Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-08-20
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 août 1937 20 août 1937
Description : 1937/08/20 (A38,N44). 1937/08/20 (A38,N44).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265500m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
38e ANNEE. —N° 44.
VENDREDI (13 h. 30) 20 AOUT 1937
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
RÍÀfflon S. Administration :
1, Bar 4e h Baàrac
PARIS m
TÉL. RICHELIEU 7«-0«
(2 groupées)
Les Annallis Coloniales
Fondateur : Marcel RUEDEL
Directeur : Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec la Revue illustrée:
U. an -6 mis 3 mais
France et
Colonies 180 » 100 » 50 »
Etranger.. 240. t25* 70 »
Le Numéro : 1 franc
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
ROLAND-GARROS
aux colonies
Puisque la France néglige le génie de
l'inventeur et confond la mémoire de
Garros avec. les centaines de ceux, héroïques,
mais qui n'ont pu manifester leur habileté
de pilotes-chasseurs que grâce à l'arme
, jouriùé par l'aviateur de la traversée de la
Méditerranée, t l'as » des précurseurs
d'avant-guerre, la Réunion où il est né, la
Cochinchine où il a vécu son enfance, vont
téparer l'injustice signalée par les Annales.
Je reçois une deuxième lettre de M. le
Gouverneur Général Brevié, voulant bien me
faire connaître que :
1* Cochinchine. - Un comité vient d'être
constitué en vue d'ériger un monument à
la mémoire des aviateurs Roland Garros
et Do-Huu-Vi.
2* Annam. — Les Résidents de Vinh et
de Nha-Trung ont l'intention de donner le
nom de l'héroïque aviateur à une rue de
leurs villes.
3" Tonkin. — Deux rues situées dans des
chefs-lieux de province seront appelées rues
Roland Garros.
4° Cambodge. — La prochaine voie pu-
blique qui sera aménagée recevra le nom de
l'aviateur oochinebinois. ,..,' -
5* Laos et Kouang-Tchéou-Wan — Aucune
rue, place ou établissement public ne porte
Je nom de Roland Garros. mais celte lacune
sera comblée à la prochaine occasion.
En remerciant M. le Gouverneur Général
Brevié, je me suis permis d'insister sur ce
point :
« Ce n'est pas seulement comme héros
qu'il faut célébrer Garros, mais comme
l'homme qui a donné son arme à l'aviation,.
avec la MITRAILLEUSE TIRANT A TRAVERS
L'HÉLICE.
C'est cela que l'on escamote en France.
On n'a jamais pardonné, en haut lieu, à un
simple pilote — engagé Réunionnais qui ne
devait pas le service militaire — sa trou-
vaille décisive, alors que les avions de 1914
se traînaient (les cages à poules) avec, dans
le dos du piJote, un observateur muni de flé-
chettes qui tombaient à terre comme d'inof-
fensives aiguilles, et d'un browning ou d'une
carabine de cavalerie — contre des avions
faisant du 100 à l'heure. On ne digérait pas
que Garros fut vainqueur du Circuit d'An-
jou, où il avait su montrer que l'avion peut
voler par tous les temps, sur un appareil
refusé par l'armée.
.<<~J~ph~<~~c~-oM<~ent~d8n e rendre à Garros ce qui lui est dû en
propre. Evidemment, on ne peut y graver
une mais ne. pourrait-on inscrire, ça
bref. '• - ,
Roland Garoos ,','
Aviateur-Inventeur
Je signale qu'il détestait le mot « héros »,
appliqué à quiconque, en série.
Il faut honorer le Français Garros et
l'Annamite Do-Huu-Vi ensemble, symboli-
quement, mais en marquant cette distance.
Si le blanc et le jaune ont été égaux dans
le sacrifice, il faut revendiquer pour Garros
le rang que l'on accorderait à Do-Huu-Vi
si l'aviation lui devait ce qu'elle doit à Ro-
land Garros.
C'est ce qu'a bien compris M. Truitard,
Gouverneur de la Réunion, dont je n'ai au-
cun scrupule à reproduire des passages élo-
gieux pour moi. Je ne le ferai pas à la mo-
destie, trop heureux d'une approbation dont
je suis ému : -
« Votre ouvrage, qui retrace si noble-
ment et si exactement la vie du Réunionnais
Roland Garros, devrait être comme imposé
à la lecture et aux commentaires de ses
compatriotes, jeunes et vieux : ils y puise-
raient les éléments dont ils n'ont guère — me
semble-t-il — la conscience, notamment le
libéralisme, la générosité, l'enthousiasme, la
volonté, le courage.
« Et je comprends d'autant mieux après
avoir lu avec piété, je puis bien le dire, votre
livre, l'émotion toute de regrets que vous
avez pu ressentir en constatant que, déjà,
l'oubli s'écrase sur notre héros.
« Vous avez été choqué, et c'est juste, de
ce que l'Aéro-Club de France ne se soucie
plus de Roland Garros, et j'ai moi-même été
singulièrement étonné et choqué aussi de ce
que, dans un film de propagande commenté
par le commandant Petit, si je ne me trompe,
film où l'on a fait défiler tous les anciens
aviateurs depuis Blériot et Latham jusqu'à
Védrines, Paulhan, en passant par Santos- j
DumoRt, rien, aucune vue>;_ aucun mot
n ait été projeté sur Roland Garros qui a
au moins inscrit à son palmarès des faits qui
sont du pur Roland Garros, la traversée de
la Méditerranée et le tir à travers l'hélice,
sans parler, bien entendu, des autres exploits
et hauts faits qui honorent sa mémoire. Je
vais donc écrire. avec force, et à l'Aéro-
Club de France, et au ministère de l'Air r
je protesterai et j'obtiendrai, je veux bien
l'espérer, le rétablissement des choses.
« Quoi qu'il en soit. la mémoire de Ro-
land Garros est pieusement observée icf : une
plaque a été apposée sur la grille de la mai-
son où il est né, la maison elle-même venant
de disparaître parce qu'elle tombait en rui-
nes ; et, d'autre part, une statue de l'avia-
teur en pied a été élevée face à la mer, sur
la promenade du Barachois si chère aux
Réunionnais.
« Cher Monsieur, vous pouvez être sûr
de mes efforts pour rendre à Roland Garros,
dans les annales de l'Aviation, la place qu'il
mérite si hautement et dont votre ouvrage
m'a permis de me faire une idée désormais
définitive et complète, en même temps
qu'élogieuse et grandiose. »
- -Au* -neu5; ^ejivotjs.. doncl nous
féliciter de l'issue de cette campagne de jus-
tice.
Pour Clément Ader, le premier homme
qui a volé, pour Roland Garros, grâce à qui
l'aviation de guerre fut armée, il ne faut pas
que l'oubli et l'ingratitude s'installent.
Il ne devrait pas se fabriquer, il ne de-
vrait pas voler un avion de paix, un avion
de guerre, qui ne porte l'un ou l'autre nom.
Jean Ajalbert,
de l'Académie Goncourt.
Sous .la présidence de MM. Gannay et Hui.
Quaiis-Cliieii, le comité .Roland Gairos-Do-Huu-
Vi, réuni à SaIgon, a pris connaissance de*
nombreuses lettres de personnalités acceptant
de faire partie du Comité d'bonneur de ce grou
peinent.
Il n'est pas à notre connaissance que notre
collaborateur Jean Ajalbert ait été pressenn
à ce sujet.
Après la part si active et si efficace qu'il a
prise, dans nos colonnes, pour la glorification
de la mémoire de Roland Garros, nous ne pou-
vons pas, au risque de contrister notre émincnt
collaborateur et ami, ne pas en marquer Ici
notre douloureux étonnement. — Les A. C.
A la Société des Nations
La prochaine session du Conseil
La 98® Session du Conseil de la S. D. N.
s'ouvrira à Genève le 10 septembre, précédant
de quelques jours l' ouverture de la session de
l'Assemblée.
Actuellement, parmi les vingt questions ins-
crites, ne figurent ni la guerre d'Espagne ni
le conflit sino-japonais, ni le problème éthio-
pien.
L'ordre du jour comporte, par contre, l'exa-
men du rapport de la Commission des Mandats
qui donnera lieu à une discussion sur l'avenir
de la Palestine.
On relève encore : l'établissement des Assy-
riens de l'Irak ; la requête du Gouvernement
de l'Irak contre le gouvernement de l'Iran au
sujet d'une contestation de frontière.
Dans l'ordre économique figure la discussion
du rapport du Comité économique qui fera allu-
sion à la mission de M. Van Zeeland et le
rapport de la Commission pour l'étude de la
répartition des matières premières, qui tiendra
une nouvelle réunion au début de septembre,
qvant la session du Conseil, pour rédiger son
rapport à la Société des Nations.
