Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-12-27
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 décembre 1937 27 décembre 1937
Description : 1937/12/27 (A38,N62). 1937/12/27 (A38,N62).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6272065k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
38* année. N° 62. Fondateur : Marcel RUEDEL Edition hebdornadaire. Prix du numéro: Un franc Lundi 27 Décembre 1937.
-. 'C' ".,
Les Annales Coloniales
La France ?
Le deuxième empire colonial du
monde.
Et comme a un empire il faut une
marine :
La septième marine marchande.
Sans commentaires.
(La République)
FONDAES E:N
DIRECTION
RÉDACTION
12, rue Le Peletier, Paris (9e). - : - --Téléphone : Provence 49.81 et 82. - C. C. postaux Paris 147385.
Correspondants particuliers dans tout l'Empire et dans les ports de la Métropole.
.1 Les manuscrits ne sont pas rendus. -
Les annonces sont reçues à Paris, 12, rue Le Peletier (9 ).
- par la Société Africaine de Publicité et d'Editions françaises.
, ,
<
ADMINISTRATION
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ABONNEMENTS
France et Colonies. 1 an : 50 francs 6 mois : 30 francs
Etranger et Colonies.; 1 an : 70 francs 6 mois - 40 francs
LE PLUS PARISIEN
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France et Colonies l an : 200 francs par 5
Etranger et Colonies 1 an : 300 francs numéros
PROPAGANDE
SACHONS
AMÉNAGER
SAUVEGARDER
COORDONNER
les forces productives de la France
par Yves LE TROCQUER
----------- --- Sénateur, ancien ministre,
Dans le rapport fort remarquable que MM. Yves Begouën, Robert
Lemaignan et André Moreau-Neret présentaient à la Commission
d'Economie générale de la Conférence économique de la France mé-
tropolitaine et d'outre-mer, ils soulignaient avec infiniment de rai-
son que la place de la France dans le monde dépendra, pour 'Rne
bonne part, de l'aptitude qu'elle montrera, au cours des prochains
lustres. à faire de ses cent millions d'habitants, répartis sur des conti-
nents différents, un ensemble économique fragmenté, articulé et prêt
à s'adapter aux aspects mouvants des échanges internationaux, et ils
adressaient cet appel à « ceux dont la foi impériale serait assez tiède
pour chanceler devant les scepticismes présents, affichés ou sournois
que nous avons diagnostiqués, aujourd'hui et qu'il s'agira d'affronter
demain ; à ceux qui ne jugeraient pas suffisamment angoissant de
voir sombrer dans le chaos universel l'une des plus puissantes entités
économiques que le monde ait connues ; à ceux que le souci de con-
server détermine plus que la joie de créer utilement ',i'; à tous ceux-
là nous conseillons, pour conclure, de méditer les redoutables paroles
d'un de nos grands penseurs coloniaux, le professeur Gautier : « Le
jour où Athènes a cessé d'être la capitale d'un Empire, elle a cessé
d'être Athènes. »
Certes, si l'on se reporte aux statistiques, on constate avec satis-
faction que les échanges de la France avec ses possessions d'outre-
mer ont tendance à se développer. C'est ainsi que pour les sept pre-
miers mois de 1937, la valeur des échanges entre la France et ses;
territoires d'outre-mer était de 8 milliards 132 millions dé francs
pour les importations et de S milliards 470 millions pour les expor-
tations, alors que, pour les sept premiers mois de 1936, les chiffres
correspondants étaient de 5 milliards 756 millions et de 4 milliards
55 millions. Il est vrai que, depuis 1936, nous avons eu une double
dévaluation ! Néanmoins, si au lieu de parler valeur en francs, on
parle tonnage, on constate que le pourcentage colonial dans les im-
portations de la France s'accroît pour une bonne part des produits
examinés.
Mais il ne faut pas se le dissimuler, il est une des faces du pro-
blème qui, dans l'intérêt même de notre Impérium, doit retenir notre
attention.
- (Lire la suite page 3.)
COMMENT LE - JAPON
"entend n'organiser' la Chiné
par Henry FONTANIER
Ancien député.
Il est difficile de dire comment se ter-
minera la guerre sino-japonaise. Un
journaliste français mandait ces jours
derniers de Shanghaï que les étrangers
qui résidaient en cette ville se refusent
à faire quelque pronostic que ce soit et
quelle mieux est de s'en tenir à la vieil-
le formule anglaise : Wait and see !
Mais sans vouloir préjuger fissue des
hostilités il n'est pas interdit de recher-
cher quelles en peuvent être les consé-
quences au cas où le Japon comme
il l'espère en sortirait l'ictorieux,
On cite de M. Mussolini la phrase
suivante : « Le Japon est en train de
changer la carte géographique de l'Ex-
irême-Orient :>. je ne sais si ce propos
a produit auprès de certains l'effet d'une
chose nouvelle. Il traduit à n'en pas
douter un fait qui ne peut échapper à
ceux qui sont le moins avertis des cho-
ses de l'Extrême-Orient. Il y a long-
temps que le Japon s'emploie à réaliser
le dessein que lui prête- le chef du gou-
vernement italien, c'est en somme l'his-
toire de sa politique extérieure depuis
bientôt tantôt quarante ans et dont'les
étapes ont parfois échappé aux chancel-
leries européennes. Je sais bien qu'il est
commode de formuler des prophéties
après coup. Seulement il n'est pas con-
testable que l'on témoignerait aujour-
d'hui de moins de surprise si on avait
pris davantage soin de pénétrer les mo-
biles de la politique japonaise, mobiles
qui n'ont jamais eu rien de particulière-
ment secret et que l'histoire et la géo-
graphie eussent facilement livrés à ceux
qui les auraient attentivement consul-
tées.
Quoiqui'l en soit nous n'en sommes
plus réduits aux hypothèses. Un journal
de Tokio, le Nichi-Nichi, qui est en
étroites relations avec les autorités mi-
litaires, dont l'influence sur le gouver-
nement est prépondérante, nous donne
tes grandes lignes des projets japonais
en Chine.
Le Japon, commence par déclarer le
porte-parole de l'armée, a la mission
d'organiser l'Extrême-Orient. Lui seul
est en mesure de le faire.
« Le présent conflit, continue-t-il, n'a
rien de commun avec ceux qui l'ont pré-
cédé. Il ne s'agit pas de la conquête de
quelques territoires, de quelques provin-
ces, mais bien d'une réorganisation to-
talc de la Chine tant dans le domaine
politique que dans le domaine économi-
que et social. Un régime nouveau doit
être établi et ce sera l'aurore d'une
grande époque pour l'Extrême-Orient.
« Tout d'abord, plus d'influence
étrangère, c'est-à-dire d'origine euro-
péenne. L'actuel gouvernement de Nan-
kin est condamné à disparaître ou à
être annihilé. Il est soumis à l'influence
soviétique. Il perd ainsi tout droit à
l'existence.
« En même temps des mesures seront
prises en vue d'empêcher la bolchevisa-
tion de la Chipe. Le lapoil devra pro-
céder à un rajustement de ses relations
avec l'U. R. S. S. et résoudre les pro-
blèmes délicats et graves que posent les
relations entre les deux pays.
« A l'éffarti de l'Angleterre, même
politique energique. Il faudra l amener,
au besoin pur la force, ci réviser sa poli-
tique qui est la cause indirecte mais es-,
sentielle des troubles qui ne cessent
d'agiter celte partie du monde ». Ou
m propos n'est qu'une pure vanlardise,
ou il signifie que l'influence britannique
doit être elle aussi éliminée de ces ré-
gions. Ce sera probablement plus diffi-
cile à faire qu'à dire.
