Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1938-05-23
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 23 mai 1938 23 mai 1938
Description : 1938/05/23 (A39,N20). 1938/05/23 (A39,N20).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6272085b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
39' année. –N'2J
?onaateur: Marcel RUEDEL. -
o a' -frànd
EditionKël^domacïaïre.– Prixdunuméro:Unfranc
Lundi 23 mai 1938.
« La plus grande défaite des Français
ia été celle de Québec, qui leur a fait perdre
l'Amérique. Leur plus grande victoire la prise
d'Alger, qui leur, a ouvert l'Afrique. »
Onésime RECLUS.
t'I. '':.: "1 ,,-..,
Les ABBahs Cohmahs
'-'. ,: :', ';..
FONDI~ES EN 1900
DIRECTION
RÉDACTION
J2, rue Le Meihr. Paris (9'V.
1 •» 1 u.
1
'- Téléphone : Provence 49.8l^et^82.– Ç.' Cl posltàux ;Parîs• 147385.
Correspondants particuliers dans tout I'Em pire .-et dans -lesports de la Métropole..
Les manuscrite, ne sont pas rendus. , ,'
, \,ô.1I<"J,::'-..;.r~~:~:.;. -.:.
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1 ':' par :IÉ -Société Africaine de ,, Publicité et d'Editions françaises.
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"ARnNIVÏP'MFNTÇ France et Colonies.>>>«< 1 an : 50 francs 6 mois : 30 francs
ADl/liZi £ ilTl £ il> 10 Etranger et Colonies.j 1 an : 70 francs 6 mois : 40 francs
LE PLUS PARISIEN
LE PLUS COLONIAL
- France et Colonies , 1 an : 200 francs par 5
Etranger et Colonies. 1 an : 300 francs numéros
PROPAGANDE
LA RÉFORME
du ministère des Colonies
Par G. NOUELLE
Député
Président de la Commission des Colonies
L'optimisme est à la mode. C'est le moment d'essayer de trans-
iormer nos désirs en réalités.
Le Français, s il est homme toujours décoré, commence a con-
naître sa géographie. du moins celle de nos colonies. L'Empire
français, cet accouplement de deux grands mots, cela représente
enfin, dans son esprit, une certitude. Il s'y intéresse et son esprit
critique est tenu en éveil. C'est dire gué la plupart des maux dont
souffre notre domaine d'outre-mer ne lui sont pas inconnus ainsi que
les « remèdes de bonne femme » qui sont proposés.
Son étonnement le plus grand vient de l'organisation du minis-
tère des Colonies, et c'est compréhensible. Voilà un monde de plus
de 11 millions de kilomètres carrés-, -de-- 50-millions d'habitants, dont
le chiffre du commerce annuel dépasse 14 milliards de francs, qui
est, non pas contrôlé, mais administré, de Paris par un corps de
65 fonctionnaires.
Chiffre dérisoire ? Il est vrai. Mais ce qui est encore plus scan-
daleux c'est que ces fonctionnaires trop peu nombreux peuvent
n'avoir jamais, et n'ont jamais, pour la majorité, quitté le « plancher
des vaches ». Ils n'ont aucune expérience de la colonie. Quelques-uns
y sont allés à la suite de gouverneurs, comme chefs de cabinet, secré-
taires généraux, mais ils sont restés dans les bureaux, au chef-lieu du
Territoire, et n'ont eu aucun contact direct avec les populations.
Ils ont fait du papier, comme à la rue Oudinot, avec cette diffé-
rence, car il faut être juste, qu'ils ont sué sur le papier, malgré le
ventilateur qui tournait sur un coin du bureau.
Les résultats en sont connus : décisions, dépêches, circulaires
inopportunes ou inapplicables que les broussards classent soigneuse-
ment pour que les termites ne les dévorent pas.
Illustrons ce passage d'un exemple pas méchant pour un cauris :
un fonctionnaire de l'A. O. F. rentrant de congé, il y a quelques
années, se perd dans les couloirs de la rue Oudinot et rencontre un
camarade de promotion appartenant à l'Administration centrale.
Petit bureau peu aéré, assez sombre, des dossiers partout sous che-
mises bien étiquetées. Sur la table, un décret avec visas, contre-visas,
prêt à être-descendu au cabinet du ministre, est relatif à la chasse en
A. O. F. Il y est parlé de rhinocéros. De mémoire d'Africain, il n'y
en a iamais eu en A. O. F. L'homme du bureau croit que le broussard
plaisante. Ce dernier jure sur tous les fétiches de la forêt-et de la
savane qu'il dit la vérité. Il est conduit du rédacteur au sous-chef, du
sous-chef au chef de bureau. Devant un tel entêtement, on prend
enfin des renseignements auprès des fonctionnaires coloniaux déta-
chés et la vérité finit par s'imposer.
(LIRE LA SUITE EN TROISIEME PAGE)
e~CM$<<<$M<$$M~~M~~M~CM~~<~$~~ :::: =::::: :::
PROBLÈME D'EMPIRE .!
Le secret de la mise en valeur :
LA COLLABORATION
Par P. LE VERBE
•
Considérant de loin la colonie -
après y avoir vécu qui donc n'est
pas amené à réaliser qu'un des
grands maux dont elle souffre est le
manque de collaboration ?
Un fait est là : les Blancs. a la colo-
nie, sont divisés en deux clans, trop
souvent hostiles : ceux qui sont de
l'administration et les autres, ceux
qui n'en sont pas.
Pourquoi ce distingo que nul ne
Saurait nier .?
Tout retard au réarmement
naval mettrait
en péril notre Empire
déclare M. CAMPINCHI
Au sujet du décret-loi accordant à
la marine militaire un supplément de
crédit de 1 milliard 41 milions et auto-
risant la mise en chantier d'une nou-
velle tranche navale comprenant no-
tamment deux cuirassés de 35.000 ton-
nes, M. Campinchi, ministre de la Ma-
rine, a déclaré que le problème de la
politique navale posé à la France doit
être résolu sans délai: car tout retard
déterminerait le fléchissement de notre
sécurité et mettrait en péril notre
empire colonial.
