Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-08-06
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 août 1937 06 août 1937
Description : 1937/08/06 (A38,N42). 1937/08/06 (A38,N42).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62654980
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
1 38e ANNEE-N° 42.
VENDREDI (13 K. 30) 6 AOUT 1937
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
lf Km de H Bmbm
PARIS ae)
TÉL. : RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupées)
Les Anna/es Coloniales
Fondateur: Marcel RUEDEL - -' < ! -. - 'Co Directeur: Raoul MONMARSON
IBONNEBENTS
avec la Revue illustrée:
Un aD 6 Moie 3Moi.
France et
Colonies 180» 100 » Me
Etranger.. 240. 125 » 70*
Le Numéro : 1 franc
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Le Gabon, ce centenaire
Parmi les cinquantenaires, centenaires, bi-
terdencàres, tri-centenaires — la France est une
vieille et encore noble Nation ! — que nous
honorons en nos colonies sur différents points
du globe, depuis quelque temps, il en est un
qui nous sera particulièrement cher: le cente-
naire du Gabon, dans deux ans.
On lira par ailleurs les passages d'une lettre
que nous a adressée, de Liberville, un adjoint
des Services civils en retraite, M. Makaga
kogow. Elle est un exemple émouvant de la
force de rayonnement de la France. Et nous
ne pouvons que donner raison aux arguments
développés en faveur de ce pauvre et magnifi-
que Gabon.
♦%
Délaissé, il le fut. Il le demeure. Inlassable-
ment, depuis dix ans, les ergots sur me forêt
de légende, il alimente par millions les caisses
de la Fédération — aujourd'hui la colonie —
et fait vivre, du navire au vendeur, des milliers
d'hommes et de tonnes. Le Gabon a sans doute
été, et récemment encore, la dernière de nos
terres d'aventure. Le pays négligé, hostile, el
qui ne comptait de routes que quelques centai-
nes de mètres, à Libreville, à Port-Gentil, à
Lambaréné, est posé sur l'Equateur comme une
immense Venise forestière. La pinasse, battant
comme un cœur trop pressé, permettait seule
de l'Ogooué à la Bilagone, du Remboué aux
lacs, de se rendre d'un point à un autre —'
même pour quelques kilomètres. Savorgnan de
Brazza avait tracé un itinéraire. La France le
suivit depuis presque mécaniquement, et péné-
tra fort lentement dans la redoutable brousse qui
le mure. Si le forestier depuis quinze ans ne
t'était emparé du Gabon, l'Administration,
sceptique et prudente, eût continué simplement
cette occupation sporadique, limitée à quelques
points déterminés toujours accessibles, et mar-
qués du sceau fatal à toute grande œucre colo-
*
niale : le prompt retour en France.
Nous ne retracerons pas la légende familière:
entre la grume d'okoumé remise par M. de
Chavannes au représentant de la compagnie al.
mande Woermann, et les quelques 300.009
tonnes annuellement exportées aujourd'hui, il y
a une histoire que connaissent bien tous les co-
loniaux. Frustes et rudes, les forestiers du Ga-
bon ont eu longtemps l'orgueil de leurs fau-
ves origines. Ils se sont grisés de cette abno-
sphère de bataille, presque d'expédition mili-
taire, où le ravitillement était nul la eue nd.
serable, wit mâle et
brutale démonstration de la résistance physi-
Ve-
Cette sauvage grandeur, cette solitude par-
fois accablante, qui demandaient toutes deux
des âmes d'apotres, ou des corps d'athlètes, les
jorestiers les ont connues et aimées : elles
furent leur titre à dominer de toutes leur puis-
sance les bureaucrates, les citadins, les pas-
sants. Dans ce pays longtemps en sommeil,
qu'une crainte sacrée avait sauvé en ses sau-
vages profondeurs, que l'inutilité même d'une
mise en valeur acaii épargné en sa primiticité,
la forêt brusquement fut attaquée et jetée bas.
Du Feman Vaz à la N'Gounié, du lac Anen-
ghé au lac Gotriéf du Muni à Owendo,
l'okoumé gémit sous la hache. Des fortunes,
qui sentaient le suint, et qui étaient une dé-
monstration de la mâle force, s'édifièrent.
Avant d'entrer dans la légende, le Gabon pa-
taugea dans la chronique. Il est à peu près sé-
rieux maintenant. Il a fait sa mue, il a refait
ses dents. Industrialisé, ayant perdu ses héros,
il a gardé des hommes. Comme tout parti poli-
tique, dont le temps ronge les ongles et mange
la couleur, il s'est embourgeoisé.
Mais il ne vit pas mieux pour cela, et son
éducation demeure à faire.
Cette riche Colonie est encore en effet un
taudis. La fière devise que la République a
plantée sur son fronton — « Liberté-égalité-
fratemité » — lui a singulièrement nui. De
Liberté, elle n'en eut point. D'égalité, de par
sa richesse naturelle et ses possibilités considé-
rables, elle ne pouvait en connaître. Et la fra-
ternité l'a injustement ruinée au profit de ses
sœurs.
Notre Afrique Equatoriale, bâtie en dépit.
du bon sens, groupait quatre colonies, dont
deux très dissemblables, le Gabon et le Tchad,
équilibraient leur budget, et gagnaient de l'ar-
gent. Deux autres n'étaient que des possibilités,
le Moyen-Congo et l'Oubangui. On se mit en
devoir de construire le Congo-Océan. Ce fut,
pour le Gabon, une raison d'être plongé dans
la misère. Tous ses profits furent dévorés par
cette voie ferrée, et son argent arraché de se.*
mains. Les quelques millions qui eussent pu
lui être laissés pour des adductions d'eau — en
recueille à Port-Gentil l'eau dans les citernes,
et il faut la conserver pour la saison sèche 1 —
pour l'installation de la lumière, pour le plus
élémentaire aménagement des centres urbains,
lui furent impitoyablement refusés. C'est pour-
quoi — et qui lui donnerait tort ? — le Gabon
s'employa patiemment à hair le Moyen-Congo.
Luttes épiques, souvenirs brûlants, pleins
d'une sève qui nous émeut aujourd'hui encore !
Le Gabon dernier refuge du romantisme co-
lonial, déshérité, ne sut pas trouver son défen-
seur. Pointilleux, jaloux, bourré de méfiance,
insupportable, il rejeta ceux qui le voulaient
défendre, contre lui-même, contre le Moyen-
Congo tentaculaire ensuite.
Et c'est, après des années, cette plainte
émouvante d'un Gabormais' qui nous parvient
d'un Gabonais indigène qui sollicite, avant
toute chose, que le souvenir du « conquérant »
soit honoré comme il convient, après cent an-
nées de parfaite et lamentable indifférence 1
Comment laisserions-nous sans écho cet ap-
pel ! Cormment n'écouterions nous point porté
par c. multiple niissement Se cette foret pro-
fonde comme le mystère du Monde, ce cri
d'amour, ce vœu qui ncus grandit, Français, et
nous sauve de nous-mêmes - Obéissant à ce ri-
dicule mais nécessaire, à ce puéril mais tou-
chant élan, nous fermons un instant notre pen-
sée à ce qui nous entoure, pour la porter sur des
paysages familiers, gravés en nous autant que
nous vivrons, et nous voyons les rivières et les
lacs, les cases et les clairières, l'homme formi-
dable et minuscule, Booué et Achouka, le lac
Goleu et la barre des Portugais, les rapides et
le lac Azingo et tant de bois, et tant de luttes,
et hnt de solitude et tant de nuits ardentes,
et déjà tant de morts !
Raoul Monmarson.
A la Société des Nations
0
Le chef de la délégation
des Indes
L'Aga Khan sera nommé Chef de la délé-
gation des Indes britanniques à la prochaine
Assemblée de la Société des Nations.
La Palestine t
devant la Commission des Mandats
Les débats engagés cette semaine à la Com-
mission des Mandats sur la question palesti-
nienne se poursuivent normalement. Nos lec-
teurs en trouveront le commentaire par ailleurs,
tous la signature de M. Toufik Wehbé et dans
notre rubrique a Terres étrangères ».
Signalons que le gouvernement irakien vient
d'adresser à la S. D. N. une protestation con-
tre le projet de partage. Après avoir rappelé
le rôle pacificateur qu'il a joué de concert avec
le roi d'Arabie saoudienne et l'iman de l' Ye-
men, ainsi qu'avec l'émir de -Transjordanie,
auprès des Arabes de Palestine et la responsa-
bilité morale qu'il a assumée en leur promet-
tant son aide, le gouvernement de l'Irak affirme
que le partage de la Palestine constituerait à
l'égard de la population de ce pays une injus-
tice qu'on ne saurait envisager sans les appré-
hensions les plus graves.
