Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1938-06-20
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 20 juin 1938 20 juin 1938
Description : 1938/06/20 (A38,N25). 1938/06/20 (A38,N25).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62720890
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
-- .- 'E di*fion 4 9d offi idaire. 1 Lunâi 20 juin 1938.
38' année. –: N° 25. Fondateur : Marcel RUEDEL. Edition hebdomadaire. Prix du numéro : Un franc Lundi 20 juin 1938.
Nous n'avons pas ou à peine une
Jeunesse impériale. Faute grave de nos maî-
tres. Faute que nous paierons, et peut-être
'fiès dier, • A,
x Pierre DOMINIQUE.
.(La .République,).
-.. ," ~-J'
# -. .,.:: ,'4;'" ',_:' ":.: .-' -~_t,- a",-,.'
un ales
Les Annales Colonial es
'", .', ',' ;", :c
_: -.' -' _: } '"i",:: ;' - !. ;..J ., -
* --- FONDAES EN.,1900 *
DIRECTION
RÉDACTION
12* rue Le PeMfelï Paris (9*)* Téiépfione :-Pr»'e.nce 4.9.8l et 82. C. C. postaux Paris 147385.
Correspondants particuliers dans tout l'Empire, et dans les ports de la Métropolei 'f. I; ':., - Les annonces sont reçues à Paris, 12, rue Le Peletier (9*) 1
1 Il *de Publicité. et d'Edidons françaises.
Les manuscrits ne sont pas rendus. , - (' ..|îar.la Société Africaine de.Publicité.et d'Editions françaises.
ADMINISTRATION
PUBLICITÉ
(ABONNEMENTS
Franco et Colonies. 1 an r 50 francs 6 mors : 30' francs •;
- -- :-: * * * 1 an - 50 frafts o. inors, : W fra neis - .;
.Etranger et Colonies.) 1 an : .70 francs 6 mois :- 40 traites
France et :COlonies.,..;. 1 an : 200 francs par 5
Etranger et Colonies. 1 an : 300 francs numéros -
PROPAGANDE
LE PLU S PARISIEN ! LE PLUS COLONIAL
EN INDOCHINE
Le problème
de l'éducation
par Jean PHILIP
Sénateur, membre de la Commission des Colonies
M. Marcel Ner, délégué de l'Indochine s'occupe des princi-
pes de la pédagogie coloniale. Ce dont il faut grandement le louer.
Car le tout n'est pas d'instruire les indigènes. Encore faut-il savoir
comment et dans quel sens il importe de les éduquer. Dans ce do-
maine une erreur, un contresens, une faute de tactique peuvent
ayoir les conséquences les plus graves. Et par conséquent, nous ne
pouvons nous passer, même aux colonies, d'une philosophie, fût-elle
sommaire de l'éducation.
L'éducation indigène a des partisans et des détracteurs. Les
détracteurs sont nombreux, parmi les colons, les administrateurs ou
les commerçants. On lui reproche, souvent avec. violence, d'apporter
des idées modernes, de fausser l'esprit du jeune indigène et en quel-
que sorte de le déraciner, lui faisant perdre le contact avec toutes
les traditions de son passé, et ne lui donnant en échange qu'un fatras
de connaissances mal comprises, et surtout inconsidérément ap-
pliquées.
Or, l'évolution intellectuelle et morale de l'indigène n'a pas
uniquement, ni même essentiellement pour cause l'enseignement des
écoles. Les techniques neuves, les réformes administratives, les
, vastes plantations, les grandes usines y ont aussi largement contri-
bué en créant ces sortes de fourmilières gigantesques où « les gens
n'ont plus ni femmes, ni époux, ni père, ni mère, ni ancêtres, des
gens qui ne sont plus dans l'ambiance de leur famille et qu'aucun
frein, aucun sentiment de l'honneur ne retient plus ».
Cette désagrégation, hélas ! certaine, il appartient au contraire
à l'école de l'enrayer, de dresser, en face de toutes les forces dissol-
vantes, une force qui puisse leur résister, de donner un sens à la vie'
de ces multitudes désemparées, d'apprendre la pratique de la solida-
rité à ceux que tout sépare, la race, les mœurs, la religion.
La tâche est belle, mais elle est difficile, et particulièrement en
Indochine. L'éducation ancienne, qui se faisait en quelque sorte dans
la famille, au milieu des habitudes ancestrales, sous la direction d'un
maître qui était comme un second père, n'étant plus possible, il faut
que l'école moderne s'oriente résolument vers l'avenir, auquel elle
doit préparer les générations qui entreront bientôt dans la vie. Ce
qui exige à la fois de la prudence et de l'audace.
Ne nous dissimulons pas que l'école est pour l'indigène une
évasion. Les ouvriers et paysans de l'Indochine ont un standard de
vie lamentable. Le taux des salaires çst PFIÇÉRÇBLE. si bien - - qage 1M.
surpôpàïation aidant', Je mach'ipisme lui-même, nepeùt^déyelqppér
su point d'être un allégement effectif ~poûrK la main-jPœuvrç mal
̃ payée, sous alimentée, frappée en sus de- lourdes amendes dans-'lés/
usines par les contremaîtres indigènes.
Comment s'étonnerait-on, dans de telles conditions, que l'Anna-
mite veuille s'instruire précisément pour se libérer ?
Et d'autre part l'intellectuel
qui n'a pas d'emploi public est, la
plupart du temps réduit à une si-
tuation douloureuse. Or, dans les
établissements scolaires, de l'éco-
le primaire à l'enseignement su-
périeur, il a été habitué à vivre
sur un pied d'égalité avec J'Euro-
péen.
Ce sont là des faits sociaux
dont la pédagogie ne peut se dé-
sintéresser. L'Ecole donc doit en
tenir compte.
Et c'est bien ce qui explique
que nous lui donnions les deux
mots d'audace et de prudence
comme devise. A udace, parce que,
nous l'avons dit, aux colonies plus
qu'ailleurs l'éducation est une
évasion.
