Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-10-08
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 octobre 1937 08 octobre 1937
Description : 1937/10/08 (A38,N51). 1937/10/08 (A38,N51).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6272054s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOUKRAL HEBDOMADAIRE
Riiactton & A dm inistratiem :
1, Km ét la Berne
PARIS (2°)
TÉL. : RICHELIEU 7341
(2 lignes groupées)
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38* ANNEE.N« 51. ? V T VENDREDI (13 h. 30), 8 OCTOBRE 1937
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Les Annales Coloniales
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Fondateur : Marcel RUEDEL .!' ,'.: .=- ,.-.; ," -', ',' : Directeur Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec la Rnut illustrée:
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CettniM.-'M. 100* se 3*
Etranger.. 240 » 125 » 79 » :
La Numéra : t franc
On s'abonne sans eraia dans
tous les bureaux de polie.
Les Transports maritimes
et aériens conjugués:
Formule de l'avenir
L'EXEMPLE DE DAKAR-POINTE NOIRE
Le développement, foudroyant depuis
Six ans, de l'aviation commerciale, a, sem-
ble-t-il, quelque peu inquiété certains, qui
ont cru y voir une concurrence possible et
même dangereuse pour les entreprises de
transports maritimes.
Il n'en sera rien, croyons-nous, tant que
les « plus lourds que l'air. seront esclaves
jde l'énorme charge de carburant indispen-
sable à un rayon d'action minimum sur les
océans; et de longtemps, la grande majo-
rité des passagers, qui font passer le con-
tfort et le bon marché avant la rapidité, ain-
si que les frêts lourds ou volumineux, con-
tinueront à emprunter la voie maritime
Cependant, l'utilisation de l'avion répon-
dait trop bien à une préoccupation cons-
tante : J'acheminement toujours plus rapide
itiu courtier, - nOUE que les dirigeants des
grandes compagnies maritimes négligeas-
'sent cet auxiliaire précieux, et ainsi, avons-
,iJlOUS vu tout d'abord, ces petits avions ca-
tapultés des grands paquebots, qui permet-
taient au courrier pressé de gagner quel-
iques heures à chaque traversée New-York-
[Çherbourg.
Puis, comprenait que le transport rapide
otet sélectif : l'avion, devait être, non pas le
concurrent, mais le complément logique du
'-transport général et normal: le navire, les
grandes Compagnies maritimes se sont dé-
finitivement lancées dans ce que nous appe-
lons id la formule de l'avenir, la conjugai-
son étroite des transports maritimes et
,aériens, d'où est née, sur l'Atlantique
Nord, Air-France-Transatlantique.
•
• *
L'utilisation de l'avion pour les trans-
ports commerciaux intercontinentaux est,
en effet, venue rappeler aux Compagnies
maritimes, qui auraient pu l'oublier par
habitude -, que leur but n'était pas l'uni-
que exploitation de navires, mais le trans- j
port de la poste, de passagers et de mar-
chandises, far le moyen le mieux condition- I
'-'-., iii., pd qiïil M.
Ceci posé, il ne- leur restait plus qu'à
étudier l'association pratique de l'avion et
du navire, et, pour cela, les Compagnies
maritimes étaient merveilleusement bien
placées, la longue expérience de leurs ser-
vices techniques et commerciaux ; s'appli-
quant sans surprise et presque sans frais
nouveaux, au fonctionnement des grands
aérobus de transports, véritables navires
aériens, soumis aux mêmes lois de météoro-
logie, de navigation par l'observation des
astres, de liaison radiotélégraphique, de
routes à suivre, d'amortissement et renou-
vellement du matériel, et à leur exploitation
commerciale des mêmes objets (poste, pas-
sagers, marchandises), avec exactement les
mêmes opérations de douane, d'assurance,
de contentieux nécessitées par les mêmes
échanges internationaux.
Et de cette prédisposition évidente, nous
en concluons qu'il eût été normal de voir,
dès leur naissance, les aviations commer-
ciales continentales exister, non pas dans
le cadre de nouvelles sociétés terrestres,
hâtivement créées, qui avaient tout à ap-
prendre et à organiser, mais dans l'ex-
tension logique des Compagnies maritimes
elles-mêmes, dont c'était le rôle certain,
depuis le port de débarquement, de conti-
nuer à assurer le transport du courrier, des
passagers et marchandises (au moins le frêt
léger et jrgent), jusqu'à leur point final de
.destination.
Ceci aurait, croyons-nous, évité bien des
mécomptes dus à l'inexpérience commer-
ciale de services neufs et spécifiquement
terrestres, alors que, répétons-le, le gros
avion de transport est d'une façon frap-
pante, et dans toutes ses résultantes, tech-
niques et commerciales, un navire - un
navire aérien.
0
•\
Et c'est pourquoi nous nous plaisons par-
ticulièrement à souligner ici, le remarqua-
ble exemple, dans cette formule de l'ave-
nir, de la liaison aérienne Dakar-Cotonou-
Pointe Noire, avec la ligne auxiliaire ter-
restre : Cotonou-Niamey, assurée par la
Société Aéromaritime, conception et réalisa-
tion de la Compagnie des Chargeurs Réu-
nis, entreprise de transports maritimes.
C'est le 28 mars 1935 que par une Con-
vention signée avec les Ministères des P.
,T. T. et de l'Air, la Compagnie s'engageait
!à assurer un service aérien hebdomadaire
entre Dakar et Pointe-Noire, en étroite
collaboration avec ses navires. Et cette
Compagnie se rendait si bien compte de ce
que nous exposons ci-dessus, que ; dès le
17 avril suivant, un avenant à ladite Con-
vention l'autorisait à exploiter un service
aérien, également hebdomadaire et en cor-
respondance, sur le parcours terrestre Coto-
nou-Niamey.
***
L'Aéroniaritime a été organisée- sur le
système fonctionnant /aux. Etats-Unis :
l'Etat assurant l'établissement de l'infras-
tructure de la ligne, et de la protection mé-
téorologique ; la Compagnie fournissant le
matériel, le , personnel navigant, et assu-
rant le transport de la poste, du fret, et
lorsque le Ministère de lAk, l'autorisera, le
transport des passagers; service pour lequel
elle reçoit une rémunération fixe, au kilo
de poste transporté.
Dès juillet 1935, la ligne Niamey-Coto-
nou (900 km) fonctionnait, d'abord avec
des avions terrestres, assurant à Niamey la
correspondance avec les lignes de la Régie
Air-Afrique et de la Compagnie belge Sa-
bena, en provenance et à destination de la
France.
La ligne aérienne Dakar-Pointe-Noire
devant escaler à Conakry, Monrovia, Abid-
jan, Takoradi, Cotonou, Douala, Libre-
ville et Port-Gentil (environ 5.000 km, soit
700 km de plus que Los-Angelès-New-
York) fut un peu plus longue et délicate à
mettre -- au point.
En effet, certaines des escales prévues
offrant seulement un terrain propice, d'au-
tres seulement un plan d'eau, on ne pou-
vait employer uniquement soit des avions,
soit des hydravions ; il fallait donc des ap-
pareils mixtes, capables à la foi d'atterrir
et de se poser et durer si nécessaire
sur l'Océan.
Aucune maison française ne pouvant
fournir des appareils répondant à ces con-
ditions, la Compagnie adopta des amphi-
bies commerciaux Sikorsky S 43 aux carac-
téristiques suivantes : 2 moteurs de 750 CV,
rayon d'action de 1.800 km à une moyenne
commerciale de 230 km-heure, poids total :
8.600 kgs, dont une charge utile de 1.010
kgs. L Aéromaritime dispose de 3 de ces
appareils, et d'un amphibie de réserve, type
S 38. Un quatrième S 43 vient d'être com-
mandé.
- -
L'aménagement des terrains et plans
d'eau ayant été terminé au début de cette
année entre Dakar et Cotonou, le trafic de
la poste et du fret sur ce parcours a com-
mencé le i" mars. Des voyages réguliers
ont été entrepris sur Cotonou-Pointe-Noire
depuis le 17 mai.
Actuellement, le service aérien de l'Aéro-
maritime, en correspondance à Dakar avec
1A ligne France-A.O.F.-Amérique du Sud
'(Cie Air-France) est assuré hebdomadaire
ment : départ de Dakar le lundi matin et
arrivée le jeudi à midi à Pointe-Noire ; dé-
part le vendredi matin, pour être de retour,
à Dakar le dimanche, à 17 heures.
Depuis l'ouverture de la ligne, malgré le
tenips parfois défavorable, le service a
fonctionné très régulièrement avec 55.000
kms parcourus. sur' Dakar-Cotonou (le.
mars-15 mai) et 80.000 kms sur le parcours
complet Dakar-Pointe-Noire (17 mai au
15 juillet).
