Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-06-11
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 juin 1937 11 juin 1937
Description : 1937/06/11 (A38,N34). 1937/06/11 (A38,N34).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265490p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
"IlL SEIl-tUOTllEI
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Rédëthon & Administratif*: H
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PARIS cn I
ITÉL. « meiWUBU 7MI I
(2 IfcDM graspéw)
1 VENDREDI (13 h. 30) 11 JUIN 1937
38* ANNEE. N* M.' '-';' ,,'. -. ̃ DI '(11 h. JOI Il JUIN 1937
Les Fondateur w rw Annales Coloniales^
Fondateur: Marcel IlUEDEL - Directeur : Raoul MONMARSON
: Marcel RUEDEL ; - , ̃ ̃
aboniieients
MM la Revu* illustré*:
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France et 50 9.
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La numéro : 60 ovàkm
Oa s'abonne sans (nia daIII
tons les bureaux de posta.
te
L'émancipation progressive
de nos Colonies
(Suiie)
L'Assemblée constituante oomplèta le 15
luin 1791 la loi du 8 mars 1790 et règla
l'organisation des Colonies en mettant pour
la première fois en évidence leur caractère
de groupement social, de sociétés au sens
propre du mot ayant leurs intérêts pariicu-
liers et étant susceptibles d'en «feli^ oérer. Il
fut donc créé une organisation, un gouver-
nement des tribunaux où les représentants
locaux avaient accès ou voix consultative.
Nous ne pouvons malheureusement nous at-
tarder à ces dispositions car elles furent
éphémères. , ,
- Le grand mouvement reVOIUUUlWiAUG
d'égalité humaine renversa ces bases qui re-
présentaient cependant un progrès considé.
rable sur l'état de choses antérieur et la
Constitution de fructidor de l'an V donna
la même constitution aux Colonies qu au
territoire métropolitain. Par une série de
dispositions les Colonies devinrent de ^peti-
tes républiques se gouvernant elles-mêmes. 1
Malheureusement une autonomie, une au-
torité si grande, remplaçant subitement une
étroite sujétion, ne pouvait réussir. Rien
n'était préparé pour recevoir un tel don.
Les collectivités coloniales composées de co-
lons européens, d'hommes de couleurs la plu-
part indigènes et d'esclaves indigènes, for-
maient des groupes hétérogènes, en partie
sans culture, sans unité de pensée, sans ten-
dance à l'action collective. La semence mer-
veilleuse de la liberté ne pouvait germer sur
cette terre encore complètement inculte et,
en raison des troubles qui survinrent, il fal-
lut bientôt renoncer à des principes aussi li-
béraux.
La Constitution de l'An VlU disposa
alors que le régime des Colonies devrait faire'
l'objet de lois particulières. C'était la re-
nonciation au système de l'assimilation com-
plète comportant pour les Colonies des insti-
tutions absolument calquées sur celles de la
Métropole.
Cependant cet essai eut pour effet bien-
faisant de semer les idées nouvelles dans nos
possessions d'outre-mer, de créer le courant
d'idées nécessaire à l'éclosion de la nou-
velle société coloniale et l'époque où ces ter-
ritoires lointains allaient prendre conscience
M ia&rêts
illfrimes n'était pitis très éloignée. ':'. -. :
Dè i9t4 i ig48, des lois, ordonnances et
règlements furent promutgués en vue de
créer la constitution des Coromes sur lès ba-
ses que nous allons examifter plus loin et qui
montrent que d¿jà certaines organisations
spécifiquement coloniales bénéficiaient d'am-
ples facultés d'initiative.
Signalons auparavant le grand mouve-
ment de liberté qui traversa la France en
18 10. Il eut de grandes répercussions aux
Colonies et donna lieu à l'intérieur de cel-
les-ci à de grandes manifestations en faveur
des idées libérales. De ce fait un revire-
ment se produisit et de la politique restric-
tive suivie depuis la Restauration on passa
à des mesures tendant à conférer une cer-
taine autorité aux organisations coloniales :
ce fut la première Charte des Colonies.
Un peu avant la Révolution de 1848 la
constitution des. Colonies était la suivante :
A la Guadeloupe, à la Réunion et a la
Martinique était un Gouverneur nommé
par la Métropole ; mais à côté existait un
Conseil Colonial composé de membres élus
pour cinq ans par des citoyens nés ou domi-
ciliés dans la Colonie, payant un cens ou
justifiant de propriétés mobilières ou im-
mobilières importantes ; enfin auprès du
gouvernement de la Métropole existaient des
délégués nommés par le Conseil Colonial.
Bien que tbus les attributs du pouvoir et
de l'action administrative fussent dévolus
au Gouvernement y compris le droit de con-
voquer, de proroger, de dissoudre et de cons.
tituer un nouveau Conseil Colonial, celui-ci
avait des attributions assez importantes. Il
donnait notamment son avis sur 1 organisa-
tion administrative de la Colonie, sur la
police de la presse, sur l'instruction publi-
que, sur l'organisation et le service, des mi-
lices, sur les conditions et les formes des af-
franchissements et sur les recensements, sur
les améliorations à introduire dans la condi-
tion des personnes non libres, sur les dispo-
sitions pénales applicables à ces personnes,
enfin sur l'acceptation des dons et legs aux
Etablissements publics.
Le Conseil Colonial, sur i imnauve uu
Gouverneur toutefois, avait enfin la préro-
gative de statuer sur les matières non rése.
vées aux lois de l'Etat et aux ordonnances
royales, il avait également le privilège de
voter et de discuter le budget de la Colo-
nie sous réserve de l'approbation du roi, il
pouvait enfin donner un avis sur les dépen-
ses militaires à la charge de l'Etat et for-
muler ses vœux sur les objets intéressants la
Colonie soit par une adresse au roi ou un
mémoire au gouverneur.
Enfin les délégués des Conseils Coloniaux
avaient pour mission de donner à Paris au
Gouvernement, les renseignements relatifs
aux intérêts généraux de la Colonie et de
suivre auprès des Ministres la réalisation des
délibérations et des vœux des conseils colo-
niaux.,,
L'influence de ces délégués était counuc-
rable et en réalisant un lien. direct entre la
- - mot dP,
--.
combattre, àl occasion, farbitraire du Gou-
verneur et les exactions dé ses représen-
tants. Déjà le monde colonial commençait
en 1847 à prendre copscience de son impor-
tance et de ses intérêts collectifs.
Entre les descendants des colons fran-
çais, des indigènes et des anciens affranchis
s'était établie peu à peu une communauté
d'existence qui avait permis, malgré les op-
positions de races et de couleurs encore très
vives, aux intérêts communs à tous de se ré-
vèler et les avait amené par une action persé-
vérante, à ébaucher la nouvelle Société co-
loniale.
Docteur Camille Briquet,
Député,
Ancien Vice-Président de la Commission
de l'Algérie, des Colonies et Protectorats.
Voir les Annalés Coloriâtes du 14 mai 1937.
An Conseil des Ministres
A l'Elysée
Les ministres se sont réunis en Conseil mardi
matin à l'Elysée, sous la présidence de M.
Albert Lebrun, président de la République.
La mission de M. Justin Godart
aux Indes
M. Marius Moutet, ministre des Colonies,
a souligné les excellents résultats de la mission
accomplie par M. Justin Godart, sénateur, an-
cien ministre, dans l'Inde française et en Indo-
chine. Le Conseil s'est associé aux félicitations
adressées par le ministre des Colonies à M.
Justin Godart.
Les 40 heures en Algérie
Sur la proposition de M. Marx Dormoy,
ministre de l'Intérieur, le président de la Répu-
blique a signé 14 décrets fixant I application
de la semaine de 40 heures en Algene et vi-
sant : les industries des cuirs et peaux, les
manutentions dans les ports, les entreprises
d'abatage et de blanchisserie, les industries du
bois et du vêtement, le commerce de détail
autre que les denrées alimentaires, les industries
chimiques, de la verrerie, du livre, du papier,
des textiles, de la métallurgie et du travail des
métaux, les établ issements de finances, de cré-
dit, de changes, d'assurances et d épargne.
et dans la Marine marchande
M. Bedouce, ministre des Travaux publics,
a soumis à la signature du président de la
République un décret préparé par le sous-secré-
taire d'Etat à la Marine marchande et fixant le
fonctionnement de la loi de 40 heures dans la
Marine marchande.