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
A l'Ecole nationale
de la France d'outre-mer
Jusqu'alors, suivant le régime de
l'école, les élèves se voyaient affectés
à un poste de l'extérieur dès que leur
séjour à l'école était terminé, et alors
même qu'ils n'avaient pas été encore
- aux - colonies. --
On a fini par s'apercevoir qu'un tel
enseignement était tr6p théorique, et
que nous aurions gagné à nous inspi-
rer de l'exemple de certains pays
-^i/angers, en particulier, de la Gran-
de-Bretagne. Il ne s'agit pas en effet
de former des professeurs ou des doc-
trinaires, mais des hommes pratiques,
capables de prendre de promptes dé-
cisions, et il importe pour cela qu'ils
connaissent bien le milieu où ils au-
ront à agir. .,.,
C'est pourquoi, un décret vient a etre
pris, aux termes duquel nos futurs ad-
ministrateurs devront obligatoirement,
après avoir passé deux années à l'école
nationale de France d'outre-mer, ac-
complir un stage dans un de nos ter-
ritoire -d'outre-mer. Et c'est à leur re.
tour seulement qu'ils effectueront leur
troisième année d'études. :
Il faut donc espérer que ces jeunes
gens posséderont désormais, outre des
connaissances théoriques d'une valeur
indiscutable, une expérience des réa-
lités. ;
« N'ayez pas peur ; restez unis, ne reculez pas devant la
force », clamaitJors des émeutes du 9 avril, à Tunis, un instituteur
néo-destourien.
Résultat : deux ans de prison et 3.000 francs d'amende.
« Les blancs, si tu n'es pas content, tu leur rentres dans le
chou » (sic), conseillait dernièrement, en A. O. F., à un maçon
indigène, un inspecteur du Travail.
Pour ce conseil- étonnant pour le moins nous n'avons pas
connaissance que des sanctions aient été prises. '.,.
Ce qui est interdit à un instituteur indigène, en Tunisie,, est-il
donc permis à un fonctionnaire français en A. 0. F. ?
Nous savons tous que le climat de la Côte occidentale est
tropical. Est-ce une raison pour dépasser le a eIimot » tunisien ?;
•. •. - *
Dans le d'Alger, quatre navires de la Côte d'Afrique : « Cap des Palmes » (navire bana-
nier), les paquebots « Hoggar » et « Touareg », et le cargo « Gabon ».
A ALEXANDRETTE
DÉTENTE EXTÉRIEURE
MAIS TENSION INTÉRIEURE
Après les incidents qui ont surgi au
cours de la période de recensement
électorale et la tension qui s'en est
suivie avec la Turquie, une heureuse
détente est actuellement enregistrée sur
le plan diplomatique.
A la suite des conversations qui ont
eU lieu entre M. Bonnet et M. Suad
Davaz, une négociation s'est ouverte
avec la Turquie, tendant à mettre au
point les ententes d'états-màjors qui
précisent les modalités d'application
du traité franco-turc du 29 mai 1937.
Par contre, dans le sandjak, la situa-
tion reste tendue. De nouveaux inci-
<^nts, qnÇ. surgi, notamment &rll.& suite
de l'assassinat d'un eprteiaix turc à
Antidate. Plusieurs militants arabes
de la ligue d' « Action nationale »
ayant, été arrêtés, une -manifestation
s'ensuivit, menaçante.
La troupe dut faire usage de ses ar-
mes : un tué et plusieurs blessés.
POUR RÉALISER L'EMPIRE
M. le sénateur Henri BOURDE AUX
propose
LA CREATIOND'UN GRAND CONSEIL NATIONAL DES PAYS
D'OUTRE-MER'
L'ETABLISSEMENT D'UNE CITOYENNETE SPECIALE
- DANS LE CADRE D'UNE REPUBLIQUE IMPERIALE
M. Henri Bourdeaux, sénateur de
la Somme, vient de déposer sur le
bureau du Sénat une proposition de
résolution qui a été renvoyée à la
commission des Colonies.
Les années que nous venons de vi-
vre ont déterminé, pour un long ave-
nir, après vingt ans d'expériences
plus ou moins heureuses, la struc-
ture du monde livré désormais à la
concurrence de sept impérialismes
majeurs que le problème est d'équili-
brer et de faire vivre en paix. Coup
sur coup, en Europe, nous avons vu
naître l'Empire italien et la Plus
Grande Allemagne, cependant que
l'impérialisme japonais s'affirmait en
Asie.
C'est un fait acquis et révolu. Il
nous invite à nous rappeler qu'il
existe en devenir une Plus Grande
France, une République impériale
plus riche, quand elle sera sortie du
domaine du possible, que le potentiel
pangermanique dans tout son plein.
La sécurité et la prospérité de notre
pays ne sont-elles, pas suspendues à
la conscience qu'il va prendre de sa
faculté impériale et du parti qu'il en
saura tirer? La puissance française
s'étend dans les cinq parties du
monde sur cent millions de ressortis-
sants et sur d'immenses territoires.
Nous avons perdu beaucoup de
temps et gaspillé beaucoup de forces
dans des querelles stériles et épui-
santes. La magnifique Exposition co-
loniale aurait dû servir de préface
à l'organisation et à la mise en va-
leur de notre Empire. Peu avant
cette Exposition le budget des Co-
lonies avait donné lieu, dans les deux
Chambres, à un débat de tout pre-
mier ordre. Le Sénat entendit alors
l'homme d'Etat qui allait devenir son
président et, bientôt après, président
de la République, proclamer comme
rapporteur du budget des Colonies,
la primauté du .fait colonial, « cette
dominante du siècle ».
(14re la suite page 3.)
~QpaQ~MOjË
COLONIALE
M. Georges Mandel, ministre
des Colonies, a décidé de créer
un office central de placement
dans les colonies.
On sait que, jusqu'ici, les per-
sonnes qui étaient en quête
d'une situation outre-mer, de-
vaient s'adresser soit aux agen-
ces des gouvernements colo-
niaux à Paris, soit encore direc-
tement à la colonie quand celle-
ci n'avait pas d'agence dans la
métropole. De telle sorte que la
récherche d'un emploi ne pou-
vait le plus souvent être menée
à - bien - qu'au prix de multiples
démarches.
Grâce à la création de ce^ser-
.i~&~d'aujourd'hui il n'en sera plus
ainsi..Toutes les .demandes
d'emploi seront centralisées et
pourront être efficacement sui-
vies.
Cet Office central est établi à
Paris, 11, rue Tronchet, dans les
bureaux du Service intercolonial I
d'information.
La semaine dernière M. Man-
del créait 70 bourses de voyage
pour les élèves de nos grandes
écoles. Voici maintenant que le
ministre s'attache à faciliter et
soutenir les recherches d'em-
plois outre-mer pour les postu-
lants coloniaux.