Cette belle réussite qui prouve la qualité
du matériel, montre aussi la valeur des
équipages et le dévouement du personnel,
qu'il serait ingrat d'oublier.
L'Aéromaritime, dirigée par le comman.
dant Carrié, en résidence à Abidjan, base
principale, comprend huit pilotes éprouvés,
dont certains anciens de l'Atlantique-Sud :
MM. Pivot, Herviou, Janet, Souville, La-
barbarie, Duchesne, Hervé, Lescure ;
quatre radios également chevronnés : Ma-
nuel, Fournier, Desroses, Lemee ; ainsi
que les quatre mécaniciens navigants :
Mistrot, Beudon, Vernaz, Lecorre.
•••
L'utilité, nous dirons la nécessité -
de la formule : association du navire et de
l'avion, est désormais consacrée, particuliè-
rement pour les colonies, par les résultats
des services de l'Aéromaritime : de France
au Congo, le courrier parvient en quatre
jours et demi par avion, au lieu de vingt
jours par la voie maritime ! Aussi depuis
le début du service, l'importance du cour-
rier transporté n'a fait que progresser, et en
raison de la régularité du service, depuis le
13 septembre, la ligne Dakar-Pointe-Noire
vient d'être ouverte aux passagers. A côté
de la liaison avec la France, le trafic inter-
colonial est lement 5-ce, le trafic inter-
colonial est également grandement facilité,
et le service est extrêmement précieux pour
le transport rapide des remèdes, sérums,
etc., pour secourir et transporter les mala-
des, éviter les épidémies, etc.
Il nous convient de faire remarquer que
la création de l'Aéromaritime par la Com-
pagnie des Chargeurs Réunis, initiative
française, est une belle propagande natio-
nale, portant sur 5.000 km de la côte occi-
dentale d'Afrique, comprenant, outre des
colonies françaises, des colonies anglaises,
belge, espagnole, portugaise, et l'Etat indé-
pendant du Liberia.
Déjà, une Compagnie de navigation an-
glaise envisage de doubler ses lignes mari-
times sur la côte d'Afrique par un service
aérien.
La ligne aéro-maritime Dakar-Niamey.
Pointe-Noire, conception et création fran-
çaises, est un exemple que les Anglais, -
maîtres colonisateurs vont suivre.
Nous pouvons donc en féliciter les orga-
nisateurs, qui ont osé.
Ne perdons pas, en outre, le fruit de leur
réussite et de leur enseignement, et pensons
à équiper pareillement toutes les autres
parties de notre Empire d'Outre-mer.
Jecm-Michel Renaitour,
Député,
Président de la Commission de la Marine
Militaire; Vice-Président de la Commission
dt VAéronautique*
- Plis qil. jaaais,
a Haut-Commissaire :ï'"
aux Affaires HUSlillues
–~5
E gouvernement a été con-
traint de réaliser virtuel-
lement la création d'un
Haut-Commissariat aux
Affaires musulmanes.
Mais il ne l'a point fait
franchement, par décret;
il a simplement, en
post-scriptum à ses déli-
bérations de samedi, glis-
sé dans l'oreille avide
par métier et curieuse
par instinct de la Presse, que M. Albert
Sarraut recevait la mission de c coordonner » le
puzzle de l'Afrique du Nord française.
Les titres nous indiffèrent. Ils doivent être de
même indifférents à un homme qui fut, comme
Président du Conseil, le maître de la France,
comme Gouverneur général, le demi-maître de
l'Indochine. La fonction seule importe. Que le
gouvernement, plaçant sa pudeur là où elle n'a
rien i y faire, n'ait pas osé, et fignole, une fois
de plus, une de ces éternelles demi-mesures, qu'il
est, paraît-il, démocratique de réaliser, il n'y a
rien là pour nous étonner. Ni chair, ni poisson,
maître sans l'être, ainsi la Métropole, ses satelli-
tes, ses malins et ses fauteurs de troubles ne mur-
dront point leurs droitS": M. Sarraut a coôraon*'
nera », rassemblera les ficelles. Mais quelles
mains les tireront ?
Quoi qu'il en soit, un premier pas est fait. Il
est en règle avec la crainte insigne que nous
avons de déléguer trop d'autorité à quelqu'un :
la dictature de Staline, de Hitler et de Mussolini,
n'est point notre fait. Une médiocre autorité, ro-
gnée, brimée, contrôlée, discutée, s'accorde assez
bien avec la mentalité du Français w siècle. Il
redoute les maîtres, autant que les responsabili-
tés.
Ainsi, M. Albert Sarraut ne semble pas avoir
reçu les pouvoirs de commander au Gouverneur
général de l'Algérie, comme à nos résidents
généraux de Tunisie et du Maroc. Il est, en fait,
le président actif mettons le directeur du
Haut-Comité Méditerranéen. Il suggérera, insi-
nuera, proposera, inspirera peut-être : il n'or-
donnera point, ne commandera point. La Répu-
blique est sauvée, en même temps que l'Adminis-
tration.
D'aucuns vont prétendre que nous sommes en-
core mécontents, et que cette mesure cependant
préconisée par nous, soulève aujourd'hui notre
critique après avoir été appelée de nos vœux. On
nous accuse, effectivement, de gueuler tout le
temps. Nos critiques sont-elles donc injustifiées,
fies scandales que nous dénonçons, inventés par
nous, les méthodes condamnées ici-même, dignes
de ce pays, surtout en territoire d outre-mer, 04
la qualité des hommes devrait être *
eu égard aux populations à qui elle est offerte en
exemple ?
Nous avons réclamé la création d'un Haut-
Commissariat augteAffaires Musulmanes, comme
après la guerre "fut créé celui' de l'AIsace.LOr.
raine, et celui de la Rhénanie.
Nous avons représenté que le bloc arabe était
en puissance, et que la pensée musulmane, cou-
lée au Caire, faisait vibrer les cœurs à Marrakech
comme à Téhéran, en Palestine comme dans
l'Inde. Nous avons dit que la France, en Algérie,
en Tunisie, au Maroc, en Syrie, au Liban, en
A.O.F., et sur queues autres points clairsemés
de ses colonies, avait cl.rrge de musulmans, au
point qu'elle est après la Grande-Bretagne, la
seconde puissance musulmane du monde. Nous
avons demandé que cette situation soit considé-
rée, au triple point de vue religieux, politique, éco-
nomique, et que la France musulmane ainsi déli.
mitée, reçoive enfin, auprès du gouvernement,
son Ambassadeur.
Au lieu de cela, et simplement en considération
de troubles qu'une politique d'Empire ferait im-
médiatement cesser, on délègue un Ministre
d'Etat dans des fonctions de gendarme 1 On ré-
pond à certaines plaintes, vis-à-vis de menées
« fascistes », à certain malaise que le Haut-Co-
mité Méditerranéen, qui s'occupe à on ne sait
quoi, n'a défini à aucun moment. La foi, la poli-
tique, l'économique sont, une fois de plus, lais-
sés de côté. On pare à l'immédiat : les troubles.
*
* *
Un seul espoir nous demeure : la personnalité
de M. Albert Sarraut. L'outil sera celui qu'il for-
gera. Des billevesées républicaines, quant à l'os-
tracisme athénien qui nous hante, il peut faire des
boulettes de papier mâché. Au-dessus des médio-
cres horizons humains, il y a le pays, qui a pris
la charge d'un immense pays musulman. L'un et
l'autre ne peuvent demeurer sans chefs, ou plu-
tôt, sans autorité.
M. Albert Sarraut aura peut-être à cœur de
nous le prouver.
C'est ce que nous souhaitons de tout notre
cœur.
Raoul Monmarson.
i 1
M. Albert Sarraut
« coordonnateur »
de l'Afrique du Nord
A l'issue du conseil des ministres, tenu
samedi sous la présidence de M. Albert Le-
brun, président de la République, la commu-
nication-suivante a été faite :
Le gouvernement, prêt à envisager dam
le plus grand esprit d'équité les revendica-
tions légitimes des populations, n'est pat
moins résolu à maintenir partout l'ordre ptt*
blic el le respect de la puissance française.
En vue de coordonner les efforts du gouver-
neur général et des résidents généraux et de
régler avec promptitude et autorité tous les
problèmes d'intérêt général ou de caractère
politique qui intéressent l'Afrique du Nord,
le Conseil, sur la proposition des ministres
des Alfaires étrangères et de l'Intérieur, dé-
signe M. Albert Sarraut, ministre d'Etat,
pour exercer en son nom le contrôle et U1
coordination des administrations de l'Afri-
que du Nord..
M. Albert Sarraut, ministre d'Etat, demeure
cependant ministre d'Etat : il ne reçoit, eu
égard à ces hautes fonctions, aucun titre, com-
missaire général ou haut-commissaire. Pas plus
que celui de « Ministre de l'Afrique du
Nord ». Aucun décret n'a en effet paru à
l'Officiel portant création d'emploi.
