Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-12-13
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 13 décembre 1937 13 décembre 1937
Description : 1937/12/13 (A38,N60). 1937/12/13 (A38,N60).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6272063r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
- Prix du nu wëro -- U n franc Lundi'"13 Dëcémgre 1937.
38e année. N° 60. Fondateur : Marcel RUEDEL., - Edition hebdomadàire. - Prix du numéro : Un franc Luncli 13 Décembre 1937.
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es ia - les
Les Annales Coloniales
FONDEES EN 1900
« J'ai toujours soutenu qu'il n'y aura pas
de paix en Europe tant qu'une entente dura-
ble ne sera pas établie avec l'Allemagne.
« J'ai acquis la conviction que-la condition
préalable à remplir pour avoir avec le Reich
une conversation utile c'est d'être fort. *
Paul REYNAUD.
DIRECTION
RÉDACTION
12, rue Le Peleller, Paris (9'). Téléphone : Provence 49.81 et 82. C. C. postaux Paris 147385. ADMINISTRATION
Correspondants particuliers dans tout l'Empire et dans les ports de la Métropole.
Les manuscrits ne sont pas rendus.
Les annonces sont reçues à Paris, 12, rue Le Peletier (9 ). DTTDT I/TTHtFi
par la Société Africaine de Publicité et d'Editions françaises.
ABONNEMENTS
France et Colonies 1 an : 50 francs 6 mois : 30 francs
Etranger et Colonies ; 1 an : 70 francs 6 mois : 40 francs
etranger et Colonies
France et Colonies. 1 an : 200 francs par. 5
Etranger et Colonies. 1 an : 300 francs numéro*
PROPAGANDE
------ -
LE PLUS PARISIEN
LE PLUS COLONIAL
LE PROBLÈME DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE
Pourquoi le Parlement
ne peut. pas voter
le projet Viollette
par Paul SAURIN, député
Président du Conseil général
d'Oran.
- On abuse facilement l'opinion publique en accréditant l'idée que
les adversaires du projet Blum-Viollette sont des rétrogades, des gens
de mauvaise foi, qui se refusent à accorder des droits politiques aux
indigènes d'Algérie et à réaliser progressivement une œuvre indis-
pensable d'assimilation des populations musulmanes placées sous
notre tutelle et notre protection.
Rien n'est plus faux. Si nous ne voulons pas du projet Viollette,
C'est parce qu'il va à l'encontre même du but qu'il se propose et qu'il
contient en germe la faillite de cette œuvre de « francisation » que
ses auteurs prétendent poursuivre. Mais en retour nous réclamons
pour les indigènes d'Algérie de nouvelles facilités pour accéder aux
droits politiques par une assimilation véritable et, parallèlement, une
représentation immédiate de leurs intérêts propres à Paris.
Je m'explique.
Le danger du projet Viollette consiste dans le fait que les droits
politiques du citoyen français seraient dispensés à des musulmans
qui ne seraient pas citoyens, qui garderaient leur statut personnel
coranique, c'est-à-dire leurs mœurs orientales, et qui, réfractaires à
l'idée de laïcité, continueraient à confondre l'état et la religion dans
un culte de l'Islam s'opposant éternellement à nos conceptions occi-
républicaine et laïque ne peut pas abdiquer.
L'histoire de ces* dernières années démontre amplement ce que
j'affirme et seuls nieront l'évidence ceux qui ne veulent pas voir.
Les idées de M. Viollette sont connues en Algérie depuis plus
de 10 ans. Or, voici deux ans encore, leurs partisans ne constituaient
qu'une infime minorité. - - - - - -
dentales de la société démocratique moderne.
L'attachement des musulmans à leur statut personnel, obstacle
déjà sérieux juridiquement, nous apparaît surtout comme le symbole
d'un fanatisme islamique plus ou moins avoué devant lequel la France
- La Fédération des élus musulmans et son président Benjelloul
demandaient une représentation spéciale et séparée des musulmans
algériens. L'immense parti maraboutique, soucieux surtout d'amélio-
rations économiques, était nettement hostile aux idées Viollette.
Dans son odieuse brutalité, l'Etoile Nord Africaine et Messali Hadj
les repoussaient comme ils repoussaient toute réforme pour ne ré-
clamer que la « libération » de l'Algérie et son évacuation par les
Français. Seuls les Oulémas (parti des religieux uribus des idées
orientales de régénération et de purification de l'Islam dégagé de
toute emprise des « infidèles » ) seuls ceux qui se refusent, fanatique-
ment, à toute occidentalisatiqn accueillaient avec satisfaction le prin-
cipe de réformes qui leur apparaîssaient commele premier pas vers
la libération, de l'Algérie islami que-« sans heurt et sans cancan ».
-LfRẼ L'ART+CLE
Le Conseil de gouvernement de l'A. E. F.
FAIRE SES COMPTES!
A DAKAR
ceux de
*
,','t.,~i'>,,' 'O' h',.' h ,-
L'A. O. F.
)
A HANOI
1 ceux de -
i. *.
L OT0€HIiNE -'
A BRAZZAVILLE
ceux de
L'A. E. F.
Ji L ~A E F -
La semaine ; dernière nous avons
donné un premier exposé de la situa-
tion, telle qu'elle fut présentée au Con-
seil du gouvernement, de la Côte
d'Ivoire, du Dahomey et du Soudan.
Voici maintenant pour les autres co-
lonies :
Le Sénégal voit son labeur
récompensé
Les signes favorables de reprisa
économique qui apparaissaient au dé-
but de l'année, se sont nettement affir-
més.
Le commerce spécial s'est élevé,
pour le premier semestnft, à 757 mil-
lions contre 810 pour toute l'année 1935
et 1 milliard 50 millions pour celle de
1936.
L'abondance des arachides constitue
le facteur dominant de l'amélioration.
Le poids des arachides exportées; au
30 septembre dernier, s'élevait à
476.000 tonnes.
Il restait à exporter 140.012 tonnes.
L'exportation totale d'arachides dépas-
sera donc 616.038 tonnes, résultat dé-
passant de 100.000 tonnes l'exportation
la plus forte constatée à ce jour, celle
de 1930.