Il faut reconnaître qu'un es-
prit nouveau se fait jour rue
Oudinot La chose coloniale y
prend de plus en plus la place
qu'elle aurait toujours dû occu-
per. Il n'est plus question de
considérer le postulant colonial
comme un déséquilibré auquel
on conseillait gentiment de re-
noncer sans tarder à ses projets.
Souhaitons donc que ce
même esprit se rencontre, à la
colonie même, pour que ceux
qui partiront ne soient pas trop
déçus.
A BEYROUTH
BELLE MANIFESTATION
FRANCO - LIBANAISE
L'inauguration solennelle des tra-
vaux d'extension du port de Beyrouth
a eu lieu lundi dernier en présence de
M. de Martel, haut-commissaire, et de
M. Emile Edde, président de la Répu-
blique libanaise. L'escadre de la Mé-
diterranée est venue à Beyrouth spé-
cialement pour cette occasion.
Dans son discours, le président de
la République du Liban, soulignant la
coopération économique franco-liba-
naise, a défini la fonction essentielle
du Liban : plaque tournante et tête
de ligne des grandes voies transconti-
nentales, liett d'escale et d'entreposage
des échanges commerciaux entre
l'Orient et l'Occident. ---
Rendant hommage aux artisans
français de l'entreprise, M. Edde s'est
exprimé ainsi :
(Lire la suite page 3.)
PROPAGANDE IMPÉRIALE
M. André-Marie TAO KIM HAI
demande pourquoi
AUX INDIGENES ON NE PARLE QUE DE L'ŒUVRE
FRANCAISE DANS LEUR PATRIE ?
AUX METROPOLITAINS QUE DES RICHESSES COLONIALES
MAIS JAMAIS DE SOLIDARITE ?
Ayant vécu la moitié de sa vie en
Indochine et l'autre moitié en Fran-
ce, dans des régions les plus diverses
et avec des gens de toutes les classes
sociales, le signataire de cet article
croit avoir conquis une expérience
particulière « d'indigène » et com-
pris pourquoi la -propagande impé-
riale n'a pas donné jusqu'ici ce qu'on
est en droit d'attendre d'elle.
En causant avec ses compatriotes,
qui ne se confient pas facilement à
un Français colonial, et avec des
Français de France, qui ne ratent
jamais l'occasion d'exposer leurs
idées coloniales à un « indigène »
francisant, il croit comprendre que
les premiers ne s'intéressent pas en-
core à l'Empire dans son ensemble
et que les seconds le considèrent tou-
jours comme une « chasse gardée »
de quelques gros capitalistes et bud-
gétivores qu'ils honisserit et dés-
avouent. Qu'a-t-on fait jusqu'ici pour
instruire les uns et détromper les
autres ?
Aux autochtones d'une colonie on
parle surtout de l'œuvre française
dans leur petite patrie, mais jamais
de l'Empire français et des liens qui
les unissent à la communauté impé-
riale. Aux métropolitains on parle
surtout des richesses coloniales, mais
jamais de la solidarité qui les unit
aux « indigènes » et de la manière
de participer activement à l'œuvre
commune. Ce qui fait que le « nhà-
quê » annamite désigne toujours les
Hindous, les Malgaches, les Sénéga-
lais, les-Antillais, etc., sous Je terme
fort impropre « Chà-và » (Javanais), 1.
et que le métropolitain moyen, de-
vant un Jaune, un Noir ou un Arabe,
pense, spontanément qu'il s'agit .d'un
Chinois, d'un nègre (sans autre spé-
cification) ou d'un « bicot », sans
se demander si ce n'est pas un
« compatriote » de l'Empire fran1
çais.
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS) .1
LES , VRAIS OUVRIERS DE L'EMPIRE:
:::,:,'< LES COLONS
c La; tâche de la France n'est pas de faire des noirs des
«petits blancs », mais des «grands noirs) dont on puisse
dire les noirs français sont les premiers noirs de
l'Afrique », nous dit M. DEMAISON.
Nous trouvons M. André Demaison
corrigeant les épreuves de-son pro-
chain, livre : « La Nouvelle Arche de
Noé », qui doit paraître au début de
juillet, chez Grasset.
Rien de ce que j'ai écrit jusqu'à
présent ne m'a; autant satisfait, nous
affirme notre éminent interlocuteur.
Il y a-là-dedans, à mon sens, toute
l'âme profonde de cette Afrique au
sujet de laquelle vous- venez sans
doute m'interroger.
• ♦ ♦
–-Vous rentrez-,d'un assez long pé-
riple 'qui vous a permis d'y voir
beaucoup de .choses. Vous êtes en
particulier passé par la Côte d'Ivoire,
la HauterGuinée et le -Fouta.
- Oui. et je pourrais évidemment
vous parler comme tout autre ; des
routes, .dès transports, de la politique
agricole ou sôdate de nos gouverne-
ments coloniaux. Eh bien ! non, je
me limiterai à une question qui-me
tient tout particulièrement à cœur
et que:je-crois :bien connaître i celle
M. André DEMAISON
de la colonisation française.' Il faut
dire, il faut répéter inlassablement
qu'une œuvre admirable a été réali-
sée en Afrique par nos colons, œuvre
admirable non seulement dans ses
conquêtes pratiques sur une nature
souvent hostile, mais aussi par son
rayonnement auprès de l'indigène à
qui elle sert tout à la fois d'exemple
et de stimulant.
« L'administration n'a pas tou-
jours compris le mérite- et la portée
de la tâche ainsi menée à bien : c'est
pourtant son devoir national et aussi
son devoir social d'aider ceux des
nôtres qui se sont établis là-bas, ris-
quant leur propre argent, leur santé,
parfois leur vie, pour apporter à des
régions déshéritées des richesses
nouvelles et, partant, des raisons
nouvejles d'évolution et de progrès
humain.
« N'oublions pas que, pour que le
travail' soit emèwnt. il faut aujour-
d'hui que ses produits soient c mar-
chands », c'estrà-dire relèvent .d'un
certain standard de qualité-
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
ALGÉRIE - A. O. F.
-
Les liaisons maritimes
sont la base essentiel le -
du développement des échanges
Tout Alger s'est pris récemment
d'un engouement pour l'A.O.F. L'en-
trevue du sympathique' président Mo-
rard avec le président de la Républi-
que à Paris, l'intéressante conférence
du général Meynier à la Chambre de
commerce d'Alger, le Comptoir de
l'A.O.F., si artistement disposé par M.