La question de la Palestine
La Commission des mandats a clos mercredi
1 13 heures la session qu'elle a consacrée à
l'examen du mandat de la Grande-Bretagne
sur la Palestine. Elle a décidé que son rapport
ne sera pas, publié avant la session du Conseil.
Ajoutons que le nouveau ministre des Affai-
res étrangères de l'Irak, qui fut président du
Conseil et ancien délégué à la S.D.N., M. S.
Totifik Assuwaisi, viendra à Genève vers le
8 septembre, où il appuiera la thèse arabe con-
tre. le plan de partage de la Palestine, et en
faveur de la création d'un Etat arabe indépen-
dant. ,
< La Foir de Marseille f
ouvre le mois prochain
La XIIIe Foire Internationale et Coloniale
de Marseille sera inaugurée le 10 septembre
par M. Fernand Chapsal, Ministre du Com-
merce.
An Ministère des Colonies
OU IL FUT QUESTION D'ARGENT
En l'absence de M. Marius Moutet, minis.
tre des Colonies, qui n' est pas encore de retour
à Paris, M. Gaston Monnerville, sous-secré-
taire d'Etat aux Colonies, s'est rendu auprès
de M. Georges Bonnet, ministre des Finances,
sur la demande de celui-ci, activement occupé
à la préparation du budget.
- ) - e.. ( —————————
Le conflit des banques
au Maroc est réglé
La convention collective intervenue, le 3
juillet 1936, entre l'Union syndicale des ban-
quiers de Paris et de la province d'une part,
la fédération nationale des syndicats d'em-
ployés (C.G.T.) et la fédération française des
syndicats chrétiens, d'autre part, devait s' ap-
pliquer non seulement en France, mais encore
en Afrique du Nord.
Des conversations ont eu lieu, en février et
mars 1937, entre les représentants des patrons
et les délégués des employés en vue d'adapter
cette convention aux conditions spéciales du
Maroc. * Ces conversations directes ayant
échoué, deux arbitres furent désignés, mais ne
purent se mettre d'accord sur l'objet et l'éten-
due de leur mission, et décidèrent de recourir
au surarbitrage du ministre des affaires étran-
gères. -
Ce- surarbitrage vient d être rendu par M.
François de Tessan, sous-secrétaire d'Etat aux
affaires étrangères. La sentence surarbitrale
fixe l'échelle des salaires minima des employés
titulaires des banques, au Maroc, à un niveau
intermédiaire entre les barèmes français et tuni-
siens, et elle prévoit des augmentations de
salaires à compter du Ier juillet 1937.
Elle règle, en outre, quelques points de
détail relatifs aux congés, aux retraites,, au
fonctionnement des conseils de discipline et à
J'application de la convention collective à ceux
des employés qui ne jouissent pas du droit syn-
dical. c'est-à-dire aux indigènes qui obtiennent
certaines garanties quant aux salaires minima.
LE CONFLIT
sino-japonais ;
um
es événements se déve-
loppent en Chine côm.
me il était facile de
le prévoir. Un' grand
journal français écri-
vait, il y a peu de
jours : « A moins de
posséder de l'Extrême-
Orient une expérience
personnelle j'admire
ceux qui parlent des
événements de Chine
comme s'ils y connaissaient quelque chose. Ce
qui se passe entre peuples d'Extrême-Orient est
à peu près inintelligible pour nous. Il faut se
garder de dramatiser dans de telles matières. Il
faut se garder surtout de vouloir les juger selon
nos réflexes et nos principes. C'est le seul moyen
sûr de se tromper. »
Ce qui est admirable c'est que ces lignes éma-
nent d'un journaliste dont les écrits font auto-
rité dans les milieux qui, chez nous, se consa-
crent à l'étude des questions extérieures. Les af-
faires d'Extrême-Orient paraissent compliquées
aux yeux de beaucoup d'Occidentaux qui avouent
ne pas comprendre grand'chose à la mentalité
des peuples jaunes. Il ne - faut rien exagérer. J'ac-
corde volontiers que dans le. domaine philosophi-
que et fèîlgreux ces peuples diffèrent dt nous^
mais en est-if dé même lorsqu'il s'agit du- "fètar
tions entre Etats. Ici leurs conceptions ne parais-
sent pas s'éloigner beaucoup de celles que nous
connaissons et qui depuis des siècles sont prati-
quées par les gouvernants de la pointe occiden-
tale de l'Eurasie. Les désirs d expansion et les.
volontés de conquête y sont déterminés par des
mobiles qui ne nous sont vraiment pas étran-
gers parce que depuis des siècles ils constituent
le fond de la politique des Etats européens.
Aussi bien cet aveu d'inintelligence dissimule-
t-il la crainte d'être obligé d'avouer les erreurs
et les fautes des grandes puissances occidenta-
les. On préfère déclarer qu'on n'y comprend
rien que de reconnaître que depuis dix ans on a
accumulé les bévues et multiplié les faiblesses.
Nous avons déjà eu l'occasion de l'écrire ici-
même, mais il n'est probablement pas inutile
de le répéter : la politique japonaise en Chine
est d'une clarté parfaite. De ce que les dirigeants
de Tokio apportent à son application une grande
souplesse, de ce qu'ils savent s'arrêter quand
toute progression pourrait devenir dangereuse, de
ce qu'ils consentent des abandons quand les cir-
constances les imposent, on en a conclu qu'elle
était hésitante et ses buts incertains. Je ne crois
pas qu'il y ait erreur plus complète. Depuis qua-
rante ans, Tokio poursuit avec un sens politique
remarquable la réalisation du dessein ambitieux
qui tend à faire du Japon le directeur des peu-
ples -Jattriês. 1 — •. -- -
Considérations politique qu'animent l'esprit
féodal et guerrier, nécessités économiques con-
courrent à la réalisation de .cet impérialisme qui
oppose successivement le gouvernement du Mika-
do, à la Russie, à l'Angleterre ou l'Allemagne,
aux Etats-Unis, à la France, bref à tous les Etats
qui, à un titre quelconque, ont des intérêts sur
les rives du Pacifique. Tous ne sont pas égale-
ment menacés mais tous sont ou seront touchés.
On aime à faire en Occident une distinction
entre les partis japonais, partis politiques, par-
tis militaires. Je crois cette discrimination assez
artificielle. A la vérité, les uns et les autres sont
plutôt en désaccord sur la méthode que sur le
fond des choses.
A la lumière de ces faits tout parait clair dans
la politique japonaise vis-à-vis de la Chine. La
conquête de la Corée, la création du protecto-
rat du Mantchoukouo, la mainmise sur la Chine
du Nord procèdent du même dessein. Je ne pense
pas que le lapon ait éprouvé des déceptions au
Mantchoukouo. Il connaissait trop le pays pour
s'être trompé sur les résultats qu'il pourrait at-
tendre de son occupation, laquelle répondait à
un double objet politique et économique : cons-
tituer une manière de glacis contre la domina.
tion russe en Extrême-Orient, fournir des produits
alimentaires et des matières premières à la popu-
lation et à l'industrie japonaises. Je ne pense
pas, jusqu'à preuve du contraire, que cet im-
mense pays ait été considéré comme un terrain
possible de colonisation. Aussi lorsqu'on suppose
que ce sont les insuccès de la colonisation dans
le Mantchukouo qui ont déterminé la poussée en
Chine du Nord je crains bien qu'on se méprenne
sur les desseins profonds de la politique japo-
naise. De l'occupation de cette partie de la Chine
il était déjà question, en 1915, si j'ai bonne mé-
moire. Elle est expressément visée dans l'une des
décision des 9 puissances de Washington en 21.
Voilà comment se présente à nous le conflit si-
no-japonais ou plus exactement la phase présente
de ce conflit. Car nous ne sommes pas à la fin.
Il est évidemment fort risqué de faire des pro-
nostics. Un de nos compatriotes qui a vécu long-
temps en Chine et y fait encore des séjours fré.
quents écrivait au retour de son tout à fait récent
voyage qu'il avait le sentiment que ça finirait par
s'arranger. C'est fort possible. La politique japo-
naise est prudente. Elle sait arrêter ses progrès
quand elle est. convaincue qu'il y aurait inconvé-
nient à vouloir pousser jusqu'au bout ses avanta-
ges.-Elle ne parait pas avoir intérêt à poursuivre
sa conquête. Ce sera déjà pour elle un immense
succès que d'avoir occupé un territoire de plus
de 60 millions d'habitants et abondant en res-
sources agricoles et industrielles ou tout au
moins s'y être fait reconnaitre une situation pri-
vilégiée.
Le Japon a profité des embarras des uns, de
l'aveuglement des autres, de la faiblesse de son
adversaire. La situation internationale lui est fa-
vorable et menace de le rester encore longtemps.
Le monde est revenu à vingt-cinq ans en arrière.
Ce recul ne peut que favoriser les projets d'un
gouvernement comme celui de Tokio.