* l'MMistratiM mt-elfe .,
chasser définffiraneirt les Français
de l'Océanie française ?
Lu décret du 24 mai 1932 a autorisé le gou-
verneur des Etablissements français de
l'Océanie, à « interdire l'accès et le séjour
de certaines îles, aux personnes qui n'en
sont pas originaires H. L'exposé des motifs
précisait qu'il s'agissait, « par des mesures
exceptionnelles, de remédier aux dangers que
font courir: au prestige de notre pavillon les
agissements de - quelques individus dans cer-
taines îles isolées, hors de tout-contrôle admi-
nistratif régulier ».
Le 3 juillet 1936, prétextant « les abus
auxquels peut donner lieu le séjour d'étran-
gers, M. Sautôt, gouverneur par intérim, pre-
nait trois arrêtés ainsi disposés :
& -. -.- -
Anicie premier. En application des disposi-
tions du décret du 24 mai 1932 susvisé. H est In-
terdit aux Français, aux- protégés eu sujets fran-
çais et aux étrangers ayant à la date du 1er juil-
let 1936 moins de trois mois de résidence :
1* Dans les Iles de l'archipel des Marquises au-
tres que Nuku-Hiva et Hlva-Oa ;
S* et 30 Dans les lies Rapa et Malao ;
De séjourner dans ces lies plus de 48 heures
consécutives. s'ils n'en sont pas. originaires.
Article 2. Cette Interdiction ne s'applique
pas aux fonctionnaires des divers services admi-
nistratifs ainsi qu'aux états-majors et équipages
des navires de guerre et de commerce, à condi-
tion, pour ces derniers, qu'ils n'y séjournent
(' que le temps strictement-nécessaire aux opéra-
tions commercialés.. 1
Article 3. Toutefois, des autorisations de sé-
jour. (dans ces Iles). pourront être délivrées
par le Gouverneur sur la demande motivée des
intéressés, qui devront mentionner le lieu du
séjour prévu dans chaque ile.
Article 4. Les infractions, etc.
, Papeete, le 3 juillet.
Signé : Sautot.
Nous protestâmes énergiquement contre
cette généralisation visiblement excessive,
aux allures de brimades particulières. (Anna-
les Coloniales, 4 septembre 1936.)
Avec le départ de M. Sautôt, dans les édi-
fiantes circonstances que l'on sait, on pou-
vait croire l'ère dictatoriale disparue.
*
* *
Hélas, voici l'arrêté stupéfiant du nouveau
gouverneur titulaire, M. Chastenet de Géry,
que nous apporte le courrier d'Océanie :
ARRETE DU M "UILLIT 1937
Article premier. -L'aocès et le séjour dans les
Iles Rurutu et Rlmatara sont Interdits aux per-
sonpes non originaires de ces lies.
Article 2. Des dérogations aux dispositions
de l'art. ter pourront être accordées par le Gou-
verneur aux personnes qui en feront la demande
motivée.
Article 3. Le chef de la Sûreté et le chef du
Poste administratif des Iles Rurutu et Rimatara
sont chargés de l'exécution du présent arrêté,
etc., etc.
Puisqu'il existe, à Rurutu et Rimatara; un
, clief ie foste administratif habilité pour fai-
ie.' respecter Tes décisions ^ubernatorales, ces
îles ne sont donc pas « isolées, hors de tout
contrôle administratif régulier II. 1 Donc, il y
a déjà, application abusive .-dMin décret, qui
est, par-ailleurs, comme beaucoup d'autres,
anticonstitutionnel et illégal.
Cette fois, plus de ménagements : plus
de 48 heures de tolérance, plus de liberté du
commerce : toute circulation, toute visite,
tout séjour sont interdits. Les fonctionnaires
et la marine de guerre elle-même, ne sont
plus. dispensés de faire une demande « mo-
tivée Il d'autorisation !
Au fait, quelles seront, selon le bon plai-
sir du gouverneur, ces demandes suffisam-
ment « motivées » ? La curiosité toujours in-
discrète d'un journaliste, qui voudra juger
de visu dans quelles conditions s'opère cette
si énergique cc protection des indigènes, et
du prestige français », sera-t-elle « moti-
vée » ? --
Nous pouvons en douter, qui journaliste,
-témoin gênanf et trop bavard, avons reçu, en
février 1936, interdiction de séjour de l'en-
semble de l'Océanie française, par une appli-
cation également abusive du même décret,
dont prochainement le Conseil d'Etat dira
ce qu'il en pense.
Que pense aussi de ces abus M. de Chappe-
delaine, qui signa en 1932, comme ministre
des colonies, le décret permettant de telles
atteintes antirépublicaines aux droits des ci-
toyens français d'Océanie, de qui, oh iro-
nie ! il sollicitera les voix, le 7 novembre
prochain, pour les représenter au Conseil
Supérieur de la France d'Outre-Mer ?
•%
Que se pàsse-t-il 1 à nouveau à Tahiti ?
Quelles personnalités locales veut-on attein-
dre, et pourquoi ne frappe-t-on pas, indivi-
duellement, les « indésirables Il au lieu de
brimer tout le monde, en bloc ?
Archipel des Marquises, Maiao, Rapa; Ru-
rutù, Rimatara : les Français seront-ils fina-
lement évincés cl" toutes les îles de l'Océanie
française ?
Curieuse façon, en vérité, d'administrer
des territoires que d'y faire le vide et d'y
traiter les habitants citoyens français
en parias !
Si l'administration coloniale française
avoue ainsi son impuissance à gouverner
normalement nos possessions, l'étranger en
tirera profit à aos dépens.
En attendant cette échéance, qui ne tarde-
ra pas, Français qui entendez de beaux dis-
cours sur la colonisation, apprenez qu'en
Océanie vous être, a priori, indésirables, et
qu'on vous y rejette, sans - façons, à la
iner !
Roger Bourgeois.
) +,a. <-
M. Le Beau a rejoint son poste
M. Le Beau. gouverneur général de l'Al-
gérie, a quitté Paris lundi soir pour Alger, où
il est arrivé avant-hier matin par Ville d'Alger.
Sa dernière visite officielle avait été, dans
.Ia matinée, pour M. Raoul Aubaud, sous-
secrétaire d'Etat au ministère de l'Intérieur,
avec qui il s'était longuement entretenu des
affaires algériennes.
.et M. Guillon retourne à Tunis
M. Guillon, Résident général de Fiance en
Tunisie, s'est embarqué hier matin sur Ville-
d'Oran pour Bizerte.
Avant son départ, M. Guillon n'a fait au-
cune déclaration.
- Bagarre
en A. E. F.
Le Gouverneur général de l'A. E. F., M.
Reste, a de chauds partisans et de sombres dé-
tracteurs. Ces dentiers ont un avantage : la plu-
part sont à Paris et hantent l'entourage du mi-
niitre, essayant avec plus ou moins de bonheur,
souvent en dehors des règles administratives; et
de la stricte mission confiée à un Gouverneur
général, de saper l'œuvre ardente entreprise en
A .E.F: par un homme qui tente avec une éner-
gie farouche de redonner une âme à un pays
qui aoait perdu la sienne.
Lancer l'A. E. F. sans argent, et souvent
contre' la forcé d'inertie opposée par combien
de fonctionnaires à celui qui a cette outrecui-
dance d'exiger le travail pour lequel ils sont
payés 1 Voilà le crime reproché à M. Reste.
M. Moatet, dans cette violente offensive,
sama-t-il, en toute équité, examiner en grand
ministre les éléments du débat ? Nous publie-
rons la chronologie des attaques et les noms des
assaillants, en établissant. les procédés qu'ils
emploient. Cela pourra être utile, et le dossier
n'en sera que plus probant.
* * -' .,.:' -~
En attendant, hors de ces intrigues métropo-
litaines, l'A. E. F. poursuit normalement son
chemin. Sibiti et le Bas-Kouilou gagnent de
l'argent : cette dernière région avec les bois.
L'ouverture de la route - du Gabon a rendu
accessible la région de Mouila et le commerce
s'étend de ce côté, il y a donc des progrès
réels. Il suffit, pour s'en convaincre. de com-
parer les chiffres officiels de la douane qui ne
fait pas de tape.à-/' œil. Recettes du premier
semestre 193,7 : 31.145.472 fr. 61, soit une
plus-value de 3.145.472 fr. 66 sur les prévi-
sions budgétaires, et une plus-value de 12 mil.
lions 873.383 Ir. 06 sur les recettes douanières
du premier - semestre de - 1936.