En traitant de la question de la minorité,
jui pourrait être arrêtée sur la base actuelle-
ment existante sur place, le mémoire s' exprime
ainsi - « Le Gouvernement de l'Irak croit fer-
mement que, si l'on veut assurer aux juifs le
bénéfice permanent des résultats de la déclara-
tion Balfour, il convient de reconnaître une Pa-
lestine indépendante et indivisée, occupant sa
place parmi les autres nations européennes. »
) •>* <
An Ministère des Colonies
UNE NOMINATION
M. Albert Charton, agrégé de l'Université,
inspecteur d'académie des départements, direc-
teur du service inter-colonial d information et
de documentation; a été nommé inspecteur
conseil de l'instruction publique au ministère;
en remplacement de M. Crouzet, nommé ins-
pecteur général de l'instruction publique.
An Conseil des Ministres
L'Algérie à l'ordre du jour
Lors de la réunion du conseil des ministres,
vendredi dernier, à l'Elysée, M. Marx Dor-
moy, ministre de l'Intérieur, a fait approuver
des décrets-lois instituant la police d'Etat à
Mostaganem et à Sidi-Bel-Abbès et portant
prélèvement, au profit du fonds commun des
douars d'Algérie, d'un contingent annuel de
10 sur les revenus spéciaux des douars.
D'autre part, à la suite des incidents qui ont
marqué, ainsi que nous l'avons relaté, la séance
du Comité Central de l'Office du Blé, ayant
à fixer, d'accord avec les représentants du gou-
vernement, le prix des blés durs algériens, et
devant la carence des producteurs qui avaient
quitté la salle. M. Georges Monnet, ministre
de l' Agriculture, a exposé les éléments relatifs
à la fixation du blé dur algérien, compte tenu
de la récolte, du prix moyen des récoltes dans
les années 1911, 1912, 1913 et des coeffi-
cients de majorations moyens des salaires, des
produits, des charges et de l'indice pondéré du
prix de la vie.
Le conseil des ministres a fixé à 169 francs
le quintal — départ quai port algérien — le
prix du blé dur d'un poids spécifique com-
pris entre 80 kilos et 80 kil. 999.
Le conseil a fixé en outre le montant des
majorations mensuelles pour prime d'entretien
et le barème des bonifications et réfactions à
appliquer au prix de 169 francs fixé pour le
mois de juillet.
————————— ) -.- (
M. CARTERON
ne quitte pas la Tunisie
Nous avions annoncé, vendredi, comme
d'ailleurs toute la presse, que M. Carteron,
Ministre plénipotentiaire, Secrétaire général
du Gouvernement tunisien, avait été appelé à
succéder à M. Becq de Fouquières dans les
hautes fonctions de Chef du Protocole et
d'Introducteur des Ambassadeurs.
Annonçons aujourd'hui que M. Carteron à
décliné le poste qui lui a été ainsi offert.
M. Carteron retourne donc en Tunisie'et de-
meure chargé du même poste, Délégué à la
Résidence générale de France en Tunisie et
Secrétaire général du Gouvernement tunisien.
LE SERVICE DES FRAUDES
AUX COLONIES
ESx!
RESIDENT de la Com-
mission du Vin aux
Colonies, il faut bien
que je m'occupe de la
répression des frau-
des qui est une des
parties essentielles de
la politique viticole et
dans la mère patrie et
dans la France d'ou-
tre-mer.
J'ai signalé, en son
temps, le nouvel orga-
nisme, institué à Dakar par l'arrêté général du
22 juillet 1936. Le service est aussitôt entré en
campagne. Il n'a pas perdu son temps. J'ai si-
gnalé les obstacles auxquels il devait nécessaire-
ment se heurter. Ils ne l'ont pas empêché de
faire de la bonne besogne .: en quelques mois,
plus de 280 échantillons de produits divers ont
été prélevés, et 70 dossiers ont été établis. Pour
des premiers sondages, on peut dire que c'est de
la besogne bien menée.
Sur quels produits ont porté ces sondages ? Sur
tous ceux qui paraissent le plus fréquemment ten-
ter l'ingéniosité malsaine des fraudeurs : les vins
ordinaires, les vins à appellation, les vins mous-
seux, les rhums et eaux-de-vie, les vinaigres, mais
aussi les huiles de table ou comestibles, les huiles
d'arachides, les laits frais et les beurres, les fari-
nes, etc..
Je ne m'attarderai pas à relever tous les man-
quements signalés dans les rapports. Au reste, ils
ont une ressemblance toute naturelle avec ceux
que l'on constate dans la métropole : que vou-
lez-vous qu'on vende sous le nom de beurre, si-
non de la margarine, et comment voulez-vous
qu'on étende le volume des laits si non avec de
l'eau ? Il est vrai qu'on a aussi recours à l'eau
pour frauder sur les beurres. Mais enfin, U n'y a
rien là qui doive nous, surprendre.
Ce qui est plus inadmissible, c'est que, dans le
pays même qui est essentiellement producteur
d'huile d'arachides, les fraudes sur cette denrée
soient si nombreuses. Sur 19 dossiers constitués,
11 ont donné lieu à des poursuites : soit 57
On ajoute à l'huile d'arachides de l'huile ou de
la graisse de coco, ou de la graisse de végétaline.
Parfois même on supprime complètement l'huile
d'arachides, et la dénomination est totalement
abusive. Quelques exemples feront réfléchir - les
candidats délinquants.
Quant aux produits viticoles, ils sont, comme
toujours, les plus effrontément falsifiés.
Sur 17 prélèvements de vins ordinaires, 14 ont
été déférés à la justice et ont été suivis de 14
condamnations. Ici, c'est pour défaut d'indication
ou pour Indication mensongère du titre alcoolique.
Là, c'est pour mouillage ; on signale df fcapti-
mes séaoS~qSt.wM~: }usat~f~-~ ~Memc
c'est pour addttlM rèfrs detlfiic ; aiDeuii, pour
addition de fuchsine. Quand ^s'agit du vin, le
champ est vaste, et l|jJraudw$l|B^b«itf. jw.. j
Quant aux vins à appellafitin, qu'an appelle''
communément « vins fins s et c viùs tfoucMs x,
il va sans dire que beaucoup d'entre eux ont ac-
quis leurs titres de noblesse à bon marché. Le
pinard le plus vulgaire se pare impudemment de
blasons injustifiés : sur 8 prélèvements, 3 ont
donné lieu à poursuites, c'est-à-dire 37
J'entends bien qu'il y a des fraudes plus ou
moins graves, et qu'il est nécessaire de distin-
guer entre elles. L'administration le fait sans au-
cune espèce de doute. Là-bas plus qu'ailleurs,
lorsqu'on parle de la moralisation du marché, il
faut tenir compte du fait que certains ignorent ou
connaissent mal les règles de la morale commer-
ciale. Mais, h cette excuse là, on pourra recourir
de moins en moins, puisque le - service de la ré-
pression se met à la disposition du public, et l'in-
vite à venir dans ses bureaux chercher les rensei-
gnements dont il a besoin, et les conseils qui peu-
vent lui être utiles. Ainsi se créeront peu à peu
les bonnes et salutaires habitudes. Et les consé-
quences de cet assainissement ne seront pas uni-
quement matérielles : partout où le sentiment du
devoir pénètre, c'est beaucoup, quelle que soit la
porte par où il fait son entrée.
Mario Routtan.
Sénateur, ancien ministre,
Président du Groupe Viti-
cole du Sénat, Président
de la Commission du Vin
aux Colonies, Président de
la Commission Internatio.
nale Permanente de la VU
iiculture.
ÉLECTIONS, ÉLECTIONS !
Au Liban
Un arrêté du Haut-Commissaire de France,
pris en conformité des vœux qui lui ont été
exprimés par certaines personnalités du Li-
ban, comme d'ailleurs par le Président de la
République libanaise,. porte de 25 à 60 le
nombre des députés.
On se. souviendra' que la Chambre, ingou-
vernable, a été dissoute récemment, et que
des élections législatives doivent avoir pro-
chainement lieu.
