Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1938-09-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 septembre 1938 19 septembre 1938
Description : 1938/09/19 (A38,N38). 1938/09/19 (A38,N38).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6272102d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
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Lundi 19 septembre 1938. Fondafeur : MarceI RUEDEIJ« "r: • - £ ditionkecf>domadaire.– Prix du numéro : Un-franc" 38e année.– N° 38.
l
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Les AnnifesColoniales
â~CA ! p~ ~MMatC& AHMaw~
* FONDËES EN 1900 *
--
DANS LES HEURES GRAVES.
« Le Conseil a rendu hommage au
patriotisme de la nation, à son calme et
à son sang-froid. Il a également reçu de
l'Afrique du Nord et de tout notre
empire colonial les témoignages les plus
émouvants de leur fidélité à la France. »
(Communiqué du Conseil des ministres.)
DIRECTION
RÉDACTION
1: - - t. .1
<2. rue Lt Pèletler. Paris (18).' - ',: Téléphone : Provence 49.81 et 82.–C. C; postaux Paris 147385.
Correspondants particuliers datas tout IXni plie et dans les. ports de la MétroDoie.
Les manuscrits ne sont pas rendus; ̃ •• •
1 I. 1
Les annonces sont-reçues à Paris, 12, rue Le Petetier (9*),
, par la Société Africaine de Publicité et d'Editions françaises. - -
ADMINISTRATION
PUBLICITÉ
ABONNEMENTS
France et Colonies.1 an : 50 francs 'S mois :. 30 franca
Etranger et Colonies.-«irHt^>-«>jiM !•«» ;. 70 francs 6 mois : 40 francs
MPLUSPAUME*
, France et Colonies. 1 an : 200 francs par I
Etranger et CoI
- PROPAGANDE
~~e LI PLUS. OOLOlIAL
L'ACTUALITÉ
COLONIALE
A PARIS I
* Le roi des Belges a remercié
M. Mandel de lui avoir adressé des
photographies prises à Phu Dieu (An-
nam), lors de l'inauguration de la
route Reine-Astrid.
A ALGER
if Le décret ministérie! étendant à
l'Algérie les procédures de conciliation
et. d'arbitrage dans les conflits du tra-
vail a été porté à la connaissance du
public.
A RABAT >
Le général Noguès, rentré de
France, a été reçu en audience parti-
culière par S. M. le sultan.
* A CASABLANCA
'* On prépare l'inauguration >du mo-
nument élevé à la mémoire du maré-
chal Lyautey. On compte sur la pré-
sence de M. Daladier pour cette céré-
monie, fixée au 5 novembre.
A AGADIR
* Devant les menaces découlant de
l'emprise allemande sur les colonies
espagnoles, on s'inquiète de l'état peu
avancé des travaux de la base navale
projetée.
A KAYES
* La tournée effectuée dans le Sou-
dan occidental par le gouverneur De-
santi a été l'occasion pour la popula-
tion de manifester son attachement à
la France.
A DJIBOUTI
* L'inauguration du Cercle musul-
man par le gouverneur Deschamps a
provoqué un rapprochement émouvant
entre Français et Musulmans de la
colonie.
A SAIGON .;or
* if Le" secrétaire général Nouailhe-
tas a été chargé de préparer la ses-
sion du grand Conseil des intérêts éco-
nomiques, qui s'ouvrira à Saïgon le
20 octobre.
A HANOI
* Le résident supérieur Graffeuil a
ouvert la session de la Chambre des
représentants du peuple du Tonkin.
L'assemblée a voté une adresse de fidé-
lité à la France.
AU TONG-KUM
* L'empereur d'Annam et le gou-
verneur général Brévié ont fait une
tournée d'inspection dans les régions
Moï.
::::::: ==::::::::: :::,
M. CANDACE EST ARRIVE
A LA GUADELOUPE
M. Candace, député, vice-président
de la Chambre, est arrivé à la Gua-
deloupe le 4 septembre. A son débar-
quement, il a été l'objet d'une enthou-
siaste manifestation de la part de ses
électeurs et amis, heureux de le revoir
parmi eux.
Groupés au nombre d'environ 20.000,
ils ont adressé leurs félicitations et
l'expression de leur confiance au pré-
sident Edouard Daladier, et au minis-
tre des Colonies, M. Georges Mandel.
Le roi du Cambodge vient d'élever
M. Candace, vice-président de la Cham-
bre des députés, à la dignité de grand-
croix de son Ordre royal.
'«'MANIERES
DE BLANCS » ;
par G. NOUELLE,
Président de la Commission- des Colonies de la- Chambre.
! « Ça, c'est manière de Blanc »: Par cette phrase, nos Noirs d'Alti-
que; ceux de la brousse, mèttent fin à toute question qui leur est po-
sée, ou qu'ils se posent eux-mêmes, relative à un fait européen qu'ils
ne comprennent pas.
L'auto qui stoppe dans le village ? L'indigène sait bien ce qu'il
doit faire sur un signe du conducteur. Il apporte dans sa calebasse
de l'eau qu'il verse par un trou toujours .situé à l'avant de la. voiture.
Il aide à ouvrir l'estagnon qui contient un liquide qu'on verse par un
autre trou situé, parfois, à l'arrière. Puis, ça fait du bruit, de la fu-
mée et ça file plus vite que le cheval au galop, en laissant un nuage
de poussière. « Ça, c'est manière; de Blanc ».
L'administrateur, le « commandant » effectuant sa tournée, con-
voque les hommes pour la palabre. Il explique qu'il faut planter du
ricin, il transmet l'ordre du chef-lieu qu'on le fasse. ça., fera beau-
coup. d'argent pour le village. Il distribue gratuitement des graines.
Plusieurs mois après, la récolte est abondante, que la plantation ait
été faite au détriment des cultures vivrières, il n'importe : « il y aura
de l'argent pour payer l'impôt, pour acheter des pagnes multicolores
pour les femmes ». Mais que se passe-t-il ? pas un commerçant
n'achète le ricin, les .prix en Europe sont tombés. Le produit reste
stocké dans le village, puis, finalement, est perdu. Le travail fourni
est perdu aussi, ce travail qu'on a effectué sur ordre. Il ne faut pas
essayer de comprendre : « Ça, c'est manière de Blanc ».