Voici le tonnage des exportations du premier
semestre de 1937 : 271.987 tonnes, contre
191.370 tonnes pendant le premier semestre
de 1936, soit une plus-value pour le premier
de 1936, 1937 : de 80.617 tonnes, dont les
semestre
produits agricoles de culture pour le premier
semestre de 1937 sont de ; 7.494 tonnes (coton
égrené 5.599 tonnes) ; les produits agricoles de
cueillette de 10.260 tonnes ; les produits de
forêts : 238.128 tonnes ; or, 295 kg. 701 ; dia-
njai*: 2.992 carats ; zinc, 200 tomes. Pro-
duits élevage et chasse : premier semestre 1937:
bétail, 91.765 têtes; beurre frais, 223 tonnes;
ivoire brut : 2 tonnes 550 ; ivoire travaillé :
1 t. 103 ; peaux bnites, 478 tonnes.
En résumé,, la plus-value de 80.617 tonnes,
constatée au mouvement de Fexportation du
premier semestre 1937, par rapport au premier
semestre de 1936, est due en majeure partie à
un accroissement notable des sorties d'okoumé
et de bois divers (70.000 tonnes) et aux sor-
ties de produits agricoles (3.500 tonnes), le res-
tant de la plus-value affectant les produits ci-I
vriers et les produits de l'élevage.
m
* *
Nous avons, lors d'un dernier courrier, traité
de Pointe-Noire. Voici ce qui concerne le de-
gré d'expansion.
L'œuvre répond aux malades de l'intrigue,
de la jalousie et de la pauvreté J'esprit.
> -
Conseils de gouvernement
En A.O.F.
Le Conseil de gouvernement de l'A.O.F. se
tiendra à Dakar durant la première semaine
de novembre.
HARfr TOUJOURS
SUR LA COLONISATION î
Pour ouvrir les travaux du « Congrès Je
l'Outillage Public et privé de la France
d'Outre-Mer », M. Gaston Monneroi/le,
sous-secrétaire d'Etat aux Colonies, a prononcé
un discours qui contient d'excellentes chOlU.
Nous retiendrons surtout ce qu'il a dit du fa-
meux « Fonds colonial » :
J'ai eu l'honneur de rapporter et de soutenir
devant la Chambre des Députés le projet flOU.
verne mental, actuellement pendant devant. te
Sénat. Il est superflu de vous donner ici l'an-
surance que, comme membre du gouvernement,
j'en poursuis la réalisation rapide, en parfait
accord avec il. le ministre des Colonies.
Ce projet dont l'lmportance n'échappe potnt
à vos eaprits acerllS, s'inspire de cette idée
essentielle que la Métropole ne peut laisser à
la charge des eolo-iics les frais exclusifs d'un
équipement qui, en défintttve, doit profiter et
profite en fait à la communauté française. Le
nystème du self-supporling est périmé. Il doit
être remplacé par une politique qui affirme
l'intcrdépemi-iucc économique de tous les' élé-
ments rff cette communauté et qui se tonde :SUr
la réciprocité de leurs communs efforts.
»
* *
M. Monnerville s'est ensuite déclaré dac-
cord sur. le principe des travaux d'outillage,
non plus considérables tels qu'ils avaient été
prévus alors que la France avait de l'argent,
mais modestes, par petits paqueis, à là mesaré
des faibles ressources dont dispose actuelle-
ment la Métropole.
Mais dans quel but ces travaux envisagés ?
Pour réaliser, ou favoriser, l'évacuation de
quelle production ? Le ministère persiste a
ignorer qu'avant d'équiper il importe de colo-
niser, et de régler la question, si angoissante,
de la main-cf œuvre. Il persiste à ne pas réagir
contre une tendance quasi unanime : cc Le
colon, voilà l'ennemi ! » M. Marius MouId,
qui pratique une politique socialiste, ne peut
ignorer, ministre, les cas dont il eut à connaître
comme avocat. Il ne peut. oubliant un passé
si récent, ignorer ce qu'est réellement la Co-
lonie, au point de vue des pauvres bougru
qui ont commis l'erreur de croire au porte-voix
d'une fausse propagande.
Ces colons, auxquels de plus en plus s'atta-
'che une sorte de rancune, auxquels on reproche
6 miracle ! d'avoir gagné de F argent
alors qu'ils se crèvent la peau souvent depuis
plus d'un quart de siècle, ce sont les ptlÑtI,
les bêtes sur lesquelles il faut tirer à bout por-
tant. Ah. que les colonies seraient belles sans
eux ! Et quel magnifique parc national elles
constitueraient 1
* *
Nous en sommes à considérer qu'rme nation
éfrangère, mieux que la France, en seareàt tirer
parti. Elles ne sont pour nous que des ||»«IÉ
administratifs. On oublie qu'il 37 a encore da
hommes qui prétendent vivre libres, â leurs
risques et périls. et non pas pipe au'râtelier,
pantoufles devant la cheminée. On oublie que
le goût du risque qu'on saura demain st dé-
votement adorer, quand on demandera à ceui.
là qui en sont possédés de se faire proprement
casser la gueule, au bénéfice de la commu.
nauté, lors de la prochaine guerre hante
encore quelques-uns, qui croient pouvoir cons-
truire sur des territoires neufs.
•
* «
On veut administrer les indigènes, lem
« suggérer » de travailler, et équiper le pays-
pour assurer l'évacuation de leur production,
alors qu'ils sont même incapables de tirer du sol
leur nourriture !
Continuons donc à adorer notre erreur 1
Et préparons-noas aux augmentations d'im-
pôts qu'elle nous vaudra, grat/uellemenl.
proportionnellement au nombre de fonctionnai-
res nouveaux qu'il sera nécessaire J'embaucher
pour en dresser le bilan, administratif et comp- *
table ! 1
PALESTINE 37
ALEA JACTA EST.
par Emile Lambiri
Jérusalem, 2 octobre.
La Grande-Bretagne, puissance mandataire
de la Palestine et les autorités de ce dernier
pays, après avoir très longtemps hésité, déci-
dent, hardiment, de mettre une fois pour toutes
de l'ordre dans le pays ébranlé par les évé-
nements qui se sont succédé et se succèdent
depuis plus d'une année.
Mais. se demanderont les plus pessimistes.
qu'attendait la puissance mandataire pour agir?
Ce sont les faits eux-mêmes qui peuvent ré-
pondre à cette demande : l' assassinat du com-
missaire Andrews et, par la suite, l'article de
fond du Times consacré entièrement à cet
assassinat. Le Times critiqua sévèrement l'atti-
tude du gouvernement mandataire qui, d'après
lui, n'est pas capable de protéger ses meilleurs
serviteurs contre le terrorisme arabe. Le journal
déplore le régime de faiblesse des autorités
palestiniennes qui ne veulent pas, ou ne peu-
vent pas faire respecter les lois, et fait les
éloges de la victime en déclarant notamment
que M. Andrews, d'origine australienne, était
un serviteur fidèle et courageux de l'Angle-
terre et s'est distingué en Palestine par sa droi-
ture et son' esDrit de iustice
-- - -- -,- - - -
D'après le Times, les Arabes ont assassiné
M. Andrews parce qu °ils savaient qu'il, était
en faveur du projet de partage, qu'il considé-
rait comme la meilleure solution du problème
palestinien.
La Grande-Bretagne est donc f ornement ré-
solue de trancher cette question « épineuse ».
Y parviendra-t-elle ? C'est ce que se demande
tout le monde.
Comme je vous le disais dans ma dernière,
lettre, je prévoyais que des événements graves
se dérouleraient sur le sol palestinien. Pour
pouvoir donc mieux renseigner, je me décidai
de faire le voyage du Caire à Jérusalem, d'où
je vous trace ces lignes.
*
m *
En mettant pied à terre, le 28 septembre,
à Lydda, gare de bifurcation vers Hairfa, Jaf-
fa, Tel-Aviv, Jérusalem, je sens déjà que tout
n'est pas sur des roses. L'horizon est Lourde
Des militaires anglais, des policiers palesti-
niens, des inspecteurs civils guettent attentive-
ment les passagers qui descendent du train, mais
surtout ceux qui y montent. Le train par lequel
nous Sommes arrivés continuera dans quelques
minutes sa marche vers Haiffa, terminus de h
ligne Egypte-palestine.
L'autobus des chemins de fer palestiniens,
qui nous transportera à la Ville Sainte, stationne
à la sortie de la gare de Lydda. Nous ne sommes
que trois voyageurs, nous entrons au buffet. Les
tables sont toutes prises et les consommateurs
discutent. La question du jour est l'assassinat
des deux Anglais. Les journaux hébreux du
matin circulent de main en main. Les consom-
mateurs attablés sont des colons venus des
champs voisins pour se procurer les journaux
et prendre le petit déjeuner.
Là, j'apprends que les funérailles du re-
gretté Andrews et du policier Mc Ewaaa ont
eu lieu la veille après-midi à Jérusalem au
milieu d'une très grande affluence j Mr Bd.