Les conditions climatériques ne per-
mettent guère malheureusement d'es-
pérer pour la prochaine traite des ré-
sultats aussi satisfaisante, mais tout
laisse espérer que la campagne pourra
néanmoins être comptée parmi les
bonnes. '1
(Lire la suite page 3)
La séance solennelle d'inauguration
de la session ordinaire du Grand Con-
seil des intérêts français économiques
et financiers a eu lieu le 2 décembre,
dans le grand amphithéâtre de l'Uni-
versité indochincise.
Le. gouverneur général Brévié pro-
nonça le discours d'ouverture de la ses-
sion. Après avoir déclaré son intention
de dresser un bilan moral économique
et financier sincère, le chef de la co-
lonie brossa le tableau d'ensemble de
l'année écoulée, caractérisée par la re-
cherche de l'équilibre économique,
commun à tous les pays, et par les
aspirations politiques et sociales tra-
duisant les besoins profonds d'intégra-
tion aux nécessités de la vie nouvelle.
Le progrès social
II-souligna que la France, de. tra-
dition et d'orientation nettement répu-
blicaines, de. complexion essentielle-
ment humaine et généreuse, pensa d'a-
bord à améliorer le sort des classes la-
borieuses sur lesquelles la crise s'était
lourdement appesantie, et, avec un
sens d'universalité qu'elle possède à
un haut degré, elle-a voulu que les
travailleurs coloniaux participassent à
un régime libéral' de-sa législation so-
ciale. D'où cette empreinte particulière
qui marque fortement rannée 1937.
(Lire la suite ijadr 3)
La session annuelle du conseil d'ad-
ministràtion de la coronie s'est tenue à
Brazzaville les 26, 27 et 28 novembre
au Gouvernement général.
Pour la première fois y siégeaient
des délégués indigènes élus par la po-
pulation.
Le gouverneur général Reste prési-
dait la session, entouré des membres
du conseil d'administration. Dans son
discours inaugural, M. Reste, le gou-
verneur de la brousse, avec cette foi
enthousiaste, si dynamique qui est bien
à lui, s'est exprimé en ces termes :
c L'évolution individuelle et le dé-
veloppement social de nos populations
doivent être au premier rang de nos
préoccupations.
« j'at toujours estime, et j emprunte
ces paroles à M. le ministre des Colo-
nies, Marius Moutet,- « que t'humain
doit. primer toutes autres considéra-
tions et-que le développement économi-
que doit être conçu en fonction des pos-
sibilités humairt& et en vue de l'ac-
croissement du potentiel social. »̃
« Nous nous sommes penchés avec la
plus grande sollicitude sur ces popula-
tions indigènes qui sont venues à. nous
sans arrière-pensée, spontanément, mues
par ce besoin instinctif de la justice
et de la sécurité, et nous avons vpulu
les doter de l'armature sociale qui leur
faisait défaut.
« tn. réalité, les populations equato-
riales ne sont pas inférieures aux autres
populations, de. l'Afrique noire : elles
ont en elles un fond surprenant de vita-
lité.
(Lire la suite page 3.)
L'interdépendance des territoires
de la France d'outre-mer
par G. NOUELLE, député,
Président de la Commission de l'Algérie,
- des colonies et des protectorats de la Chambre,
Certains problèmes qui se posent ac-
tuellement avec tant d'acuité ne sem-
blent insolubles que parce qu'ils sont,
traités isolément. Une vue d'ensemble
est nécessaire à quiconque veut les ré-
soudre.
Que de fois n'a-t-on pas signalé
l'unité de cette partie de l'Empire
français qui s'étend de la Méditerra-
née au sud de l'Equateur, qui englobe
notre Afrique du Nord et notre Afri-
que Noire ? Cette conception ne doit
pas rester une vue de l'esprit car elle
répond à des - réalités. En voici un
exemple :
Une question est en ce moment à
l'ordre du jour et fait l'objet des pré-
occupations gouvernementales. Elle
est relative aux fermentations sociales
qui agitent les populations autochtones
de l'Algérie, de la Tunisie et du Ma-
roc.
On ne peut et on ne doit pas cacher
qu'indépendamment de certaines pro-
pagandes antifrançaises qui sont me-
nées dans les milieux indigènes de nos
territoires méditerranéens, l'agitation
en Afrique du Nord est causée non
seulement par la situation politique
dans laquelle se trouve le musulman
sujet ou protégé français, mais encore
par la crise économique qui y sévit.
Il est avéré qu'une partie de la po-
pulation, particulièrement dans le Sud,
est sous-alimentée et souffre périodi-
quement d'une disette due au man-
que d'eau, aux acridiens, à la pauvre-
té du sol. Pour la ravitailler, des som-
mes considérables sont dispensées.
Mais cet effort n'est qu'un palliatif et
ne constitue pas un remède.
Que faire ?
*-.. -
Regardez la carte d'Afrique. Il y a
là des régions immenses hier encore
séparées par le « pays de la soif fit de
la peu, » : le Sahara. Aujourd'hui le
Sahara est un pont, franchissable ai..
sèment par l'automobile et l'avion, qui
unit l'Afrique du Nord et l'Afrique
Occidentale et Equatoriale.
Nous savons qu'au delà de la rive
sud du Sahara, ufe œuvre grandiose
a été entreprise qui est l'irrigation des
terres étendues de la boucle du Niger.
Nous savons aussi qu'une des princi-
pales objections faites à ce sujet est
l'impossibilité de trouver sur place ou
dans les environs immédiats les tra-
vailleurs nécessaires à leur mise en
valeur.
Si les colons noirs peuvent faire dé-
faut, pensorfs à leurs frères berbères,
hommes robustes, accoutumés à l'agri-
culture, à l'élevage, au climat chaud
et au soleil rude, qui ont l'habitude de
quitter leurs plateaux pour travailler
dans la plaine.
Le Soudan est un pays musulman
très peu peuplé qui. riche parce qu'ir-
rigué, peut servir d'exutoire au trop-
plein de la population berbère. Il faut
que dès 1938 un essai sérieux de trans-
plantation soit tenté, entouré de toutes
les garanties relatives au voyage des
colons et des familles, à leur installa-
tion sur les terrains aménagés et à
leur acclimatement.
Il serait désirable qu'un voyage dans
le Sahel de quelques représentants in-
digènes fût organisé le plus tôt pos-
sible : ils se rendraient compte des
grands travaux effectués, ils verraient
le sol fertilisé par l'eau, la richesse
dès cultivateurs noirs déjà installés. De
retour dans leur pays. ils seraient les
meilleurs propagandistes.