Un colon français fait dessoucher, débroussailler d'immenses
étendues de terres. Il recrute des centaines de Noirs bien payés, bien
nourris. Il fait planter du manioc. Il fait construire à gros frais une
usine modèle. Il est d'accord avec le gouverneur. Le pays, qui est
pauvre, va pouvoir sortir de sa léthargie. Le manioc, par surcroît,
est une nourriture saine pour le village. La plante et ses tubercules
échappent aux incursions dévastatrices des sauterelles. Les hommes
travaillent et les fécules, les tapiocas, par centaines de tonnes, sont
là. Ils sont toujours là. Le colon ne peut les expédier en France,/eu
égard aux droits de douane qui frappent ces produits." « Ça c'est
manière de Blanc ». ,"
Mais, dans le domaine commercial, il est des « manières de
Blancs » contre lesquelles, lorsqu'elles les touchent directement, les
Noirs évolués de la Côte réagissent vigoureusement. En Gold-Coast,
par exemple la Gold-Coast vend environ, chaque année, 200.000
tonnes de cacao les cultivateurs sont exclusivement des indigènes.
La charte de ce territoire, n'interdit-elle pas toute concession agri- I
cole aux Européens ? Ces derniers ne font qu'acheter et exporter.
Les principaux d'entre eux ayant constitué un pool d'achat, les-prix
offerts ont paru trop bas aux producteurs; noirs qui ont refusera*
vendre et ont fêpbndu àû poéïpar un « hold-up ». : :,'
Le geste symbolique a été fait, de brûler quelques- tonnes de
cacao.
Les camionneurs indigènes qui transportent le produit jusqu'au
rail ont fait grève par solidarité. Les marchandises d'importation
ont été boycotées. Les antagonistes restant sur leurs positions et
le cacao commençant à pourrir, l'effervescence a commence. On
brûle le cacao par centaines de tonnes, deux Anglais sont tués
sur la route, la nuit, alors qu'ils transportaient, dans une - camion-
nette, plusieurs millions de francs
d'or. Les travailleurs indigènes
qui ne sont plus payés, refluent
en territoire français : Côte
d'Ivoire et Togo. La Métropole a
envoyé une mission sur place.
Voilà une « manière de Blanc »
répréhensible, celle-là, qui n'a pas
réussi.
La Gold-Coast a deux voisines
françaises : la Côte d'Ivoire et le
Togo sous mandat. Les indigènes
frontaliers sont de la même gran-
de famille :, Agnis, Achantis. Les
contacts sont permanents. La
traite du cacao s'est effectuée
tant en Côte d'Ivoire qu'au Togo
dans le calme le plus absolu. Les
événements malheureux et passa-
gers de Gold-Coast n'ont eu au-
cune répercussion chez nous. Les
Noirs, de l'Afrique française vi-
vent dans la paix et la confiance.
Ils font partie de la grande fa-
mille française.
Aux heures sombres que nous
vivons, il est réconfortant d'enre-
« VIVE LA FRANCE ! »
A DJIBOUTI
A Djibouti vient d'avoir lieu l'inau-
guration du « Club de la jeunesse
arabe », récemment autorisé. Une col-
lation, offerte par le bureau du club,
réunissait fraternellement aux mêmes
tables les principales notabilités fran-
çaises et musulmanes.
Le président du club, Abdul Krim
Dorani, rendit un hommage éclatant à
la France démocratique, dont tous les
musulmans de la colonie (Arabes, So-
malis et Danakils) apprécient haute-
ment le libéralisme et la protection
maternelle.
- - -----'1-
Le gouverneur uescnamps rappeia
ensuite l'œuvre accomplie par la
France en moins de cinquante ans sur
cette côte déserte dont elle a fait sur-
gir une ville en pleine croissance, un
chemin de fer et un grand port. Il sa-
lua, enfin, la naissance du club arabe,
qui doit aider au progrès des musul-
mans de Djibouti dans les voies de la
civilisation française.
La réunion se termina aux cris ré-
pétés de : « Vive la France ! ».
,,::: 11:::::: 1 ::::: :::::::: :::::::::: 1::::: 1: 11:: 1::: :cr::::::::::~:::: n: 11 111 nu: 1 nt: n 1: :Ul1:
, UN FRANÇAIS mange en moyenne
QUATRE BANANES PAR AN !
De tous les produits de nos colonies,
la banane est certainement parmi ceux
ayant conquis et cela dans un laps
de temps relativement court une
place marquante sur le marché inté-
rieur français.
Bien que les statistiques découra-
gent quelquefois par leur aridité, il est
des chiffres éloquents qu'on ne peut
s'abstenir de citer.
C'est ainsi qu'en 1932, la France
n'importait que 27.331 tonnes de bana-
nes provenant de ses colonies soit
environ 12 de sa consommation.
En 1937, elle en important 176.525
tonnes, portant ainsi à plus de 98
la part de ses domaines d'outre-mer
dans son marché bananier.
On voit, par ces simples indications
portant sur cinq années, qu'un débou-
ché métropolitain progressivement
étendu a répondu aux efforts consen-
tis dans les colonies par les planteurs
et les exportateurs : on compte d'ail-
leurs pour 1938 sur une importation
de 178.000 tonnes. Il ne conviendrait
cependant pas que ce chiffre fasse illu-
sion et laisse à penser que notre con-
sommation a fait son plein.
(JMRE LA BUITE PAGE TROIS)
Nos compagnies de navigation ont lancé de superbes navires
pour le transport rapide, de la banane française.
APfÈS" NUREMBERG.
.- - ,..
LA QUESTION
COLONIALE
est réservée
Moins de trois semaines avant le
Congrès de Nuremberg, les informa-
tions les plus autorisées (nous nous
en sommes fait l'écho ici même) lais-
saient entendre que les solennelles as-
sises du nazisme seraient placées sous
le-signe de la revendication coloniale.
Mais les augures prévoient et
M. Hitler dispos*. L'aggravation du
problème sudète a concentré tout l'in-
térêt du Congrès et toute l'attention de
l'Ëuro>e sur la Tchécoslovaquie.
Oans. soir fam^x discours de clô-
ture, M. Hitler n'a consacré que quel-
ques, lignes de principe à la question
coloniale. Pour le moment, son objec-
tif est ailleurs.