Ceci obtenu, le Japon se mettra à
l'œul're en Chine même. Il établira dans
la Chine du Nord Hopei, Chahar,
Sui-Yuan, Shansi, Shantoung un ré-
gime nouveau, qui s'étendra selon toute
probabilité à tout le territoire de la Ré-
publique.
Le nouveau gouvernement donnera
pour base à sa politique les six points
suivants :
1° Pacte anticommuniste avec le la-
pon.
2° Création de' zones militarisées
dans diverses parties de la Chine.
3° Etablissement de garnisons japo-
l/aises sur plusieurs points de la Chine.
(Suite page 3)
LE CAFÉ A MADAGASCAR
, par F. POLETTI 0,
Délégué de Madagascar au Conseil Supérieur de la France d'o!llrl'-lIler
Des événements politiques récents,
notamment l'instauration d'une dictature
au Brésil, qui ont eu de sérieuses réper-
cussions sur le plan économique et com-
mercial, ont attiré l'attention du public
sur la question des cafés.
On a généralement tendance à croire
que cette denrée de consommation cou-
rante nous vient exclusivement du Bré-
sil.
Si le nom de nos cafés coloniaux est
aujourd'hui tombé dans un oubli pres-
que complet, il n'en reste pas moins
que nous continuons à en recevoir d'im-
portantes quantités. Mieux certaines de
nos possessions d'outre-mer on fait, ces
dernières années, un effort considérable
pour approvisionner la France en cafés
d'excellente qualité qui concurrencent
avantageusement, sur les marchés mé-
tropolitains, les cafés étrangers.
L'exemple le plus typique et le plus,
caractéristique est ainsi donné par Ma- ]
dagascar. Ses exportations de café, qui.
¡:: ::::::=-::::::::::::::::::::::: :::::
Au Syndicat des Cafés -
L'Union coloniale le Syndicat des
planteurs de café a reçu M. Martin,
président du Syndicat des importa-
teurs de café de la région parisienne.
Ce dernier a exposé la raison pour
laquelle ce groupement avait demandé
au gouvernement de réduire, au moins
pendant un certain temps, la taxe de
licence d'importation des cafés étran-
gers.
Par ailleurs la Fédération des Syn-
dicats de la production coloniale s'est
réunie dans un déjeuner sous la prési-
dence de son président. M. Georges
Boussenot. ,,',
M. Desoffre, président du Syndicat
des planteurs de café, y annonça son
départ pour la Côte d'Ivoire où il s'en-
verra des besoins des planteurs. ,.
s'élevaient à 400 tonnes en 1913, ont
passé à 3.600 en Î929 et dépassent,
cette année, 33.000. ,
Un tel, chiffre-représente la récolte de
70.000 hectares, en pleine production.
Remarquons, que le caféier n'est pas une
plante annuelle et qu'il ne commence à
produire qu'au bout de 4 ou 5 ans.
C'est dire tout le travail qu'il a fallu
fournir pour arriver à obtenir de, ces
70.000 hectares de plantations actuel-
lement en rapport. Cela laisse en même
temps prévoir ce qu'atteindra la récolté
dans quelques amées, lorsque les jeunes
plants entreront en. production.
̃ • ̃ -
rHut-il ajouter, qu'ici 1 homme est
constamment en lutte avec la nature?
Périodiquement les cyclones : détruisent
le fruit de plusieurs années d'efforts. Le
plus récent en date, celui d'avril "1934,
a ravagé la. région de Maltanjary-Vato.
mandry. Mananjary fut. réduite en rui-
nes en quelques heures. Mais tes plan-
teurs européens^et-indigénes se sont re-
mis courageusement à l'œuvre. Sous
l'active impulsion du gouverneur géné-
ral Cayla, ils continuent sans défaillance
à accroître leurs plantations, améliorant
sans cessé leurs méthodes et moderni-
sant leur matériel, dans la mesure où
leurs faibles ressources la leur permet-
tent. M. Cayla s'est particulièrement at-
taché à développer chez nos planteurs
de café cet esprit coopératif qui a d-: si
heureuses répercussions sur l'agriculture
française. L'association en coopératives
permettra aux producteurs de café de
s'affranchir de la tutelle des intermé-
diaires, étrangers pour la plupart, qui
pratiquent le commerce de cette den-
rée dans .a Grande Ile. Précisons, en ef-
fet, que les grandes exploitations qui,
seules, sont suffisamment organisées, ne
produisent que le dixième de la récolte,
tout le reste provenant de petits colons
indigènes et européen:;. ,
- (Suite pu y e' a.) -
Menace sur l'Indochine
Le défilé des troupes japonaises dans la concession internationale de Shanghaï
• après l'occupation de la viller
:::: : ::::1:::::::::: 11::;n::: :::
TOUTE LA POSTE
PAR AVION
La question est à l'étude
Dans notre dernier numéro M. de
Beaumont réclamait pour nos colonies
toute la poste par avion.
On sait que cette question a été de
nouveau posée par ses soins à la Com-
mission de l'Aéronautique de la Cham-
bre. Elle est maintenant à l'étude au
Conseil supérieur de la France d'outre-
mer.
e * c*
Au cours de la dernière réunion
qui fut aussi la'dernière de la session
1937 M. Blanchard de la Brosse,
gouverneur général honoraire, au nom
de la Commission chargée d'étudier le
régime de la poste aérienne, a exposé
le résultat dés démarches qu'il avait
faites avec MM. de Beaumont et Ca3-
sagnac, auprès du ministère des P.T.T.
LeB;servief*:;»ntjé^
en principe favorables à une réduction
très sensible de la taxe aérienne pour
les colonies. Deux éventualités : on
ramènerait à 0 fr. 65 le prix des trans-
ports par la voie aérienne des plis ne
pesant pas plus de 5 gr., ou on aug-
menterait le poids des lettres à trans-
mettre par cette voie en augmentant
la taxe.
Ainsi la question est à l'étude. Mais,
voilà, aboutira-t-elle bientôt ?
L'exemple de l'Angleterre
Nos voisins d'outre-Manche n'en
sont plus à se poser cette question.
Depuis bientôt un an pour eux elle
est résolue aussi peuvent-ils annoncer
que le « Caledonia s, hydravion trans-
atlantique, a quitté dernièrement Sou-
thampton pour Le Cap avec cinq ton-
nes de « Christmas-Cards » et que de
nombreux voyages supplémentaires
sont prévus sur toutes leurs lignes
aériennes.
& * c
Les Anglais ont toujours su mettre
l'Empire à la portée de tous.
Il importe que nous ne tardions plus
à suivre leur exemple.
Pour pouvoir protéger l'avenir il
faut assurer le présent. Ce présent,
pour notre Indochine, au sein du
conflit sino-japonais, apparaît plein
d'embûches, de dangers.
Les troupes japonaises descendent
chaque jour un peu plus vers le sud.
'Après Shanghaï, Nankin, après Nan-
kin Canton, en passant par dessus
Hong Kong, extrême pointe de l'em-
pire anglais.
Or l'occupation de Canton, immi-
nente, sera un coup des plus graves
porté aux intérêts européens et amé-
ricano-britanniques surtout en Chine
méridionale. Ce sera les troupes ja-
ponaises sur notre frontière indo-
chinoise.
Mais il y a plus grave : c est 1 oc-
cupation éventuelle dit-on de Haï-
nan. face au golfe du Tonkin, qui
neutraliserait presque en totalité la
puissance militaire de Hong Kong,
de Kouang Tchéou et de Haïphong.
L'Angleterre, l'Amérique, réalisent
la danger de l'avance nippone. Les
récents incidents celui du Panay
en particulier, ont amené ces deux
puissances à envisager des mesures
défiepslves * 1'Angletfcrre fréta ..des
~M~~-~c if teifiii» ît«T3»Jerr-'
ne pour renforce*- sa flotte en Ex-
trême-Orient ; Hong Kong est sur
pied de guerre. L'Amérique tient une
escadre sous pression, prête à par-
tir.
