Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-10-29
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 octobre 1937 29 octobre 1937
Description : 1937/10/29 (A38,N54). 1937/10/29 (A38,N54).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62720571
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
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JOCMAL 1313DOUADAIRE
Rédaction & Administration :
l.bi^klNne
PARIS CM
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(2 KgM gnopéca)
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Les Annaléà Coloniales
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Fondateur : Marcel RUEDEL v ; '-:.., ,';:': | :', Directeur : Raoul MONMARSON
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Oa s'abonna MOI traia dans
tous les bureaux de poste.
Un missionnaire ethnographe
1. 1 au Cameroun
L'heure était propice, l'heure était émi-
Inenunent opportune, pour la création, en
terre d'Afrique, d'une Société des Etudes
Camerounnaises. Les coutumes indigènes
jsont en voie de disparition; aucun document
écrit ne nous en conservera le souvenir. Tout
jun monde de croyances et de légendes, de
traditions et d'usages, peut sombrer dans le
méant, et dans l'irrémédiable oubli, si des
témoins européens, témoins attentifs, té-
moins compétents, ne se tiennent pas aux
écoutes et en observation, en cette minute
historique, pour noter tout ce qui subsiste
jde ces croyances, tout ce qui survit de ces
usages, et pour interroger, sur leur lointain
passé, des générations indigènes qui demain
;ne seront plus. Il est de l'intérêt de l'etho-
graphie, que de telles études se poursuivent,
Sans aucun retard; il faut qu'on se dise que
jtoute année perdue risque d'appauvrir nos
(connaissances, de tarir nos sources d'infor-
mations, de limiter nos moyens d'enquête.
¡Mais ce n'est pas seulement à la science pure
que Ion doit songer; l'intérêt de la coloni-
sation, de la civilisation européenne, exige
que les administrateurs, que les missionnai-
res, que les colons, sachent interpréter
:exactement les coutumes locales, et que, dans
Jeur exégèse des mœurs indigènes, ils sachent
éviter des erreurs qui seraient nuisibles à la
population africaine, et nuisibles à leur pro-
pre influence, à leur propre action. Des con-
Isidérations d'ordre politique et social con-
vergent donc avec les considérations d'ordre
jecientiiique, pour justifier les ambitions de
la Société fi' Etudes Camerounaises et pour
stipuler son labeur.
C'est une bonne fortune pour cette So-
I'cieté, de se présenter au public sous le pa-
tronage du grand administrateur que fut M.
Repiquet, Gouverneur Général honoraire des
Colonies : lorsqu'il réclame, pour l'applica-
tion de ses programmes de recherches, la
Sollicitude des fonctionnaires coloniaux, sa
..oix doit être entendue.
Et c'est une autre bonne fortune, que
l'exemple donné par le Père Albert, Mis-
sionnaire au Cameroun, Supérieur de la
Mission de Sandjoun, qui dans son livre ja-
IIftII, ; CÉéUfàun rampais i- en pajs Ba-
W&likJ : Bandjoun, rassemble les résultats.
!de cinq aM et demi d'observations, et qui,
très objectivement; sans idées préconçues,
sans généralisation prématurée, nous décrit,
par le ménu, les croyances et les usages de
groupes indigènes nettement définis, cOtnpre-
nant environ cent cinquante mille âmes. -
Lorsque son évêque l'expédiait à" ces peu-
plades, il lui disait : « Je vous envoie à
(Bandjoun. Vous savez, ils ne sont pas très
évolués là-haut, mais vous vous y ferez. Ils
ne sont pas trop habillés. Màis ce n'est rien,
vous vous habituerez. > Et de fait, 'es
femmes, là-bas exception faite pour les
chrétiennes ne sont pas plus habillées que
les hommes. Et dans les cinquante-deux pos-
jtes de brousse entre lesquels., le Père Albert
partageait son activité, il- dut. se résigner à
laisser entrer des femmes fort peu vêtues.
Mais quel bel observatoire que ces cin-
quante-deux postes 1 Le livre qu'il nous of-
fre en est un témoignage singulièrement ins-
tructif. L'être le plus auguste, chez ces
Bandjouns, c'est le Dieu de la chefferie, ce-
lui qu'on appelle le premier chef, le fonda-
teur, le premier Père. Le culte des morts, le
culte des ancêtres, avaient un caractère plus
collectif : on dirait qu'ils se sont concentrés,
condensés, résumés, dans l'hommage rendu à
ce premier chef. Mais ce n'est point là seu-
lement un fait religieux, c'est aussi un fait
politique : car l'autorité divine de ce mythi-
que personnage se transmet au chef actuel.
Ce sont des pages extrêmement curieuses que
celles où le Père Albert précise la place que
tiennent les femmes, et spécialement la mère
du nouveau chef, dans la société Bandjoun.
Mais halte-là ! Les hommes ont réagi en
créant des sociétés accessibles à eux seuls,
et dans lesquelles règne une discipline de
fer ; le culte des crânes, les danses de mas-
ques, apparaissent, dans ces sociétés, comme
une expression nouvelle du « culte des es-
prits et des ancêtres particuliers * Sommaire
et terrible est la justice ; et sur les épreuves
judiciaires en usage chez les. Bandjouns, le
Père Albert multiplie les détails impression-
nants.
Ces Bandjouns, tels qu'il nous les dépeint,
ils ressemblent, déjà, à une caricature de so-
ciété a totalitaire P, dans laquelle, autrefois,
certains chefs habiles firent dériver vers
l'ancêtre tribal les honneurs dont l'Etre Su-
prême était primitivement l'objet ; ils pres-
1 - - -
sentaient. que le prestige de ce premier chef,
ainsi grandi, ainsi sanctionné par une auréole
religieuse, rejaillirait sur eux-mêmes, et que
leur propre pouvoir politique en serait accru
et les Bandjouns, à mesure qu'ils dévalèrent
vers cette forme de religion, devinrent la
proie de la magie, d'une magie qui les met-
tait en relations avec les totems, avec les gé-
nies, avec les morts, et qui les livrait à l'in-
fluence des sorciers.
Le Père Albert nous donne, par surcroît,
un véritable florilège de légendes bandjou-
nes. Les voilà désormais fixées, enregistrées;
elles, peuvent s'estomper dans les mémoires ;
le foHflore ae les ignorera pont. ÀG coflts
du dernier quart de siècle, cer&iiis missioa~
naires Salésiéns de la Eaiagonie étaient ac-
courus chez des peuplades qu'ils sentaient à
la veille de disparaître ; ils étaient venus
juste à temps pour: pouvoir les observer en-
core, et parler encore d'elles. La Société
d'Etudes Camerounaises, servie par des ini-
tiatives du Père Albert, rend à la connais-
sance de l'Afrique noire un service non
moins précieux. Le souci même qu'a l'apos-
tolat chrétien, en vertu des récentes instruc-
tions du Saint-Siège, de Il se faire tout à
tous », induit les missionnaires à se pencher
vers les civilisations indigènes pour y sur-
prendre des besoins, des aspirations, des
pressentiments. Chez le Père Albert, il n'y a
pas cloison étanche entre l'ethnographe et le
missionnaire : tous deux s'éntr'aident, ou,
pour mieux dire, ils ne font qu'un.
Georges Goyau,
de l'Académie française.
Au Ministère des Colonies
Comité consultatif du contentieux
, des colonies
M. Tixier, inspecteur général de Ire classe
pies colonies, a été nommé vice-président du
feomité en remplacement de M. Coste, inspec-
teur général de lr0 classe, appelé à d'autres
fonctions.
M. Tupinier, inspecteur de 1™ classe des
colonies, a été nommé membre du comité, en
Remplacement de M. Bourgeois-Gavardin, ins-
pecteur de 1 ro classe des colonies, appelé à
d'autres fonctions.
Audience
Une délégation du rassemblement colonial,
Composée de MM. Toubland (Antillais), ad-
ministrateur des Colonies en retraite ; Senhadji
(Algérien), comptable; Truyen (Indochinois),
ingénieur-chimiste, a été reçue par M. Gaston
Monnerville, sous-secrétaire d'Etat des Colo-
nies.