Nous disons bien pour le moment,
car ce serait une erreur de croire que
le III* Reiçh a décidé de renoncer aux
anciens domaines extérieurs de l'Alle-
magne. Le fait qu'ils aient tout ré-
cemment créé une école d'administra-
tion coloniale où seront instruits les
futurs dirigeants de leur futur empire
montre assez qu'en plus de l'Europe les
chefs nazis songent toujours à l'Afri-
que et peut-être même à d'autres ré-
gions du globe. (Dans les milieux au-
torisés, on parle de la Chine, mais sans
grande conviction pour le moment.)
Par - quelles voles espèrent-ils abou-
tir ! ueci est encore le secret oe m.
Hitler. En dehors d'une nouvelle ré-
partition du monde consécutive à une
guerre européenne, on ne voit guère
de solution que dans un chantage, le
fUhrer garantissant un certain « statu
quo » européen pour prix de la rétro-
cession à l'Allemagne de quelques-uns
de ses anciens territoires d'outre-mer.
Rappelons à cet égard que, beaucoup
plus que le Togo et le Cameroun, re-
vendiqués surtout par raisons de pres-
tige, les : Alleman^ity réclameront tou-
jours le sud-ouést ttricain où sent de-
n!eot'<~-'*M~ ':'dt;fflprft'ri,¡¡"':"ffOY."* êfe *
colons allemands. I
Pour le reste, et àftitre de premier
pas, ils se contenteraient sans doute
d'une, large collaboration dans la misé
en valeur de l'Afrique.
Quoiqu'il en advienne, ne nous aban-
donnons pas à une trompeuse sérénité!
Certes, la situation' européenne suffit
pour l'instant à nos angoisses. Mais si
un règlement lui est trouvé, à l'exclu-
sion d'un coup de force qui mettrait le
feu au monde, attendons-nous à voir
réapparattre un jour la revendication
coloniale allemande.
A ce moment-là, tout autant qu'au-
jourd'hui, nous aurons besoin d'être
forts, d'être décidés et de n'être pas
seuls. L'Angleterre, en particulier, de-
vra savoir que toute atteinte consen-
tie à l'Intégrité de irvtre Empire serait
pour le sien, à bret délai, le signal
d'un identique démembrement.
J. M.
'HU!'!::: :!!! ~OI 0.,. n:::::'$'
En Afrique fasciste
mesures de rigueur
",,' contre une
haute personnalité
musulmane
Dans les milieux musulmans, les
nouvelles se propagent avec une rapi-
dité qui tient du prodige.
D n'est bruit en Afrique du Nord
que de la mésaventure d'un très haut
personnage de Tripoli, Si Mohammed
Kherbicha, ancien chef de guerre, figu-
rant parmi les notabilités ayant rendu
des services signalés à la cause ita-
lienne en terre d'Afrique et qui, au
titre de très fidèle serviteur de l'Em-
pire, avait été élevé à la dignité de
grand'croix de la Couronne d'Italie.
Par surcroît, il était à la tête d'une
fortune considérable et ami intime du
général Balbo.
Or, Si Mohammed Kerbicna, qui ne
voyait pas des certitudes d'avenir suf-
fisantes dans toutes les marques d'at-
tention prodiguées par les autorités
romaines, avait jugé utile d'expatrier
une partie de sa fortune.
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
(t
LA PROPAGANDE
ALLEMANDE
DANS LE SUD-EST
AFRICAIN
- el
La Fédération nationale coloniale du
Reich s'était impose, comme premier
travail colonial pratique dans l'ex-est
africain allemand, la construction d'une
école allemande à Mbeya, aidée dans
cette réalisation par les Allemands qui
sont fixés à Mbeya. Cette école vient
d'être inaugurée. 1
Toutes les nouvelles de l'est africain
rapportent que l'école est le plus beau
bâtiment du haut plateau du Tanga-
nyka et qu'elle devient déjà le point
de concentration spirituel de tous les
A-lemanda du: district de MbozL
- .: f'
INTERPÉNÉTRATION COLONIALE
Il était une fois quatre mandarins
1 Quatre mandarins nous sont venus
d'Indochine, quatre fonctionnaires du
cadre local qui ont été invités par M.
Georges lyfandel à venir s'initier, pen-
dant un an, aux rouages de l'adminis-
tration impériale.
L'importance de cette mesure n'a
pas besoin d'être soulignée. Elle a une
portée psychologique indéniable ; elle
constitue un des éléments agissants de
cette politique d'unité impériale que le
ministre a instaurée rue Oudinot.
Effet psychologique, qui en doute-
rait Amener a Paris quatre indigè-
nes .de notre lointaine - possession
d'Asie, c'est affirmer une fois de plus
qu'aucun préjugé racial ne nous anime.
La France libérale prouve à tous ses
protégés qu'elle les considère comme
ses enfants, qu'elle leur reconnaît des
droits puisqu'elle en exige des devoirs.
En retournant dans ces pays où l'on
pourrait rencontrer quelque sceptimis-
me, ces quatre jeunes fonctionnaires
pourront répéter de quelle sollicitude
ils ont été l'objet. Us pourront faire
part 6galement, à leurs compatriotes
des impressions qu'ils ont ressenties
dans cette France grande et forte, à
la fois riche et libre, et dont le destin
historique est d'être à la tête du pro-
grès et de la civilisation.
-
A
Ils savent et ils sentent bien tout
cela en Indochine, mais d'une manière
confuse qu'ils pourront dès lors préci-
ser.
Ce séjour en France aura d'ailleurs
comme autre mérite d'élargir les hori-
zons de leur activité. Ils auront à se
pencher sur des problèmes autrement
complexes, autrement étendus que
ceux qu'ils avaient jusqu'alors à ré-
soudre. Ils prendront conscience de
l'ampleur de l'administration coloniale.
ns auront à considérer les intérêts non
seulement de l'Indochine, mais de
l'Afrique noire, mais de nos Antilles,
mais de Madagascar. Et peut-être
pourront-ils alors comprendre plus fa-
cilement certaines mesures d'ordre gé-
néral élaborées rue Oudinot et dont
l'utilité leur avait paTU là-bas jusqu'à
présent contestable.
Ainsi se resserrent les liens qui unis-
sent toutes les parties de notre Empire
colonial. Cette mesure d'interpénétra-
tion administrative comporte d'ail-
leurs, de 'la part de l'administration
métropolitaine, une réciprocité : doré-
navant nos élèves de l'Ecole coloniale
sercnt astreints eux aussi à un stage
d'une année aux colonies avant de pas-
ser leur examen définitif. Eux aussi au-
ront à s'initier, sur place, en vivant
quelques mois à l'avance la vie propre
des colonies, aux difficultés et aux joies
de la carrière coloniale.