Les migrations humaines sont, de
nos jours, déclenchées par la nécessité
de vivre. L'homme quitte son habitat
pour aller là où la vie sera meilleure
et moins difficile.
Le projet dont il s'agit n'est pas
utopique. Il peut et doit être réalisé.
Ii démontrera l'interdépendance étroite
d> nos territoires d'outre-mer qui for-
ment un bloc- uni dont aucure parcelle
ne peut être détachée.
COLONIES ESPAGNOLES ,",
Leur position stratégique
est capitale par L. GASPARIN
- * - Député de la Réunion
Secrétaire de la Commission de la Marine marchande
Membre de la Commission des Colonies.
En ce moment, où deux puis-
sances avides d'expansion se
créent sur r Espagne des créances
qu'elles entendent bien se faire
payer un jour, il est tout indiqué
de rechercher par quelles cessions
ces dettes pourront être acquit-
tées. On a parlé des Baléares : il
est plus que douteux que rAngle-
terre et la France puissent jamais
tolérer l'installation dans ces îles
de puissances maritimes capables
de gêner leurs communications
impériales. Du reste, les intéres-
sés démentent à qui mieux mieux
cette perspective.
Propagande
; coloniale
LA MALARIA A DAKAR
Selon la presse de Londres, les
équipages de deux navires anglais
auraient été récemment atteints
de « malaria », quelques jours
après leur passage à Dakar.
De là à suspecter Té.at sanitaire
de notre grand port africain, il n'y
avait qu'un pas. II fut bien vite fran-
chi.
Nous laisserons aux sommités de
l'Académie de médecine le soin de
définir cette « malaria » à laquelle
nous fle croyions plus depuis Mo-
lière.
Nous nous demanderons seule-
ment où commence cette nouvelle
endémie : avec les miasmes qu'ex-
baferait Dakar ou dans l'entêtement
de certains marins à faire fi du cas-
que, à procéder en plein midi au
ravalement de leurs coques et à
dormir la nuit, nus ou presque, à
même les ponts de leurs bâtiments.
Quant. au reste, nous maintien-
drons obstinément qu'il y a peu de
ports aussi jalousement et meticu-
leusemetif surveillés au point de
vue sanitaire que Dakar.
Reconnaissons lui cependant un
défaut majeur ; c'est de devenir un
peu plus chaque année « la plaque
tournante de l'Atlantique » et de
s'acheminer vers les premières pla-
ces dans le trafic de l'Océan.
Sans vouloir contrister en nen
nos amis anglais (qui fie sauraient
d'ailleurs englober quelques inté-
rêts particuliers un peu. inquiets),
tious pourrions peut-être déceler en
cela une « malaria autrement viru.
lente que celle dont les équipages
en cause ont eu à souffrir. »
Mais alors, cà, ce ne serait pas
du « fair play », Messieurs nos
concurrents 1
On oublie trop que l'Espagne
possède d'autres colonies sur les-
quelles les nations créancières
pourraient transporter leurs hypo-
thèques :
Il y a d'abord l'archipel des Ca-
naries, dans l'Atlantique. qui n'est
pas considéré comme une colonie,
mais forme une province ratta-
chée à la Métropole.
M t
Sur le continent africain, les
Présides, comprenant la côte du
Maroc, Ceuta, Melilla et l'île
d'Alhucemas.
La zone espagnole du Maroc,
avec le Rif, d'une superficie de
16.000 kilomètres carrés et le Dje-
bala qui en compte 12.000.
(Lire la suite page 5)
t~t~ non Telle fut la conclusion du |
̃ II débat ouvert à l'Institut
A, ~m 1 colonial suir l'éventuelle
I II II • • • • rétrocession du Cameroun
Encore et toujours les revendica-
tions coloniales ! Ce problème est
trop à l'ordre du jour pour ne pas
en parler. Devant le danger qui
monte, les délais ne sont plus per-
mis. Il faut en finir avec la politique
de l'autruche, cesser de se lamenter
sur les fautes passées et regarder
maintenant, bien en face, la réalité.
C'est ce que fit, mardi, en un large
débat, l'Institut colonial.
¡ @.(!)
Sous la présidence de l'amiral La-
caze, diverses personnalités prirent
successivement la parole, chacun
sur des plans différents, mais se
rapportant tous au Cameroun.
« L'Angleterre mène le jeu et nous,
faisons figure de brillant second »,
affirma M. Lahouret,. directeur de
l'Institut dés civilisations africaines.
Disséquant l'opinion de l'Anglais
moyen, son idéologie, sa position in-
décise, M. Labouret démontra que
le danger, pour nous, est son oppor-
tunisme bien connu.
L'Angleterre ne lâchera jamais le
Tanganyika, qui couperait sa route
du Cap au Caire. i
, L'Union sud-africaine ne peut i
abandonner ce Sud-Ouest africain,
qui deviendrait une épine étrangère
dans le flanc de son unité
Reste le Togo et le Cameroun
sous mandat anglais. Pour ces deux
territoires, pas d'objection. Leur
rétrocession serait un geste d'apai-
sement facile. pour; l'Angleterre.
On pense même volontiers que nous
pourrions suivre cet exemple. pour
la part qui nous revient, de ces deux
mandats !
La presse sud-africaine ne se gêne
pas pour le préconiser.
Bref. méfiez-vous de vos amis.
Les questions pétrolières furent
traitées par M. Taris, ancien chef
de mission.
,-," LA DENONCIATION
M.TMTE
-1 TURCO-SYRIEW
V Ainsi -que - nous le -faisions prévoir
la semaine.. dernière, le .gouvernement
turc vient de dénoncer le traité d'ami-
tié, de pon. voisinage, et, de, non-agres-
sion, qu'il avait conclu avec la Syrie,
en. 1926. ','
On annonce,, à ce-sujet, que M. Yvon
Delbos irait à Ankara en février pro-,
chain. ; ,',
-' - _.1.:.- ~--_Lf_ .s,-'-:.-!'
Rappelons que cette convention a ami-
tié et de bon voisinage avait été lignés
à Ankara, le 30 mat 1926, par M: Téwflk
Rouchdy, et par M. Albert Sarraût pour
la 'France, agissant comme puissance
mandataire de la Syrie et. du, Liban.