.-–– >«t~~ - ( :
CINSEll D'ADMINISIBADIN
DES COLONIES
Depuis juillet 1936. le Conseil d'adminis-
tration de l'A.E.F. comprend trois membres
indigènes sujets français.
Un décret vient de créer, dans les répons
les plus évoluées de la colonie, - collèp
électoral indigène. Désormais ce co^edfai-
gnera, à l'élection. les trois membres indigè-
nes du Conseil d'administration.
U MISSION DE H. SïHu
EN URlaH DU NORD
Venant du Maroc par lequel il commença
son « inspection de la misère » M. Steeg et
ses collaborateurs sont arrivés vendredi à
Alger.
La veille, le Gouverneur général Le Beau
était parti pour Oran où il accueilli son émi-
nent prédécesseur. Dam ces deux villes, Oran
et Alger, des réceptions eurent heu. A la pres-
se M. Steeg exposa les buts de sa mission,
soulignant qu'il ne saurait être gestion de
plan universel, de vastes solutions, d entrepri-
ses grandiOses.
« La misère est là, ce sont les nusereux
qu'il faut secourir. Comment ? Par des sub-
ventions, des distributions, et surtout des tra-
vaux, des travaux modestes mais utiles et qui
devront répondre à un double but : servir aux
travailleurs et améliorer les conditions d exis-
tence de la population. »
La journée de samedi a été consacrée aux
prises de contacts avec les principaux chefs de
service. Dans la matinée M. Steeg est allé
s'incliner devant le Monument aux Morts.
Accompagné de M. Le Beau, Gouverneur
général, M. Steeg et ses collaborateurs sont
partis lundi soir pour Constantine. Ils ont pas-
sé dans la région les journées de mardi et mer-
credi, visitant les œuvres de secours. -
Enfin, avant-hier, quittant l'Algérie, M.
Steeg est passé en Tunisie où M. Guillon,
Résident général, l'attendait à la frontière. En
sa compagnie il a gagné Tunis et, hier, r an-
cien Président du Conseil a procédé à de
nombreux échanges de vues avec les person-
nalités tunisiennes puis il fut reçu en audience
solennelle par le Bey et alla s'incliner devant
le Monument aux Morts.
L'après-midi, M. Steeg et le Résident ké.
néral ont visité la communauté Israélite et la
société de bienfaisance musulmane.
-, a), (
1 Alerte à l'indoohine
Par suite dit marasme des affaire': de riz,
20 rizeries - viennent de fermer ate Siatn.
Comment construire
-' l'Empire
L~0I
n nous accuse souvent
de critiquer, sans nous
lasser, de « trouver
toujours à redire b,
d'être pessimistes, et
de rarement applaudir
à l'admiratfoa mutuel-
le ou aux cUscourL
Nous neMOMMt
pas effectivement, de la tribu des Beni-oul-oul.
L'équipe des Annales Coloniales a un autre point
de vue que celui des métropolitains. Elle a, iga-
lement, un point de vue différent de celui de
l'Administration.
Bientôt quatre années de lutte, dans ce jour-
nal, quel qu'ait été le gouvernement au pouvoir-
Bientôt quatre années que nous avons exposé,
éparse dans les colonnes de ce journal, au jour
le jour, une doctrine constructive. Nous savons
bien, et nous l'écrivons , que le ministre des
Colonies, n'est pas maître du gouvernemedtet
qu'il compte trois adversaires puissants, au Com-
merce. à l'Agriculture, aux Finances. Mals,
- -. - ..11_ _11
pour créer enfin la colonisation, ne aupose-t-
d'aucune Influence ? Nous avons vu, dimanche,
qu'un homme avait tué son frêre, pour une his-
toire de vinaigrette non préparée; Ces deux frèreS
étaient chômeurs, d'une façon quasi pemanenU
depuis près de six ans : ils avaient cependant
depuis six ans l'habitude de s'enivrer DiMn-
dle, neuf litres de vin rouge, deux de blanc.
deux de bière 1 Les allocations de chamge sont
des bienfaitrices, parfois, quand eUes soat attri-
buées, avec: discernement. Mals, .., plus souvent.
elles sont tmmorales, et génératrices de tous les
vices. Nous entretenons à ne rien L*e une arndç
deaars solides, qui non seulement prennent goat
--'- I_----&. -- ait.
à ce maquereautage idéal, mais RIVII" K~* --
la génération qu'Hs enfantent, toutes les tares
de la paresse, de l'alcoolisme, du droit du « tra-
vailleur » à vivre aux crochets de la société.
Nous avions demandé qu'au lieu d'entretenir
ces padaits exécutants de bagarres politi..
ques, le chômage envisageât de distraire une par-
tie de ces fonds pour diriger ses séides vers lu
terres en friche. La campagne, en France, déser
teese meurt. 11 Y a des colonies où la c colOftl.
satlon », minutieusement entreprise, et encadrée
avec discipline et conscience, apporteralt eafiD la
vie. Nous avions soumis un plan, nOUS avons ell
l'intime satisfaction de le voir en partie en Pra-
tique chez les Belges.
Nous sommes rivolutionnaires. Mats dans le
cadre humain, suivant les possibUitis mentalel
et culturelles de chacun. La destruction ne pro-
fite jamais au destructeur. D est toujours inCA-
pable de reconstruire, parce qu il ne
que de l'attente de l'acte, non Pu de celui-d. B
lui faut donc entretenir ses parteans, et eviUr
qu'ils toisent la tirelire de.la^urtt 8 ttee
biement ses1 mi nous
- .,., L. A ~Mmti Mes
La réaltte idéales sO ons Es D'on t pas
proposent leurf icWales 501üti'ollS.OS o'ontpas.
vécu, souvent, avec le peupl^n?
v""penaà«rtâ Iguerie, - Jorsqu di MéWlcrimÙW i
le déchiquetait sur une terre fumée au singe R -
utilisent de grandes formules, nées au bistrot,
rôdées à la tribune de toutes les réunions élec-
torales. Slogans insensés, avec quoi le peuple
aveugle marche aux barricades.
Comme si l'étranger ne guettait à nos portes
l'instant de pratiquer, comme en Espagne, sui-
vant ses tendances, la politique de l'intervention.
Deux extrémismes s'affrontent, et se livrent en
Espagne à une lutte mortelle. Le champ de ba-
taille sera demain agrandi, par l'adjonction de la
France.
* *
Et l'Empire ?
Après vingt ans de reportageàtravers le
monde, de la Russie au Congo, des Balkans a ia
Norvège, il est permis au signataire de ces lignes
d'exprimer ses craintes. Autant nous avons ap-
plSTu grand geste de la libération wdale, à
la faculté donnée à chacun de s'élever et de jouir
de l'existence, sans qu elle soit désormais pour
lui, comme naguère, la sombre cellule d'un
condamné, autant nous
frayé de l'usage que font de nos théories socia-
les certains de nos sujets d'outre-mer. ~n
Nous avons donc, une nouvelle tois, m unblianwlan
à dresser, un exposé à faire, un plan à proposer.
Nous commençons aujourd'hui la publication
d'une étude c Comment construire l'EmPire
Nos lecteurs diront, l'ayant lue si nous som-
mes des négatifs, et qui, de nous ou de certains,
entendent mettre de l'ordre dans une maison
que, à aucun moment de son histoire. la Na.
tion n'a étudiée, comprise, et aidée.
Raoul Monmar.
Mort de M. Émile Sari
Délégué élu de l'Océanie
au Conseil supérieur
de la France d'outre-mer
M. Emile Sari, sénateur, maire de Bastia,
est décédé dans cette ville avant-hier.
M. Emile Sari était né à Bastia le 28 oc
tobre 1876. Docteur en médecine, il fut gélu
maire et conseiller général de Bastia en 1915,
sénateur en 1921. Inscrit. au groupe de la gau-
che démocratique, radicale, et radicale-socia-
liste, M. Sari s'intéressa surtout aux ques-
tions de ifnances départementales et commu-
nales, de marine marchande et de réforme ad-
ministrative. Il. était membre de là commis
sion de la marine et de la commission sénato-
riale d'administration générale.
