Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-07-09
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 juillet 1937 09 juillet 1937
Description : 1937/07/09 (A38,N38). 1937/07/09 (A38,N38).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265494b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
JOUtMAL SEMI-QUOTIDIEN
Rééëfho* & Administeetion:
1, Km M h BMna
paris an
TilL. l MCHEUKU 73-OS
(2 lignes (roupie*)
JI"A"EE;.N" 2' ",:' VENDREDI [(13 h. 30) , 9 JUILLET 1937
38* ANNEE, H* 38. t
Les Annales Coloniales
Fondateur,: Marcel- RUEDEL Directeur : Raoul MONMARSON
Fondateur : Marcel RUEDEL ̃ 1
ABONNEMENTS
avec la Reou illustré*:
Diu 6 Moi* 3 Xob
France et
Colonies 180 100 » 50.»
Etranger.. 240» 125. 7G.
Le Numéro : 60 centimes
On s'abonne sans trait dans
tous les bureaux de poste.
Le généreux programme
de M. Brevié
Le Gouverneur général Brevié vient
d'inaugurer, près de Vinh, le réseau d'irri-
gation du Nord de la province de Nghe-An.
Il a profité de cette occasion pour prononcer
an grand discours-programme.
Comme cela se conçoit, le Gouverneur
général Brevié s'est inspiré de la politique
généreuse du Front populaire et il a dit son
intention de permettre « à l'ouvrier agricole
l'accès à la propriété rurale, à la propriété
de ce sol qu'il cultive depuis plusieurs géné-
rations ».
M. Brevié espère y arriver « en créant
un organisme pourvu d'un fonds de dotation
spécial qui rachèterait les terres des proprié-
taires actuels 1.
Il ne faut point critiquer cette conception,
tous nous devons souhaiter à tous les travail-
leurs le droit au bonheur d'être propriétaires,
si vraiment le fait d'être propriétaire confère
tous les bonheurs.
M. Brevié ajoute qu'il étudiera minutieu-
sement le problème et nous constatons que,
depuis son arrivée en Indochine, il a déjà
beaucoup appris.
Le Gouverneur général Brevié désire le
bien-être pour le paysan, pour l'ouvrier,
pour tous les prolétaires en général, c'est la
un désir trop justifié pour qu"on y trouve à
redire.
Revenons au réseau d'irrigation de Vinh.
♦
A
Le nouveau Gouverneur général de l'Indo-
chine vient d'inaugurer un travail dont les
plans furent conçus en 1929 et 1930 et mis
en chantier en 1931 et 1932, après les
fameuses révoltes dont les régions de Vinh
et de Hatinh furent les théâtres, révoltes
sévèrement réprimées, comme on s'en sou-
vient, par le Gouverneur général intérimaire
René Robin.
On attribua, à l'époque, ces révoltes à la
misère qui régnait dans la région de Vinh
et de Hatinh.
Afin de calmer les esprits surexcités, on
eut recours à la vieille méthode romaine qui
résument les trois mots « panem et afro
cences »•
Pour les jeux, c'est un mal endemique .en
pays d'Annam. place. ,
,. Pour Je pain, le' ri»- le^emplace. -
v ""lit m devait ètre foue». par le sot.
On- dkida d'aménager le sol, d ou tes
travaux d'irrigation du Nord du. Nghê-An.
- B.st-ce bien-»''iJnP^u problème ? *.
Nous ne le pensons pas 1
#
sfe*
Certes, il est exact qu'en certaines régions
surpeuplées de l'Indochine « le problème de
l'alimentation quotidienne domine encore
tous les autres P, mais il est aussi exact,
ainsi que le dit M. Brevié, que a en pre-
mier lieu le problème démographique exige
une solution à brève échéance car, dans le
delta tonkinois, dont toutes les terres sont
appropriées et exploitées aussi intensivement
que les conditions locales, hydrauliques et
agricoles le permettent, la densité rurale
movenne est de 433 habitants au kilomètre
carré et on rencontre parfois une densité
supérieure à 1.500 habitants, la plus forte
du globe 1.
Ce problème démographique pourrait être
résolu par le Transindochinois grâce auquel
il serait facile de mieux répartir sur le sol
indochinois cette population qui dépasse
déjà 24 millions d'individus.
Consacrer 18 millions de piastres à des
travaux intéressant 450.000 hectares de
terres n'est point une mise en valeur ration-
nelle alors que, avec le quart de cette
somme, on ouvrirait en Cochinchine et au
Cambodge plus d'un million d'hectares de
rizières beaucoup plus fertiles que celles du
Nord-Anr.3m..
M. Brevié annonce l'exécution prochaine-
d'un programme portant sur 137.000 hec-
tares qui coûterait 12 millions de piastres.
Ce serait bien là « remplir grain à gram »
le bol de riz supplémentaire du « nhaqué i,
ce malheureux paysan indochinois
Le tiers de cette somme, dépensé en
Cochinchine et au Cambodge, permettrait de
remplir le bol par poignées.,
Pendant vingt années on a consacré chi-
chement 1.200.000 piastres aux dragages
de canaux en Cochnichine. Ces 1.200.000
piastres ont été réduites depuis à 600.000 $.
Cette maigre inscription budgétaire a permis
d'ouvrir deux millions d'hectares à la cul-
ture du riz et c'est ce qui a fait de la Co-
chinchine un des plus gros producteurs de
riz du monde.
Il y a encore, dans les provinces cochin-
chinoises de Camau, Rachgia, Chaudoc, Ha-
tien, Longxyen, Tanan, des centaines de
milliers d'hectares à mettre en valeur. Pour-
quoi consacrer toutes les disponibilités au
Tonkin et à l'Annam dont les terres se
prêtent mal à la culture du riz ?
Au Cambodge, aucun effort n'a été fait.
Or les terres du royaume Khmer sont aussi
riches que celles du Siam qui concurrence
l'Indochine sur les marchés du riz. Il y a
des centaines de milliers d'hectares de
terre à défricher au Cambodge, terres vingt
fois plus fertiles que celles de l'Annam et
du Tonkin.
Le vrai problème, en Annam, c'est d'ou-
vrir aux indigènes les plateaux de la chaîne
annamitique sur lesquels on pourrait entre-
prendre des cultures riches ; mais qu'on ne
s'acharne point à coups de piastres à faire
pousser du riz en un sol réfractaire !
A ce' sujet les séances du Grand Conseil
des Intérêts économiques et financiers sont
instructives. On à entrepris au Tonkin les
travaux d'irrigations du Daï, or les membres
tonkinois du Grand Conseil, au cours de la
session de 1935, protestèrent contre ces tra-
vaux qui avaient produit des effets desas-
treux.
Les travaux d'irrigation du Nord-Annam
ne sont pas plus brillants, les représentants
de l'Annam au Grand. Conseil signalaient
«ifirm rendu, prtauis
^yfain< i'mnropres aux yivr^eres qui
afTsqrprvt vme la ^ûjjùtStiori.
Le grand défaut des travaux d irrigation
de-l'Annam et\.du.vfurent conçus en 1929 et 1930, alors que le
riz valait 8 et 9 piastres le picul 'et qu'on
les a exécutés depuis, bien que les cours du
riz soient descendus à certains moment a
une piastre cinquante le picul. Ces travaux
étaient payants aux cours de 1929 et 1930,
ils ne le sont plus, aujourd'hui même avec
des cours de 3 piastres le picul.
On peut défendre les travaux d irrigation
par gravitation, mais c'est une véritable
folie d'exécuter des travaux d'irrigation par
pompage, le prix de revient étant parfois
supérieur au prix de la récolte.
Tels sont les dangers qu'il est nécessaire
de signaler au nouveau Gouverneur général
de l'Indochine dont le désir d'apporter un
soulagement aux populations indochinoises
est des plus louables. Il serait malheureux
que M. Brevié risquât d'échouer en sa mis-
sion en portant ses efforts sur des travaux
conçus hâtivement, à la suite de troubles,
dont le souvenir même est effacé aujourd hui.
L'Indochine a connu la crise, elle ne peut
plus se livrer à des dépenses somptuaires, et
il serait sage d'étudier enfin un programme
rationnel de mise en valeur d'une possession
pleine de ressources.
Jean de Beaumont,
Député,
Vice-président de la Commission de
l'Algérie. des Colonies et Pays de
Protectorat.
