Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-09-03
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 septembre 1937 03 septembre 1937
Description : 1937/09/03 (A38,N46). 1937/09/03 (A38,N46).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6272049g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOUlNAL HEBtOMAOAIlE
Riiadton &Adm inistration ;
1, Bae - la BOUM -
PARIS (ZI) - -
TÉL. t RICHKLIKU 73 08
(2 %nea groupée»)
38* ANNEE. N° 46.
VENDREDI (13 h. 30) 3 SEPTEMBRE 1937
L @A i tle C 0 le l ., ;..
Les Annales Coloniales
es, DR 01
Fondateur : Marcel RUEDEL
- Directeur : Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec la Revue illustrét:
Os aa S Mou 3 Moi»
franct et
Coloniei ISO » 100 » 50 a
Etranger.. 240» 125 * 70 »
Le Numira : 1 franc
On s'abonne sans trais dans
tous les bureaux de poste.
Le deuxième et le troisième Bol
J'ai reçu, très remarquablement édité, le
discours que M. J. Brévié, Gouverneur gé-
néral de l'Indochine, a prononcé, lors de
l'inauguration du réseau de navigation du
Nord du Nghe An. Etaient conviés à assis-
ter a au geste symbolique par lequel la
France généreuse exprimait sa sollicitude à
ses enfants de la lointaine Asie » : S. M. le
souverain d'Annam les travailleurs de la
glèbe les travailleurs intellectuels.
La France bienfaitrice a repris en effet
la tradition des rois de l'Annam qui, depuis
le troisième siècle et même avant, se sont
constamment préoccupés de cette conquête
de l'eau, sans laquelle le pays était condam-
né à la ruine. Voltaire ne cesse pas de louer,
d'exalter la cérémonie par laquelle l'empe-
reur de la Chine laboure et sème son sillon.
a Par quelle fatalité, s'écrie-t-il, l'agricul-
ture n'est-elle vraiment honorée qu'à la
Chine? Tout ministre d'Etat en Europe doit
lire avec attention le mémoire suivant, quoi-
qu'il soit d'un jésuite. Il n'a jamais été
contredit par aucun autre missionnaire,
malgré la jalousie de mérite qui a toujours
éclaté entre eux. » On devine l'intention
satirique, ou plutôt les intentions satiriques.
Quelle leçon, n'est-ce pas? pour les souve-
rains de l'Europe qui doivent « admirer et
rougir, mais surtout imiter. »
Or la même cérémonie a lieu dans
l'Annam; l'agriculture était, en Extrême-
Orient, non moins honorée à l'Annam qu'à
la Chine. Le discours du Gouverneur géné-
ral, nous rappelle l'éloge de l'empereur Yu
4 qui, en l'an 2.000 de la dysnastie des Hia,
creusait le premier réseau des canaux du Cé-
leste Empire : « C'est lui, lit-on dans le
deuxième livre du Chou-Kuig, qui mit en
ordre les marais et mena les fleuves à la mer.
Le sol, ainsi aménagé, put être mis en cul-
ture, et le peuple put manger de la viande et
du riz. » Passage rapproché des vers no et
suivants du premier chant des Georgiques.
Je ne chicanerai pas l'orateur sur la traduc-
tion qu'il a adoptée; elle n'est ni très belle,
ni très fidèle; j'aime mieux approuver ce rap-
prochement qui n'est pas seulement utile,
pour satisfaire un vain besoin de curiosité
Mais je reviens à cette idée maîtresse que la
politique des anciens souverains de l'Annam
, celle de leurs successeurs, celle de la France
n'offre aucune solution de continuité et que
la science de notre pays, jointe à la patience
,;r HM w ,~.té à cé»-eftirti|-
Weulaires une nouvelle etneuréuse contribu-
tion.
V .La.place des travailleurs-de la glèbe était
indiquée dans une manifestation de ce genre,
ou plutôt la place de la population ouvrière
en général. Excellente occasion de lui faire
entendre quelques sages et utiles conseils. Il
n'est rien de tel que l'apparat d'une distri-
bution de prix ou de récompenses pour offrir
une tribune de choix à qui veut apporter de
salutaires avertissements. Réunion publi-
que non contradictoire où les agitateurs pro-
fessionnels ne viennent pas troubler ceux qui
parlent au nom de l'intérêt supérieur du
pays; or ces agitateurs avaient trouvé là-bas
un champ d'exploitation merveilleux, à la
suite des mesures monétaires qui avaient res-
serré le pouvoir d'achat des salariés. Exci-
tation permanente de la classe laborieuse dont
les réclamations portaient la marque de la
justice, mais qu'une surenchère impudente
prenait à tâche d'exagérer, suivant une mé-
thode qui reste la même dans tous les cli-
mats. Mais la population ouvrière a compris
ou comprendra. Les lois sociales faites pour
la France, seront appliquées en Indochine
sans hâte, sans confusion, avec, d'une part
la ferme volonté de les mettre en oeuvre et,
d'autre part, la prudence indispensa-
, Lie pour ne pas bouleverser une économie
millénaire et pour éviter des périls dont le
travailleur serait la première victime. Ces
« visionnaires » dont le Gouverneur, gé-
néral dénonce les méfaits sont tout dispo-
sés à faire servir l'organisation syndicale
qui va être donnée à l'Indochine à leurs
desseins malfaisants : « Je demande à la
population qui travaille de ne pas écouter des
théoriciens sans expérience de la vie, qui,
n'étant ni ouvriers ni paysans, ignorent tout
de son dur labeur, de ne pas être dupe de
visionnaires qui ne se cachent même pas de
la conduire dans les voies néfastes de la vio-
lence et de la haine. La France qui a tant
fait pour ce pays mérite tout de même un
antre crédit. » Cela est déjà démontré par
la série magnifique des services rendus là-bas
p:lr la France, et, rappelant en paiticulier,
ce qui a été fait pour la classe ouvrière, le
représentant de la métropole promet de con-
tinuer en ajoutant qu'il ne cédera pas à la
violence, qui ne peut que retarder les pro-
grès à réaliser, ne serait-ce que par les sou-
cis complémentaires qu'elle ajoute aux préoc-
cupations de ceux qui ne veulent que le bien
des travailleurs.
C'est à présent le tour de la jeunesse in-
tellectuelle. Elle aussi, elle surtout a ses
mauvais bergers. Tout ce qu'il y a de juste
dans ses revendications relatives à l'accès
aux emplois publics, et à la situation maté-
rielle et morale qui lui est faite dans ces em-
plois, sera établi : ce qui n'est pas juste,
non. Que les jeunes Indochinois et les jeu-
nes Français obtiennent les uns et les autres
à titres égaux des emplois égaux. Soit.
L'équité le commande. Qu'ils revivent,
dans ces emplois égaux, des traitements
égaux, cela n'est pas possible. Et cela pour
une raison qui saute aux yeux. Le jeune
Indochinois qui sert dans son pays natal
n'a pas besoin des primes d'expatriation.
Lui accorder le supplément colonial est
illogique et inutile. Il y a, d'ailleurs,. l'ar-
gument financier. L'Indochine, quoi qu'on
écrive, est un pays pauvre, les dépenses du
personnel sont difficilement supportées par
les divers budgets indochinois : comment
ne pas admettre que la substitution de fonc-
tionnaires annamites à des fonctionnaires
français n'apporte pas à ces budgets un
soulagement dont ils ont tant besoin ? Ainsi
se dégagent les éléments du problème :
nécessité de tenir compte des droits réels
conférés à des ieunes cens qui par leur
intelligence et leur travail ont conquis des
diplômes sérieux, possibilités financières
dues aux labeurs pénibles de ces milliers
de travailleurs de la rizière dont chacun
se proclame le défenseur. Cela n'est pas
incompatible, cela peut et doit s'arranger
dans la tranquilité et l'ordre ; sans ordre
et sans tranquillité, cette espérance n'est
pas permise.
! Et le Gouverneur général revient à la
charge contre les meneurs « qui paraissent
avoir renoncé aussi bien au bon sens qu'à
la bonne foi. » La liberté de la presse n'a
jamais été plus bruyamment réclamée que
par ceux qui en ont abusé jusqu'à la licence.