Cardinal, les bateaux de l'A.O.F. qui
escalent avec leurs passagers nom-
breux à cette époque de l'année, cet
ensemble de circonstances fait que,
dans un mouvement de grande sym-
pathie, l'Afrique du Nord se tourne
vers sa sœur de l'Ouest. Nous avons
tenu à mettre les choses au point et
ncus avons pensé à demander à de
véritables praticiens des relations
ouest-africaines leur avis sur la ques-
tion.
A la maison Worms, qui représente
depuis de nombreuses années à Alger
ies compagnies Fabre et Fraissinet,
nous avons rencontré M. Oberthur, en
l'absence de M. Lebrun-Desote, qui
est, nous devons le dire, le véritable
Artisan du mouvement.
Les relations avec l'A.O.F., s'é-
crie M. Oberthur, mais elles ne datent ni
d'aujourd'hui ni d'hier. Dès 1930, com-
me le rappelait si opportunément le
général Meynier, les compagnies Fa-
bre et Fraissinet se sont attachées à
rendre absolument régulières les es-
cales des paquebots et des cargos qui,
jusque-là, n'étaient qu'occasionnelles.
Ont-elles été rapidement mises au
point ?
Non, il a fallu du temps et de la
persévérance. L'A.O.F. sortait de la
crise. Les vapeurs Hoggar et Touareg
prenaient à cette époque moins de 30
tonnes de frêt une fois par mois, mais
la progression depuis a été constante.
A quoi peut-on attribuer cette
progression ?
- À l'amélioration de la situation
économique tout d'abord, mais aussi
aux dispositions prises par le gouver-
nement algérien et aux bonnes rela-
tions entretenues personnellement en-
tre les gouverneurs généraux Carde et
Le Beau, d'une part et Brévié d'autre
part, qui ont déterminé les missions
économiques que vous connaissez.
Les compagnies de navigations
n'ont-elles pas aussi leur part dans ce
succès ?
Certainement, la ténacité et l'ex-
périence centenaire d'armateurs libres
ne recevant du gouvernement aucune
subvention, telles que le sont les com-
pagnies Fabre et Fraissinet, qui n'ont
jamais désespéré du succès, lint per-
mis en six ans de multiplier par vingt
les résultats dont nous avons déjà
parlé.
L'un dans l'autre, les paquebots,
cargos et navires fruitiers assurent
actuellement par an plus de 120 esca-
les à Alger, soit' en moyenne une tous
les trois jours. Cette amélioration-du
trafic représente un progrès considé-
rable sur les relations antérieures, dû
à l'effort soutenu, digne de tous les
éloges, quand on pense que bon nom-
bre de ces escales (au retour de la
C.O.A.) sont assurées pour des tonna-
ges faibles, variant de 5 à 60 tonnes.
« Je me permets de vous signaler
aussi l'effort fait par les lignes bana-
nières qui touchent hebdomadairement
à leur retour de la côte d'Afrique,
nous permettant de créer un véritable
marché de la banane à Alger.
Et le tourisme ?
C'est là une question plus ardue.
Il semble peu probable que les Afri-
cains, après deux ans de séjour aient
à cœur de traverser en chemin de le r.
ou en car l'Afrique du Nord de Ca-
sablanca à Alger pour y reprendre leur
bateau. n parait peu probable aussi
qu'au retour ils désirent écourter leur
congé pour faire du tourisme en Afri-
que du Nord.
Etes-vous pessimistes à ce point Z
Non, pas du tout, nos compagnies
s'efforcent toujours de rendre les esca-
les agréables à leurs passagers
nous pouvons espérer que quelque^"4
« Aofiens » séduits par le climat rionIî~
africain et par les beautés naturelles
se décideront à se fixer un' jour en
Algérie ou tout simplement à profiter
de leur congé pour organiser conforta-
blement au départ de France un voya-
ge circulaire.
Sur ce, nous remercions M. Ober-
thur de ces précieuses indications et
nous pouvons conclure avec lui que
les efforts faits dans tous les domai-
nes portent leurs fruits et que le rap-
prochement poursuivi au cours de ces
dernières années entre l'Algérie et
l'A.O.F. est éminemment profitable à
l'esprit de la plus grande France.'
Rappelons aussi en - terminant que - M.
Oberthur a tenu dans cette circons-
tance à souligner tout particulièrement
l'effort personnel de M. Cardinal et à
montrer combien l'initiative du gou-
verneur général de l'A.O.F., en cré-
ant le Comptoir d'Alger, a été heureu-
se en la matière. Il faut espérer pour
les Algériens que le comptoir récem-
ment créé à Dakar soit aussi actif
et vivant. Il est certain que notre ex-
cellent ami Siguier qui en a pris la
charge saura faire, lui aussi, des mer-
veilles. C. B.
Un décret-loi crée
une taxe sur le coton
La loi des finances du 31 mars 1937
avait établi un droit spécial de 1 franc
par 100 kgs sur toute importation en
France pour la consommation du co-
ton.
La. loi de 1927 a permis de consa-
crer, depuis dix ans, une somme an-
nuelle de trois millions de francs en-
viron au développement et à l'amélio-
ration de la culture du coton dans les
territoires français d'outre-mer.
Cet effort n'a pas été vain, puisque
la production de coton français est pas-
sée. de 1926 à 1937. de 8.500 à 22.160
tonnes.
Mais la France reste encore tribu-
taire de l'étranger pour un tonnage
considérable de coton ; ses besoins, en
1937, se sont élevés à un total de
281.000 tonnes, et ont absorbé une
somme de plus de deux milliards de
francs.
H est donc indispensable de pour-
suivre et d'intensifier l'action entre-
prise.
Dans ce but et d'accord avec lès
groupements industriels intéressés ab-
près de qui il a procédé à une large
consultation, un décret-loi élève le taux -
de la taxe de 1 franc à 2 francs par
kilogr" et la durée de sa perception
est prolongée de dix ans.
Economie et production.
Le Maroc avait fait, il y a deux ans, à la foire de Dakar,
notamment, un effort important pour prendre la place qui lui reve-
nait sur le marché de J'A. O. F., M. Dupré, directeur de l'O.
était venu lui-même sur pla'ce et s'était rendu compte des possi.
bilités.
Que s'est-il passé ?" Découragés par l'appareil adniinistratlf"
par les droits de douane, les Marocains n'ont pas poursuivi cet
effort. Disons'meme qu'ils onttpresque abandonné la partie.