L'article 14 de la convention prévoyait
une procédure' d'arbitrage pour tout' con-,
Ait pouvant" survenir entre les. deux
parties contractantes. Un - protocole" si-
grié' le' 18' féVriér 1926,' à 'Ankara; par
MM. H. de Jouvenel' et Rouchdy bev,
tait aucune modification aux stipula-
tions ̃ de l'accord d'Ankara du 20 octo- j
bre 1921 et que « .quelles que soient
les imesutes administratives à prendre
ou le. stàtut organique à établir en
Syrie, il sera toujours tenu compte du l,
régime spécial que l'article 7 de l'ac-
cord d'Ankara a. insitué pour la région,
d'Alexandrette ':p,
Le 9 septembre, l'année dernière, M. Viénot signait, au Quai d'Orsay, le protocole du traité
franco-syrien. ',' ," ; .- ,: ,.,:
Ce jour-là, sous nos pas, en r Méditerranée orientale, nous avons placé une bombe à retardement.
Depuis nous avons eu le loisir d'enregistrer les premiers prodromes de l'explosion en puissance :
réactions des minorités ; au début de l'année celles, violentes, du qouyerne 'Men.t. turc devant
le statut du sand iack d'Alexandrette ; tendances nationalistes vers le bloc arabe, etc.
Maintenant, après le refus syrien de reconnaître le statut du sand jack, voici la dénonciation,
par Ankara, du Traité d'amitié turco-syrien de t926.
Ainsi s'ouvre la porte à l'agression. Par nos engagements, solidaire de la Syrie, il nous faudra y
faire face. Charmante perspective ! •
Comme bombe– même à notre époque de ? cagoulards »'-Qn,nefai,t pas mieux.
Les ordres religieux de l'enseignement
dans le Proche-Orient o Far Emile LA'MBIRI i1
̃
En 1880, la Khédiva confia à ces
bonnes religieuses deux enfants du pa-
lais. -Aujourd'hui, plus de 450 musul-
manes fréquentent les établissements
des Mères de Dieu.
La reine-mère Nazly, petite-fille du
colonel Sèvres, est une élève de la Mai-
son du Carre. La future reine d'Egypte,
la très honorable Mlle Farida Zulfiear,
est aussi une élève des Mères de Dieu.
Les-deux sœurs de la reine-mère Naz-
ly, la princesse Amina, morte il y a dix
ans, et la princesse Wafeya. ont fait
leur éducation dans le pensionnat. de
Ghézireh.
La sœur de Rouchdy Pacha, cet hom-
me. d'Etat disparu et qui aimait tant la
France; les deux filles et les petites-
filles de Sirry Pacha, brillant élève de
l'Ecole Centrale ; la fille de Saroit pa-
cha, mort subitement à Paris en 1928,
sont des élèves des maisons du Caire
de la Mère de Dieu.
Toutes ces enfants venaient puiser la
plus pure culture française.
En 1912 le Consulat français admet-
tant aux examens du brevet élémen-
taire et du brevet supérieur les jeunes
filles égyptiennes en ayant la capacité,
les religieuses de la Mère de Dieu, se
mettent en devoir d'y préparer leurs
élèves. Elles obtiennent :
98 brevets élémentaires ;
51 orevets superieurs.
Des jeunes filles turques sont capa-
bles de remporter de beaux succès et
parviennent aux grades universitaires.
L'évolùtion intellectuelle se poursuit :
pour satisfaire les familles, il faut abor-
der les études secondaires, là encore,
les religieuses se mettent à la hauteur
des programmes et depuis 1923-1924 :
plus de 70 baccalauréats lr" et 2e par-
tie sont obtenus et le nombre des can-
didats augmente.
Mais, ce n'est pas seulement des fil-
les de la classe élevée que les religieu-
ses-de la Mère de Dieu s'occupent. les
petits sont aussi l'objet de leurs meil-
leurs soins.
L'Externat des Saints-Anges, fondé en
1900 reçoit les enfants d'ouvriers. Elles
étaient une quarantaine au début ; elles
ont dépassé la centaine (130).
• (Lire ta mite page 3.) 1
.1 MADAGASCAR. ILE HEUREUSE
Hélas, cette légende a vécu !
- nous déclare M. POLETTI, Délégué de Madagascar.
M. Polettl
n nous était revenu que Madagascar
n'était plus si elle "avait jamais
été « le pays de Cocagne » que l'on
se plaisait jadis à évoquer.
La crise est venue, et avec elle les
difficultés matérielles et les soucis de
tout ordre.
Nous avons : profité de la présence
à Paris de M. Poletti. délégué de la
Côte Est, pour demander à cet ami
fervent du pays malgache de vouloir
bien nous exposer les problèmes solli-
citant actuellement ceux qui, avec lui,
ont charge des intérêts de la Grande
De.
«r Il y a au premier chef une ques-
tion sociale, et c'est par elle que je
commencerai, nous dit M. Poletti. Nos
indigènes mènent une existence dont
il est difficile de se faire une idée avec
notre mentalité de civilisés. Les villa-
ges sont un peu ce qu'ils étaient dans
nos régions njontagneuses avant la
création des routes : isolement com-
plet. peu ou pas de moyens de défense
contre les calamités naturelles, pas
plus, d'ailleurs que contre les épidé-
mies.
̃•c Comment y remédier ? Avant tout
par le développement intensif des voies
de communication, par les travaux d'é-
quipement rural et une organisation ra-
tionnelle des services sanitaires. Quant
à l'enseignement, je m'abstiendrai de
tout commentaire et laisserai parler les
chiffres : dans ma seule délégation,
215 écoles comptent chacune plus de
120 élèves pour un instituteur, 25 en
comptent plus de 200 !
« Ce tableau ne saurait, je m'em-
presse de le dire, constituer une critique
à l'égard de l'Administration, laquelle
fait de son mieux avec les maigres res-
sources dont elle dispose.
« Nous nous plaisons tout au con-
traire à rendre hommage aux persévé-
rants efforts du gouverneur général
Cayla dans tous les domaines, notam-
ment en ce qui concerne l'assistance
médicale indigène.
« C'est là à notre avis une question
capitale pour nos populations. »
Et maintenant. M. le délégué, que
vous apparait-il de la situation écono-
mique à Madagascar ?
(Suite page 3.)