An Ministère de l'intérieur
Composition du cabinet du ministre
M. Marx Dormoy, ministre de 1 Intérieur, a
nommé :
Directeur du cabinet M. Roger Ver-
lomme.
Chefs de cabinet : MM. Raoul Evrard,
Sansimon Graziani.
Chef de cabinet chargé des questions admi-
nistratives : M. Charles Dumas.
Chef de cabinet chargé du secrétariat parti-
culier : M. Pierre Delcourt.
Chef adjoint: M. Henri Ribière.
Attachés : MM. Roland Bechoff, Marcel
: Gey.
Composition du Cabinet
du sous-secrétaire d'Etat
• M. Raoul Aubaud, sous-secrétaire d'Etat a
nommé :
: Directeur du cabinet : M. Philippe Dinet.
• Chef adjoint, chargé des services admims-
: tratifs : M. Maurice Cuttoli.
Chef adjoint chargé des services parlemen-
taires : M. Charles Dupuis. :
Chef adjoint, chargé du secrétariat particu-
lier: M. Vincent Charbonnier.. !
Attachés : MM. Emile Michel (services.
parlementaires du Sénat) et René Mer.
Il a d'autre part charge de mission à wu-
Cabinet M. Charles Teil.
Au Ministère
des Affaires étrangères
Les attributions du sous-secrétaire
d'Etat
M. François de Tessan, sous-secrétaire d'Etat
aujainistère des Affaires étrangères, est chargé,
sous l'autorité du ministre, des affaires relatives
aux protectorats et territoires sous mandat rele-
vant du ministère des Affaires étrangères.
) -.. (
INTÉRIM
A LA REUNION
y M. Jean Rivière, Administrateur de lre
classe. a été chargé par intérim des fonctions
de secrétaire général de la Réunion pendant
l'absence' de M.. Allad.
> «M» (
Institut national d'agronomie
de la France d'outre-mer
Deux nominations
M. Létard, professeur à l'école nationale
vétérinaired'Alfort et à l'institut-de médecine
vétérinaire ototique, a été nommé professeur.
de zootechnie.
M. Havard Duclos, ingénieur agronome et
d'agronomie coloniale, a été nommé, pour I en-
seignement de la zootechnie, chargé de''cours.
Collaboration
internationale
«.4.
'EST un homme qui con-
nait à fond les questions
coloniales. Je l'ai ren-
contré à Rome, et nous
avons bavardé en faisant
une longue promenade
sous les allées du Pincio.
Nous ne nous étions pas
vus depuis deux ans.
« Vous avez beau faire, me disait-II, entre les
Français, les Anglais et nous, Italiens, il y a une
solidarité nécessaire, indispensable. Je sens bien
ce qui nous sépare, les différences.
Ne cherchez pas, et dites : d'idéologie, pour
ne froisser personne..
Si vous voulez, rëprenait-il en souriant.
Vous auriez pu employer l'expression : dif-
férences de régime, je n'y aurais vu aucun incon-
vénient, au contraire.
Eh bien, oui, malgré tout, nous sommes les
uns et les autres, étroitement liés parce que nous
sommes à présent trois puissances musulmanes.
Et par là, nous nous trouvons menacés par le
même péril, et dirigés vers le même but. Le pro-
blème arabe ne se pose pas autrement en Pales-
tine qu'en Libye, qu'en Tunisie, qu'au Maroc.
Le problème juif.
- Précisons, le problème des colonies juives.,
Si c'est cela, je vous arrête. Il n'est absolument
pas le même en Palestine et dans les régions mé-
diterranéennes de l'Afrique du Nord.
Je vous l'accorde, mais l'antagonisme est
partout le même entre l'Arabe et le Juif, et d'un
bout à l'autre du monde islamique les données du
problème peuvent varier çà et là, le problème se
pose avec la même insistance, j'ajoute : avec les
mêmes inconnues. De là vient que la moindre
agitation en Palestine est suivie jusqu'aux confins
du Maroc avec un intérêt que vous ne soupçon-
nez pas, et réciproquement. Oh ! je sais qu'on
a mis en doute la puissance interne de la solida-
rité islamique qui ne trouvera de barrière solide
pour s'opposer à elle que dans la solidarité des
nations européennes colonisatrices. On a bien
tort, croyez-en un homme qui ne parle pas
d'après des études écrites ou de récits de voya-
ges, mais qui a vécu, pour ainsi dire, les ques-
tions dont il vous entretient. Je n'exagère pas
le danger.
- D'autres l'ont fait, et c'est même là ce qui
explique que, par réaction, Ils ont fait naître l'en-
vie d'en diminuer l'importance.
C'est vrai, mais l'importance est considéra-
ble, et comment ne saute-t-elle pas aux yeux des
trois puissances qui ont à y parer également, avec
des méthodes peut-être dissemblables, mais dans
un dessein identique et pour une fin commune t
De la pointe extrême de l'Europe Occidentale à
la Côte Asiatique, les nuages s amoncellent et
j'oraite nous menace tous sans distinction. -
; - Oui, n'ai-ie puJP'emP^c*>?1jfT
l'Ouest~~st du.~<~
méditirr, e; l-rmq\iiétude devrathapproœer des
peuples qui ont à redouter les mêmes périls. Mais
ce n'est «Hère faciliter cette, œuvre de rapproche-
ment queaouttiîr' cette vérité primordiale : si
nous avons le droit et le devoir de parler avec
orgueil et avec amour, de la terre « nôtre »,
quand il s'agit du sol natal, nous n'avons pas le
droit d'appliquer le même adjectif possessif à ce
vaste chemin qui marche, comme aurait dit Pas-
cal et qui mène les peuples de la vieille Europe
vers Suez et vers les Indes.Ce n'est pas la faciliter
non plus que de faire entendre, dans un moment
de mauvaise humeur ou de ferveur déloquence,
qu'il ne faudrait pas grand chose après tout pour
barrer le chemin, et arrêter la circulation. Nous
aussi, nous nous rendons compte que la collabora-
tion permanente des puissances colonisatrices peut
seule CtL, nous garantir du danger et probablement
l'empêcher de naître. Et alors, nous ne pouvons
que souhaiter qu'aucun geste ne soit fait, qu'alto
cune parole ne soit dite, qui jette le moindre su-
jet de défiance entre des peuples destinés à join-
dre leur force morale et leur méthode de coloni-
sation pour atteindre le résultat final. »
Et ce iour-là, dans la conversation, nous n'al-
lâmes pas plus avant.
Mario Roustan.
Sénateur, ancien ministre,
.1. Président du Groupe Viti-
cole du Sénat, Président
de la Commission du Vin
aux Colonies, Président de
la Commission Internatio-
nale Permanente de la Vi-
ticulture.
Au Conseil Municipal
de Paris
En faveur des chômeurs nord-africains
Au cours de sa session de lundi, le Conseil
Municipal de Paris a été saisi de la motion sui-
vante, présentée par M. Raymond Bossus, au
nom du groupe communiste :
, "En raison des difficultés très grandes
rencontrées par les chômeurs nord,africauls
de retour il paris après un stage dans leur
pays d'origine,
Le Conseil, sur proposition de Raymond
Bossus et de ses collègues du groupe com.
muniste, délibère :
« Tous les chômeurs nord-africains précé-
demment inscrits au fonds de. chômage, qui.
pour.des raisons familiales ou de travail, se
sont-rendus dans leur pays d'origine et sont
de retour à Paris, seront, quel que soit je
̃ délai • d'absence, réinscrits au chômage et
bénéficieront de l'allocation.
« D'autre part, tenant compte de la non-
application de la circulaire du 6 août 1935,
les bureaux de bienfaisance seront invites a
prendre en considération les demandes de
secours formulées par les nord-africains
nécessiteux. »
M. Alexandre Varenne
a rendu compte de son voyage
en Extrême-Orient
Le Groupe d'Extrême-Orient .de l'Institut
colonial français réuni hier, sous la présiden-
ce de M. Maspero, a entendu les impressions
de M. Alexandre Varenne, ancien Gouverneur
général de l'Indochine, délégué du Tonkin
au Conseil supérieur de la France d'Outre-
mer, sur sa récente tournée en Chine et en
Indochine..