Après avoir félicité M. Monnerville de la
^célérité des mesures d'humanité prises en fa.
jtreur des grévistes de la faim à Saigon et à
jj-fanol. M. Truyen a remis à M. Monnerville :
IoLe mémoire de défense de l'écrivain
Ninh. ancien rédacteur à la revue Europe, ré-
temment condamné à 5 ans de prison et 10 ans
id'interdiction de séjour ;
20 La requête du -- conseiller municipal
fTliach. condamné à 2 mois de prison pour avoir
Jenté de créer un comité d'initiative syndicale ;
3° Un prçiet de charte constitutive du Parti
du Peuple algérien:
M. Monnerville s'est montré favorable à la
(lemande d'abrogation des décrets du 4 octo-
bre 1927 et du 10 avril 1935 qui ont fourni
un prétexte facile à la tépression exercée contre
ies populations indochinoises en général et con-
tre les journalistes annamites en particulier.
) e. (
Au Conseil français
des intérêts financiers
et économique dn Cambodge
M. Blacconi a été élu à Kampot et Takeo,
p M. Veraoc à K
AUDIENCES
A LA PRESIDENCE DU, CONSEIL
M. Camille Chautemps, président du Conseil,
a reçu lundi matin M. CA. Gignoux, prési-
dent de la Confédération Générale du Patro-
nat français. Celui-ci était accompagné de
MM. Freyssinet et Philippar. L'entretien porta
sur le conflit des armateurs français, notamment
sur les incidents du Ban/ara.
D'autre part, le chef du Gouvernement s' est
entretenu avec M. Albert Sarraut, ministre
d'Etat, chargé de « coordonna- » les problèmes
nord-africains.
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANCERES
M. de Tessan, sous-secrétaire d'Etat, a reçu
avant-hier Mgr Lemaître, archevêque de Car-
thag, primat d'Afrique, et son coadjuteur Mgr
Gounot.
) e.. (
Eleotions
au Grand Conseil
de Tunisie
M. Ribereau, vice-président de la Cham-
bre d'Agriculture, ancien délégué au grand
Conseil, a de nouveau été élu à cette assem-
blée par le collège agricole des trois pre-
mières régions, en remplacement de M. Gou-
not, décédé.
> (
Inondations en Syrie
Une trombe d'eau, provoquée par les Pluies
récentes, a envahi avant-hier le village de
Dmeir, au nord-est de Damas.
Une centaine de personnes ont disparu. On
a déjà retiré des décombres du village une
douzaine de cadavres.
Le niveau de l'eau atteint trois mètres. Les
dégâts sont considérables. Une cinquantaine
de maisons ont été détruites et le reste du vil-
lage menace ruine.
La route de Damas à Bagdad est coupée.
La milice et la gendarment Participent aux
travaux de recours*
L'Italie 1,.
et la /, ",',
Méditerranée
N peut donner à la guer-
re civile qui depuis
quinze mois cWsole, et
ruine l'Espagne plu-
sieurs sens : Préten-
dre qu'elle est une
lutte entre deux idéo-
logies politiques ;
qu'elle oppose les partisans de systèmes sociaux
différents ; qu'elle est une ressurection des pro-
nunciamientos du siècle dernier. Ces interpréta-
tions sont exactes : elles ne s'excluent du reste
pas, elles se complètent. Mais elles sont insuffi-
santes. Elles n'expliquent pas entièrement l'hor-
rible tragédie qui se déroule de l'autre côté des
Pyrénées. Pourquoi cette guerre que certains,
l'an dernier prévoyaient courte, se prolonge-t-elle
depuis des mois sans que personne puisse en
prédire la fin prochaine ? N'est-ce pas parce
qu'elle fournit à certaines puissances l'occasion
de bouleverser le statut de la Méditerranée, tout
comme par ailleurs d'autres poursuivent la rup-
ture de l'équilibre fort instable du reste de
FExtrEme-Orient ?
n est, à l'heure actuelle, de par le monde.
trois Etats qui se considèrent comme lésés par
le régime, issu des traités de 1919. Ce sont, on
l'a deviné, l'Allemagne, le Japon, l'Italie. Mé-
contents de leur sort, ils ont lié partie, ils ont
donné à leur entente un motif : la lutte contre
le communisme. Je ne sais s'il reste encore beau-
coup de gens pour croire à ce qui se donne
comme une raison, et qui n'est en vérité qu'un
prétexte.
Mais, qu'ils veuillent bien observer ce qui se
passe sur les bords du Pacifique et en Méditer-
ranée, suivre les répercussions de ces événements
dans les pays riverains de ces deux mers. Je ne
doute pas alors que leur conviction sera bientôt
faite, tant l'étude des faits est concluante.
Nous parlerons une autre fois de l'Extrême-
Orient Tenons-nous-en pour aujourd'hui à la Mé-
diterranée.
Les buts de la politique italienne sont visibles.
Ils ne datent d'ailleurs pas d'aujourd'hui. Depuis
son avènement, le Duce tend à s'assurer sinon la
maîtrise de la Méditerranée, du moins une situa-
tion prépondérante sur cette mer que, repre-
nant une expression latine, il appelle c mare nos-
trum » comme si les autres Etats riverains
étaient inexistants.
Pour la réalisation de ce dessein, un aCëOrd,
une alliance avec l'Espagne sont, non seulement
déttiraMes. mit indispensable
,4PO»<éatefttr avec Jtârâd*JUaiÉfc.«a(if ê-^Séfe :
que te sens échappa & beaucoupques. Cependant, Primo de Rivera disparut, et
peu de temps après, la monarchie. Le beau rêve
s^tàit écroulé.. ̃- /> ,
Mais .il suffit'souvent en politique de durer,
pour que le temps nous fournisse l'occasion de'
réparer les échecs, qu'on a éprouvés. L'an der-
nier, avec le général Franco, le moyen s'offrit
L'on sait le reste.
Cependant, certains disent : Le gouvernement
Italien a donné l'assurance à la Grande-Bretagne
qu'il ne porterait pas atteinte à l'intégrité du
territoire de l'Espagne, qu'il s'agisse de la mé-
tropole. ou de ses possessions. Mais ne doutons
pas que cet engagement ait été pris, nous ajou-
terons même que nous pensons qu'il sera tenu.
Mais, en quoi les choses en seront-elles modi-
fiées. Est-il nécessaire d'occuper un pays pour
en dominer la politique ? Non, certes. Exercer
la souveraineté sur le territoire espagnol, n'est
point Indispensable au plan de M. Mussolini. Il
lui suffit d'avoir à Madrid un gouvernement qui
sera son ami et qui, plus, est son obligé. L'exem-
ple de l'alliance de l'Allemagne et de I'Autri-
che.Hongrie avant et pendant la guerre, en est
un, à ce point de vue là, frappant.
Et alors, quand sera Installé dans la péninsule
Ibérique le pouvoir qui devra son existence au
concours de Rome, vous me direz ce qu'il fau-
dra penser de la sécurité de nos communications
avec l'Afrique du Nord et l'Afrique occidentale,
Ajoutez que l'action que l'Italie mène en Espa-
gne, se double d'une autre non moins Intense
dans les pays arabes depuis le Maroc jusqu'à
l'Euphrate.
Ce sont des faits connus et non pas des hypo-
thèses. Il existe un lien étroit entre eux. Un
personnage politique qui a fait récemment un
voyage d'études au Maroc me disait qu'on était
certain que l'agitation qui se poursuivait sur le
territoire de la Résidence se rattachait au des-
sein du général Franco de soulever contre nous
les indigènes. D'un autre cAté, la lettre que le
grand mufti de Jérusalem vient d'adresser au
président du Destour tunisien, n'est pas moins
suggestive. Tous ces gestes sont synchronisés
par une puissance étrangère au monde arabe et
musulman.
Je me demande s'il y a encore beaucoup de
Français et d'Anglais pour ne pas s'en rendre
compte.
Henry Fontcmier.
Ancien député,
Agrégé de l'Université
: L'AME INSONDABLE
te remise d'un brevet
* à an mort
M. Yva C. Châteljrésident ''supérieur au
Tonjtin s'est rendu au début d'août à Vin-
vitation de la familù du défunt gouverneur
annamite de la province de Bacgiang pour
assister à la remise d'un brevet accordant un
ti^rt pos*hume à ce mandarin mort dans
rexercice de ses fonctions. : Citte cérémonie
assift rare et d'un caractère singulier a. paru
mériter par ses aspects symboliques qui la
rattachent directement aux concertions philo-
sophiques les plus profondes de la vieille ci-
vilisation annamite et àttx traditions extrême-
occidentales ies plus anciennes, l'intérêt de
ceux qui- s'a*tachent aux coutumes 'de nos
possessions au delà des mers..