Ne manquons pas de souligner cette
déclaration en rappelant qu'actuelle-
ment nos colonies ne disposent en per-
manence pour leur défense que de pe-
tites unités sans grande valeur mili-
taire et profitons de cette occasion
pour signaler l'intéressant reportage
que vient de publier dans L'Intransi-
geant J. Daquenove intitulé : « L'Al-
lemagne prépare la guerre des cor-
saires ».
Le souvenir de la guerre de course
en 1914-1918 et les dangers qu'elle pré-
sente pour nos possessions isolées ne
sauraient être négligés. Partout, en
Malaisie aussi bien que sur les côtes
d'Afrique, orientale et occidentale,
l'amirauté allemande a déjà pris posi-
tion. Des bases clandestines sont pré-
parées; les « croiseurs de poche » sont
prêts.
Outre nos grandes routes impériales
dont elle devra assurer la libre circu-
lation, notre marine, doit être en me-
sure de protéger nos colonies.
C'est là tâche d'Empire. Pour l'as-
purer, notre marine doit être forte.
Pour plusieurs raisons dont la prin-
cipale est l'étendue des pouvoirs que
détiennent les fonctionnaires et dont
la confusion en leurs mains crée iné-
vitablement humainement, dirons-
nous un autocratisme qui ne va
pas sans susciter des réactions
parfois violentes de la part des
administrés.
De la détention de ces pouvoirs et
de la sécurité officielle qui en dé-
coule, l'administration, outre-mer, se
trouve dans une situation privilégiée
qui ne va pas sans opposition fla-
grante avec celle des colons dont le
sort est souvent précaire.
De ce fait un esprit de caste est
né, qui entretient une animosité faite
de multiples tracasseries d'une part
et d'envie de l'autre. Son résultat est
un antagonisme des plus préjudicia-
bles aux intérêts de la colonie : il in-
terdit la collaboration.
**
Cet état d'esprit aussi regrettable
que néfaste source de tant de ri-
valités engendrant de multiples et
souvent mesquines difficultés n'a'
pas toujours échappé aux grands
chefs. Certains, s'attachant avec foi
a leur tâche, voulant créer et ayant
pour cela besoin de la collaboration
de tous, fonctionnaires qui dirigent
et colons qui réalisent, ont senti la
nécessité d'y remédier. Sans remon-
ter aux décisions maintenant'histo-
riques du gouverneur général Van
Yollenlioven et, plus près de nous
encore, du grand Lyautey, nous
avons connaissance d'une toute ré-
cente circulaire du gouverneur gé-
néral Reste qui est un rappel oppor-
tun du rôle et des devoirs de chacun.
En voici les principaux passages :
« J'ai l'honneur de vous rappeler
que les relations entre les services
du Gouvernement général et les en-
treprises commerciales et industriel-
les doivent toujours être empreintes
de l'esprit de compréhension, de con-
ciliation et de bienveillance propre à
servir le mieux les intérêts généraux
de la colonie et de ceux qui concou-
rent à la prospérité de notre terri-
toire.
Le plus encourageant des accueils,
le plus juste examen de leurs deman-
des, de leurs suggestions et de leurs
doléances doit être assuré aux hom-
mes qui consacrent leur énergie,
leurs forces et leurs capitaux à la
mise en valeur de notre domaine
d'outre-mer.
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS),
1
", -: -' -' ';.
PROBLÈMES D'INDOCHINE
DÉFENSE DE L'UNION INDOCHINOISE"
< "', directement conditionnée par
L'INDUSTRIALISATION DU TONKIN
Bien que n'appartenant encore qu'à
une seule législature M. de Beaumont
est déjà ancien et nouveau député.
Chacun sait en effet, qu'il représente
à nouveau la Cochinchine au Parle-
ment, ceci malgré une invalidation
mémorable dans les annales du Pa-
lais-Bourbon.
Au débarqué de l'avion qui le ra-
mène de Saïgon nous sommes allés
demandera M. de.Beaumpnt des nou-
velles de notre Fédération d'Extrê-
me-Orient.
Quels sont, selon vous, monsieur
le député, les grands problèmes qui
se posent actuellement là-Uas ?
Plusieurs, dont un essentiel qui
en conditionne un autre : la défense
de l'Indochine. Isolée, très loin de
la Métropole, ce grand pays riche ne
pouvait manquer de faire l'objet de
convoitises et sa position en marge
de l'actuel conflit d'Extrême-Orient
font que l'avenir pourrait être pour
lui lourd de menaces si nous n'y re-
médions pas dès maintenant.
« Je vous rappelle, d'ailleurs que
tel. est l'avis * >
tel. e s l vis -7 , ,
1. 1 de M. DE BEAUMONT
-'- Député de Cochinchine
cette inquiétude n'est pas nouvelle.
L'année dernière, dans une. circulaire
M.. Moutet alors ministre des Colo-
nies, précisait même, qu'en toutes
circonstances l'Indochine devait être
en mesure d'assurer elle-même, sa
propre défense.
- Mais comment cela ? -
En créant une armée, suffisante
à ses besoins, et en la dotant d'un
armement moderne matériels mo-
torisés, avions, etc. san§, oublier
s an5 oublier
léquipement des côtes, à pourvoir de
batteries de défense..
« Poiir ces premières dépenses un
emprunt intérieur .doit être suffisant.
Mais la condition primordiale à tout
programme de défense et c'est
pourquoi, je vous disais que ce pro-
blème en conditionne un autre
est l'industrialisation du pays.
On ne peut envisager de défendre
l'Indochine que si on lui permet de
créer l'équipement qui assurera son
indépendance industrielle. C'est une
condition sine qua non.
(LIRE LA SUITE PAGE. TROIS)
:: ::: ::: ::::::::: ,: J:: :::: :::: ::::::::: :':: ::1::::::::;:::: :H: H::::': ::x:::: ::n H,: :m:r::: ::::;, H ::m::1::: :: ::;:::
EN AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
INAUGURATION, DE LA MAISON DU PEUPLE A BAMAKO
« La manifestation est terminée. Le gouverneur général regagne sa voiture sous les acclamations de
ses amis qu'il salue une dernière fois, le poing lèvé. » , -', '-
(Extrait du journal Le Soudan, n" 2 du 6, mars 1938, page 2.)