M. Varenne a constaté une certaine pros-
périté actuelle en Indochine, mais le problè-
me de la surpopulation est inquiétant; sur-
tout dans le delta tonkinois où la population
s'accroît de 100.000 unités par an, alors que
les rizières ne laissent pas la place de plan-
ter un seul arbre, d'où l'impossibilité de cul-
tures maraîchères. Les deux récoltes de riz
n'occupent pas les paysans toute l'année, mais
il ne parait pas opportun de les pousser vers
ue industrie artisanale dont on ne voit pas
actuellement les débouchés. Reste l'immigra-
tion, qui est une entreprise de longue haleine.
Le problème de la masse reste entier et de.
vient même de plus en plus complexe.
II y a aussi un problème de l'élite. Les In-
dochinois se formalisent des cadres laté-
raux prévus pour leur admission dans les
services publics. M. Varenne, quand il était
Gouverneur général, avait pris des arrêtés
mettant les Indochinois instruits sur le mê-
me pied d'égalité que les Français, pour
l'entrée dans les cadres administratifs. Il
regrette que ces décrets n'aient été ap-
pliqués cc qu'au compte-goutte » sans doute en
raison des contingences budgétaires.
Au point de vue politique, M. Varenne ne
craint pas la formation de syndicats en In-
dochine au contraire, car dit-il, « si on les
défend ils se formeront quand même mais,
secrètement, et l'Autorité aura l'inconvénient
de ne pas savoir ce qui s'y passe ».
De plus M. Varenne, préfère une agitation
sociale que politique. Car avec les patrons,
seront des patrons annamites qui auront les
mêmes intérêts, et la population indigène ne
formerait pas une seule masse, comme si des
revendications passaient sur le plan politique
de ce qu'on appelle le « nationalisme indo-
chinois » exploité par. des agitateurs profes-
sionnels.
« Du reste, conclut M. Varenne, m01' élec-
tion est une preuve de la coopération tndt-
gène et française. L'Indochine se rend parfai-
tement compte que la protection d une gran-
de puissance, la France, lui est plus que ja-
mais nécessaire et n'y a donc pas de pessi-
misme immédiat. ». ,
M. Varenne a parcouru également les
contrées de la Chine limitrophes a r Indochine
et verrait un-.avantage .matériel et worai à
étendre 4ans, ces contrées le réseau ferré in.
dochinois.
« Par l'Indochine, dit-il, la France a un
rôle important à. jouer dans l'équipement in-
dustriel et économiste-, de )la 'Chine.,
1 Il ne faut pas" perdre de vue nosinterets
en Extrême-Orient, où l'Indochine doit rester
l'avant-garde de la France.
Le Gouverneur général
Le Beau est venu à Paris.
Le Gouverneur général Le Beau, venant
d'Alger, est arrivé samedi à 17 h. 05, au Bour.
get. ,
M. Le Beau, était accompagné du capitaine
Audric, son officier d'ordonnance.
Après avoir présidé l'inauguration du pavillon
de l'Algérie. le Gouverneur général Le Beau
s'est entretenu de la situation de l'Algérie, en
des audiences successives avec MM. Uon
Blum, vice-président du Conseil, Marx Uor-
moy, ministre de l Intérieur, et Raoul Aubaud,
sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur.
Un déjeuner privé, de 73 couverts, offert par
M. Le Beau, a réuni avant-hier au pavillon de
l'Algérie, sous la présidence de M. Raoul Au-
baud, les parlementaires algériens et les hauts
fonctionnaires de l'Algérie présents à Paris.
M. Le Beau a quitté Paris hier soir pour
rentrer à Alger via Port-Vendres, où il s est
embarqué ce matin sur El Kantara.
le général Nopès
y est actuellement.
Devançant son voyage, qui était annoncé par
Chella de mercredi, le général Noguès est aile
s'embarquer à Alger sur Ville-d'Alger qui arri-
vait dimanche à Marseille.
Le Résident général au Maroc est arrivé
mardi après-midi à Paris.
.et S. M. Sidi Mohamed
arrive en France
Venant en France par le Chella, ainsi que
nous l'avons annoncé, S. M. Sidi Mohamed,
sultan du Maroc, doit débarquer aujourd'hui à
Marseille.
Comme prévu, accompagné de S. E. Si Kad-
dour ben Ghabrit, S. M. Chérifienne se rendra
dans la même journée à Vats-tes-Bains pour la
cérémonie d'inauguration de la mosquée cons-
truite en cette ville en souvenir des soldats mu-
sulmans tombés pendant la guerre.
Demain, par la route, il arrivera à Paris.
M. Bernard Roy, peintre du département de la Manne, décrivant
dam le Figaro ses impressions de plongée, et l'équipage d un sous-
marin, constate : « De plus, étant donné les indiscutables dangers
professionnels, chacun, sur un sous-marin, s'inquiète de son voisin, sa-
chant que la peau de tous est solidaire des peaux individuelles. »
Nous voudrions pouvoir écrire pareillement de la France et de ses
colonies. Le bâtiment national est en ce moment bien en pertl, et le
danger « professionnel » indiscutable, lui aussi. Cependant, la France,
dans la crise de son économie, s'en prend à wterre«foNtre.mer, et
les combat âprement, sans se rendre compte que sa peaa est aolidlaire,
elle aussi, de leurs peaux individuelles.
Ne comprendra-t-ette pas trop tard ?
AMENITES ITALIENNES
Le Popolo d'Italia, qui est l'organe ofticietuc
de M. Mrwo/ini, a écrit la semaine dernière à
propos de l'Ossuaire de Pedorobba, inauguré
par M. François de Tessan, et qui a donné lieu
à d'émouvantes manifestations franco-italiennes,
les lignes suivantes :
Au lieu de se permettre de nous donner des
leçons, les Français devraient étudier l'his-
re passée et présente pour constater que,
pendant le Risorgimento, leurs armes lu-
rent avec nous ou contre nous, suivant ce
qui convenait aUx politiciens de Paris. Quand
les Italiens se fixèrent Home comme but
iinal, la France répondit : « Jamais ! D Après
la proclamation du royaume, la France
nous fut hostile de façon ininterrompue, d'Ai-
gues-Mortes et Tunis, de la première cam-
pagne d'Afrique à l'époque du Cartilage et
du Alanoura, pendant l'entreprise de Tripo-
li, de Versailles aux sanctions. Pendant la
guerre mondiale, il n'y a pas de bilan à
faire, parce que notre crédit est supérieur,
et les Français ne pensent certainement pas
rétablir l'équilibre en alimentant en nom-
mes Et en armes les bolcheviks d'Espa-
gne.
Que d'amabilité, et combien susceptible est
l'amour-propre de notre confrère! La France
a autre chose à faire qu'à « donner des leçons »
à l'Italie. Nos deux Nations, à des titres divers,
ont droit à la place qu'elles occupent dans le
Monde, et si le socialisme français apparaît en
ce moment moins discipliné, moins ordonné,
moins bien conduit que celui de M. Mussolini,
que l'Itale ne s'effraie point 1 Nous avons le
sens de la mesttre. Toutes les précipitations
chimiques, quelles que soient leur violence,
s'apaisent. Il suffii simplement de constater
qu en s'apaisant elles ont atteint leur but.
Nous voyons, dans cet article, poindre la
vieille hargne des colonies,. Mais la France est-
elle intervenue dans la guerre italo-éthiopienne?
Elle a appliqué les sanctions? Certes ! Elle était
en cela fidèle à Genève, que l'Italie a désertée
aussitôt que la S.D.N. fut contraire à ses vues.
La France seule est accablée du blasphème ita-
lien, à propos des sanctions : la Grande-Breta-
gne fut plus habile, qui s'évada du cercle, et
nous laissa seuls supporter l'anathème.
La rancune déplacée du Popolo d Italia ou-
blie qu'à l'encontre de certaines Nations la
France n'a toujours été dirigée que par la géné-
rosité, jamais par l'intérêt, et qu'elle n'a jamais
renié le lendemain ce qu'elle avait pour des fins
très nettes, impartialement enregistrées par l His-
toire, adoré la veille.
Nous rendons, dans ce journal, suffisamment
hommage à l'Italie, à son remarquable effort
colonial remarquable et plein de réalisations
parce que dirigé floar ne pas relever cette
i méchanceté sfupidï a un journal officieux, qui
n'a mesuré ni ses paroles, ni la vérité, ni la réa-
lité encore si vivante de l'Histoire.
M. Maurice Vlollette
èn Afrique du Nord
Les Missions se succèdent en Afrique du
Nord sur un rythme accéléré.