Bien que portant dans une certaine mesure
la marque d'un., certain modernisme, la mai-
son -de culte oit devaient s'accomplir les rites
consèrve le décor immuable (iré .lIar la coutu-
nie.. De hautes et lourdes colonnes laquées de
rougi sombre soutiennent un toit dont les
cornes se relèvent en courbe gracieuse. Un
énorme autel sanglant de laque épaisse et ru-
tilâat d'or, soutient un reposoir où, sous un
Portrait du défunt voilé dg blanc, couleur
mortuaire-.– la tablette m'nce qui porte son
nom. se trouve enfermée dans un coffret en
écaille de tortue. Une « table des parfums »
toute ajourée de sculptures précède la masse
de l'autel. De grands vases pleins de fleurs à
l'odntr efitê*ante et tous les objets dont le
morL avait coutume d'user de son vivant sont
disposés sur le dernier aurique de grands eau-
délabres dont les cierges repoussent dans la
pénombre les architectures compliquées du
'oit., Des fumées d'encens et de benjoins dé.
roulent sans cesse leurs volutes grasses et
activent de composer Vatmosphère dans la.'
quelle s'ouvre maintenant la cérémonie.
Èis acteurs sont déjà placés. De chaque
côté de l'autel trois grands mandarins en ha-
bit de cour sous leurs bonnets à ailef'es dont
les fobes vertes ou violettes où les dragons
tordent leurs anneaux chatoient doucemen'
sous la lumière jaune. Sous les colonnes
épaisses un groupe de six assistants, tous let-
trés lauréats des anciens concours liétéraires,
licenciés ou bacheliers. En robe bleue portant
sur i* poitrine le carré où est brodé l'animal
quimarque leur .rang, ils sont chargés de ré.
gler la* cérémonie des deux- côtés de la salle.
Les invités sont rangés en retrait. ,"
La jnusique prélude sur un système, rapide
scandé,de coups sourds des tambours.'La. fà-
! «wWgMfcr dffmt-'*» *** ffoïi&.fïtles,
~ySM~'e.? :<<.:~,' se
Vautel. Les hommes debout ettttfrbamtis, en
robe sombre, ample, à larges mances. - Les
femmes, habillées modestement .a&ists à la
turque. Deux, hérauts,so,rta#t; 46 il'ombre>en
robe de gaze bleue chaussent leurs, lunettes de
fer, lissent leurs. barbiches minces 'et se. Pla-
cent. contre les colonnes. 'Ils .joignent leurs
mains à hauteur de visage et, lisant dans un
rituel jaune, 'chantent les rites divers dont
tous les mouvements se règlent à leur mé-
lopée. Sur leurs commandements, le fils aini
s'agenouille, invoque l'âme de son père, puis
se prosterne quatre fois. Les assistants lui
présentent successivement le benjoin qu'il
brille dans un encensoir, le thé et l'alcool
qu'il verse dans de petites tasses, avec des
gestes figés et sacramentels. Les assistants
déposent ensuite sur l'autel les différentes of-
frandes.
La musique reprend vivement sur un mode
mineur. Un des mandarins assesseurs s'avance
sur ses bottes chinoises de feutre noir, sort la
tablette du coffret et l'apporte à un deuxième
assesseur qui ajoute en noir et vermillon à
l'aide de Pinceaux en écaille un caractère à
ceux qui se trouvent déjà tracés. Après l'avoir
présentée au fils aîné qui s'incline devant
elle en signe de respect, il la rend ensuite à
l'assesseur. Elle est remise en place avec le
même cérémonial. Interlude musical rythmé
de coups pressés. Le titulaire des plus hauts
grades universitaires traditionnels se met
alors à genoux devant l'autel et prononce une
allocution dont le texte, écrit en caractères
chinois sur papier faullé, est, après lecture,
présenté au fils aîné puis brûlé. L'atmosphère
s'épaissit et s'alourdit. La dernière Phase de
la cérémonie, la plus solennelle, approche. On
apporte au mandarin proclamateur l'édit
royal contenu dans un coffret de laque dépo-
sé sur l'autel. Deux assistants déroulent le
long papier de soie semé d'animaux héraldi-
ques et le tiennent à portée de sa vue. CAA-
toyant de toutes les moires de sa robe verte,
le mandarin se lève, joint les mains, et chante
le texte de la proclamation des titres. Toute
la famille se prosterne lentement à plusieurs
reprises puis le fils aîné vient remercier les of-
ficiants en faisant deux eénuflexiotis. Il re-
mercie de là même façon les invités de mar-
que qui sont venus assister à la cérémonie et
qui restent sous Tinfluence de ce spectacle ra-
re et compliqué et du décor suggestif pendant
que les cierges achèvent de se consumer, et que
la musique joue fortement pour marquer que
les rites sont accomplis.
Le ministère du Commerce, tant doute imudu déficit constant de
notre commerce extérieur, et de cette progression, têtue, a jeté à
la Presse, le 15 octobre, un communiqué dans lequel il tente d'expliquer
le pourquoi de la chose. ,. , 1.
Voici le début de ce communiqué : ,
Des statistiques, officielles du commerce extérieur de la France qui viennent
d'être publiées pour le mois de septembre 1937, Il ressort que le déficit de la balance
commerciale, qui s'était chiffré à 1.297 millions pour le mois d'août, s'est élevé à
1.411 millions pour le mois de septembre, soit un-accroissement de 115 millions par
rapport au mois précédent. Mais il convient d'observer que cet accroissement de
déficit est surtout la conséquence de nos échanges avec nos colonies, ce qui n'est
pas de nature à influencer défavorablement notre change.
On s'explique fort bien que l'industrie française, sans cesse avertie
des crimu, des assassinats, trials et autres actes farouches de l'humanité
en délire, ait quelque scrupule à commercer avec des gens nantis d'une
telle réputation. '1:
Mais le ministère des Colonies ne pourrait-il à son tour faire enten-
dre sa voix, d'abord pour rectifier la lamentable erreur de l'opinion pu-
blique, ensuite pour apprendre aux Français qu'a. sont les propriétaires
légaux d'un immense Empire ?
Il» imi /• savent aoc^ocan.
Les élections cantonales
En Algérie
Nous avons donné la semaine dernière les
premiers résultats des élections cantonales.
Voici maintenant les résultats- complémen-
taires, après ballottage : ;
• -, : ̃ Alger -,
Alger .: M. Belaiche, U. S. R.. ELU.
Hussein-Dey D,r Dumas, P.g.F. --LU.
M, Dùroux, c. "s.^ sénateur, en ballottage
au Ier tour,, né se. représentait pas. ,
Maison-Carrée : M. Pons, nat., ELU.
Ainbessem : M. Mourgues,. rad. soc., ELU.
Gonstantine
El-Arrouch (ioe) : M. Daruty P.S.F., ELU.
Saint-Arnaud (32e) : M. Redaré P. S. F.,
ELU:
BJne-Centre-Vilie M. Eutrope, S.F.I.O.
E[;U.
Bâne-Beauséjour : M. Fadda, rép., ELU.
CRonie-Cité. M. Giovachini, rép., ELU.
Constantine-Bordjbou ; M. Bensalem, ELU.
Batna (60) : Dr Noël, rad. soc., ELU.
Oran
Oran-Pasteur : M. Zannettacci, com., ELU.
Orân-Marme : M. Bertrand, S.F.I.O., ELU.
Lamoricière : M. Valleur, U.S.R., ELU.
Mers-el-Kebir : M. Boluix-Basset ind.,
ELU.
Saiht-Denis-du-Sig : M; Belàrd-Benkadda,
ELU,
***
Pour les élections indigènes notons qu'à
Alger (Ire circonscription) Messali, chef du
parti populaire algérien actuellement détenu
et Lamine Lamoudi, qui se présentaient' ont
été battus par M. Zerrouk Maheddine, ancien
conseiller général;' ancien délégué financier
et que dans le département d'Oran, pour'la
première fois, un candidat indigène P.P.F.
a été élu.
Quelques incidents à Oran
Dimanche matin, dans les bas quartiers, à
la suite d'une échauffourée, un militant, nom-
mé Caparros, tira plusieurs coups de feu, qui
atteignirent et blessèrent grièvement deux
personnes. A 16 heures, place du Maréchal-
Foch, une voiture, qui transportait un indi-
vidu criant : « A bas les Juifs t », a été arrêtée.
Une légère bagarre se produisit, que dispersa
la police.