_.0 -. u.- L .J.d~
Elu au début de cette année, UÇ¡"'&' -
l'Océanie au Conseil supérieur de la F mce
d'outre-mer. M. San était
et énergiquement intervenu au sujet des aftaires
scandaleuses que les Anna* Cohnmles
n'avaient cessé de dénoncer. Il s'était vive-
ment intéressé au sort de notre possession loin-
taine, trop négligée ces dernieres aimées, tous
les Français d'Ckian.e regretteront sa dispa-
rition prématurée..
De nouvelles élections devront avoir lieu a
Tahiti dans cinq m'*ois. 'RappeIQns que des
élections supplémentaires avaient détaxe né-
cessitées en 1932;par la mort du-délégué M.
Lemaira. -
Le réseau d'irrigation
de la région de Vinh
a été inauguré
par s. M. l'Empereur d'Annam
et le gouverneur général Brevie
En, présence de S. M. l'Empereur d'An-
nam, le gouverneur général Brevié, accom-
pagné de M. Nouailhetas, secrétaire général
du gouvernement général, ainsi que des Rési-
dents supérieurs en Annam et au Tonkin, des
ministres de la Cour et de nombreuses per-
sonnalités, des chefs de services, des mem-
bres des Assemblées élues françaises et indi-
gènes a inauguré le réseau d'irrigation du
nord de Nghe An près de Vinh.
Ce réseau comporte un ouvrage principal,
magnifinue - barrage, construit en travers du
cours du Song-Ca, 228 kilomètres d'artères,
dont 500 mètres en tunnells, e tplus de 380
kilomètres d'artérioles. Il permettra à une ré-
gion de 35.000 hectares environ de faire deux
récoltes de riz annuelles. :
- La production du riz, soumise jusqu'a pré-
sent à de nombreux aléas, dont le plus grave
était la sécheresse, passera en moyenne de
39.000 tonnes à 112.000 par an, résolvant ain;.
si le problème de la sous-alimentation, dans
une des régions les plus peuplées du nord
Annam.
Le coût des travaux effectués a été de 4 mil.
lions 500.000 l pris sur le fonds d'emprunt.
(45.000.000 de francs sur lesquels 3.150.000 f
d'argent frais, soit 48 des dépenses enga.
gées sont restées dans la province sous forme
de salaires).
La réalisation des travaux a demandé cinq
ans.
Le Gouverneur général qui avait quitté
Hanoi le 1* juin au soir par voie ferrée a
rencontré en gare de Phu-Dien, au nord de
Viny, S. M. Bao-Dai, venue de Hué avec le
Résident supérieur d'Annam. Le cortège a
gagné en automobile, le grand barrage de
Do-Luong. Une foule énorme de cultivateurs
était accourue de toute la région. Des dis-
cours ont été prononcés par le Résident su.
périeur Graffueil, un membre de la Chambre
des représentants du peuple d'Annam et S. E.
Neuyen Khoaky, ministre de l'Economie ru-
rale à la Cour de Hué, M. Gassier, inspec-
teur général des Travaux publics a montré
ensuite la grandeur de l'œuvre accomplie et
les difficultés que les ingénieurs, les entrepre-
neurs et les travailleurs ont eu à surmonter
pour réaliser cette œuvre qui fait honneur à
la technique française.
Le Gouverneur général, après avoir ouvert
la vanne du barrage, a visité, en compagnie
de l'Empereur quelques-uns des plus im-
portants ouvrages d'art. Puis il a regagné
Vinh d'où avec S. M. Bao-Dai il s'est rendu
à Hué. ̃
Il a visité, en descendant vers le sud, les
provinoes entières de l'Annam.
l"~v.-:-,-:~-,:~- fi o. '- '.0 -
lin Confié AigtriH.o.F.
Création il Ataw ;
d'un Institut de Recherches Sahariennes
La Commission des relations culturelles du
Comité Algérie-A. O. F. s'est réunie pour la
première fois le 2 juin, sous la présidence
de M. le Recteur Hardy.
Après avoir entendu un exposé du prési-
dent Morard sur la nécessité de poursuivre
la prospection méthodique et scientifique des
régions sahariennes, y compris celle de la
haute boucle du Niger, l'assemblée s'est pro-
noncée à l'unanimité en faveur de la créa-
tion d'un Institut de Recherches Sahariennes
ayant son siège à Alger, rattaché à l'Uni.
versité et chargé de promouvoir l'exploration
des territoires sahariens dans les différentes
disciplines. La création, décidée dans son
principe, sera soumise au Conseil de l'Uni-
versité. puis à l'approbation du ministre.
Après une discussion à laquelle prirent pan
notamment MM. les professeurs Maire, le
Docteur Sergent, de Peyerimhoff, auteur du
premier projet de 1929, M. le doyen Rouyer
et le général Meynier, directeur du Comité
Algérie-A. O. F,, il a été décidé que le nou-
vel Institut, dès sa création, entrerait en rela.
tions suivies avec les grandes institutions
scientifiques de la Métropole (Académie des
Sciences, Muséum d'Histoire Naturelle, Aca-
démie des Sciences coloniales) et avec les
organismes analogues des possessions françai-
ses, notamment 1 Institut Français de l'Afri-
que Noire récemment créé à Dakar par un
arrêté du gouverneur général.
Enfin, il a été procédé à un premier
échange de vues sur le programme de travail
qui peut être donné à une mission scientifi-
que et technique chargée d'aller reconnaitre
que et technique clha ; Fiége er, en vue de l'ins-
fa haute boucle du Niger, en vue de 1 ins-
tallation de colons algériens sur des territoi-
res que M. le gouverneur général de Coppet
a bien voulu mettre à la disposition du peu-
plement algérien.
a .t. E
ET LA FRANCE ?
.ABSENTE
Une Conférence Internationale de la baleine
vient de se terminer à Londres.
Un accord général' réglementant la pêche et
l'exploitation de la baleine a été signé entre
les représentants des nations suivantes : Afri-
que du Sud, Etats-Unis, Argentine, Australie,
Allemagne, Grande-Bretagne, Irlande du Nord,
Etat libre d'Irlande, Nouvelle-Zélande et
Norvège.
Le Canada et le Portugal n étaient représen-
tés à la conférence que par des observateurs.
Cet accord entrera en vigueur le I" juillet.
Nous pourrons marquer notre surprise, en
constatant que la France n'était pas présence à
cette conférence. Elle compte, cependant, aux
Kerguelen et au Gabon, deux zones importantes
de chasse à la baleine.
L'invitation a-t-elle été faite, et négligée?
Ou a-t-on considéré qu'il valait mieux ne point
tenir compte de nos ressources ?
) e.. (
;' Honorariat
M. Benazet. ancien directeur des Affaim
politiques, a été,. nommé directeur hooofajjfc ocî
Services oublics chérifieos.
,
Propagande, propagande !
Sous la signature Fayet, que non avouons
à notre honte ne point connaître, Outre-Mer
publie (nO 1, mars) le procès de la propagande
coloniale. L'auteur oiae à l'idée-force. Il tran-
che ex- abrupto, aCec une audace et une aévé-
rité qui sont loin de now. déplaire.
Cependant, - celles-ci nous plaisent seulement
lornu'ellei sont utilisées a bon escient. Nous
marquerons à M. Fayet une certaine humeur
de sa méconnaissance absolue de la Presse
coloniale. Nous nous trouvons allègrement qua-
lifiés de journaux « confidentiels », et qui
n'ont pas l'oreille du grand public. Quant aux
photOl, que M. Fayet « voit quelquefois »,
elles sont « dénuées - d intérêt, inactuelles,
oieilles, mal pmea, et souvent erronées ».