LA DEFENSE
-- DE lOS BOIS COLOIIAUX
A la suite d'une interpellation de
M. Edouard Néron, le Sénat a adopté
un ordre du jour présenté par le sé-
cateur de la Haute-Loire et plusieurs
de ses collègues, dont M. Jean Beau-
mont, et tendant à une protection plus
efficace de nos bois, métropolitains et
coloniaux.
L'ordre du jour adopté insiste en
particulier sur la nécessité de réduire
les contingents d'importation de bois
étrangers et de relever les droits de
douane y afférant, afin d'assurer des
débouchés plus larges et une priorité
plus effective à nos produits nationaux
tant à la métropole que dans nos co-
lonies.
38e année. N° 60. Fondateur : Marcel RUEDEL., - Edition hebdomadàire. - Prix du numéro : Un franc Luncli 13 Décembre 1937.
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Les Annales Coloniales
FONDEES EN 1900
« J'ai toujours soutenu qu'il n'y aura pas
de paix en Europe tant qu'une entente dura-
ble ne sera pas établie avec l'Allemagne.
« J'ai acquis la conviction que-la condition
préalable à remplir pour avoir avec le Reich
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LE PLUS PARISIEN
LE PLUS COLONIAL
LE PROBLÈME DE L'ALGÉRIE FRANÇAISE
Pourquoi le Parlement
ne peut. pas voter
le projet Viollette
par Paul SAURIN, député
Président du Conseil général
d'Oran.
- On abuse facilement l'opinion publique en accréditant l'idée que
les adversaires du projet Blum-Viollette sont des rétrogades, des gens
de mauvaise foi, qui se refusent à accorder des droits politiques aux
indigènes d'Algérie et à réaliser progressivement une œuvre indis-
pensable d'assimilation des populations musulmanes placées sous
notre tutelle et notre protection.
Rien n'est plus faux. Si nous ne voulons pas du projet Viollette,
C'est parce qu'il va à l'encontre même du but qu'il se propose et qu'il
contient en germe la faillite de cette œuvre de « francisation » que
ses auteurs prétendent poursuivre. Mais en retour nous réclamons
pour les indigènes d'Algérie de nouvelles facilités pour accéder aux
droits politiques par une assimilation véritable et, parallèlement, une
représentation immédiate de leurs intérêts propres à Paris.
Je m'explique.
Le danger du projet Viollette consiste dans le fait que les droits
politiques du citoyen français seraient dispensés à des musulmans
qui ne seraient pas citoyens, qui garderaient leur statut personnel
coranique, c'est-à-dire leurs mœurs orientales, et qui, réfractaires à
l'idée de laïcité, continueraient à confondre l'état et la religion dans
un culte de l'Islam s'opposant éternellement à nos conceptions occi-
républicaine et laïque ne peut pas abdiquer.
L'histoire de ces* dernières années démontre amplement ce que
j'affirme et seuls nieront l'évidence ceux qui ne veulent pas voir.
Les idées de M. Viollette sont connues en Algérie depuis plus
de 10 ans. Or, voici deux ans encore, leurs partisans ne constituaient
qu'une infime minorité. - - - - - -
dentales de la société démocratique moderne.
L'attachement des musulmans à leur statut personnel, obstacle
déjà sérieux juridiquement, nous apparaît surtout comme le symbole
d'un fanatisme islamique plus ou moins avoué devant lequel la France
- La Fédération des élus musulmans et son président Benjelloul
demandaient une représentation spéciale et séparée des musulmans
algériens. L'immense parti maraboutique, soucieux surtout d'amélio-
rations économiques, était nettement hostile aux idées Viollette.
Dans son odieuse brutalité, l'Etoile Nord Africaine et Messali Hadj
les repoussaient comme ils repoussaient toute réforme pour ne ré-
clamer que la « libération » de l'Algérie et son évacuation par les
Français. Seuls les Oulémas (parti des religieux uribus des idées
orientales de régénération et de purification de l'Islam dégagé de
toute emprise des « infidèles » ) seuls ceux qui se refusent, fanatique-
ment, à toute occidentalisatiqn accueillaient avec satisfaction le prin-
cipe de réformes qui leur apparaîssaient commele premier pas vers
la libération, de l'Algérie islami que-« sans heurt et sans cancan ».
-LfRẼ L'ART+CLE
Le Conseil de gouvernement de l'A. E. F.
FAIRE SES COMPTES!
A DAKAR
ceux de
*
,','t.,~i'>,,' 'O' h',.' h ,-
L'A. O. F.
)
A HANOI
1 ceux de -
i. *.
L OT0€HIiNE -'
A BRAZZAVILLE
ceux de
L'A. E. F.
Ji L ~A E F -
La semaine ; dernière nous avons
donné un premier exposé de la situa-
tion, telle qu'elle fut présentée au Con-
seil du gouvernement, de la Côte
d'Ivoire, du Dahomey et du Soudan.
Voici maintenant pour les autres co-
lonies :
Le Sénégal voit son labeur
récompensé
Les signes favorables de reprisa
économique qui apparaissaient au dé-
but de l'année, se sont nettement affir-
més.
Le commerce spécial s'est élevé,
pour le premier semestnft, à 757 mil-
lions contre 810 pour toute l'année 1935
et 1 milliard 50 millions pour celle de
1936.
L'abondance des arachides constitue
le facteur dominant de l'amélioration.
Le poids des arachides exportées; au
30 septembre dernier, s'élevait à
476.000 tonnes.
Il restait à exporter 140.012 tonnes.
L'exportation totale d'arachides dépas-
sera donc 616.038 tonnes, résultat dé-
passant de 100.000 tonnes l'exportation
la plus forte constatée à ce jour, celle
de 1930.
Les conditions climatériques ne per-
mettent guère malheureusement d'es-
pérer pour la prochaine traite des ré-
sultats aussi satisfaisante, mais tout
laisse espérer que la campagne pourra
néanmoins être comptée parmi les
bonnes. '1
(Lire la suite page 3)
La séance solennelle d'inauguration
de la session ordinaire du Grand Con-
seil des intérêts français économiques
et financiers a eu lieu le 2 décembre,
dans le grand amphithéâtre de l'Uni-
versité indochincise.
Le. gouverneur général Brévié pro-
nonça le discours d'ouverture de la ses-
sion. Après avoir déclaré son intention
de dresser un bilan moral économique
et financier sincère, le chef de la co-
lonie brossa le tableau d'ensemble de
l'année écoulée, caractérisée par la re-
cherche de l'équilibre économique,
commun à tous les pays, et par les
aspirations politiques et sociales tra-
duisant les besoins profonds d'intégra-
tion aux nécessités de la vie nouvelle.