Les feuilles indigènes renferment trop de
démolisseurs, et pas assez de construc-
ne suffit pas, il fautremplâtëf: C'est là
le vrai rôle dé Iii presse ; elle à à jouer
« un rôle positif d'information des gouver-
nants et des gouvernés..» La vérité d'abord:
prétendre que des diminutions d'impôts
n'auraient pas pour conséquences néces-
saires la diminution des œuvres scolaires,
sociales, sanitaires, l'arrêt de la. politique
des routes et des canaux, - l'impossibilité
d'entretenir l'armature administrative, c'est
mentir, sciemment ou non, à l'opinion du pu-
blic. Mais on aurait tort de désespérer: la
presse reviendra à une conception à la fois
plus patriotique et plus humaine: par là
elle se montrera digne de la liberté.
Tel est dans ses grandes lignes ce que
j'appellerai ce discours-programme, que
j'ai lu avec le plus grand intérêt. Dès le
début il y est fait mention du vieux dic-
ton annamite qui pèse là-bas sur toute
la vie du paysan : « Le plus grand bien-
faiteur de l'humanité sera celui qui lui
apportera le deuxième bol de riz indispen-
sable à sa nourriture journalière, Il Le dis-
cours a pour but d'établir que ce deuxième
bol, la France maternelle le remplit grain
à grain. Je suis sûr qu'elle a des ambitions
plus vastes encore, et que. le deuxième rem-
pli, elle se mettra sans désemparer à remplir
lé troisième. Le premier est destiné à
combattre la faim, le second, a donner
les forces nécessaires à la santé, le troisiè-
me sera destiné à apporter la vie, l'allégres-
se de la sécurité et la joie des lendemains
heureux. Mais on n'aura ni le second ni le
troisième, jamais, jamais, si on renverse le
riz au fur et à mesure, et si ou casse la
vaisselle ; et on court même le danger de vi-
der et de briser le premier. Cela ne sera
pas.
Mario Roustan.
Sénateur, ancien ministre,
Président du Groupe Vili-
cote du Sénat, Président
de ta Commission du Vin
aux Colonies, Président de
la Commission Interna/io-
nale Permanente de la Vi-
ticulture.
Chez les Résidents supérieurs
M. Pierrot, administrateur de 2* classe des
Services civils de l'Indochine, Résident de
France à Dong-hoi, a été désigné pour assurer
les fonctions de Résident de France au Binh-
thuan et de Résident-maire à Phan-thiêt, en
remplacement de M. Levadoux, administrateur
de l'. classe des Services civils, en congé.
- (
M. LOUVEAU
à la tête de la Haute-Volta
renaissante
A la tête de la région administrative de la
pa à ~i v i ent d'être en f in
Haute Côte d'Ivoire, qui vient d'être enfin
constituée. a été placé M. Louveau. adminis-
trateur en chef, directeur du cabinet du Gou-
verneur PnéraI.
CONSEILS PRIVÉS
En Océanie
Par décret du 27 août, le Conseil Privé des
Etablissements français de l'Océanie est ainsi
composé pour deux années à dater du 17 oc-
tobre 1937 :
Est renouvelé le mandat de MM. Edouard
Ahnne et Georges Lagarde, membres titulaires
et de M. Emile Laguesse, membre suppléant,
M. Emile Martin est nommé conseiller titu-
laire en remplacement de M. Edouard Char-
lier. M. Joseph Quesnot est nommé suppléant
en remplacement de M. Martin.
Un décret du même jour retire au Procu-
reur de la République ses fonctions dans le
Conseil Privé et le conseil contentieux, pour
les donner au chef du bureau d'administration
générale et des finances qui remplit les fonc-
tions de secrétaire général depuis la suppression
de ce poste en 1934.
Un chef unique
pour l'Afrique du Nord
VNFW-..Iq
A profonde Inquiétude de
l'Afrique du Nord nous
contraint de reprendre
notre campagne en faveur
d'un commandement uni-
que, d'un Haut-Commis-
saire aux Affaires musul-
manes. Chaque semaine
qui s'écoule sans décision
i_ aggrave le péril. On pour-
k rait, examinant ceux qui
< ont à Paris la lourde
charge du pouvoir, paraphraser la - formule célè-
bre : « Ils ont des yeux pour voir, et se refusent
à voir. Des oreilles pour entendre, et se refusent
à entendre ». L'Afrique du Nord glisse entre nos
mains Le matérialisme européen ne pourra rien
contre la mystérieuse souplesse de l'esprit musul-
man. Le premier est limité à la brièveté de l'exis-
tence humaine, le second repose sur l'éternité.
Nous ne sommes plus faits pour nous compren-
dre, et dans cette lutte, heureusement courtoise
encore, nous perdons pied chaque jour.
*
* «
Sans doute a-t-on créé un Haut-Comité Méditer-
ranéen. Mais il est silencieux, et ses doctes étu-
des s'entourent de secret. Il n'en communique
même pas l'esprit. Est-il consultatif ? Délibéra-
tif ? Il semble qu'avant toute chose, hissé dans
l'abstrait philosophique et dogmatique, il trace
des lignes idéales dont il perçoit seul la lumière.
Parce que les principes sur quoi elle a été fon-
dée lui commandent la dispersion du pouvoir, et
grâce" à cela, l'éviction de toute responsabilité,
qui seule forme les hommes et crée les chefs, la
République a répondu aux pressantes nécessités
nord-africaines par l'installation d'une salle de
conférences au lieu de répondre par la nomina-
tion d'un resoonsable,
Comment le Ministre des Affai'"- Etrangères,
dans les dossiers duquel la paix du monde est
chaque matin en péril, et qui doit entre toutes les
nations suivre un itinéraire d'une précision abso-
lue, peut-il s'occuper de la Tunisie, du Maroc, du
Liban, de la Syrie ? Comment le Ministre de l'ln.
térieur, à cropetons parmi ses préfets et les ba-
garres qui hantent la France, peut-il s'occuper de
l'Algérie ? Et quand on considère le tonnage in-
sensé des paperasses imposé à l'examen et à la
signature de tous les agents de l'Etat, on peut
conclure que l'exécution matérielle de ce labeur
quotidien, inutile et coûteux, a définitivement
voilé de la manière la plus absolue, toute préoc.
:upation spirituelle.
* *
Comment, dans de telles conditions, obéissant
à des nécessités sociales que nous avons de nos
propres mains fprgées,iUMtU«HM obstinément
nous nous refusons
Intactes nos commandes ? Nous sbarnes de plus
en plus débordés. Soumises aux fluctuations dé
la politique, à l'instabilité, au favoritisme, aux dé-
sirs des honneurs-et des profits, les « places »
sont occupées tour à tour à une cadence effrénée,
sans que l'intérêt du pays soit un seul instant en
jeu.
Sous les régimes de jadis et de naguère, des
baillages, des fermages, des biens substantiels
étaient accordés à des hommes qui en percevaient
les revenus, sans même avoir pris une seule fois
la peine d'aller sur place les. reconnaître. Par là,
ces régimes ont péri. La situation est à notre
sens la même en Afrique du Nord. On voit bien
l'intérêt des participants. Mais, celui de l'Algé.
rie, de la Tunisie, du Maroc ?
Leur révolte est donc simple justice. La faute
en revient à Paris.
*
* *
Mais, en dehors de ce principe administratif
qu'il convient de placer sous le signe de la poli-
tique de la présence, il conviendrait de faire à
l'Islam l'honneur d'un ambassadeur. Il parait
que nous sommes la deuxième nation musulmane
du monde. Nous n'avons pas un homme habilité
à le prouver, étant à la fois un conseiller, un
directeur, un confesseur ! -
L'Afrique du Nord française est une unité que
nous persistons à nier.
Et parce que nous persistons à la nier, et parce
que nous persistons à ne pas la doter d'un repré-
sentant unique, nous assistons, depuis quelques
mois, à sa désagrégation, dont certaines nations,
autres que la France, sauront demain tirer contre
nous un singulier profit.
Raoul Monmarnon.
> 4»*M - ( –-
Honorariat
MM. Adrien Petit, administrateur de I"
classe, et Vicenti, administrateur de 2" classe,
ont été nommés administrateurs honoraires.
) -04
La conférence
de la banane française
Elle s'ouvre à Paris mardi prochain
Rappelons que la Conférence de la banane
française se tiendra à Paris mardi et mer-
credi, au siège du Comité Interprofessionnel
bananier, 194, rue de Rivoli.
Au cours de ses travaux seront arrêtées les
mesures à prendre en face des résultats de la
production et examinées les perspectives d'ex-
portation pour la campagne d'hiver.
lin "Train"
de décrets coloniaux
Vers une entente entre la Métropole
et les Colonies
M. Marius Moutet, ministre des Colonies, a
fait approuver lors d'un récent conseil des Mi-
nistres, ainsi que nous l'avons en bref annoncé.
cinq décrets-lois dont les dispositions s'intègrent
dans le plan de redressement économique et fi-
nancier du gouvernement.