M. Maurice Viollette, ministre d'Etat, an-
cien Gouverneur général de l'Algérie et
auteur du projet de loi sur le droit de vote
aux Algériens qui porte son nom est arrivé
à Alger lundi dernier par Gouverneur-Général-
Chanzy pour un voyage de documentation.
Plus partisan que jamais de son projet de
loi M. Viollette, interrogé à Alger, avant-hier,
par un rédacteur de l'Agence Radio qui lui
faisait part de l'émotion soulevée par l'élection
de 7 communistes sur douze élus au conseil mu-
nicipal, a déclaré :
« Je regrette, pour ma part, qu on ne souligne
pas un fait plus impressionnant encore : le
grand nombre de voix obtenues par la liste qui
s'inspire de « l'Etoile Nord-Africaine » et son
maintien au deuxième tour de scrutin, même con-
tre les communistes.
J'ai l'impression très nette que ceci n'a pu
être surprise que pour ceux qui ne veulent pas
voir et qui ne veulent pas observer, et il ne me
paraît pas douteux que le mouvement, qui s'est
produit à Alger, est un mouvement en profon-
deur. »
Ce mouvement en profondeur ce n est pas une
politique de poigne qui l'arrêtera. Les colons en
portent la responsabilité : « Ce qui fait actuelle-
ment le communisme en Algérie, ce sont les co-
lons eux-mêmes lorsqu'ils refusent de donner aux
indigènes les droits que ceux-ci considèrent com-
me indispensables, et qu'ils leur distribuent si
chichement les possibilités de vivre.
Ce sont eux qui le créent ».
Libérons donc la Tunisie !
Le « Parti National Tunisien » a publié la
semaine dernière sa « déclaration ». Elle est
nette et brève, fruit lentement mûri par la grâce
des chaleureuses effluves du discours de M.
Viénot, alors sous-secrétaire d'Etat. Le voici in-
tégralement reproduite :
1. Ne pas reconnaître l'autorité Française
dans les affaires intérieures du pays.
2. Poursuivre la réalisation, par tous les
moyens, de l'indépendance totale de la Tu-
nisie.
3. Ne compter que sur les Tunisiens eux-
mêmes pour la réalisation d'une telle indé-
pendance.
4. Poursuivre l'extermination de la colo-
nisation dans ce pays.
5. Faire entrer la Tunisie dans un sys-
tème fédéral arabe, seule garantie d'une
indépendance qui sera chèrement acquise.
A propos de cette déclaration, publiée dans
« Tunis nationaliste » du dimanche 25 juin, en
français et en arabe, la pudique Résidence géné-
rale a diffusé une note dans laquelle elle indi-
que que des journaux de la métropole ayant re-
produit le texte de cette déclaration, elle tient à
préciser que ce journal arabe est sans aucune in-
fluence dans la régence et ne représente aucun
parti politique.
Il aurait été créé il y a quelques semaines et
« seulement dans un but très net et évident de
provocation ». Son propriétaire directeur gérant,
qui, aussitôt après la déclaration, a quitté la Tu-
nisie pour se rendre en Algérie, est l'objet a un
mandat d'arrêt lancé par le procureur de la Ré-
publique à Tunis.
Nous comprenons fort bien la gêne de M. Ar-
mand Guillon. Il n'imaginait pas que la politi-
que pût faire d'aussi considérables dégâts. Que
le u propriétaire-directeur-gêrant » de Tunis Na-
tionaliste ait quitté la Tunisie, cela nous parait
un fait parfaitement insignifiant. La République,
ses lois, ses élans, la générosité humaine dont
elle est issue, n'apprennent-elles donc pas a
penser ?
Ce n'est pas, en effet, le pamphlet de Tunis
nationaliste qui nous gêne, mais seulement ce
qu'il révèle de haine, d'envie, de jalousie len-
tement mûries. En relatant les entretiens, à Ge-
nève, de M. Habib Bourguiba avec S. E.
Nahas Pacha, nous avions écrit, en corrmentaire,
que l'Egypte demeurait le bastion de l'indépen-
dance musulmane universelle. Préoccupés d'une
certaine politique, qui nous dessèche sur pied, et
nous dresse les uns contre les autres, nous som-
mes trop occupés à nous haïr pour prêter atten-
tion à la grmdeur et à la sécurité de notre pags
et de son Empire. ",
/l,y a plus d'une armée maintenant que nota
nous promenons 'la torche à la main pam
poptdations qui ne sont ni dé notre race, m de ;
notre religion, et dont l'intellectualHé est diffé-
rente de nous, comme lé soleil est différent de
'la luné. Nous n'avons pas voulu admettre que
l'émancipation ne s'impose pas à un peuple. Il
la conquiert de lui-même, quand il est en puis-
sance de le faire, ou en état de grâce moral. Le
musulman, monde inconnu, et qui échappe pres-
que totalement à la compréhension des fats occi-
dentaux que nous sommes, a fait, de nos chants
de haine, son profit. Il cherche à en tirer un bé-
néfice personnel. Pour notre part nous ne lui en
faisons pas grief.
Et c'est pourquoi nous estimons qu'il vaut
mieux limiter les dégâts, éviter des assassinats,
ou des massacres, en nous retirant de suite de
ces territoires sur lesquels nous avons tant peiné,
tant souffert, tant espéré, sans être compris de
ceux en faveur de qui nous avons lutté.
Nous le répétons : le gouvernement français
est le maître absolu. Il est nanti des pleins pou-
voirs. Il n'a donc pas à lutter contre une « op-
position » impuissante. Qu'il décrète et qu il
ordonne l'évacuation. Il ne fera que réaliser Girzs;
ses projets.
Sa mémoire, à son tour, par cette retraite aussi
généreuse que logique, sera « pure de sans
humain ».
Boucliara ben Mohamed, « Directeur-Pro-
priétaire-Gérant du « Nationaliste Tunisien l,
a été arrêté avant-hier à Constantine, sur
mandat d'arrêt du Parquet de Tunis. Il nous
parait que cette arrestation ne s'imposait
pas. Et comment la qualifier, après les quel-
ques « résidences forcées » a Bordj-le-Bœuf
et dans le sud auxquelles M. Peyrouton,
alors Résident général en Tunisie, avait sim-
plement convié quelques agitateurs tuni-
siens ? Les causes et les effets sont identi-
ques. Ce qui était hier un acte inqualifiable
sera gratifié, aujourd'hui de quelle épithète T
Comment construire l'Empire
V. L'Empire colonisé
par Jacques Ervédis.
L'équipement d'un pays neuf requiert avant
tout des hommes, avons-nous déclaré précédem-
ment. « La Colonie que je réce, que je vou-
drais pouvoir installer, disait déjà Delcassé à
propos du Dahomey en 1896, c'est une colonie
où il y aurait :e moins de fonctionnaires et le
plus de cultivateurs et de commerçants pos-
sible.. »
Les hommes, il faut les importer de la Mé-
tropole. là où l'on veut que se fasse sentir
l'exemple de travail et l'autorité morale de la
Nation Colonisatrice mais il faut en outre
et surtout les susciter sur place puisque c est en
définitive sur le labeur des masses indigènes que
repose la mise en ivaleur économique et le per-
fectionnement social de la Colonie.
Comment :notre pays a-t-il compris jusqu à
présent ce double-aspect humain de son œuvre
ootre-mer ? Voyons d'abord ce qui a été fait
sous le rapport de la colonisation: ou, disons
tout net, de Miminitraeion européenne.
Il est courant d'entendre dire qu'en raison de
sa dénatalité, notre pays est incapable de colo-
niser son Empire. C'est même là un des argu-
ments favoris de ceux qui prétendent nous le
disputer.