La Chine fait de grands, efforts pour devenir
une puissance capable de résister à son dange-
reux voisin. Mais les résultats de cette œuvre ne
se manifesteront pas demain.
L'Asie deviendra-t-elle japonaise ? Je ne sais.
Ce qui est sûr c'est que la puissance japonaise
marque chaque année des progrès-réguliers, mé-
thodiques et j'admire ceux qui-se tirent élégam*
ment d'affaire en déclarant que les occidentaux
n'y comprennent rien. Le moment viendra — il
n'est peut-être pas très éloigné — où Ils seront
bien obligés de comprendre. Mais je crains
qu'alors Il ne soit un peu tard.
Henry Fontanier.
Ancien tUputl,
Agrégé de l'Université
i.en rebellion
- contre Dakar
Au cours de sa séance du 8 août, la Cham-
bre de Commerce de la Côte d'Ivoire a été
saisie d'un vœu présenté par M. Jean Rose,
président de la Chambre d'Agriculture et
d'Industrie de la Côte d'Ivoire.
Ce vœu fut adopté à l'unanimité, avant la
lettre, mais la séance officielle de l' assemblée
devait en avoir raison. L'intervention de M.
Mondon, gouverneur de la colonie, fut en
effet à ce point de vue décisive, et la Cham-
bre de Commerce, pudique, corrigea ainsi ses
plus intimes désirs. :
Nous n'avons pas les mêmes raisons, ét nous
nous faisons un devoir de publier ce vœu, que
d'aucuns pourront à leur aise méditer :
La Chambre de Commerce,
Considérant que la Côte d'Ivoire a
un budget d'environ 97 millions de fr.,
et. que les taxes réclamées par le Chef
de la Fédération au protit du budget
général vont être approximativement
du même ordre annuellement pour la
seule Côte d'Ivoire.
Considérant que les commerçants ne
'^fWwaNéaitUK ..-[Wte-telle-1I8BIIIt8'r
payée par la colonisation en général et
par la production européenne et indi-
gène en particulier, soit prélevée sur
les richesses de la Colonie pour alimen-
ter le budget général.
Considérant que la Côte d'Ivoire a
un Chemin de fer appartenant au Gou-
vernement général, qui est le seul au
Groupe de l'A. O. F.à réaliser de co-
pieux bénéfices d'exploitation lesquels
vont également à Dakar,
Considérant que le Service Maritime
de la Côte d'Ivoire rattaché au Gouver-
nement général expose chaque année
des bénéfices d'exploitation dépassant
plusieurs millions, encaissés toujours
par l'Administration de la Fédération,
- Considérant, en somme, que la pro-
duction de la Côte d'Ivoire va se trouver
saignée à blanc, sans profit pour son
équipement particulier, sauf de maigres
délégations,
Considérant que si des Colonies du
Groupe de la Fédération ont absolu-
ment besoin d'équilibrer leur budget
par des secours du Gouvernement Fé-
déral, il appartient à celui-ci de recher-
cher une autre forme de participation
de lanies du groupe à même de participer,
& M ~-~a~"-~)Kr iMCojmmerce et de i'ôfticuiUire de 1»
Côte d'Ivoire sont très rarement prises
en considération par M. le {ktwerneur
Général de l'A. O.F., "v-« ,
Imet le vœu : - ?
Que le gouvernement de la Côte d'I-
voire soit déclaré autonome territoria-
lement, administrativement et financiè-
rement.
Il y a quelque vingt ans que nous militons
dans ce sens, et que nous posons le principe :
la Côte d'Ivoire doit-elle continuer, à être sa-
crifiée au profit des colonies de la Fédération,
et le gouvernement général, tentaculaire, ma-
chine à retarder les affaires, à. les enterrer,
parce que les méconnaissant. les méprisant, ne
voyageant pas et n'ayant pas la foi, dQit-il
être d'année en année gonflé en son budget,
doit-il écraser tout sous lui. doit-il être le maî-
tre souverain et ruiner ses sujets ?
Nous avons exposé une nouvelle fois, cet
hiver, notre conception, lors de notre dernier
voyage en Afrique. Nous avons exprime ora-
lement à M. le ministre des Colonies, à notre
retour, objectivement, aussi impartialement que
nous l'avons pu, lesréformesqu'il conviendrait
d'apporter à une centralisation administrative
et à une organisation de !a Fédération qui ne
sont plus du siècle. M. Moutet s'est depuis
rendu en Afrique.
Mais toutes les solutions qui eussent pu venir
en aide à la Côte d'Ivoire ont été ajournées,
ou confiées. Le prolongement de la voie fer-
rée Bobo-Ouaga est « réservé », le Sassan-
dia a reçu le coup de grâce, -un rapport du
Gouverneur de la colonie l' ayant condamné
avec l'approbation du Gouverneur Général. Le
Sassandra continuera donc à franchir le Banda-
ma pour exporter, par Abidjan !
Que la colonisation s'éveille ! Qu'elle affir-
me sa personnalité 1 La colonie demeure en
ettet une affaire d'Etat, un filon administratif.
un cercle de privilégiés.
Ceux qui ont peiné, souffert, travaillé, ayant
risqué leur vie, leurs capitaux, joué l'exil, tenté
le coup. sont encore des parias. Ils le savent,
mais ne s'organisent point pour lutter. Ils sont
les maîtres, et ce sont eux les esclaves. Ils
sont les u payeurs », et ce sont eux qui rnar- I
chent au commandement.
La Chambre de Commerce de la Côte
d'ivoire n'a pas osé rompre, mais déjà ceux
qui justifient par leur argent la présence de
ceux qui les administrent grondent. Les temps
vont changer. La colonisation cessera un jour
d'être l'exclusif apanage d'un cénacle assuré
de son pain quotidien, de ses échelons mathé-
matiques, de sa retraite certaine, de la mise
en exploitation savante d'une agréable formule
d'exit.
Vive la révolution coloniale !
————————- ) e.- ( —————————
Propagande coloniale
à l'étranger ;
Les Pays-Bas seront .représentés à la
Foire d'Automne de Leipzig, du 29, août, au
2 septembre par une. exposition collective de
produits manufacturés, de produits agricoles
et de produits de provenance coloniale.
En même temps, une propagande adroite
invitera les étrangers; à visiter la Hollande.
L'organisation de cette exposition se trouve
entre les mains de l' Il Aldeeling Economis-
ent Voorlinchting » à la Haye.
C~taM& ~(~h~
ont enfin compris
Nous avons avec soin, depuis quelques mois,
relevé et annoté toutes tes manifestations d' hos-
tilité dont nos producteurs mébopolitains de
fruits et légumes furent si prodigues vis-à-vis
de nos producteurs nord-africains. Cela nous
attira des insultes. Il semble en effet qu'il soit
désormais dans les mœurs actuelles de répondre
par des injures et des grossièretés aux critiques
et aux polémiques courtoises.
D'arguments, les journaux qui nvus traînè-
rent, de Marseille à Rodez et à Tours, sur la
claie de leur médiocre mentalité n'en fournirent
aucun. Nous représentions que le produit nord-
africain faisait prime sur leur produit, malgré
le fret, les taxes et les droits, parce qu'il était
« standard M, mieux conditionné de qualité con-
trôlée au départ, et mieux présenté. Les mé-
thodes sont autres. Elles ne sont pas archaïques
et figées dans des pratiques condamnées de
longue date maintenant par la Californie et cer-
tains autres pays. La production des fruits et
primeurs, comme toutes celles qui ont à répon-
dre à une vaste consommation, s'est socialisée.
Comme en usine, elle doit travailler à la chaî-
ne, presque mécaniquement. C'est le collecti-
oitme de la coopérativet .mais'c' ai aussi sa sé-
curité, sa. prospérité et la défense de ses droits
parce qu'elle observe scrupuleusement ses de-
voirs.
Nous relevions que l'égoïsme, en cette ma-
tière, l'isolement, l'individualisme, pèseraient
toujours sur nos producteurs du sud de la Fran-
ce, et qu'ils seraient, malgré leur recours à
l'Etat, leurs défenseurs au Parlement, leurs au-
diences dans les Ministères, l'action de leurs
groupements corporatifs et leurs injures à de
pauvres diables comme nous, toujours en état
d'infériorité s'ils n'arrêtaient pas des mesures
salutaires et les principes d'une très intime col-
laboration.
La meilleure et la plus raisonnable justifi-
cation de nos articles, la plus formelle condam-
nation de ceux qui espéraient, en nous acca-
blant, arracher la plume de nos mains, résident
dans le communiqué suivant :
SI chaque corporation gravitant autour -la la
production et de la distribution des fruits et
légumes a besoin d'une organisation propre aux
tins d'étude et de défense de ses intérêts stric-
tement professionels, il n'en existe pas moins
de très importants problèmes qui. pour être
solutionnés, exigent la collaboration efficace de
toutes les professions dont l'activité s'échelonne
de la ferme à l'ultime consommateur.