Ces décrets, signés le 27 août, ont été pu-
bliés au Journal officiel du lendemain 28. Les
voici, par ordre de publication :
Décret tendant à modifier la loi du 3 avril
nlau qUI a eiaou une taxe spcciaie sur
certains produits coloniaux.
Décret relatif à l'application des ententes pas-
sées entre producteurs métropolitains et
coloniaux en vue de l'équilibre de la pro-
duction avec les besoins de la consom-
aiution.
'Décret concernant les accords entre produc-
teurs coloniaux pour la répartition des
exportations sur les marchés métropoli-
tain et algérien.
Décret relatif au contingentement des impor-
tations de sucre colonial en France et
en Algérie.
Décret tendant à réglementer : 1' l'exporta-
tion des produits originaires ou en prove-
nance des colonies, auxquels sont appli
cables les dispositions du titre Il du sé-
natus-consulte du 3 mai 1854: 2° l'im-
portation, dans la métropole et les terri-
toires de la France d'outre-mer, des pro-
duits originaires ou en provenance des
territoires relevant du nunistère des Co-
lonies.
Ces textes répondent aux préoccupations
constantes des Annales Coloniales, si vives ces
derniers temps. Ils fixent, en général, un prin-
cipe et règlent l' esprit de mesures qui seront à
arrêter, dans le détail, entre les Métropolitains
et les Coloniaux. Les pénalités sont déjà fixées,
en accord avec des lois déjà existantes. Les fou-
dres de l'Etat se font redoutables, avant même
de savoir ce sur quoi elles s'abattront.
La sparterie indochinoise, si agitée depuis
quelque temps, les sucres coloniaux, à bon droit
inquiets, pourront retirer de ce décret des signes
tangibles de sollicitude à leur endroit. Pour le
reste, il convient d'attendre.
Réjouissons-nous, en terminant, de voir dé-
sormais applicables aux colonies le condition-
nement du produit et 14 marque d'origine. Es-
pérons que, dans cet ordre d'idées, une règle
unique prévaudra, et que l'on n'assistera plus
à cette nuisible incohérence qui préside à l'ex-
portation de certains produits comme la banane,
par exemple, où chague colonie a son condi-
tionnement propre, différent des autres, et qui
acheteur •métropolitain tout tra-
vair de cohésion. - c <
Dans cet ordre d'idées nous approuvons l'in-
tervention de jt Etat, toutes les fois où la Colo-
nie n'est ni:assez sàgè,'ni assez intelligente
pour faire ses affaires elle-même, en tenant
compté des lois de la solidarité.
) (
Trois nouveaux
Trésoriers - Payeurs coloniaux
- Le Journal Officiel a publié ce matin les
trois nominations suivantes, faites par décret
du 13 août rendu sur la proposition du minis-
tre des Finances :
M. Emile Henry, trésorier-payeur général
du Puy-de-Dôme, a été nommé trésorier gé-
néral de r Indochine, en remplacement de M.
d'Encausse de Ganties, admis à faire valoir
ses droits à la retraite.
1. M. Georges-Richard, trésorier-payeur du
Laos, a été nommé trésorir-payeur du Togo.
Et M. André Escoffier, ancien député, a
été nommé trésorier-payeur du Laos, en rem-
placement de M. Georges-Richard.
) e.- (
Conseils d'Administration
A Madagascar
Par arrêté du Gouverneur général, ont été
prorogés pour une nouvelle période de 2 ans
à dater du 31 juillet, le mandat de MM. Dus-
sol, Modrin et Vovard, membres titulaires ;
du prince Ramahatra et de M. Ra lison, mem-
bres titulaires indigènes ; de M. Dupont,
membre suppléant et de M. Randrianary,
membre suppléant indigène.
Est-ce un conflit Russo-Nippon
en perspective?
La Compagnie nippone, concessionnaire des
pétroles de Sakhaline a annoncé qu'elle était
obligée de procéder à la construction d'une
pipe-line allant jusqu'à la mer dans le rayon
de Katangli, au nord-est de Vile, sans atten-
dre Vautorisation de la Direction générale des
concessions près le Conseil des commissaires
du peuple, sous prétexte que cette autorisation
tarde trop.
Les autorités de Sakhaline ont reçu l'ordre
d'interdire les travaux, le gouvernement de
l'U.R.S.S. considérant qu'en les entreprenant
sans autorisation, les Japonais violent l'acte
de concession.
Félicitant la France de l'importance de sa Délégation à Genève,
pour la session qui ouvre vendredi prochain, le Daily Herald, heureux
comme un gamin en vacances, et qui prône le principe de la porte
ouverte dans toutes les Colonies, écrit avec une touchante simplicité ;
« Un transfert expérimental d'un mandat important au moins, rendrait
aux membres de la S.D.N. la foi dans l'institution elle-même et lui assu-
rerait le respect des pays non-membre. de la Société.
Nous sommes parfaitement sensible à l'argument. Rendre la foi
à ceux qui ne l'ont plus 1 Mais que le Daily Herald virevolte donc de
Berlin, à Rome et à Tokyo pour y faire son prêche 1
Pourquoi ferions-nous, une fois de plus, les frais de l'opération et
pourquoi sacrifierions-nous à la gloire d'une Institution que les Nations
désavouent dis qu'elles sont fortes, un des deux mandats qui nous
restent, triste reliquat d'une guerre sans nom ?
Messieurs les Anglais, tirez les premiers 1 i».«.
Détresse
de la Guyane
Dam un article fort judicieux de La Guyane
(Cayenne 12 juin) où l'auteur, sous la signature
« Itho » convie la jeunesse de son pays à ne
pas mêler dans le même amour de la France les
principes et les hommes, nous relevons son sé-
vère jugement :
En effet, si l'action colonisatrice est avant
tout « une œuvre idéaliste d'humanité D il
ne faut cependant pas oublier qu'elle est aus-
si « une entreprise réaliste de progrès tech-
nique ».
Ur, balançons le compte du bienfait colo-
nial français en Guyane et lisons le solde :
a) Assistance médicale : Bien !
b) Progrès économique : Rien de rien.
c) Instruction : peu de chose vraiment :
l'enseignement primaire aussi bien que l'en-
seignement du second degré sont livrés au
hasard, à la routine disons-le : à J'ab-
solue Dasailie.
En résumé si l'action colonisatrice dans ce
ce pays qui est français depuis plus de trois
siècles est passablement riche de sens hu-
main, elle est qui osera me le contester ?
totalement nulle d'efficacité matérielle.
Le bagne, comme on a bien voulu le pré-
tendre en en poursuivant la destruction, est-il à
l'origine de cette désafiection, de cet ooandon,
de cette criminelle indifférence ? Est-ce lui qui
a interdit l'organisation médicale, le progrès
économique, le développement de l'instruction ?
On a rejeté sur cette co-habitation de gens
qu'un chef aurait pu utiliser, en grands travaux
publics, la carence absolue de la Métropole.
Nous avons, parfois avec violence, exposé les
griefs dont fait état notre ccnfrère, Quelle plus
nette justification de nos écrits, de notre juge-
ment, que ce lamentable exposé venu de
Cayenne même !
LA GUYANE ?
- Mais par une de ces anomalies cho-
quantes, écrit M. Hoche Martino-Tintin dans
La Volonté (Pointe-à-Pitre, 7 et 14 août),
.elle est la plus malheureuse de nos pos-
sessions d'outre-mer. Ce n'est pas pourtant
qu'il lui a manqué des capitaux eL que des
initiatives heureuses et des compétences lui
font défaut. Ce n'est pas non plus que des
hommes de bonne volonté et bien inspirés
ne se soient penchés sur ses misères. Non 1
Son malheur réside dans ce que tous ceux
qui ont été ou qui sont placés pour travailler
à son relèvement économique et financier
n'ont eu et n'ont qu'un seul objectif : s'en-
richir. Le fait ne saurait être contesté. Nous
sommes autorisés à en parler, pour avoir
vécu de nombreuses années en Guyane. L'in-
térèt personnel au particulier des dirigeants
ou des chefs d'Administration a toujours le
pied sur l'intérêt de la collectivité. Le mal
-est si profond, si endémique que--rai-es sont
- ies chefs d'explolllltions qui ne îuangeht pas
la grenouille comme l'on dit en langage cou-
rant.
Des millions et des millions se sont déjà
engloutis en Guyane sans qu'aucun objet
d'art ou travail sérieux ait été réalisé.