Feraient-ils plus à notre place ? Il est per-
mis d'en douter : hors la côte nord-africaine,
aucune de nos grandes Colonies prête peu, par
son climat sauf une hygiène morale et phy-
sique rigoureuse à un habitat européen pro-
longé. Quant au reste, quelle nation européenne,
si prolifique soit-elle, serait capable de peupler
les immensités africaines par exemple ou de
disputer sa terre aux denses multitudes des par-
ties utiles de l'Indochine ? Combien les Alle-
mnads étaient-ils en dépit de leur forte émigra-
tion annuelle sur leurs territoires coloniaux
d'avant-guene ? Quelques milliers à peine. La
colonisation blanche de nos territoires d'outre-
mer ne peut être qu'une colonisation de qualité,
et non point de guantité. Ce au'elle reenriert
Rééëfho* & Administeetion:
1, Km M h BMna
paris an
TilL. l MCHEUKU 73-OS
(2 lignes (roupie*)
JI"A"EE;.N" 2' ",:' VENDREDI [(13 h. 30) , 9 JUILLET 1937
38* ANNEE, H* 38. t
Les Annales Coloniales
Fondateur,: Marcel- RUEDEL Directeur : Raoul MONMARSON
Fondateur : Marcel RUEDEL ̃ 1
ABONNEMENTS
avec la Reou illustré*:
Diu 6 Moi* 3 Xob
France et
Colonies 180 100 » 50.»
Etranger.. 240» 125. 7G.
Le Numéro : 60 centimes
On s'abonne sans trait dans
tous les bureaux de poste.
Le généreux programme
de M. Brevié
Le Gouverneur général Brevié vient
d'inaugurer, près de Vinh, le réseau d'irri-
gation du Nord de la province de Nghe-An.
Il a profité de cette occasion pour prononcer
an grand discours-programme.
Comme cela se conçoit, le Gouverneur
général Brevié s'est inspiré de la politique
généreuse du Front populaire et il a dit son
intention de permettre « à l'ouvrier agricole
l'accès à la propriété rurale, à la propriété
de ce sol qu'il cultive depuis plusieurs géné-
rations ».
M. Brevié espère y arriver « en créant
un organisme pourvu d'un fonds de dotation
spécial qui rachèterait les terres des proprié-
taires actuels 1.
Il ne faut point critiquer cette conception,
tous nous devons souhaiter à tous les travail-
leurs le droit au bonheur d'être propriétaires,
si vraiment le fait d'être propriétaire confère
tous les bonheurs.
M. Brevié ajoute qu'il étudiera minutieu-
sement le problème et nous constatons que,
depuis son arrivée en Indochine, il a déjà
beaucoup appris.
Le Gouverneur général Brevié désire le
bien-être pour le paysan, pour l'ouvrier,
pour tous les prolétaires en général, c'est la
un désir trop justifié pour qu"on y trouve à
redire.
Revenons au réseau d'irrigation de Vinh.
♦
A
Le nouveau Gouverneur général de l'Indo-
chine vient d'inaugurer un travail dont les
plans furent conçus en 1929 et 1930 et mis
en chantier en 1931 et 1932, après les
fameuses révoltes dont les régions de Vinh
et de Hatinh furent les théâtres, révoltes
sévèrement réprimées, comme on s'en sou-
vient, par le Gouverneur général intérimaire
René Robin.
On attribua, à l'époque, ces révoltes à la
misère qui régnait dans la région de Vinh
et de Hatinh.
Afin de calmer les esprits surexcités, on
eut recours à la vieille méthode romaine qui
résument les trois mots « panem et afro
cences »•
Pour les jeux, c'est un mal endemique .en
pays d'Annam. place. ,
,. Pour Je pain, le' ri»- le^emplace. -
v ""lit m devait ètre foue». par le sot.
On- dkida d'aménager le sol, d ou tes
travaux d'irrigation du Nord du. Nghê-An.
- B.st-ce bien-»''iJnP^u problème ? *.
Nous ne le pensons pas 1
#
sfe*
Certes, il est exact qu'en certaines régions
surpeuplées de l'Indochine « le problème de
l'alimentation quotidienne domine encore
tous les autres P, mais il est aussi exact,
ainsi que le dit M. Brevié, que a en pre-
mier lieu le problème démographique exige
une solution à brève échéance car, dans le
delta tonkinois, dont toutes les terres sont
appropriées et exploitées aussi intensivement
que les conditions locales, hydrauliques et
agricoles le permettent, la densité rurale
movenne est de 433 habitants au kilomètre
carré et on rencontre parfois une densité
supérieure à 1.500 habitants, la plus forte
du globe 1.
Ce problème démographique pourrait être
résolu par le Transindochinois grâce auquel
il serait facile de mieux répartir sur le sol
indochinois cette population qui dépasse
déjà 24 millions d'individus.
Consacrer 18 millions de piastres à des
travaux intéressant 450.000 hectares de
terres n'est point une mise en valeur ration-
nelle alors que, avec le quart de cette
somme, on ouvrirait en Cochinchine et au
Cambodge plus d'un million d'hectares de
rizières beaucoup plus fertiles que celles du
Nord-Anr.3m..
M. Brevié annonce l'exécution prochaine-
d'un programme portant sur 137.000 hec-
tares qui coûterait 12 millions de piastres.
Ce serait bien là « remplir grain à gram »
le bol de riz supplémentaire du « nhaqué i,
ce malheureux paysan indochinois
Le tiers de cette somme, dépensé en
Cochinchine et au Cambodge, permettrait de
remplir le bol par poignées.,
Pendant vingt années on a consacré chi-
chement 1.200.000 piastres aux dragages
de canaux en Cochnichine. Ces 1.200.000
piastres ont été réduites depuis à 600.000 $.
Cette maigre inscription budgétaire a permis
d'ouvrir deux millions d'hectares à la cul-
ture du riz et c'est ce qui a fait de la Co-
chinchine un des plus gros producteurs de
riz du monde.
Il y a encore, dans les provinces cochin-
chinoises de Camau, Rachgia, Chaudoc, Ha-
tien, Longxyen, Tanan, des centaines de
milliers d'hectares à mettre en valeur. Pour-
quoi consacrer toutes les disponibilités au
Tonkin et à l'Annam dont les terres se
prêtent mal à la culture du riz ?
Au Cambodge, aucun effort n'a été fait.
Or les terres du royaume Khmer sont aussi
riches que celles du Siam qui concurrence
l'Indochine sur les marchés du riz. Il y a
des centaines de milliers d'hectares de
terre à défricher au Cambodge, terres vingt
fois plus fertiles que celles de l'Annam et
du Tonkin.
Le vrai problème, en Annam, c'est d'ou-
vrir aux indigènes les plateaux de la chaîne
annamitique sur lesquels on pourrait entre-
prendre des cultures riches ; mais qu'on ne
s'acharne point à coups de piastres à faire
pousser du riz en un sol réfractaire !
A ce' sujet les séances du Grand Conseil
des Intérêts économiques et financiers sont
instructives. On à entrepris au Tonkin les
travaux d'irrigations du Daï, or les membres
tonkinois du Grand Conseil, au cours de la
session de 1935, protestèrent contre ces tra-
vaux qui avaient produit des effets desas-
treux.
Les travaux d'irrigation du Nord-Annam
ne sont pas plus brillants, les représentants
de l'Annam au Grand. Conseil signalaient
«ifirm rendu, prtauis
^yfain< i'mnropres aux yivr^eres qui
afTsqrprvt vme la ^ûjjùtStiori.
Le grand défaut des travaux d irrigation
de-l'Annam et\.du.v
riz valait 8 et 9 piastres le picul 'et qu'on
les a exécutés depuis, bien que les cours du
riz soient descendus à certains moment a
une piastre cinquante le picul. Ces travaux
étaient payants aux cours de 1929 et 1930,
ils ne le sont plus, aujourd'hui même avec
des cours de 3 piastres le picul.
On peut défendre les travaux d irrigation
par gravitation, mais c'est une véritable
folie d'exécuter des travaux d'irrigation par
pompage, le prix de revient étant parfois
supérieur au prix de la récolte.
Tels sont les dangers qu'il est nécessaire
de signaler au nouveau Gouverneur général
de l'Indochine dont le désir d'apporter un
soulagement aux populations indochinoises
est des plus louables. Il serait malheureux
que M. Brevié risquât d'échouer en sa mis-
sion en portant ses efforts sur des travaux
conçus hâtivement, à la suite de troubles,
dont le souvenir même est effacé aujourd hui.
L'Indochine a connu la crise, elle ne peut
plus se livrer à des dépenses somptuaires, et
il serait sage d'étudier enfin un programme
rationnel de mise en valeur d'une possession
pleine de ressources.
Jean de Beaumont,
Député,
Vice-président de la Commission de
l'Algérie. des Colonies et Pays de
Protectorat.
An Ministère de l'intérieur
Composition du cabinet du ministre
M. Marx Dormoy, ministre de 1 Intérieur, a
nommé :
Directeur du cabinet M. Roger Ver-
lomme.