De Jérusalem
à Genève
via Londres
Le régime des mandats A internationaux
imposés à l'issue de la grande guerre par les
grandes puissances à la Syrie, - au Liban et
à l'Irak vient d'être désavoué par ses créa-
teurs et transformé en un régime plus libéral.
voirè en une entière libération.
L'Angleterre, poursuivant sa nouvelle po-
litique, qui consiste à voir son prestige main-
tenu par la force des alliances plutôt que
par la terreur de la domination, essaye de
substituer -au. régime du mandat en Pales-
tine une nouvelle formule comportant à la
fois trois régimes :
1° Le découpage de la Palestine en
deux Etats : juif et arabe ;
2° L'indépendance de ces deux Etats ;
3° Le maintien du mandat anglais sur
les Lieux-Saints.
La commission Peel qui a suggéré le plan
n'avait que le simple droit d'émettre son avis.
Pour que ce plan soit réalisé pratiquement
et légalement il faut d'abord :
a). Le consentement de la S. D. N., qui
a confié à l'Angleterre la gestion de ce ter-
ritoire ;
b) Le consentement des Etats-Unis d'Amé-
rique, qui, sans faire partie de l'organisme
de Genève, ont en mains l'engagement for-
mel que toute modification au régime du
mandat ne peut se faire qu'avec leur agré-
ment;
c) L'acceptation des Arabes.
d L'acquiescement des juifs peut être soli-
daire de celui de l'Angleterre. Car si le
sionisme est une idée juive, il est incontes-
tablement une œuvre anglaise.
Or les Arabes protestent et avec eux tous
les rois, les souverains et les gouvernements
de pays arabes voisins. Les Anglais eux-mê-
mes ne sont pas d'accord sur l'utilité et la
sagesse de ce plan.
La Société des Nations, par l'organe de
la commission des mandats siégeant en ce
moment, ne lui est pas très favorable. Et
c'est pour ces raisons que le projet anglais
semble devoir s'effondrer devant la simple
réalité actuelle de la Palestine.
Il nous paraît donc que la question va être
a nouveau posée, et qu'un nouveau plan
doive être proposé.
Toufik Webhé.
\— ) (
HONNEURS INSICNES
Deu lois protègent
,---.-.-.
Deux lois ont été publiées ce matin dans
le journal officiel.
La^prèmièrti" Jlodifie l('.l'a loi du 7 janvier
:. 1932; tendant à assurer la sauvegarde de la
production, des bananes dans les colonies,
pays de protectorat ou territoires sous man-
dat».
La seconde supprime la taxe spéciale sur
les bananes desséchées et farines de bananes
créée par la loi du 7 janvier 1932 et établis-
sant un droit dé douane sur ces mêmes pro-
duits.
De ce fait, pour les bananes à l'état frais,
en régimes ou détachées, provenant de nos
colonies, protectorats ou territoires sous man-
dat, la taxe spéciale est réduite à 5 centimes,
par kilogramme.
D'autre part, la taxe spéciale de 60 centi-
mes par kilogramme, instituée par la loi du
7 janvier 1932 sur les bananes desséchées et
farines de bananes, est supprimée, et le ta-
rif des droits de douane applicable à ces pro-
duits est ainsi modifié : aux 100 kgs. Ex. 85
du tarif, tarif général : Fr. 112 ; et tarif
minimum : Fr. 86.
Ces deux Jois portent la date du 28 juillet.
) -E
Belle situation
du vignoble tunisien
Le vignoble tunisien a conservé; son bel as-
pect et sa végétation vigoureuse malgré les
quelques journées de chaleur de Juin.
Les avis sont encore partagés sur l'impor-
tance de la future récolte. La faiblesse des
sorties, d'après certains avis, ne permettrait
pas de dépasser le chiffre de 1.400.000 hteto-
litres, obtenu Van dernier.
Les cépages. de table : Madeleine, Chasse-
las, sont en avance de dix à quinze ¡ours,"
l'exportation des Chasselas bat son plein. La
vendange des cépages-primeurs est commen-
Cie. -
Notons, en ce qui concerne le marché des
vins, que celui-ci demeure sans grande acti-
vité. Le disponible est payé de 10 fr. 25 à
10 fr. 50 le degré avec licence, et de 9 fr. 75
à 10 fr. sans licence.
Sur la récolte à venir, les Prix de 10 fr. à
10 fr. 25 sont annoncés, selon les délais de
retiraismi.
La casquette ?
Certes 1 Mais sous cette casquette Il y avait une pensée, et généreuse,
et humaine.
De son quartier général d'Oran, le M jmn JfM7, Bugeaud lançait
l'ordre suivant : i
« Soldats chez vous l'amour de la patrie, l'emporte sur l'amour de la gloire.
Croyez que votre général a dû se combattre lui-même avant de signer un traité de
paix avec les Arabes. Soldats ! votre rôle est changé. Au lieu de poursuivre les
Arabes, vous leur offrirez l'exemple d'un travail plus intellignent. Vous leur ensei-
gnerez à faire des routes, à atteler des chevaux, & bâtir des maisons, à semer des
prairies, à planter le mûrier et l'olivier. »
Lorsque nous sommes aujourd'hui traqués par certains Algériens,
qui nous chargent de tous les crimes et nous accablent de tous les pi.
chés, lorsque nous sommes, accusés^avobr odieusement abusé d'une
population misérable et sans détente? expropriée,' spoliée, volie par
noua, /nou* pouvons nous reporter à cet ordre de Bugeaud, et devant
^Algérie de 1937 civilisée, équipée,1certes pauvre encore, mais tendue :
Vers le mieux-être, nous pouvons nous demander si nous avons failli à
la tâche qui nous a été ainsi tracée.
M. Mais c'est sans doute aux Algériens QU?U appartient de répondre.
Une conférence des cercles
s'est tenue au Niger
Le voeu de beaucoup de commandants de
cercles est que le gouverneur de leur colonie,
au moins une fois par an, les réunisse de telle
manière que le contact soit assez étroitement
établi, que les doctrines s'affrontent, et se po-
lissent aux feux de l'expérience commune.
Beaucoup J'administrateurs, en effet, qui ont
une conception de leur métier autre que la stricte
conception administrative, qui veulent faire du
social et de l' humain, se plaignent de l'isole-
ment moral dans lequel ils sont plongés, et de
la parfaite indifférence du chef-lieu à leur en-
droit. Ils réalisent une œuvre, parfois grande,
dans les domaines les plus divers, et presque
toujours sans moyens.
Qu'ils réussissent, et le mérite leur est en-
levé. Qu'ils échouent, et la responsabilité les
accable. Ils vont, dans la nuit. Les résignés ac-
ceptent, et ne font rien. Les ardents veulent
faire quelque chose, et travaillent juqu'à l'ins-
tant où l'échec les arrête, condamnés alors
qu'ils sont-par leur chef.
Il y a des administrateurs qui mériteraient
mieux que la favorable recommandation du
« Pas a histoires ! » Si la colonisation française
est à ce point médiocre. et sans mystique, c'est
que la crainte logée à tous les postes de la hié-
rarchie, comme le faucon au poing du chasseur,
paralyse toutes les initiatives, abat tous les en-
thousiastes, et fabrique en série des conformis-
tes dont le désir forcené est dès lors de vivre
à l'abri des regards indiscrets..
Nous avons donc exprimé le vœu que des
conférences, régulièrement tenues, sous Vau-
torité du gouverneur, permettent à tous les corn-
mandants de cercle de confronter leurs efforts,
leurs résultats, leurs buts et d'arrêter des mesu-
res communes, profitables à la politique même
de leur colonie.
Saluons dans ce sens l'initiative de M. Court,
BOUIJemeur du Niger, qui a réuni à Niamey,
les 18.. 19 et 20 juin les commandants des
Cercles de Maradi, Zinder et Dosso en une oé-
ritable conférence économique durant laquelle
ont été traitées toutes les questions concernant
la politique alimentaire des Cercles. Le déve-
loppement des surfaces cultivées en arachide,
plants d'assolement, prépare des terres à mil
excellentes, mais la culture de cette légami-
neuse ne doit pas être considérée au point de
vue exclusivement industriel. c'est un appoint
à la culture de base : le mil, dont les superfi-
cies ne doioent, sous aucun prétexte, être di-
minuées, Tèlles ont été dans les grondés lignes,
les diredtcea données aux Commandants de
€!etc&.-~ ..-. ":.,: -..