Le gouverneur gértéral ne peut prétendre èla fois représenter le président de la République
,- i f' emf du le oc t~6re 1 90 9. 'E rfîfim
française au nom des pouvoirs qui lui sont conjTefres décret du 18 octobre 1909 efftfire
acte de partisan et d'homme politique en levant le ooing. ';" ';. ',..
Les chefs de nos colonies sont là pour « administrer » et-non pour faire de la politique. Si
l'on veut que chaque citoyen français reinplisse:1 honnêtement les devoirs qui lui incombent, il ne
faut pas que le mauvais exemple vienne de haut.
Les récents événements de Tunisie sont une preuve sanglante du danger de certaines métho-
des politiques outre-mer.
N. B. Nous n'avons pas voulu publier la fameuse photo d'un gouverneur général discou-
rant sous les emblèmes de la faucille et du. marteau. Ce document serait certainement exploité
contre nous à l'étranger.
M. GEORGES MANDEL
ministre des Colonies i
au Comité permanent
de la Défense nationale
M. Daladier, président du Conseil,
ministre de la Défense nationale et de
la Guerre, a soumis à la. signature du
président de la République un décret
appelant le ministre des Colonies au
Comité permanent de la Défense na-
tionale dans le cas où y viennent des
affaires intéressant la défense des co-
lonies. ':
Avec cette mesure les colonies vont
pouvoir prendre, dans la défense natio-
nale, la place qui leur revient. ,
Le Soudan
,:. 8.. 8
se ressaisit
Assistons-nous à un réveil du Sou-;
dan ?
Depuis 1936 « l'esprit soudanais »
fait de cordialité et de collaboration
avait disparu et, avec - lui, - tout Je
charme de Bamako. -
A la bonne humeur, l'entrain créés
par les grands gouverneurs que furent
Marcel Olivier, Terrasson de Fougères,
Fousset et 'Alfassa, une .politique de
haine, de discorde, avait fait place,
campagne contre laquelle aucun des
chefs responsables n'a réagi, bien au
contraire. ',' ', ": :,
, -' - Ç. B.
(LIRE LA SUJTE PAGE TROIS)
lelp.,#.*~
LE GÉNÉRAL BUHRER
,' est nommé
chef d'Etat-major ,1
général des Colonies
M. Daladier a fait signer un décret
portant nomination, comme chef d'état-
major général des colonies, du général
de division: Btthrer, inspecteur général
des troupes coloniales.
Un autre, décret nomme meçibres du
Conseil supérieur de la Guerre le géné-
ral de division, des troupes coloniales
Huntziger, le général de division Gar-
chery, gouverneur militaire de, Lyon,
et le général Blihrer, chef d'état-major
général des colonies.
Ainsi la défense impériale s'organise
La semaine dernière, le décret-loi sur
l'ouverture de crédit pour la défense
nationale, une somme de 152 millions
était consacrée à l'équipement militai-
re des colonies. Les nouveaux décrets
pris en Conseil des ministres, à la dili-
gence de M. Daladier, président du
Conseil, ministre de la Défense natio-
nale, et de M. Mandel, ministre des
Colonies, complètent cette première
mesure en confirmant les préoccupa-
tions gouvernementales de veiller plus
particulièrement, dans le cacfre de la
Relèvement des effectifs :
dès troupes indigènes :
défense nationale en. général, à la pro-
tection des. colonies, et de demander
à celles-ci un Surcroit, d'efforts en fa-
veur du recrutement, de l'encadrement,
de la préparation' des troupes indigè-
nes.
Les décisions, concernant M. Mandel
et le général "Blihrer sont: complétées'
par un relèvement des., effectifs. C'est
ainsi que, pour les mettre en harmonie
avec la contribution demandée aux co-
lonies,en vue d'assurer leur propre sé-
curité, IM. -Mandel,a invité les gouver-
neurs : généraux de l'Indochine, de l'A.
O. F. et de J'A. E. F. à prévoir, pour
cette année, le recrutement supplémen-
taire de 20.000 soldats indochlnois et
le 50.000 tirailleurs noirs. Ainsi l'Asie
îh l'Af rique - ont chacune leur part.
: (LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
La nouvelle Chambre d« commerce de Libreville,.au 1.6. bon
1 QUELQUES REALITES
du problème algérien
- Par Pierre FONTAINE
La France aime sacrifier la réalité à
la théorie. En certains de nos hommes
politiques sommeille une âme « cyra-
nesque » ; seulement, entre eux et Cy-
rano, il y a une petite différence ; le
Gascon donnait sa bourse personnelle
pour la beauté du geste, tandis que cer-
tains de nos politiciens offrent l'avenir
colonial « de notre pays » en échange
des applaudissements de gens farcis de
grands principes mais dénués de toute
connaissance pratique de la « chose co-
loniale - ».
Et c'est ainsi que l'on faillit commet-
tre des erreurs irréparables en Afrique
du Nord : il s'agit, vous Pavez deviné,
du vote des indigènes. Ne. croyez pas que
j'évoque un passé à jamais enterré ! Que
demain un gouvernement vienne repren-
dre les guides momentanément lâchées
du pouvoir et la question sera à nouveau
d'actualité.
J'ajoute ma pierre à cette polémique,
non pas en théoricien, mais en journa-
liste auteur de maints reportages entre
Casa et Tunis, entre Alger et Adrar, en
homme qui a vécu au milieu de l'indi.
gène, qui a conversé avec lui dans sa
langue. Je devais préciser ce point car
tout le vice de base des projets électo-
raux algériens provient de ce que les
animateurs ne connaissent l'Algérie qu'à
la manière de Potemkine.
En trop d'occasions un gouverneur, un
parlementaire nous reviendrons sur
cette question en précisant certains
points croient comprendre une colo-
nie à travers les rapports des adminis-
trateurs. Hs partent en inspection, soit.
Ces tournées sont minutieusement pré-
parées ; on sait par avance qui sera pré-
senté à la personnalité et l'auditeur « ac-
cidentel » est tellement ému par le cor-
tège officiel qu'il se confond en banalités.