Chefs de cabinet : MM. Raoul Evrard,
Sansimon Graziani.
Chef de cabinet chargé des questions admi-
nistratives : M. Charles Dumas.
Chef de cabinet chargé du secrétariat parti-
culier : M. Pierre Delcourt.
Chef adjoint: M. Henri Ribière.
Attachés : MM. Roland Bechoff, Marcel
: Gey.
Composition du Cabinet
du sous-secrétaire d'Etat
• M. Raoul Aubaud, sous-secrétaire d'Etat a
nommé :
: Directeur du cabinet : M. Philippe Dinet.
• Chef adjoint, chargé des services admims-
: tratifs : M. Maurice Cuttoli.
Chef adjoint chargé des services parlemen-
taires : M. Charles Dupuis. :
Chef adjoint, chargé du secrétariat particu-
lier: M. Vincent Charbonnier.. !
Attachés : MM. Emile Michel (services.
parlementaires du Sénat) et René Mer.
Il a d'autre part charge de mission à wu-
Cabinet M. Charles Teil.
Au Ministère
des Affaires étrangères
Les attributions du sous-secrétaire
d'Etat
M. François de Tessan, sous-secrétaire d'Etat
aujainistère des Affaires étrangères, est chargé,
sous l'autorité du ministre, des affaires relatives
aux protectorats et territoires sous mandat rele-
vant du ministère des Affaires étrangères.
) -.. (
INTÉRIM
A LA REUNION
y M. Jean Rivière, Administrateur de lre
classe. a été chargé par intérim des fonctions
de secrétaire général de la Réunion pendant
l'absence' de M.. Allad.
> «M» (
Institut national d'agronomie
de la France d'outre-mer
Deux nominations
M. Létard, professeur à l'école nationale
vétérinaired'Alfort et à l'institut-de médecine
vétérinaire ototique, a été nommé professeur.
de zootechnie.
M. Havard Duclos, ingénieur agronome et
d'agronomie coloniale, a été nommé, pour I en-
seignement de la zootechnie, chargé de''cours.
Collaboration
internationale
«.4.
'EST un homme qui con-
nait à fond les questions
coloniales. Je l'ai ren-
contré à Rome, et nous
avons bavardé en faisant
une longue promenade
sous les allées du Pincio.
Nous ne nous étions pas
vus depuis deux ans.
« Vous avez beau faire, me disait-II, entre les
Français, les Anglais et nous, Italiens, il y a une
solidarité nécessaire, indispensable. Je sens bien
ce qui nous sépare, les différences.
Ne cherchez pas, et dites : d'idéologie, pour
ne froisser personne..
Si vous voulez, rëprenait-il en souriant.
Vous auriez pu employer l'expression : dif-
férences de régime, je n'y aurais vu aucun incon-
vénient, au contraire.
Eh bien, oui, malgré tout, nous sommes les
uns et les autres, étroitement liés parce que nous
sommes à présent trois puissances musulmanes.
Et par là, nous nous trouvons menacés par le
même péril, et dirigés vers le même but. Le pro-
blème arabe ne se pose pas autrement en Pales-
tine qu'en Libye, qu'en Tunisie, qu'au Maroc.
Le problème juif.
- Précisons, le problème des colonies juives.,
Si c'est cela, je vous arrête. Il n'est absolument
pas le même en Palestine et dans les régions mé-
diterranéennes de l'Afrique du Nord.
Je vous l'accorde, mais l'antagonisme est
partout le même entre l'Arabe et le Juif, et d'un
bout à l'autre du monde islamique les données du
problème peuvent varier çà et là, le problème se
pose avec la même insistance, j'ajoute : avec les
mêmes inconnues. De là vient que la moindre
agitation en Palestine est suivie jusqu'aux confins
du Maroc avec un intérêt que vous ne soupçon-
nez pas, et réciproquement. Oh ! je sais qu'on
a mis en doute la puissance interne de la solida-
rité islamique qui ne trouvera de barrière solide
pour s'opposer à elle que dans la solidarité des
nations européennes colonisatrices. On a bien
tort, croyez-en un homme qui ne parle pas
d'après des études écrites ou de récits de voya-
ges, mais qui a vécu, pour ainsi dire, les ques-
tions dont il vous entretient. Je n'exagère pas
le danger.
- D'autres l'ont fait, et c'est même là ce qui
explique que, par réaction, Ils ont fait naître l'en-
vie d'en diminuer l'importance.
C'est vrai, mais l'importance est considéra-
ble, et comment ne saute-t-elle pas aux yeux des
trois puissances qui ont à y parer également, avec
des méthodes peut-être dissemblables, mais dans
un dessein identique et pour une fin commune t
De la pointe extrême de l'Europe Occidentale à
la Côte Asiatique, les nuages s amoncellent et
j'oraite nous menace tous sans distinction. -
; - Oui, n'ai-ie puJP'emP^c*>?1jfT
l'Ouest~~st du.~<~
méditirr, e; l-rmq\iiétude devrathapproœer des
peuples qui ont à redouter les mêmes périls. Mais
ce n'est «Hère faciliter cette, œuvre de rapproche-
ment queaouttiîr' cette vérité primordiale : si
nous avons le droit et le devoir de parler avec
orgueil et avec amour, de la terre « nôtre »,
quand il s'agit du sol natal, nous n'avons pas le
droit d'appliquer le même adjectif possessif à ce
vaste chemin qui marche, comme aurait dit Pas-
cal et qui mène les peuples de la vieille Europe
vers Suez et vers les Indes.Ce n'est pas la faciliter
non plus que de faire entendre, dans un moment
de mauvaise humeur ou de ferveur déloquence,
qu'il ne faudrait pas grand chose après tout pour
barrer le chemin, et arrêter la circulation. Nous
aussi, nous nous rendons compte que la collabora-
tion permanente des puissances colonisatrices peut
seule CtL, nous garantir du danger et probablement
l'empêcher de naître. Et alors, nous ne pouvons
que souhaiter qu'aucun geste ne soit fait, qu'alto
cune parole ne soit dite, qui jette le moindre su-
jet de défiance entre des peuples destinés à join-
dre leur force morale et leur méthode de coloni-
sation pour atteindre le résultat final. »
Et ce iour-là, dans la conversation, nous n'al-
lâmes pas plus avant.
Mario Roustan.
Sénateur, ancien ministre,
.1. Président du Groupe Viti-
cole du Sénat, Président
de la Commission du Vin
aux Colonies, Président de
la Commission Internatio-
nale Permanente de la Vi-
ticulture.
Au Conseil Municipal
de Paris
En faveur des chômeurs nord-africains
Au cours de sa session de lundi, le Conseil
Municipal de Paris a été saisi de la motion sui-
vante, présentée par M. Raymond Bossus, au
nom du groupe communiste :
, "En raison des difficultés très grandes
rencontrées par les chômeurs nord,africauls
de retour il paris après un stage dans leur
pays d'origine,
Le Conseil, sur proposition de Raymond
Bossus et de ses collègues du groupe com.
muniste, délibère :
« Tous les chômeurs nord-africains précé-
demment inscrits au fonds de. chômage, qui.
pour.des raisons familiales ou de travail, se
sont-rendus dans leur pays d'origine et sont
de retour à Paris, seront, quel que soit je
̃ délai • d'absence, réinscrits au chômage et
bénéficieront de l'allocation.
« D'autre part, tenant compte de la non-
application de la circulaire du 6 août 1935,
les bureaux de bienfaisance seront invites a
prendre en considération les demandes de
secours formulées par les nord-africains
nécessiteux. »
M. Alexandre Varenne
a rendu compte de son voyage
en Extrême-Orient
Le Groupe d'Extrême-Orient .de l'Institut
colonial français réuni hier, sous la présiden-
ce de M. Maspero, a entendu les impressions
de M. Alexandre Varenne, ancien Gouverneur
général de l'Indochine, délégué du Tonkin
au Conseil supérieur de la France d'Outre-
mer, sur sa récente tournée en Chine et en
Indochine..
M. Varenne a constaté une certaine pros-
périté actuelle en Indochine, mais le problè-
me de la surpopulation est inquiétant; sur-
tout dans le delta tonkinois où la population
s'accroît de 100.000 unités par an, alors que
les rizières ne laissent pas la place de plan-
ter un seul arbre, d'où l'impossibilité de cul-
tures maraîchères. Les deux récoltes de riz
n'occupent pas les paysans toute l'année, mais
il ne parait pas opportun de les pousser vers
ue industrie artisanale dont on ne voit pas
actuellement les débouchés. Reste l'immigra-
tion, qui est une entreprise de longue haleine.