De telles inepties, qu'une simple documenta-
tion antérieure a cet écrit eût corrigées, suffi-
sent à classer leur auteur. M. Fayet ne mérite-
rait d'être jugé que par cette unique citation,
s'il ne nous donnait l'occasion de déplorer
avec lui la parfaite difficulté que la Presse
coloniale éprouve à subsister. Nous ne préten-
dons point qu'elle soit uniquement publiée par
des idéalistes, alors que l'Empire est en lui-
même un idéal. Cependant nous osons préten-
dre que pour notre satisfaction personnelle, en
dehors des milieux coloniaux, notre journal est
très largement diffusé. Et à nos frais. Notre
revue le fut plus encore. Nous regretterons que
les Annales Cotoniates, journal ou revue,
n'aient pas trouvé l'adresse de M. Fayet, et
n'aient pas arrêté sa plume, à T instant qu allè-
grement il décochait à l'endroit de nos confrè-
res, et de nous-même, ses injustes traits. ,
La propagande coloniale demeure certes a
organiser. Mais pas de la manière envisagée
par Je collaborateur de Outre-Mer. Il prêche
pour la Radio. Il tombe dans le timbre-prime,
et tente de s'élever avec le timbre-poste. Ce
n'est pas là qu'il faut frapper, mais à l'école
primaire, à cette bonne vieille école commu-
nale, que nous remercions de nous avoir-
naguère 1 éduqué, et qui grava en notre
mémoire à F aide des grosses cartes V itlal-La-
blache l'image de l'empire alors en formation.
La cervelle de l'enfant de six à huit ans
accueillera le grain. L'homme mtir le repous-
sera le jeune homme a d'autres soucis en tête.
Il faut une mystique, une mystique sportive,
celle de l'effort à fournir, des forces à jeter
dam la bagarre, de l'énergie à Jépenser. C'est
par le corps qu'il faut former la génération
coloniale de demain. La beauté de la dépense
! physique, l'orgueil de Véducation à donner, la
~I. jouissance de la solitude, et du danger que I on
mâte, autant d'appels que la carte, et le ciné-
sna scolaire, et b littétàture de geste, appor-
teront à Fenfance: - :
Nt' condamnons pas, comme M. rayer, les
journaux coloniaux 1. Ils nous font à peine vi-
ore, parce* que nous marchons avec eux, sur le
même plein, et que nous ne nous arrêtons pas,
comme eux, de marcher. Le jour où nous stop-
perons, nos créanciers s'accrocheront à nos
misérables oestons. Alors, les « subventions »,
le fric infamant dont, paraît-il nous sommes
si largement gratifié, le prix de nos silences,
de nos louanges, ou de nos colères tôt rentrées,
apparaîtront pour ce qu ils sont. La calomnie
de quelques-uns, et le misérable manteau de
quelques idéalistes, drapes dans ilftruiié,
stopperont en même temps que nous. Notre dis-
parition sera la cause de leur disparition. Ceux
qui travaillent pour une idée, à leurs risques et
périls, et ceux qui vivent de cette idée, appa-
raibont aux yeux des moins avertis. Nous avons
foi en une justice suprême. Et cela a autant
plus que nous n'en percevrons point le bené-
fice. -
? HiiMt mântéraiéeo
Nomination
M. Jean Leblanc, contrôleur civil suppléant
au Maroc, a été nommé secrétaire adjoint du
haut comité méditerranéen.
Autour de la famine
nord-africaine
M. Belime, ran dernier, avait exposé, i
T occasion de lanemblie générale de l Asso-
ciation Colonies-Sciences le plan des irriga-
tions du Niger.
- Hier au soir, à l occasion de la même
manifestation, le général Simon a parlé de le
famine en Afrique du Nord. Son exposé fut
d'un militaire. Un état de fait existe. li ed
identifié. Des remèdes sont enoisagés. Fort
bien. Mais ces remèdes sont des palliatifs.
Qui réalisera la guérison ?
- _a' 1_-
Une discussion ouverte permit a quelques
orateurs d'exposer leurs vues : MM. de War-
ren, Aug. Chevalier, le général de Trentinitm.
le. général. Niessel, le coionel Bernard, M. de
la Motte Saint-Pierre, M. du Vivier de Streel.
Nous écoutions, durant qu'une ardente tor-
nade coloniale s'abattait sur Paris, ce grand
cri de misère qui s'élevait parmi tous ces
hommes qui du Maroc au Congo, du Tonfyn
en Tunisie, ont une expérience locale prolon.
gée. Un orateur a rappelé fort justement les
famines qui, dévastèrent la France, avant que
la pomme de terre fut introduite dans noire
pays. Un autre fit observer que les méthodes
de culture indigènes sont primitives, et sur ce
sujet nous avons publié il y a quelques aemai.
nes une lettre fort précise d'un industriel algé-
rien. L'indigène n'est pas, de plus, prévoyant.
Son mal nous est aujourd' hui plus intimement
connu, parce que nous sommes installés par-
tout, et que le télégraphe, autant que la balail.
le politique, en accusent, en amplifient, en
exposent surabondamment les méfaits. Quels
remèdes ? Il semble que chacun des orateurs,
- 'II. aa" D Il - Ju
ayant exposé le mal, n ait trouve a autre solu-
tion que dans le secours financier de l'Etat, et
dans l'organisation d'un service préventif,
déclenché comme la défense contre le feu, ont
premiers appels des sinistrés.
*
Nous nous étonnerons donc, une nouvelle
fois, de la difficulté que nous avons à consi-
dérer le problème dans son ensemble. Quelle
que soit la difficulté pour l'indigène à adop-
ter, ou à supporter, un régime alimentaire qm
n'est pas « son » régime habituel, Fensemble
du territoire français métropole et. colonies
- regorge de produits alimentaires de toutes
sortes. Des céréales sont entassées dans des si-
los. Pour ne pas « gâcher » les cours, on pré-
fère qu'un peuple crève de faim à côté d'eux.
Il y a, intérieurement, une besogne de salubri-
té publique à f&B~
Ensuite, il y a des peuplades â fixer, a
éduquer lentement. Note comprenons le no-
made, et nous Ilaimm. Mais il lui œrioe Je
payer la rançon de sa magnifique liberté. S'il •
est trop grand seigneur pour se pencher sur la
terre, il n'a pas à se dresser contre la France
parce que. celle-ci, à un point crucial, ne le
nourrit pas suffisamment. Une besogne d'édu-
cation agricole est à entreprendre, avec des
moniteurs « terriens 1). des hommes. de chez
nous qui connaissent la terre, qui l'ont prati-
quée, qui la remuent avec la passion du gagne-
petit économe de ses gros sous. Nous ne de
mandons pas des fonctionnaires, mais des pay-
sans, avec quelques crédits, quelques travaux
d'irrigations, quelques charrues et tquelqtics
herses. Toutes les terres paient, à qui sait leut
donner leur destination, et leur demander de
omduire.
Le bulletin de vote, nous r aoom écrit, est
un luxe imztile, et d'ailleurs stupide, quand
l'unique problème consiste à empêcher l'être
humain de crever de faim.
On s'obstine à ne pas le comprendre, et a
s'agiter autour de ces débats vains et creux.
Lorsque la famine le mot a fait peur à M.
Lamoureux, qui le fit retirer d'un Vceu
succédera à la disette, il sera temps d'alerter
à nouveau - la France.
Comment construire l'Empire
1. L'Empire ! Lequel ?
1
Bâtir l'Empire ? Mais ne l'est-il donc pas ?
Non il est assemblé, ce qui n'est pas
la même chose il est administré et nous v«-
rons comment équipé et nous dirons jusqu'à
quel point colonisé. et nous signalerons dans
quelles conditions.
Avec tout cela il n est pas fait, pas plus que
ne l'est un bâtiment dont on a achevé de mon-
ter t'armature. Il reste à lui donner un style,
une destination et peut-être aussi une ame.
L'Empire c'est un grand mot, mais un grand
mot vide de substance. Ce sera peut-être la
réalité vivante de demain. Par quels moyens.
selon quelles voies et pour quelles fins ? C'est
ce que nous tenterons de dégager pour notre
humble part au cours des études qui vont sui-
vre.
Auparavant déblayons le tetrain. Faisons le
tour de quelques vérités premières.
Qu'est-ce donc cet Empire que I on évoque
si complaisamment aux yeux du public français?
L'homme de ta rue répondra : c'est les Co-
lonies. Mais pourquoi avons-nous des Colonies?