Riiactton & A dm inistratiem :
1, Km ét la Berne
PARIS (2°)
TÉL. : RICHELIEU 7341
(2 lignes groupées)
1
1 -. "j' -
38* ANNEE.N« 51. ? V T VENDREDI (13 h. 30), 8 OCTOBRE 1937
1
- -t - 1
Les Annales Coloniales
-' ,: i"{ ,',' ': ,':< ,,' ,"', .,
Fondateur : Marcel RUEDEL .!' ,'.: .=- ,.-.; ," -', ',' : Directeur Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec la Rnut illustrée:
Os» «Mets 3Mai*
- - -
Franc* at
CettniM.-'M. 100* se 3*
Etranger.. 240 » 125 » 79 » :
La Numéra : t franc
On s'abonne sans eraia dans
tous les bureaux de polie.
Les Transports maritimes
et aériens conjugués:
Formule de l'avenir
L'EXEMPLE DE DAKAR-POINTE NOIRE
Le développement, foudroyant depuis
Six ans, de l'aviation commerciale, a, sem-
ble-t-il, quelque peu inquiété certains, qui
ont cru y voir une concurrence possible et
même dangereuse pour les entreprises de
transports maritimes.
Il n'en sera rien, croyons-nous, tant que
les « plus lourds que l'air. seront esclaves
jde l'énorme charge de carburant indispen-
sable à un rayon d'action minimum sur les
océans; et de longtemps, la grande majo-
rité des passagers, qui font passer le con-
tfort et le bon marché avant la rapidité, ain-
si que les frêts lourds ou volumineux, con-
tinueront à emprunter la voie maritime
Cependant, l'utilisation de l'avion répon-
dait trop bien à une préoccupation cons-
tante : J'acheminement toujours plus rapide
itiu courtier, - nOUE que les dirigeants des
grandes compagnies maritimes négligeas-
'sent cet auxiliaire précieux, et ainsi, avons-
,iJlOUS vu tout d'abord, ces petits avions ca-
tapultés des grands paquebots, qui permet-
taient au courrier pressé de gagner quel-
iques heures à chaque traversée New-York-
[Çherbourg.
Puis, comprenait que le transport rapide
otet sélectif : l'avion, devait être, non pas le
concurrent, mais le complément logique du
'-transport général et normal: le navire, les
grandes Compagnies maritimes se sont dé-
finitivement lancées dans ce que nous appe-
lons id la formule de l'avenir, la conjugai-
son étroite des transports maritimes et
,aériens, d'où est née, sur l'Atlantique
Nord, Air-France-Transatlantique.
•
• *
L'utilisation de l'avion pour les trans-
ports commerciaux intercontinentaux est,
en effet, venue rappeler aux Compagnies
maritimes, qui auraient pu l'oublier par
habitude -, que leur but n'était pas l'uni-
que exploitation de navires, mais le trans- j
port de la poste, de passagers et de mar-
chandises, far le moyen le mieux condition- I
'-'-., iii., pd qiïil M.
Ceci posé, il ne- leur restait plus qu'à
étudier l'association pratique de l'avion et
du navire, et, pour cela, les Compagnies
maritimes étaient merveilleusement bien
placées, la longue expérience de leurs ser-
vices techniques et commerciaux ; s'appli-
quant sans surprise et presque sans frais
nouveaux, au fonctionnement des grands
aérobus de transports, véritables navires
aériens, soumis aux mêmes lois de météoro-
logie, de navigation par l'observation des
astres, de liaison radiotélégraphique, de
routes à suivre, d'amortissement et renou-
vellement du matériel, et à leur exploitation
commerciale des mêmes objets (poste, pas-
sagers, marchandises), avec exactement les
mêmes opérations de douane, d'assurance,
de contentieux nécessitées par les mêmes
échanges internationaux.
Et de cette prédisposition évidente, nous
en concluons qu'il eût été normal de voir,
dès leur naissance, les aviations commer-
ciales continentales exister, non pas dans
le cadre de nouvelles sociétés terrestres,
hâtivement créées, qui avaient tout à ap-
prendre et à organiser, mais dans l'ex-
tension logique des Compagnies maritimes
elles-mêmes, dont c'était le rôle certain,
depuis le port de débarquement, de conti-
nuer à assurer le transport du courrier, des
passagers et marchandises (au moins le frêt
léger et jrgent), jusqu'à leur point final de
.destination.
Ceci aurait, croyons-nous, évité bien des
mécomptes dus à l'inexpérience commer-
ciale de services neufs et spécifiquement
terrestres, alors que, répétons-le, le gros
avion de transport est d'une façon frap-
pante, et dans toutes ses résultantes, tech-
niques et commerciales, un navire - un
navire aérien.
0
•\
Et c'est pourquoi nous nous plaisons par-
ticulièrement à souligner ici, le remarqua-
ble exemple, dans cette formule de l'ave-
nir, de la liaison aérienne Dakar-Cotonou-
Pointe Noire, avec la ligne auxiliaire ter-
restre : Cotonou-Niamey, assurée par la
Société Aéromaritime, conception et réalisa-
tion de la Compagnie des Chargeurs Réu-
nis, entreprise de transports maritimes.
C'est le 28 mars 1935 que par une Con-
vention signée avec les Ministères des P.
,T. T. et de l'Air, la Compagnie s'engageait
!à assurer un service aérien hebdomadaire
entre Dakar et Pointe-Noire, en étroite
collaboration avec ses navires. Et cette
Compagnie se rendait si bien compte de ce
que nous exposons ci-dessus, que ; dès le
17 avril suivant, un avenant à ladite Con-
vention l'autorisait à exploiter un service
aérien, également hebdomadaire et en cor-
respondance, sur le parcours terrestre Coto-
nou-Niamey.
***
L'Aéroniaritime a été organisée- sur le
système fonctionnant /aux. Etats-Unis :
l'Etat assurant l'établissement de l'infras-
tructure de la ligne, et de la protection mé-
téorologique ; la Compagnie fournissant le
matériel, le , personnel navigant, et assu-
rant le transport de la poste, du fret, et
lorsque le Ministère de lAk, l'autorisera, le
transport des passagers; service pour lequel
elle reçoit une rémunération fixe, au kilo
de poste transporté.
Dès juillet 1935, la ligne Niamey-Coto-
nou (900 km) fonctionnait, d'abord avec
des avions terrestres, assurant à Niamey la
correspondance avec les lignes de la Régie
Air-Afrique et de la Compagnie belge Sa-
bena, en provenance et à destination de la
France.
La ligne aérienne Dakar-Pointe-Noire
devant escaler à Conakry, Monrovia, Abid-
jan, Takoradi, Cotonou, Douala, Libre-
ville et Port-Gentil (environ 5.000 km, soit
700 km de plus que Los-Angelès-New-
York) fut un peu plus longue et délicate à
mettre -- au point.
En effet, certaines des escales prévues
offrant seulement un terrain propice, d'au-
tres seulement un plan d'eau, on ne pou-
vait employer uniquement soit des avions,
soit des hydravions ; il fallait donc des ap-
pareils mixtes, capables à la foi d'atterrir
et de se poser et durer si nécessaire
sur l'Océan.
Aucune maison française ne pouvant
fournir des appareils répondant à ces con-
ditions, la Compagnie adopta des amphi-
bies commerciaux Sikorsky S 43 aux carac-
téristiques suivantes : 2 moteurs de 750 CV,
rayon d'action de 1.800 km à une moyenne
commerciale de 230 km-heure, poids total :
8.600 kgs, dont une charge utile de 1.010
kgs. L Aéromaritime dispose de 3 de ces
appareils, et d'un amphibie de réserve, type
S 38. Un quatrième S 43 vient d'être com-
mandé.
- -
L'aménagement des terrains et plans
d'eau ayant été terminé au début de cette
année entre Dakar et Cotonou, le trafic de
la poste et du fret sur ce parcours a com-
mencé le i" mars. Des voyages réguliers
ont été entrepris sur Cotonou-Pointe-Noire
depuis le 17 mai.
Actuellement, le service aérien de l'Aéro-
maritime, en correspondance à Dakar avec
1A ligne France-A.O.F.-Amérique du Sud
'(Cie Air-France) est assuré hebdomadaire
ment : départ de Dakar le lundi matin et
arrivée le jeudi à midi à Pointe-Noire ; dé-
part le vendredi matin, pour être de retour,
à Dakar le dimanche, à 17 heures.
Depuis l'ouverture de la ligne, malgré le
tenips parfois défavorable, le service a
fonctionné très régulièrement avec 55.000
kms parcourus. sur' Dakar-Cotonou (le.
mars-15 mai) et 80.000 kms sur le parcours
complet Dakar-Pointe-Noire (17 mai au
15 juillet).