M. Martino-Tintin fait-il état de la « plaie »,
de la « honte », de la « tare » du bagne, pour
idéfinir la triste position de la Guyane, aprèd
lrois cents ans d'occupation française P
Rappellerons-nous ce que nous écrivions au
moment où, généreusement, au nom de princi-
pes humanitaires qui sont fort beaux, mais qui
pour la Guyane ne pouvaient être évoqués, la
France allait délivrer cette magnifique colonie
du bagne ? On a voulu donner des gages àf
l'électeur. Cela réussit toujours de gratter chez
lui la corde sensible. Mais nous soutenons que
la mort du bagne sera la mort de la Guyane.
Les hommes sur les routes, à faire des ponts,
à Jébrousser, à doter ce pays solitaire de voies
de communication et d'améliorations portuaires 1
Des chantiers 1 Le bagnard au grand air, bien
encadré, bien nourri 1 Et la Guyane était créée
Mais pour cela, il fallait que la Métropole fasse
tomber - les -- services pénitentiaires sous l'autorité
du gouverneur, et que celui-ci mène le tout
comme un militaire.
La sensiblerie ne l'a pas permis.
Si i'aciou, si la rapidité des communicatiom
ne mettent pas demain la Guyane à portée im-
médiate de la France, nous considérons cette
rO/Gnit comme perdue.
Nous ncus apercevons que d'aucuns, qui sont
sur place, s'en rendent compte.
Mais la France le comprendra-t-elle ?
D'Indochine,
un nouveau Chevalier.
Dans La Dépêche (Saigon, juillet). M. Ce-
mille Aymard a pris congé de ses lecteurs. Il
est rentré en France par avion, rejoignant M.
de Lachevrotière, durant que notre and jehan
Cendrieux assurera à Saigon Cendrieux enfin
en possession d'une vaste tribune ! la direc-
tion du journal.
L'article de Camille Aymard contient des
passages que nous ne pouvons pas ne pas citer :
,..La plupart de ceux qui nous gouvernent,
comme de ceux qui nous ont gouverné dans la
passé, se sont laissés peu a peu pénétrer de
cette croyance que leur pouvoir était de droit
divin. Ils se considèrent comme les maîtres
absolus d'un .peuple de serfs, et n'admettent
auprès d'eux que des valets soumis et courbés.
Pour que les revendicatiuhs des opprimés n'ar-
rivent pas Jusqu'à eux, ils s'entuurent. d'une
zone de silence. Certains d'entre eux ont Impor-
té. en ce pays d'antique civilisation, une men-
talité da rois ilè"res.
De là les erreurs, les malentendus qui sa-
pent lentement l'autorité française en ce paya.
,..En effet, que voyoii>-nous ?
En haut, l'inaction qui e croit sagesse. En
bas, l'impulsivité qui ,-e noit énergie. Entre
eux, le murmure obséquieux, la soumission
Ironique, la servilité gouailleuse des profiteurs,
(lui se font les complices passifs, et parfois
amusés, d'un destin peiit otre redoutable.
Révéler aux pouvoirs publics et à l'opinion
métropolitaine des erreurs vieilles de vingt
ans, dénoncer la politique d'incompréhension
qui sépare de plus en plus profondément les
hommes qui gouvernent et le peuple gouverné,
en montrer les conséquences périlleuses, c'est
là le plus grand et le suprême service que je
puisse rendre à l'indocinne. ma patrie d'élec-
tion.
Nous n'aurons pas la cruauté d'appuyer sur
ce jugement sévère, formulé d'une manière
constante par notre propre journal. M. Camille
Aymard, en quelques phrases solides et nettes a
défini admirablement le mal dont nos colonies
souffrent, et qui les fait crever. Ce « patronat
de droit divin » est plus redoutable à la colo-
nie qu'en France. L'indigène seul en aura rai-
son. Mais nous serons chassés en même temps.
La première fois, ce fut l'Angleterre qui sur
toutes les grandes terres du Monde eut raison
de la France. Aujourd'hui, nous sommes les
seuls artisans de notre ruine. C'est bien pour
cela que, dans notre journal, nous n'en accu-
sont que nous-mêmes.
m
e •
Mais comme M. Camille Aymard est jeune 1
Et quelle naïveté ! « Révéler aux pouvoirs pu-
blics et à l'opinion métropolitaine des erreurs.
dénoncer la politique. en montrer les consé-
quences 1. » Las ! M. Camille Aymard sem-
ble débarqufir de son village ! Il a cependant été
Directeur de journal à Paris, il est un vieux
routier de nos milieux, et il connaît la presse.
À-t-il réellement oublié qu'il n'est pire souri
que celui qui ne veut pas entendre, pire ennemi.
que celui qui clame la féalité, la vérité ? L'in-
dépendance ne se porte plus. Pittoresque quand
elle touche le voisin, elle est âprement abattue
dès qu'elle atteint celui qui souriait devant son
adversaire déchiré. D'aucuns en font commerce,
aussi longtemps qu'elle ne s'est pas rétrécie
comme la peau de chagrin. A ceux qui préten-
dent, loin des humaines contingences, réaliser
feiir rêve- la calomnie, la bassesse, souvent la
Loi sont T jetées en travers des jambes. Ils tré-
buchent, s'usent et n'ont plus de moyens pour
régler leurs factures. On leur fait faire la grève
de Forgent. L'humanité après leur avoir sou-
levé le cœur, les empoisonne.
M. Camille Aymard entend dénoncer les
tares par quoi notre Empire aujourd'hui
s'écroule ?
Quel beau rêve !
Il y a quatre années que nous le poursui-
vons, sans que sa diaphane immatérialité nous
ait jamais marqué sa présence autrement que
par le goût (Tamertume que nous en gardons
aux lèvres.
) *a- <
Au gouvernement du Dahomey
M. Ernest Gayon, adminitrateur en chef,
délégué dans les fonctions de secrétaire géné-
ral p.i. a été chargé des fonctions de gouver-
neur p.i. de la colonie, en remplacement de
M. Maltinet, gouverneur p.i.
A propos des Conseils privés
EN OCÉANIE
Deux décrets ministériels viennent de paraî-
tre, concernant le Conseil Privé des Etablisse-
ments français de l'Océanie.
Le premier restitue à un fonctionnaire des fi-
nances, les fonctions qu'assurait depuis 1934 le
Procureur de la République, au sein des Con-
seils Privés et contentieux locaux, pour assurer
« le principe de la séparation des pouvoirs JJ,
Pourquoi avoir mis trois ans à avoir un aussi
louable souci ? Il est vrai que ce « principe »
ne fut guère respecté, hélas ! au cours des inci-
dents judico-administratifs de 1934-35-36-37 !
Le deuxième décret fixe ainsi, pour deux ans
à dater du 17 octobre prochain, la composition
du Conseil Privé.
Est renouvelé le mandat de MM. Edouard
Ahnne et Georges Lagarde, membres titulaires
et de M. Emile Laguesse, membre suppléant.
M. Emile Martin est nommé conseiller titulaire
en remplacement de M. Edouard Charlier, et
M. Joseph Quesnot, suppléant en remplace-
ment de M. Martin.
* *
*
Le Conseil Privé joue un rôle très important
a Tahiti, que l'on a injustement privée de son-
Conseil général, pour la gratifier de cette ridi-
par Roger Bourgeois
cule caricature d'assemblée représentative, que
sont les Délégations économiques et financiè-
res, savamment composées d'une majorité de
fonctionnaires ou assimilés.
C'est pourquoi nous estimons que la retraite
- nous r espérons, définitive de M. Char-
lier, est un événement heureux pour les Fran-
çais d'Océanie. Quoique cela serait particu-
lièrement suggestif, il est maintenant superflu de
rappeler les multiples et scandaleuses activités
de M. Charlier en Océanie, où, tour à tour
Chef du service judiciaire. Procureur de la Ré-
publique, gouverneur par intérim à plusieurs re-
prises, trésorier-payeur (à 40.000 francs-or.
avant la guerre 1). et après sa retraite, accroché
à la colonie comme une plante parasite sur un
arbre. Conseiller Privé inamovible, il n'est pas
exagéré de dire que depuis plus de 25 ans,
M. Charlier a été le véritable chef de la colo-
nie. Son rôle a été néfaste, et en toute cons-
cience, nous devons dire que si certains gouver-
neurs de ces dernières années (il y en eut 6 en
6 ans !) se sont révélés maladroits et entêtés
dans l'erreur, ils ont dû leurs échecs répétés en
grande partie à la désastreuse influence de ce
petit vieillard vindicatif et aux combinaisons
mystérieuses, que l'on voyait, comme un mau-
Riiadton &Adm inistration ;
1, Bae - la BOUM -
PARIS (ZI) - -
TÉL. t RICHKLIKU 73 08
(2 %nea groupée»)
38* ANNEE. N° 46.