Sans doute parce qu'après les avoir conquises
(quand ? qui? comment ? on l'ignore généra-
lement dans la masse du peuple) nous n éprou-
vons point le besoin de les abandonner. L^es uns
diront que c'est par orgueil national, les auires
par intérêt économique.
par Jacques Eroédis.
Peu importe au surplus. L'essentiel. est que
nous les ayions.
Que faisons-nous aux colonies ?
Ici les avis sont très partagés et sans aller
jusqu'à rendre compte des querelles soulevées
autour de la légitimité ou non de l'entreprise
coloniale, il faut tout au moins connaître les
différents points de vue alimentant la plupart
des polémiques ou des campagnes dont 1 Em-
pire est l'objet. C'est l'utilité même des Colo-
nies qui est en discussion :
A quoi bon des Colonies. disent certains,
puisque nous ne pouvons pas les peupler ?
- Nous avons tout ce qu'il faut chez nom.
Qu'allons-nous chercher ailleurs ? demandent
d autres critiques.
Et enfin cette ultime concession :
- Des Colonies ? Eh bien oui, si vous y
tenez ! Mais nous en avons de trop. Il serait
préférable de concentrer nos efforts sur un do.
maine mieux proportionné à nos moyens.
Voici pour les sceptiques. Mais il y a les
enthousiastes, patriotes sentimentaux et cocar-
diers pour qui l'Empire est un bel album
d'images d'Epinai, sans plus: les Trois Cou-
leurs, la Gvilisation contre la Barbarie, la
Plus Grande France, Nos Frères Noirs, Les
.Cent. Millions d'habitants, La Miuiaa
Humaine.
Ennn il y a les Coloniaux les Français
qui vivent à la Colonie ou qui en vivent qui
n'en parlent guère OU oui es oadent oui. Que
_,-". I
Rédëthon & Administratif*: H
I
PARIS cn I
ITÉL. « meiWUBU 7MI I
(2 IfcDM graspéw)
1 VENDREDI (13 h. 30) 11 JUIN 1937
38* ANNEE. N* M.' '-';' ,,'. -. ̃ DI '(11 h. JOI Il JUIN 1937
Les Fondateur w rw Annales Coloniales^
Fondateur: Marcel IlUEDEL - Directeur : Raoul MONMARSON
: Marcel RUEDEL ; - , ̃ ̃
aboniieients
MM la Revu* illustré*:
Im < Moi* 3 Mat*
France et 50 9.
tso. 1Gh so »
Etranger.. 240. 125 9 103
La numéro : 60 ovàkm
Oa s'abonne sans (nia daIII
tons les bureaux de posta.
te
L'émancipation progressive
de nos Colonies
(Suiie)
L'Assemblée constituante oomplèta le 15
luin 1791 la loi du 8 mars 1790 et règla
l'organisation des Colonies en mettant pour
la première fois en évidence leur caractère
de groupement social, de sociétés au sens
propre du mot ayant leurs intérêts pariicu-
liers et étant susceptibles d'en «feli^ oérer. Il
fut donc créé une organisation, un gouver-
nement des tribunaux où les représentants
locaux avaient accès ou voix consultative.
Nous ne pouvons malheureusement nous at-
tarder à ces dispositions car elles furent
éphémères. , ,
- Le grand mouvement reVOIUUUlWiAUG
d'égalité humaine renversa ces bases qui re-
présentaient cependant un progrès considé.
rable sur l'état de choses antérieur et la
Constitution de fructidor de l'an V donna
la même constitution aux Colonies qu au
territoire métropolitain. Par une série de
dispositions les Colonies devinrent de ^peti-
tes républiques se gouvernant elles-mêmes. 1
Malheureusement une autonomie, une au-
torité si grande, remplaçant subitement une
étroite sujétion, ne pouvait réussir. Rien
n'était préparé pour recevoir un tel don.
Les collectivités coloniales composées de co-
lons européens, d'hommes de couleurs la plu-
part indigènes et d'esclaves indigènes, for-
maient des groupes hétérogènes, en partie
sans culture, sans unité de pensée, sans ten-
dance à l'action collective. La semence mer-
veilleuse de la liberté ne pouvait germer sur
cette terre encore complètement inculte et,
en raison des troubles qui survinrent, il fal-
lut bientôt renoncer à des principes aussi li-
béraux.
La Constitution de l'An VlU disposa
alors que le régime des Colonies devrait faire'
l'objet de lois particulières. C'était la re-
nonciation au système de l'assimilation com-
plète comportant pour les Colonies des insti-
tutions absolument calquées sur celles de la
Métropole.
Cependant cet essai eut pour effet bien-
faisant de semer les idées nouvelles dans nos
possessions d'outre-mer, de créer le courant
d'idées nécessaire à l'éclosion de la nou-
velle société coloniale et l'époque où ces ter-
ritoires lointains allaient prendre conscience
M ia&rêts
illfrimes n'était pitis très éloignée. ':'. -. :
Dè i9t4 i ig48, des lois, ordonnances et
règlements furent promutgués en vue de
créer la constitution des Coromes sur lès ba-
ses que nous allons examifter plus loin et qui
montrent que d¿jà certaines organisations
spécifiquement coloniales bénéficiaient d'am-
ples facultés d'initiative.
Signalons auparavant le grand mouve-
ment de liberté qui traversa la France en
18 10. Il eut de grandes répercussions aux
Colonies et donna lieu à l'intérieur de cel-
les-ci à de grandes manifestations en faveur
des idées libérales. De ce fait un revire-
ment se produisit et de la politique restric-
tive suivie depuis la Restauration on passa
à des mesures tendant à conférer une cer-
taine autorité aux organisations coloniales :
ce fut la première Charte des Colonies.
Un peu avant la Révolution de 1848 la
constitution des. Colonies était la suivante :
A la Guadeloupe, à la Réunion et a la
Martinique était un Gouverneur nommé
par la Métropole ; mais à côté existait un
Conseil Colonial composé de membres élus
pour cinq ans par des citoyens nés ou domi-
ciliés dans la Colonie, payant un cens ou
justifiant de propriétés mobilières ou im-
mobilières importantes ; enfin auprès du
gouvernement de la Métropole existaient des
délégués nommés par le Conseil Colonial.
Bien que tbus les attributs du pouvoir et
de l'action administrative fussent dévolus
au Gouvernement y compris le droit de con-
voquer, de proroger, de dissoudre et de cons.
tituer un nouveau Conseil Colonial, celui-ci
avait des attributions assez importantes. Il
donnait notamment son avis sur 1 organisa-
tion administrative de la Colonie, sur la
police de la presse, sur l'instruction publi-
que, sur l'organisation et le service, des mi-
lices, sur les conditions et les formes des af-
franchissements et sur les recensements, sur
les améliorations à introduire dans la condi-
tion des personnes non libres, sur les dispo-
sitions pénales applicables à ces personnes,
enfin sur l'acceptation des dons et legs aux
Etablissements publics.
Le Conseil Colonial, sur i imnauve uu
Gouverneur toutefois, avait enfin la préro-
gative de statuer sur les matières non rése.
vées aux lois de l'Etat et aux ordonnances
royales, il avait également le privilège de
voter et de discuter le budget de la Colo-
nie sous réserve de l'approbation du roi, il
pouvait enfin donner un avis sur les dépen-
ses militaires à la charge de l'Etat et for-
muler ses vœux sur les objets intéressants la
Colonie soit par une adresse au roi ou un
mémoire au gouverneur.
Enfin les délégués des Conseils Coloniaux
avaient pour mission de donner à Paris au
Gouvernement, les renseignements relatifs
aux intérêts généraux de la Colonie et de
suivre auprès des Ministres la réalisation des
délibérations et des vœux des conseils colo-
niaux.,,
L'influence de ces délégués était counuc-
rable et en réalisant un lien. direct entre la
- - mot dP,
--.
combattre, àl occasion, farbitraire du Gou-
verneur et les exactions dé ses représen-
tants. Déjà le monde colonial commençait
en 1847 à prendre copscience de son impor-
tance et de ses intérêts collectifs.
Entre les descendants des colons fran-
çais, des indigènes et des anciens affranchis
s'était établie peu à peu une communauté
d'existence qui avait permis, malgré les op-
positions de races et de couleurs encore très
vives, aux intérêts communs à tous de se ré-
vèler et les avait amené par une action persé-
vérante, à ébaucher la nouvelle Société co-
loniale.