Cette collaboration est apparue indispensable
aux dirigeante des grands groupements syndi-
eaux, plus spécialement, dans le cadre <3PS
réalisations urgentes. telles que la répression
du fardage, la standardisation dès. produits, la
régularisation des offres, la recherche de dé-
bouchés çxrlpiçurs, l'amélioration constante des
procédés de production, présentation et expédi-
MM.
Elle ne saurait jouer pleinement sans l'éta-
blissement d'une liaison permanente entre les
.professions intéressées.
Cette liaison existe désormais.
Le 28 juillet s'est définitivement constitué à
Paris le Comité national Interprofessionnel
des fruits, légumes et pommes de terre, qui
réunit les confédérations nationales de produc-
teurs. les fédérations nationales de négociants,
expéditeurs, mandataires, commissionnaires, et
entend grouper très prochainement tous les
organismes à rayon d'action national dont les
adhérents vivent du transport, de la réparti-
tion ou de la transformation des fruits. lé-
gumes et pommes de terre.
Son siège est fixé 8, rue Cardinal-Mercier, à
Paris
- Son bureau provisoire est présidé par
MM. Decault, président de la Chambre d'agri-
culture de Loir-et-Cher, vice-président de la
Confédération générale des producteurs de
fruits et légumes, et Labié, président de ia Fé-
dération nationale des expéditeurs.
Ainsi, les métropolitains ont compris ! Ils se
sont aperçus que les labels d'origine, du Ma-
roc, de l'Algérie, de la Tunisie, des Canaries,
de la Palestine, jouaient sur les marchés de
gros et jusque dans l'esprit du consommateur.
Les Annales Coloniales, qui ne sont pas
orgueilleuses, marquent cependant un point, -
une fois de plus.
Uk Anales Coloniales
Depuis quelque temps nos confrères veulent.
bien, sous différentes latitudes, s'occuper de
nous. A-Madagascar, en Indochine, au Came-
roun, les « Annales Coloniales », directement
ou par allusions, ont les honneurs de leur
plume.
Nous ne nous occupons de nos confrères que
pour en discuter les idées, que pour faire très
souvent, grâce à eux, écho à la haute mission
de la Presse, naguère une des lumières du
monde, que le mercantilisme, l'ignorance de la
langue, et l'esprit utilitaire ont singulièrement
affaiblie de nos JOUTS.
Mais nos confrères veulent bien s'occuper de
nous quant à notre administration intérieure.
Voici en effet la note publiée par la « Presse
Indochinoise (Saïgon, Ier juillet) :
AUX « ANNALES COLONIALES »
Aux « Annales Colonales », on parle du
départ de M. Monmarson dout la gestion
n'aurait pas satisfait Mme Huedel, proprié-
taire de la feuille. A son retour d'Afrique,
il y a 3 mois. Monmarson avait liquidé quel-
ques coilulKJi'ileuri qui avaient essayé de le
jeler pur-dessus bord, entre autres M. La-
caux, dit J. II. d'Aignot, qui est aujourd'hui
correspondant de l' « Impartial 8.
Celle même « feuille » -- pour reprendre
l'expression de notre confrère — dans son cour
rier de Paris du 8 juillet — annonçait en man.
chette h M. De Beaumont achète les « Anna-
les Coloniales », et écrivait fort gentiment:
LA FUSION DES JOURNAUX
On dit que M. de Benumont a acheté les
Anna le x Coloniale à Mme Huedel el qu'il
aurait offert de fusionner avec ¡:rallce-Ol/tre.
Mer. Ainsi se poursuivrait l'opération de fu-
sion désirée, dit-on par M. Moutet. C'est
celui-ci qui aurait baptisé France-Outre-Mer
proserivant le mot « colonie » à cause da
l'Afrique du Nord
M. de Beaumont est collaborateur des
« Annales Coloniales » .• le Parlement étant en
effet le conducteur suprême de notre pays,
fournissant aux gouvernements successifs leurs
ministres, parfois leurs Gouverneurs généraux,
parfois leurs Ambassadeurs, les t Annales Co lo-
niales » estiment avec raison — elles pents-
lent à le croire — que leur collaboration par-
lementaire attache à la cause coloniale des con-
cours dévoués, crée des amitiés, éveille l'inté.
rêt parmi cette imposante Assemblée d'où sor-
tent, toutes faites, et sans appel, les lois.
M. Monmarson est le signataire de ces
lignes. Il s'est effectivement séparé de colla-
borateurs qui ne répondaient plus à sa manière
de voir, il a fait appel à d'autres collabora-
tions. Regardons-nous, à la loupe, ce qui se
passe chez nos confrères ?
Il y a tant à faire pour la grandeur de l' Em-
pire 1 De toutes parts fusent les émeutes, de
toutes parts bouillonnent Ici menaces. Il faut
veiller au danger et le journaliste n'étant pas,
croyons-nous, devenu encore un égoutier, il
est passionnant d'évoluer dans le monde éter.
nel des idées. Cela suffit à nous prendre tout
notre temps. et nos loisirs.
De grâce, chers confrères, occupez-Cous
moins de notre journal, et suivez-nous dans
l'âpre combat que nous livrons afin que la
pierre tombale ne soit pas scellée encore sur
notre liberté, à nous tous, les journalistes 1
r-
Dans les Banques Coloniales
A LA B.C.A.
Le rapport du conseil d'administration de la
Banque Commerciale Africaine à l'assemblée
générale ordinaire du 28 juin signale que la
Banque a l'intention, la Côte d'Ivoire s'affir-
mant « comme une colonie de grand avenir n..
de construire à Abidjan un immeuble capable
de recevoir les services de la Banque autant
que de loger ses agents.
Ce même rapport signale en outre la réour
verture. en A.E.F. du bureau de Pointe-
Noire.
Comment construire l Empire
Les solutions
par Jacques Ervédis.
L'EDIFICE POLITIQUE
Si l'on veut édifier l'Empire, il faut donc
commencer par lui donner une personnalité poli.
tique, lui définir un régime, lui garantir une
Constitution.
Projet ambitieux, chimérique, révolution,
naire ? Non. D'ores et déjà les éléments de réa-
lisation existent, il ne s'agit que de les utiliser
ou les adapter, ainsi que nous le verrons plus
loin. Nous ne prétendons point rebâtir un mon-
de : nous disons : voici des instruments, sachez
vous en servir.
Projet irréalisable ? Non. Plus simple qu'il
n'y paraît à première vue.
Certes nous avons été les premiers à signa-
ler combien il serait dangereux et vain de pré-
tendre amalgamer des races, des peuples et des
civilisations aussi différentes que celles présen-
tées par notre immense domaine d'outre-mer !
Nous avons. dit en outre ce que nous pen-
sions d'une centralisation aboutissant à faire di-
riger de Paris des territoires lointains, mal con-
nus des hommes de la Métropole et dont au
demeurant les intérêts ne peuvent être appréciés
que sur place.
Cependant il est bien évident que l'Empire
ne saurait exister sans une cohésion minimum
entre les diverses Colonies qui le constituent :
la Colonie particulière, écrivions-nous, considé-
rée comme une fin effroi et régie en vue d'un
développement égoïste, est la négation de l'Em-
pire.
Et nous ajoutions : l'Empire do £ ?fare un Syn-
dicat, un Syndicat d'initiatives comme un Syn-
dicat d'intérêta.
Alors il sera autre chose qu'une expression
géographique.
Le problème revient donc dès lors à assurer
l'unité dans la diversité, à créer l'organisme
impérial en fonction de certains grands intérêts
généraux tout en respectant les particularismes
politiques, religieux, économiques et humains
des divers états, colonies ou territoires, consti-
tuant le domaine extérieur français.
Existe-tTii une notion politique simple, prati-
quement réalisable sans un bouleversement cam.
plet de l'état de choses existant, une notion qui.
sans révolution brutale, soit susceptible de ré-
soudre cette apparente antinomie ?
Oui, à notre sens : la Confédération. ;
Il faut instaurer les Etats-Unis de la France
d'Outre-Mer.
♦%
Comment concevoir pareille organisation ?
Qu'on nous permette d'exposer ici quelques
idées d'ensemble, sans prétendre bien entendu
à des formules définitives, surtout quant aux
détails d'application. Nous présentons des sug-
gestions. La mise au net serait affaire de spé-
cialistes compétents et pour tout dire d'hommes
d'Etat.
Il n'est peut-être pas encore impossible d'en
trouver.
L'Empire tel que nous l'imaginons pourrait
être constitué à trois degrés, et précisons, pour
éviter de tomber dans l'éternel piège de la cen- -
tralisation, à trois compétences :
1° L'Etat particulier, c'est la Colonie orga-
nique actuelle : empire d'Annam, régence, de ,
Tunis, Colonie de la Côte d'Ivoire etc.