Et, au retour, le pontife s'écrie : « J'ai
saisi le problème !. » En réalité, il n'a
pas vu l'envers du décor.
Quelle est l'origine du mouvement
« jeune algérien »? --
D'abord, deux propagandes étrangères
Contradictoires, mais qui se soudèrenti
admirablement pour mener une politique
antifcançaise : les menées nazies anti-
juives et les campagnes communistes.
Tout a été dit sur ces sujets, n'y reve.
nons pas.
Ensuite, il existait en Algérie des clubs
indigènes férus d'histoire française « ap-
prise dans les écoles françaises » : Jean-
ne d'Arc ayant repoussé l'envahisseur, la
Révolution de 89 « ayant chassé les ty-
rans », puisque la mère-patrie leur ensei.
gnait l'art de libérer leur territoire, pour-
quoi ne profiteraient-ils pas de la leçon ?
Ces clubs ne constituaient qu'une in-
fime minorité que personne ne prenait
au sérieux. Un jour vint un journaliste
coté pour le compte d'un grand quoti-
dien de la capitale. Avide de « sensa-
tionnel », il « découvrit » ces minorités,
les décrivit à la première page de son
journal, les présenta, avec son tempé-
rament de militant politique, comme une
organisation importante. Lorsque, en
1933, un an après ce confrère, je passai
dans ces milieux, on me remit, à titre
documentaire, une collection complète de
ces articles.
Ainsi, grâce à la publicité d'une ga.
zette parisienne, le mouvement « jeune
algérien » était lancé ; il était devenu
une force, non pas au point de vue du
nombre, mais en tant que minorité agis.
sante et turbulente.
Il fallait oser écrire ce détail historique
très peu connu puisque c'est à partir de
cette date que nos difficultés réelles ont
commencé.
Ajoutez à cela un ancien gouverneur
qui, pour des raisons très spéciales, n'eut
pas à se louer de l'accueil local et en
conserva quelque ressentiment contre les
colons algériens, et voilà pourquoi, en
1938, le Parlement s'occupe de créer un
corps électoral qui ne répond en rien à
la mentalité musulmane.
Le malaise algérien réside autre part
que dans le suffrage restreint des indi.
gènes. Pour quelques centaines d'indi-
gènes évolués, six millions se foutent
éperdument du bulletin de vote. La po-
pulation des villes où la politique sé-
vit ne représente pas « toute » l'Afri-
que du Nord.
(LIEE LA SUITE PAGE TROIS)
'::::::: ::::::::::::: :::::: :u:::::::::::::::::: :::::::::::::::::::: :::::::::: ::!
PROBLÈME D'A. O. F.
Le Sénégal doit-il annexer
LA MAURITANIE ?
Par Jean MANI
Le Journal des Coloniaux publie
un clairvoyant article du général A.
Duboc sur le grave problème du re-
groupement des colonies de l'A.O.F.
Nos lecteurs savent qu'une pre-
mière étape de ce regroupement fut
réalisée en 1935 par la redistribution
de la Haute-Volta entre le Soudan, la
Côte d'Ivoire et le Dahomey.
Déjà, cependant, le gouverneur de
la Côte d'Ivoire s'est vu dans l'obliga-
tion de rendre une semi-autonomie
aux cercles voltaïques à lui rattachés.
Un administrateur supérieur a été
placé à leur tête. un vice-lieutenant
gouverneur, en quelque sorte ! Alors?
L'étape future du projet serait, dit-
on, le rattachement de la Mauritanie
à la colonie du Sénégal.
Or, remarque le général Duboc,
dans l'article précité, nous pouvons
dire que les événements viennent de
montrer combien ce rattachement est
encore inopportun : la récente atta-
que-du groupe nomade de Trarza, à
54 kilomètres au nord-est de Nouak-
chott, semble bien établ.ir en effet la
collusion entre campements de la
Mauritanie du Sud et les pillards du
Rio de Oro.
**
Ce retour à l'insécurité, cette ré-
gression dans la pacification de la
Mauritanie, sont imputables, incon-
testablement, aux innovations intro-
duites dans le commandement régio-
nal depuis vingt ans.
Aux officiers précédemment char-
gés des fonctions administratives on
a voulu à tout prix substituer l'admi-
nistration civile, comme si l'assimi-
lation politique de la Mauritanie était
comparable à celle des autres terri-
toires de l'A.O.F.
Le budget de la colonie, tout le pre-
mier, en a souffert : en place de l'in-
demnité annuelle de 900 francs payée
au lieutenant-colonel commissaire du
gouvernement, et des 500 francs men-
suels représentant globalement les
charges d'un capitaine commandant
de cercle, de ses lieutenants, chefs de
subdivisions et de ses sous-officiers
agents spéciaux, il a fallut appointer
un administrateur en chef, divers ad-
ministrateqrs de classe, leurs ad-
joints et leurs agents comptables'
Tout cela pour une population très
faible et dont les facultés contribu-
tives sont infimes.
On en est ainsi arrivé à un budget
de 18;500.000 fr. pour un territoire
de 320.000 habitants, au sol à peu
près improductif, aux voisinages in-
soumis,: s'offrant comme autant de
refuges contre un fisc abusif t j
Dans le même temps, nos unités
méharistes se voyaient refuser les
crédits indispensables à leur dota-
tion en personnel et en matériel, au
point de ne plus pouvoir partir en
contre-rezzou qu'avec des chances
très restreintes d'efficacité.
Tout finit par se savoir ! Aussi l'au-
dace et les intrigues des pillards re-
doublent-elles.
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
les frontières de la France
sont au cœur;
de lAfrique et de r Asie
déclare le général BUHRER
Les Britanniques admettent aujour-
d'hui que leur frontière est sur le
Rhin; les Français, tous les Français,
devraient se convaincre que les fron.
tières de leur pays sont non pas au
Rhin et aux Pyrénées, mais au cœur
de l'Afrique et de l'Asie, comme vient
de le déclarer le général Bührer, chef
d'état-major général des Colonies.
Le nouveau chef de la défense colo-
niale avait bien voulu accepter de pré..
sider le déjeuner du Syndicat des In-
formateurs coloniaux, et c'est à l'issue
de ce repas qu'il a tenu à exposer quel-
ques-unes de ses idées sur les liens qui.
unissent aujourd'hui métropole et colo-
nies.