Docteur Camille Briquet,
Député,
Ancien Vice-Président de la Commission
de l'Algérie, des Colonies et Protectorats.
Voir les Annalés Coloriâtes du 14 mai 1937.
An Conseil des Ministres
A l'Elysée
Les ministres se sont réunis en Conseil mardi
matin à l'Elysée, sous la présidence de M.
Albert Lebrun, président de la République.
La mission de M. Justin Godart
aux Indes
M. Marius Moutet, ministre des Colonies,
a souligné les excellents résultats de la mission
accomplie par M. Justin Godart, sénateur, an-
cien ministre, dans l'Inde française et en Indo-
chine. Le Conseil s'est associé aux félicitations
adressées par le ministre des Colonies à M.
Justin Godart.
Les 40 heures en Algérie
Sur la proposition de M. Marx Dormoy,
ministre de l'Intérieur, le président de la Répu-
blique a signé 14 décrets fixant I application
de la semaine de 40 heures en Algene et vi-
sant : les industries des cuirs et peaux, les
manutentions dans les ports, les entreprises
d'abatage et de blanchisserie, les industries du
bois et du vêtement, le commerce de détail
autre que les denrées alimentaires, les industries
chimiques, de la verrerie, du livre, du papier,
des textiles, de la métallurgie et du travail des
métaux, les établ issements de finances, de cré-
dit, de changes, d'assurances et d épargne.
et dans la Marine marchande
M. Bedouce, ministre des Travaux publics,
a soumis à la signature du président de la
République un décret préparé par le sous-secré-
taire d'Etat à la Marine marchande et fixant le
fonctionnement de la loi de 40 heures dans la
Marine marchande.
.-–– >«t~~ - ( :
CINSEll D'ADMINISIBADIN
DES COLONIES
Depuis juillet 1936. le Conseil d'adminis-
tration de l'A.E.F. comprend trois membres
indigènes sujets français.
Un décret vient de créer, dans les répons
les plus évoluées de la colonie, - collèp
électoral indigène. Désormais ce co^edfai-
gnera, à l'élection. les trois membres indigè-
nes du Conseil d'administration.
U MISSION DE H. SïHu
EN URlaH DU NORD
Venant du Maroc par lequel il commença
son « inspection de la misère » M. Steeg et
ses collaborateurs sont arrivés vendredi à
Alger.
La veille, le Gouverneur général Le Beau
était parti pour Oran où il accueilli son émi-
nent prédécesseur. Dam ces deux villes, Oran
et Alger, des réceptions eurent heu. A la pres-
se M. Steeg exposa les buts de sa mission,
soulignant qu'il ne saurait être gestion de
plan universel, de vastes solutions, d entrepri-
ses grandiOses.
« La misère est là, ce sont les nusereux
qu'il faut secourir. Comment ? Par des sub-
ventions, des distributions, et surtout des tra-
vaux, des travaux modestes mais utiles et qui
devront répondre à un double but : servir aux
travailleurs et améliorer les conditions d exis-
tence de la population. »
La journée de samedi a été consacrée aux
prises de contacts avec les principaux chefs de
service. Dans la matinée M. Steeg est allé
s'incliner devant le Monument aux Morts.
Accompagné de M. Le Beau, Gouverneur
général, M. Steeg et ses collaborateurs sont
partis lundi soir pour Constantine. Ils ont pas-
sé dans la région les journées de mardi et mer-
credi, visitant les œuvres de secours. -
Enfin, avant-hier, quittant l'Algérie, M.
Steeg est passé en Tunisie où M. Guillon,
Résident général, l'attendait à la frontière. En
sa compagnie il a gagné Tunis et, hier, r an-
cien Président du Conseil a procédé à de
nombreux échanges de vues avec les person-
nalités tunisiennes puis il fut reçu en audience
solennelle par le Bey et alla s'incliner devant
le Monument aux Morts.
L'après-midi, M. Steeg et le Résident ké.
néral ont visité la communauté Israélite et la
société de bienfaisance musulmane.
-, a), (
1 Alerte à l'indoohine
Par suite dit marasme des affaire': de riz,
20 rizeries - viennent de fermer ate Siatn.
Comment construire
-' l'Empire
L~0I
n nous accuse souvent
de critiquer, sans nous
lasser, de « trouver
toujours à redire b,
d'être pessimistes, et
de rarement applaudir
à l'admiratfoa mutuel-
le ou aux cUscourL
Nous neMOMMt
pas effectivement, de la tribu des Beni-oul-oul.
L'équipe des Annales Coloniales a un autre point
de vue que celui des métropolitains. Elle a, iga-
lement, un point de vue différent de celui de
l'Administration.
Bientôt quatre années de lutte, dans ce jour-
nal, quel qu'ait été le gouvernement au pouvoir-
Bientôt quatre années que nous avons exposé,
éparse dans les colonnes de ce journal, au jour
le jour, une doctrine constructive. Nous savons
bien, et nous l'écrivons , que le ministre des
Colonies, n'est pas maître du gouvernemedtet
qu'il compte trois adversaires puissants, au Com-
merce. à l'Agriculture, aux Finances. Mals,
- -. - ..11_ _11
pour créer enfin la colonisation, ne aupose-t-
d'aucune Influence ? Nous avons vu, dimanche,
qu'un homme avait tué son frêre, pour une his-
toire de vinaigrette non préparée; Ces deux frèreS
étaient chômeurs, d'une façon quasi pemanenU
depuis près de six ans : ils avaient cependant
depuis six ans l'habitude de s'enivrer DiMn-
dle, neuf litres de vin rouge, deux de blanc.
deux de bière 1 Les allocations de chamge sont
des bienfaitrices, parfois, quand eUes soat attri-
buées, avec: discernement. Mals, .., plus souvent.
elles sont tmmorales, et génératrices de tous les
vices. Nous entretenons à ne rien L*e une arndç
deaars solides, qui non seulement prennent goat
--'- I_----&. -- ait.
à ce maquereautage idéal, mais RIVII" K~* --
la génération qu'Hs enfantent, toutes les tares
de la paresse, de l'alcoolisme, du droit du « tra-
vailleur » à vivre aux crochets de la société.
Nous avions demandé qu'au lieu d'entretenir
ces padaits exécutants de bagarres politi..
ques, le chômage envisageât de distraire une par-
tie de ces fonds pour diriger ses séides vers lu
terres en friche. La campagne, en France, déser
teese meurt. 11 Y a des colonies où la c colOftl.
satlon », minutieusement entreprise, et encadrée
avec discipline et conscience, apporteralt eafiD la
vie. Nous avions soumis un plan, nOUS avons ell
l'intime satisfaction de le voir en partie en Pra-
tique chez les Belges.
Nous sommes rivolutionnaires. Mats dans le
cadre humain, suivant les possibUitis mentalel
et culturelles de chacun. La destruction ne pro-
fite jamais au destructeur. D est toujours inCA-
pable de reconstruire, parce qu il ne
que de l'attente de l'acte, non Pu de celui-d. B
lui faut donc entretenir ses parteans, et eviUr
qu'ils toisent la tirelire de.la^urtt 8 ttee
biement ses1 mi nous
- .,., L. A ~Mmti Mes
La réaltte idéales sO ons Es D'on t pas
proposent leurf icWales 501üti'ollS.OS o'ontpas.
vécu, souvent, avec le peupl^n?
v""penaà«rtâ Iguerie, - Jorsqu di MéWlcrimÙW i
le déchiquetait sur une terre fumée au singe R -
utilisent de grandes formules, nées au bistrot,
rôdées à la tribune de toutes les réunions élec-
torales. Slogans insensés, avec quoi le peuple
aveugle marche aux barricades.
Comme si l'étranger ne guettait à nos portes
l'instant de pratiquer, comme en Espagne, sui-
vant ses tendances, la politique de l'intervention.
Deux extrémismes s'affrontent, et se livrent en
Espagne à une lutte mortelle. Le champ de ba-
taille sera demain agrandi, par l'adjonction de la
France.
* *
Et l'Empire ?