2° La Fédération, fondée sur les -nécessités
VENDREDI (13 h. 30) 20 AOUT 1937
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
RÍÀfflon S. Administration :
1, Bar 4e h Baàrac
PARIS m
TÉL. RICHELIEU 7«-0«
(2 groupées)
Les Annallis Coloniales
Fondateur : Marcel RUEDEL
Directeur : Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec la Revue illustrée:
U. an -6 mis 3 mais
France et
Colonies 180 » 100 » 50 »
Etranger.. 240. t25* 70 »
Le Numéro : 1 franc
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
ROLAND-GARROS
aux colonies
Puisque la France néglige le génie de
l'inventeur et confond la mémoire de
Garros avec. les centaines de ceux, héroïques,
mais qui n'ont pu manifester leur habileté
de pilotes-chasseurs que grâce à l'arme
, jouriùé par l'aviateur de la traversée de la
Méditerranée, t l'as » des précurseurs
d'avant-guerre, la Réunion où il est né, la
Cochinchine où il a vécu son enfance, vont
téparer l'injustice signalée par les Annales.
Je reçois une deuxième lettre de M. le
Gouverneur Général Brevié, voulant bien me
faire connaître que :
1* Cochinchine. - Un comité vient d'être
constitué en vue d'ériger un monument à
la mémoire des aviateurs Roland Garros
et Do-Huu-Vi.
2* Annam. — Les Résidents de Vinh et
de Nha-Trung ont l'intention de donner le
nom de l'héroïque aviateur à une rue de
leurs villes.
3" Tonkin. — Deux rues situées dans des
chefs-lieux de province seront appelées rues
Roland Garros.
4° Cambodge. — La prochaine voie pu-
blique qui sera aménagée recevra le nom de
l'aviateur oochinebinois. ,..,' -
5* Laos et Kouang-Tchéou-Wan — Aucune
rue, place ou établissement public ne porte
Je nom de Roland Garros. mais celte lacune
sera comblée à la prochaine occasion.
En remerciant M. le Gouverneur Général
Brevié, je me suis permis d'insister sur ce
point :
« Ce n'est pas seulement comme héros
qu'il faut célébrer Garros, mais comme
l'homme qui a donné son arme à l'aviation,.
avec la MITRAILLEUSE TIRANT A TRAVERS
L'HÉLICE.
C'est cela que l'on escamote en France.
On n'a jamais pardonné, en haut lieu, à un
simple pilote — engagé Réunionnais qui ne
devait pas le service militaire — sa trou-
vaille décisive, alors que les avions de 1914
se traînaient (les cages à poules) avec, dans
le dos du piJote, un observateur muni de flé-
chettes qui tombaient à terre comme d'inof-
fensives aiguilles, et d'un browning ou d'une
carabine de cavalerie — contre des avions
faisant du 100 à l'heure. On ne digérait pas
que Garros fut vainqueur du Circuit d'An-
jou, où il avait su montrer que l'avion peut
voler par tous les temps, sur un appareil
refusé par l'armée.
.<<~J~ph~<~~c~-oM<~ent~d8n
propre. Evidemment, on ne peut y graver
une mais ne. pourrait-on inscrire, ça
bref. '• - ,
Roland Garoos ,','
Aviateur-Inventeur
Je signale qu'il détestait le mot « héros »,
appliqué à quiconque, en série.
Il faut honorer le Français Garros et
l'Annamite Do-Huu-Vi ensemble, symboli-
quement, mais en marquant cette distance.
Si le blanc et le jaune ont été égaux dans
le sacrifice, il faut revendiquer pour Garros
le rang que l'on accorderait à Do-Huu-Vi
si l'aviation lui devait ce qu'elle doit à Ro-
land Garros.
C'est ce qu'a bien compris M. Truitard,
Gouverneur de la Réunion, dont je n'ai au-
cun scrupule à reproduire des passages élo-
gieux pour moi. Je ne le ferai pas à la mo-
destie, trop heureux d'une approbation dont
je suis ému : -
« Votre ouvrage, qui retrace si noble-
ment et si exactement la vie du Réunionnais
Roland Garros, devrait être comme imposé
à la lecture et aux commentaires de ses
compatriotes, jeunes et vieux : ils y puise-
raient les éléments dont ils n'ont guère — me
semble-t-il — la conscience, notamment le
libéralisme, la générosité, l'enthousiasme, la
volonté, le courage.
« Et je comprends d'autant mieux après
avoir lu avec piété, je puis bien le dire, votre
livre, l'émotion toute de regrets que vous
avez pu ressentir en constatant que, déjà,
l'oubli s'écrase sur notre héros.
« Vous avez été choqué, et c'est juste, de
ce que l'Aéro-Club de France ne se soucie
plus de Roland Garros, et j'ai moi-même été
singulièrement étonné et choqué aussi de ce
que, dans un film de propagande commenté
par le commandant Petit, si je ne me trompe,
film où l'on a fait défiler tous les anciens
aviateurs depuis Blériot et Latham jusqu'à
Védrines, Paulhan, en passant par Santos- j
DumoRt, rien, aucune vue>;_ aucun mot
n ait été projeté sur Roland Garros qui a
au moins inscrit à son palmarès des faits qui
sont du pur Roland Garros, la traversée de
la Méditerranée et le tir à travers l'hélice,
sans parler, bien entendu, des autres exploits
et hauts faits qui honorent sa mémoire. Je
vais donc écrire. avec force, et à l'Aéro-
Club de France, et au ministère de l'Air r
je protesterai et j'obtiendrai, je veux bien
l'espérer, le rétablissement des choses.
« Quoi qu'il en soit. la mémoire de Ro-
land Garros est pieusement observée icf : une
plaque a été apposée sur la grille de la mai-
son où il est né, la maison elle-même venant
de disparaître parce qu'elle tombait en rui-
nes ; et, d'autre part, une statue de l'avia-
teur en pied a été élevée face à la mer, sur
la promenade du Barachois si chère aux
Réunionnais.
« Cher Monsieur, vous pouvez être sûr
de mes efforts pour rendre à Roland Garros,
dans les annales de l'Aviation, la place qu'il
mérite si hautement et dont votre ouvrage
m'a permis de me faire une idée désormais
définitive et complète, en même temps
qu'élogieuse et grandiose. »
- -Au* -neu5; ^ejivotjs.. doncl nous
féliciter de l'issue de cette campagne de jus-
tice.
Pour Clément Ader, le premier homme
qui a volé, pour Roland Garros, grâce à qui
l'aviation de guerre fut armée, il ne faut pas
que l'oubli et l'ingratitude s'installent.
Il ne devrait pas se fabriquer, il ne de-
vrait pas voler un avion de paix, un avion
de guerre, qui ne porte l'un ou l'autre nom.
Jean Ajalbert,
de l'Académie Goncourt.
Sous .la présidence de MM. Gannay et Hui.
Quaiis-Cliieii, le comité .Roland Gairos-Do-Huu-
Vi, réuni à SaIgon, a pris connaissance de*
nombreuses lettres de personnalités acceptant
de faire partie du Comité d'bonneur de ce grou
peinent.
Il n'est pas à notre connaissance que notre
collaborateur Jean Ajalbert ait été pressenn
à ce sujet.
Après la part si active et si efficace qu'il a
prise, dans nos colonnes, pour la glorification
de la mémoire de Roland Garros, nous ne pou-
vons pas, au risque de contrister notre émincnt
collaborateur et ami, ne pas en marquer Ici
notre douloureux étonnement. — Les A. C.
A la Société des Nations
La prochaine session du Conseil
La 98® Session du Conseil de la S. D. N.
s'ouvrira à Genève le 10 septembre, précédant
de quelques jours l' ouverture de la session de
l'Assemblée.
Actuellement, parmi les vingt questions ins-
crites, ne figurent ni la guerre d'Espagne ni
le conflit sino-japonais, ni le problème éthio-
pien.
L'ordre du jour comporte, par contre, l'exa-
men du rapport de la Commission des Mandats
qui donnera lieu à une discussion sur l'avenir
de la Palestine.
On relève encore : l'établissement des Assy-
riens de l'Irak ; la requête du Gouvernement
de l'Irak contre le gouvernement de l'Iran au
sujet d'une contestation de frontière.
Dans l'ordre économique figure la discussion
du rapport du Comité économique qui fera allu-
sion à la mission de M. Van Zeeland et le
rapport de la Commission pour l'étude de la
répartition des matières premières, qui tiendra
une nouvelle réunion au début de septembre,
qvant la session du Conseil, pour rédiger son
rapport à la Société des Nations.
La question de la Palestine
La Commission des mandats a clos mercredi
1 13 heures la session qu'elle a consacrée à
l'examen du mandat de la Grande-Bretagne
sur la Palestine. Elle a décidé que son rapport
ne sera pas, publié avant la session du Conseil.