À ce premier point est venu s'ajouter l'im-
portante question des cultures complémentaires
et intercalaires qui vont être poussées plus avant
encore que les autre années, afin d'éviter tous
risques, non pas de disette, mais de geme ali-
mentaire en période de soudure. Les questions
douanières ont fait également l'objet de con-
férences spéciales en présence du chef du bu-
reau économique, assisté du chef du bureau des
douanes.
A rinstant où M. Marius Moutet semble
désireux d'effectuer, aux Colonies, des réfor-
mes de structure, qui seraient en même temps
des réformes d'esprit, il conviendrait que l'ini-
tiative du gouverneur du Niger fut codifiée, et
devint une règle générale. Ainsi nos préfets ne
seraient plus seulement des préfets : ils de-
viendraient des chefs, dans toute l'acception
du terme.
Vers un traité turco-syrien
Une délégation turque va se rendre en
Syrie afin de conclure un traité d'amitié et
d'alliance entre la Turquie et la Syrie, cousé-
quence du traité franco-turc signé après le
règlement du. problème d'Alexandrette et
entre le président dit Conseil syrien et le gou-
vernement kémaliste.
Propagande coloniale
Sous ce titre, le bulletin de presse du mi-
nislère des Colonies nous gratifie de la pudique
note suivante :
Les « Peuples heureux n'ont lias d'his-
- toire n. Il en est de même pour les Colo-
nies ou Groupes de Colonies, qui doivent
vivre et prospérer sans publicité tapageuse.
Cette publicité rien ne la justifie. il s'agit
moins de saveur, pour la Métropole, ce
qu'on a l'intention de faire que ce qu'il a
été effectivement réalisé. La propagande co-
loniale pour être vraiment sincère et effi-
cace doit refléter lu vie et l'activité journa-
lière de nos possessions d'C'utre-Mer, sans
couronnes de fleurs trop savamment tres-
sées sur les fronts de ceux qui ont la tâclio
de diriger cette activité.
Sans doute, il est très humain de parler
de soi. Si l'on commande, il est plus fa-
cile encore de faire exprimer par d'autres
ce qu'on peut avoir la pudeur de ne pas
dire soi-même, Personne ne s'y trompe. Et
celui dont on parle trop lasse inévitable-
ment l'opinion.
Il est certain qu'une œuvre ne vaut que
par les hommes qui s'y attachent, mais ce
n'est pas dans l'action que ceux-ci doivent
être encensés. Il faut un certam recul, dans
le temps, pour juger sainement d'heureuses
rétormes. Les statues sont faites pour les
morts, très rarement pour les vivants.
La Grande Œuvre Coloniale fut bâtie,
pierre à pierre, dans un immense effort. De
tous ceux qui y participèrent, de nombreu-
ses personnalités furent distinguées et de-
meurent. La majorité reste duns l'ombre.
Et il est assez curieux de constater que
les noms qu'on honore aujourd'hui appar-
tiennent à ceux qui. pour la plupart, fu-
rent les plus modestes.
Les Colonies réclament des organisateurs
de tout premier plan, et il faut avouer
qu'ils sont, en général, bien choisis. Il ne
leur appartient pas de le dire mais de le
prouver.
Nous avons absorbé avec ravissement ce dé-
licat hors-d'œuvre. Mais nous ne pouvons guère
nous arrêter à ses prudentes recommandations :
« il s'agit moins de savoir pour la Métropole;
ce qu'on a l'intention de faire que ce qu il a
été effectivement réalisé. » Ainsi, en notre
époque de planisme à outrance, où chacun, sur
une route fort rude, chemine nanti de plans, de
conceptions, de formules arrêtées. de prograrr,.
mes stricts comme le fil du meilleur acier, ill
convient de taire ce que les colonies préparent
pour servir enfin les intérêts de la Métropole 1
Elles n'ont jamais travaillé que pour elles-
mêmes, pour leurs cadres administratifs, pour
l'aménagement de leur personnel, pour la sé-
curité de leur carrière et de leur retraite. C'est
donc cela qu'il convient de représenter au peu-
ple ; nous placerons ainsi en pleine lumière les
soins pieux qu'elle a prodigués dans ce sens.
Cependant, nous ne jugeons pas, comme ce
charmant communiqué, que la u grande œuore
coloniale » soit pour cela bâlie. Elle l'est cer-
tes, à peu près à la pérfection. sinon dans son
esprit, tout au moins matériellement, au seul
point de vue administratif. Hors de cela, c'est
une baraque vide, et qui ne sert à rien.
Le gouvernement n'a pas encore conçu que
l'occupation de territoires vierges ne requiert
pas seulement l'envoi de fonctionnaires, et l'ef-
fort d'une éducation physiologique et sociale
donnée aux peuples protégés, mais qu'il est
essentiel de mettre parallèlement en valeur, et
de viser ainsi à la parfaite balance de la comp-
tabilité. Il administre notre maigre économie
coloniale comme il tiendrait un registre de
levée d'écrou. Il ne crée rien, n'inspire rien,
n'éclaire aucune mystique. Et lui seul peut le
faire.
La Colonie est un Cercle Privé à mage de
privilégiés, dans lequel on n'est reçu que sur
présentation de sa carte, ou de son carnet de
chèques. Et c'est ainsi, malgré les prudes en-
seignements de ce communiqué, que nous en
sommes encore à attendre que le peuple soit
appelé — en notre siècle où l'Etat tentaculaire
fait tout, règle tout, inspire tout, écrase tout
— à mettre en valeur ses propres colonies, sub-
ventionnées et entretenues sans qu'il s'en doute
par ses impôts 1
Comment construire l'Empire
L'Edifice humain
par Jacques Ervédis.
LA COLONISATION
ET L'APPORT DES EUROPEENS
Si l'on veut bien tenir pour des moyens et
non des fins en soi l'équipement matériel et la
mise en valeur d'un pays réputé « neuf » si,
autrement dit, l'exploitation est un salaire et
non une justification, qu'est-ce en définitive que
la Colonisation ? Répondant avec Labouret
que nous citions déjà au cours d'un précédent
article : « la colonisation est avant tout une
prise de contact entre peuples différents » dont
l'un, civilisé, prétend guider et transformer
l'autre, primitif quant à ses mœurs ou ses mé-
thodes.
C'est donc un conflit entre races et civilisa-
tions opposées. « C'est un fait social » puis-
qu'il en. doit résulter en définitive une modifi-
cation dans les coutumes, la moralité et les mo-
des de vie de l'une des deux parties en pré-
sence. 1-
Pareille oeuvre requiert évidemment la colla-
boration étroite du civilisateur et de ses sujets
coloniaux, que cette collaboration d'àilleurs soit
le fait de la contrainte ou qu'elle relève d'une
adhésion spontanée.
Dans le problème de la Colonisation il con-
vient donc d'envisager le caractère et la mission
assignés aux colonisateurs comme les possibilités
et leridéauc à développer chez les Colonisés.
C'est à ce double point de vue que nous nous
placerons-Dour étudier ce qu'il convient d'ap-
porter dans cet ordre d'idées à notre Empire.
Et d'abord une question fondamentale: Nos
Colonies ont-elles besoin de Colons français ?
Si oui, de quelle sorte de Colons et pour quoi
faire ?
Que des pays à civilisation primitive comme
l'Afrique Noire ou à développement économi-
que retardé comme notre Extrême-Orient aient 1
besoin pour leur mise en œuvre de départ d'un
apport de Colons Blancs, cela ne fait aucun
doute. L'Administration qui organise à sa ma-
nière la Colonie ne suffit pas à la coloniser : il
y faut des particuliers pour en créer, en déve-
lopper ou en gérer les intérêts, en attendant que
la masse des autochtones, acquise à nos mé-
thodes et à nos techniques, soit à même d'en-
treprendre des tâches par ses propres moyens.
Ainsi que nous l'indiquions dans un précé-
dent article, consacré précisément à notre action
colonisatrise, nos Colonies ont donc besoin
d'une immigration blanche qui soit surtout me
immigration de cadres professionnels. C'est, di-
sions-nous, le planteur sur sa plantation, le
commerçant dans sa boutique.. l'entrepreneur
sur son chantier, l'artisan dans son atelier, l'ar-
tiste dans les écoles d'art créées dans certam.
de nos Colonies, etc.