Une mise au point du docteur Ben Djeiloul
à la « République »
Le docteur Ben Djelloul, dont le parti a
été victorieux au premier tour des élections
cantonales, nous télégraphie pour protester
dnergiquemerrt contre l'épithète de « natio-
naliste rmtisulmàn » accolée à son nom et au
nom son parti., ..,., ",' ,;;
« Nous sommes: dit-il, des réformistes dans
le cadre de la souveraineté française; nous
n'avons rien de commun avec les partisans
de Hadj Messali et avec la doctrine de l'Etoile
dé l'Afrique du Nord; nous sommes pour
l'Algérie française, et pour l'admission des
indigènes dans la cité. »
Nous prenons acte avec plaisir de cette pro-
testation.
Au-dessus de tout, la vie, la prospérité et
la grandeur de l'Empire.
IAMISSION DE M. ALBERT SMHUUIT
Contrôle et coordination
des administrations
de l'Afrique du Nord
Par arrêté, une conférence de coordination,
en principe bi-hebdomadaire, est instituée au-
près du ministre d'Etat délégué pour le contrôle
et la coordination des administrations de l'Afri-
que du Nord.
La conférence de coordination examinera-la
situation des trois pays de l'Afrique du Nord,
les rapports et les propositions établis par le
Gouverneur général de l'Algérie et les Rési-
dents généraux du Maroc et de la Tunisie et
étudiera les modalités d'exécution des décisions
arrêtées par le ministre d'Etat. Elle sera saisie
des travaux du Secrétariat général du Haut-Co-
mité méditerranéen et des Commissions fronta-
lières établies entre le Maroc et l'Algérie,
d'une part, et l'Algérie et la Tunisie, d autre
part, pour l'échange des informations sur les
problèmes communs politiques, sociaux et éco-
nomiques.
Le secrétariat de la conférence sera assuré
par un fonctionnaire du secrétariat général du
Haut-Comité méditerranéen mis à cet effet à
la disposition du ministre d'Etat.
Une première conférence vient
de se tenir
M. Albert Sarraut a présidé mardi la premiè-
re conférence à laquelle assistaient : M. de
Tessan, sous-secrétaire d'Etat aux Affaires
étrangères ; M. Aubaud, sous-secrétaire d'Etat
à l'Intérieur; M. l' ambassadeur de Saintr
Quentin, sous-directeur d'Afrique au Muustère
des Affaires étrangères ; M. Peigné, directeur*
des Affaires algériennes ; M. Julien, secrétaire
général du Haut Comité méditerranéen.
Après un exposé d'ensemble fait par M.
Albert. Sarraut de la situation dans l'Afrique
du Nord et des premières instructions qu'il a
adressées aux représentants de la République
dans les trois territoires, la conférence, sur sa
proposition, a abordé les problèmes qui se po-
sent de la façon la plus urgente et établi le
Pr rde 1 a f a E vail qui doit permettre d'amé-
programme de travail qui doit pennettre d arrê-
ter les décisions nécessaires.
Les travaux de cette conférence se poursui-
vront sans interruption ; la prochaine réunion
est fixée au mardi prochain.
> < –-––
9r irflnr WUdNie , ¡
Bwtf-fBnwmateMWqflWi
a léalsiftMf ,:,' ".;Ir. J'
1 UIi.S ..,,''- ,--',' >
On annonce de Londres, la démissïo.n*9fhu
raison de santé, de Sir Arthur wâ"opr,
Haut-Commissaire en Palestine. ,
Son successeur n'est pas encore désigné
mais on annonce que le poste sera confié, à
une personnalité qui devra prendre des me-
sures des plus énergiques pour faire cesser le
terrorisme arabe.
Les ordres religieux
de l'enseignement
dans le Proche-Orient
par Emile Lambin.
II
Dans la première partie de mon article,
paru ici le 27 août, je disais, que ce sont les
écoles françaises religieuses qui ont formé
et forment la jeunesse égyptienne. -
Lors de la cérémonie de distribution des
prix au Collège de* la Sainte-Famille, des
RR. PP. Jésuites, le R. P. Ch. Margot, rec-
teur du Collège, dans un discours de cir-
constance, très éloquent et apprécié par tous
les assistants, s'adressant au ministre de
l'Instruction Publioue d'alors, S. E. Zaki el
Orabi Pacha, déclara entre autres :
Excellence,
Votre présence aux côtés du représentant
de la France pour présider cette réunion so-
lennelle est un geste dont le Recteur de ce
collège a l'agréable devoir de vous remercier
tant en son propre nom qu'au nom de tous
ceux qu'il représente : maîtres, élèves et
leurs familles, anciens un geste aussi dont
il a le, droit et la fierté d'exprimer aujour-
d'hui publiquement la haute et réconfortante
signification.
C'est, je crois, la première fois qu'un
Ministre de l'Instruction Publique veut bien
s'adjoindre au Ministre de France Pour pré-
sider notre distribution des prix. c'est en
tous cas la première, à coup sûr, dans l'his-
toire de VEgypte nouvelle, issue de la Con-
férence de Montreux. Et il nous plait singu-
lièrement de voir se rencontrer, ici, le re-
présentant de VEgypte officielle d'aujour-
d'hui et celui-là même qui fut appelé par la
France pour collaborer à l' J. ('lIrt'lIse issue des
accords de Montreux, notre Conseiller
d'Ambassade, Monsieur Garreau.
a Votre présence parmi nous, Excellence,
je crois pouvoir l'affirmer sans témérité, est
dabord en même temps qu'une marque de
l'estime que personnellement vous nous por-
tes. une reconnaissance officielle. "ne depuis
60 ans qu'ils existent en Egypte, nos collèges
ont bien mérité du pays..:
La valeur des éducateurs doit se higer
par. l'élite' qui sort de leurs mains : c'est une
question de qualité bien f1" que de quan-
tité. v
• Il l'avait bien compris, Sa liautesse le Sul-
tait Hussein lorsque, visitant le Collège en
1916, aus Pères d'alors, il disait : « Il est vrai
que le ne suis jamais venu parmi vous; mais
déjà je vous conttais bien; j, vous connais
r
par vos œuvres !l, et il montrait deux des
principaux personnages de sa suite.
Combien souvent dans le passé, dans un
passé qui n'est pas si lointain et qui dure en-
core - la nation égyptienne, cherchant pour
soit service des sujets d'élite, s'est tournée
vers nos anciens élèves !
Jadis.. ayant à choisir ses quatre premiers
ambassadeurs à l'étranger, elle en prit trois
des nôtres.
Et aujourd'hui. Qu'il me suffise de faire
appel à un fait tout récent relaté par la
presse d'il y a quelques jours. Un somp-
tueux banquet vient de réunir à Paris les
journalistes des pays méditerranéens : non
sans raison l'Egypte y est présente par qua-
tre hommes de premier plan, qui certes, ont
fait bonne figure : S. E. TV acif Boutros Gali
Pacha, S. E. Mahmoud Fakltry Pacha, S. E.
TaNa Pacha et S. E. Mahmoud Be" Khalil,
tous quatre de nos chers anciens.
Mais pour que les établissements étran-
gers aient droit à cette confiance de la part
de l'Egypte et soient à même de produire de
tels résultats. vous le disiez récemment.. Ex-
cellence. dans une réunion semblable à la
nôtre, il est une condition essentielle, il
faut qu'ils donnent h leurs élèves ce qui fait
l- génie même de leur patrie, une connais-
sance profonde de leur langue, une sérieuse
culture égyptienne.
Oserai-je dire, ici. Excellence, que dans
cette maison nous avons fait plus que com-
meltCer, ladts nous avons éti4 les Premiers à
adopter le programme é-l,etieit et à la pre-
mière -seçsioii du Baccalauréat égyptien,, en
1SS7, le Collège de la Sainte-Famille avait
ses candidats et ses succès remarqués - le
premier de la session était un de nos anciens
élèves. Aujourd'hui oue toutes les écoles pré-
parent à cet examen deveitu le lot commun
de tous ceux qui vont en classe, notre pré-
sence disparaît dans la masse. Dans ces dix
dernières années, nous avons présenté en 5*
égyptienne. 12 J candidats : sur Ce** nombre,
11 seulement ont subi des échecs.,
Si nous offrons avec persevêrance aux
parents qui en sentent la valeur, les riches-
ses de notre enseignement français, si les fils
des Français et ceux qu'attirent une éduca-
tion française trouvent ic: une terre fran-
taise où ils se sentent à l'aise, plus des 2/3
de nos élèves égyptiens de race ou de natio-
nalité, se sentent parmi nous authentitrue-
ment en Egypte.
Je ne puis pas terminer ce discours sans
dirt tar ailleurs, i celui oui. iarmi nom.