En Indochine où il commanda nos
troupes coloniales, le général Btihrer
s'est attaché à faire de ses soldats non
des conquérants de territoires le
temps en est passé mais des « con-
quérants d'âmes ». « Le lien d'amitié est
indispensable, entre Français et sujets
français qui servent sous le même dra-
peau. »
Mais cette union que nous préconi- ;
sons outre-mer, nous devons tout,
d'abord en donner l'exemple dans la
métropole en rejetant la discorde.
Autrefois, il y avait la France. et
les colonies. Aujourd'hui, il n'y a qu'un
Empire français, bloc dans lequel au-
cune fissure ne doit se former, car le.
moindre recul dans une de nos posses-,
sions coloniales serait le signal de no- •"
treoruine. -
(URE LA SUIfE PAGE TROIS)
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L'optimisme est à la mode. C'est le moment d'essayer de trans-
iormer nos désirs en réalités.
Le Français, s il est homme toujours décoré, commence a con-
naître sa géographie. du moins celle de nos colonies. L'Empire
français, cet accouplement de deux grands mots, cela représente
enfin, dans son esprit, une certitude. Il s'y intéresse et son esprit
critique est tenu en éveil. C'est dire gué la plupart des maux dont
souffre notre domaine d'outre-mer ne lui sont pas inconnus ainsi que
les « remèdes de bonne femme » qui sont proposés.
Son étonnement le plus grand vient de l'organisation du minis-
tère des Colonies, et c'est compréhensible. Voilà un monde de plus
de 11 millions de kilomètres carrés-, -de-- 50-millions d'habitants, dont
le chiffre du commerce annuel dépasse 14 milliards de francs, qui
est, non pas contrôlé, mais administré, de Paris par un corps de
65 fonctionnaires.
Chiffre dérisoire ? Il est vrai. Mais ce qui est encore plus scan-
daleux c'est que ces fonctionnaires trop peu nombreux peuvent
n'avoir jamais, et n'ont jamais, pour la majorité, quitté le « plancher
des vaches ». Ils n'ont aucune expérience de la colonie. Quelques-uns
y sont allés à la suite de gouverneurs, comme chefs de cabinet, secré-
taires généraux, mais ils sont restés dans les bureaux, au chef-lieu du
Territoire, et n'ont eu aucun contact direct avec les populations.
Ils ont fait du papier, comme à la rue Oudinot, avec cette diffé-
rence, car il faut être juste, qu'ils ont sué sur le papier, malgré le
ventilateur qui tournait sur un coin du bureau.
Les résultats en sont connus : décisions, dépêches, circulaires
inopportunes ou inapplicables que les broussards classent soigneuse-
ment pour que les termites ne les dévorent pas.
Illustrons ce passage d'un exemple pas méchant pour un cauris :
un fonctionnaire de l'A. O. F. rentrant de congé, il y a quelques
années, se perd dans les couloirs de la rue Oudinot et rencontre un
camarade de promotion appartenant à l'Administration centrale.
Petit bureau peu aéré, assez sombre, des dossiers partout sous che-
mises bien étiquetées. Sur la table, un décret avec visas, contre-visas,
prêt à être-descendu au cabinet du ministre, est relatif à la chasse en
A. O. F. Il y est parlé de rhinocéros. De mémoire d'Africain, il n'y
en a iamais eu en A. O. F. L'homme du bureau croit que le broussard
plaisante. Ce dernier jure sur tous les fétiches de la forêt-et de la
savane qu'il dit la vérité. Il est conduit du rédacteur au sous-chef, du
sous-chef au chef de bureau. Devant un tel entêtement, on prend
enfin des renseignements auprès des fonctionnaires coloniaux déta-
chés et la vérité finit par s'imposer.
(LIRE LA SUITE EN TROISIEME PAGE)
e~CM$<<<$M<$$M~~M~~M~CM~~<~$~~ :::: =::::: :::
PROBLÈME D'EMPIRE .!
Le secret de la mise en valeur :
LA COLLABORATION
Par P. LE VERBE
•
Considérant de loin la colonie -
après y avoir vécu qui donc n'est
pas amené à réaliser qu'un des
grands maux dont elle souffre est le
manque de collaboration ?
Un fait est là : les Blancs. a la colo-
nie, sont divisés en deux clans, trop
souvent hostiles : ceux qui sont de
l'administration et les autres, ceux
qui n'en sont pas.
Pourquoi ce distingo que nul ne
Saurait nier .?
Tout retard au réarmement
naval mettrait
en péril notre Empire
déclare M. CAMPINCHI
Au sujet du décret-loi accordant à
la marine militaire un supplément de
crédit de 1 milliard 41 milions et auto-
risant la mise en chantier d'une nou-
velle tranche navale comprenant no-
tamment deux cuirassés de 35.000 ton-
nes, M. Campinchi, ministre de la Ma-
rine, a déclaré que le problème de la
politique navale posé à la France doit
être résolu sans délai: car tout retard
déterminerait le fléchissement de notre
sécurité et mettrait en péril notre
empire colonial.
Ne manquons pas de souligner cette
déclaration en rappelant qu'actuelle-
ment nos colonies ne disposent en per-
manence pour leur défense que de pe-
tites unités sans grande valeur mili-
taire et profitons de cette occasion
pour signaler l'intéressant reportage
que vient de publier dans L'Intransi-
geant J. Daquenove intitulé : « L'Al-
lemagne prépare la guerre des cor-
saires ».
Le souvenir de la guerre de course
en 1914-1918 et les dangers qu'elle pré-
sente pour nos possessions isolées ne
sauraient être négligés. Partout, en
Malaisie aussi bien que sur les côtes
d'Afrique, orientale et occidentale,
l'amirauté allemande a déjà pris posi-
tion. Des bases clandestines sont pré-
parées; les « croiseurs de poche » sont
prêts.
Outre nos grandes routes impériales
dont elle devra assurer la libre circu-
lation, notre marine, doit être en me-
sure de protéger nos colonies.