Le progrès social
II-souligna que la France, de. tra-
dition et d'orientation nettement répu-
blicaines, de. complexion essentielle-
ment humaine et généreuse, pensa d'a-
bord à améliorer le sort des classes la-
borieuses sur lesquelles la crise s'était
lourdement appesantie, et, avec un
sens d'universalité qu'elle possède à
un haut degré, elle-a voulu que les
travailleurs coloniaux participassent à
un régime libéral' de-sa législation so-
ciale. D'où cette empreinte particulière
qui marque fortement rannée 1937.
(Lire la suite ijadr 3)
La session annuelle du conseil d'ad-
ministràtion de la coronie s'est tenue à
Brazzaville les 26, 27 et 28 novembre
au Gouvernement général.
Pour la première fois y siégeaient
des délégués indigènes élus par la po-
pulation.
Le gouverneur général Reste prési-
dait la session, entouré des membres
du conseil d'administration. Dans son
discours inaugural, M. Reste, le gou-
verneur de la brousse, avec cette foi
enthousiaste, si dynamique qui est bien
à lui, s'est exprimé en ces termes :
c L'évolution individuelle et le dé-
veloppement social de nos populations
doivent être au premier rang de nos
préoccupations.
« j'at toujours estime, et j emprunte
ces paroles à M. le ministre des Colo-
nies, Marius Moutet,- « que t'humain
doit. primer toutes autres considéra-
tions et-que le développement économi-
que doit être conçu en fonction des pos-
sibilités humairt& et en vue de l'ac-
croissement du potentiel social. »̃
« Nous nous sommes penchés avec la
plus grande sollicitude sur ces popula-
tions indigènes qui sont venues à. nous
sans arrière-pensée, spontanément, mues
par ce besoin instinctif de la justice
et de la sécurité, et nous avons vpulu
les doter de l'armature sociale qui leur
faisait défaut.
« tn. réalité, les populations equato-
riales ne sont pas inférieures aux autres
populations, de. l'Afrique noire : elles
ont en elles un fond surprenant de vita-
lité.
(Lire la suite page 3.)
L'interdépendance des territoires
de la France d'outre-mer
par G. NOUELLE, député,
Président de la Commission de l'Algérie,
- des colonies et des protectorats de la Chambre,
Certains problèmes qui se posent ac-
tuellement avec tant d'acuité ne sem-
blent insolubles que parce qu'ils sont,
traités isolément. Une vue d'ensemble
est nécessaire à quiconque veut les ré-
soudre.
Que de fois n'a-t-on pas signalé
l'unité de cette partie de l'Empire
français qui s'étend de la Méditerra-
née au sud de l'Equateur, qui englobe
notre Afrique du Nord et notre Afri-
que Noire ? Cette conception ne doit
pas rester une vue de l'esprit car elle
répond à des - réalités. En voici un
exemple :
Une question est en ce moment à
l'ordre du jour et fait l'objet des pré-
occupations gouvernementales. Elle
est relative aux fermentations sociales
qui agitent les populations autochtones
de l'Algérie, de la Tunisie et du Ma-
roc.
On ne peut et on ne doit pas cacher
qu'indépendamment de certaines pro-
pagandes antifrançaises qui sont me-
nées dans les milieux indigènes de nos
territoires méditerranéens, l'agitation
en Afrique du Nord est causée non
seulement par la situation politique
dans laquelle se trouve le musulman
sujet ou protégé français, mais encore
par la crise économique qui y sévit.
Il est avéré qu'une partie de la po-
pulation, particulièrement dans le Sud,
est sous-alimentée et souffre périodi-
quement d'une disette due au man-
que d'eau, aux acridiens, à la pauvre-
té du sol. Pour la ravitailler, des som-
mes considérables sont dispensées.
Mais cet effort n'est qu'un palliatif et
ne constitue pas un remède.
Que faire ?
*-.. -
Regardez la carte d'Afrique. Il y a
là des régions immenses hier encore
séparées par le « pays de la soif fit de
la peu, » : le Sahara. Aujourd'hui le
Sahara est un pont, franchissable ai..
sèment par l'automobile et l'avion, qui
unit l'Afrique du Nord et l'Afrique
Occidentale et Equatoriale.
Nous savons qu'au delà de la rive
sud du Sahara, ufe œuvre grandiose
a été entreprise qui est l'irrigation des
terres étendues de la boucle du Niger.
Nous savons aussi qu'une des princi-
pales objections faites à ce sujet est
l'impossibilité de trouver sur place ou
dans les environs immédiats les tra-
vailleurs nécessaires à leur mise en
valeur.
Si les colons noirs peuvent faire dé-
faut, pensorfs à leurs frères berbères,
hommes robustes, accoutumés à l'agri-
culture, à l'élevage, au climat chaud
et au soleil rude, qui ont l'habitude de
quitter leurs plateaux pour travailler
dans la plaine.
Le Soudan est un pays musulman
très peu peuplé qui. riche parce qu'ir-
rigué, peut servir d'exutoire au trop-
plein de la population berbère. Il faut
que dès 1938 un essai sérieux de trans-
plantation soit tenté, entouré de toutes
les garanties relatives au voyage des
colons et des familles, à leur installa-
tion sur les terrains aménagés et à
leur acclimatement.
Il serait désirable qu'un voyage dans
le Sahel de quelques représentants in-
digènes fût organisé le plus tôt pos-
sible : ils se rendraient compte des
grands travaux effectués, ils verraient
le sol fertilisé par l'eau, la richesse
dès cultivateurs noirs déjà installés. De
retour dans leur pays. ils seraient les
meilleurs propagandistes.
Les migrations humaines sont, de
nos jours, déclenchées par la nécessité
de vivre. L'homme quitte son habitat
pour aller là où la vie sera meilleure
et moins difficile.
Le projet dont il s'agit n'est pas
utopique. Il peut et doit être réalisé.
Ii démontrera l'interdépendance étroite
d> nos territoires d'outre-mer qui for-
ment un bloc- uni dont aucure parcelle
ne peut être détachée.