VENDREDI (13 h. 30) 3 SEPTEMBRE 1937
L @A i tle C 0 le l ., ;..
Les Annales Coloniales
es, DR 01
Fondateur : Marcel RUEDEL
- Directeur : Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec la Revue illustrét:
Os aa S Mou 3 Moi»
franct et
Coloniei ISO » 100 » 50 a
Etranger.. 240» 125 * 70 »
Le Numira : 1 franc
On s'abonne sans trais dans
tous les bureaux de poste.
Le deuxième et le troisième Bol
J'ai reçu, très remarquablement édité, le
discours que M. J. Brévié, Gouverneur gé-
néral de l'Indochine, a prononcé, lors de
l'inauguration du réseau de navigation du
Nord du Nghe An. Etaient conviés à assis-
ter a au geste symbolique par lequel la
France généreuse exprimait sa sollicitude à
ses enfants de la lointaine Asie » : S. M. le
souverain d'Annam les travailleurs de la
glèbe les travailleurs intellectuels.
La France bienfaitrice a repris en effet
la tradition des rois de l'Annam qui, depuis
le troisième siècle et même avant, se sont
constamment préoccupés de cette conquête
de l'eau, sans laquelle le pays était condam-
né à la ruine. Voltaire ne cesse pas de louer,
d'exalter la cérémonie par laquelle l'empe-
reur de la Chine laboure et sème son sillon.
a Par quelle fatalité, s'écrie-t-il, l'agricul-
ture n'est-elle vraiment honorée qu'à la
Chine? Tout ministre d'Etat en Europe doit
lire avec attention le mémoire suivant, quoi-
qu'il soit d'un jésuite. Il n'a jamais été
contredit par aucun autre missionnaire,
malgré la jalousie de mérite qui a toujours
éclaté entre eux. » On devine l'intention
satirique, ou plutôt les intentions satiriques.
Quelle leçon, n'est-ce pas? pour les souve-
rains de l'Europe qui doivent « admirer et
rougir, mais surtout imiter. »
Or la même cérémonie a lieu dans
l'Annam; l'agriculture était, en Extrême-
Orient, non moins honorée à l'Annam qu'à
la Chine. Le discours du Gouverneur géné-
ral, nous rappelle l'éloge de l'empereur Yu
4 qui, en l'an 2.000 de la dysnastie des Hia,
creusait le premier réseau des canaux du Cé-
leste Empire : « C'est lui, lit-on dans le
deuxième livre du Chou-Kuig, qui mit en
ordre les marais et mena les fleuves à la mer.
Le sol, ainsi aménagé, put être mis en cul-
ture, et le peuple put manger de la viande et
du riz. » Passage rapproché des vers no et
suivants du premier chant des Georgiques.
Je ne chicanerai pas l'orateur sur la traduc-
tion qu'il a adoptée; elle n'est ni très belle,
ni très fidèle; j'aime mieux approuver ce rap-
prochement qui n'est pas seulement utile,
pour satisfaire un vain besoin de curiosité
Mais je reviens à cette idée maîtresse que la
politique des anciens souverains de l'Annam
, celle de leurs successeurs, celle de la France
n'offre aucune solution de continuité et que
la science de notre pays, jointe à la patience
,;r HM w ,~.té à cé»-eftirti|-
Weulaires une nouvelle etneuréuse contribu-
tion.
V .La.place des travailleurs-de la glèbe était
indiquée dans une manifestation de ce genre,
ou plutôt la place de la population ouvrière
en général. Excellente occasion de lui faire
entendre quelques sages et utiles conseils. Il
n'est rien de tel que l'apparat d'une distri-
bution de prix ou de récompenses pour offrir
une tribune de choix à qui veut apporter de
salutaires avertissements. Réunion publi-
que non contradictoire où les agitateurs pro-
fessionnels ne viennent pas troubler ceux qui
parlent au nom de l'intérêt supérieur du
pays; or ces agitateurs avaient trouvé là-bas
un champ d'exploitation merveilleux, à la
suite des mesures monétaires qui avaient res-
serré le pouvoir d'achat des salariés. Exci-
tation permanente de la classe laborieuse dont
les réclamations portaient la marque de la
justice, mais qu'une surenchère impudente
prenait à tâche d'exagérer, suivant une mé-
thode qui reste la même dans tous les cli-
mats. Mais la population ouvrière a compris
ou comprendra. Les lois sociales faites pour
la France, seront appliquées en Indochine
sans hâte, sans confusion, avec, d'une part
la ferme volonté de les mettre en oeuvre et,
d'autre part, la prudence indispensa-
, Lie pour ne pas bouleverser une économie
millénaire et pour éviter des périls dont le
travailleur serait la première victime. Ces
« visionnaires » dont le Gouverneur, gé-
néral dénonce les méfaits sont tout dispo-
sés à faire servir l'organisation syndicale
qui va être donnée à l'Indochine à leurs
desseins malfaisants : « Je demande à la
population qui travaille de ne pas écouter des
théoriciens sans expérience de la vie, qui,
n'étant ni ouvriers ni paysans, ignorent tout
de son dur labeur, de ne pas être dupe de
visionnaires qui ne se cachent même pas de
la conduire dans les voies néfastes de la vio-
lence et de la haine. La France qui a tant
fait pour ce pays mérite tout de même un
antre crédit. » Cela est déjà démontré par
la série magnifique des services rendus là-bas
p:lr la France, et, rappelant en paiticulier,
ce qui a été fait pour la classe ouvrière, le
représentant de la métropole promet de con-
tinuer en ajoutant qu'il ne cédera pas à la
violence, qui ne peut que retarder les pro-
grès à réaliser, ne serait-ce que par les sou-
cis complémentaires qu'elle ajoute aux préoc-
cupations de ceux qui ne veulent que le bien
des travailleurs.
C'est à présent le tour de la jeunesse in-
tellectuelle. Elle aussi, elle surtout a ses
mauvais bergers. Tout ce qu'il y a de juste
dans ses revendications relatives à l'accès
aux emplois publics, et à la situation maté-
rielle et morale qui lui est faite dans ces em-
plois, sera établi : ce qui n'est pas juste,
non. Que les jeunes Indochinois et les jeu-
nes Français obtiennent les uns et les autres
à titres égaux des emplois égaux. Soit.
L'équité le commande. Qu'ils revivent,
dans ces emplois égaux, des traitements
égaux, cela n'est pas possible. Et cela pour
une raison qui saute aux yeux. Le jeune
Indochinois qui sert dans son pays natal
n'a pas besoin des primes d'expatriation.
Lui accorder le supplément colonial est
illogique et inutile. Il y a, d'ailleurs,. l'ar-
gument financier. L'Indochine, quoi qu'on
écrive, est un pays pauvre, les dépenses du
personnel sont difficilement supportées par
les divers budgets indochinois : comment
ne pas admettre que la substitution de fonc-
tionnaires annamites à des fonctionnaires
français n'apporte pas à ces budgets un
soulagement dont ils ont tant besoin ? Ainsi
se dégagent les éléments du problème :
nécessité de tenir compte des droits réels
conférés à des ieunes cens qui par leur
intelligence et leur travail ont conquis des
diplômes sérieux, possibilités financières
dues aux labeurs pénibles de ces milliers
de travailleurs de la rizière dont chacun
se proclame le défenseur. Cela n'est pas
incompatible, cela peut et doit s'arranger
dans la tranquilité et l'ordre ; sans ordre
et sans tranquillité, cette espérance n'est
pas permise.
! Et le Gouverneur général revient à la
charge contre les meneurs « qui paraissent
avoir renoncé aussi bien au bon sens qu'à
la bonne foi. » La liberté de la presse n'a
jamais été plus bruyamment réclamée que
par ceux qui en ont abusé jusqu'à la licence.
Les feuilles indigènes renferment trop de
démolisseurs, et pas assez de construc-
ne suffit pas, il fautremplâtëf: C'est là
le vrai rôle dé Iii presse ; elle à à jouer
« un rôle positif d'information des gouver-
nants et des gouvernés..» La vérité d'abord:
prétendre que des diminutions d'impôts
n'auraient pas pour conséquences néces-
saires la diminution des œuvres scolaires,
sociales, sanitaires, l'arrêt de la. politique
des routes et des canaux, - l'impossibilité
d'entretenir l'armature administrative, c'est
mentir, sciemment ou non, à l'opinion du pu-
blic. Mais on aurait tort de désespérer: la
presse reviendra à une conception à la fois
plus patriotique et plus humaine: par là
elle se montrera digne de la liberté.