Et la France ? Des voix autorisées
nous ont bien assuré que toutes mer
sures étaient prises. Par ailleurs un
accord va établir la collaboration
franco-anglaise : à la France la Mé-
diterranée ; à l'Angleterre le Paci-
fique. <
Ce ne sont là que mesures préven-
tives.
Il faut en prendre d'autres, avant
qu'il ne soit trop tard, France-Angle-
terre-Amérique sont solidaires en
Extrême-Orient. L'Australie, la Hol-
lande y sont interressés.
Chacune de ces puissances doit
prendre sa part de collaboration de-
vant le danger commun établissant
ainsi le front de la race blanche et
des démocraties devant l'impéria-
lisme jaune, et les états totalitaires.
P. LE VERBE,
ORGANISER LE MARCHÉ
IMPÉRIAL
Un vœu de Marseille
Dans un mémoire récemment adres-
sé au département, « la Société pour
la défense du commerce », de Marseil-
le, s'émeut de certains faits de con-
currence s'affirmant de manière alar-
mante entre producteurs métropoli-
tains et producteurs coloniaux.
C'est ainsi qu'en ce qui concerne
particulièrement le marché des tissus,
l'Indochine est en voie d'évincer prati-
quement les fournisseurs métropoli-
tains de Madagascar.
Par ailleurs sur le marché des vins
et des oléagineux, les commerçants
marseillais s'inquiètent de la concur-
rence grandissante que leur font l'Al-
gérie et le Maroc en Afrique Occiden-
tale.
La « Sociévé pour la défense du
commerce » reconnaît que de récents
décrets ':', paraissent ouvrir la voie à
uiie policiqué économique impériale
plus ordonnée.
« Si des mesures appropriées doi-
vent suivre, conclut-elle, un grand pas
sera fait pour conjurer la concurrence
stérile des colonies et de la métro-
pole sur le marché impérial français.
Ainsi l'on écartera progressivement la
conception chimérique d'autarchie et
d'économie fermée en assurant à l'éco-
nomie française, métropolitaine et co-
loniale, la place qui lui revient sur le
marché mondial. »
M. DE CHAPPEDELAINE
DELEGUE DE L'OCEANIE
Les élections complémentaires pour
le siège au Conseil supérieur de la
France d'outre-mer de M. Sari, décédé,
ont donné 2.210 voix à M. Louis de
Chappedelaine, sénateur de la gauche
radicale, ancien ministre des Colonies,
soit 403 voix de plus qu'à son conçu-
rent, M. David, député S. F. I. O.
Seuls manquent les résultats de
deux ou trois petites îles des Tuamotu,
qui ne paraissent pas pouvoir modifier
h situation. -
e ,.Il $ el le
PROPAGANDE
COLONIALE
Depuis quelque temps, chaque
soir, « Radio-Cité » interviewe
l' « Homme de la rue », un peu
dans tous les coins de Paris, com-
me cela, au bord du trottoir.
Et 1' « Homme de la rue » de
donner aussi son avis sur les ques-
tions les plus diverses. - - * --
Dernièrement la question posée
était : Etes-vous partisans d'en-
voyer vos enfants*aux colonies ?
C'était quelque part à Grenelle ;
public populaire ç'il en est. Devant
̃' l'appareil nous 4ious attendions aux
réponses les plus abracadabrantes.
A notre grande, notre heureuse
surprise, il n'en fut rien. Une di-
zaine de personnes interviewées
hommes et femmes répondirent
unanimement par l'affirmative. Seu-
I? une femme fit une restriction
quant à la durée du séjour possi-
ble.
Mais les autres étaient enthou-
siastes. Deux anciens coloniaux
vantèrent l'attrait de la vie colo-
niale ; avec des mots simples ils
trouvèrent le moyen d'être pres-
que lyrique. - u
Et les autres : « Moi j'ai un trere
à Dakar, il y est heureux ». « Je
- ne demande qu'à y partir, zvec ma
famille ; j'ai la conviction que je
pourrais donner à tous plus de bien-
être ; j'aurais plus de possibilités ».
« Le gouvernement devrait faire
un effort pour y envoyer la jeu-
nesse », etc, etc.
Une telle unanimité, un te! en-
thousiasme ne sont-ils pas récon-
fortants ?
Local, certes, ce petit sondage
colonial mais néanmoins combien
svmptomatique. La masse s'éveille
à l'idée de l'empire. Regardant par-
dessus -ses frontières métropolitai-
nes, elle aspire à d'autres horizons,
à plus de possibilités. Elle commen-
ce à réaliser tout ce que nous avons
en puissance outre-mer.
, A l'heure où l'on convoite si dan-
gereusement notre bien ce bien
qui est notre avenir il faut plus
que jamais que le peuple réalise-
combien il est grande, et fort. :
Aussi propagande, propagande !
messieurs nos gouvernants. - -
COUP D'ŒIL SUR LA TUNISIE
j 1911 i par H. BERTHON
I:L~.:;.;':~-- n"
- 1 •' -
Un matin de novembre 1911 1^7 du
mois, on sentait à Tunis, qu'il y avait
quelque chose d'anormal. Les petits
vendeurs de la « Dépêche Tunisienne>
n'avaient pas paru sur l'avênue julgs-
Ferry et les boutiques des souks étaient
restées fermées.
Vers 11 heures, une nouvelle se ré-
pandait, dans tout Tunis.' On racontait
qu'une' émeute avait éclaté parmi la.
population, arabe et qu'il y avait beau-
coup de morts et de blessés européens.
Quelques mots sont ici nécessaires
pour situer l'atmosphère dans laquelle
se déroulaient ces douloureux événe-
ments.
A cette époque, le peuple musulman
avait les yeux tournés vers la Turquie ;
le sultan de Stamboul était ensore le
commandeur des Croyants, chef de
t'fstam.
La révolution, fomentée par le parti
Jeune Turc, loin d'affaiblir la profon-
deur des sentiments musulmans à l'égard
de Stamboul, avait au contraire attisé
chez certains intellectuels l'hostilité
qu'ils nourrissaient contre les Euro-
péens installés dr.ns leur pays.
A Tunis s'était fondé le parti Jeune-
Tunisien, dont le chef, un jeune avocat,
Ali Bach-Hamba, ne ménageait pas dans
son journal, « Le Tunisien ::>, ses cri-
tiques aux autorités du protectorat.
Des prêches avaient eu lieu dans les
mosquées, exaltant la nation islamique
et appelant les vrais croyants à la lutte
contre les « roumis », les mécréants.
Les difficultés rencontrées en Tripoli-
taine par les troupes italiennes et les
prétendues atrocités commises par l'en-
vahisseur avaient, en outre, surexcité
l'opinion musulmane contre les Euro-
péens, et contre les Italiens en parti-
culier. Sous une apparence de calme un
incendie couvait.
Les pouvoir: publics en Tunisie
avaient, à cette époque, envisagé l'éta-
blissement d'un tramway qui devait des-
servir les localités de la rive sud du lac
de Tunis : Mégrine, Radès, Hammam-
Lif.
Les études étaient commencées de-
puis un certain temps, mais la présence
aux portes de la ville d'un grand cime-
tière musulman, le cimetière du Djellaz,
n'avait pas encore permis de commen-
cer le tracé.
Le cimetière du Djellaz, situé au sud
dr_- la ville, près de la porte Bab ci
Alleoua, renferme des milliers de tom-
bes, ainsi qu'un sanctuaire vénéré : le
marabout de Sidi-bel-Hassen. Y porter
atteinte eût été évidemment à l'encon-
tre des convictions de la population mu-
sulmane si attachée à tout ce qui touche
les manifestations extérieures du culte.