Cette belle réussite qui prouve la qualité
du matériel, montre aussi la valeur des
équipages et le dévouement du personnel,
qu'il serait ingrat d'oublier.
L'Aéromaritime, dirigée par le comman.
dant Carrié, en résidence à Abidjan, base
principale, comprend huit pilotes éprouvés,
dont certains anciens de l'Atlantique-Sud :
MM. Pivot, Herviou, Janet, Souville, La-
barbarie, Duchesne, Hervé, Lescure ;
quatre radios également chevronnés : Ma-
nuel, Fournier, Desroses, Lemee ; ainsi
que les quatre mécaniciens navigants :
Mistrot, Beudon, Vernaz, Lecorre.
•••
L'utilité, nous dirons la nécessité -
de la formule : association du navire et de
l'avion, est désormais consacrée, particuliè-
rement pour les colonies, par les résultats
des services de l'Aéromaritime : de France
au Congo, le courrier parvient en quatre
jours et demi par avion, au lieu de vingt
jours par la voie maritime ! Aussi depuis
le début du service, l'importance du cour-
rier transporté n'a fait que progresser, et en
raison de la régularité du service, depuis le
13 septembre, la ligne Dakar-Pointe-Noire
vient d'être ouverte aux passagers. A côté
de la liaison avec la France, le trafic inter-
colonial est lement 5-ce, le trafic inter-
colonial est également grandement facilité,
et le service est extrêmement précieux pour
le transport rapide des remèdes, sérums,
etc., pour secourir et transporter les mala-
des, éviter les épidémies, etc.
Il nous convient de faire remarquer que
la création de l'Aéromaritime par la Com-
pagnie des Chargeurs Réunis, initiative
française, est une belle propagande natio-
nale, portant sur 5.000 km de la côte occi-
dentale d'Afrique, comprenant, outre des
colonies françaises, des colonies anglaises,
belge, espagnole, portugaise, et l'Etat indé-
pendant du Liberia.
Déjà, une Compagnie de navigation an-
glaise envisage de doubler ses lignes mari-
times sur la côte d'Afrique par un service
aérien.
La ligne aéro-maritime Dakar-Niamey.
Pointe-Noire, conception et création fran-
çaises, est un exemple que les Anglais, -
maîtres colonisateurs vont suivre.
Nous pouvons donc en féliciter les orga-
nisateurs, qui ont osé.
Ne perdons pas, en outre, le fruit de leur
réussite et de leur enseignement, et pensons
à équiper pareillement toutes les autres
parties de notre Empire d'Outre-mer.
Jecm-Michel Renaitour,
Député,
Président de la Commission de la Marine
Militaire; Vice-Président de la Commission
dt VAéronautique*
- Plis qil. jaaais,
a Haut-Commissaire :ï'"
aux Affaires HUSlillues
–~5
E gouvernement a été con-
traint de réaliser virtuel-
lement la création d'un
Haut-Commissariat aux
Affaires musulmanes.
Mais il ne l'a point fait
franchement, par décret;
il a simplement, en
post-scriptum à ses déli-
bérations de samedi, glis-
sé dans l'oreille avide
par métier et curieuse
par instinct de la Presse, que M. Albert
Sarraut recevait la mission de c coordonner » le
puzzle de l'Afrique du Nord française.
Les titres nous indiffèrent. Ils doivent être de
même indifférents à un homme qui fut, comme
Président du Conseil, le maître de la France,
comme Gouverneur général, le demi-maître de
l'Indochine. La fonction seule importe. Que le
gouvernement, plaçant sa pudeur là où elle n'a
rien i y faire, n'ait pas osé, et fignole, une fois
de plus, une de ces éternelles demi-mesures, qu'il
est, paraît-il, démocratique de réaliser, il n'y a
rien là pour nous étonner. Ni chair, ni poisson,
maître sans l'être, ainsi la Métropole, ses satelli-
tes, ses malins et ses fauteurs de troubles ne mur-
dront point leurs droitS": M. Sarraut a coôraon*'
nera », rassemblera les ficelles. Mais quelles
mains les tireront ?
Quoi qu'il en soit, un premier pas est fait. Il
est en règle avec la crainte insigne que nous
avons de déléguer trop d'autorité à quelqu'un :
la dictature de Staline, de Hitler et de Mussolini,
n'est point notre fait. Une médiocre autorité, ro-
gnée, brimée, contrôlée, discutée, s'accorde assez
bien avec la mentalité du Français w siècle. Il
redoute les maîtres, autant que les responsabili-
tés.
Ainsi, M. Albert Sarraut ne semble pas avoir
reçu les pouvoirs de commander au Gouverneur
général de l'Algérie, comme à nos résidents
généraux de Tunisie et du Maroc. Il est, en fait,
le président actif mettons le directeur du
Haut-Comité Méditerranéen. Il suggérera, insi-
nuera, proposera, inspirera peut-être : il n'or-
donnera point, ne commandera point. La Répu-
blique est sauvée, en même temps que l'Adminis-
tration.
D'aucuns vont prétendre que nous sommes en-
core mécontents, et que cette mesure cependant
préconisée par nous, soulève aujourd'hui notre
critique après avoir été appelée de nos vœux. On
nous accuse, effectivement, de gueuler tout le
temps. Nos critiques sont-elles donc injustifiées,
fies scandales que nous dénonçons, inventés par
nous, les méthodes condamnées ici-même, dignes
de ce pays, surtout en territoire d outre-mer, 04
la qualité des hommes devrait être *
eu égard aux populations à qui elle est offerte en
exemple ?
Nous avons réclamé la création d'un Haut-
Commissariat augteAffaires Musulmanes, comme
après la guerre "fut créé celui' de l'AIsace.LOr.
raine, et celui de la Rhénanie.
Nous avons représenté que le bloc arabe était
en puissance, et que la pensée musulmane, cou-
lée au Caire, faisait vibrer les cœurs à Marrakech
comme à Téhéran, en Palestine comme dans
l'Inde. Nous avons dit que la France, en Algérie,
en Tunisie, au Maroc, en Syrie, au Liban, en
A.O.F., et sur queues autres points clairsemés
de ses colonies, avait cl.rrge de musulmans, au
point qu'elle est après la Grande-Bretagne, la
seconde puissance musulmane du monde. Nous
avons demandé que cette situation soit considé-
rée, au triple point de vue religieux, politique, éco-
nomique, et que la France musulmane ainsi déli.
mitée, reçoive enfin, auprès du gouvernement,
son Ambassadeur.
Au lieu de cela, et simplement en considération
de troubles qu'une politique d'Empire ferait im-
médiatement cesser, on délègue un Ministre
d'Etat dans des fonctions de gendarme 1 On ré-
pond à certaines plaintes, vis-à-vis de menées
« fascistes », à certain malaise que le Haut-Co-
mité Méditerranéen, qui s'occupe à on ne sait
quoi, n'a défini à aucun moment. La foi, la poli-
tique, l'économique sont, une fois de plus, lais-
sés de côté. On pare à l'immédiat : les troubles.
*
* *
Un seul espoir nous demeure : la personnalité
de M. Albert Sarraut. L'outil sera celui qu'il for-
gera. Des billevesées républicaines, quant à l'os-
tracisme athénien qui nous hante, il peut faire des
boulettes de papier mâché. Au-dessus des médio-
cres horizons humains, il y a le pays, qui a pris
la charge d'un immense pays musulman. L'un et
l'autre ne peuvent demeurer sans chefs, ou plu-
tôt, sans autorité.
M. Albert Sarraut aura peut-être à cœur de
nous le prouver.
C'est ce que nous souhaitons de tout notre
cœur.
Raoul Monmarson.
i 1
M. Albert Sarraut
« coordonnateur »
de l'Afrique du Nord
A l'issue du conseil des ministres, tenu
samedi sous la présidence de M. Albert Le-
brun, président de la République, la commu-
nication-suivante a été faite :
Le gouvernement, prêt à envisager dam
le plus grand esprit d'équité les revendica-
tions légitimes des populations, n'est pat
moins résolu à maintenir partout l'ordre ptt*
blic el le respect de la puissance française.
En vue de coordonner les efforts du gouver-
neur général et des résidents généraux et de
régler avec promptitude et autorité tous les
problèmes d'intérêt général ou de caractère
politique qui intéressent l'Afrique du Nord,
le Conseil, sur la proposition des ministres
des Alfaires étrangères et de l'Intérieur, dé-
signe M. Albert Sarraut, ministre d'Etat,
pour exercer en son nom le contrôle et U1
coordination des administrations de l'Afri-
que du Nord..
M. Albert Sarraut, ministre d'Etat, demeure
cependant ministre d'Etat : il ne reçoit, eu
égard à ces hautes fonctions, aucun titre, com-
missaire général ou haut-commissaire. Pas plus
que celui de « Ministre de l'Afrique du
Nord ». Aucun décret n'a en effet paru à
l'Officiel portant création d'emploi.