Il faut bien que > les aspirants coloniaux de
quelque branche d'activité qu'ils relèvent se
mettent en effet dans l'idée que l'ère de l' aven-
ture est finie — que la période héroïque est
clôse., '- et qu'il faut désormais aux Colonies
des hommes de rendement olutôt que des hom-
VENDREDI (13 K. 30) 6 AOUT 1937
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
lf Km de H Bmbm
PARIS ae)
TÉL. : RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupées)
Les Anna/es Coloniales
Fondateur: Marcel RUEDEL - -' < ! -. - 'Co Directeur: Raoul MONMARSON
IBONNEBENTS
avec la Revue illustrée:
Un aD 6 Moie 3Moi.
France et
Colonies 180» 100 » Me
Etranger.. 240. 125 » 70*
Le Numéro : 1 franc
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Le Gabon, ce centenaire
Parmi les cinquantenaires, centenaires, bi-
terdencàres, tri-centenaires — la France est une
vieille et encore noble Nation ! — que nous
honorons en nos colonies sur différents points
du globe, depuis quelque temps, il en est un
qui nous sera particulièrement cher: le cente-
naire du Gabon, dans deux ans.
On lira par ailleurs les passages d'une lettre
que nous a adressée, de Liberville, un adjoint
des Services civils en retraite, M. Makaga
kogow. Elle est un exemple émouvant de la
force de rayonnement de la France. Et nous
ne pouvons que donner raison aux arguments
développés en faveur de ce pauvre et magnifi-
que Gabon.
♦%
Délaissé, il le fut. Il le demeure. Inlassable-
ment, depuis dix ans, les ergots sur me forêt
de légende, il alimente par millions les caisses
de la Fédération — aujourd'hui la colonie —
et fait vivre, du navire au vendeur, des milliers
d'hommes et de tonnes. Le Gabon a sans doute
été, et récemment encore, la dernière de nos
terres d'aventure. Le pays négligé, hostile, el
qui ne comptait de routes que quelques centai-
nes de mètres, à Libreville, à Port-Gentil, à
Lambaréné, est posé sur l'Equateur comme une
immense Venise forestière. La pinasse, battant
comme un cœur trop pressé, permettait seule
de l'Ogooué à la Bilagone, du Remboué aux
lacs, de se rendre d'un point à un autre —'
même pour quelques kilomètres. Savorgnan de
Brazza avait tracé un itinéraire. La France le
suivit depuis presque mécaniquement, et péné-
tra fort lentement dans la redoutable brousse qui
le mure. Si le forestier depuis quinze ans ne
t'était emparé du Gabon, l'Administration,
sceptique et prudente, eût continué simplement
cette occupation sporadique, limitée à quelques
points déterminés toujours accessibles, et mar-
qués du sceau fatal à toute grande œucre colo-
*
niale : le prompt retour en France.
Nous ne retracerons pas la légende familière:
entre la grume d'okoumé remise par M. de
Chavannes au représentant de la compagnie al.
mande Woermann, et les quelques 300.009
tonnes annuellement exportées aujourd'hui, il y
a une histoire que connaissent bien tous les co-
loniaux. Frustes et rudes, les forestiers du Ga-
bon ont eu longtemps l'orgueil de leurs fau-
ves origines. Ils se sont grisés de cette abno-
sphère de bataille, presque d'expédition mili-
taire, où le ravitillement était nul la eue nd.
serable, wit mâle et
brutale démonstration de la résistance physi-
Ve-
Cette sauvage grandeur, cette solitude par-
fois accablante, qui demandaient toutes deux
des âmes d'apotres, ou des corps d'athlètes, les
jorestiers les ont connues et aimées : elles
furent leur titre à dominer de toutes leur puis-
sance les bureaucrates, les citadins, les pas-
sants. Dans ce pays longtemps en sommeil,
qu'une crainte sacrée avait sauvé en ses sau-
vages profondeurs, que l'inutilité même d'une
mise en valeur acaii épargné en sa primiticité,
la forêt brusquement fut attaquée et jetée bas.
Du Feman Vaz à la N'Gounié, du lac Anen-
ghé au lac Gotriéf du Muni à Owendo,
l'okoumé gémit sous la hache. Des fortunes,
qui sentaient le suint, et qui étaient une dé-
monstration de la mâle force, s'édifièrent.
Avant d'entrer dans la légende, le Gabon pa-
taugea dans la chronique. Il est à peu près sé-
rieux maintenant. Il a fait sa mue, il a refait
ses dents. Industrialisé, ayant perdu ses héros,
il a gardé des hommes. Comme tout parti poli-
tique, dont le temps ronge les ongles et mange
la couleur, il s'est embourgeoisé.
Mais il ne vit pas mieux pour cela, et son
éducation demeure à faire.
Cette riche Colonie est encore en effet un
taudis. La fière devise que la République a
plantée sur son fronton — « Liberté-égalité-
fratemité » — lui a singulièrement nui. De
Liberté, elle n'en eut point. D'égalité, de par
sa richesse naturelle et ses possibilités considé-
rables, elle ne pouvait en connaître. Et la fra-
ternité l'a injustement ruinée au profit de ses
sœurs.
Notre Afrique Equatoriale, bâtie en dépit.
du bon sens, groupait quatre colonies, dont
deux très dissemblables, le Gabon et le Tchad,
équilibraient leur budget, et gagnaient de l'ar-
gent. Deux autres n'étaient que des possibilités,
le Moyen-Congo et l'Oubangui. On se mit en
devoir de construire le Congo-Océan. Ce fut,
pour le Gabon, une raison d'être plongé dans
la misère. Tous ses profits furent dévorés par
cette voie ferrée, et son argent arraché de se.*
mains. Les quelques millions qui eussent pu
lui être laissés pour des adductions d'eau — en
recueille à Port-Gentil l'eau dans les citernes,
et il faut la conserver pour la saison sèche 1 —
pour l'installation de la lumière, pour le plus
élémentaire aménagement des centres urbains,
lui furent impitoyablement refusés. C'est pour-
quoi — et qui lui donnerait tort ? — le Gabon
s'employa patiemment à hair le Moyen-Congo.
Luttes épiques, souvenirs brûlants, pleins
d'une sève qui nous émeut aujourd'hui encore !
Le Gabon dernier refuge du romantisme co-
lonial, déshérité, ne sut pas trouver son défen-
seur. Pointilleux, jaloux, bourré de méfiance,
insupportable, il rejeta ceux qui le voulaient
défendre, contre lui-même, contre le Moyen-
Congo tentaculaire ensuite.
Et c'est, après des années, cette plainte
émouvante d'un Gabormais' qui nous parvient
d'un Gabonais indigène qui sollicite, avant
toute chose, que le souvenir du « conquérant »
soit honoré comme il convient, après cent an-
nées de parfaite et lamentable indifférence 1
Comment laisserions-nous sans écho cet ap-
pel ! Cormment n'écouterions nous point porté
par c. multiple niissement Se cette foret pro-
fonde comme le mystère du Monde, ce cri
d'amour, ce vœu qui ncus grandit, Français, et
nous sauve de nous-mêmes - Obéissant à ce ri-
dicule mais nécessaire, à ce puéril mais tou-
chant élan, nous fermons un instant notre pen-
sée à ce qui nous entoure, pour la porter sur des
paysages familiers, gravés en nous autant que
nous vivrons, et nous voyons les rivières et les
lacs, les cases et les clairières, l'homme formi-
dable et minuscule, Booué et Achouka, le lac
Goleu et la barre des Portugais, les rapides et
le lac Azingo et tant de bois, et tant de luttes,
et hnt de solitude et tant de nuits ardentes,
et déjà tant de morts !
Raoul Monmarson.
A la Société des Nations
0
Le chef de la délégation
des Indes
L'Aga Khan sera nommé Chef de la délé-
gation des Indes britanniques à la prochaine
Assemblée de la Société des Nations.
La Palestine t
devant la Commission des Mandats
Les débats engagés cette semaine à la Com-
mission des Mandats sur la question palesti-
nienne se poursuivent normalement. Nos lec-
teurs en trouveront le commentaire par ailleurs,
tous la signature de M. Toufik Wehbé et dans
notre rubrique a Terres étrangères ».
Signalons que le gouvernement irakien vient
d'adresser à la S. D. N. une protestation con-
tre le projet de partage. Après avoir rappelé
le rôle pacificateur qu'il a joué de concert avec
le roi d'Arabie saoudienne et l'iman de l' Ye-
men, ainsi qu'avec l'émir de -Transjordanie,
auprès des Arabes de Palestine et la responsa-
bilité morale qu'il a assumée en leur promet-
tant son aide, le gouvernement de l'Irak affirme
que le partage de la Palestine constituerait à
l'égard de la population de ce pays une injus-
tice qu'on ne saurait envisager sans les appré-
hensions les plus graves.