Et ce: sont .aujourd'hui les Algériens, plus fortement organisés
avec;PO. F..AUI4Â. C.,.;qui inondent le marché-dakarois deleuns
primeurs ,
38' année. –: N° 25. Fondateur : Marcel RUEDEL. Edition hebdomadaire. Prix du numéro : Un franc Lundi 20 juin 1938.
Nous n'avons pas ou à peine une
Jeunesse impériale. Faute grave de nos maî-
tres. Faute que nous paierons, et peut-être
'fiès dier, • A,
x Pierre DOMINIQUE.
.(La .République,).
-.. ," ~-J'
# -. .,.:: ,'4;'" ',_:' ":.: .-' -~_t,- a",-,.'
un ales
Les Annales Colonial es
'", .', ',' ;", :c
_: -.' -' _: } '"i",:: ;' - !. ;..J ., -
* --- FONDAES EN.,1900 *
DIRECTION
RÉDACTION
12* rue Le PeMfelï Paris (9*)* Téiépfione :-Pr»'e.nce 4.9.8l et 82. C. C. postaux Paris 147385.
Correspondants particuliers dans tout l'Empire, et dans les ports de la Métropolei 'f. I; ':., - Les annonces sont reçues à Paris, 12, rue Le Peletier (9*) 1
1 Il *de Publicité. et d'Edidons françaises.
Les manuscrits ne sont pas rendus. , - (' ..|îar.la Société Africaine de.Publicité.et d'Editions françaises.
ADMINISTRATION
PUBLICITÉ
(ABONNEMENTS
Franco et Colonies. 1 an r 50 francs 6 mors : 30' francs •;
- -- :-: * * * 1 an - 50 frafts o. inors, : W fra neis - .;
.Etranger et Colonies.) 1 an : .70 francs 6 mois :- 40 traites
France et :COlonies.,..;. 1 an : 200 francs par 5
Etranger et Colonies. 1 an : 300 francs numéros -
PROPAGANDE
LE PLU S PARISIEN ! LE PLUS COLONIAL
EN INDOCHINE
Le problème
de l'éducation
par Jean PHILIP
Sénateur, membre de la Commission des Colonies
M. Marcel Ner, délégué de l'Indochine s'occupe des princi-
pes de la pédagogie coloniale. Ce dont il faut grandement le louer.
Car le tout n'est pas d'instruire les indigènes. Encore faut-il savoir
comment et dans quel sens il importe de les éduquer. Dans ce do-
maine une erreur, un contresens, une faute de tactique peuvent
ayoir les conséquences les plus graves. Et par conséquent, nous ne
pouvons nous passer, même aux colonies, d'une philosophie, fût-elle
sommaire de l'éducation.
L'éducation indigène a des partisans et des détracteurs. Les
détracteurs sont nombreux, parmi les colons, les administrateurs ou
les commerçants. On lui reproche, souvent avec. violence, d'apporter
des idées modernes, de fausser l'esprit du jeune indigène et en quel-
que sorte de le déraciner, lui faisant perdre le contact avec toutes
les traditions de son passé, et ne lui donnant en échange qu'un fatras
de connaissances mal comprises, et surtout inconsidérément ap-
pliquées.
Or, l'évolution intellectuelle et morale de l'indigène n'a pas
uniquement, ni même essentiellement pour cause l'enseignement des
écoles. Les techniques neuves, les réformes administratives, les
, vastes plantations, les grandes usines y ont aussi largement contri-
bué en créant ces sortes de fourmilières gigantesques où « les gens
n'ont plus ni femmes, ni époux, ni père, ni mère, ni ancêtres, des
gens qui ne sont plus dans l'ambiance de leur famille et qu'aucun
frein, aucun sentiment de l'honneur ne retient plus ».
Cette désagrégation, hélas ! certaine, il appartient au contraire
à l'école de l'enrayer, de dresser, en face de toutes les forces dissol-
vantes, une force qui puisse leur résister, de donner un sens à la vie'
de ces multitudes désemparées, d'apprendre la pratique de la solida-
rité à ceux que tout sépare, la race, les mœurs, la religion.
La tâche est belle, mais elle est difficile, et particulièrement en
Indochine. L'éducation ancienne, qui se faisait en quelque sorte dans
la famille, au milieu des habitudes ancestrales, sous la direction d'un
maître qui était comme un second père, n'étant plus possible, il faut
que l'école moderne s'oriente résolument vers l'avenir, auquel elle
doit préparer les générations qui entreront bientôt dans la vie. Ce
qui exige à la fois de la prudence et de l'audace.
Ne nous dissimulons pas que l'école est pour l'indigène une
évasion. Les ouvriers et paysans de l'Indochine ont un standard de
vie lamentable. Le taux des salaires çst PFIÇÉRÇBLE. si bien - - qage 1M.
surpôpàïation aidant', Je mach'ipisme lui-même, nepeùt^déyelqppér
su point d'être un allégement effectif ~poûrK la main-jPœuvrç mal
̃ payée, sous alimentée, frappée en sus de- lourdes amendes dans-'lés/
usines par les contremaîtres indigènes.
Comment s'étonnerait-on, dans de telles conditions, que l'Anna-
mite veuille s'instruire précisément pour se libérer ?
Et d'autre part l'intellectuel
qui n'a pas d'emploi public est, la
plupart du temps réduit à une si-
tuation douloureuse. Or, dans les
établissements scolaires, de l'éco-
le primaire à l'enseignement su-
périeur, il a été habitué à vivre
sur un pied d'égalité avec J'Euro-
péen.
Ce sont là des faits sociaux
dont la pédagogie ne peut se dé-
sintéresser. L'Ecole donc doit en
tenir compte.
Et c'est bien ce qui explique
que nous lui donnions les deux
mots d'audace et de prudence
comme devise. A udace, parce que,
nous l'avons dit, aux colonies plus
qu'ailleurs l'éducation est une
évasion.