Ajoutons que le nouveau ministre des Affai-
res étrangères de l'Irak, qui fut président du
Conseil et ancien délégué à la S.D.N., M. S.
Totifik Assuwaisi, viendra à Genève vers le
8 septembre, où il appuiera la thèse arabe con-
tre. le plan de partage de la Palestine, et en
faveur de la création d'un Etat arabe indépen-
dant. ,
< La Foir de Marseille f
ouvre le mois prochain
La XIIIe Foire Internationale et Coloniale
de Marseille sera inaugurée le 10 septembre
par M. Fernand Chapsal, Ministre du Com-
merce.
An Ministère des Colonies
OU IL FUT QUESTION D'ARGENT
En l'absence de M. Marius Moutet, minis.
tre des Colonies, qui n' est pas encore de retour
à Paris, M. Gaston Monnerville, sous-secré-
taire d'Etat aux Colonies, s'est rendu auprès
de M. Georges Bonnet, ministre des Finances,
sur la demande de celui-ci, activement occupé
à la préparation du budget.
- ) - e.. ( —————————
Le conflit des banques
au Maroc est réglé
La convention collective intervenue, le 3
juillet 1936, entre l'Union syndicale des ban-
quiers de Paris et de la province d'une part,
la fédération nationale des syndicats d'em-
ployés (C.G.T.) et la fédération française des
syndicats chrétiens, d'autre part, devait s' ap-
pliquer non seulement en France, mais encore
en Afrique du Nord.
Des conversations ont eu lieu, en février et
mars 1937, entre les représentants des patrons
et les délégués des employés en vue d'adapter
cette convention aux conditions spéciales du
Maroc. * Ces conversations directes ayant
échoué, deux arbitres furent désignés, mais ne
purent se mettre d'accord sur l'objet et l'éten-
due de leur mission, et décidèrent de recourir
au surarbitrage du ministre des affaires étran-
gères. -
Ce- surarbitrage vient d être rendu par M.
François de Tessan, sous-secrétaire d'Etat aux
affaires étrangères. La sentence surarbitrale
fixe l'échelle des salaires minima des employés
titulaires des banques, au Maroc, à un niveau
intermédiaire entre les barèmes français et tuni-
siens, et elle prévoit des augmentations de
salaires à compter du Ier juillet 1937.
Elle règle, en outre, quelques points de
détail relatifs aux congés, aux retraites,, au
fonctionnement des conseils de discipline et à
J'application de la convention collective à ceux
des employés qui ne jouissent pas du droit syn-
dical. c'est-à-dire aux indigènes qui obtiennent
certaines garanties quant aux salaires minima.
LE CONFLIT
sino-japonais ;
um
es événements se déve-
loppent en Chine côm.
me il était facile de
le prévoir. Un' grand
journal français écri-
vait, il y a peu de
jours : « A moins de
posséder de l'Extrême-
Orient une expérience
personnelle j'admire
ceux qui parlent des
événements de Chine
comme s'ils y connaissaient quelque chose. Ce
qui se passe entre peuples d'Extrême-Orient est
à peu près inintelligible pour nous. Il faut se
garder de dramatiser dans de telles matières. Il
faut se garder surtout de vouloir les juger selon
nos réflexes et nos principes. C'est le seul moyen
sûr de se tromper. »
Ce qui est admirable c'est que ces lignes éma-
nent d'un journaliste dont les écrits font auto-
rité dans les milieux qui, chez nous, se consa-
crent à l'étude des questions extérieures. Les af-
faires d'Extrême-Orient paraissent compliquées
aux yeux de beaucoup d'Occidentaux qui avouent
ne pas comprendre grand'chose à la mentalité
des peuples jaunes. Il ne - faut rien exagérer. J'ac-
corde volontiers que dans le. domaine philosophi-
que et fèîlgreux ces peuples diffèrent dt nous^
mais en est-if dé même lorsqu'il s'agit du- "fètar
tions entre Etats. Ici leurs conceptions ne parais-
sent pas s'éloigner beaucoup de celles que nous
connaissons et qui depuis des siècles sont prati-
quées par les gouvernants de la pointe occiden-
tale de l'Eurasie. Les désirs d expansion et les.
volontés de conquête y sont déterminés par des
mobiles qui ne nous sont vraiment pas étran-
gers parce que depuis des siècles ils constituent
le fond de la politique des Etats européens.
Aussi bien cet aveu d'inintelligence dissimule-
t-il la crainte d'être obligé d'avouer les erreurs
et les fautes des grandes puissances occidenta-
les. On préfère déclarer qu'on n'y comprend
rien que de reconnaître que depuis dix ans on a
accumulé les bévues et multiplié les faiblesses.
Nous avons déjà eu l'occasion de l'écrire ici-
même, mais il n'est probablement pas inutile
de le répéter : la politique japonaise en Chine
est d'une clarté parfaite. De ce que les dirigeants
de Tokio apportent à son application une grande
souplesse, de ce qu'ils savent s'arrêter quand
toute progression pourrait devenir dangereuse, de
ce qu'ils consentent des abandons quand les cir-
constances les imposent, on en a conclu qu'elle
était hésitante et ses buts incertains. Je ne crois
pas qu'il y ait erreur plus complète. Depuis qua-
rante ans, Tokio poursuit avec un sens politique
remarquable la réalisation du dessein ambitieux
qui tend à faire du Japon le directeur des peu-
ples -Jattriês. 1 — •. -- -
Considérations politique qu'animent l'esprit
féodal et guerrier, nécessités économiques con-
courrent à la réalisation de .cet impérialisme qui
oppose successivement le gouvernement du Mika-
do, à la Russie, à l'Angleterre ou l'Allemagne,
aux Etats-Unis, à la France, bref à tous les Etats
qui, à un titre quelconque, ont des intérêts sur
les rives du Pacifique. Tous ne sont pas égale-
ment menacés mais tous sont ou seront touchés.
On aime à faire en Occident une distinction
entre les partis japonais, partis politiques, par-
tis militaires. Je crois cette discrimination assez
artificielle. A la vérité, les uns et les autres sont
plutôt en désaccord sur la méthode que sur le
fond des choses.
A la lumière de ces faits tout parait clair dans
la politique japonaise vis-à-vis de la Chine. La
conquête de la Corée, la création du protecto-
rat du Mantchoukouo, la mainmise sur la Chine
du Nord procèdent du même dessein. Je ne pense
pas que le lapon ait éprouvé des déceptions au
Mantchoukouo. Il connaissait trop le pays pour
s'être trompé sur les résultats qu'il pourrait at-
tendre de son occupation, laquelle répondait à
un double objet politique et économique : cons-
tituer une manière de glacis contre la domina.
tion russe en Extrême-Orient, fournir des produits
alimentaires et des matières premières à la popu-
lation et à l'industrie japonaises. Je ne pense
pas, jusqu'à preuve du contraire, que cet im-
mense pays ait été considéré comme un terrain
possible de colonisation. Aussi lorsqu'on suppose
que ce sont les insuccès de la colonisation dans
le Mantchukouo qui ont déterminé la poussée en
Chine du Nord je crains bien qu'on se méprenne
sur les desseins profonds de la politique japo-
naise. De l'occupation de cette partie de la Chine
il était déjà question, en 1915, si j'ai bonne mé-
moire. Elle est expressément visée dans l'une des
décision des 9 puissances de Washington en 21.
Voilà comment se présente à nous le conflit si-
no-japonais ou plus exactement la phase présente
de ce conflit. Car nous ne sommes pas à la fin.
Il est évidemment fort risqué de faire des pro-
nostics. Un de nos compatriotes qui a vécu long-
temps en Chine et y fait encore des séjours fré.
quents écrivait au retour de son tout à fait récent
voyage qu'il avait le sentiment que ça finirait par
s'arranger. C'est fort possible. La politique japo-
naise est prudente. Elle sait arrêter ses progrès
quand elle est. convaincue qu'il y aurait inconvé-
nient à vouloir pousser jusqu'au bout ses avanta-
ges.-Elle ne parait pas avoir intérêt à poursuivre
sa conquête. Ce sera déjà pour elle un immense
succès que d'avoir occupé un territoire de plus
de 60 millions d'habitants et abondant en res-
sources agricoles et industrielles ou tout au
moins s'y être fait reconnaitre une situation pri-
vilégiée.
Le Japon a profité des embarras des uns, de
l'aveuglement des autres, de la faiblesse de son
adversaire. La situation internationale lui est fa-
vorable et menace de le rester encore longtemps.
Le monde est revenu à vingt-cinq ans en arrière.
Ce recul ne peut que favoriser les projets d'un
gouvernement comme celui de Tokio.