En traitant de la question de la minorité,
jui pourrait être arrêtée sur la base actuelle-
ment existante sur place, le mémoire s' exprime
ainsi - « Le Gouvernement de l'Irak croit fer-
mement que, si l'on veut assurer aux juifs le
bénéfice permanent des résultats de la déclara-
tion Balfour, il convient de reconnaître une Pa-
lestine indépendante et indivisée, occupant sa
place parmi les autres nations européennes. »
) •>* <
An Ministère des Colonies
UNE NOMINATION
M. Albert Charton, agrégé de l'Université,
inspecteur d'académie des départements, direc-
teur du service inter-colonial d information et
de documentation; a été nommé inspecteur
conseil de l'instruction publique au ministère;
en remplacement de M. Crouzet, nommé ins-
pecteur général de l'instruction publique.
An Conseil des Ministres
L'Algérie à l'ordre du jour
Lors de la réunion du conseil des ministres,
vendredi dernier, à l'Elysée, M. Marx Dor-
moy, ministre de l'Intérieur, a fait approuver
des décrets-lois instituant la police d'Etat à
Mostaganem et à Sidi-Bel-Abbès et portant
prélèvement, au profit du fonds commun des
douars d'Algérie, d'un contingent annuel de
10 sur les revenus spéciaux des douars.
D'autre part, à la suite des incidents qui ont
marqué, ainsi que nous l'avons relaté, la séance
du Comité Central de l'Office du Blé, ayant
à fixer, d'accord avec les représentants du gou-
vernement, le prix des blés durs algériens, et
devant la carence des producteurs qui avaient
quitté la salle. M. Georges Monnet, ministre
de l' Agriculture, a exposé les éléments relatifs
à la fixation du blé dur algérien, compte tenu
de la récolte, du prix moyen des récoltes dans
les années 1911, 1912, 1913 et des coeffi-
cients de majorations moyens des salaires, des
produits, des charges et de l'indice pondéré du
prix de la vie.
Le conseil des ministres a fixé à 169 francs
le quintal — départ quai port algérien — le
prix du blé dur d'un poids spécifique com-
pris entre 80 kilos et 80 kil. 999.
Le conseil a fixé en outre le montant des
majorations mensuelles pour prime d'entretien
et le barème des bonifications et réfactions à
appliquer au prix de 169 francs fixé pour le
mois de juillet.
————————— ) -.- (
M. CARTERON
ne quitte pas la Tunisie
Nous avions annoncé, vendredi, comme
d'ailleurs toute la presse, que M. Carteron,
Ministre plénipotentiaire, Secrétaire général
du Gouvernement tunisien, avait été appelé à
succéder à M. Becq de Fouquières dans les
hautes fonctions de Chef du Protocole et
d'Introducteur des Ambassadeurs.
Annonçons aujourd'hui que M. Carteron à
décliné le poste qui lui a été ainsi offert.
M. Carteron retourne donc en Tunisie'et de-
meure chargé du même poste, Délégué à la
Résidence générale de France en Tunisie et
Secrétaire général du Gouvernement tunisien.
LE SERVICE DES FRAUDES
AUX COLONIES
ESx!
RESIDENT de la Com-
mission du Vin aux
Colonies, il faut bien
que je m'occupe de la
répression des frau-
des qui est une des
parties essentielles de
la politique viticole et
dans la mère patrie et
dans la France d'ou-
tre-mer.
J'ai signalé, en son
temps, le nouvel orga-
nisme, institué à Dakar par l'arrêté général du
22 juillet 1936. Le service est aussitôt entré en
campagne. Il n'a pas perdu son temps. J'ai si-
gnalé les obstacles auxquels il devait nécessaire-
ment se heurter. Ils ne l'ont pas empêché de
faire de la bonne besogne .: en quelques mois,
plus de 280 échantillons de produits divers ont
été prélevés, et 70 dossiers ont été établis. Pour
des premiers sondages, on peut dire que c'est de
la besogne bien menée.
Sur quels produits ont porté ces sondages ? Sur
tous ceux qui paraissent le plus fréquemment ten-
ter l'ingéniosité malsaine des fraudeurs : les vins
ordinaires, les vins à appellation, les vins mous-
seux, les rhums et eaux-de-vie, les vinaigres, mais
aussi les huiles de table ou comestibles, les huiles
d'arachides, les laits frais et les beurres, les fari-
nes, etc..
Je ne m'attarderai pas à relever tous les man-
quements signalés dans les rapports. Au reste, ils
ont une ressemblance toute naturelle avec ceux
que l'on constate dans la métropole : que vou-
lez-vous qu'on vende sous le nom de beurre, si-
non de la margarine, et comment voulez-vous
qu'on étende le volume des laits si non avec de
l'eau ? Il est vrai qu'on a aussi recours à l'eau
pour frauder sur les beurres. Mais enfin, U n'y a
rien là qui doive nous, surprendre.
Ce qui est plus inadmissible, c'est que, dans le
pays même qui est essentiellement producteur
d'huile d'arachides, les fraudes sur cette denrée
soient si nombreuses. Sur 19 dossiers constitués,
11 ont donné lieu à des poursuites : soit 57
On ajoute à l'huile d'arachides de l'huile ou de
la graisse de coco, ou de la graisse de végétaline.
Parfois même on supprime complètement l'huile
d'arachides, et la dénomination est totalement
abusive. Quelques exemples feront réfléchir - les
candidats délinquants.
Quant aux produits viticoles, ils sont, comme
toujours, les plus effrontément falsifiés.
Sur 17 prélèvements de vins ordinaires, 14 ont
été déférés à la justice et ont été suivis de 14
condamnations. Ici, c'est pour défaut d'indication
ou pour Indication mensongère du titre alcoolique.
Là, c'est pour mouillage ; on signale df fcapti-
mes séaoS~qSt.wM~: }usat~f~-~ ~Memc
c'est pour addttlM rèfrs detlfiic ; aiDeuii, pour
addition de fuchsine. Quand ^s'agit du vin, le
champ est vaste, et l|jJraudw$l|B^b«itf. jw.. j
Quant aux vins à appellafitin, qu'an appelle''
communément « vins fins s et c viùs tfoucMs x,
il va sans dire que beaucoup d'entre eux ont ac-
quis leurs titres de noblesse à bon marché. Le
pinard le plus vulgaire se pare impudemment de
blasons injustifiés : sur 8 prélèvements, 3 ont
donné lieu à poursuites, c'est-à-dire 37
J'entends bien qu'il y a des fraudes plus ou
moins graves, et qu'il est nécessaire de distin-
guer entre elles. L'administration le fait sans au-
cune espèce de doute. Là-bas plus qu'ailleurs,
lorsqu'on parle de la moralisation du marché, il
faut tenir compte du fait que certains ignorent ou
connaissent mal les règles de la morale commer-
ciale. Mais, h cette excuse là, on pourra recourir
de moins en moins, puisque le - service de la ré-
pression se met à la disposition du public, et l'in-
vite à venir dans ses bureaux chercher les rensei-
gnements dont il a besoin, et les conseils qui peu-
vent lui être utiles. Ainsi se créeront peu à peu
les bonnes et salutaires habitudes. Et les consé-
quences de cet assainissement ne seront pas uni-
quement matérielles : partout où le sentiment du
devoir pénètre, c'est beaucoup, quelle que soit la
porte par où il fait son entrée.
Mario Routtan.
Sénateur, ancien ministre,
Président du Groupe Viti-
cole du Sénat, Président
de la Commission du Vin
aux Colonies, Président de
la Commission Internatio.
nale Permanente de la VU
iiculture.
ÉLECTIONS, ÉLECTIONS !
Au Liban
Un arrêté du Haut-Commissaire de France,
pris en conformité des vœux qui lui ont été
exprimés par certaines personnalités du Li-
ban, comme d'ailleurs par le Président de la
République libanaise,. porte de 25 à 60 le
nombre des députés.
On se. souviendra' que la Chambre, ingou-
vernable, a été dissoute récemment, et que
des élections législatives doivent avoir pro-
chainement lieu.
De Jérusalem
à Genève
via Londres
Le régime des mandats A internationaux
imposés à l'issue de la grande guerre par les
grandes puissances à la Syrie, - au Liban et
à l'Irak vient d'être désavoué par ses créa-
teurs et transformé en un régime plus libéral.
voirè en une entière libération.