Yves DANDOY.
(LIRE LA SUITE PAGE CINQ)
e"mm" ::::::: 1::: ::::::::::::::::::::::::::::: ::::::::::: ::::,
SUR LES BORDS DU SÉNÉGAL
S~ène, f anii* l ière de: l a v i e a f ricaine, à 1'.éc- arf d
Scène familière de la vie africaine, à l'écart des angoisses de notre vieux monde : comme chaque
matin, lavandières et baigneuses animent les rives du grand fleuve aux eaux lentes.
J.
Ils ont fait
un beau voyage !
A la, veille de leur embarquement à
Marseille, nous avons pu joindre les
étudiants sénégalais qui venaient d'ef-
fectuer en France un séjour de cinq
semaines grâce aux bourses de voyage
instaurées cette. année dans l'Empire
par M. Georges Mandel.
Et voici ce que nous ont dit Deye
Tecah, élève au lycée de Saint-Louis,
et Johnson Patrice, du lycée de Dakar:
Nous étions évidemment prépa-
rés à ce que nous allions voir en
France tant par ce que nous en
avaient dit nos maîtres que par ce que
nous avions pu apprendre dans nos
livres.
< Mais la réalité a dépassé nos plus
belles imaginations, Paris surtout ! A
qui ne connaît que l'Afrique ou même
les grandes villes que le bateau tou-
che en cours de voyage, il est impossi-
ble de croire à un entassement aussi
prodigieux d'habitations, de palais, de
monuménts de toutes sortes.
.Et puis aussi à une pareille ac-
tivité, à un tel mouvement, à un tel
bruit ! ajoute Johnson Patrice. Les
premiers jours, nous étions recrus de
fatigue avant même d'avoir terminé la
journée.
1. Ce qui les a le plus frappés dans
Paris en dehors de cette impression
d'ensemble ?
Ils ne sauraient trop le dire encore
aujourd'hui. Ils en ont tant vu, de mo-
numents, de musées, etc.! Il faudra
que cela décante.
Ce qui paraît surnager pour l'ins-
tant, c'est la visite effectuée dans les
services d'un journal le Figaro
et la vision qu'on leur a offerte d'un
grand magasin en pleine activité.
La sortie du plomb gravé sous les
linotypes, l'assemblage des lignes sur
ie marbre paraissent avoir vivement
capté leur curiosité.
Quant à la fourmilière humaine et A
l'entassement des. innombrables mar-
chandises aux rayons du grand maga-
sin elles leur ont laissé comme une
impression de vertige, de fantasmago-
rie.
Quel palais des Mille et une Nuits
serait-ce sans doute pour l'élégante
mousso de la brousse, accoutumée aux
comptoirs du Syrien !.
, - Il y a trop de choses pour les
femmes, là-dedans, n'est-ce pas ?
- Ah! oui, et il doit falloir beau-
coup d'argent aux Français pour payer
tout cela !
Mais, visiblement, mes jeunes inter-
locuteurs ont bien d'autres choses à
me conter.
Leur séjour ne s'est en effet point
borné à l'exploration de Paris.
On a tenu à leur faire connaître le
cœur même de notre vieux pays, cette
chasse de verdure, de châteaux, de
vieilles cités que fait à Paris l'Ile-de-
France.
Rambouillet, Sèvres, Versailles, Che-
vreuse, Dampiérre, Senlis, n'était-ce
point l'illustration la plus sensible de
ce « secret français » qu'il s'agissait
de leur faire pénétrer au cours de leur
séjour ?
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
UN TACHir
MYSTÉRIEUXl
Les mers du Sud demeurent l'un des
derniers refuges des pirates, aventu-
riers de la mer et autres hors-la-loi,
contre lesquels les autorités des divers
pays sont contraintes de se prémunir.
Nos autorités calédoniennes ne man-
quent pas à ce devoir et font une
chasse active aux contrebandiers et pi-
rates japonais se risquant parfois sur
les côtes.
Dernièrement, un ketch dé police, le
« Vaite », a aperçu au mouillage de
Ouaco, à l'intérieur des récifs, un ba-
teau d'un type différent des sampans.
Le navire mystérieux était gréé en
schooner et avait plutôt l'apparence
d'un yacht. Il était peint en blanc. Au
mât, on distinguait une vigie.
Dès qu'il aperçut le « Vaïte », le
bateau suspect quitta le mouillage et
s'éloigna, à la vitesse de huit nœuds
environ, vers la haute mer. Il fut pris
en chasse, mais réussit à distancer
son poursuivant.
Petit incident courant dans la vie
aventureuse des romanesques mers
lustrales.
PROPAGANDE
COLONOALE
Le ministre de l'Economie du
i j Reich vient de prendre une or-
donnance selon laquelle les mé-
tis, descendants de femmes alle-
mandes et de soldats français de
11 couleur de l'armée d'occupation,
ne devront pas être employés
par des boulangers, bouchers,
11 épiciers et autres marchands de
produits alimentaires.
La presse rhénane se félicite
de cette mesure car, écrit-elle,
< « on ne peut vraiment pas de-
mander à des Allemands de
manger des denrées préparées
ou manipulées par ces métis ».
Nous pensons que cette nou-
11 velle achèvera de mettre au
point, si besoin était, l'opinion
des races coloniales, pures ou
[ mélangées, sur ce qu'elles pour-
raient attendre d'une domination
hitlérienne. Le temps de « la
II honte noire » est loin d'être
passé et si jadis certaines
chaudes aryennes succombèrent
dans les bras des gens de cou-
leur, les maitres d'aujourd'hui
< sauront, le cas échéant, rétablir
les barrières sacrées entre les
j races !.
i ( Mais l'anecdote nous amène à
d'autres réflexions : les bons
j aryens (sans jeu de mot) ne de-
i j vront consommer, à l'avenir, que
! des denrées préparées par de
i J pures mains aryennes, garanties,
[ sans souillure de race.
i Au fait, cette prescription exis-,
< [ tait déjà. chez les Juifs, relative..
11 ment aux aliments « Kasher »,
préparés par des israélites de.
11 sang pur.
L'hitlérisme empruntant à la
race honnie ses prescriptions ri--.
tuelles !. La rencontre ne man-
que pas de piquant. l s
Quant au reste, ce n'est pas
encore aujourd'hui que les maî-
tresses de maison françaises à la
colonie renonceront aux bons of-
11 fices de leur fournisseurs ou de
leurs cuisiniers. quelle que soit
j ! | la couleur de leurs mains.