Le problème de la masse reste entier et de.
vient même de plus en plus complexe.
II y a aussi un problème de l'élite. Les In-
dochinois se formalisent des cadres laté-
raux prévus pour leur admission dans les
services publics. M. Varenne, quand il était
Gouverneur général, avait pris des arrêtés
mettant les Indochinois instruits sur le mê-
me pied d'égalité que les Français, pour
l'entrée dans les cadres administratifs. Il
regrette que ces décrets n'aient été ap-
pliqués cc qu'au compte-goutte » sans doute en
raison des contingences budgétaires.
Au point de vue politique, M. Varenne ne
craint pas la formation de syndicats en In-
dochine au contraire, car dit-il, « si on les
défend ils se formeront quand même mais,
secrètement, et l'Autorité aura l'inconvénient
de ne pas savoir ce qui s'y passe ».
De plus M. Varenne, préfère une agitation
sociale que politique. Car avec les patrons,
seront des patrons annamites qui auront les
mêmes intérêts, et la population indigène ne
formerait pas une seule masse, comme si des
revendications passaient sur le plan politique
de ce qu'on appelle le « nationalisme indo-
chinois » exploité par. des agitateurs profes-
sionnels.
« Du reste, conclut M. Varenne, m01' élec-
tion est une preuve de la coopération tndt-
gène et française. L'Indochine se rend parfai-
tement compte que la protection d une gran-
de puissance, la France, lui est plus que ja-
mais nécessaire et n'y a donc pas de pessi-
misme immédiat. ». ,
M. Varenne a parcouru également les
contrées de la Chine limitrophes a r Indochine
et verrait un-.avantage .matériel et worai à
étendre 4ans, ces contrées le réseau ferré in.
dochinois.
« Par l'Indochine, dit-il, la France a un
rôle important à. jouer dans l'équipement in-
dustriel et économiste-, de )la 'Chine.,
1 Il ne faut pas" perdre de vue nosinterets
en Extrême-Orient, où l'Indochine doit rester
l'avant-garde de la France.
Le Gouverneur général
Le Beau est venu à Paris.
Le Gouverneur général Le Beau, venant
d'Alger, est arrivé samedi à 17 h. 05, au Bour.
get. ,
M. Le Beau, était accompagné du capitaine
Audric, son officier d'ordonnance.
Après avoir présidé l'inauguration du pavillon
de l'Algérie. le Gouverneur général Le Beau
s'est entretenu de la situation de l'Algérie, en
des audiences successives avec MM. Uon
Blum, vice-président du Conseil, Marx Uor-
moy, ministre de l Intérieur, et Raoul Aubaud,
sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur.
Un déjeuner privé, de 73 couverts, offert par
M. Le Beau, a réuni avant-hier au pavillon de
l'Algérie, sous la présidence de M. Raoul Au-
baud, les parlementaires algériens et les hauts
fonctionnaires de l'Algérie présents à Paris.
M. Le Beau a quitté Paris hier soir pour
rentrer à Alger via Port-Vendres, où il s est
embarqué ce matin sur El Kantara.
le général Nopès
y est actuellement.
Devançant son voyage, qui était annoncé par
Chella de mercredi, le général Noguès est aile
s'embarquer à Alger sur Ville-d'Alger qui arri-
vait dimanche à Marseille.
Le Résident général au Maroc est arrivé
mardi après-midi à Paris.
.et S. M. Sidi Mohamed
arrive en France
Venant en France par le Chella, ainsi que
nous l'avons annoncé, S. M. Sidi Mohamed,
sultan du Maroc, doit débarquer aujourd'hui à
Marseille.
Comme prévu, accompagné de S. E. Si Kad-
dour ben Ghabrit, S. M. Chérifienne se rendra
dans la même journée à Vats-tes-Bains pour la
cérémonie d'inauguration de la mosquée cons-
truite en cette ville en souvenir des soldats mu-
sulmans tombés pendant la guerre.
Demain, par la route, il arrivera à Paris.
M. Bernard Roy, peintre du département de la Manne, décrivant
dam le Figaro ses impressions de plongée, et l'équipage d un sous-
marin, constate : « De plus, étant donné les indiscutables dangers
professionnels, chacun, sur un sous-marin, s'inquiète de son voisin, sa-
chant que la peau de tous est solidaire des peaux individuelles. »
Nous voudrions pouvoir écrire pareillement de la France et de ses
colonies. Le bâtiment national est en ce moment bien en pertl, et le
danger « professionnel » indiscutable, lui aussi. Cependant, la France,
dans la crise de son économie, s'en prend à wterre«foNtre.mer, et
les combat âprement, sans se rendre compte que sa peaa est aolidlaire,
elle aussi, de leurs peaux individuelles.
Ne comprendra-t-ette pas trop tard ?
AMENITES ITALIENNES
Le Popolo d'Italia, qui est l'organe ofticietuc
de M. Mrwo/ini, a écrit la semaine dernière à
propos de l'Ossuaire de Pedorobba, inauguré
par M. François de Tessan, et qui a donné lieu
à d'émouvantes manifestations franco-italiennes,
les lignes suivantes :
Au lieu de se permettre de nous donner des
leçons, les Français devraient étudier l'his-
re passée et présente pour constater que,
pendant le Risorgimento, leurs armes lu-
rent avec nous ou contre nous, suivant ce
qui convenait aUx politiciens de Paris. Quand
les Italiens se fixèrent Home comme but
iinal, la France répondit : « Jamais ! D Après
la proclamation du royaume, la France
nous fut hostile de façon ininterrompue, d'Ai-
gues-Mortes et Tunis, de la première cam-
pagne d'Afrique à l'époque du Cartilage et
du Alanoura, pendant l'entreprise de Tripo-
li, de Versailles aux sanctions. Pendant la
guerre mondiale, il n'y a pas de bilan à
faire, parce que notre crédit est supérieur,
et les Français ne pensent certainement pas
rétablir l'équilibre en alimentant en nom-
mes Et en armes les bolcheviks d'Espa-
gne.
Que d'amabilité, et combien susceptible est
l'amour-propre de notre confrère! La France
a autre chose à faire qu'à « donner des leçons »
à l'Italie. Nos deux Nations, à des titres divers,
ont droit à la place qu'elles occupent dans le
Monde, et si le socialisme français apparaît en
ce moment moins discipliné, moins ordonné,
moins bien conduit que celui de M. Mussolini,
que l'Itale ne s'effraie point 1 Nous avons le
sens de la mesttre. Toutes les précipitations
chimiques, quelles que soient leur violence,
s'apaisent. Il suffii simplement de constater
qu en s'apaisant elles ont atteint leur but.
Nous voyons, dans cet article, poindre la
vieille hargne des colonies,. Mais la France est-
elle intervenue dans la guerre italo-éthiopienne?
Elle a appliqué les sanctions? Certes ! Elle était
en cela fidèle à Genève, que l'Italie a désertée
aussitôt que la S.D.N. fut contraire à ses vues.
La France seule est accablée du blasphème ita-
lien, à propos des sanctions : la Grande-Breta-
gne fut plus habile, qui s'évada du cercle, et
nous laissa seuls supporter l'anathème.
La rancune déplacée du Popolo d Italia ou-
blie qu'à l'encontre de certaines Nations la
France n'a toujours été dirigée que par la géné-
rosité, jamais par l'intérêt, et qu'elle n'a jamais
renié le lendemain ce qu'elle avait pour des fins
très nettes, impartialement enregistrées par l His-
toire, adoré la veille.
Nous rendons, dans ce journal, suffisamment
hommage à l'Italie, à son remarquable effort
colonial remarquable et plein de réalisations
parce que dirigé floar ne pas relever cette
i méchanceté sfupidï a un journal officieux, qui
n'a mesuré ni ses paroles, ni la vérité, ni la réa-
lité encore si vivante de l'Histoire.
M. Maurice Vlollette
èn Afrique du Nord
Les Missions se succèdent en Afrique du
Nord sur un rythme accéléré.