Tel est dans ses grandes lignes ce que
j'appellerai ce discours-programme, que
j'ai lu avec le plus grand intérêt. Dès le
début il y est fait mention du vieux dic-
ton annamite qui pèse là-bas sur toute
la vie du paysan : « Le plus grand bien-
faiteur de l'humanité sera celui qui lui
apportera le deuxième bol de riz indispen-
sable à sa nourriture journalière, Il Le dis-
cours a pour but d'établir que ce deuxième
bol, la France maternelle le remplit grain
à grain. Je suis sûr qu'elle a des ambitions
plus vastes encore, et que. le deuxième rem-
pli, elle se mettra sans désemparer à remplir
lé troisième. Le premier est destiné à
combattre la faim, le second, a donner
les forces nécessaires à la santé, le troisiè-
me sera destiné à apporter la vie, l'allégres-
se de la sécurité et la joie des lendemains
heureux. Mais on n'aura ni le second ni le
troisième, jamais, jamais, si on renverse le
riz au fur et à mesure, et si ou casse la
vaisselle ; et on court même le danger de vi-
der et de briser le premier. Cela ne sera
pas.
Mario Roustan.
Sénateur, ancien ministre,
Président du Groupe Vili-
cote du Sénat, Président
de ta Commission du Vin
aux Colonies, Président de
la Commission Interna/io-
nale Permanente de la Vi-
ticulture.
Chez les Résidents supérieurs
M. Pierrot, administrateur de 2* classe des
Services civils de l'Indochine, Résident de
France à Dong-hoi, a été désigné pour assurer
les fonctions de Résident de France au Binh-
thuan et de Résident-maire à Phan-thiêt, en
remplacement de M. Levadoux, administrateur
de l'. classe des Services civils, en congé.
- (
M. LOUVEAU
à la tête de la Haute-Volta
renaissante
A la tête de la région administrative de la
pa à ~i v i ent d'être en f in
Haute Côte d'Ivoire, qui vient d'être enfin
constituée. a été placé M. Louveau. adminis-
trateur en chef, directeur du cabinet du Gou-
verneur PnéraI.
CONSEILS PRIVÉS
En Océanie
Par décret du 27 août, le Conseil Privé des
Etablissements français de l'Océanie est ainsi
composé pour deux années à dater du 17 oc-
tobre 1937 :
Est renouvelé le mandat de MM. Edouard
Ahnne et Georges Lagarde, membres titulaires
et de M. Emile Laguesse, membre suppléant,
M. Emile Martin est nommé conseiller titu-
laire en remplacement de M. Edouard Char-
lier. M. Joseph Quesnot est nommé suppléant
en remplacement de M. Martin.
Un décret du même jour retire au Procu-
reur de la République ses fonctions dans le
Conseil Privé et le conseil contentieux, pour
les donner au chef du bureau d'administration
générale et des finances qui remplit les fonc-
tions de secrétaire général depuis la suppression
de ce poste en 1934.
Un chef unique
pour l'Afrique du Nord
VNFW-..Iq
A profonde Inquiétude de
l'Afrique du Nord nous
contraint de reprendre
notre campagne en faveur
d'un commandement uni-
que, d'un Haut-Commis-
saire aux Affaires musul-
manes. Chaque semaine
qui s'écoule sans décision
i_ aggrave le péril. On pour-
k rait, examinant ceux qui
< ont à Paris la lourde
charge du pouvoir, paraphraser la - formule célè-
bre : « Ils ont des yeux pour voir, et se refusent
à voir. Des oreilles pour entendre, et se refusent
à entendre ». L'Afrique du Nord glisse entre nos
mains Le matérialisme européen ne pourra rien
contre la mystérieuse souplesse de l'esprit musul-
man. Le premier est limité à la brièveté de l'exis-
tence humaine, le second repose sur l'éternité.
Nous ne sommes plus faits pour nous compren-
dre, et dans cette lutte, heureusement courtoise
encore, nous perdons pied chaque jour.
*
* «
Sans doute a-t-on créé un Haut-Comité Méditer-
ranéen. Mais il est silencieux, et ses doctes étu-
des s'entourent de secret. Il n'en communique
même pas l'esprit. Est-il consultatif ? Délibéra-
tif ? Il semble qu'avant toute chose, hissé dans
l'abstrait philosophique et dogmatique, il trace
des lignes idéales dont il perçoit seul la lumière.
Parce que les principes sur quoi elle a été fon-
dée lui commandent la dispersion du pouvoir, et
grâce" à cela, l'éviction de toute responsabilité,
qui seule forme les hommes et crée les chefs, la
République a répondu aux pressantes nécessités
nord-africaines par l'installation d'une salle de
conférences au lieu de répondre par la nomina-
tion d'un resoonsable,
Comment le Ministre des Affai'"- Etrangères,
dans les dossiers duquel la paix du monde est
chaque matin en péril, et qui doit entre toutes les
nations suivre un itinéraire d'une précision abso-
lue, peut-il s'occuper de la Tunisie, du Maroc, du
Liban, de la Syrie ? Comment le Ministre de l'ln.
térieur, à cropetons parmi ses préfets et les ba-
garres qui hantent la France, peut-il s'occuper de
l'Algérie ? Et quand on considère le tonnage in-
sensé des paperasses imposé à l'examen et à la
signature de tous les agents de l'Etat, on peut
conclure que l'exécution matérielle de ce labeur
quotidien, inutile et coûteux, a définitivement
voilé de la manière la plus absolue, toute préoc.
:upation spirituelle.
* *
Comment, dans de telles conditions, obéissant
à des nécessités sociales que nous avons de nos
propres mains fprgées,iUMtU«HM obstinément
nous nous refusons
Intactes nos commandes ? Nous sbarnes de plus
en plus débordés. Soumises aux fluctuations dé
la politique, à l'instabilité, au favoritisme, aux dé-
sirs des honneurs-et des profits, les « places »
sont occupées tour à tour à une cadence effrénée,
sans que l'intérêt du pays soit un seul instant en
jeu.
Sous les régimes de jadis et de naguère, des
baillages, des fermages, des biens substantiels
étaient accordés à des hommes qui en percevaient
les revenus, sans même avoir pris une seule fois
la peine d'aller sur place les. reconnaître. Par là,
ces régimes ont péri. La situation est à notre
sens la même en Afrique du Nord. On voit bien
l'intérêt des participants. Mais, celui de l'Algé.
rie, de la Tunisie, du Maroc ?
Leur révolte est donc simple justice. La faute
en revient à Paris.
*
* *
Mais, en dehors de ce principe administratif
qu'il convient de placer sous le signe de la poli-
tique de la présence, il conviendrait de faire à
l'Islam l'honneur d'un ambassadeur. Il parait
que nous sommes la deuxième nation musulmane
du monde. Nous n'avons pas un homme habilité
à le prouver, étant à la fois un conseiller, un
directeur, un confesseur ! -
L'Afrique du Nord française est une unité que
nous persistons à nier.
Et parce que nous persistons à la nier, et parce
que nous persistons à ne pas la doter d'un repré-
sentant unique, nous assistons, depuis quelques
mois, à sa désagrégation, dont certaines nations,
autres que la France, sauront demain tirer contre
nous un singulier profit.
Raoul Monmarnon.
> 4»*M - ( –-
Honorariat
MM. Adrien Petit, administrateur de I"
classe, et Vicenti, administrateur de 2" classe,
ont été nommés administrateurs honoraires.
) -04
La conférence
de la banane française
Elle s'ouvre à Paris mardi prochain
Rappelons que la Conférence de la banane
française se tiendra à Paris mardi et mer-
credi, au siège du Comité Interprofessionnel
bananier, 194, rue de Rivoli.
Au cours de ses travaux seront arrêtées les
mesures à prendre en face des résultats de la
production et examinées les perspectives d'ex-
portation pour la campagne d'hiver.
lin "Train"
de décrets coloniaux
Vers une entente entre la Métropole
et les Colonies
M. Marius Moutet, ministre des Colonies, a
fait approuver lors d'un récent conseil des Mi-
nistres, ainsi que nous l'avons en bref annoncé.
cinq décrets-lois dont les dispositions s'intègrent
dans le plan de redressement économique et fi-
nancier du gouvernement.