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
A l'Ecole nationale
de la France d'outre-mer
Jusqu'alors, suivant le régime de
l'école, les élèves se voyaient affectés
à un poste de l'extérieur dès que leur
séjour à l'école était terminé, et alors
même qu'ils n'avaient pas été encore
- aux - colonies. --
On a fini par s'apercevoir qu'un tel
enseignement était tr6p théorique, et
que nous aurions gagné à nous inspi-
rer de l'exemple de certains pays
-^i/angers, en particulier, de la Gran-
de-Bretagne. Il ne s'agit pas en effet
de former des professeurs ou des doc-
trinaires, mais des hommes pratiques,
capables de prendre de promptes dé-
cisions, et il importe pour cela qu'ils
connaissent bien le milieu où ils au-
ront à agir. .,.,
C'est pourquoi, un décret vient a etre
pris, aux termes duquel nos futurs ad-
ministrateurs devront obligatoirement,
après avoir passé deux années à l'école
nationale de France d'outre-mer, ac-
complir un stage dans un de nos ter-
ritoire -d'outre-mer. Et c'est à leur re.
tour seulement qu'ils effectueront leur
troisième année d'études. :
Il faut donc espérer que ces jeunes
gens posséderont désormais, outre des
connaissances théoriques d'une valeur
indiscutable, une expérience des réa-
lités. ;
« N'ayez pas peur ; restez unis, ne reculez pas devant la
force », clamaitJors des émeutes du 9 avril, à Tunis, un instituteur
néo-destourien.
Résultat : deux ans de prison et 3.000 francs d'amende.
« Les blancs, si tu n'es pas content, tu leur rentres dans le
chou » (sic), conseillait dernièrement, en A. O. F., à un maçon
indigène, un inspecteur du Travail.
Pour ce conseil- étonnant pour le moins nous n'avons pas
connaissance que des sanctions aient été prises. '.,.
Ce qui est interdit à un instituteur indigène, en Tunisie,, est-il
donc permis à un fonctionnaire français en A. 0. F. ?
Nous savons tous que le climat de la Côte occidentale est
tropical. Est-ce une raison pour dépasser le a eIimot » tunisien ?;
•. •. - *
Dans le d'Alger, quatre navires de la Côte d'Afrique : « Cap des Palmes » (navire bana-
nier), les paquebots « Hoggar » et « Touareg », et le cargo « Gabon ».
A ALEXANDRETTE
DÉTENTE EXTÉRIEURE
MAIS TENSION INTÉRIEURE
Après les incidents qui ont surgi au
cours de la période de recensement
électorale et la tension qui s'en est
suivie avec la Turquie, une heureuse
détente est actuellement enregistrée sur
le plan diplomatique.
A la suite des conversations qui ont
eU lieu entre M. Bonnet et M. Suad
Davaz, une négociation s'est ouverte
avec la Turquie, tendant à mettre au
point les ententes d'états-màjors qui
précisent les modalités d'application
du traité franco-turc du 29 mai 1937.
Par contre, dans le sandjak, la situa-
tion reste tendue. De nouveaux inci-
<^nts, qnÇ. surgi, notamment &rll.& suite
de l'assassinat d'un eprteiaix turc à
Antidate. Plusieurs militants arabes
de la ligue d' « Action nationale »
ayant, été arrêtés, une -manifestation
s'ensuivit, menaçante.
La troupe dut faire usage de ses ar-
mes : un tué et plusieurs blessés.
POUR RÉALISER L'EMPIRE
M. le sénateur Henri BOURDE AUX
propose
LA CREATIOND'UN GRAND CONSEIL NATIONAL DES PAYS
D'OUTRE-MER'
L'ETABLISSEMENT D'UNE CITOYENNETE SPECIALE
- DANS LE CADRE D'UNE REPUBLIQUE IMPERIALE
M. Henri Bourdeaux, sénateur de
la Somme, vient de déposer sur le
bureau du Sénat une proposition de
résolution qui a été renvoyée à la
commission des Colonies.
Les années que nous venons de vi-
vre ont déterminé, pour un long ave-
nir, après vingt ans d'expériences
plus ou moins heureuses, la struc-
ture du monde livré désormais à la
concurrence de sept impérialismes
majeurs que le problème est d'équili-
brer et de faire vivre en paix. Coup
sur coup, en Europe, nous avons vu
naître l'Empire italien et la Plus
Grande Allemagne, cependant que
l'impérialisme japonais s'affirmait en
Asie.
C'est un fait acquis et révolu. Il
nous invite à nous rappeler qu'il
existe en devenir une Plus Grande
France, une République impériale
plus riche, quand elle sera sortie du
domaine du possible, que le potentiel
pangermanique dans tout son plein.
La sécurité et la prospérité de notre
pays ne sont-elles, pas suspendues à
la conscience qu'il va prendre de sa
faculté impériale et du parti qu'il en
saura tirer? La puissance française
s'étend dans les cinq parties du
monde sur cent millions de ressortis-
sants et sur d'immenses territoires.
Nous avons perdu beaucoup de
temps et gaspillé beaucoup de forces
dans des querelles stériles et épui-
santes. La magnifique Exposition co-
loniale aurait dû servir de préface
à l'organisation et à la mise en va-
leur de notre Empire. Peu avant
cette Exposition le budget des Co-
lonies avait donné lieu, dans les deux
Chambres, à un débat de tout pre-
mier ordre. Le Sénat entendit alors
l'homme d'Etat qui allait devenir son
président et, bientôt après, président
de la République, proclamer comme
rapporteur du budget des Colonies,
la primauté du .fait colonial, « cette
dominante du siècle ».
(14re la suite page 3.)
~QpaQ~MOjË
COLONIALE
M. Georges Mandel, ministre
des Colonies, a décidé de créer
un office central de placement
dans les colonies.
On sait que, jusqu'ici, les per-
sonnes qui étaient en quête
d'une situation outre-mer, de-
vaient s'adresser soit aux agen-
ces des gouvernements colo-
niaux à Paris, soit encore direc-
tement à la colonie quand celle-
ci n'avait pas d'agence dans la
métropole. De telle sorte que la
récherche d'un emploi ne pou-
vait le plus souvent être menée
à - bien - qu'au prix de multiples
démarches.
Grâce à la création de ce^ser-
.i~&~
ainsi..Toutes les .demandes
d'emploi seront centralisées et
pourront être efficacement sui-
vies.
Cet Office central est établi à
Paris, 11, rue Tronchet, dans les
bureaux du Service intercolonial I
d'information.
La semaine dernière M. Man-
del créait 70 bourses de voyage
pour les élèves de nos grandes
écoles. Voici maintenant que le
ministre s'attache à faciliter et
soutenir les recherches d'em-
plois outre-mer pour les postu-
lants coloniaux.
Il faut reconnaître qu'un es-
prit nouveau se fait jour rue
Oudinot La chose coloniale y
prend de plus en plus la place
qu'elle aurait toujours dû occu-
per. Il n'est plus question de
considérer le postulant colonial
comme un déséquilibré auquel
on conseillait gentiment de re-
noncer sans tarder à ses projets.