Telle n'était pas l'intention du gouver-
nement.
Pour mettre fin à des déprédations et
à des empiètements commis par suite
de l'absence de clôtures, la municipalité
de Tunis avait demandé l'immatricula-
tion (1) du cimetière. On avait, à cet
effet, envisagé de faire effectuer par les
géomètres un relevé du terrain, procé-
dure tout à fait courante sans aucun
rapport avec celle de l'expropriation.
Cependant, des émissaires avaient fait
courir le bruit que le gouvernement
avait décidé de délimiter sur place les
parcelles à exproprier pour le passage
du futur tramway. La population mu-
sulmane avait été invitée à s'opposer à
cette mesure.
De fait, le 7 novembre au matin, une
foule de plusieurs centaines d'indigè-
nes affluait par les rues de la VIlle
arabe et se massait aux abords du cime-
tière, conformément au mot d'ordre qui
avait été donné pendant la nuit.
Quelques agents seulement étaient de
faction. Les géomètres avaient com-
mencé à déballer leur matériel, mais,
devant l'attitude hostile de la foule, ils
s'apprêtaient à interrompre leur travail.
(Lire la suite page 5)
L'E PORT DE DAKAR
«Sa destinée dépasse largement
les prévisions premieres »
par ROUX-FRESSINENG
Sénateur d'Oran,
Membre de la Commission des Colonies du Sénat.
Le maire de Dakar, M. Goux, lors
d'un récent voyage en France, s'est
efforcé d'attirer toute l'attention de nos
dirigeants sur l'importance de ce port
et sur l'urgence des travaux qui doi-
vent être exécutés pour lui permettre
de tenir la place qu'il est appelé à
occuper dans notre Empire colonial.
Sa situation est exceptionnelle. En
un point très abrité et facilement ac-
cessible (ce qui est une rareté sur cette
côte africaine), il est le grand havre
qui doit desservir normalement un im-
mense hinterland avec lequel il est en
relation directe et continue par la voie
ferrée Thies-Kaye-Koulikoro : tout le
Sénégal et la partie supérieure du Sou-
dan (la partie inférieure qui est éloi-
née de l'Océan d'environ 3.000 km.
n'aura, malgré la communication éta-
blie en certaine saison par le Niger,
des débouchés suffisants que lorsqu'elle
sera reliée à la Méditerranée par un
chemin de fer Transaharien).
Les richesses de ces territoires sont
grandes. M. Gour appelle la vallée du
Sénégal une petite Egypte. Celle du
Niger serait, si l'on utilisait rationnel-
lement le fleuve, une grande Egypte
les travaux d'irrigation entrepris
dans le Haut-Niger le démontrent.
La prospérité de ces deux colonies,
particulièrement du Sénégal, est au
surplus accusée par l'accroissement et
l'excellent esprit des populations indi-
gènes que nous nous efforçons de
faire profiter dans la plus large me-
sure des bénéfices moraux et matériels
de la civilisation et qui nous mon-
trent leur gratitude par l'affection
qu'elles ne cessent de témoigner à la
France.
Mais Dakar est, en outre, par-sa
position géographique, un lieu d'escale
pour tousses navires qui se dirigent
vers le, Cap. Il' l'est également pour
pour tous ceux qui se rendent dans
l'Amérique du Sud. :;
C'est enfin une'station forcée pour
le? courriers qui établissent l'es liaisons
aériennes entre l'Europe, l'Afrique et
les nations sud-américaines.
Plaque .tournante de l'Atlantique 1
l'a-t-on défini avec justesse 1
Ce n'est pas seulement au point de
vue commercial que Dakar présente un
intérét tout spécial, c'est aussi, et,plus
encore à l'heure. actuelle, au point de
vue. de la Défense nationale.
Il constituera pour nos flottes et
notre aviation une base de premier or-
dre qui ne pourrait en ce moment
être remplacée par aucune autre.
Considération dont nous devons d'au-
tant plus tenir compte que l'attitude
nouvelle des Anglais nous y convie.
Envisageant la possibilité d'entraves
apportées à leurs communications par
l-i Méditerranée aves leur Enmpire de
l'Inde, ils ont remis en honneur la voie
ancienne celle qu'ils pratiquaient
avant l'ouverture du canal de Suez,
la route du cap de Bonne-Espérance
et ce malgré l'augmentation très
sensible de la durée du voyage (4.000
milles environ). Et ils en préparent la
défense restre (avec le concours de
l'Union Sud-Africaine) sur mer, en
créant des points d'appui maritimes,
et enfin par une expansion aérienne
accentuée.
(Lire la suite page 3)
LE GOUVERNEUR GENERAL RESTE
Un homme, un chef, un réalisateur
par André ALBERT
- Député, membre de la Commission des Colonies.
Je reviens d'Afrique Equatoriale
Française où je suis resté trop briève-
ment à mon ^ré. J'ai eu le bon goût
d'y aller au mois d'août, c'est-à-dire
à la période où le climat y est le plus
frais. Quand je suis arrivé à Pointe-
Noire, dernier port de notre empire
africain, la grande foire-exposition de
Brazzaville venait de se terminer. Cette
année ie gouverneur général avait voulu
donner à cette manifestation une signi-
fication qu'elle n'avait jamais eue au-
paravant. Le gouverneur général, M.
Reste, est un homme affable, d'une ac-
tivité parfaitement incroyable. Il épuise
son entourage ; il a quelque cinquante-
cinq ans ; il parait dix ans de moins.
M. Reste est infatigable ; il a pour la
quinine un mépris total, ce qui indigne
son médecin : son mépris pour les
moustiques est au moins égal: Sous des
sourcils broussailleux, le regard reflète
une étonnante bonté. Bonté, activité,
tels sont les deux traits saillants du ca-
ractère de M. Reste. Ajoutez à cela
qu'il « pige » me disait un de ses admi-
nistrateurs.
Mais revenons à notre foire. Cette
année, M. Reste a pensé que l'heure
était enfin venue de créer un lien éco-
nomique et sentimental entre toutes les
régions si diverses de l'A. E. F. Ce
sentiment de solidarité et d'une créa-
tion commune, telle était « l'idée-for-
Le yov tjGt uCn Y" général RESTE,
ce » de M. Reste. Sans ce sentiment.
qu'il a voulu créer, impossible de rien
faire dans un pays pareil.
L'A. E. F. depuis sa naissance, .en
gouvernement général autonome, avait
vécu repliée sur elle-même ; elle sem-
blait figée, cantonnée dans son splen-
dide isolement exclusif. Cette foire a
été pour toute l'A. E. F. un symbole :
celui de l'union dans un même effort
de création continue et d'organisation.
Elle a été un acte de foi. Pour mener
et entraîner les autres, il faut avoir la
foi. Or, M. Reste a la foi dans les des-
tinées de notre empire colonial ; il n'en
ignore pas les possibilités, parce que cet
empire il le connaît. Il l'a parcouru, pè-
ierin patient, la canne à la main. On
m'a conté cette belle anecdote. Lors-
qu'il était gouverneur de la Côte d'Ivoi-
re, M. Reste voulait faire construire
une route qu'il jugeait importante
toutes les routes le sont. Les ingé-
nieurs jugeaient la chose malaisée, dan-
gereuse et opposaient la force de l'iner-
tie à l'impatience du gouverneur ; ils
n'allaient même pas reconnaître le ter-
rain. Qu'importe? Le gouverneur part
seul, avec quelques indigènes, en re-
connaissance. Il reconnaît le terrain.
Vingt et un jours de marche à pied en
pleine brousse ! Aujourd'hui, la route
existe. Preuve - qu'il y a encore de
grands fonctionnaires en France ! Un
autre détail, M. Reste veut tout voir
lui-même. Il a un avion et il s'en sert !