M. Maurice Viollette, ministre d'Etat, an-
cien Gouverneur général de l'Algérie et
auteur du projet de loi sur le droit de vote
aux Algériens qui porte son nom est arrivé
à Alger lundi dernier par Gouverneur-Général-
Chanzy pour un voyage de documentation.
Plus partisan que jamais de son projet de
loi M. Viollette, interrogé à Alger, avant-hier,
par un rédacteur de l'Agence Radio qui lui
faisait part de l'émotion soulevée par l'élection
de 7 communistes sur douze élus au conseil mu-
nicipal, a déclaré :
« Je regrette, pour ma part, qu on ne souligne
pas un fait plus impressionnant encore : le
grand nombre de voix obtenues par la liste qui
s'inspire de « l'Etoile Nord-Africaine » et son
maintien au deuxième tour de scrutin, même con-
tre les communistes.
J'ai l'impression très nette que ceci n'a pu
être surprise que pour ceux qui ne veulent pas
voir et qui ne veulent pas observer, et il ne me
paraît pas douteux que le mouvement, qui s'est
produit à Alger, est un mouvement en profon-
deur. »
Ce mouvement en profondeur ce n est pas une
politique de poigne qui l'arrêtera. Les colons en
portent la responsabilité : « Ce qui fait actuelle-
ment le communisme en Algérie, ce sont les co-
lons eux-mêmes lorsqu'ils refusent de donner aux
indigènes les droits que ceux-ci considèrent com-
me indispensables, et qu'ils leur distribuent si
chichement les possibilités de vivre.
Ce sont eux qui le créent ».
Libérons donc la Tunisie !
Le « Parti National Tunisien » a publié la
semaine dernière sa « déclaration ». Elle est
nette et brève, fruit lentement mûri par la grâce
des chaleureuses effluves du discours de M.
Viénot, alors sous-secrétaire d'Etat. Le voici in-
tégralement reproduite :
1. Ne pas reconnaître l'autorité Française
dans les affaires intérieures du pays.
2. Poursuivre la réalisation, par tous les
moyens, de l'indépendance totale de la Tu-
nisie.
3. Ne compter que sur les Tunisiens eux-
mêmes pour la réalisation d'une telle indé-
pendance.
4. Poursuivre l'extermination de la colo-
nisation dans ce pays.
5. Faire entrer la Tunisie dans un sys-
tème fédéral arabe, seule garantie d'une
indépendance qui sera chèrement acquise.
A propos de cette déclaration, publiée dans
« Tunis nationaliste » du dimanche 25 juin, en
français et en arabe, la pudique Résidence géné-
rale a diffusé une note dans laquelle elle indi-
que que des journaux de la métropole ayant re-
produit le texte de cette déclaration, elle tient à
préciser que ce journal arabe est sans aucune in-
fluence dans la régence et ne représente aucun
parti politique.
Il aurait été créé il y a quelques semaines et
« seulement dans un but très net et évident de
provocation ». Son propriétaire directeur gérant,
qui, aussitôt après la déclaration, a quitté la Tu-
nisie pour se rendre en Algérie, est l'objet a un
mandat d'arrêt lancé par le procureur de la Ré-
publique à Tunis.
Nous comprenons fort bien la gêne de M. Ar-
mand Guillon. Il n'imaginait pas que la politi-
que pût faire d'aussi considérables dégâts. Que
le u propriétaire-directeur-gêrant » de Tunis Na-
tionaliste ait quitté la Tunisie, cela nous parait
un fait parfaitement insignifiant. La République,
ses lois, ses élans, la générosité humaine dont
elle est issue, n'apprennent-elles donc pas a
penser ?
Ce n'est pas, en effet, le pamphlet de Tunis
nationaliste qui nous gêne, mais seulement ce
qu'il révèle de haine, d'envie, de jalousie len-
tement mûries. En relatant les entretiens, à Ge-
nève, de M. Habib Bourguiba avec S. E.
Nahas Pacha, nous avions écrit, en corrmentaire,
que l'Egypte demeurait le bastion de l'indépen-
dance musulmane universelle. Préoccupés d'une
certaine politique, qui nous dessèche sur pied, et
nous dresse les uns contre les autres, nous som-
mes trop occupés à nous haïr pour prêter atten-
tion à la grmdeur et à la sécurité de notre pags
et de son Empire. ",
/l,y a plus d'une armée maintenant que nota
nous promenons 'la torche à la main pam
poptdations qui ne sont ni dé notre race, m de ;
notre religion, et dont l'intellectualHé est diffé-
rente de nous, comme lé soleil est différent de
'la luné. Nous n'avons pas voulu admettre que
l'émancipation ne s'impose pas à un peuple. Il
la conquiert de lui-même, quand il est en puis-
sance de le faire, ou en état de grâce moral. Le
musulman, monde inconnu, et qui échappe pres-
que totalement à la compréhension des fats occi-
dentaux que nous sommes, a fait, de nos chants
de haine, son profit. Il cherche à en tirer un bé-
néfice personnel. Pour notre part nous ne lui en
faisons pas grief.
Et c'est pourquoi nous estimons qu'il vaut
mieux limiter les dégâts, éviter des assassinats,
ou des massacres, en nous retirant de suite de
ces territoires sur lesquels nous avons tant peiné,
tant souffert, tant espéré, sans être compris de
ceux en faveur de qui nous avons lutté.
Nous le répétons : le gouvernement français
est le maître absolu. Il est nanti des pleins pou-
voirs. Il n'a donc pas à lutter contre une « op-
position » impuissante. Qu'il décrète et qu il
ordonne l'évacuation. Il ne fera que réaliser Girzs;
ses projets.
Sa mémoire, à son tour, par cette retraite aussi
généreuse que logique, sera « pure de sans
humain ».
Boucliara ben Mohamed, « Directeur-Pro-
priétaire-Gérant du « Nationaliste Tunisien l,
a été arrêté avant-hier à Constantine, sur
mandat d'arrêt du Parquet de Tunis. Il nous
parait que cette arrestation ne s'imposait
pas. Et comment la qualifier, après les quel-
ques « résidences forcées » a Bordj-le-Bœuf
et dans le sud auxquelles M. Peyrouton,
alors Résident général en Tunisie, avait sim-
plement convié quelques agitateurs tuni-
siens ? Les causes et les effets sont identi-
ques. Ce qui était hier un acte inqualifiable
sera gratifié, aujourd'hui de quelle épithète T
Comment construire l'Empire
V. L'Empire colonisé
par Jacques Ervédis.
L'équipement d'un pays neuf requiert avant
tout des hommes, avons-nous déclaré précédem-
ment. « La Colonie que je réce, que je vou-
drais pouvoir installer, disait déjà Delcassé à
propos du Dahomey en 1896, c'est une colonie
où il y aurait :e moins de fonctionnaires et le
plus de cultivateurs et de commerçants pos-
sible.. »
Les hommes, il faut les importer de la Mé-
tropole. là où l'on veut que se fasse sentir
l'exemple de travail et l'autorité morale de la
Nation Colonisatrice mais il faut en outre
et surtout les susciter sur place puisque c est en
définitive sur le labeur des masses indigènes que
repose la mise en ivaleur économique et le per-
fectionnement social de la Colonie.
Comment :notre pays a-t-il compris jusqu à
présent ce double-aspect humain de son œuvre
ootre-mer ? Voyons d'abord ce qui a été fait
sous le rapport de la colonisation: ou, disons
tout net, de Miminitraeion européenne.
Il est courant d'entendre dire qu'en raison de
sa dénatalité, notre pays est incapable de colo-
niser son Empire. C'est même là un des argu-
ments favoris de ceux qui prétendent nous le
disputer.
Feraient-ils plus à notre place ? Il est per-
mis d'en douter : hors la côte nord-africaine,
aucune de nos grandes Colonies prête peu, par
son climat sauf une hygiène morale et phy-
sique rigoureuse à un habitat européen pro-
longé. Quant au reste, quelle nation européenne,
si prolifique soit-elle, serait capable de peupler
les immensités africaines par exemple ou de
disputer sa terre aux denses multitudes des par-
ties utiles de l'Indochine ? Combien les Alle-
mnads étaient-ils en dépit de leur forte émigra-
tion annuelle sur leurs territoires coloniaux
d'avant-guene ? Quelques milliers à peine. La
colonisation blanche de nos territoires d'outre-
mer ne peut être qu'une colonisation de qualité,
et non point de guantité. Ce au'elle reenriert
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