11 Allons, il y a encore de beaux
jours pour ce qu'il est convenu
j d'appeler le « colonialisme »
i ! français.
., l
Lundi 19 septembre 1938. Fondafeur : MarceI RUEDEIJ« "r: • - £ ditionkecf>domadaire.– Prix du numéro : Un-franc" 38e année.– N° 38.
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Les AnnifesColoniales
â~CA ! p~ ~MMatC& AHMaw~
* FONDËES EN 1900 *
--
DANS LES HEURES GRAVES.
« Le Conseil a rendu hommage au
patriotisme de la nation, à son calme et
à son sang-froid. Il a également reçu de
l'Afrique du Nord et de tout notre
empire colonial les témoignages les plus
émouvants de leur fidélité à la France. »
(Communiqué du Conseil des ministres.)
DIRECTION
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1: - - t. .1
<2. rue Lt Pèletler. Paris (18).' - ',: Téléphone : Provence 49.81 et 82.–C. C; postaux Paris 147385.
Correspondants particuliers datas tout IXni plie et dans les. ports de la MétroDoie.
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Etranger et Colonies.-«irHt^>-«>jiM !•«» ;. 70 francs 6 mois : 40 francs
MPLUSPAUME*
, France et Colonies. 1 an : 200 francs par I
Etranger et CoI
- PROPAGANDE
~~e LI PLUS. OOLOlIAL
L'ACTUALITÉ
COLONIALE
A PARIS I
* Le roi des Belges a remercié
M. Mandel de lui avoir adressé des
photographies prises à Phu Dieu (An-
nam), lors de l'inauguration de la
route Reine-Astrid.
A ALGER
if Le décret ministérie! étendant à
l'Algérie les procédures de conciliation
et. d'arbitrage dans les conflits du tra-
vail a été porté à la connaissance du
public.
A RABAT >
Le général Noguès, rentré de
France, a été reçu en audience parti-
culière par S. M. le sultan.
* A CASABLANCA
'* On prépare l'inauguration >du mo-
nument élevé à la mémoire du maré-
chal Lyautey. On compte sur la pré-
sence de M. Daladier pour cette céré-
monie, fixée au 5 novembre.
A AGADIR
* Devant les menaces découlant de
l'emprise allemande sur les colonies
espagnoles, on s'inquiète de l'état peu
avancé des travaux de la base navale
projetée.
A KAYES
* La tournée effectuée dans le Sou-
dan occidental par le gouverneur De-
santi a été l'occasion pour la popula-
tion de manifester son attachement à
la France.
A DJIBOUTI
* L'inauguration du Cercle musul-
man par le gouverneur Deschamps a
provoqué un rapprochement émouvant
entre Français et Musulmans de la
colonie.
A SAIGON .;or
* if Le" secrétaire général Nouailhe-
tas a été chargé de préparer la ses-
sion du grand Conseil des intérêts éco-
nomiques, qui s'ouvrira à Saïgon le
20 octobre.
A HANOI
* Le résident supérieur Graffeuil a
ouvert la session de la Chambre des
représentants du peuple du Tonkin.
L'assemblée a voté une adresse de fidé-
lité à la France.
AU TONG-KUM
* L'empereur d'Annam et le gou-
verneur général Brévié ont fait une
tournée d'inspection dans les régions
Moï.
::::::: ==::::::::: :::,
M. CANDACE EST ARRIVE
A LA GUADELOUPE
M. Candace, député, vice-président
de la Chambre, est arrivé à la Gua-
deloupe le 4 septembre. A son débar-
quement, il a été l'objet d'une enthou-
siaste manifestation de la part de ses
électeurs et amis, heureux de le revoir
parmi eux.
Groupés au nombre d'environ 20.000,
ils ont adressé leurs félicitations et
l'expression de leur confiance au pré-
sident Edouard Daladier, et au minis-
tre des Colonies, M. Georges Mandel.
Le roi du Cambodge vient d'élever
M. Candace, vice-président de la Cham-
bre des députés, à la dignité de grand-
croix de son Ordre royal.
'«'MANIERES
DE BLANCS » ;
par G. NOUELLE,
Président de la Commission- des Colonies de la- Chambre.
! « Ça, c'est manière de Blanc »: Par cette phrase, nos Noirs d'Alti-
que; ceux de la brousse, mèttent fin à toute question qui leur est po-
sée, ou qu'ils se posent eux-mêmes, relative à un fait européen qu'ils
ne comprennent pas.
L'auto qui stoppe dans le village ? L'indigène sait bien ce qu'il
doit faire sur un signe du conducteur. Il apporte dans sa calebasse
de l'eau qu'il verse par un trou toujours .situé à l'avant de la. voiture.
Il aide à ouvrir l'estagnon qui contient un liquide qu'on verse par un
autre trou situé, parfois, à l'arrière. Puis, ça fait du bruit, de la fu-
mée et ça file plus vite que le cheval au galop, en laissant un nuage
de poussière. « Ça, c'est manière; de Blanc ».
L'administrateur, le « commandant » effectuant sa tournée, con-
voque les hommes pour la palabre. Il explique qu'il faut planter du
ricin, il transmet l'ordre du chef-lieu qu'on le fasse. ça., fera beau-
coup. d'argent pour le village. Il distribue gratuitement des graines.
Plusieurs mois après, la récolte est abondante, que la plantation ait
été faite au détriment des cultures vivrières, il n'importe : « il y aura
de l'argent pour payer l'impôt, pour acheter des pagnes multicolores
pour les femmes ». Mais que se passe-t-il ? pas un commerçant
n'achète le ricin, les .prix en Europe sont tombés. Le produit reste
stocké dans le village, puis, finalement, est perdu. Le travail fourni
est perdu aussi, ce travail qu'on a effectué sur ordre. Il ne faut pas
essayer de comprendre : « Ça, c'est manière de Blanc ».