- (Lire la suite page 3.)
-. 'C' ".,
Les Annales Coloniales
La France ?
Le deuxième empire colonial du
monde.
Et comme a un empire il faut une
marine :
La septième marine marchande.
Sans commentaires.
(La République)
FONDAES E:N
DIRECTION
RÉDACTION
12, rue Le Peletier, Paris (9e). - : - --Téléphone : Provence 49.81 et 82. - C. C. postaux Paris 147385.
Correspondants particuliers dans tout l'Empire et dans les ports de la Métropole.
.1 Les manuscrits ne sont pas rendus. -
Les annonces sont reçues à Paris, 12, rue Le Peletier (9 ).
- par la Société Africaine de Publicité et d'Editions françaises.
, ,
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ADMINISTRATION
> PUBLICITÉ
ABONNEMENTS
France et Colonies. 1 an : 50 francs 6 mois : 30 francs
Etranger et Colonies.; 1 an : 70 francs 6 mois - 40 francs
LE PLUS PARISIEN
LE PLUS COLONIAL
France et Colonies l an : 200 francs par 5
Etranger et Colonies 1 an : 300 francs numéros
PROPAGANDE
SACHONS
AMÉNAGER
SAUVEGARDER
COORDONNER
les forces productives de la France
par Yves LE TROCQUER
----------- --- Sénateur, ancien ministre,
Dans le rapport fort remarquable que MM. Yves Begouën, Robert
Lemaignan et André Moreau-Neret présentaient à la Commission
d'Economie générale de la Conférence économique de la France mé-
tropolitaine et d'outre-mer, ils soulignaient avec infiniment de rai-
son que la place de la France dans le monde dépendra, pour 'Rne
bonne part, de l'aptitude qu'elle montrera, au cours des prochains
lustres. à faire de ses cent millions d'habitants, répartis sur des conti-
nents différents, un ensemble économique fragmenté, articulé et prêt
à s'adapter aux aspects mouvants des échanges internationaux, et ils
adressaient cet appel à « ceux dont la foi impériale serait assez tiède
pour chanceler devant les scepticismes présents, affichés ou sournois
que nous avons diagnostiqués, aujourd'hui et qu'il s'agira d'affronter
demain ; à ceux qui ne jugeraient pas suffisamment angoissant de
voir sombrer dans le chaos universel l'une des plus puissantes entités
économiques que le monde ait connues ; à ceux que le souci de con-
server détermine plus que la joie de créer utilement ',i'; à tous ceux-
là nous conseillons, pour conclure, de méditer les redoutables paroles
d'un de nos grands penseurs coloniaux, le professeur Gautier : « Le
jour où Athènes a cessé d'être la capitale d'un Empire, elle a cessé
d'être Athènes. »
Certes, si l'on se reporte aux statistiques, on constate avec satis-
faction que les échanges de la France avec ses possessions d'outre-
mer ont tendance à se développer. C'est ainsi que pour les sept pre-
miers mois de 1937, la valeur des échanges entre la France et ses;
territoires d'outre-mer était de 8 milliards 132 millions dé francs
pour les importations et de S milliards 470 millions pour les expor-
tations, alors que, pour les sept premiers mois de 1936, les chiffres
correspondants étaient de 5 milliards 756 millions et de 4 milliards
55 millions. Il est vrai que, depuis 1936, nous avons eu une double
dévaluation ! Néanmoins, si au lieu de parler valeur en francs, on
parle tonnage, on constate que le pourcentage colonial dans les im-
portations de la France s'accroît pour une bonne part des produits
examinés.
Mais il ne faut pas se le dissimuler, il est une des faces du pro-
blème qui, dans l'intérêt même de notre Impérium, doit retenir notre
attention.
- (Lire la suite page 3.)
COMMENT LE - JAPON
"entend n'organiser' la Chiné
par Henry FONTANIER
Ancien député.
Il est difficile de dire comment se ter-
minera la guerre sino-japonaise. Un
journaliste français mandait ces jours
derniers de Shanghaï que les étrangers
qui résidaient en cette ville se refusent
à faire quelque pronostic que ce soit et
quelle mieux est de s'en tenir à la vieil-
le formule anglaise : Wait and see !
Mais sans vouloir préjuger fissue des
hostilités il n'est pas interdit de recher-
cher quelles en peuvent être les consé-
quences au cas où le Japon comme
il l'espère en sortirait l'ictorieux,
On cite de M. Mussolini la phrase
suivante : « Le Japon est en train de
changer la carte géographique de l'Ex-
irême-Orient :>. je ne sais si ce propos
a produit auprès de certains l'effet d'une
chose nouvelle. Il traduit à n'en pas
douter un fait qui ne peut échapper à
ceux qui sont le moins avertis des cho-
ses de l'Extrême-Orient. Il y a long-
temps que le Japon s'emploie à réaliser
le dessein que lui prête- le chef du gou-
vernement italien, c'est en somme l'his-
toire de sa politique extérieure depuis
bientôt tantôt quarante ans et dont'les
étapes ont parfois échappé aux chancel-
leries européennes. Je sais bien qu'il est
commode de formuler des prophéties
après coup. Seulement il n'est pas con-
testable que l'on témoignerait aujour-
d'hui de moins de surprise si on avait
pris davantage soin de pénétrer les mo-
biles de la politique japonaise, mobiles
qui n'ont jamais eu rien de particulière-
ment secret et que l'histoire et la géo-
graphie eussent facilement livrés à ceux
qui les auraient attentivement consul-
tées.
Quoiqui'l en soit nous n'en sommes
plus réduits aux hypothèses. Un journal
de Tokio, le Nichi-Nichi, qui est en
étroites relations avec les autorités mi-
litaires, dont l'influence sur le gouver-
nement est prépondérante, nous donne
tes grandes lignes des projets japonais
en Chine.
Le Japon, commence par déclarer le
porte-parole de l'armée, a la mission
d'organiser l'Extrême-Orient. Lui seul
est en mesure de le faire.
« Le présent conflit, continue-t-il, n'a
rien de commun avec ceux qui l'ont pré-
cédé. Il ne s'agit pas de la conquête de
quelques territoires, de quelques provin-
ces, mais bien d'une réorganisation to-
talc de la Chine tant dans le domaine
politique que dans le domaine économi-
que et social. Un régime nouveau doit
être établi et ce sera l'aurore d'une
grande époque pour l'Extrême-Orient.
« Tout d'abord, plus d'influence
étrangère, c'est-à-dire d'origine euro-
péenne. L'actuel gouvernement de Nan-
kin est condamné à disparaître ou à
être annihilé. Il est soumis à l'influence
soviétique. Il perd ainsi tout droit à
l'existence.
« En même temps des mesures seront
prises en vue d'empêcher la bolchevisa-
tion de la Chipe. Le lapoil devra pro-
céder à un rajustement de ses relations
avec l'U. R. S. S. et résoudre les pro-
blèmes délicats et graves que posent les
relations entre les deux pays.
« A l'éffarti de l'Angleterre, même
politique energique. Il faudra l amener,
au besoin pur la force, ci réviser sa poli-
tique qui est la cause indirecte mais es-,
sentielle des troubles qui ne cessent
d'agiter celte partie du monde ». Ou
m propos n'est qu'une pure vanlardise,
ou il signifie que l'influence britannique
doit être elle aussi éliminée de ces ré-
gions. Ce sera probablement plus diffi-
cile à faire qu'à dire.
Ceci obtenu, le Japon se mettra à
l'œul're en Chine même. Il établira dans
la Chine du Nord Hopei, Chahar,
Sui-Yuan, Shansi, Shantoung un ré-
gime nouveau, qui s'étendra selon toute
probabilité à tout le territoire de la Ré-
publique.