COLONIES ESPAGNOLES ,",
Leur position stratégique
est capitale par L. GASPARIN
- * - Député de la Réunion
Secrétaire de la Commission de la Marine marchande
Membre de la Commission des Colonies.
En ce moment, où deux puis-
sances avides d'expansion se
créent sur r Espagne des créances
qu'elles entendent bien se faire
payer un jour, il est tout indiqué
de rechercher par quelles cessions
ces dettes pourront être acquit-
tées. On a parlé des Baléares : il
est plus que douteux que rAngle-
terre et la France puissent jamais
tolérer l'installation dans ces îles
de puissances maritimes capables
de gêner leurs communications
impériales. Du reste, les intéres-
sés démentent à qui mieux mieux
cette perspective.
Propagande
; coloniale
LA MALARIA A DAKAR
Selon la presse de Londres, les
équipages de deux navires anglais
auraient été récemment atteints
de « malaria », quelques jours
après leur passage à Dakar.
De là à suspecter Té.at sanitaire
de notre grand port africain, il n'y
avait qu'un pas. II fut bien vite fran-
chi.
Nous laisserons aux sommités de
l'Académie de médecine le soin de
définir cette « malaria » à laquelle
nous fle croyions plus depuis Mo-
lière.
Nous nous demanderons seule-
ment où commence cette nouvelle
endémie : avec les miasmes qu'ex-
baferait Dakar ou dans l'entêtement
de certains marins à faire fi du cas-
que, à procéder en plein midi au
ravalement de leurs coques et à
dormir la nuit, nus ou presque, à
même les ponts de leurs bâtiments.
Quant. au reste, nous maintien-
drons obstinément qu'il y a peu de
ports aussi jalousement et meticu-
leusemetif surveillés au point de
vue sanitaire que Dakar.
Reconnaissons lui cependant un
défaut majeur ; c'est de devenir un
peu plus chaque année « la plaque
tournante de l'Atlantique » et de
s'acheminer vers les premières pla-
ces dans le trafic de l'Océan.
Sans vouloir contrister en nen
nos amis anglais (qui fie sauraient
d'ailleurs englober quelques inté-
rêts particuliers un peu. inquiets),
tious pourrions peut-être déceler en
cela une « malaria autrement viru.
lente que celle dont les équipages
en cause ont eu à souffrir. »
Mais alors, cà, ce ne serait pas
du « fair play », Messieurs nos
concurrents 1
On oublie trop que l'Espagne
possède d'autres colonies sur les-
quelles les nations créancières
pourraient transporter leurs hypo-
thèques :
Il y a d'abord l'archipel des Ca-
naries, dans l'Atlantique. qui n'est
pas considéré comme une colonie,
mais forme une province ratta-
chée à la Métropole.
M t
Sur le continent africain, les
Présides, comprenant la côte du
Maroc, Ceuta, Melilla et l'île
d'Alhucemas.
La zone espagnole du Maroc,
avec le Rif, d'une superficie de
16.000 kilomètres carrés et le Dje-
bala qui en compte 12.000.
(Lire la suite page 5)
t~t~ non Telle fut la conclusion du |
̃ II débat ouvert à l'Institut
A, ~m 1 colonial suir l'éventuelle
I II II • • • • rétrocession du Cameroun
Encore et toujours les revendica-
tions coloniales ! Ce problème est
trop à l'ordre du jour pour ne pas
en parler. Devant le danger qui
monte, les délais ne sont plus per-
mis. Il faut en finir avec la politique
de l'autruche, cesser de se lamenter
sur les fautes passées et regarder
maintenant, bien en face, la réalité.
C'est ce que fit, mardi, en un large
débat, l'Institut colonial.
¡ @.(!)
Sous la présidence de l'amiral La-
caze, diverses personnalités prirent
successivement la parole, chacun
sur des plans différents, mais se
rapportant tous au Cameroun.
« L'Angleterre mène le jeu et nous,
faisons figure de brillant second »,
affirma M. Lahouret,. directeur de
l'Institut dés civilisations africaines.
Disséquant l'opinion de l'Anglais
moyen, son idéologie, sa position in-
décise, M. Labouret démontra que
le danger, pour nous, est son oppor-
tunisme bien connu.
L'Angleterre ne lâchera jamais le
Tanganyika, qui couperait sa route
du Cap au Caire. i
, L'Union sud-africaine ne peut i
abandonner ce Sud-Ouest africain,
qui deviendrait une épine étrangère
dans le flanc de son unité
Reste le Togo et le Cameroun
sous mandat anglais. Pour ces deux
territoires, pas d'objection. Leur
rétrocession serait un geste d'apai-
sement facile. pour; l'Angleterre.
On pense même volontiers que nous
pourrions suivre cet exemple. pour
la part qui nous revient, de ces deux
mandats !
La presse sud-africaine ne se gêne
pas pour le préconiser.
Bref. méfiez-vous de vos amis.
Les questions pétrolières furent
traitées par M. Taris, ancien chef
de mission.
,-," LA DENONCIATION
M.TMTE
-1 TURCO-SYRIEW
V Ainsi -que - nous le -faisions prévoir
la semaine.. dernière, le .gouvernement
turc vient de dénoncer le traité d'ami-
tié, de pon. voisinage, et, de, non-agres-
sion, qu'il avait conclu avec la Syrie,
en. 1926. ','
On annonce,, à ce-sujet, que M. Yvon
Delbos irait à Ankara en février pro-,
chain. ; ,',
-' - _.1.:.- ~--_Lf_ .s,-'-:.-!'
Rappelons que cette convention a ami-
tié et de bon voisinage avait été lignés
à Ankara, le 30 mat 1926, par M: Téwflk
Rouchdy, et par M. Albert Sarraût pour
la 'France, agissant comme puissance
mandataire de la Syrie et. du, Liban.
L'article 14 de la convention prévoyait
une procédure' d'arbitrage pour tout' con-,
Ait pouvant" survenir entre les. deux
parties contractantes. Un - protocole" si-
grié' le' 18' féVriér 1926,' à 'Ankara; par
MM. H. de Jouvenel' et Rouchdy bev,
tait aucune modification aux stipula-
tions ̃ de l'accord d'Ankara du 20 octo- j
bre 1921 et que « .quelles que soient
les imesutes administratives à prendre
ou le. stàtut organique à établir en
Syrie, il sera toujours tenu compte du l,
régime spécial que l'article 7 de l'ac-
cord d'Ankara a. insitué pour la région,
d'Alexandrette ':p,
Le 9 septembre, l'année dernière, M. Viénot signait, au Quai d'Orsay, le protocole du traité
franco-syrien. ',' ," ; .- ,: ,.,:
Ce jour-là, sous nos pas, en r Méditerranée orientale, nous avons placé une bombe à retardement.