Souhaitons donc que ce
même esprit se rencontre, à la
colonie même, pour que ceux
qui partiront ne soient pas trop
déçus.
A BEYROUTH
BELLE MANIFESTATION
FRANCO - LIBANAISE
L'inauguration solennelle des tra-
vaux d'extension du port de Beyrouth
a eu lieu lundi dernier en présence de
M. de Martel, haut-commissaire, et de
M. Emile Edde, président de la Répu-
blique libanaise. L'escadre de la Mé-
diterranée est venue à Beyrouth spé-
cialement pour cette occasion.
Dans son discours, le président de
la République du Liban, soulignant la
coopération économique franco-liba-
naise, a défini la fonction essentielle
du Liban : plaque tournante et tête
de ligne des grandes voies transconti-
nentales, liett d'escale et d'entreposage
des échanges commerciaux entre
l'Orient et l'Occident. ---
Rendant hommage aux artisans
français de l'entreprise, M. Edde s'est
exprimé ainsi :
(Lire la suite page 3.)
PROPAGANDE IMPÉRIALE
M. André-Marie TAO KIM HAI
demande pourquoi
AUX INDIGENES ON NE PARLE QUE DE L'ŒUVRE
FRANCAISE DANS LEUR PATRIE ?
AUX METROPOLITAINS QUE DES RICHESSES COLONIALES
MAIS JAMAIS DE SOLIDARITE ?
Ayant vécu la moitié de sa vie en
Indochine et l'autre moitié en Fran-
ce, dans des régions les plus diverses
et avec des gens de toutes les classes
sociales, le signataire de cet article
croit avoir conquis une expérience
particulière « d'indigène » et com-
pris pourquoi la -propagande impé-
riale n'a pas donné jusqu'ici ce qu'on
est en droit d'attendre d'elle.
En causant avec ses compatriotes,
qui ne se confient pas facilement à
un Français colonial, et avec des
Français de France, qui ne ratent
jamais l'occasion d'exposer leurs
idées coloniales à un « indigène »
francisant, il croit comprendre que
les premiers ne s'intéressent pas en-
core à l'Empire dans son ensemble
et que les seconds le considèrent tou-
jours comme une « chasse gardée »
de quelques gros capitalistes et bud-
gétivores qu'ils honisserit et dés-
avouent. Qu'a-t-on fait jusqu'ici pour
instruire les uns et détromper les
autres ?
Aux autochtones d'une colonie on
parle surtout de l'œuvre française
dans leur petite patrie, mais jamais
de l'Empire français et des liens qui
les unissent à la communauté impé-
riale. Aux métropolitains on parle
surtout des richesses coloniales, mais
jamais de la solidarité qui les unit
aux « indigènes » et de la manière
de participer activement à l'œuvre
commune. Ce qui fait que le « nhà-
quê » annamite désigne toujours les
Hindous, les Malgaches, les Sénéga-
lais, les-Antillais, etc., sous Je terme
fort impropre « Chà-và » (Javanais), 1.
et que le métropolitain moyen, de-
vant un Jaune, un Noir ou un Arabe,
pense, spontanément qu'il s'agit .d'un
Chinois, d'un nègre (sans autre spé-
cification) ou d'un « bicot », sans
se demander si ce n'est pas un
« compatriote » de l'Empire fran1
çais.
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS) .1
LES , VRAIS OUVRIERS DE L'EMPIRE:
:::,:,'< LES COLONS
c La; tâche de la France n'est pas de faire des noirs des
«petits blancs », mais des «grands noirs) dont on puisse
dire les noirs français sont les premiers noirs de
l'Afrique », nous dit M. DEMAISON.
Nous trouvons M. André Demaison
corrigeant les épreuves de-son pro-
chain, livre : « La Nouvelle Arche de
Noé », qui doit paraître au début de
juillet, chez Grasset.
Rien de ce que j'ai écrit jusqu'à
présent ne m'a; autant satisfait, nous
affirme notre éminent interlocuteur.
Il y a-là-dedans, à mon sens, toute
l'âme profonde de cette Afrique au
sujet de laquelle vous- venez sans
doute m'interroger.
• ♦ ♦
–-Vous rentrez-,d'un assez long pé-
riple 'qui vous a permis d'y voir
beaucoup de .choses. Vous êtes en
particulier passé par la Côte d'Ivoire,
la HauterGuinée et le -Fouta.
- Oui. et je pourrais évidemment
vous parler comme tout autre ; des
routes, .dès transports, de la politique
agricole ou sôdate de nos gouverne-
ments coloniaux. Eh bien ! non, je
me limiterai à une question qui-me
tient tout particulièrement à cœur
et que:je-crois :bien connaître i celle
M. André DEMAISON
de la colonisation française.' Il faut
dire, il faut répéter inlassablement
qu'une œuvre admirable a été réali-
sée en Afrique par nos colons, œuvre
admirable non seulement dans ses
conquêtes pratiques sur une nature
souvent hostile, mais aussi par son
rayonnement auprès de l'indigène à
qui elle sert tout à la fois d'exemple
et de stimulant.
« L'administration n'a pas tou-
jours compris le mérite- et la portée
de la tâche ainsi menée à bien : c'est
pourtant son devoir national et aussi
son devoir social d'aider ceux des
nôtres qui se sont établis là-bas, ris-
quant leur propre argent, leur santé,
parfois leur vie, pour apporter à des
régions déshéritées des richesses
nouvelles et, partant, des raisons
nouvejles d'évolution et de progrès
humain.
« N'oublions pas que, pour que le
travail' soit emèwnt. il faut aujour-
d'hui que ses produits soient c mar-
chands », c'estrà-dire relèvent .d'un
certain standard de qualité-
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
ALGÉRIE - A. O. F.
-
Les liaisons maritimes
sont la base essentiel le -
du développement des échanges
Tout Alger s'est pris récemment
d'un engouement pour l'A.O.F. L'en-
trevue du sympathique' président Mo-
rard avec le président de la Républi-
que à Paris, l'intéressante conférence
du général Meynier à la Chambre de
commerce d'Alger, le Comptoir de
l'A.O.F., si artistement disposé par M.
Cardinal, les bateaux de l'A.O.F. qui
escalent avec leurs passagers nom-
breux à cette époque de l'année, cet
ensemble de circonstances fait que,
dans un mouvement de grande sym-
pathie, l'Afrique du Nord se tourne
vers sa sœur de l'Ouest. Nous avons
tenu à mettre les choses au point et
ncus avons pensé à demander à de
véritables praticiens des relations
ouest-africaines leur avis sur la ques-
tion.