Le nouveau gouvernement donnera
pour base à sa politique les six points
suivants :
1° Pacte anticommuniste avec le la-
pon.
2° Création de' zones militarisées
dans diverses parties de la Chine.
3° Etablissement de garnisons japo-
l/aises sur plusieurs points de la Chine.
(Suite page 3)
LE CAFÉ A MADAGASCAR
, par F. POLETTI 0,
Délégué de Madagascar au Conseil Supérieur de la France d'o!llrl'-lIler
Des événements politiques récents,
notamment l'instauration d'une dictature
au Brésil, qui ont eu de sérieuses réper-
cussions sur le plan économique et com-
mercial, ont attiré l'attention du public
sur la question des cafés.
On a généralement tendance à croire
que cette denrée de consommation cou-
rante nous vient exclusivement du Bré-
sil.
Si le nom de nos cafés coloniaux est
aujourd'hui tombé dans un oubli pres-
que complet, il n'en reste pas moins
que nous continuons à en recevoir d'im-
portantes quantités. Mieux certaines de
nos possessions d'outre-mer on fait, ces
dernières années, un effort considérable
pour approvisionner la France en cafés
d'excellente qualité qui concurrencent
avantageusement, sur les marchés mé-
tropolitains, les cafés étrangers.
L'exemple le plus typique et le plus,
caractéristique est ainsi donné par Ma- ]
dagascar. Ses exportations de café, qui.
¡:: ::::::=-::::::::::::::::::::::: :::::
Au Syndicat des Cafés -
L'Union coloniale le Syndicat des
planteurs de café a reçu M. Martin,
président du Syndicat des importa-
teurs de café de la région parisienne.
Ce dernier a exposé la raison pour
laquelle ce groupement avait demandé
au gouvernement de réduire, au moins
pendant un certain temps, la taxe de
licence d'importation des cafés étran-
gers.
Par ailleurs la Fédération des Syn-
dicats de la production coloniale s'est
réunie dans un déjeuner sous la prési-
dence de son président. M. Georges
Boussenot. ,,',
M. Desoffre, président du Syndicat
des planteurs de café, y annonça son
départ pour la Côte d'Ivoire où il s'en-
verra des besoins des planteurs. ,.
s'élevaient à 400 tonnes en 1913, ont
passé à 3.600 en Î929 et dépassent,
cette année, 33.000. ,
Un tel, chiffre-représente la récolte de
70.000 hectares, en pleine production.
Remarquons, que le caféier n'est pas une
plante annuelle et qu'il ne commence à
produire qu'au bout de 4 ou 5 ans.
C'est dire tout le travail qu'il a fallu
fournir pour arriver à obtenir de, ces
70.000 hectares de plantations actuel-
lement en rapport. Cela laisse en même
temps prévoir ce qu'atteindra la récolté
dans quelques amées, lorsque les jeunes
plants entreront en. production.
̃ • ̃ -
rHut-il ajouter, qu'ici 1 homme est
constamment en lutte avec la nature?
Périodiquement les cyclones : détruisent
le fruit de plusieurs années d'efforts. Le
plus récent en date, celui d'avril "1934,
a ravagé la. région de Maltanjary-Vato.
mandry. Mananjary fut. réduite en rui-
nes en quelques heures. Mais tes plan-
teurs européens^et-indigénes se sont re-
mis courageusement à l'œuvre. Sous
l'active impulsion du gouverneur géné-
ral Cayla, ils continuent sans défaillance
à accroître leurs plantations, améliorant
sans cessé leurs méthodes et moderni-
sant leur matériel, dans la mesure où
leurs faibles ressources la leur permet-
tent. M. Cayla s'est particulièrement at-
taché à développer chez nos planteurs
de café cet esprit coopératif qui a d-: si
heureuses répercussions sur l'agriculture
française. L'association en coopératives
permettra aux producteurs de café de
s'affranchir de la tutelle des intermé-
diaires, étrangers pour la plupart, qui
pratiquent le commerce de cette den-
rée dans .a Grande Ile. Précisons, en ef-
fet, que les grandes exploitations qui,
seules, sont suffisamment organisées, ne
produisent que le dixième de la récolte,
tout le reste provenant de petits colons
indigènes et européen:;. ,
- (Suite pu y e' a.) -
Menace sur l'Indochine
Le défilé des troupes japonaises dans la concession internationale de Shanghaï
• après l'occupation de la viller
:::: : ::::1:::::::::: 11::;n::: :::
TOUTE LA POSTE
PAR AVION
La question est à l'étude
Dans notre dernier numéro M. de
Beaumont réclamait pour nos colonies
toute la poste par avion.
On sait que cette question a été de
nouveau posée par ses soins à la Com-
mission de l'Aéronautique de la Cham-
bre. Elle est maintenant à l'étude au
Conseil supérieur de la France d'outre-
mer.
e * c*
Au cours de la dernière réunion
qui fut aussi la'dernière de la session
1937 M. Blanchard de la Brosse,
gouverneur général honoraire, au nom
de la Commission chargée d'étudier le
régime de la poste aérienne, a exposé
le résultat dés démarches qu'il avait
faites avec MM. de Beaumont et Ca3-
sagnac, auprès du ministère des P.T.T.
LeB;servief*:;»ntjé^
en principe favorables à une réduction
très sensible de la taxe aérienne pour
les colonies. Deux éventualités : on
ramènerait à 0 fr. 65 le prix des trans-
ports par la voie aérienne des plis ne
pesant pas plus de 5 gr., ou on aug-
menterait le poids des lettres à trans-
mettre par cette voie en augmentant
la taxe.
Ainsi la question est à l'étude. Mais,
voilà, aboutira-t-elle bientôt ?
L'exemple de l'Angleterre
Nos voisins d'outre-Manche n'en
sont plus à se poser cette question.
Depuis bientôt un an pour eux elle
est résolue aussi peuvent-ils annoncer
que le « Caledonia s, hydravion trans-
atlantique, a quitté dernièrement Sou-
thampton pour Le Cap avec cinq ton-
nes de « Christmas-Cards » et que de
nombreux voyages supplémentaires
sont prévus sur toutes leurs lignes
aériennes.
& * c
Les Anglais ont toujours su mettre
l'Empire à la portée de tous.
Il importe que nous ne tardions plus
à suivre leur exemple.
Pour pouvoir protéger l'avenir il
faut assurer le présent. Ce présent,
pour notre Indochine, au sein du
conflit sino-japonais, apparaît plein
d'embûches, de dangers.
Les troupes japonaises descendent
chaque jour un peu plus vers le sud.
'Après Shanghaï, Nankin, après Nan-
kin Canton, en passant par dessus
Hong Kong, extrême pointe de l'em-
pire anglais.
Or l'occupation de Canton, immi-
nente, sera un coup des plus graves
porté aux intérêts européens et amé-
ricano-britanniques surtout en Chine
méridionale. Ce sera les troupes ja-
ponaises sur notre frontière indo-
chinoise.
Mais il y a plus grave : c est 1 oc-
cupation éventuelle dit-on de Haï-
nan. face au golfe du Tonkin, qui
neutraliserait presque en totalité la
puissance militaire de Hong Kong,
de Kouang Tchéou et de Haïphong.
L'Angleterre, l'Amérique, réalisent
la danger de l'avance nippone. Les
récents incidents celui du Panay
en particulier, ont amené ces deux
puissances à envisager des mesures
défiepslves * 1'Angletfcrre fréta ..des
~M~~-~c if teifiii» ît«T3»Jerr-'
ne pour renforce*- sa flotte en Ex-
trême-Orient ; Hong Kong est sur
pied de guerre. L'Amérique tient une
escadre sous pression, prête à par-
tir.
