmi les manifes-
tants. Une quarantaine d'agents ont
été blessés, ainsi Que vinert tirailleurs.
Dans le courant de la journée, le
gouverneur Geismar, secrétaire général
de l'A.O.F. ; M. Mahé, inspecteur gé-
néral des Travaux publics, et M. Le-)
fèvre, directeur de la Sûreté, se sont
rendus à Thiès. I
Le lendemain, le calme paraissait ré-
tabli et une grande partie des grévis-
tes reprenait le travail. Mais de nou-
veaux incidents devaient se produire
jeudi à Longa où les cheminots déci-
daient de retenir les trains sur la ligne!
de Saint-Louis. C'est ainsi qu'un con-
voi se dirigeant sur Dakar eut sa Iocol
motive dételée et dut attendre cinq heu-
res à Longa avant que des pourparlers
intervenus dans l'intervalle lui permet-
tent de repartir.
Un accord devait cependant interye* ;
riir dans la même journée entre le.: eu-'
vriers du Dakar-Niger et ïë gouverne»
- ment général.
Les bases de cet accord, telles ; qutan
nous les communique, ne manqueront
pas de susciter l'étonnement après- lès
incidents sanglants de ces jours dec*
niers : - -'- :,
-Ï -.if
(LIRE LA SUITE PAGE TROm
Nous avons tenu à donner, dans. 08
journal un compte rendu précis et ob-
jectif des lamentables incidents qur-..
sont produits la semaine dernière ail
Sénégal au moment même où l'Europe
sortait de justesse d'une crise sans pré-
cédent.
Certains amis s'étonnaient auprès de
nous de ne pas recevoir d'A.O.F. des
déclarations de loyalisme qui affluaient
de nos autres colonies.
Le gouvernement de la Fédération
avait, nous le savons maintenant, d'au-
tres soucis que de transmettre des
vœux ou des adresses.
Depuis deux ans, nous n'avons cessA
Ide dénoncer le danger que certains, par
leurs manifestations criminelles et
leurs discussions incendiaires faisaient
peser sur une population aussi naïve
aue pacifique.
D'aucuns en ont profité pour flatter
les puissants du jour et gagner un
avancement ou des avantages maté-
riels que des Noirs innocents paient de
leur vie. D'autres, incrédules ou aveu-
gles, se contentaient de hausser les
épaules.
Aujourd'hui les résultats sont là ;
nous déplorons d'avoir eu raison, mais
nous devons aussi faire mesurer à la
fois aux indifférents et aux semeurs.de
désordre tout le poids de leur respon.
sabilité morale.
Nous ne voulons pas juger tes cou.
pables ou le GRAND COUPABLE dont
le nom est sur toutes les lèvres.
Une enquête judiciaire est ouverte
et nous faisons confiance au ministre
des Colonies pour qu'elle soit menée à
bien.. .«
Il faut cependant couper tes. ailes à
la calomnie, cette arme hideuse qui a
si souvent servi les desseins du Sei-
gneur de l'A.O.F.
Déjà on essaie de rejeter les respon-
sabilités sur le manque de sa-ng=fi"oid
des troupes, sur le député Gatafrdou
Diouf qui aurait provoqué les rrfanifes-
tations et même sur le gouverneur gé-
néral Carde qui n'aurait pas diminué
les traitements des indigènes en temps
utile pour permettre à ses successeurs
de les élever.
NON, NON et NON : - -
TREVE DE PLAISANTERIE!
La situation est grave, plus grave
que ne le pensent les Français en gé-
néral et la rue Oudinot en particulier.
On ne plaisante pas avec les Sénéga-
lais. Ce sont des hommes qui prennent
tout au sérieux, et trop au sérieux,
même.
Marcel de Coppet, gouverneur géné-
ral de l'A.O.F., vous avez fait couler
le sang des Noirs que vous a.'rnez et
,e sang a cou!é inutilement puisque
vous leur accordsz aujourd'hui après, le
massacre ce que vous refusez hier.
Nous vous faisons l'honneur -de
croire que vous n'avez pas besoin de
sanctions judiciaires ou disciplinaires
et nous espérons que M. Mandel aura
pitié et vous fera grâce.
Votre conscience d'homme doit yaus
juger. Sachez lui obéir.. '.,.
Inch Allah ! t
Vous comprenez, n'e.t-ce pas ?
Charles de BRETEU»*
Les ateliers de Thiès qui ont été le théâtre des manifestations
sanglantes que nous relatons d'autre Rart
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