* l'MMistratiM mt-elfe .,
chasser définffiraneirt les Français
de l'Océanie française ?
Lu décret du 24 mai 1932 a autorisé le gou-
verneur des Etablissements français de
l'Océanie, à « interdire l'accès et le séjour
de certaines îles, aux personnes qui n'en
sont pas originaires H. L'exposé des motifs
précisait qu'il s'agissait, « par des mesures
exceptionnelles, de remédier aux dangers que
font courir: au prestige de notre pavillon les
agissements de - quelques individus dans cer-
taines îles isolées, hors de tout-contrôle admi-
nistratif régulier ».
Le 3 juillet 1936, prétextant « les abus
auxquels peut donner lieu le séjour d'étran-
gers, M. Sautôt, gouverneur par intérim, pre-
nait trois arrêtés ainsi disposés :
& -. -.- -
Anicie premier. En application des disposi-
tions du décret du 24 mai 1932 susvisé. H est In-
terdit aux Français, aux- protégés eu sujets fran-
çais et aux étrangers ayant à la date du 1er juil-
let 1936 moins de trois mois de résidence :
1* Dans les Iles de l'archipel des Marquises au-
tres que Nuku-Hiva et Hlva-Oa ;
S* et 30 Dans les lies Rapa et Malao ;
De séjourner dans ces lies plus de 48 heures
consécutives. s'ils n'en sont pas. originaires.
Article 2. Cette Interdiction ne s'applique
pas aux fonctionnaires des divers services admi-
nistratifs ainsi qu'aux états-majors et équipages
des navires de guerre et de commerce, à condi-
tion, pour ces derniers, qu'ils n'y séjournent
(' que le temps strictement-nécessaire aux opéra-
tions commercialés.. 1
Article 3. Toutefois, des autorisations de sé-
jour. (dans ces Iles). pourront être délivrées
par le Gouverneur sur la demande motivée des
intéressés, qui devront mentionner le lieu du
séjour prévu dans chaque ile.
Article 4. Les infractions, etc.
, Papeete, le 3 juillet.
Signé : Sautot.
Nous protestâmes énergiquement contre
cette généralisation visiblement excessive,
aux allures de brimades particulières. (Anna-
les Coloniales, 4 septembre 1936.)
Avec le départ de M. Sautôt, dans les édi-
fiantes circonstances que l'on sait, on pou-
vait croire l'ère dictatoriale disparue.
*
* *
Hélas, voici l'arrêté stupéfiant du nouveau
gouverneur titulaire, M. Chastenet de Géry,
que nous apporte le courrier d'Océanie :
ARRETE DU M "UILLIT 1937
Article premier. -L'aocès et le séjour dans les
Iles Rurutu et Rlmatara sont Interdits aux per-
sonpes non originaires de ces lies.
Article 2. Des dérogations aux dispositions
de l'art. ter pourront être accordées par le Gou-
verneur aux personnes qui en feront la demande
motivée.
Article 3. Le chef de la Sûreté et le chef du
Poste administratif des Iles Rurutu et Rimatara
sont chargés de l'exécution du présent arrêté,
etc., etc.
Puisqu'il existe, à Rurutu et Rimatara; un
, clief ie foste administratif habilité pour fai-
ie.' respecter Tes décisions ^ubernatorales, ces
îles ne sont donc pas « isolées, hors de tout
contrôle administratif régulier II. 1 Donc, il y
a déjà, application abusive .-dMin décret, qui
est, par-ailleurs, comme beaucoup d'autres,
anticonstitutionnel et illégal.
Cette fois, plus de ménagements : plus
de 48 heures de tolérance, plus de liberté du
commerce : toute circulation, toute visite,
tout séjour sont interdits. Les fonctionnaires
et la marine de guerre elle-même, ne sont
plus. dispensés de faire une demande « mo-
tivée Il d'autorisation !
Au fait, quelles seront, selon le bon plai-
sir du gouverneur, ces demandes suffisam-
ment « motivées » ? La curiosité toujours in-
discrète d'un journaliste, qui voudra juger
de visu dans quelles conditions s'opère cette
si énergique cc protection des indigènes, et
du prestige français », sera-t-elle « moti-
vée » ? --
Nous pouvons en douter, qui journaliste,
-témoin gênanf et trop bavard, avons reçu, en
février 1936, interdiction de séjour de l'en-
semble de l'Océanie française, par une appli-
cation également abusive du même décret,
dont prochainement le Conseil d'Etat dira
ce qu'il en pense.
Que pense aussi de ces abus M. de Chappe-
delaine, qui signa en 1932, comme ministre
des colonies, le décret permettant de telles
atteintes antirépublicaines aux droits des ci-
toyens français d'Océanie, de qui, oh iro-
nie ! il sollicitera les voix, le 7 novembre
prochain, pour les représenter au Conseil
Supérieur de la France d'Outre-Mer ?
•%
Que se pàsse-t-il 1 à nouveau à Tahiti ?
Quelles personnalités locales veut-on attein-
dre, et pourquoi ne frappe-t-on pas, indivi-
duellement, les « indésirables Il au lieu de
brimer tout le monde, en bloc ?
Archipel des Marquises, Maiao, Rapa; Ru-
rutù, Rimatara : les Français seront-ils fina-
lement évincés cl" toutes les îles de l'Océanie
française ?
Curieuse façon, en vérité, d'administrer
des territoires que d'y faire le vide et d'y
traiter les habitants citoyens français
en parias !
Si l'administration coloniale française
avoue ainsi son impuissance à gouverner
normalement nos possessions, l'étranger en
tirera profit à aos dépens.
En attendant cette échéance, qui ne tarde-
ra pas, Français qui entendez de beaux dis-
cours sur la colonisation, apprenez qu'en
Océanie vous être, a priori, indésirables, et
qu'on vous y rejette, sans - façons, à la
iner !
Roger Bourgeois.
) +,a. <-
M. Le Beau a rejoint son poste
M. Le Beau. gouverneur général de l'Al-
gérie, a quitté Paris lundi soir pour Alger, où
il est arrivé avant-hier matin par Ville d'Alger.
Sa dernière visite officielle avait été, dans
.Ia matinée, pour M. Raoul Aubaud, sous-
secrétaire d'Etat au ministère de l'Intérieur,
avec qui il s'était longuement entretenu des
affaires algériennes.
.et M. Guillon retourne à Tunis
M. Guillon, Résident général de Fiance en
Tunisie, s'est embarqué hier matin sur Ville-
d'Oran pour Bizerte.
Avant son départ, M. Guillon n'a fait au-
cune déclaration.
- Bagarre
en A. E. F.
Le Gouverneur général de l'A. E. F., M.
Reste, a de chauds partisans et de sombres dé-
tracteurs. Ces dentiers ont un avantage : la plu-
part sont à Paris et hantent l'entourage du mi-
niitre, essayant avec plus ou moins de bonheur,
souvent en dehors des règles administratives; et
de la stricte mission confiée à un Gouverneur
général, de saper l'œuvre ardente entreprise en
A .E.F: par un homme qui tente avec une éner-
gie farouche de redonner une âme à un pays
qui aoait perdu la sienne.
Lancer l'A. E. F. sans argent, et souvent
contre' la forcé d'inertie opposée par combien
de fonctionnaires à celui qui a cette outrecui-
dance d'exiger le travail pour lequel ils sont
payés 1 Voilà le crime reproché à M. Reste.
M. Moatet, dans cette violente offensive,
sama-t-il, en toute équité, examiner en grand
ministre les éléments du débat ? Nous publie-
rons la chronologie des attaques et les noms des
assaillants, en établissant. les procédés qu'ils
emploient. Cela pourra être utile, et le dossier
n'en sera que plus probant.
* * -' .,.:' -~
En attendant, hors de ces intrigues métropo-
litaines, l'A. E. F. poursuit normalement son
chemin. Sibiti et le Bas-Kouilou gagnent de
l'argent : cette dernière région avec les bois.
L'ouverture de la route - du Gabon a rendu
accessible la région de Mouila et le commerce
s'étend de ce côté, il y a donc des progrès
réels. Il suffit, pour s'en convaincre. de com-
parer les chiffres officiels de la douane qui ne
fait pas de tape.à-/' œil. Recettes du premier
semestre 193,7 : 31.145.472 fr. 61, soit une
plus-value de 3.145.472 fr. 66 sur les prévi-
sions budgétaires, et une plus-value de 12 mil.
lions 873.383 Ir. 06 sur les recettes douanières
du premier - semestre de - 1936.