YSNDttMHUlu 30):- 29 ÛCTOIU 193"
JOCMAL 1313DOUADAIRE
Rédaction & Administration :
l.bi^klNne
PARIS CM
TÉL. a MCHVUHJ 73-0«
(2 KgM gnopéca)
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Les Annaléà Coloniales
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• UëQft} ••• ,%;••• • î.t 4 i
Fondateur : Marcel RUEDEL v ; '-:.., ,';:': | :', Directeur : Raoul MONMARSON
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ABOINEMEIITS
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U» u tf Mai* SIM*
FraaMflt
Caieniat : 'II. 100* SI II
Etranu. -248 o m' Mt*
U luaér* : i tnm
Oa s'abonna MOI traia dans
tous les bureaux de poste.
Un missionnaire ethnographe
1. 1 au Cameroun
L'heure était propice, l'heure était émi-
Inenunent opportune, pour la création, en
terre d'Afrique, d'une Société des Etudes
Camerounnaises. Les coutumes indigènes
jsont en voie de disparition; aucun document
écrit ne nous en conservera le souvenir. Tout
jun monde de croyances et de légendes, de
traditions et d'usages, peut sombrer dans le
méant, et dans l'irrémédiable oubli, si des
témoins européens, témoins attentifs, té-
moins compétents, ne se tiennent pas aux
écoutes et en observation, en cette minute
historique, pour noter tout ce qui subsiste
jde ces croyances, tout ce qui survit de ces
usages, et pour interroger, sur leur lointain
passé, des générations indigènes qui demain
;ne seront plus. Il est de l'intérêt de l'etho-
graphie, que de telles études se poursuivent,
Sans aucun retard; il faut qu'on se dise que
jtoute année perdue risque d'appauvrir nos
(connaissances, de tarir nos sources d'infor-
mations, de limiter nos moyens d'enquête.
¡Mais ce n'est pas seulement à la science pure
que Ion doit songer; l'intérêt de la coloni-
sation, de la civilisation européenne, exige
que les administrateurs, que les missionnai-
res, que les colons, sachent interpréter
:exactement les coutumes locales, et que, dans
Jeur exégèse des mœurs indigènes, ils sachent
éviter des erreurs qui seraient nuisibles à la
population africaine, et nuisibles à leur pro-
pre influence, à leur propre action. Des con-
Isidérations d'ordre politique et social con-
vergent donc avec les considérations d'ordre
jecientiiique, pour justifier les ambitions de
la Société fi' Etudes Camerounaises et pour
stipuler son labeur.
C'est une bonne fortune pour cette So-
I'cieté, de se présenter au public sous le pa-
tronage du grand administrateur que fut M.
Repiquet, Gouverneur Général honoraire des
Colonies : lorsqu'il réclame, pour l'applica-
tion de ses programmes de recherches, la
Sollicitude des fonctionnaires coloniaux, sa
..oix doit être entendue.
Et c'est une autre bonne fortune, que
l'exemple donné par le Père Albert, Mis-
sionnaire au Cameroun, Supérieur de la
Mission de Sandjoun, qui dans son livre ja-
IIftII, ; CÉéUfàun rampais i- en pajs Ba-
W&likJ : Bandjoun, rassemble les résultats.
!de cinq aM et demi d'observations, et qui,
très objectivement; sans idées préconçues,
sans généralisation prématurée, nous décrit,
par le ménu, les croyances et les usages de
groupes indigènes nettement définis, cOtnpre-
nant environ cent cinquante mille âmes. -
Lorsque son évêque l'expédiait à" ces peu-
plades, il lui disait : « Je vous envoie à
(Bandjoun. Vous savez, ils ne sont pas très
évolués là-haut, mais vous vous y ferez. Ils
ne sont pas trop habillés. Màis ce n'est rien,
vous vous habituerez. > Et de fait, 'es
femmes, là-bas exception faite pour les
chrétiennes ne sont pas plus habillées que
les hommes. Et dans les cinquante-deux pos-
jtes de brousse entre lesquels., le Père Albert
partageait son activité, il- dut. se résigner à
laisser entrer des femmes fort peu vêtues.
Mais quel bel observatoire que ces cin-
quante-deux postes 1 Le livre qu'il nous of-
fre en est un témoignage singulièrement ins-
tructif. L'être le plus auguste, chez ces
Bandjouns, c'est le Dieu de la chefferie, ce-
lui qu'on appelle le premier chef, le fonda-
teur, le premier Père. Le culte des morts, le
culte des ancêtres, avaient un caractère plus
collectif : on dirait qu'ils se sont concentrés,
condensés, résumés, dans l'hommage rendu à
ce premier chef. Mais ce n'est point là seu-
lement un fait religieux, c'est aussi un fait
politique : car l'autorité divine de ce mythi-
que personnage se transmet au chef actuel.
Ce sont des pages extrêmement curieuses que
celles où le Père Albert précise la place que
tiennent les femmes, et spécialement la mère
du nouveau chef, dans la société Bandjoun.
Mais halte-là ! Les hommes ont réagi en
créant des sociétés accessibles à eux seuls,
et dans lesquelles règne une discipline de
fer ; le culte des crânes, les danses de mas-
ques, apparaissent, dans ces sociétés, comme
une expression nouvelle du « culte des es-
prits et des ancêtres particuliers * Sommaire
et terrible est la justice ; et sur les épreuves
judiciaires en usage chez les. Bandjouns, le
Père Albert multiplie les détails impression-
nants.
Ces Bandjouns, tels qu'il nous les dépeint,
ils ressemblent, déjà, à une caricature de so-
ciété a totalitaire P, dans laquelle, autrefois,
certains chefs habiles firent dériver vers
l'ancêtre tribal les honneurs dont l'Etre Su-
prême était primitivement l'objet ; ils pres-
1 - - -
sentaient. que le prestige de ce premier chef,
ainsi grandi, ainsi sanctionné par une auréole
religieuse, rejaillirait sur eux-mêmes, et que
leur propre pouvoir politique en serait accru
et les Bandjouns, à mesure qu'ils dévalèrent
vers cette forme de religion, devinrent la
proie de la magie, d'une magie qui les met-
tait en relations avec les totems, avec les gé-
nies, avec les morts, et qui les livrait à l'in-
fluence des sorciers.
Le Père Albert nous donne, par surcroît,
un véritable florilège de légendes bandjou-
nes. Les voilà désormais fixées, enregistrées;
elles, peuvent s'estomper dans les mémoires ;
le foHflore ae les ignorera pont. ÀG coflts
du dernier quart de siècle, cer&iiis missioa~
naires Salésiéns de la Eaiagonie étaient ac-
courus chez des peuplades qu'ils sentaient à
la veille de disparaître ; ils étaient venus
juste à temps pour: pouvoir les observer en-
core, et parler encore d'elles. La Société
d'Etudes Camerounaises, servie par des ini-
tiatives du Père Albert, rend à la connais-
sance de l'Afrique noire un service non
moins précieux. Le souci même qu'a l'apos-
tolat chrétien, en vertu des récentes instruc-
tions du Saint-Siège, de Il se faire tout à
tous », induit les missionnaires à se pencher
vers les civilisations indigènes pour y sur-
prendre des besoins, des aspirations, des
pressentiments. Chez le Père Albert, il n'y a
pas cloison étanche entre l'ethnographe et le
missionnaire : tous deux s'éntr'aident, ou,
pour mieux dire, ils ne font qu'un.
Georges Goyau,
de l'Académie française.
Au Ministère des Colonies
Comité consultatif du contentieux
, des colonies
M. Tixier, inspecteur général de Ire classe
pies colonies, a été nommé vice-président du
feomité en remplacement de M. Coste, inspec-
teur général de lr0 classe, appelé à d'autres
fonctions.
M. Tupinier, inspecteur de 1™ classe des
colonies, a été nommé membre du comité, en
Remplacement de M. Bourgeois-Gavardin, ins-
pecteur de 1 ro classe des colonies, appelé à
d'autres fonctions.
Audience
Une délégation du rassemblement colonial,
Composée de MM. Toubland (Antillais), ad-
ministrateur des Colonies en retraite ; Senhadji
(Algérien), comptable; Truyen (Indochinois),
ingénieur-chimiste, a été reçue par M. Gaston
Monnerville, sous-secrétaire d'Etat des Colo-
nies.