C'est là tâche d'Empire. Pour l'as-
purer, notre marine doit être forte.
Pour plusieurs raisons dont la prin-
cipale est l'étendue des pouvoirs que
détiennent les fonctionnaires et dont
la confusion en leurs mains crée iné-
vitablement humainement, dirons-
nous un autocratisme qui ne va
pas sans susciter des réactions
parfois violentes de la part des
administrés.
De la détention de ces pouvoirs et
de la sécurité officielle qui en dé-
coule, l'administration, outre-mer, se
trouve dans une situation privilégiée
qui ne va pas sans opposition fla-
grante avec celle des colons dont le
sort est souvent précaire.
De ce fait un esprit de caste est
né, qui entretient une animosité faite
de multiples tracasseries d'une part
et d'envie de l'autre. Son résultat est
un antagonisme des plus préjudicia-
bles aux intérêts de la colonie : il in-
terdit la collaboration.
**
Cet état d'esprit aussi regrettable
que néfaste source de tant de ri-
valités engendrant de multiples et
souvent mesquines difficultés n'a'
pas toujours échappé aux grands
chefs. Certains, s'attachant avec foi
a leur tâche, voulant créer et ayant
pour cela besoin de la collaboration
de tous, fonctionnaires qui dirigent
et colons qui réalisent, ont senti la
nécessité d'y remédier. Sans remon-
ter aux décisions maintenant'histo-
riques du gouverneur général Van
Yollenlioven et, plus près de nous
encore, du grand Lyautey, nous
avons connaissance d'une toute ré-
cente circulaire du gouverneur gé-
néral Reste qui est un rappel oppor-
tun du rôle et des devoirs de chacun.
En voici les principaux passages :
« J'ai l'honneur de vous rappeler
que les relations entre les services
du Gouvernement général et les en-
treprises commerciales et industriel-
les doivent toujours être empreintes
de l'esprit de compréhension, de con-
ciliation et de bienveillance propre à
servir le mieux les intérêts généraux
de la colonie et de ceux qui concou-
rent à la prospérité de notre terri-
toire.
Le plus encourageant des accueils,
le plus juste examen de leurs deman-
des, de leurs suggestions et de leurs
doléances doit être assuré aux hom-
mes qui consacrent leur énergie,
leurs forces et leurs capitaux à la
mise en valeur de notre domaine
d'outre-mer.
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS),
1
", -: -' -' ';.
PROBLÈMES D'INDOCHINE
DÉFENSE DE L'UNION INDOCHINOISE"
< "', directement conditionnée par
L'INDUSTRIALISATION DU TONKIN
Bien que n'appartenant encore qu'à
une seule législature M. de Beaumont
est déjà ancien et nouveau député.
Chacun sait en effet, qu'il représente
à nouveau la Cochinchine au Parle-
ment, ceci malgré une invalidation
mémorable dans les annales du Pa-
lais-Bourbon.
Au débarqué de l'avion qui le ra-
mène de Saïgon nous sommes allés
demandera M. de.Beaumpnt des nou-
velles de notre Fédération d'Extrê-
me-Orient.
Quels sont, selon vous, monsieur
le député, les grands problèmes qui
se posent actuellement là-Uas ?
Plusieurs, dont un essentiel qui
en conditionne un autre : la défense
de l'Indochine. Isolée, très loin de
la Métropole, ce grand pays riche ne
pouvait manquer de faire l'objet de
convoitises et sa position en marge
de l'actuel conflit d'Extrême-Orient
font que l'avenir pourrait être pour
lui lourd de menaces si nous n'y re-
médions pas dès maintenant.
« Je vous rappelle, d'ailleurs que
tel. est l'avis * >
tel. e s l vis -7 , ,
1. 1 de M. DE BEAUMONT
-'- Député de Cochinchine
cette inquiétude n'est pas nouvelle.
L'année dernière, dans une. circulaire
M.. Moutet alors ministre des Colo-
nies, précisait même, qu'en toutes
circonstances l'Indochine devait être
en mesure d'assurer elle-même, sa
propre défense.
- Mais comment cela ? -
En créant une armée, suffisante
à ses besoins, et en la dotant d'un
armement moderne matériels mo-
torisés, avions, etc. san§, oublier
s an5 oublier
léquipement des côtes, à pourvoir de
batteries de défense..
« Poiir ces premières dépenses un
emprunt intérieur .doit être suffisant.
Mais la condition primordiale à tout
programme de défense et c'est
pourquoi, je vous disais que ce pro-
blème en conditionne un autre
est l'industrialisation du pays.
On ne peut envisager de défendre
l'Indochine que si on lui permet de
créer l'équipement qui assurera son
indépendance industrielle. C'est une
condition sine qua non.
(LIRE LA SUITE PAGE. TROIS)
:: ::: ::: ::::::::: ,: J:: :::: :::: ::::::::: :':: ::1::::::::;:::: :H: H::::': ::x:::: ::n H,: :m:r::: ::::;, H ::m::1::: :: ::;:::
EN AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE
INAUGURATION, DE LA MAISON DU PEUPLE A BAMAKO
« La manifestation est terminée. Le gouverneur général regagne sa voiture sous les acclamations de
ses amis qu'il salue une dernière fois, le poing lèvé. » , -', '-
(Extrait du journal Le Soudan, n" 2 du 6, mars 1938, page 2.)
Le gouverneur gértéral ne peut prétendre èla fois représenter le président de la République
,- i f' emf du le oc t~6re 1 90 9. 'E rfîfim
française au nom des pouvoirs qui lui sont conjTefres décret du 18 octobre 1909 efftfire
acte de partisan et d'homme politique en levant le ooing. ';" ';. ',..
Les chefs de nos colonies sont là pour « administrer » et-non pour faire de la politique. Si
l'on veut que chaque citoyen français reinplisse:1 honnêtement les devoirs qui lui incombent, il ne
faut pas que le mauvais exemple vienne de haut.
Les récents événements de Tunisie sont une preuve sanglante du danger de certaines métho-
des politiques outre-mer.
N. B. Nous n'avons pas voulu publier la fameuse photo d'un gouverneur général discou-
rant sous les emblèmes de la faucille et du. marteau. Ce document serait certainement exploité
contre nous à l'étranger.