Et la France ? Des voix autorisées
nous ont bien assuré que toutes mer
sures étaient prises. Par ailleurs un
accord va établir la collaboration
franco-anglaise : à la France la Mé-
diterranée ; à l'Angleterre le Paci-
fique. <
Ce ne sont là que mesures préven-
tives.
Il faut en prendre d'autres, avant
qu'il ne soit trop tard, France-Angle-
terre-Amérique sont solidaires en
Extrême-Orient. L'Australie, la Hol-
lande y sont interressés.
Chacune de ces puissances doit
prendre sa part de collaboration de-
vant le danger commun établissant
ainsi le front de la race blanche et
des démocraties devant l'impéria-
lisme jaune, et les états totalitaires.
P. LE VERBE,
ORGANISER LE MARCHÉ
IMPÉRIAL
Un vœu de Marseille
Dans un mémoire récemment adres-
sé au département, « la Société pour
la défense du commerce », de Marseil-
le, s'émeut de certains faits de con-
currence s'affirmant de manière alar-
mante entre producteurs métropoli-
tains et producteurs coloniaux.
C'est ainsi qu'en ce qui concerne
particulièrement le marché des tissus,
l'Indochine est en voie d'évincer prati-
quement les fournisseurs métropoli-
tains de Madagascar.
Par ailleurs sur le marché des vins
et des oléagineux, les commerçants
marseillais s'inquiètent de la concur-
rence grandissante que leur font l'Al-
gérie et le Maroc en Afrique Occiden-
tale.
La « Sociévé pour la défense du
commerce » reconnaît que de récents
décrets ':', paraissent ouvrir la voie à
uiie policiqué économique impériale
plus ordonnée.
« Si des mesures appropriées doi-
vent suivre, conclut-elle, un grand pas
sera fait pour conjurer la concurrence
stérile des colonies et de la métro-
pole sur le marché impérial français.
Ainsi l'on écartera progressivement la
conception chimérique d'autarchie et
d'économie fermée en assurant à l'éco-
nomie française, métropolitaine et co-
loniale, la place qui lui revient sur le
marché mondial. »
M. DE CHAPPEDELAINE
DELEGUE DE L'OCEANIE
Les élections complémentaires pour
le siège au Conseil supérieur de la
France d'outre-mer de M. Sari, décédé,
ont donné 2.210 voix à M. Louis de
Chappedelaine, sénateur de la gauche
radicale, ancien ministre des Colonies,
soit 403 voix de plus qu'à son conçu-
rent, M. David, député S. F. I. O.
Seuls manquent les résultats de
deux ou trois petites îles des Tuamotu,
qui ne paraissent pas pouvoir modifier
h situation. -
e ,.Il $ el le
PROPAGANDE
COLONIALE
Depuis quelque temps, chaque
soir, « Radio-Cité » interviewe
l' « Homme de la rue », un peu
dans tous les coins de Paris, com-
me cela, au bord du trottoir.
Et 1' « Homme de la rue » de
donner aussi son avis sur les ques-
tions les plus diverses. - - * --
Dernièrement la question posée
était : Etes-vous partisans d'en-
voyer vos enfants*aux colonies ?
C'était quelque part à Grenelle ;
public populaire ç'il en est. Devant
̃' l'appareil nous 4ious attendions aux
réponses les plus abracadabrantes.
A notre grande, notre heureuse
surprise, il n'en fut rien. Une di-
zaine de personnes interviewées
hommes et femmes répondirent
unanimement par l'affirmative. Seu-
I? une femme fit une restriction
quant à la durée du séjour possi-
ble.
Mais les autres étaient enthou-
siastes. Deux anciens coloniaux
vantèrent l'attrait de la vie colo-
niale ; avec des mots simples ils
trouvèrent le moyen d'être pres-
que lyrique. - u
Et les autres : « Moi j'ai un trere
à Dakar, il y est heureux ». « Je
- ne demande qu'à y partir, zvec ma
famille ; j'ai la conviction que je
pourrais donner à tous plus de bien-
être ; j'aurais plus de possibilités ».
« Le gouvernement devrait faire
un effort pour y envoyer la jeu-
nesse », etc, etc.
Une telle unanimité, un te! en-
thousiasme ne sont-ils pas récon-
fortants ?
Local, certes, ce petit sondage
colonial mais néanmoins combien
svmptomatique. La masse s'éveille
à l'idée de l'empire. Regardant par-
dessus -ses frontières métropolitai-
nes, elle aspire à d'autres horizons,
à plus de possibilités. Elle commen-
ce à réaliser tout ce que nous avons
en puissance outre-mer.
, A l'heure où l'on convoite si dan-
gereusement notre bien ce bien
qui est notre avenir il faut plus
que jamais que le peuple réalise-
combien il est grande, et fort. :
Aussi propagande, propagande !
messieurs nos gouvernants. - -
COUP D'ŒIL SUR LA TUNISIE
j 1911 i par H. BERTHON
I:L~.:;.;':~-- n"
- 1 •' -
Un matin de novembre 1911 1^7 du
mois, on sentait à Tunis, qu'il y avait
quelque chose d'anormal. Les petits
vendeurs de la « Dépêche Tunisienne>
n'avaient pas paru sur l'avênue julgs-
Ferry et les boutiques des souks étaient
restées fermées.
Vers 11 heures, une nouvelle se ré-
pandait, dans tout Tunis.' On racontait
qu'une' émeute avait éclaté parmi la.
population, arabe et qu'il y avait beau-
coup de morts et de blessés européens.
Quelques mots sont ici nécessaires
pour situer l'atmosphère dans laquelle
se déroulaient ces douloureux événe-
ments.
A cette époque, le peuple musulman
avait les yeux tournés vers la Turquie ;
le sultan de Stamboul était ensore le
commandeur des Croyants, chef de
t'fstam.
La révolution, fomentée par le parti
Jeune Turc, loin d'affaiblir la profon-
deur des sentiments musulmans à l'égard
de Stamboul, avait au contraire attisé
chez certains intellectuels l'hostilité
qu'ils nourrissaient contre les Euro-
péens installés dr.ns leur pays.
A Tunis s'était fondé le parti Jeune-
Tunisien, dont le chef, un jeune avocat,
Ali Bach-Hamba, ne ménageait pas dans
son journal, « Le Tunisien ::>, ses cri-
tiques aux autorités du protectorat.
Des prêches avaient eu lieu dans les
mosquées, exaltant la nation islamique
et appelant les vrais croyants à la lutte
contre les « roumis », les mécréants.
Les difficultés rencontrées en Tripoli-
taine par les troupes italiennes et les
prétendues atrocités commises par l'en-
vahisseur avaient, en outre, surexcité
l'opinion musulmane contre les Euro-
péens, et contre les Italiens en parti-
culier. Sous une apparence de calme un
incendie couvait.
Les pouvoir: publics en Tunisie
avaient, à cette époque, envisagé l'éta-
blissement d'un tramway qui devait des-
servir les localités de la rive sud du lac
de Tunis : Mégrine, Radès, Hammam-
Lif.
Les études étaient commencées de-
puis un certain temps, mais la présence
aux portes de la ville d'un grand cime-
tière musulman, le cimetière du Djellaz,
n'avait pas encore permis de commen-
cer le tracé.
Le cimetière du Djellaz, situé au sud
dr_- la ville, près de la porte Bab ci
Alleoua, renferme des milliers de tom-
bes, ainsi qu'un sanctuaire vénéré : le
marabout de Sidi-bel-Hassen. Y porter
atteinte eût été évidemment à l'encon-
tre des convictions de la population mu-
sulmane si attachée à tout ce qui touche
les manifestations extérieures du culte.
Telle n'était pas l'intention du gouver-
nement.