Après avoir félicité M. Monnerville de la
^célérité des mesures d'humanité prises en fa.
jtreur des grévistes de la faim à Saigon et à
jj-fanol. M. Truyen a remis à M. Monnerville :
IoLe mémoire de défense de l'écrivain
Ninh. ancien rédacteur à la revue Europe, ré-
temment condamné à 5 ans de prison et 10 ans
id'interdiction de séjour ;
20 La requête du -- conseiller municipal
fTliach. condamné à 2 mois de prison pour avoir
Jenté de créer un comité d'initiative syndicale ;
3° Un prçiet de charte constitutive du Parti
du Peuple algérien:
M. Monnerville s'est montré favorable à la
(lemande d'abrogation des décrets du 4 octo-
bre 1927 et du 10 avril 1935 qui ont fourni
un prétexte facile à la tépression exercée contre
ies populations indochinoises en général et con-
tre les journalistes annamites en particulier.
) e. (
Au Conseil français
des intérêts financiers
et économique dn Cambodge
M. Blacconi a été élu à Kampot et Takeo,
p M. Veraoc à K
AUDIENCES
A LA PRESIDENCE DU, CONSEIL
M. Camille Chautemps, président du Conseil,
a reçu lundi matin M. CA. Gignoux, prési-
dent de la Confédération Générale du Patro-
nat français. Celui-ci était accompagné de
MM. Freyssinet et Philippar. L'entretien porta
sur le conflit des armateurs français, notamment
sur les incidents du Ban/ara.
D'autre part, le chef du Gouvernement s' est
entretenu avec M. Albert Sarraut, ministre
d'Etat, chargé de « coordonna- » les problèmes
nord-africains.
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANCERES
M. de Tessan, sous-secrétaire d'Etat, a reçu
avant-hier Mgr Lemaître, archevêque de Car-
thag, primat d'Afrique, et son coadjuteur Mgr
Gounot.
) e.. (
Eleotions
au Grand Conseil
de Tunisie
M. Ribereau, vice-président de la Cham-
bre d'Agriculture, ancien délégué au grand
Conseil, a de nouveau été élu à cette assem-
blée par le collège agricole des trois pre-
mières régions, en remplacement de M. Gou-
not, décédé.
> (
Inondations en Syrie
Une trombe d'eau, provoquée par les Pluies
récentes, a envahi avant-hier le village de
Dmeir, au nord-est de Damas.
Une centaine de personnes ont disparu. On
a déjà retiré des décombres du village une
douzaine de cadavres.
Le niveau de l'eau atteint trois mètres. Les
dégâts sont considérables. Une cinquantaine
de maisons ont été détruites et le reste du vil-
lage menace ruine.
La route de Damas à Bagdad est coupée.
La milice et la gendarment Participent aux
travaux de recours*
L'Italie 1,.
et la /, ",',
Méditerranée
N peut donner à la guer-
re civile qui depuis
quinze mois cWsole, et
ruine l'Espagne plu-
sieurs sens : Préten-
dre qu'elle est une
lutte entre deux idéo-
logies politiques ;
qu'elle oppose les partisans de systèmes sociaux
différents ; qu'elle est une ressurection des pro-
nunciamientos du siècle dernier. Ces interpréta-
tions sont exactes : elles ne s'excluent du reste
pas, elles se complètent. Mais elles sont insuffi-
santes. Elles n'expliquent pas entièrement l'hor-
rible tragédie qui se déroule de l'autre côté des
Pyrénées. Pourquoi cette guerre que certains,
l'an dernier prévoyaient courte, se prolonge-t-elle
depuis des mois sans que personne puisse en
prédire la fin prochaine ? N'est-ce pas parce
qu'elle fournit à certaines puissances l'occasion
de bouleverser le statut de la Méditerranée, tout
comme par ailleurs d'autres poursuivent la rup-
ture de l'équilibre fort instable du reste de
FExtrEme-Orient ?
n est, à l'heure actuelle, de par le monde.
trois Etats qui se considèrent comme lésés par
le régime, issu des traités de 1919. Ce sont, on
l'a deviné, l'Allemagne, le Japon, l'Italie. Mé-
contents de leur sort, ils ont lié partie, ils ont
donné à leur entente un motif : la lutte contre
le communisme. Je ne sais s'il reste encore beau-
coup de gens pour croire à ce qui se donne
comme une raison, et qui n'est en vérité qu'un
prétexte.
Mais, qu'ils veuillent bien observer ce qui se
passe sur les bords du Pacifique et en Méditer-
ranée, suivre les répercussions de ces événements
dans les pays riverains de ces deux mers. Je ne
doute pas alors que leur conviction sera bientôt
faite, tant l'étude des faits est concluante.
Nous parlerons une autre fois de l'Extrême-
Orient Tenons-nous-en pour aujourd'hui à la Mé-
diterranée.
Les buts de la politique italienne sont visibles.
Ils ne datent d'ailleurs pas d'aujourd'hui. Depuis
son avènement, le Duce tend à s'assurer sinon la
maîtrise de la Méditerranée, du moins une situa-
tion prépondérante sur cette mer que, repre-
nant une expression latine, il appelle c mare nos-
trum » comme si les autres Etats riverains
étaient inexistants.
Pour la réalisation de ce dessein, un aCëOrd,
une alliance avec l'Espagne sont, non seulement
déttiraMes. mit indispensable
,4PO»<éatefttr avec Jtârâd*JUaiÉfc.«a(if ê-^Séfe :
que te sens échappa & beaucoup
peu de temps après, la monarchie. Le beau rêve
s^tàit écroulé.. ̃- /> ,
Mais .il suffit'souvent en politique de durer,
pour que le temps nous fournisse l'occasion de'
réparer les échecs, qu'on a éprouvés. L'an der-
nier, avec le général Franco, le moyen s'offrit
L'on sait le reste.
Cependant, certains disent : Le gouvernement
Italien a donné l'assurance à la Grande-Bretagne
qu'il ne porterait pas atteinte à l'intégrité du
territoire de l'Espagne, qu'il s'agisse de la mé-
tropole. ou de ses possessions. Mais ne doutons
pas que cet engagement ait été pris, nous ajou-
terons même que nous pensons qu'il sera tenu.
Mais, en quoi les choses en seront-elles modi-
fiées. Est-il nécessaire d'occuper un pays pour
en dominer la politique ? Non, certes. Exercer
la souveraineté sur le territoire espagnol, n'est
point Indispensable au plan de M. Mussolini. Il
lui suffit d'avoir à Madrid un gouvernement qui
sera son ami et qui, plus, est son obligé. L'exem-
ple de l'alliance de l'Allemagne et de I'Autri-
che.Hongrie avant et pendant la guerre, en est
un, à ce point de vue là, frappant.
Et alors, quand sera Installé dans la péninsule
Ibérique le pouvoir qui devra son existence au
concours de Rome, vous me direz ce qu'il fau-
dra penser de la sécurité de nos communications
avec l'Afrique du Nord et l'Afrique occidentale,
Ajoutez que l'action que l'Italie mène en Espa-
gne, se double d'une autre non moins Intense
dans les pays arabes depuis le Maroc jusqu'à
l'Euphrate.
Ce sont des faits connus et non pas des hypo-
thèses. Il existe un lien étroit entre eux. Un
personnage politique qui a fait récemment un
voyage d'études au Maroc me disait qu'on était
certain que l'agitation qui se poursuivait sur le
territoire de la Résidence se rattachait au des-
sein du général Franco de soulever contre nous
les indigènes. D'un autre cAté, la lettre que le
grand mufti de Jérusalem vient d'adresser au
président du Destour tunisien, n'est pas moins
suggestive. Tous ces gestes sont synchronisés
par une puissance étrangère au monde arabe et
musulman.
Je me demande s'il y a encore beaucoup de
Français et d'Anglais pour ne pas s'en rendre
compte.
Henry Fontcmier.
Ancien député,
Agrégé de l'Université
: L'AME INSONDABLE
te remise d'un brevet
* à an mort
M. Yva C. Châteljrésident ''supérieur au
Tonjtin s'est rendu au début d'août à Vin-
vitation de la familù du défunt gouverneur
annamite de la province de Bacgiang pour
assister à la remise d'un brevet accordant un
ti^rt pos*hume à ce mandarin mort dans
rexercice de ses fonctions. : Citte cérémonie
assift rare et d'un caractère singulier a. paru
mériter par ses aspects symboliques qui la
rattachent directement aux concertions philo-
sophiques les plus profondes de la vieille ci-
vilisation annamite et àttx traditions extrême-
occidentales ies plus anciennes, l'intérêt de
ceux qui- s'a*tachent aux coutumes 'de nos
possessions au delà des mers..