La Chine fait de grands, efforts pour devenir
une puissance capable de résister à son dange-
reux voisin. Mais les résultats de cette œuvre ne
se manifesteront pas demain.
L'Asie deviendra-t-elle japonaise ? Je ne sais.
Ce qui est sûr c'est que la puissance japonaise
marque chaque année des progrès-réguliers, mé-
thodiques et j'admire ceux qui-se tirent élégam*
ment d'affaire en déclarant que les occidentaux
n'y comprennent rien. Le moment viendra — il
n'est peut-être pas très éloigné — où Ils seront
bien obligés de comprendre. Mais je crains
qu'alors Il ne soit un peu tard.
Henry Fontanier.
Ancien tUputl,
Agrégé de l'Université
i.
- contre Dakar
Au cours de sa séance du 8 août, la Cham-
bre de Commerce de la Côte d'Ivoire a été
saisie d'un vœu présenté par M. Jean Rose,
président de la Chambre d'Agriculture et
d'Industrie de la Côte d'Ivoire.
Ce vœu fut adopté à l'unanimité, avant la
lettre, mais la séance officielle de l' assemblée
devait en avoir raison. L'intervention de M.
Mondon, gouverneur de la colonie, fut en
effet à ce point de vue décisive, et la Cham-
bre de Commerce, pudique, corrigea ainsi ses
plus intimes désirs. :
Nous n'avons pas les mêmes raisons, ét nous
nous faisons un devoir de publier ce vœu, que
d'aucuns pourront à leur aise méditer :
La Chambre de Commerce,
Considérant que la Côte d'Ivoire a
un budget d'environ 97 millions de fr.,
et. que les taxes réclamées par le Chef
de la Fédération au protit du budget
général vont être approximativement
du même ordre annuellement pour la
seule Côte d'Ivoire.
Considérant que les commerçants ne
'^fWwaNéaitUK ..-[Wte-telle-1I8BIIIt8'r
payée par la colonisation en général et
par la production européenne et indi-
gène en particulier, soit prélevée sur
les richesses de la Colonie pour alimen-
ter le budget général.
Considérant que la Côte d'Ivoire a
un Chemin de fer appartenant au Gou-
vernement général, qui est le seul au
Groupe de l'A. O. F.à réaliser de co-
pieux bénéfices d'exploitation lesquels
vont également à Dakar,
Considérant que le Service Maritime
de la Côte d'Ivoire rattaché au Gouver-
nement général expose chaque année
des bénéfices d'exploitation dépassant
plusieurs millions, encaissés toujours
par l'Administration de la Fédération,
- Considérant, en somme, que la pro-
duction de la Côte d'Ivoire va se trouver
saignée à blanc, sans profit pour son
équipement particulier, sauf de maigres
délégations,
Considérant que si des Colonies du
Groupe de la Fédération ont absolu-
ment besoin d'équilibrer leur budget
par des secours du Gouvernement Fé-
déral, il appartient à celui-ci de recher-
cher une autre forme de participation
de la
& M ~-~a~"-~)Kr iM
Côte d'Ivoire sont très rarement prises
en considération par M. le {ktwerneur
Général de l'A. O.F., "v-« ,
Imet le vœu : - ?
Que le gouvernement de la Côte d'I-
voire soit déclaré autonome territoria-
lement, administrativement et financiè-
rement.
Il y a quelque vingt ans que nous militons
dans ce sens, et que nous posons le principe :
la Côte d'Ivoire doit-elle continuer, à être sa-
crifiée au profit des colonies de la Fédération,
et le gouvernement général, tentaculaire, ma-
chine à retarder les affaires, à. les enterrer,
parce que les méconnaissant. les méprisant, ne
voyageant pas et n'ayant pas la foi, dQit-il
être d'année en année gonflé en son budget,
doit-il écraser tout sous lui. doit-il être le maî-
tre souverain et ruiner ses sujets ?
Nous avons exposé une nouvelle fois, cet
hiver, notre conception, lors de notre dernier
voyage en Afrique. Nous avons exprime ora-
lement à M. le ministre des Colonies, à notre
retour, objectivement, aussi impartialement que
nous l'avons pu, lesréformesqu'il conviendrait
d'apporter à une centralisation administrative
et à une organisation de !a Fédération qui ne
sont plus du siècle. M. Moutet s'est depuis
rendu en Afrique.
Mais toutes les solutions qui eussent pu venir
en aide à la Côte d'Ivoire ont été ajournées,
ou confiées. Le prolongement de la voie fer-
rée Bobo-Ouaga est « réservé », le Sassan-
dia a reçu le coup de grâce, -un rapport du
Gouverneur de la colonie l' ayant condamné
avec l'approbation du Gouverneur Général. Le
Sassandra continuera donc à franchir le Banda-
ma pour exporter, par Abidjan !
Que la colonisation s'éveille ! Qu'elle affir-
me sa personnalité 1 La colonie demeure en
ettet une affaire d'Etat, un filon administratif.
un cercle de privilégiés.
Ceux qui ont peiné, souffert, travaillé, ayant
risqué leur vie, leurs capitaux, joué l'exil, tenté
le coup. sont encore des parias. Ils le savent,
mais ne s'organisent point pour lutter. Ils sont
les maîtres, et ce sont eux les esclaves. Ils
sont les u payeurs », et ce sont eux qui rnar- I
chent au commandement.
La Chambre de Commerce de la Côte
d'ivoire n'a pas osé rompre, mais déjà ceux
qui justifient par leur argent la présence de
ceux qui les administrent grondent. Les temps
vont changer. La colonisation cessera un jour
d'être l'exclusif apanage d'un cénacle assuré
de son pain quotidien, de ses échelons mathé-
matiques, de sa retraite certaine, de la mise
en exploitation savante d'une agréable formule
d'exit.
Vive la révolution coloniale !
————————- ) e.- ( —————————
Propagande coloniale
à l'étranger ;
Les Pays-Bas seront .représentés à la
Foire d'Automne de Leipzig, du 29, août, au
2 septembre par une. exposition collective de
produits manufacturés, de produits agricoles
et de produits de provenance coloniale.
En même temps, une propagande adroite
invitera les étrangers; à visiter la Hollande.
L'organisation de cette exposition se trouve
entre les mains de l' Il Aldeeling Economis-
ent Voorlinchting » à la Haye.
C~taM& ~(~h~
ont enfin compris
Nous avons avec soin, depuis quelques mois,
relevé et annoté toutes tes manifestations d' hos-
tilité dont nos producteurs mébopolitains de
fruits et légumes furent si prodigues vis-à-vis
de nos producteurs nord-africains. Cela nous
attira des insultes. Il semble en effet qu'il soit
désormais dans les mœurs actuelles de répondre
par des injures et des grossièretés aux critiques
et aux polémiques courtoises.
D'arguments, les journaux qui nvus traînè-
rent, de Marseille à Rodez et à Tours, sur la
claie de leur médiocre mentalité n'en fournirent
aucun. Nous représentions que le produit nord-
africain faisait prime sur leur produit, malgré
le fret, les taxes et les droits, parce qu'il était
« standard M, mieux conditionné de qualité con-
trôlée au départ, et mieux présenté. Les mé-
thodes sont autres. Elles ne sont pas archaïques
et figées dans des pratiques condamnées de
longue date maintenant par la Californie et cer-
tains autres pays. La production des fruits et
primeurs, comme toutes celles qui ont à répon-
dre à une vaste consommation, s'est socialisée.
Comme en usine, elle doit travailler à la chaî-
ne, presque mécaniquement. C'est le collecti-
oitme de la coopérativet .mais'c' ai aussi sa sé-
curité, sa. prospérité et la défense de ses droits
parce qu'elle observe scrupuleusement ses de-
voirs.
Nous relevions que l'égoïsme, en cette ma-
tière, l'isolement, l'individualisme, pèseraient
toujours sur nos producteurs du sud de la Fran-
ce, et qu'ils seraient, malgré leur recours à
l'Etat, leurs défenseurs au Parlement, leurs au-
diences dans les Ministères, l'action de leurs
groupements corporatifs et leurs injures à de
pauvres diables comme nous, toujours en état
d'infériorité s'ils n'arrêtaient pas des mesures
salutaires et les principes d'une très intime col-
laboration.
La meilleure et la plus raisonnable justifi-
cation de nos articles, la plus formelle condam-
nation de ceux qui espéraient, en nous acca-
blant, arracher la plume de nos mains, résident
dans le communiqué suivant :
SI chaque corporation gravitant autour -la la
production et de la distribution des fruits et
légumes a besoin d'une organisation propre aux
tins d'étude et de défense de ses intérêts stric-
tement professionels, il n'en existe pas moins
de très importants problèmes qui. pour être
solutionnés, exigent la collaboration efficace de
toutes les professions dont l'activité s'échelonne
de la ferme à l'ultime consommateur.