Depuis nous avons eu le loisir d'enregistrer les premiers prodromes de l'explosion en puissance :
réactions des minorités ; au début de l'année celles, violentes, du qouyerne 'Men.t. turc devant
le statut du sand iack d'Alexandrette ; tendances nationalistes vers le bloc arabe, etc.
Maintenant, après le refus syrien de reconnaître le statut du sand jack, voici la dénonciation,
par Ankara, du Traité d'amitié turco-syrien de t926.
Ainsi s'ouvre la porte à l'agression. Par nos engagements, solidaire de la Syrie, il nous faudra y
faire face. Charmante perspective ! •
Comme bombe– même à notre époque de ? cagoulards »'-Qn,nefai,t pas mieux.
Les ordres religieux de l'enseignement
dans le Proche-Orient o Far Emile LA'MBIRI i1
̃
En 1880, la Khédiva confia à ces
bonnes religieuses deux enfants du pa-
lais. -Aujourd'hui, plus de 450 musul-
manes fréquentent les établissements
des Mères de Dieu.
La reine-mère Nazly, petite-fille du
colonel Sèvres, est une élève de la Mai-
son du Carre. La future reine d'Egypte,
la très honorable Mlle Farida Zulfiear,
est aussi une élève des Mères de Dieu.
Les-deux sœurs de la reine-mère Naz-
ly, la princesse Amina, morte il y a dix
ans, et la princesse Wafeya. ont fait
leur éducation dans le pensionnat. de
Ghézireh.
La sœur de Rouchdy Pacha, cet hom-
me. d'Etat disparu et qui aimait tant la
France; les deux filles et les petites-
filles de Sirry Pacha, brillant élève de
l'Ecole Centrale ; la fille de Saroit pa-
cha, mort subitement à Paris en 1928,
sont des élèves des maisons du Caire
de la Mère de Dieu.
Toutes ces enfants venaient puiser la
plus pure culture française.
En 1912 le Consulat français admet-
tant aux examens du brevet élémen-
taire et du brevet supérieur les jeunes
filles égyptiennes en ayant la capacité,
les religieuses de la Mère de Dieu, se
mettent en devoir d'y préparer leurs
élèves. Elles obtiennent :
98 brevets élémentaires ;
51 orevets superieurs.
Des jeunes filles turques sont capa-
bles de remporter de beaux succès et
parviennent aux grades universitaires.
L'évolùtion intellectuelle se poursuit :
pour satisfaire les familles, il faut abor-
der les études secondaires, là encore,
les religieuses se mettent à la hauteur
des programmes et depuis 1923-1924 :
plus de 70 baccalauréats lr" et 2e par-
tie sont obtenus et le nombre des can-
didats augmente.
Mais, ce n'est pas seulement des fil-
les de la classe élevée que les religieu-
ses-de la Mère de Dieu s'occupent. les
petits sont aussi l'objet de leurs meil-
leurs soins.
L'Externat des Saints-Anges, fondé en
1900 reçoit les enfants d'ouvriers. Elles
étaient une quarantaine au début ; elles
ont dépassé la centaine (130).
• (Lire ta mite page 3.) 1
.1 MADAGASCAR. ILE HEUREUSE
Hélas, cette légende a vécu !
- nous déclare M. POLETTI, Délégué de Madagascar.
M. Polettl
n nous était revenu que Madagascar
n'était plus si elle "avait jamais
été « le pays de Cocagne » que l'on
se plaisait jadis à évoquer.
La crise est venue, et avec elle les
difficultés matérielles et les soucis de
tout ordre.
Nous avons : profité de la présence
à Paris de M. Poletti. délégué de la
Côte Est, pour demander à cet ami
fervent du pays malgache de vouloir
bien nous exposer les problèmes solli-
citant actuellement ceux qui, avec lui,
ont charge des intérêts de la Grande
De.
«r Il y a au premier chef une ques-
tion sociale, et c'est par elle que je
commencerai, nous dit M. Poletti. Nos
indigènes mènent une existence dont
il est difficile de se faire une idée avec
notre mentalité de civilisés. Les villa-
ges sont un peu ce qu'ils étaient dans
nos régions njontagneuses avant la
création des routes : isolement com-
plet. peu ou pas de moyens de défense
contre les calamités naturelles, pas
plus, d'ailleurs que contre les épidé-
mies.
̃•c Comment y remédier ? Avant tout
par le développement intensif des voies
de communication, par les travaux d'é-
quipement rural et une organisation ra-
tionnelle des services sanitaires. Quant
à l'enseignement, je m'abstiendrai de
tout commentaire et laisserai parler les
chiffres : dans ma seule délégation,
215 écoles comptent chacune plus de
120 élèves pour un instituteur, 25 en
comptent plus de 200 !
« Ce tableau ne saurait, je m'em-
presse de le dire, constituer une critique
à l'égard de l'Administration, laquelle
fait de son mieux avec les maigres res-
sources dont elle dispose.
« Nous nous plaisons tout au con-
traire à rendre hommage aux persévé-
rants efforts du gouverneur général
Cayla dans tous les domaines, notam-
ment en ce qui concerne l'assistance
médicale indigène.
« C'est là à notre avis une question
capitale pour nos populations. »
Et maintenant. M. le délégué, que
vous apparait-il de la situation écono-
mique à Madagascar ?
(Suite page 3.)
LA DEFENSE
-- DE lOS BOIS COLOIIAUX
A la suite d'une interpellation de
M. Edouard Néron, le Sénat a adopté
un ordre du jour présenté par le sé-
cateur de la Haute-Loire et plusieurs
de ses collègues, dont M. Jean Beau-
mont, et tendant à une protection plus
efficace de nos bois, métropolitains et
coloniaux.
L'ordre du jour adopté insiste en
particulier sur la nécessité de réduire
les contingents d'importation de bois
étrangers et de relever les droits de
douane y afférant, afin d'assurer des
débouchés plus larges et une priorité
plus effective à nos produits nationaux
tant à la métropole que dans nos co-
lonies.
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