Ces décrets, signés le 27 août, ont été pu-
bliés au Journal officiel du lendemain 28. Les
voici, par ordre de publication :
Décret tendant à modifier la loi du 3 avril
nlau qUI a eiaou une taxe spcciaie sur
certains produits coloniaux.
Décret relatif à l'application des ententes pas-
sées entre producteurs métropolitains et
coloniaux en vue de l'équilibre de la pro-
duction avec les besoins de la consom-
aiution.
'Décret concernant les accords entre produc-
teurs coloniaux pour la répartition des
exportations sur les marchés métropoli-
tain et algérien.
Décret relatif au contingentement des impor-
tations de sucre colonial en France et
en Algérie.
Décret tendant à réglementer : 1' l'exporta-
tion des produits originaires ou en prove-
nance des colonies, auxquels sont appli
cables les dispositions du titre Il du sé-
natus-consulte du 3 mai 1854: 2° l'im-
portation, dans la métropole et les terri-
toires de la France d'outre-mer, des pro-
duits originaires ou en provenance des
territoires relevant du nunistère des Co-
lonies.
Ces textes répondent aux préoccupations
constantes des Annales Coloniales, si vives ces
derniers temps. Ils fixent, en général, un prin-
cipe et règlent l' esprit de mesures qui seront à
arrêter, dans le détail, entre les Métropolitains
et les Coloniaux. Les pénalités sont déjà fixées,
en accord avec des lois déjà existantes. Les fou-
dres de l'Etat se font redoutables, avant même
de savoir ce sur quoi elles s'abattront.
La sparterie indochinoise, si agitée depuis
quelque temps, les sucres coloniaux, à bon droit
inquiets, pourront retirer de ce décret des signes
tangibles de sollicitude à leur endroit. Pour le
reste, il convient d'attendre.
Réjouissons-nous, en terminant, de voir dé-
sormais applicables aux colonies le condition-
nement du produit et 14 marque d'origine. Es-
pérons que, dans cet ordre d'idées, une règle
unique prévaudra, et que l'on n'assistera plus
à cette nuisible incohérence qui préside à l'ex-
portation de certains produits comme la banane,
par exemple, où chague colonie a son condi-
tionnement propre, différent des autres, et qui
acheteur •métropolitain tout tra-
vair de cohésion. - c <
Dans cet ordre d'idées nous approuvons l'in-
tervention de jt Etat, toutes les fois où la Colo-
nie n'est ni:assez sàgè,'ni assez intelligente
pour faire ses affaires elle-même, en tenant
compté des lois de la solidarité.
) (
Trois nouveaux
Trésoriers - Payeurs coloniaux
- Le Journal Officiel a publié ce matin les
trois nominations suivantes, faites par décret
du 13 août rendu sur la proposition du minis-
tre des Finances :
M. Emile Henry, trésorier-payeur général
du Puy-de-Dôme, a été nommé trésorier gé-
néral de r Indochine, en remplacement de M.
d'Encausse de Ganties, admis à faire valoir
ses droits à la retraite.
1. M. Georges-Richard, trésorier-payeur du
Laos, a été nommé trésorir-payeur du Togo.
Et M. André Escoffier, ancien député, a
été nommé trésorier-payeur du Laos, en rem-
placement de M. Georges-Richard.
) e.- (
Conseils d'Administration
A Madagascar
Par arrêté du Gouverneur général, ont été
prorogés pour une nouvelle période de 2 ans
à dater du 31 juillet, le mandat de MM. Dus-
sol, Modrin et Vovard, membres titulaires ;
du prince Ramahatra et de M. Ra lison, mem-
bres titulaires indigènes ; de M. Dupont,
membre suppléant et de M. Randrianary,
membre suppléant indigène.
Est-ce un conflit Russo-Nippon
en perspective?
La Compagnie nippone, concessionnaire des
pétroles de Sakhaline a annoncé qu'elle était
obligée de procéder à la construction d'une
pipe-line allant jusqu'à la mer dans le rayon
de Katangli, au nord-est de Vile, sans atten-
dre Vautorisation de la Direction générale des
concessions près le Conseil des commissaires
du peuple, sous prétexte que cette autorisation
tarde trop.
Les autorités de Sakhaline ont reçu l'ordre
d'interdire les travaux, le gouvernement de
l'U.R.S.S. considérant qu'en les entreprenant
sans autorisation, les Japonais violent l'acte
de concession.
Félicitant la France de l'importance de sa Délégation à Genève,
pour la session qui ouvre vendredi prochain, le Daily Herald, heureux
comme un gamin en vacances, et qui prône le principe de la porte
ouverte dans toutes les Colonies, écrit avec une touchante simplicité ;
« Un transfert expérimental d'un mandat important au moins, rendrait
aux membres de la S.D.N. la foi dans l'institution elle-même et lui assu-
rerait le respect des pays non-membre. de la Société.
Nous sommes parfaitement sensible à l'argument. Rendre la foi
à ceux qui ne l'ont plus 1 Mais que le Daily Herald virevolte donc de
Berlin, à Rome et à Tokyo pour y faire son prêche 1
Pourquoi ferions-nous, une fois de plus, les frais de l'opération et
pourquoi sacrifierions-nous à la gloire d'une Institution que les Nations
désavouent dis qu'elles sont fortes, un des deux mandats qui nous
restent, triste reliquat d'une guerre sans nom ?
Messieurs les Anglais, tirez les premiers 1 i».«.
Détresse
de la Guyane
Dam un article fort judicieux de La Guyane
(Cayenne 12 juin) où l'auteur, sous la signature
« Itho » convie la jeunesse de son pays à ne
pas mêler dans le même amour de la France les
principes et les hommes, nous relevons son sé-
vère jugement :
En effet, si l'action colonisatrice est avant
tout « une œuvre idéaliste d'humanité D il
ne faut cependant pas oublier qu'elle est aus-
si « une entreprise réaliste de progrès tech-
nique ».
Ur, balançons le compte du bienfait colo-
nial français en Guyane et lisons le solde :
a) Assistance médicale : Bien !
b) Progrès économique : Rien de rien.
c) Instruction : peu de chose vraiment :
l'enseignement primaire aussi bien que l'en-
seignement du second degré sont livrés au
hasard, à la routine disons-le : à J'ab-
solue Dasailie.
En résumé si l'action colonisatrice dans ce
ce pays qui est français depuis plus de trois
siècles est passablement riche de sens hu-
main, elle est qui osera me le contester ?
totalement nulle d'efficacité matérielle.
Le bagne, comme on a bien voulu le pré-
tendre en en poursuivant la destruction, est-il à
l'origine de cette désafiection, de cet ooandon,
de cette criminelle indifférence ? Est-ce lui qui
a interdit l'organisation médicale, le progrès
économique, le développement de l'instruction ?
On a rejeté sur cette co-habitation de gens
qu'un chef aurait pu utiliser, en grands travaux
publics, la carence absolue de la Métropole.
Nous avons, parfois avec violence, exposé les
griefs dont fait état notre ccnfrère, Quelle plus
nette justification de nos écrits, de notre juge-
ment, que ce lamentable exposé venu de
Cayenne même !
LA GUYANE ?
- Mais par une de ces anomalies cho-
quantes, écrit M. Hoche Martino-Tintin dans
La Volonté (Pointe-à-Pitre, 7 et 14 août),
.elle est la plus malheureuse de nos pos-
sessions d'outre-mer. Ce n'est pas pourtant
qu'il lui a manqué des capitaux eL que des
initiatives heureuses et des compétences lui
font défaut. Ce n'est pas non plus que des
hommes de bonne volonté et bien inspirés
ne se soient penchés sur ses misères. Non 1
Son malheur réside dans ce que tous ceux
qui ont été ou qui sont placés pour travailler
à son relèvement économique et financier
n'ont eu et n'ont qu'un seul objectif : s'en-
richir. Le fait ne saurait être contesté. Nous
sommes autorisés à en parler, pour avoir
vécu de nombreuses années en Guyane. L'in-
térèt personnel au particulier des dirigeants
ou des chefs d'Administration a toujours le
pied sur l'intérêt de la collectivité. Le mal
-est si profond, si endémique que--rai-es sont
- ies chefs d'explolllltions qui ne îuangeht pas
la grenouille comme l'on dit en langage cou-
rant.
Des millions et des millions se sont déjà
engloutis en Guyane sans qu'aucun objet
d'art ou travail sérieux ait été réalisé.