A la maison Worms, qui représente
depuis de nombreuses années à Alger
ies compagnies Fabre et Fraissinet,
nous avons rencontré M. Oberthur, en
l'absence de M. Lebrun-Desote, qui
est, nous devons le dire, le véritable
Artisan du mouvement.
Les relations avec l'A.O.F., s'é-
crie M. Oberthur, mais elles ne datent ni
d'aujourd'hui ni d'hier. Dès 1930, com-
me le rappelait si opportunément le
général Meynier, les compagnies Fa-
bre et Fraissinet se sont attachées à
rendre absolument régulières les es-
cales des paquebots et des cargos qui,
jusque-là, n'étaient qu'occasionnelles.
Ont-elles été rapidement mises au
point ?
Non, il a fallu du temps et de la
persévérance. L'A.O.F. sortait de la
crise. Les vapeurs Hoggar et Touareg
prenaient à cette époque moins de 30
tonnes de frêt une fois par mois, mais
la progression depuis a été constante.
A quoi peut-on attribuer cette
progression ?
- À l'amélioration de la situation
économique tout d'abord, mais aussi
aux dispositions prises par le gouver-
nement algérien et aux bonnes rela-
tions entretenues personnellement en-
tre les gouverneurs généraux Carde et
Le Beau, d'une part et Brévié d'autre
part, qui ont déterminé les missions
économiques que vous connaissez.
Les compagnies de navigations
n'ont-elles pas aussi leur part dans ce
succès ?
Certainement, la ténacité et l'ex-
périence centenaire d'armateurs libres
ne recevant du gouvernement aucune
subvention, telles que le sont les com-
pagnies Fabre et Fraissinet, qui n'ont
jamais désespéré du succès, lint per-
mis en six ans de multiplier par vingt
les résultats dont nous avons déjà
parlé.
L'un dans l'autre, les paquebots,
cargos et navires fruitiers assurent
actuellement par an plus de 120 esca-
les à Alger, soit' en moyenne une tous
les trois jours. Cette amélioration-du
trafic représente un progrès considé-
rable sur les relations antérieures, dû
à l'effort soutenu, digne de tous les
éloges, quand on pense que bon nom-
bre de ces escales (au retour de la
C.O.A.) sont assurées pour des tonna-
ges faibles, variant de 5 à 60 tonnes.
« Je me permets de vous signaler
aussi l'effort fait par les lignes bana-
nières qui touchent hebdomadairement
à leur retour de la côte d'Afrique,
nous permettant de créer un véritable
marché de la banane à Alger.
Et le tourisme ?
C'est là une question plus ardue.
Il semble peu probable que les Afri-
cains, après deux ans de séjour aient
à cœur de traverser en chemin de le r.
ou en car l'Afrique du Nord de Ca-
sablanca à Alger pour y reprendre leur
bateau. n parait peu probable aussi
qu'au retour ils désirent écourter leur
congé pour faire du tourisme en Afri-
que du Nord.
Etes-vous pessimistes à ce point Z
Non, pas du tout, nos compagnies
s'efforcent toujours de rendre les esca-
les agréables à leurs passagers
nous pouvons espérer que quelque^"4
« Aofiens » séduits par le climat rionIî~
africain et par les beautés naturelles
se décideront à se fixer un' jour en
Algérie ou tout simplement à profiter
de leur congé pour organiser conforta-
blement au départ de France un voya-
ge circulaire.
Sur ce, nous remercions M. Ober-
thur de ces précieuses indications et
nous pouvons conclure avec lui que
les efforts faits dans tous les domai-
nes portent leurs fruits et que le rap-
prochement poursuivi au cours de ces
dernières années entre l'Algérie et
l'A.O.F. est éminemment profitable à
l'esprit de la plus grande France.'
Rappelons aussi en - terminant que - M.
Oberthur a tenu dans cette circons-
tance à souligner tout particulièrement
l'effort personnel de M. Cardinal et à
montrer combien l'initiative du gou-
verneur général de l'A.O.F., en cré-
ant le Comptoir d'Alger, a été heureu-
se en la matière. Il faut espérer pour
les Algériens que le comptoir récem-
ment créé à Dakar soit aussi actif
et vivant. Il est certain que notre ex-
cellent ami Siguier qui en a pris la
charge saura faire, lui aussi, des mer-
veilles. C. B.
Un décret-loi crée
une taxe sur le coton
La loi des finances du 31 mars 1937
avait établi un droit spécial de 1 franc
par 100 kgs sur toute importation en
France pour la consommation du co-
ton.
La. loi de 1927 a permis de consa-
crer, depuis dix ans, une somme an-
nuelle de trois millions de francs en-
viron au développement et à l'amélio-
ration de la culture du coton dans les
territoires français d'outre-mer.
Cet effort n'a pas été vain, puisque
la production de coton français est pas-
sée. de 1926 à 1937. de 8.500 à 22.160
tonnes.
Mais la France reste encore tribu-
taire de l'étranger pour un tonnage
considérable de coton ; ses besoins, en
1937, se sont élevés à un total de
281.000 tonnes, et ont absorbé une
somme de plus de deux milliards de
francs.
H est donc indispensable de pour-
suivre et d'intensifier l'action entre-
prise.
Dans ce but et d'accord avec lès
groupements industriels intéressés ab-
près de qui il a procédé à une large
consultation, un décret-loi élève le taux -
de la taxe de 1 franc à 2 francs par
kilogr" et la durée de sa perception
est prolongée de dix ans.
Economie et production.
Le Maroc avait fait, il y a deux ans, à la foire de Dakar,
notamment, un effort important pour prendre la place qui lui reve-
nait sur le marché de J'A. O. F., M. Dupré, directeur de l'O.
était venu lui-même sur pla'ce et s'était rendu compte des possi.
bilités.
Que s'est-il passé ?" Découragés par l'appareil adniinistratlf"
par les droits de douane, les Marocains n'ont pas poursuivi cet
effort. Disons'meme qu'ils onttpresque abandonné la partie.
Et ce: sont .aujourd'hui les Algériens, plus fortement organisés
avec;PO. F..AUI4Â. C.,.;qui inondent le marché-dakarois deleuns
primeurs ,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 96.9%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 96.9%.
- Auteurs similaires Ruedel Marcel Ruedel Marcel /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ruedel Marcel" or dc.contributor adj "Ruedel Marcel")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62720890/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62720890/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62720890/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62720890
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62720890