L'Angleterre, poursuivant sa nouvelle po-
litique, qui consiste à voir son prestige main-
tenu par la force des alliances plutôt que
par la terreur de la domination, essaye de
substituer -au. régime du mandat en Pales-
tine une nouvelle formule comportant à la
fois trois régimes :
1° Le découpage de la Palestine en
deux Etats : juif et arabe ;
2° L'indépendance de ces deux Etats ;
3° Le maintien du mandat anglais sur
les Lieux-Saints.
La commission Peel qui a suggéré le plan
n'avait que le simple droit d'émettre son avis.
Pour que ce plan soit réalisé pratiquement
et légalement il faut d'abord :
a). Le consentement de la S. D. N., qui
a confié à l'Angleterre la gestion de ce ter-
ritoire ;
b) Le consentement des Etats-Unis d'Amé-
rique, qui, sans faire partie de l'organisme
de Genève, ont en mains l'engagement for-
mel que toute modification au régime du
mandat ne peut se faire qu'avec leur agré-
ment;
c) L'acceptation des Arabes.
d L'acquiescement des juifs peut être soli-
daire de celui de l'Angleterre. Car si le
sionisme est une idée juive, il est incontes-
tablement une œuvre anglaise.
Or les Arabes protestent et avec eux tous
les rois, les souverains et les gouvernements
de pays arabes voisins. Les Anglais eux-mê-
mes ne sont pas d'accord sur l'utilité et la
sagesse de ce plan.
La Société des Nations, par l'organe de
la commission des mandats siégeant en ce
moment, ne lui est pas très favorable. Et
c'est pour ces raisons que le projet anglais
semble devoir s'effondrer devant la simple
réalité actuelle de la Palestine.
Il nous paraît donc que la question va être
a nouveau posée, et qu'un nouveau plan
doive être proposé.
Toufik Webhé.
\— ) (
HONNEURS INSICNES
Deu lois protègent
,---.-.-.
Deux lois ont été publiées ce matin dans
le journal officiel.
La^prèmièrti" Jlodifie l('.l'a loi du 7 janvier
:. 1932; tendant à assurer la sauvegarde de la
production, des bananes dans les colonies,
pays de protectorat ou territoires sous man-
dat».
La seconde supprime la taxe spéciale sur
les bananes desséchées et farines de bananes
créée par la loi du 7 janvier 1932 et établis-
sant un droit dé douane sur ces mêmes pro-
duits.
De ce fait, pour les bananes à l'état frais,
en régimes ou détachées, provenant de nos
colonies, protectorats ou territoires sous man-
dat, la taxe spéciale est réduite à 5 centimes,
par kilogramme.
D'autre part, la taxe spéciale de 60 centi-
mes par kilogramme, instituée par la loi du
7 janvier 1932 sur les bananes desséchées et
farines de bananes, est supprimée, et le ta-
rif des droits de douane applicable à ces pro-
duits est ainsi modifié : aux 100 kgs. Ex. 85
du tarif, tarif général : Fr. 112 ; et tarif
minimum : Fr. 86.
Ces deux Jois portent la date du 28 juillet.
) -E
Belle situation
du vignoble tunisien
Le vignoble tunisien a conservé; son bel as-
pect et sa végétation vigoureuse malgré les
quelques journées de chaleur de Juin.
Les avis sont encore partagés sur l'impor-
tance de la future récolte. La faiblesse des
sorties, d'après certains avis, ne permettrait
pas de dépasser le chiffre de 1.400.000 hteto-
litres, obtenu Van dernier.
Les cépages. de table : Madeleine, Chasse-
las, sont en avance de dix à quinze ¡ours,"
l'exportation des Chasselas bat son plein. La
vendange des cépages-primeurs est commen-
Cie. -
Notons, en ce qui concerne le marché des
vins, que celui-ci demeure sans grande acti-
vité. Le disponible est payé de 10 fr. 25 à
10 fr. 50 le degré avec licence, et de 9 fr. 75
à 10 fr. sans licence.
Sur la récolte à venir, les Prix de 10 fr. à
10 fr. 25 sont annoncés, selon les délais de
retiraismi.
La casquette ?
Certes 1 Mais sous cette casquette Il y avait une pensée, et généreuse,
et humaine.
De son quartier général d'Oran, le M jmn JfM7, Bugeaud lançait
l'ordre suivant : i
« Soldats chez vous l'amour de la patrie, l'emporte sur l'amour de la gloire.
Croyez que votre général a dû se combattre lui-même avant de signer un traité de
paix avec les Arabes. Soldats ! votre rôle est changé. Au lieu de poursuivre les
Arabes, vous leur offrirez l'exemple d'un travail plus intellignent. Vous leur ensei-
gnerez à faire des routes, à atteler des chevaux, & bâtir des maisons, à semer des
prairies, à planter le mûrier et l'olivier. »
Lorsque nous sommes aujourd'hui traqués par certains Algériens,
qui nous chargent de tous les crimes et nous accablent de tous les pi.
chés, lorsque nous sommes, accusés^avobr odieusement abusé d'une
population misérable et sans détente? expropriée,' spoliée, volie par
noua, /nou* pouvons nous reporter à cet ordre de Bugeaud, et devant
^Algérie de 1937 civilisée, équipée,1certes pauvre encore, mais tendue :
Vers le mieux-être, nous pouvons nous demander si nous avons failli à
la tâche qui nous a été ainsi tracée.
M. Mais c'est sans doute aux Algériens QU?U appartient de répondre.
Une conférence des cercles
s'est tenue au Niger
Le voeu de beaucoup de commandants de
cercles est que le gouverneur de leur colonie,
au moins une fois par an, les réunisse de telle
manière que le contact soit assez étroitement
établi, que les doctrines s'affrontent, et se po-
lissent aux feux de l'expérience commune.
Beaucoup J'administrateurs, en effet, qui ont
une conception de leur métier autre que la stricte
conception administrative, qui veulent faire du
social et de l' humain, se plaignent de l'isole-
ment moral dans lequel ils sont plongés, et de
la parfaite indifférence du chef-lieu à leur en-
droit. Ils réalisent une œuvre, parfois grande,
dans les domaines les plus divers, et presque
toujours sans moyens.
Qu'ils réussissent, et le mérite leur est en-
levé. Qu'ils échouent, et la responsabilité les
accable. Ils vont, dans la nuit. Les résignés ac-
ceptent, et ne font rien. Les ardents veulent
faire quelque chose, et travaillent juqu'à l'ins-
tant où l'échec les arrête, condamnés alors
qu'ils sont-par leur chef.
Il y a des administrateurs qui mériteraient
mieux que la favorable recommandation du
« Pas a histoires ! » Si la colonisation française
est à ce point médiocre. et sans mystique, c'est
que la crainte logée à tous les postes de la hié-
rarchie, comme le faucon au poing du chasseur,
paralyse toutes les initiatives, abat tous les en-
thousiastes, et fabrique en série des conformis-
tes dont le désir forcené est dès lors de vivre
à l'abri des regards indiscrets..
Nous avons donc exprimé le vœu que des
conférences, régulièrement tenues, sous Vau-
torité du gouverneur, permettent à tous les corn-
mandants de cercle de confronter leurs efforts,
leurs résultats, leurs buts et d'arrêter des mesu-
res communes, profitables à la politique même
de leur colonie.
Saluons dans ce sens l'initiative de M. Court,
BOUIJemeur du Niger, qui a réuni à Niamey,
les 18.. 19 et 20 juin les commandants des
Cercles de Maradi, Zinder et Dosso en une oé-
ritable conférence économique durant laquelle
ont été traitées toutes les questions concernant
la politique alimentaire des Cercles. Le déve-
loppement des surfaces cultivées en arachide,
plants d'assolement, prépare des terres à mil
excellentes, mais la culture de cette légami-
neuse ne doit pas être considérée au point de
vue exclusivement industriel. c'est un appoint
à la culture de base : le mil, dont les superfi-
cies ne doioent, sous aucun prétexte, être di-
minuées, Tèlles ont été dans les grondés lignes,
les diredtcea données aux Commandants de
€!etc&.-~ ..-. ":.,: -..