M. GEORGES MANDEL
ministre des Colonies i
au Comité permanent
de la Défense nationale
M. Daladier, président du Conseil,
ministre de la Défense nationale et de
la Guerre, a soumis à la. signature du
président de la République un décret
appelant le ministre des Colonies au
Comité permanent de la Défense na-
tionale dans le cas où y viennent des
affaires intéressant la défense des co-
lonies. ':
Avec cette mesure les colonies vont
pouvoir prendre, dans la défense natio-
nale, la place qui leur revient. ,
Le Soudan
,:. 8.. 8
se ressaisit
Assistons-nous à un réveil du Sou-;
dan ?
Depuis 1936 « l'esprit soudanais »
fait de cordialité et de collaboration
avait disparu et, avec - lui, - tout Je
charme de Bamako. -
A la bonne humeur, l'entrain créés
par les grands gouverneurs que furent
Marcel Olivier, Terrasson de Fougères,
Fousset et 'Alfassa, une .politique de
haine, de discorde, avait fait place,
campagne contre laquelle aucun des
chefs responsables n'a réagi, bien au
contraire. ',' ', ": :,
, -' - Ç. B.
(LIRE LA SUJTE PAGE TROIS)
lelp.,#.*~
LE GÉNÉRAL BUHRER
,' est nommé
chef d'Etat-major ,1
général des Colonies
M. Daladier a fait signer un décret
portant nomination, comme chef d'état-
major général des colonies, du général
de division: Btthrer, inspecteur général
des troupes coloniales.
Un autre, décret nomme meçibres du
Conseil supérieur de la Guerre le géné-
ral de division, des troupes coloniales
Huntziger, le général de division Gar-
chery, gouverneur militaire de, Lyon,
et le général Blihrer, chef d'état-major
général des colonies.
Ainsi la défense impériale s'organise
La semaine dernière, le décret-loi sur
l'ouverture de crédit pour la défense
nationale, une somme de 152 millions
était consacrée à l'équipement militai-
re des colonies. Les nouveaux décrets
pris en Conseil des ministres, à la dili-
gence de M. Daladier, président du
Conseil, ministre de la Défense natio-
nale, et de M. Mandel, ministre des
Colonies, complètent cette première
mesure en confirmant les préoccupa-
tions gouvernementales de veiller plus
particulièrement, dans le cacfre de la
Relèvement des effectifs :
dès troupes indigènes :
défense nationale en. général, à la pro-
tection des. colonies, et de demander
à celles-ci un Surcroit, d'efforts en fa-
veur du recrutement, de l'encadrement,
de la préparation' des troupes indigè-
nes.
Les décisions, concernant M. Mandel
et le général "Blihrer sont: complétées'
par un relèvement des., effectifs. C'est
ainsi que, pour les mettre en harmonie
avec la contribution demandée aux co-
lonies,en vue d'assurer leur propre sé-
curité, IM. -Mandel,a invité les gouver-
neurs : généraux de l'Indochine, de l'A.
O. F. et de J'A. E. F. à prévoir, pour
cette année, le recrutement supplémen-
taire de 20.000 soldats indochlnois et
le 50.000 tirailleurs noirs. Ainsi l'Asie
îh l'Af rique - ont chacune leur part.
: (LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
La nouvelle Chambre d« commerce de Libreville,.au 1.6. bon
1 QUELQUES REALITES
du problème algérien
- Par Pierre FONTAINE
La France aime sacrifier la réalité à
la théorie. En certains de nos hommes
politiques sommeille une âme « cyra-
nesque » ; seulement, entre eux et Cy-
rano, il y a une petite différence ; le
Gascon donnait sa bourse personnelle
pour la beauté du geste, tandis que cer-
tains de nos politiciens offrent l'avenir
colonial « de notre pays » en échange
des applaudissements de gens farcis de
grands principes mais dénués de toute
connaissance pratique de la « chose co-
loniale - ».
Et c'est ainsi que l'on faillit commet-
tre des erreurs irréparables en Afrique
du Nord : il s'agit, vous Pavez deviné,
du vote des indigènes. Ne. croyez pas que
j'évoque un passé à jamais enterré ! Que
demain un gouvernement vienne repren-
dre les guides momentanément lâchées
du pouvoir et la question sera à nouveau
d'actualité.
J'ajoute ma pierre à cette polémique,
non pas en théoricien, mais en journa-
liste auteur de maints reportages entre
Casa et Tunis, entre Alger et Adrar, en
homme qui a vécu au milieu de l'indi.
gène, qui a conversé avec lui dans sa
langue. Je devais préciser ce point car
tout le vice de base des projets électo-
raux algériens provient de ce que les
animateurs ne connaissent l'Algérie qu'à
la manière de Potemkine.
En trop d'occasions un gouverneur, un
parlementaire nous reviendrons sur
cette question en précisant certains
points croient comprendre une colo-
nie à travers les rapports des adminis-
trateurs. Hs partent en inspection, soit.
Ces tournées sont minutieusement pré-
parées ; on sait par avance qui sera pré-
senté à la personnalité et l'auditeur « ac-
cidentel » est tellement ému par le cor-
tège officiel qu'il se confond en banalités.
Et, au retour, le pontife s'écrie : « J'ai
saisi le problème !. » En réalité, il n'a
pas vu l'envers du décor.
Quelle est l'origine du mouvement
« jeune algérien »? --
D'abord, deux propagandes étrangères
Contradictoires, mais qui se soudèrenti
admirablement pour mener une politique
antifcançaise : les menées nazies anti-
juives et les campagnes communistes.
Tout a été dit sur ces sujets, n'y reve.
nons pas.
Ensuite, il existait en Algérie des clubs
indigènes férus d'histoire française « ap-
prise dans les écoles françaises » : Jean-
ne d'Arc ayant repoussé l'envahisseur, la
Révolution de 89 « ayant chassé les ty-
rans », puisque la mère-patrie leur ensei.
gnait l'art de libérer leur territoire, pour-
quoi ne profiteraient-ils pas de la leçon ?