Après vingt ans de reportageàtravers le
monde, de la Russie au Congo, des Balkans a ia
Norvège, il est permis au signataire de ces lignes
d'exprimer ses craintes. Autant nous avons ap-
plSTu grand geste de la libération wdale, à
la faculté donnée à chacun de s'élever et de jouir
de l'existence, sans qu elle soit désormais pour
lui, comme naguère, la sombre cellule d'un
condamné, autant nous
frayé de l'usage que font de nos théories socia-
les certains de nos sujets d'outre-mer. ~n
Nous avons donc, une nouvelle tois, m unblianwlan
à dresser, un exposé à faire, un plan à proposer.
Nous commençons aujourd'hui la publication
d'une étude c Comment construire l'EmPire
Nos lecteurs diront, l'ayant lue si nous som-
mes des négatifs, et qui, de nous ou de certains,
entendent mettre de l'ordre dans une maison
que, à aucun moment de son histoire. la Na.
tion n'a étudiée, comprise, et aidée.
Raoul Monmar.
Mort de M. Émile Sari
Délégué élu de l'Océanie
au Conseil supérieur
de la France d'outre-mer
M. Emile Sari, sénateur, maire de Bastia,
est décédé dans cette ville avant-hier.
M. Emile Sari était né à Bastia le 28 oc
tobre 1876. Docteur en médecine, il fut gélu
maire et conseiller général de Bastia en 1915,
sénateur en 1921. Inscrit. au groupe de la gau-
che démocratique, radicale, et radicale-socia-
liste, M. Sari s'intéressa surtout aux ques-
tions de ifnances départementales et commu-
nales, de marine marchande et de réforme ad-
ministrative. Il. était membre de là commis
sion de la marine et de la commission sénato-
riale d'administration générale.
_.0 -. u.- L .J.d~
Elu au début de cette année, UÇ¡"'&' -
l'Océanie au Conseil supérieur de la F mce
d'outre-mer. M. San était
et énergiquement intervenu au sujet des aftaires
scandaleuses que les Anna* Cohnmles
n'avaient cessé de dénoncer. Il s'était vive-
ment intéressé au sort de notre possession loin-
taine, trop négligée ces dernieres aimées, tous
les Français d'Ckian.e regretteront sa dispa-
rition prématurée..
De nouvelles élections devront avoir lieu a
Tahiti dans cinq m'*ois. 'RappeIQns que des
élections supplémentaires avaient détaxe né-
cessitées en 1932;par la mort du-délégué M.
Lemaira. -
Le réseau d'irrigation
de la région de Vinh
a été inauguré
par s. M. l'Empereur d'Annam
et le gouverneur général Brevie
En, présence de S. M. l'Empereur d'An-
nam, le gouverneur général Brevié, accom-
pagné de M. Nouailhetas, secrétaire général
du gouvernement général, ainsi que des Rési-
dents supérieurs en Annam et au Tonkin, des
ministres de la Cour et de nombreuses per-
sonnalités, des chefs de services, des mem-
bres des Assemblées élues françaises et indi-
gènes a inauguré le réseau d'irrigation du
nord de Nghe An près de Vinh.
Ce réseau comporte un ouvrage principal,
magnifinue - barrage, construit en travers du
cours du Song-Ca, 228 kilomètres d'artères,
dont 500 mètres en tunnells, e tplus de 380
kilomètres d'artérioles. Il permettra à une ré-
gion de 35.000 hectares environ de faire deux
récoltes de riz annuelles. :
- La production du riz, soumise jusqu'a pré-
sent à de nombreux aléas, dont le plus grave
était la sécheresse, passera en moyenne de
39.000 tonnes à 112.000 par an, résolvant ain;.
si le problème de la sous-alimentation, dans
une des régions les plus peuplées du nord
Annam.
Le coût des travaux effectués a été de 4 mil.
lions 500.000 l pris sur le fonds d'emprunt.
(45.000.000 de francs sur lesquels 3.150.000 f
d'argent frais, soit 48 des dépenses enga.
gées sont restées dans la province sous forme
de salaires).
La réalisation des travaux a demandé cinq
ans.
Le Gouverneur général qui avait quitté
Hanoi le 1* juin au soir par voie ferrée a
rencontré en gare de Phu-Dien, au nord de
Viny, S. M. Bao-Dai, venue de Hué avec le
Résident supérieur d'Annam. Le cortège a
gagné en automobile, le grand barrage de
Do-Luong. Une foule énorme de cultivateurs
était accourue de toute la région. Des dis-
cours ont été prononcés par le Résident su.
périeur Graffueil, un membre de la Chambre
des représentants du peuple d'Annam et S. E.
Neuyen Khoaky, ministre de l'Economie ru-
rale à la Cour de Hué, M. Gassier, inspec-
teur général des Travaux publics a montré
ensuite la grandeur de l'œuvre accomplie et
les difficultés que les ingénieurs, les entrepre-
neurs et les travailleurs ont eu à surmonter
pour réaliser cette œuvre qui fait honneur à
la technique française.
Le Gouverneur général, après avoir ouvert
la vanne du barrage, a visité, en compagnie
de l'Empereur quelques-uns des plus im-
portants ouvrages d'art. Puis il a regagné
Vinh d'où avec S. M. Bao-Dai il s'est rendu
à Hué. ̃
Il a visité, en descendant vers le sud, les
provinoes entières de l'Annam.
l"~v.-:-,-:~-,:~- fi o. '- '.0 -
lin Confié AigtriH.o.F.
Création il Ataw ;
d'un Institut de Recherches Sahariennes
La Commission des relations culturelles du
Comité Algérie-A. O. F. s'est réunie pour la
première fois le 2 juin, sous la présidence
de M. le Recteur Hardy.
Après avoir entendu un exposé du prési-
dent Morard sur la nécessité de poursuivre
la prospection méthodique et scientifique des
régions sahariennes, y compris celle de la
haute boucle du Niger, l'assemblée s'est pro-
noncée à l'unanimité en faveur de la créa-
tion d'un Institut de Recherches Sahariennes
ayant son siège à Alger, rattaché à l'Uni.
versité et chargé de promouvoir l'exploration
des territoires sahariens dans les différentes
disciplines. La création, décidée dans son
principe, sera soumise au Conseil de l'Uni-
versité. puis à l'approbation du ministre.
Après une discussion à laquelle prirent pan
notamment MM. les professeurs Maire, le
Docteur Sergent, de Peyerimhoff, auteur du
premier projet de 1929, M. le doyen Rouyer
et le général Meynier, directeur du Comité
Algérie-A. O. F,, il a été décidé que le nou-
vel Institut, dès sa création, entrerait en rela.
tions suivies avec les grandes institutions
scientifiques de la Métropole (Académie des
Sciences, Muséum d'Histoire Naturelle, Aca-
démie des Sciences coloniales) et avec les
organismes analogues des possessions françai-
ses, notamment 1 Institut Français de l'Afri-
que Noire récemment créé à Dakar par un
arrêté du gouverneur général.
Enfin, il a été procédé à un premier
échange de vues sur le programme de travail
qui peut être donné à une mission scientifi-
que et technique chargée d'aller reconnaitre
que et technique clha ; Fiége er, en vue de l'ins-
fa haute boucle du Niger, en vue de 1 ins-
tallation de colons algériens sur des territoi-
res que M. le gouverneur général de Coppet
a bien voulu mettre à la disposition du peu-
plement algérien.
a .t. E
ET LA FRANCE ?
.ABSENTE
Une Conférence Internationale de la baleine
vient de se terminer à Londres.
Un accord général' réglementant la pêche et
l'exploitation de la baleine a été signé entre
les représentants des nations suivantes : Afri-
que du Sud, Etats-Unis, Argentine, Australie,
Allemagne, Grande-Bretagne, Irlande du Nord,
Etat libre d'Irlande, Nouvelle-Zélande et
Norvège.
Le Canada et le Portugal n étaient représen-
tés à la conférence que par des observateurs.
Cet accord entrera en vigueur le I" juillet.
Nous pourrons marquer notre surprise, en
constatant que la France n'était pas présence à
cette conférence. Elle compte, cependant, aux
Kerguelen et au Gabon, deux zones importantes
de chasse à la baleine.