Pour mettre fin à des déprédations et
à des empiètements commis par suite
de l'absence de clôtures, la municipalité
de Tunis avait demandé l'immatricula-
tion (1) du cimetière. On avait, à cet
effet, envisagé de faire effectuer par les
géomètres un relevé du terrain, procé-
dure tout à fait courante sans aucun
rapport avec celle de l'expropriation.
Cependant, des émissaires avaient fait
courir le bruit que le gouvernement
avait décidé de délimiter sur place les
parcelles à exproprier pour le passage
du futur tramway. La population mu-
sulmane avait été invitée à s'opposer à
cette mesure.
De fait, le 7 novembre au matin, une
foule de plusieurs centaines d'indigè-
nes affluait par les rues de la VIlle
arabe et se massait aux abords du cime-
tière, conformément au mot d'ordre qui
avait été donné pendant la nuit.
Quelques agents seulement étaient de
faction. Les géomètres avaient com-
mencé à déballer leur matériel, mais,
devant l'attitude hostile de la foule, ils
s'apprêtaient à interrompre leur travail.
(Lire la suite page 5)
L'E PORT DE DAKAR
«Sa destinée dépasse largement
les prévisions premieres »
par ROUX-FRESSINENG
Sénateur d'Oran,
Membre de la Commission des Colonies du Sénat.
Le maire de Dakar, M. Goux, lors
d'un récent voyage en France, s'est
efforcé d'attirer toute l'attention de nos
dirigeants sur l'importance de ce port
et sur l'urgence des travaux qui doi-
vent être exécutés pour lui permettre
de tenir la place qu'il est appelé à
occuper dans notre Empire colonial.
Sa situation est exceptionnelle. En
un point très abrité et facilement ac-
cessible (ce qui est une rareté sur cette
côte africaine), il est le grand havre
qui doit desservir normalement un im-
mense hinterland avec lequel il est en
relation directe et continue par la voie
ferrée Thies-Kaye-Koulikoro : tout le
Sénégal et la partie supérieure du Sou-
dan (la partie inférieure qui est éloi-
née de l'Océan d'environ 3.000 km.
n'aura, malgré la communication éta-
blie en certaine saison par le Niger,
des débouchés suffisants que lorsqu'elle
sera reliée à la Méditerranée par un
chemin de fer Transaharien).
Les richesses de ces territoires sont
grandes. M. Gour appelle la vallée du
Sénégal une petite Egypte. Celle du
Niger serait, si l'on utilisait rationnel-
lement le fleuve, une grande Egypte
les travaux d'irrigation entrepris
dans le Haut-Niger le démontrent.
La prospérité de ces deux colonies,
particulièrement du Sénégal, est au
surplus accusée par l'accroissement et
l'excellent esprit des populations indi-
gènes que nous nous efforçons de
faire profiter dans la plus large me-
sure des bénéfices moraux et matériels
de la civilisation et qui nous mon-
trent leur gratitude par l'affection
qu'elles ne cessent de témoigner à la
France.
Mais Dakar est, en outre, par-sa
position géographique, un lieu d'escale
pour tousses navires qui se dirigent
vers le, Cap. Il' l'est également pour
pour tous ceux qui se rendent dans
l'Amérique du Sud. :;
C'est enfin une'station forcée pour
le? courriers qui établissent l'es liaisons
aériennes entre l'Europe, l'Afrique et
les nations sud-américaines.
Plaque .tournante de l'Atlantique 1
l'a-t-on défini avec justesse 1
Ce n'est pas seulement au point de
vue commercial que Dakar présente un
intérét tout spécial, c'est aussi, et,plus
encore à l'heure. actuelle, au point de
vue. de la Défense nationale.
Il constituera pour nos flottes et
notre aviation une base de premier or-
dre qui ne pourrait en ce moment
être remplacée par aucune autre.
Considération dont nous devons d'au-
tant plus tenir compte que l'attitude
nouvelle des Anglais nous y convie.
Envisageant la possibilité d'entraves
apportées à leurs communications par
l-i Méditerranée aves leur Enmpire de
l'Inde, ils ont remis en honneur la voie
ancienne celle qu'ils pratiquaient
avant l'ouverture du canal de Suez,
la route du cap de Bonne-Espérance
et ce malgré l'augmentation très
sensible de la durée du voyage (4.000
milles environ). Et ils en préparent la
défense restre (avec le concours de
l'Union Sud-Africaine) sur mer, en
créant des points d'appui maritimes,
et enfin par une expansion aérienne
accentuée.
(Lire la suite page 3)
LE GOUVERNEUR GENERAL RESTE
Un homme, un chef, un réalisateur
par André ALBERT
- Député, membre de la Commission des Colonies.
Je reviens d'Afrique Equatoriale
Française où je suis resté trop briève-
ment à mon ^ré. J'ai eu le bon goût
d'y aller au mois d'août, c'est-à-dire
à la période où le climat y est le plus
frais. Quand je suis arrivé à Pointe-
Noire, dernier port de notre empire
africain, la grande foire-exposition de
Brazzaville venait de se terminer. Cette
année ie gouverneur général avait voulu
donner à cette manifestation une signi-
fication qu'elle n'avait jamais eue au-
paravant. Le gouverneur général, M.
Reste, est un homme affable, d'une ac-
tivité parfaitement incroyable. Il épuise
son entourage ; il a quelque cinquante-
cinq ans ; il parait dix ans de moins.
M. Reste est infatigable ; il a pour la
quinine un mépris total, ce qui indigne
son médecin : son mépris pour les
moustiques est au moins égal: Sous des
sourcils broussailleux, le regard reflète
une étonnante bonté. Bonté, activité,
tels sont les deux traits saillants du ca-
ractère de M. Reste. Ajoutez à cela
qu'il « pige » me disait un de ses admi-
nistrateurs.
Mais revenons à notre foire. Cette
année, M. Reste a pensé que l'heure
était enfin venue de créer un lien éco-
nomique et sentimental entre toutes les
régions si diverses de l'A. E. F. Ce
sentiment de solidarité et d'une créa-
tion commune, telle était « l'idée-for-
Le yov tjGt uCn Y" général RESTE,
ce » de M. Reste. Sans ce sentiment.
qu'il a voulu créer, impossible de rien
faire dans un pays pareil.
L'A. E. F. depuis sa naissance, .en
gouvernement général autonome, avait
vécu repliée sur elle-même ; elle sem-
blait figée, cantonnée dans son splen-
dide isolement exclusif. Cette foire a
été pour toute l'A. E. F. un symbole :
celui de l'union dans un même effort
de création continue et d'organisation.
Elle a été un acte de foi. Pour mener
et entraîner les autres, il faut avoir la
foi. Or, M. Reste a la foi dans les des-
tinées de notre empire colonial ; il n'en
ignore pas les possibilités, parce que cet
empire il le connaît. Il l'a parcouru, pè-
ierin patient, la canne à la main. On
m'a conté cette belle anecdote. Lors-
qu'il était gouverneur de la Côte d'Ivoi-
re, M. Reste voulait faire construire
une route qu'il jugeait importante
toutes les routes le sont. Les ingé-
nieurs jugeaient la chose malaisée, dan-
gereuse et opposaient la force de l'iner-
tie à l'impatience du gouverneur ; ils
n'allaient même pas reconnaître le ter-
rain. Qu'importe? Le gouverneur part
seul, avec quelques indigènes, en re-
connaissance. Il reconnaît le terrain.
Vingt et un jours de marche à pied en
pleine brousse ! Aujourd'hui, la route
existe. Preuve - qu'il y a encore de
grands fonctionnaires en France ! Un
autre détail, M. Reste veut tout voir
lui-même. Il a un avion et il s'en sert !
- (Lire la suite page 3.)
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