Ces clubs ne constituaient qu'une in-
fime minorité que personne ne prenait
au sérieux. Un jour vint un journaliste
coté pour le compte d'un grand quoti-
dien de la capitale. Avide de « sensa-
tionnel », il « découvrit » ces minorités,
les décrivit à la première page de son
journal, les présenta, avec son tempé-
rament de militant politique, comme une
organisation importante. Lorsque, en
1933, un an après ce confrère, je passai
dans ces milieux, on me remit, à titre
documentaire, une collection complète de
ces articles.
Ainsi, grâce à la publicité d'une ga.
zette parisienne, le mouvement « jeune
algérien » était lancé ; il était devenu
une force, non pas au point de vue du
nombre, mais en tant que minorité agis.
sante et turbulente.
Il fallait oser écrire ce détail historique
très peu connu puisque c'est à partir de
cette date que nos difficultés réelles ont
commencé.
Ajoutez à cela un ancien gouverneur
qui, pour des raisons très spéciales, n'eut
pas à se louer de l'accueil local et en
conserva quelque ressentiment contre les
colons algériens, et voilà pourquoi, en
1938, le Parlement s'occupe de créer un
corps électoral qui ne répond en rien à
la mentalité musulmane.
Le malaise algérien réside autre part
que dans le suffrage restreint des indi.
gènes. Pour quelques centaines d'indi-
gènes évolués, six millions se foutent
éperdument du bulletin de vote. La po-
pulation des villes où la politique sé-
vit ne représente pas « toute » l'Afri-
que du Nord.
(LIEE LA SUITE PAGE TROIS)
'::::::: ::::::::::::: :::::: :u:::::::::::::::::: :::::::::::::::::::: :::::::::: ::!
PROBLÈME D'A. O. F.
Le Sénégal doit-il annexer
LA MAURITANIE ?
Par Jean MANI
Le Journal des Coloniaux publie
un clairvoyant article du général A.
Duboc sur le grave problème du re-
groupement des colonies de l'A.O.F.
Nos lecteurs savent qu'une pre-
mière étape de ce regroupement fut
réalisée en 1935 par la redistribution
de la Haute-Volta entre le Soudan, la
Côte d'Ivoire et le Dahomey.
Déjà, cependant, le gouverneur de
la Côte d'Ivoire s'est vu dans l'obliga-
tion de rendre une semi-autonomie
aux cercles voltaïques à lui rattachés.
Un administrateur supérieur a été
placé à leur tête. un vice-lieutenant
gouverneur, en quelque sorte ! Alors?
L'étape future du projet serait, dit-
on, le rattachement de la Mauritanie
à la colonie du Sénégal.
Or, remarque le général Duboc,
dans l'article précité, nous pouvons
dire que les événements viennent de
montrer combien ce rattachement est
encore inopportun : la récente atta-
que-du groupe nomade de Trarza, à
54 kilomètres au nord-est de Nouak-
chott, semble bien établ.ir en effet la
collusion entre campements de la
Mauritanie du Sud et les pillards du
Rio de Oro.
**
Ce retour à l'insécurité, cette ré-
gression dans la pacification de la
Mauritanie, sont imputables, incon-
testablement, aux innovations intro-
duites dans le commandement régio-
nal depuis vingt ans.
Aux officiers précédemment char-
gés des fonctions administratives on
a voulu à tout prix substituer l'admi-
nistration civile, comme si l'assimi-
lation politique de la Mauritanie était
comparable à celle des autres terri-
toires de l'A.O.F.
Le budget de la colonie, tout le pre-
mier, en a souffert : en place de l'in-
demnité annuelle de 900 francs payée
au lieutenant-colonel commissaire du
gouvernement, et des 500 francs men-
suels représentant globalement les
charges d'un capitaine commandant
de cercle, de ses lieutenants, chefs de
subdivisions et de ses sous-officiers
agents spéciaux, il a fallut appointer
un administrateur en chef, divers ad-
ministrateqrs de classe, leurs ad-
joints et leurs agents comptables'
Tout cela pour une population très
faible et dont les facultés contribu-
tives sont infimes.
On en est ainsi arrivé à un budget
de 18;500.000 fr. pour un territoire
de 320.000 habitants, au sol à peu
près improductif, aux voisinages in-
soumis,: s'offrant comme autant de
refuges contre un fisc abusif t j
Dans le même temps, nos unités
méharistes se voyaient refuser les
crédits indispensables à leur dota-
tion en personnel et en matériel, au
point de ne plus pouvoir partir en
contre-rezzou qu'avec des chances
très restreintes d'efficacité.
Tout finit par se savoir ! Aussi l'au-
dace et les intrigues des pillards re-
doublent-elles.
(LIRE LA SUITE PAGE TROIS)
les frontières de la France
sont au cœur;
de lAfrique et de r Asie
déclare le général BUHRER
Les Britanniques admettent aujour-
d'hui que leur frontière est sur le
Rhin; les Français, tous les Français,
devraient se convaincre que les fron.
tières de leur pays sont non pas au
Rhin et aux Pyrénées, mais au cœur
de l'Afrique et de l'Asie, comme vient
de le déclarer le général Bührer, chef
d'état-major général des Colonies.
Le nouveau chef de la défense colo-
niale avait bien voulu accepter de pré..
sider le déjeuner du Syndicat des In-
formateurs coloniaux, et c'est à l'issue
de ce repas qu'il a tenu à exposer quel-
ques-unes de ses idées sur les liens qui.
unissent aujourd'hui métropole et colo-
nies.
En Indochine où il commanda nos
troupes coloniales, le général Btihrer
s'est attaché à faire de ses soldats non
des conquérants de territoires le
temps en est passé mais des « con-
quérants d'âmes ». « Le lien d'amitié est
indispensable, entre Français et sujets
français qui servent sous le même dra-
peau. »
Mais cette union que nous préconi- ;
sons outre-mer, nous devons tout,
d'abord en donner l'exemple dans la
métropole en rejetant la discorde.
Autrefois, il y avait la France. et
les colonies. Aujourd'hui, il n'y a qu'un
Empire français, bloc dans lequel au-
cune fissure ne doit se former, car le.
moindre recul dans une de nos posses-,
sions coloniales serait le signal de no- •"
treoruine. -
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