Un colon français fait dessoucher, débroussailler d'immenses
étendues de terres. Il recrute des centaines de Noirs bien payés, bien
nourris. Il fait planter du manioc. Il fait construire à gros frais une
usine modèle. Il est d'accord avec le gouverneur. Le pays, qui est
pauvre, va pouvoir sortir de sa léthargie. Le manioc, par surcroît,
est une nourriture saine pour le village. La plante et ses tubercules
échappent aux incursions dévastatrices des sauterelles. Les hommes
travaillent et les fécules, les tapiocas, par centaines de tonnes, sont
là. Ils sont toujours là. Le colon ne peut les expédier en France,/eu
égard aux droits de douane qui frappent ces produits." « Ça c'est
manière de Blanc ». ,"
Mais, dans le domaine commercial, il est des « manières de
Blancs » contre lesquelles, lorsqu'elles les touchent directement, les
Noirs évolués de la Côte réagissent vigoureusement. En Gold-Coast,
par exemple la Gold-Coast vend environ, chaque année, 200.000
tonnes de cacao les cultivateurs sont exclusivement des indigènes.
La charte de ce territoire, n'interdit-elle pas toute concession agri- I
cole aux Européens ? Ces derniers ne font qu'acheter et exporter.
Les principaux d'entre eux ayant constitué un pool d'achat, les-prix
offerts ont paru trop bas aux producteurs; noirs qui ont refusera*
vendre et ont fêpbndu àû poéïpar un « hold-up ». : :,'
Le geste symbolique a été fait, de brûler quelques- tonnes de
cacao.
Les camionneurs indigènes qui transportent le produit jusqu'au
rail ont fait grève par solidarité. Les marchandises d'importation
ont été boycotées. Les antagonistes restant sur leurs positions et
le cacao commençant à pourrir, l'effervescence a commence. On
brûle le cacao par centaines de tonnes, deux Anglais sont tués
sur la route, la nuit, alors qu'ils transportaient, dans une - camion-
nette, plusieurs millions de francs
d'or. Les travailleurs indigènes
qui ne sont plus payés, refluent
en territoire français : Côte
d'Ivoire et Togo. La Métropole a
envoyé une mission sur place.
Voilà une « manière de Blanc »
répréhensible, celle-là, qui n'a pas
réussi.
La Gold-Coast a deux voisines
françaises : la Côte d'Ivoire et le
Togo sous mandat. Les indigènes
frontaliers sont de la même gran-
de famille :, Agnis, Achantis. Les
contacts sont permanents. La
traite du cacao s'est effectuée
tant en Côte d'Ivoire qu'au Togo
dans le calme le plus absolu. Les
événements malheureux et passa-
gers de Gold-Coast n'ont eu au-
cune répercussion chez nous. Les
Noirs, de l'Afrique française vi-
vent dans la paix et la confiance.
Ils font partie de la grande fa-
mille française.
Aux heures sombres que nous
vivons, il est réconfortant d'enre-
« VIVE LA FRANCE ! »
A DJIBOUTI
A Djibouti vient d'avoir lieu l'inau-
guration du « Club de la jeunesse
arabe », récemment autorisé. Une col-
lation, offerte par le bureau du club,
réunissait fraternellement aux mêmes
tables les principales notabilités fran-
çaises et musulmanes.
Le président du club, Abdul Krim
Dorani, rendit un hommage éclatant à
la France démocratique, dont tous les
musulmans de la colonie (Arabes, So-
malis et Danakils) apprécient haute-
ment le libéralisme et la protection
maternelle.
- - -----'1-
Le gouverneur uescnamps rappeia
ensuite l'œuvre accomplie par la
France en moins de cinquante ans sur
cette côte déserte dont elle a fait sur-
gir une ville en pleine croissance, un
chemin de fer et un grand port. Il sa-
lua, enfin, la naissance du club arabe,
qui doit aider au progrès des musul-
mans de Djibouti dans les voies de la
civilisation française.
La réunion se termina aux cris ré-
pétés de : « Vive la France ! ».
,,::: 11:::::: 1 ::::: :::::::: :::::::::: 1::::: 1: 11:: 1::: :cr::::::::::~:::: n: 11 111 nu: 1 nt: n 1: :Ul1:
, UN FRANÇAIS mange en moyenne
QUATRE BANANES PAR AN !
De tous les produits de nos colonies,
la banane est certainement parmi ceux
ayant conquis et cela dans un laps
de temps relativement court une
place marquante sur le marché inté-
rieur français.
Bien que les statistiques découra-
gent quelquefois par leur aridité, il est
des chiffres éloquents qu'on ne peut
s'abstenir de citer.
C'est ainsi qu'en 1932, la France
n'importait que 27.331 tonnes de bana-
nes provenant de ses colonies soit
environ 12 de sa consommation.
En 1937, elle en important 176.525
tonnes, portant ainsi à plus de 98
la part de ses domaines d'outre-mer
dans son marché bananier.
On voit, par ces simples indications
portant sur cinq années, qu'un débou-
ché métropolitain progressivement
étendu a répondu aux efforts consen-
tis dans les colonies par les planteurs
et les exportateurs : on compte d'ail-
leurs pour 1938 sur une importation
de 178.000 tonnes. Il ne conviendrait
cependant pas que ce chiffre fasse illu-
sion et laisse à penser que notre con-
sommation a fait son plein.
(JMRE LA BUITE PAGE TROIS)
Nos compagnies de navigation ont lancé de superbes navires
pour le transport rapide, de la banane française.
APfÈS" NUREMBERG.
.- - ,..
LA QUESTION
COLONIALE
est réservée
Moins de trois semaines avant le
Congrès de Nuremberg, les informa-
tions les plus autorisées (nous nous
en sommes fait l'écho ici même) lais-
saient entendre que les solennelles as-
sises du nazisme seraient placées sous
le-signe de la revendication coloniale.
Mais les augures prévoient et
M. Hitler dispos*. L'aggravation du
problème sudète a concentré tout l'in-
térêt du Congrès et toute l'attention de
l'Ëuro>e sur la Tchécoslovaquie.
Oans. soir fam^x discours de clô-
ture, M. Hitler n'a consacré que quel-
ques, lignes de principe à la question
coloniale. Pour le moment, son objec-
tif est ailleurs.
Nous disons bien pour le moment,
car ce serait une erreur de croire que
le III* Reiçh a décidé de renoncer aux
anciens domaines extérieurs de l'Alle-
magne. Le fait qu'ils aient tout ré-
cemment créé une école d'administra-
tion coloniale où seront instruits les
futurs dirigeants de leur futur empire
montre assez qu'en plus de l'Europe les
chefs nazis songent toujours à l'Afri-
que et peut-être même à d'autres ré-
gions du globe. (Dans les milieux au-
torisés, on parle de la Chine, mais sans
grande conviction pour le moment.)