Bien que portant dans une certaine mesure
la marque d'un., certain modernisme, la mai-
son -de culte oit devaient s'accomplir les rites
consèrve le décor immuable (iré .lIar la coutu-
nie.. De hautes et lourdes colonnes laquées de
rougi sombre soutiennent un toit dont les
cornes se relèvent en courbe gracieuse. Un
énorme autel sanglant de laque épaisse et ru-
tilâat d'or, soutient un reposoir où, sous un
Portrait du défunt voilé dg blanc, couleur
mortuaire-.– la tablette m'nce qui porte son
nom. se trouve enfermée dans un coffret en
écaille de tortue. Une « table des parfums »
toute ajourée de sculptures précède la masse
de l'autel. De grands vases pleins de fleurs à
l'odntr efitê*ante et tous les objets dont le
morL avait coutume d'user de son vivant sont
disposés sur le dernier aurique de grands eau-
délabres dont les cierges repoussent dans la
pénombre les architectures compliquées du
'oit., Des fumées d'encens et de benjoins dé.
roulent sans cesse leurs volutes grasses et
activent de composer Vatmosphère dans la.'
quelle s'ouvre maintenant la cérémonie.
Èis acteurs sont déjà placés. De chaque
côté de l'autel trois grands mandarins en ha-
bit de cour sous leurs bonnets à ailef'es dont
les fobes vertes ou violettes où les dragons
tordent leurs anneaux chatoient doucemen'
sous la lumière jaune. Sous les colonnes
épaisses un groupe de six assistants, tous let-
trés lauréats des anciens concours liétéraires,
licenciés ou bacheliers. En robe bleue portant
sur i* poitrine le carré où est brodé l'animal
quimarque leur .rang, ils sont chargés de ré.
gler la* cérémonie des deux- côtés de la salle.
Les invités sont rangés en retrait. ,"
La jnusique prélude sur un système, rapide
scandé,de coups sourds des tambours.'La. fà-
! «wWgMfcr dffmt-'*» *** ffoïi&.fïtles,
~ySM~'e.? :<<.:~,' se
Vautel. Les hommes debout ettttfrbamtis, en
robe sombre, ample, à larges mances. - Les
femmes, habillées modestement .a&ists à la
turque. Deux, hérauts,so,rta#t; 46 il'ombre>en
robe de gaze bleue chaussent leurs, lunettes de
fer, lissent leurs. barbiches minces 'et se. Pla-
cent. contre les colonnes. 'Ils .joignent leurs
mains à hauteur de visage et, lisant dans un
rituel jaune, 'chantent les rites divers dont
tous les mouvements se règlent à leur mé-
lopée. Sur leurs commandements, le fils aini
s'agenouille, invoque l'âme de son père, puis
se prosterne quatre fois. Les assistants lui
présentent successivement le benjoin qu'il
brille dans un encensoir, le thé et l'alcool
qu'il verse dans de petites tasses, avec des
gestes figés et sacramentels. Les assistants
déposent ensuite sur l'autel les différentes of-
frandes.
La musique reprend vivement sur un mode
mineur. Un des mandarins assesseurs s'avance
sur ses bottes chinoises de feutre noir, sort la
tablette du coffret et l'apporte à un deuxième
assesseur qui ajoute en noir et vermillon à
l'aide de Pinceaux en écaille un caractère à
ceux qui se trouvent déjà tracés. Après l'avoir
présentée au fils aîné qui s'incline devant
elle en signe de respect, il la rend ensuite à
l'assesseur. Elle est remise en place avec le
même cérémonial. Interlude musical rythmé
de coups pressés. Le titulaire des plus hauts
grades universitaires traditionnels se met
alors à genoux devant l'autel et prononce une
allocution dont le texte, écrit en caractères
chinois sur papier faullé, est, après lecture,
présenté au fils aîné puis brûlé. L'atmosphère
s'épaissit et s'alourdit. La dernière Phase de
la cérémonie, la plus solennelle, approche. On
apporte au mandarin proclamateur l'édit
royal contenu dans un coffret de laque dépo-
sé sur l'autel. Deux assistants déroulent le
long papier de soie semé d'animaux héraldi-
ques et le tiennent à portée de sa vue. CAA-
toyant de toutes les moires de sa robe verte,
le mandarin se lève, joint les mains, et chante
le texte de la proclamation des titres. Toute
la famille se prosterne lentement à plusieurs
reprises puis le fils aîné vient remercier les of-
ficiants en faisant deux eénuflexiotis. Il re-
mercie de là même façon les invités de mar-
que qui sont venus assister à la cérémonie et
qui restent sous Tinfluence de ce spectacle ra-
re et compliqué et du décor suggestif pendant
que les cierges achèvent de se consumer, et que
la musique joue fortement pour marquer que
les rites sont accomplis.
Le ministère du Commerce, tant doute imudu déficit constant de
notre commerce extérieur, et de cette progression, têtue, a jeté à
la Presse, le 15 octobre, un communiqué dans lequel il tente d'expliquer
le pourquoi de la chose. ,. , 1.
Voici le début de ce communiqué : ,
Des statistiques, officielles du commerce extérieur de la France qui viennent
d'être publiées pour le mois de septembre 1937, Il ressort que le déficit de la balance
commerciale, qui s'était chiffré à 1.297 millions pour le mois d'août, s'est élevé à
1.411 millions pour le mois de septembre, soit un-accroissement de 115 millions par
rapport au mois précédent. Mais il convient d'observer que cet accroissement de
déficit est surtout la conséquence de nos échanges avec nos colonies, ce qui n'est
pas de nature à influencer défavorablement notre change.
On s'explique fort bien que l'industrie française, sans cesse avertie
des crimu, des assassinats, trials et autres actes farouches de l'humanité
en délire, ait quelque scrupule à commercer avec des gens nantis d'une
telle réputation. '1:
Mais le ministère des Colonies ne pourrait-il à son tour faire enten-
dre sa voix, d'abord pour rectifier la lamentable erreur de l'opinion pu-
blique, ensuite pour apprendre aux Français qu'a. sont les propriétaires
légaux d'un immense Empire ?
Il» imi /• savent aoc^ocan.
Les élections cantonales
En Algérie
Nous avons donné la semaine dernière les
premiers résultats des élections cantonales.
Voici maintenant les résultats- complémen-
taires, après ballottage : ;
• -, : ̃ Alger -,
Alger .: M. Belaiche, U. S. R.. ELU.
Hussein-Dey D,r Dumas, P.g.F. --LU.
M, Dùroux, c. "s.^ sénateur, en ballottage
au Ier tour,, né se. représentait pas. ,
Maison-Carrée : M. Pons, nat., ELU.
Ainbessem : M. Mourgues,. rad. soc., ELU.
Gonstantine
El-Arrouch (ioe) : M. Daruty P.S.F., ELU.
Saint-Arnaud (32e) : M. Redaré P. S. F.,
ELU:
BJne-Centre-Vilie M. Eutrope, S.F.I.O.
E[;U.
Bâne-Beauséjour : M. Fadda, rép., ELU.
CRonie-Cité. M. Giovachini, rép., ELU.
Constantine-Bordjbou ; M. Bensalem, ELU.
Batna (60) : Dr Noël, rad. soc., ELU.
Oran
Oran-Pasteur : M. Zannettacci, com., ELU.
Orân-Marme : M. Bertrand, S.F.I.O., ELU.
Lamoricière : M. Valleur, U.S.R., ELU.
Mers-el-Kebir : M. Boluix-Basset ind.,
ELU.
Saiht-Denis-du-Sig : M; Belàrd-Benkadda,
ELU,
***
Pour les élections indigènes notons qu'à
Alger (Ire circonscription) Messali, chef du
parti populaire algérien actuellement détenu
et Lamine Lamoudi, qui se présentaient' ont
été battus par M. Zerrouk Maheddine, ancien
conseiller général;' ancien délégué financier
et que dans le département d'Oran, pour'la
première fois, un candidat indigène P.P.F.
a été élu.
Quelques incidents à Oran
Dimanche matin, dans les bas quartiers, à
la suite d'une échauffourée, un militant, nom-
mé Caparros, tira plusieurs coups de feu, qui
atteignirent et blessèrent grièvement deux
personnes. A 16 heures, place du Maréchal-
Foch, une voiture, qui transportait un indi-
vidu criant : « A bas les Juifs t », a été arrêtée.
Une légère bagarre se produisit, que dispersa
la police.