Cette collaboration est apparue indispensable
aux dirigeante des grands groupements syndi-
eaux, plus spécialement, dans le cadre <3PS
réalisations urgentes. telles que la répression
du fardage, la standardisation dès. produits, la
régularisation des offres, la recherche de dé-
bouchés çxrlpiçurs, l'amélioration constante des
procédés de production, présentation et expédi-
MM.
Elle ne saurait jouer pleinement sans l'éta-
blissement d'une liaison permanente entre les
.professions intéressées.
Cette liaison existe désormais.
Le 28 juillet s'est définitivement constitué à
Paris le Comité national Interprofessionnel
des fruits, légumes et pommes de terre, qui
réunit les confédérations nationales de produc-
teurs. les fédérations nationales de négociants,
expéditeurs, mandataires, commissionnaires, et
entend grouper très prochainement tous les
organismes à rayon d'action national dont les
adhérents vivent du transport, de la réparti-
tion ou de la transformation des fruits. lé-
gumes et pommes de terre.
Son siège est fixé 8, rue Cardinal-Mercier, à
Paris
- Son bureau provisoire est présidé par
MM. Decault, président de la Chambre d'agri-
culture de Loir-et-Cher, vice-président de la
Confédération générale des producteurs de
fruits et légumes, et Labié, président de ia Fé-
dération nationale des expéditeurs.
Ainsi, les métropolitains ont compris ! Ils se
sont aperçus que les labels d'origine, du Ma-
roc, de l'Algérie, de la Tunisie, des Canaries,
de la Palestine, jouaient sur les marchés de
gros et jusque dans l'esprit du consommateur.
Les Annales Coloniales, qui ne sont pas
orgueilleuses, marquent cependant un point, -
une fois de plus.
Uk Anales Coloniales
Depuis quelque temps nos confrères veulent.
bien, sous différentes latitudes, s'occuper de
nous. A-Madagascar, en Indochine, au Came-
roun, les « Annales Coloniales », directement
ou par allusions, ont les honneurs de leur
plume.
Nous ne nous occupons de nos confrères que
pour en discuter les idées, que pour faire très
souvent, grâce à eux, écho à la haute mission
de la Presse, naguère une des lumières du
monde, que le mercantilisme, l'ignorance de la
langue, et l'esprit utilitaire ont singulièrement
affaiblie de nos JOUTS.
Mais nos confrères veulent bien s'occuper de
nous quant à notre administration intérieure.
Voici en effet la note publiée par la « Presse
Indochinoise (Saïgon, Ier juillet) :
AUX « ANNALES COLONIALES »
Aux « Annales Colonales », on parle du
départ de M. Monmarson dout la gestion
n'aurait pas satisfait Mme Huedel, proprié-
taire de la feuille. A son retour d'Afrique,
il y a 3 mois. Monmarson avait liquidé quel-
ques coilulKJi'ileuri qui avaient essayé de le
jeler pur-dessus bord, entre autres M. La-
caux, dit J. II. d'Aignot, qui est aujourd'hui
correspondant de l' « Impartial 8.
Celle même « feuille » -- pour reprendre
l'expression de notre confrère — dans son cour
rier de Paris du 8 juillet — annonçait en man.
chette h M. De Beaumont achète les « Anna-
les Coloniales », et écrivait fort gentiment:
LA FUSION DES JOURNAUX
On dit que M. de Benumont a acheté les
Anna le x Coloniale à Mme Huedel el qu'il
aurait offert de fusionner avec ¡:rallce-Ol/tre.
Mer. Ainsi se poursuivrait l'opération de fu-
sion désirée, dit-on par M. Moutet. C'est
celui-ci qui aurait baptisé France-Outre-Mer
proserivant le mot « colonie » à cause da
l'Afrique du Nord
M. de Beaumont est collaborateur des
« Annales Coloniales » .• le Parlement étant en
effet le conducteur suprême de notre pays,
fournissant aux gouvernements successifs leurs
ministres, parfois leurs Gouverneurs généraux,
parfois leurs Ambassadeurs, les t Annales Co lo-
niales » estiment avec raison — elles pents-
lent à le croire — que leur collaboration par-
lementaire attache à la cause coloniale des con-
cours dévoués, crée des amitiés, éveille l'inté.
rêt parmi cette imposante Assemblée d'où sor-
tent, toutes faites, et sans appel, les lois.
M. Monmarson est le signataire de ces
lignes. Il s'est effectivement séparé de colla-
borateurs qui ne répondaient plus à sa manière
de voir, il a fait appel à d'autres collabora-
tions. Regardons-nous, à la loupe, ce qui se
passe chez nos confrères ?
Il y a tant à faire pour la grandeur de l' Em-
pire 1 De toutes parts fusent les émeutes, de
toutes parts bouillonnent Ici menaces. Il faut
veiller au danger et le journaliste n'étant pas,
croyons-nous, devenu encore un égoutier, il
est passionnant d'évoluer dans le monde éter.
nel des idées. Cela suffit à nous prendre tout
notre temps. et nos loisirs.
De grâce, chers confrères, occupez-Cous
moins de notre journal, et suivez-nous dans
l'âpre combat que nous livrons afin que la
pierre tombale ne soit pas scellée encore sur
notre liberté, à nous tous, les journalistes 1
r-
Dans les Banques Coloniales
A LA B.C.A.
Le rapport du conseil d'administration de la
Banque Commerciale Africaine à l'assemblée
générale ordinaire du 28 juin signale que la
Banque a l'intention, la Côte d'Ivoire s'affir-
mant « comme une colonie de grand avenir n..
de construire à Abidjan un immeuble capable
de recevoir les services de la Banque autant
que de loger ses agents.
Ce même rapport signale en outre la réour
verture. en A.E.F. du bureau de Pointe-
Noire.
Comment construire l Empire
Les solutions
par Jacques Ervédis.
L'EDIFICE POLITIQUE
Si l'on veut édifier l'Empire, il faut donc
commencer par lui donner une personnalité poli.
tique, lui définir un régime, lui garantir une
Constitution.
Projet ambitieux, chimérique, révolution,
naire ? Non. D'ores et déjà les éléments de réa-
lisation existent, il ne s'agit que de les utiliser
ou les adapter, ainsi que nous le verrons plus
loin. Nous ne prétendons point rebâtir un mon-
de : nous disons : voici des instruments, sachez
vous en servir.
Projet irréalisable ? Non. Plus simple qu'il
n'y paraît à première vue.
Certes nous avons été les premiers à signa-
ler combien il serait dangereux et vain de pré-
tendre amalgamer des races, des peuples et des
civilisations aussi différentes que celles présen-
tées par notre immense domaine d'outre-mer !
Nous avons. dit en outre ce que nous pen-
sions d'une centralisation aboutissant à faire di-
riger de Paris des territoires lointains, mal con-
nus des hommes de la Métropole et dont au
demeurant les intérêts ne peuvent être appréciés
que sur place.
Cependant il est bien évident que l'Empire
ne saurait exister sans une cohésion minimum
entre les diverses Colonies qui le constituent :
la Colonie particulière, écrivions-nous, considé-
rée comme une fin effroi et régie en vue d'un
développement égoïste, est la négation de l'Em-
pire.
Et nous ajoutions : l'Empire do £ ?fare un Syn-
dicat, un Syndicat d'initiatives comme un Syn-
dicat d'intérêta.
Alors il sera autre chose qu'une expression
géographique.
Le problème revient donc dès lors à assurer
l'unité dans la diversité, à créer l'organisme
impérial en fonction de certains grands intérêts
généraux tout en respectant les particularismes
politiques, religieux, économiques et humains
des divers états, colonies ou territoires, consti-
tuant le domaine extérieur français.
Existe-tTii une notion politique simple, prati-
quement réalisable sans un bouleversement cam.
plet de l'état de choses existant, une notion qui.
sans révolution brutale, soit susceptible de ré-
soudre cette apparente antinomie ?
Oui, à notre sens : la Confédération. ;
Il faut instaurer les Etats-Unis de la France
d'Outre-Mer.
♦%
Comment concevoir pareille organisation ?
Qu'on nous permette d'exposer ici quelques
idées d'ensemble, sans prétendre bien entendu
à des formules définitives, surtout quant aux
détails d'application. Nous présentons des sug-
gestions. La mise au net serait affaire de spé-
cialistes compétents et pour tout dire d'hommes
d'Etat.
Il n'est peut-être pas encore impossible d'en
trouver.
L'Empire tel que nous l'imaginons pourrait
être constitué à trois degrés, et précisons, pour
éviter de tomber dans l'éternel piège de la cen- -
tralisation, à trois compétences :
1° L'Etat particulier, c'est la Colonie orga-
nique actuelle : empire d'Annam, régence, de ,
Tunis, Colonie de la Côte d'Ivoire etc.
2° La Fédération, fondée sur les -nécessités
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