Par - quelles voles espèrent-ils abou-
tir ! ueci est encore le secret oe m.
Hitler. En dehors d'une nouvelle ré-
partition du monde consécutive à une
guerre européenne, on ne voit guère
de solution que dans un chantage, le
fUhrer garantissant un certain « statu
quo » européen pour prix de la rétro-
cession à l'Allemagne de quelques-uns
de ses anciens territoires d'outre-mer.
Rappelons à cet égard que, beaucoup
plus que le Togo et le Cameroun, re-
vendiqués surtout par raisons de pres-
tige, les : Alleman^ity réclameront tou-
jours le sud-ouést ttricain où sent de-
n!eot'<~-'*M~ ':'dt;fflprft'ri,¡¡"':"ffOY."* êfe *
colons allemands. I
Pour le reste, et àftitre de premier
pas, ils se contenteraient sans doute
d'une, large collaboration dans la misé
en valeur de l'Afrique.
Quoiqu'il en advienne, ne nous aban-
donnons pas à une trompeuse sérénité!
Certes, la situation' européenne suffit
pour l'instant à nos angoisses. Mais si
un règlement lui est trouvé, à l'exclu-
sion d'un coup de force qui mettrait le
feu au monde, attendons-nous à voir
réapparattre un jour la revendication
coloniale allemande.
A ce moment-là, tout autant qu'au-
jourd'hui, nous aurons besoin d'être
forts, d'être décidés et de n'être pas
seuls. L'Angleterre, en particulier, de-
vra savoir que toute atteinte consen-
tie à l'Intégrité de irvtre Empire serait
pour le sien, à bret délai, le signal
d'un identique démembrement.
J. M.
'HU!'!::: :!!! ~OI 0.,. n:::::'$'
En Afrique fasciste
mesures de rigueur
",,' contre une
haute personnalité
musulmane
Dans les milieux musulmans, les
nouvelles se propagent avec une rapi-
dité qui tient du prodige.
D n'est bruit en Afrique du Nord
que de la mésaventure d'un très haut
personnage de Tripoli, Si Mohammed
Kherbicha, ancien chef de guerre, figu-
rant parmi les notabilités ayant rendu
des services signalés à la cause ita-
lienne en terre d'Afrique et qui, au
titre de très fidèle serviteur de l'Em-
pire, avait été élevé à la dignité de
grand'croix de la Couronne d'Italie.
Par surcroît, il était à la tête d'une
fortune considérable et ami intime du
général Balbo.
Or, Si Mohammed Kerbicna, qui ne
voyait pas des certitudes d'avenir suf-
fisantes dans toutes les marques d'at-
tention prodiguées par les autorités
romaines, avait jugé utile d'expatrier
une partie de sa fortune.
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
(t
LA PROPAGANDE
ALLEMANDE
DANS LE SUD-EST
AFRICAIN
- el
La Fédération nationale coloniale du
Reich s'était impose, comme premier
travail colonial pratique dans l'ex-est
africain allemand, la construction d'une
école allemande à Mbeya, aidée dans
cette réalisation par les Allemands qui
sont fixés à Mbeya. Cette école vient
d'être inaugurée. 1
Toutes les nouvelles de l'est africain
rapportent que l'école est le plus beau
bâtiment du haut plateau du Tanga-
nyka et qu'elle devient déjà le point
de concentration spirituel de tous les
A-lemanda du: district de MbozL
- .: f'
INTERPÉNÉTRATION COLONIALE
Il était une fois quatre mandarins
1 Quatre mandarins nous sont venus
d'Indochine, quatre fonctionnaires du
cadre local qui ont été invités par M.
Georges lyfandel à venir s'initier, pen-
dant un an, aux rouages de l'adminis-
tration impériale.
L'importance de cette mesure n'a
pas besoin d'être soulignée. Elle a une
portée psychologique indéniable ; elle
constitue un des éléments agissants de
cette politique d'unité impériale que le
ministre a instaurée rue Oudinot.
Effet psychologique, qui en doute-
rait Amener a Paris quatre indigè-
nes .de notre lointaine - possession
d'Asie, c'est affirmer une fois de plus
qu'aucun préjugé racial ne nous anime.
La France libérale prouve à tous ses
protégés qu'elle les considère comme
ses enfants, qu'elle leur reconnaît des
droits puisqu'elle en exige des devoirs.
En retournant dans ces pays où l'on
pourrait rencontrer quelque sceptimis-
me, ces quatre jeunes fonctionnaires
pourront répéter de quelle sollicitude
ils ont été l'objet. Us pourront faire
part 6galement, à leurs compatriotes
des impressions qu'ils ont ressenties
dans cette France grande et forte, à
la fois riche et libre, et dont le destin
historique est d'être à la tête du pro-
grès et de la civilisation.
-
A
Ils savent et ils sentent bien tout
cela en Indochine, mais d'une manière
confuse qu'ils pourront dès lors préci-
ser.
Ce séjour en France aura d'ailleurs
comme autre mérite d'élargir les hori-
zons de leur activité. Ils auront à se
pencher sur des problèmes autrement
complexes, autrement étendus que
ceux qu'ils avaient jusqu'alors à ré-
soudre. Ils prendront conscience de
l'ampleur de l'administration coloniale.
ns auront à considérer les intérêts non
seulement de l'Indochine, mais de
l'Afrique noire, mais de nos Antilles,
mais de Madagascar. Et peut-être
pourront-ils alors comprendre plus fa-
cilement certaines mesures d'ordre gé-
néral élaborées rue Oudinot et dont
l'utilité leur avait paTU là-bas jusqu'à
présent contestable.
Ainsi se resserrent les liens qui unis-
sent toutes les parties de notre Empire
colonial. Cette mesure d'interpénétra-
tion administrative comporte d'ail-
leurs, de 'la part de l'administration
métropolitaine, une réciprocité : doré-
navant nos élèves de l'Ecole coloniale
sercnt astreints eux aussi à un stage
d'une année aux colonies avant de pas-
ser leur examen définitif. Eux aussi au-
ront à s'initier, sur place, en vivant
quelques mois à l'avance la vie propre
des colonies, aux difficultés et aux joies
de la carrière coloniale.
Yves DANDOY.