Une mise au point du docteur Ben Djeiloul
à la « République »
Le docteur Ben Djelloul, dont le parti a
été victorieux au premier tour des élections
cantonales, nous télégraphie pour protester
dnergiquemerrt contre l'épithète de « natio-
naliste rmtisulmàn » accolée à son nom et au
nom son parti., ..,., ",' ,;;
« Nous sommes: dit-il, des réformistes dans
le cadre de la souveraineté française; nous
n'avons rien de commun avec les partisans
de Hadj Messali et avec la doctrine de l'Etoile
dé l'Afrique du Nord; nous sommes pour
l'Algérie française, et pour l'admission des
indigènes dans la cité. »
Nous prenons acte avec plaisir de cette pro-
testation.
Au-dessus de tout, la vie, la prospérité et
la grandeur de l'Empire.
IAMISSION DE M. ALBERT SMHUUIT
Contrôle et coordination
des administrations
de l'Afrique du Nord
Par arrêté, une conférence de coordination,
en principe bi-hebdomadaire, est instituée au-
près du ministre d'Etat délégué pour le contrôle
et la coordination des administrations de l'Afri-
que du Nord.
La conférence de coordination examinera-la
situation des trois pays de l'Afrique du Nord,
les rapports et les propositions établis par le
Gouverneur général de l'Algérie et les Rési-
dents généraux du Maroc et de la Tunisie et
étudiera les modalités d'exécution des décisions
arrêtées par le ministre d'Etat. Elle sera saisie
des travaux du Secrétariat général du Haut-Co-
mité méditerranéen et des Commissions fronta-
lières établies entre le Maroc et l'Algérie,
d'une part, et l'Algérie et la Tunisie, d autre
part, pour l'échange des informations sur les
problèmes communs politiques, sociaux et éco-
nomiques.
Le secrétariat de la conférence sera assuré
par un fonctionnaire du secrétariat général du
Haut-Comité méditerranéen mis à cet effet à
la disposition du ministre d'Etat.
Une première conférence vient
de se tenir
M. Albert Sarraut a présidé mardi la premiè-
re conférence à laquelle assistaient : M. de
Tessan, sous-secrétaire d'Etat aux Affaires
étrangères ; M. Aubaud, sous-secrétaire d'Etat
à l'Intérieur; M. l' ambassadeur de Saintr
Quentin, sous-directeur d'Afrique au Muustère
des Affaires étrangères ; M. Peigné, directeur*
des Affaires algériennes ; M. Julien, secrétaire
général du Haut Comité méditerranéen.
Après un exposé d'ensemble fait par M.
Albert. Sarraut de la situation dans l'Afrique
du Nord et des premières instructions qu'il a
adressées aux représentants de la République
dans les trois territoires, la conférence, sur sa
proposition, a abordé les problèmes qui se po-
sent de la façon la plus urgente et établi le
Pr rde 1 a f a E vail qui doit permettre d'amé-
programme de travail qui doit pennettre d arrê-
ter les décisions nécessaires.
Les travaux de cette conférence se poursui-
vront sans interruption ; la prochaine réunion
est fixée au mardi prochain.
> < –-––
9r irflnr WUdNie , ¡
Bwtf-fBnwmateMWqflWi
a léalsiftMf ,:,' ".;Ir. J'
1 UIi.S ..,,''- ,--',' >
On annonce de Londres, la démissïo.n*9fhu
raison de santé, de Sir Arthur wâ"opr,
Haut-Commissaire en Palestine. ,
Son successeur n'est pas encore désigné
mais on annonce que le poste sera confié, à
une personnalité qui devra prendre des me-
sures des plus énergiques pour faire cesser le
terrorisme arabe.
Les ordres religieux
de l'enseignement
dans le Proche-Orient
par Emile Lambin.
II
Dans la première partie de mon article,
paru ici le 27 août, je disais, que ce sont les
écoles françaises religieuses qui ont formé
et forment la jeunesse égyptienne. -
Lors de la cérémonie de distribution des
prix au Collège de* la Sainte-Famille, des
RR. PP. Jésuites, le R. P. Ch. Margot, rec-
teur du Collège, dans un discours de cir-
constance, très éloquent et apprécié par tous
les assistants, s'adressant au ministre de
l'Instruction Publioue d'alors, S. E. Zaki el
Orabi Pacha, déclara entre autres :
Excellence,
Votre présence aux côtés du représentant
de la France pour présider cette réunion so-
lennelle est un geste dont le Recteur de ce
collège a l'agréable devoir de vous remercier
tant en son propre nom qu'au nom de tous
ceux qu'il représente : maîtres, élèves et
leurs familles, anciens un geste aussi dont
il a le, droit et la fierté d'exprimer aujour-
d'hui publiquement la haute et réconfortante
signification.
C'est, je crois, la première fois qu'un
Ministre de l'Instruction Publique veut bien
s'adjoindre au Ministre de France Pour pré-
sider notre distribution des prix. c'est en
tous cas la première, à coup sûr, dans l'his-
toire de VEgypte nouvelle, issue de la Con-
férence de Montreux. Et il nous plait singu-
lièrement de voir se rencontrer, ici, le re-
présentant de VEgypte officielle d'aujour-
d'hui et celui-là même qui fut appelé par la
France pour collaborer à l' J. ('lIrt'lIse issue des
accords de Montreux, notre Conseiller
d'Ambassade, Monsieur Garreau.
a Votre présence parmi nous, Excellence,
je crois pouvoir l'affirmer sans témérité, est
dabord en même temps qu'une marque de
l'estime que personnellement vous nous por-
tes. une reconnaissance officielle. "ne depuis
60 ans qu'ils existent en Egypte, nos collèges
ont bien mérité du pays..:
La valeur des éducateurs doit se higer
par. l'élite' qui sort de leurs mains : c'est une
question de qualité bien f1" que de quan-
tité. v
• Il l'avait bien compris, Sa liautesse le Sul-
tait Hussein lorsque, visitant le Collège en
1916, aus Pères d'alors, il disait : « Il est vrai
que le ne suis jamais venu parmi vous; mais
déjà je vous conttais bien; j, vous connais
r
par vos œuvres !l, et il montrait deux des
principaux personnages de sa suite.
Combien souvent dans le passé, dans un
passé qui n'est pas si lointain et qui dure en-
core - la nation égyptienne, cherchant pour
soit service des sujets d'élite, s'est tournée
vers nos anciens élèves !
Jadis.. ayant à choisir ses quatre premiers
ambassadeurs à l'étranger, elle en prit trois
des nôtres.
Et aujourd'hui. Qu'il me suffise de faire
appel à un fait tout récent relaté par la
presse d'il y a quelques jours. Un somp-
tueux banquet vient de réunir à Paris les
journalistes des pays méditerranéens : non
sans raison l'Egypte y est présente par qua-
tre hommes de premier plan, qui certes, ont
fait bonne figure : S. E. TV acif Boutros Gali
Pacha, S. E. Mahmoud Fakltry Pacha, S. E.
TaNa Pacha et S. E. Mahmoud Be" Khalil,
tous quatre de nos chers anciens.
Mais pour que les établissements étran-
gers aient droit à cette confiance de la part
de l'Egypte et soient à même de produire de
tels résultats. vous le disiez récemment.. Ex-
cellence. dans une réunion semblable à la
nôtre, il est une condition essentielle, il
faut qu'ils donnent h leurs élèves ce qui fait
l- génie même de leur patrie, une connais-
sance profonde de leur langue, une sérieuse
culture égyptienne.
Oserai-je dire, ici. Excellence, que dans
cette maison nous avons fait plus que com-
meltCer, ladts nous avons éti4 les Premiers à
adopter le programme é-l,etieit et à la pre-
mière -seçsioii du Baccalauréat égyptien,, en
1SS7, le Collège de la Sainte-Famille avait
ses candidats et ses succès remarqués - le
premier de la session était un de nos anciens
élèves. Aujourd'hui oue toutes les écoles pré-
parent à cet examen deveitu le lot commun
de tous ceux qui vont en classe, notre pré-
sence disparaît dans la masse. Dans ces dix
dernières années, nous avons présenté en 5*
égyptienne. 12 J candidats : sur Ce** nombre,
11 seulement ont subi des échecs.,
Si nous offrons avec persevêrance aux
parents qui en sentent la valeur, les riches-
ses de notre enseignement français, si les fils
des Français et ceux qu'attirent une éduca-
tion française trouvent ic: une terre fran-
taise où ils se sentent à l'aise, plus des 2/3
de nos élèves égyptiens de race ou de natio-
nalité, se sentent parmi nous authentitrue-
ment en Egypte.
Je ne puis pas terminer ce discours sans
dirt tar ailleurs, i celui oui. iarmi nom.
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