Voici le tonnage des exportations du premier
semestre de 1937 : 271.987 tonnes, contre
191.370 tonnes pendant le premier semestre
de 1936, soit une plus-value pour le premier
de 1936, 1937 : de 80.617 tonnes, dont les
semestre
produits agricoles de culture pour le premier
semestre de 1937 sont de ; 7.494 tonnes (coton
égrené 5.599 tonnes) ; les produits agricoles de
cueillette de 10.260 tonnes ; les produits de
forêts : 238.128 tonnes ; or, 295 kg. 701 ; dia-
njai*: 2.992 carats ; zinc, 200 tomes. Pro-
duits élevage et chasse : premier semestre 1937:
bétail, 91.765 têtes; beurre frais, 223 tonnes;
ivoire brut : 2 tonnes 550 ; ivoire travaillé :
1 t. 103 ; peaux bnites, 478 tonnes.
En résumé,, la plus-value de 80.617 tonnes,
constatée au mouvement de Fexportation du
premier semestre 1937, par rapport au premier
semestre de 1936, est due en majeure partie à
un accroissement notable des sorties d'okoumé
et de bois divers (70.000 tonnes) et aux sor-
ties de produits agricoles (3.500 tonnes), le res-
tant de la plus-value affectant les produits ci-I
vriers et les produits de l'élevage.
m
* *
Nous avons, lors d'un dernier courrier, traité
de Pointe-Noire. Voici ce qui concerne le de-
gré d'expansion.
L'œuvre répond aux malades de l'intrigue,
de la jalousie et de la pauvreté J'esprit.
> -
Conseils de gouvernement
En A.O.F.
Le Conseil de gouvernement de l'A.O.F. se
tiendra à Dakar durant la première semaine
de novembre.
HARfr TOUJOURS
SUR LA COLONISATION î
Pour ouvrir les travaux du « Congrès Je
l'Outillage Public et privé de la France
d'Outre-Mer », M. Gaston Monneroi/le,
sous-secrétaire d'Etat aux Colonies, a prononcé
un discours qui contient d'excellentes chOlU.
Nous retiendrons surtout ce qu'il a dit du fa-
meux « Fonds colonial » :
J'ai eu l'honneur de rapporter et de soutenir
devant la Chambre des Députés le projet flOU.
verne mental, actuellement pendant devant. te
Sénat. Il est superflu de vous donner ici l'an-
surance que, comme membre du gouvernement,
j'en poursuis la réalisation rapide, en parfait
accord avec il. le ministre des Colonies.
Ce projet dont l'lmportance n'échappe potnt
à vos eaprits acerllS, s'inspire de cette idée
essentielle que la Métropole ne peut laisser à
la charge des eolo-iics les frais exclusifs d'un
équipement qui, en défintttve, doit profiter et
profite en fait à la communauté française. Le
nystème du self-supporling est périmé. Il doit
être remplacé par une politique qui affirme
l'intcrdépemi-iucc économique de tous les' élé-
ments rff cette communauté et qui se tonde :SUr
la réciprocité de leurs communs efforts.
»
* *
M. Monnerville s'est ensuite déclaré dac-
cord sur. le principe des travaux d'outillage,
non plus considérables tels qu'ils avaient été
prévus alors que la France avait de l'argent,
mais modestes, par petits paqueis, à là mesaré
des faibles ressources dont dispose actuelle-
ment la Métropole.
Mais dans quel but ces travaux envisagés ?
Pour réaliser, ou favoriser, l'évacuation de
quelle production ? Le ministère persiste a
ignorer qu'avant d'équiper il importe de colo-
niser, et de régler la question, si angoissante,
de la main-cf œuvre. Il persiste à ne pas réagir
contre une tendance quasi unanime : cc Le
colon, voilà l'ennemi ! » M. Marius MouId,
qui pratique une politique socialiste, ne peut
ignorer, ministre, les cas dont il eut à connaître
comme avocat. Il ne peut. oubliant un passé
si récent, ignorer ce qu'est réellement la Co-
lonie, au point de vue des pauvres bougru
qui ont commis l'erreur de croire au porte-voix
d'une fausse propagande.
Ces colons, auxquels de plus en plus s'atta-
'che une sorte de rancune, auxquels on reproche
6 miracle ! d'avoir gagné de F argent
alors qu'ils se crèvent la peau souvent depuis
plus d'un quart de siècle, ce sont les ptlÑtI,
les bêtes sur lesquelles il faut tirer à bout por-
tant. Ah. que les colonies seraient belles sans
eux ! Et quel magnifique parc national elles
constitueraient 1
* *
Nous en sommes à considérer qu'rme nation
éfrangère, mieux que la France, en seareàt tirer
parti. Elles ne sont pour nous que des ||»«IÉ
administratifs. On oublie qu'il 37 a encore da
hommes qui prétendent vivre libres, â leurs
risques et périls. et non pas pipe au'râtelier,
pantoufles devant la cheminée. On oublie que
le goût du risque qu'on saura demain st dé-
votement adorer, quand on demandera à ceui.
là qui en sont possédés de se faire proprement
casser la gueule, au bénéfice de la commu.
nauté, lors de la prochaine guerre hante
encore quelques-uns, qui croient pouvoir cons-
truire sur des territoires neufs.
•
* «
On veut administrer les indigènes, lem
« suggérer » de travailler, et équiper le pays-
pour assurer l'évacuation de leur production,
alors qu'ils sont même incapables de tirer du sol
leur nourriture !
Continuons donc à adorer notre erreur 1
Et préparons-noas aux augmentations d'im-
pôts qu'elle nous vaudra, grat/uellemenl.
proportionnellement au nombre de fonctionnai-
res nouveaux qu'il sera nécessaire J'embaucher
pour en dresser le bilan, administratif et comp- *
table ! 1
PALESTINE 37
ALEA JACTA EST.
par Emile Lambiri
Jérusalem, 2 octobre.
La Grande-Bretagne, puissance mandataire
de la Palestine et les autorités de ce dernier
pays, après avoir très longtemps hésité, déci-
dent, hardiment, de mettre une fois pour toutes
de l'ordre dans le pays ébranlé par les évé-
nements qui se sont succédé et se succèdent
depuis plus d'une année.
Mais. se demanderont les plus pessimistes.
qu'attendait la puissance mandataire pour agir?
Ce sont les faits eux-mêmes qui peuvent ré-
pondre à cette demande : l' assassinat du com-
missaire Andrews et, par la suite, l'article de
fond du Times consacré entièrement à cet
assassinat. Le Times critiqua sévèrement l'atti-
tude du gouvernement mandataire qui, d'après
lui, n'est pas capable de protéger ses meilleurs
serviteurs contre le terrorisme arabe. Le journal
déplore le régime de faiblesse des autorités
palestiniennes qui ne veulent pas, ou ne peu-
vent pas faire respecter les lois, et fait les
éloges de la victime en déclarant notamment
que M. Andrews, d'origine australienne, était
un serviteur fidèle et courageux de l'Angle-
terre et s'est distingué en Palestine par sa droi-
ture et son' esDrit de iustice
-- - -- -,- - - -
D'après le Times, les Arabes ont assassiné
M. Andrews parce qu °ils savaient qu'il, était
en faveur du projet de partage, qu'il considé-
rait comme la meilleure solution du problème
palestinien.
La Grande-Bretagne est donc f ornement ré-
solue de trancher cette question « épineuse ».
Y parviendra-t-elle ? C'est ce que se demande
tout le monde.
Comme je vous le disais dans ma dernière,
lettre, je prévoyais que des événements graves
se dérouleraient sur le sol palestinien. Pour
pouvoir donc mieux renseigner, je me décidai
de faire le voyage du Caire à Jérusalem, d'où
je vous trace ces lignes.
*
m *
En mettant pied à terre, le 28 septembre,
à Lydda, gare de bifurcation vers Hairfa, Jaf-
fa, Tel-Aviv, Jérusalem, je sens déjà que tout
n'est pas sur des roses. L'horizon est Lourde
Des militaires anglais, des policiers palesti-
niens, des inspecteurs civils guettent attentive-
ment les passagers qui descendent du train, mais
surtout ceux qui y montent. Le train par lequel
nous Sommes arrivés continuera dans quelques
minutes sa marche vers Haiffa, terminus de h
ligne Egypte-palestine.
L'autobus des chemins de fer palestiniens,
qui nous transportera à la Ville Sainte, stationne
à la sortie de la gare de Lydda. Nous ne sommes
que trois voyageurs, nous entrons au buffet. Les
tables sont toutes prises et les consommateurs
discutent. La question du jour est l'assassinat
des deux Anglais. Les journaux hébreux du
matin circulent de main en main. Les consom-
mateurs attablés sont des colons venus des
champs voisins pour se procurer les journaux
et prendre le petit déjeuner.
Là, j'apprends que les funérailles du re-
gretté Andrews et du policier Mc Ewaaa ont
eu lieu la veille après-midi à Jérusalem au
milieu d'une très grande affluence j Mr Bd.
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