(LIRE LA SUITE PAGE CINQ)
e"mm" ::::::: 1::: ::::::::::::::::::::::::::::: ::::::::::: ::::,
SUR LES BORDS DU SÉNÉGAL
S~ène, f anii* l ière de: l a v i e a f ricaine, à 1'.éc- arf d
Scène familière de la vie africaine, à l'écart des angoisses de notre vieux monde : comme chaque
matin, lavandières et baigneuses animent les rives du grand fleuve aux eaux lentes.
J.
Ils ont fait
un beau voyage !
A la, veille de leur embarquement à
Marseille, nous avons pu joindre les
étudiants sénégalais qui venaient d'ef-
fectuer en France un séjour de cinq
semaines grâce aux bourses de voyage
instaurées cette. année dans l'Empire
par M. Georges Mandel.
Et voici ce que nous ont dit Deye
Tecah, élève au lycée de Saint-Louis,
et Johnson Patrice, du lycée de Dakar:
Nous étions évidemment prépa-
rés à ce que nous allions voir en
France tant par ce que nous en
avaient dit nos maîtres que par ce que
nous avions pu apprendre dans nos
livres.
< Mais la réalité a dépassé nos plus
belles imaginations, Paris surtout ! A
qui ne connaît que l'Afrique ou même
les grandes villes que le bateau tou-
che en cours de voyage, il est impossi-
ble de croire à un entassement aussi
prodigieux d'habitations, de palais, de
monuménts de toutes sortes.
.Et puis aussi à une pareille ac-
tivité, à un tel mouvement, à un tel
bruit ! ajoute Johnson Patrice. Les
premiers jours, nous étions recrus de
fatigue avant même d'avoir terminé la
journée.
1. Ce qui les a le plus frappés dans
Paris en dehors de cette impression
d'ensemble ?
Ils ne sauraient trop le dire encore
aujourd'hui. Ils en ont tant vu, de mo-
numents, de musées, etc.! Il faudra
que cela décante.
Ce qui paraît surnager pour l'ins-
tant, c'est la visite effectuée dans les
services d'un journal le Figaro
et la vision qu'on leur a offerte d'un
grand magasin en pleine activité.
La sortie du plomb gravé sous les
linotypes, l'assemblage des lignes sur
ie marbre paraissent avoir vivement
capté leur curiosité.
Quant à la fourmilière humaine et A
l'entassement des. innombrables mar-
chandises aux rayons du grand maga-
sin elles leur ont laissé comme une
impression de vertige, de fantasmago-
rie.
Quel palais des Mille et une Nuits
serait-ce sans doute pour l'élégante
mousso de la brousse, accoutumée aux
comptoirs du Syrien !.
, - Il y a trop de choses pour les
femmes, là-dedans, n'est-ce pas ?
- Ah! oui, et il doit falloir beau-
coup d'argent aux Français pour payer
tout cela !
Mais, visiblement, mes jeunes inter-
locuteurs ont bien d'autres choses à
me conter.
Leur séjour ne s'est en effet point
borné à l'exploration de Paris.
On a tenu à leur faire connaître le
cœur même de notre vieux pays, cette
chasse de verdure, de châteaux, de
vieilles cités que fait à Paris l'Ile-de-
France.
Rambouillet, Sèvres, Versailles, Che-
vreuse, Dampiérre, Senlis, n'était-ce
point l'illustration la plus sensible de
ce « secret français » qu'il s'agissait
de leur faire pénétrer au cours de leur
séjour ?
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
UN TACHir
MYSTÉRIEUXl
Les mers du Sud demeurent l'un des
derniers refuges des pirates, aventu-
riers de la mer et autres hors-la-loi,
contre lesquels les autorités des divers
pays sont contraintes de se prémunir.
Nos autorités calédoniennes ne man-
quent pas à ce devoir et font une
chasse active aux contrebandiers et pi-
rates japonais se risquant parfois sur
les côtes.
Dernièrement, un ketch dé police, le
« Vaite », a aperçu au mouillage de
Ouaco, à l'intérieur des récifs, un ba-
teau d'un type différent des sampans.
Le navire mystérieux était gréé en
schooner et avait plutôt l'apparence
d'un yacht. Il était peint en blanc. Au
mât, on distinguait une vigie.
Dès qu'il aperçut le « Vaïte », le
bateau suspect quitta le mouillage et
s'éloigna, à la vitesse de huit nœuds
environ, vers la haute mer. Il fut pris
en chasse, mais réussit à distancer
son poursuivant.
Petit incident courant dans la vie
aventureuse des romanesques mers
lustrales.
PROPAGANDE
COLONOALE
Le ministre de l'Economie du
i j Reich vient de prendre une or-
donnance selon laquelle les mé-
tis, descendants de femmes alle-
mandes et de soldats français de
11 couleur de l'armée d'occupation,
ne devront pas être employés
par des boulangers, bouchers,
11 épiciers et autres marchands de
produits alimentaires.
La presse rhénane se félicite
de cette mesure car, écrit-elle,
< « on ne peut vraiment pas de-
mander à des Allemands de
manger des denrées préparées
ou manipulées par ces métis ».
Nous pensons que cette nou-
11 velle achèvera de mettre au
point, si besoin était, l'opinion
des races coloniales, pures ou
[ mélangées, sur ce qu'elles pour-
raient attendre d'une domination
hitlérienne. Le temps de « la
II honte noire » est loin d'être
passé et si jadis certaines
chaudes aryennes succombèrent
dans les bras des gens de cou-
leur, les maitres d'aujourd'hui
< sauront, le cas échéant, rétablir
les barrières sacrées entre les
j races !.
i ( Mais l'anecdote nous amène à
d'autres réflexions : les bons
j aryens (sans jeu de mot) ne de-
i j vront consommer, à l'avenir, que
! des denrées préparées par de
i J pures mains aryennes, garanties,
[ sans souillure de race.
i Au fait, cette prescription exis-,
< [ tait déjà. chez les Juifs, relative..
11 ment aux aliments « Kasher »,
préparés par des israélites de.
11 sang pur.
L'hitlérisme empruntant à la
race honnie ses prescriptions ri--.
tuelles !. La rencontre ne man-
que pas de piquant. l s
Quant au reste, ce n'est pas
encore aujourd'hui que les maî-
tresses de maison françaises à la
colonie renonceront aux bons of-
11 fices de leur fournisseurs ou de
leurs cuisiniers. quelle que soit
j ! | la couleur de leurs mains.
11 Allons, il y a encore de beaux
jours pour ce qu'il est convenu
j d'appeler le « colonialisme »
i ! français.
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