À ce premier point est venu s'ajouter l'im-
portante question des cultures complémentaires
et intercalaires qui vont être poussées plus avant
encore que les autre années, afin d'éviter tous
risques, non pas de disette, mais de geme ali-
mentaire en période de soudure. Les questions
douanières ont fait également l'objet de con-
férences spéciales en présence du chef du bu-
reau économique, assisté du chef du bureau des
douanes.
A rinstant où M. Marius Moutet semble
désireux d'effectuer, aux Colonies, des réfor-
mes de structure, qui seraient en même temps
des réformes d'esprit, il conviendrait que l'ini-
tiative du gouverneur du Niger fut codifiée, et
devint une règle générale. Ainsi nos préfets ne
seraient plus seulement des préfets : ils de-
viendraient des chefs, dans toute l'acception
du terme.
Vers un traité turco-syrien
Une délégation turque va se rendre en
Syrie afin de conclure un traité d'amitié et
d'alliance entre la Turquie et la Syrie, cousé-
quence du traité franco-turc signé après le
règlement du. problème d'Alexandrette et
entre le président dit Conseil syrien et le gou-
vernement kémaliste.
Propagande coloniale
Sous ce titre, le bulletin de presse du mi-
nislère des Colonies nous gratifie de la pudique
note suivante :
Les « Peuples heureux n'ont lias d'his-
- toire n. Il en est de même pour les Colo-
nies ou Groupes de Colonies, qui doivent
vivre et prospérer sans publicité tapageuse.
Cette publicité rien ne la justifie. il s'agit
moins de saveur, pour la Métropole, ce
qu'on a l'intention de faire que ce qu'il a
été effectivement réalisé. La propagande co-
loniale pour être vraiment sincère et effi-
cace doit refléter lu vie et l'activité journa-
lière de nos possessions d'C'utre-Mer, sans
couronnes de fleurs trop savamment tres-
sées sur les fronts de ceux qui ont la tâclio
de diriger cette activité.
Sans doute, il est très humain de parler
de soi. Si l'on commande, il est plus fa-
cile encore de faire exprimer par d'autres
ce qu'on peut avoir la pudeur de ne pas
dire soi-même, Personne ne s'y trompe. Et
celui dont on parle trop lasse inévitable-
ment l'opinion.
Il est certain qu'une œuvre ne vaut que
par les hommes qui s'y attachent, mais ce
n'est pas dans l'action que ceux-ci doivent
être encensés. Il faut un certam recul, dans
le temps, pour juger sainement d'heureuses
rétormes. Les statues sont faites pour les
morts, très rarement pour les vivants.
La Grande Œuvre Coloniale fut bâtie,
pierre à pierre, dans un immense effort. De
tous ceux qui y participèrent, de nombreu-
ses personnalités furent distinguées et de-
meurent. La majorité reste duns l'ombre.
Et il est assez curieux de constater que
les noms qu'on honore aujourd'hui appar-
tiennent à ceux qui. pour la plupart, fu-
rent les plus modestes.
Les Colonies réclament des organisateurs
de tout premier plan, et il faut avouer
qu'ils sont, en général, bien choisis. Il ne
leur appartient pas de le dire mais de le
prouver.
Nous avons absorbé avec ravissement ce dé-
licat hors-d'œuvre. Mais nous ne pouvons guère
nous arrêter à ses prudentes recommandations :
« il s'agit moins de savoir pour la Métropole;
ce qu'on a l'intention de faire que ce qu il a
été effectivement réalisé. » Ainsi, en notre
époque de planisme à outrance, où chacun, sur
une route fort rude, chemine nanti de plans, de
conceptions, de formules arrêtées. de prograrr,.
mes stricts comme le fil du meilleur acier, ill
convient de taire ce que les colonies préparent
pour servir enfin les intérêts de la Métropole 1
Elles n'ont jamais travaillé que pour elles-
mêmes, pour leurs cadres administratifs, pour
l'aménagement de leur personnel, pour la sé-
curité de leur carrière et de leur retraite. C'est
donc cela qu'il convient de représenter au peu-
ple ; nous placerons ainsi en pleine lumière les
soins pieux qu'elle a prodigués dans ce sens.
Cependant, nous ne jugeons pas, comme ce
charmant communiqué, que la u grande œuore
coloniale » soit pour cela bâlie. Elle l'est cer-
tes, à peu près à la pérfection. sinon dans son
esprit, tout au moins matériellement, au seul
point de vue administratif. Hors de cela, c'est
une baraque vide, et qui ne sert à rien.
Le gouvernement n'a pas encore conçu que
l'occupation de territoires vierges ne requiert
pas seulement l'envoi de fonctionnaires, et l'ef-
fort d'une éducation physiologique et sociale
donnée aux peuples protégés, mais qu'il est
essentiel de mettre parallèlement en valeur, et
de viser ainsi à la parfaite balance de la comp-
tabilité. Il administre notre maigre économie
coloniale comme il tiendrait un registre de
levée d'écrou. Il ne crée rien, n'inspire rien,
n'éclaire aucune mystique. Et lui seul peut le
faire.
La Colonie est un Cercle Privé à mage de
privilégiés, dans lequel on n'est reçu que sur
présentation de sa carte, ou de son carnet de
chèques. Et c'est ainsi, malgré les prudes en-
seignements de ce communiqué, que nous en
sommes encore à attendre que le peuple soit
appelé — en notre siècle où l'Etat tentaculaire
fait tout, règle tout, inspire tout, écrase tout
— à mettre en valeur ses propres colonies, sub-
ventionnées et entretenues sans qu'il s'en doute
par ses impôts 1
Comment construire l'Empire
L'Edifice humain
par Jacques Ervédis.
LA COLONISATION
ET L'APPORT DES EUROPEENS
Si l'on veut bien tenir pour des moyens et
non des fins en soi l'équipement matériel et la
mise en valeur d'un pays réputé « neuf » si,
autrement dit, l'exploitation est un salaire et
non une justification, qu'est-ce en définitive que
la Colonisation ? Répondant avec Labouret
que nous citions déjà au cours d'un précédent
article : « la colonisation est avant tout une
prise de contact entre peuples différents » dont
l'un, civilisé, prétend guider et transformer
l'autre, primitif quant à ses mœurs ou ses mé-
thodes.
C'est donc un conflit entre races et civilisa-
tions opposées. « C'est un fait social » puis-
qu'il en. doit résulter en définitive une modifi-
cation dans les coutumes, la moralité et les mo-
des de vie de l'une des deux parties en pré-
sence. 1-
Pareille oeuvre requiert évidemment la colla-
boration étroite du civilisateur et de ses sujets
coloniaux, que cette collaboration d'àilleurs soit
le fait de la contrainte ou qu'elle relève d'une
adhésion spontanée.
Dans le problème de la Colonisation il con-
vient donc d'envisager le caractère et la mission
assignés aux colonisateurs comme les possibilités
et leridéauc à développer chez les Colonisés.
C'est à ce double point de vue que nous nous
placerons-Dour étudier ce qu'il convient d'ap-
porter dans cet ordre d'idées à notre Empire.
Et d'abord une question fondamentale: Nos
Colonies ont-elles besoin de Colons français ?
Si oui, de quelle sorte de Colons et pour quoi
faire ?
Que des pays à civilisation primitive comme
l'Afrique Noire ou à développement économi-
que retardé comme notre Extrême-Orient aient 1
besoin pour leur mise en œuvre de départ d'un
apport de Colons Blancs, cela ne fait aucun
doute. L'Administration qui organise à sa ma-
nière la Colonie ne suffit pas à la coloniser : il
y faut des particuliers pour en créer, en déve-
lopper ou en gérer les intérêts, en attendant que
la masse des autochtones, acquise à nos mé-
thodes et à nos techniques, soit à même d'en-
treprendre des tâches par ses propres moyens.
Ainsi que nous l'indiquions dans un précé-
dent article, consacré précisément à notre action
colonisatrise, nos Colonies ont donc besoin
d'une immigration blanche qui soit surtout me
immigration de cadres professionnels. C'est, di-
sions-nous, le planteur sur sa plantation, le
commerçant dans sa boutique.. l'entrepreneur
sur son chantier, l'artisan dans son atelier, l'ar-
tiste dans les écoles d'art créées dans certam.
de nos Colonies, etc.
Il faut bien que > les aspirants coloniaux de
quelque branche d'activité qu'ils relèvent se
mettent en effet dans l'idée que l'ère de l' aven-
ture est finie — que la période héroïque est
clôse., '- et qu'il faut désormais aux Colonies
des hommes de rendement olutôt que des hom-
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