M. Martino-Tintin fait-il état de la « plaie »,
de la « honte », de la « tare » du bagne, pour
idéfinir la triste position de la Guyane, aprèd
lrois cents ans d'occupation française P
Rappellerons-nous ce que nous écrivions au
moment où, généreusement, au nom de princi-
pes humanitaires qui sont fort beaux, mais qui
pour la Guyane ne pouvaient être évoqués, la
France allait délivrer cette magnifique colonie
du bagne ? On a voulu donner des gages àf
l'électeur. Cela réussit toujours de gratter chez
lui la corde sensible. Mais nous soutenons que
la mort du bagne sera la mort de la Guyane.
Les hommes sur les routes, à faire des ponts,
à Jébrousser, à doter ce pays solitaire de voies
de communication et d'améliorations portuaires 1
Des chantiers 1 Le bagnard au grand air, bien
encadré, bien nourri 1 Et la Guyane était créée
Mais pour cela, il fallait que la Métropole fasse
tomber - les -- services pénitentiaires sous l'autorité
du gouverneur, et que celui-ci mène le tout
comme un militaire.
La sensiblerie ne l'a pas permis.
Si i'aciou, si la rapidité des communicatiom
ne mettent pas demain la Guyane à portée im-
médiate de la France, nous considérons cette
rO/Gnit comme perdue.
Nous ncus apercevons que d'aucuns, qui sont
sur place, s'en rendent compte.
Mais la France le comprendra-t-elle ?
D'Indochine,
un nouveau Chevalier.
Dans La Dépêche (Saigon, juillet). M. Ce-
mille Aymard a pris congé de ses lecteurs. Il
est rentré en France par avion, rejoignant M.
de Lachevrotière, durant que notre and jehan
Cendrieux assurera à Saigon Cendrieux enfin
en possession d'une vaste tribune ! la direc-
tion du journal.
L'article de Camille Aymard contient des
passages que nous ne pouvons pas ne pas citer :
,..La plupart de ceux qui nous gouvernent,
comme de ceux qui nous ont gouverné dans la
passé, se sont laissés peu a peu pénétrer de
cette croyance que leur pouvoir était de droit
divin. Ils se considèrent comme les maîtres
absolus d'un .peuple de serfs, et n'admettent
auprès d'eux que des valets soumis et courbés.
Pour que les revendicatiuhs des opprimés n'ar-
rivent pas Jusqu'à eux, ils s'entuurent. d'une
zone de silence. Certains d'entre eux ont Impor-
té. en ce pays d'antique civilisation, une men-
talité da rois ilè"res.
De là les erreurs, les malentendus qui sa-
pent lentement l'autorité française en ce paya.
,..En effet, que voyoii>-nous ?
En haut, l'inaction qui e croit sagesse. En
bas, l'impulsivité qui ,-e noit énergie. Entre
eux, le murmure obséquieux, la soumission
Ironique, la servilité gouailleuse des profiteurs,
(lui se font les complices passifs, et parfois
amusés, d'un destin peiit otre redoutable.
Révéler aux pouvoirs publics et à l'opinion
métropolitaine des erreurs vieilles de vingt
ans, dénoncer la politique d'incompréhension
qui sépare de plus en plus profondément les
hommes qui gouvernent et le peuple gouverné,
en montrer les conséquences périlleuses, c'est
là le plus grand et le suprême service que je
puisse rendre à l'indocinne. ma patrie d'élec-
tion.
Nous n'aurons pas la cruauté d'appuyer sur
ce jugement sévère, formulé d'une manière
constante par notre propre journal. M. Camille
Aymard, en quelques phrases solides et nettes a
défini admirablement le mal dont nos colonies
souffrent, et qui les fait crever. Ce « patronat
de droit divin » est plus redoutable à la colo-
nie qu'en France. L'indigène seul en aura rai-
son. Mais nous serons chassés en même temps.
La première fois, ce fut l'Angleterre qui sur
toutes les grandes terres du Monde eut raison
de la France. Aujourd'hui, nous sommes les
seuls artisans de notre ruine. C'est bien pour
cela que, dans notre journal, nous n'en accu-
sont que nous-mêmes.
m
e •
Mais comme M. Camille Aymard est jeune 1
Et quelle naïveté ! « Révéler aux pouvoirs pu-
blics et à l'opinion métropolitaine des erreurs.
dénoncer la politique. en montrer les consé-
quences 1. » Las ! M. Camille Aymard sem-
ble débarqufir de son village ! Il a cependant été
Directeur de journal à Paris, il est un vieux
routier de nos milieux, et il connaît la presse.
À-t-il réellement oublié qu'il n'est pire souri
que celui qui ne veut pas entendre, pire ennemi.
que celui qui clame la féalité, la vérité ? L'in-
dépendance ne se porte plus. Pittoresque quand
elle touche le voisin, elle est âprement abattue
dès qu'elle atteint celui qui souriait devant son
adversaire déchiré. D'aucuns en font commerce,
aussi longtemps qu'elle ne s'est pas rétrécie
comme la peau de chagrin. A ceux qui préten-
dent, loin des humaines contingences, réaliser
feiir rêve- la calomnie, la bassesse, souvent la
Loi sont T jetées en travers des jambes. Ils tré-
buchent, s'usent et n'ont plus de moyens pour
régler leurs factures. On leur fait faire la grève
de Forgent. L'humanité après leur avoir sou-
levé le cœur, les empoisonne.
M. Camille Aymard entend dénoncer les
tares par quoi notre Empire aujourd'hui
s'écroule ?
Quel beau rêve !
Il y a quatre années que nous le poursui-
vons, sans que sa diaphane immatérialité nous
ait jamais marqué sa présence autrement que
par le goût (Tamertume que nous en gardons
aux lèvres.
) *a- <
Au gouvernement du Dahomey
M. Ernest Gayon, adminitrateur en chef,
délégué dans les fonctions de secrétaire géné-
ral p.i. a été chargé des fonctions de gouver-
neur p.i. de la colonie, en remplacement de
M. Maltinet, gouverneur p.i.
A propos des Conseils privés
EN OCÉANIE
Deux décrets ministériels viennent de paraî-
tre, concernant le Conseil Privé des Etablisse-
ments français de l'Océanie.
Le premier restitue à un fonctionnaire des fi-
nances, les fonctions qu'assurait depuis 1934 le
Procureur de la République, au sein des Con-
seils Privés et contentieux locaux, pour assurer
« le principe de la séparation des pouvoirs JJ,
Pourquoi avoir mis trois ans à avoir un aussi
louable souci ? Il est vrai que ce « principe »
ne fut guère respecté, hélas ! au cours des inci-
dents judico-administratifs de 1934-35-36-37 !
Le deuxième décret fixe ainsi, pour deux ans
à dater du 17 octobre prochain, la composition
du Conseil Privé.
Est renouvelé le mandat de MM. Edouard
Ahnne et Georges Lagarde, membres titulaires
et de M. Emile Laguesse, membre suppléant.
M. Emile Martin est nommé conseiller titulaire
en remplacement de M. Edouard Charlier, et
M. Joseph Quesnot, suppléant en remplace-
ment de M. Martin.
* *
*
Le Conseil Privé joue un rôle très important
a Tahiti, que l'on a injustement privée de son-
Conseil général, pour la gratifier de cette ridi-
par Roger Bourgeois
cule caricature d'assemblée représentative, que
sont les Délégations économiques et financiè-
res, savamment composées d'une majorité de
fonctionnaires ou assimilés.
C'est pourquoi nous estimons que la retraite
- nous r espérons, définitive de M. Char-
lier, est un événement heureux pour les Fran-
çais d'Océanie. Quoique cela serait particu-
lièrement suggestif, il est maintenant superflu de
rappeler les multiples et scandaleuses activités
de M. Charlier en Océanie, où, tour à tour
Chef du service judiciaire. Procureur de la Ré-
publique, gouverneur par intérim à plusieurs re-
prises, trésorier-payeur (à 40.000 francs-or.
avant la guerre 1). et après sa retraite, accroché
à la colonie comme une plante parasite sur un
arbre. Conseiller Privé inamovible, il n'est pas
exagéré de dire que depuis plus de 25 ans,
M. Charlier a été le véritable chef de la colo-
nie. Son rôle a été néfaste, et en toute cons-
cience, nous devons dire que si certains gouver-
neurs de ces dernières années (il y en eut 6 en
6 ans !) se sont révélés maladroits et entêtés
dans l'erreur, ils ont dû leurs échecs répétés en
grande partie à la désastreuse influence de ce
petit vieillard vindicatif et aux combinaisons
mystérieuses, que l'on voyait, comme un mau-
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