L'invitation a-t-elle été faite, et négligée?
Ou a-t-on considéré qu'il valait mieux ne point
tenir compte de nos ressources ?
) e.. (
;' Honorariat
M. Benazet. ancien directeur des Affaim
politiques, a été,. nommé directeur hooofajjfc ocî
Services oublics chérifieos.
,
Propagande, propagande !
Sous la signature Fayet, que non avouons
à notre honte ne point connaître, Outre-Mer
publie (nO 1, mars) le procès de la propagande
coloniale. L'auteur oiae à l'idée-force. Il tran-
che ex- abrupto, aCec une audace et une aévé-
rité qui sont loin de now. déplaire.
Cependant, - celles-ci nous plaisent seulement
lornu'ellei sont utilisées a bon escient. Nous
marquerons à M. Fayet une certaine humeur
de sa méconnaissance absolue de la Presse
coloniale. Nous nous trouvons allègrement qua-
lifiés de journaux « confidentiels », et qui
n'ont pas l'oreille du grand public. Quant aux
photOl, que M. Fayet « voit quelquefois »,
elles sont « dénuées - d intérêt, inactuelles,
oieilles, mal pmea, et souvent erronées ».
De telles inepties, qu'une simple documenta-
tion antérieure a cet écrit eût corrigées, suffi-
sent à classer leur auteur. M. Fayet ne mérite-
rait d'être jugé que par cette unique citation,
s'il ne nous donnait l'occasion de déplorer
avec lui la parfaite difficulté que la Presse
coloniale éprouve à subsister. Nous ne préten-
dons point qu'elle soit uniquement publiée par
des idéalistes, alors que l'Empire est en lui-
même un idéal. Cependant nous osons préten-
dre que pour notre satisfaction personnelle, en
dehors des milieux coloniaux, notre journal est
très largement diffusé. Et à nos frais. Notre
revue le fut plus encore. Nous regretterons que
les Annales Cotoniates, journal ou revue,
n'aient pas trouvé l'adresse de M. Fayet, et
n'aient pas arrêté sa plume, à T instant qu allè-
grement il décochait à l'endroit de nos confrè-
res, et de nous-même, ses injustes traits. ,
La propagande coloniale demeure certes a
organiser. Mais pas de la manière envisagée
par Je collaborateur de Outre-Mer. Il prêche
pour la Radio. Il tombe dans le timbre-prime,
et tente de s'élever avec le timbre-poste. Ce
n'est pas là qu'il faut frapper, mais à l'école
primaire, à cette bonne vieille école commu-
nale, que nous remercions de nous avoir-
naguère 1 éduqué, et qui grava en notre
mémoire à F aide des grosses cartes V itlal-La-
blache l'image de l'empire alors en formation.
La cervelle de l'enfant de six à huit ans
accueillera le grain. L'homme mtir le repous-
sera le jeune homme a d'autres soucis en tête.
Il faut une mystique, une mystique sportive,
celle de l'effort à fournir, des forces à jeter
dam la bagarre, de l'énergie à Jépenser. C'est
par le corps qu'il faut former la génération
coloniale de demain. La beauté de la dépense
! physique, l'orgueil de Véducation à donner, la
~I. jouissance de la solitude, et du danger que I on
mâte, autant d'appels que la carte, et le ciné-
sna scolaire, et b littétàture de geste, appor-
teront à Fenfance: - :
Nt' condamnons pas, comme M. rayer, les
journaux coloniaux 1. Ils nous font à peine vi-
ore, parce* que nous marchons avec eux, sur le
même plein, et que nous ne nous arrêtons pas,
comme eux, de marcher. Le jour où nous stop-
perons, nos créanciers s'accrocheront à nos
misérables oestons. Alors, les « subventions »,
le fric infamant dont, paraît-il nous sommes
si largement gratifié, le prix de nos silences,
de nos louanges, ou de nos colères tôt rentrées,
apparaîtront pour ce qu ils sont. La calomnie
de quelques-uns, et le misérable manteau de
quelques idéalistes, drapes dans ilftruiié,
stopperont en même temps que nous. Notre dis-
parition sera la cause de leur disparition. Ceux
qui travaillent pour une idée, à leurs risques et
périls, et ceux qui vivent de cette idée, appa-
raibont aux yeux des moins avertis. Nous avons
foi en une justice suprême. Et cela a autant
plus que nous n'en percevrons point le bené-
fice. -
? HiiMt mântéraiéeo
Nomination
M. Jean Leblanc, contrôleur civil suppléant
au Maroc, a été nommé secrétaire adjoint du
haut comité méditerranéen.
Autour de la famine
nord-africaine
M. Belime, ran dernier, avait exposé, i
T occasion de lanemblie générale de l Asso-
ciation Colonies-Sciences le plan des irriga-
tions du Niger.
- Hier au soir, à l occasion de la même
manifestation, le général Simon a parlé de le
famine en Afrique du Nord. Son exposé fut
d'un militaire. Un état de fait existe. li ed
identifié. Des remèdes sont enoisagés. Fort
bien. Mais ces remèdes sont des palliatifs.
Qui réalisera la guérison ?
- _a' 1_-
Une discussion ouverte permit a quelques
orateurs d'exposer leurs vues : MM. de War-
ren, Aug. Chevalier, le général de Trentinitm.
le. général. Niessel, le coionel Bernard, M. de
la Motte Saint-Pierre, M. du Vivier de Streel.
Nous écoutions, durant qu'une ardente tor-
nade coloniale s'abattait sur Paris, ce grand
cri de misère qui s'élevait parmi tous ces
hommes qui du Maroc au Congo, du Tonfyn
en Tunisie, ont une expérience locale prolon.
gée. Un orateur a rappelé fort justement les
famines qui, dévastèrent la France, avant que
la pomme de terre fut introduite dans noire
pays. Un autre fit observer que les méthodes
de culture indigènes sont primitives, et sur ce
sujet nous avons publié il y a quelques aemai.
nes une lettre fort précise d'un industriel algé-
rien. L'indigène n'est pas, de plus, prévoyant.
Son mal nous est aujourd' hui plus intimement
connu, parce que nous sommes installés par-
tout, et que le télégraphe, autant que la balail.
le politique, en accusent, en amplifient, en
exposent surabondamment les méfaits. Quels
remèdes ? Il semble que chacun des orateurs,
- 'II. aa" D Il - Ju
ayant exposé le mal, n ait trouve a autre solu-
tion que dans le secours financier de l'Etat, et
dans l'organisation d'un service préventif,
déclenché comme la défense contre le feu, ont
premiers appels des sinistrés.
*
Nous nous étonnerons donc, une nouvelle
fois, de la difficulté que nous avons à consi-
dérer le problème dans son ensemble. Quelle
que soit la difficulté pour l'indigène à adop-
ter, ou à supporter, un régime alimentaire qm
n'est pas « son » régime habituel, Fensemble
du territoire français métropole et. colonies
- regorge de produits alimentaires de toutes
sortes. Des céréales sont entassées dans des si-
los. Pour ne pas « gâcher » les cours, on pré-
fère qu'un peuple crève de faim à côté d'eux.
Il y a, intérieurement, une besogne de salubri-
té publique à f&B~
Ensuite, il y a des peuplades â fixer, a
éduquer lentement. Note comprenons le no-
made, et nous Ilaimm. Mais il lui œrioe Je
payer la rançon de sa magnifique liberté. S'il •
est trop grand seigneur pour se pencher sur la
terre, il n'a pas à se dresser contre la France
parce que. celle-ci, à un point crucial, ne le
nourrit pas suffisamment. Une besogne d'édu-
cation agricole est à entreprendre, avec des
moniteurs « terriens 1). des hommes. de chez
nous qui connaissent la terre, qui l'ont prati-
quée, qui la remuent avec la passion du gagne-
petit économe de ses gros sous. Nous ne de
mandons pas des fonctionnaires, mais des pay-
sans, avec quelques crédits, quelques travaux
d'irrigations, quelques charrues et tquelqtics
herses. Toutes les terres paient, à qui sait leut
donner leur destination, et leur demander de
omduire.
Le bulletin de vote, nous r aoom écrit, est
un luxe imztile, et d'ailleurs stupide, quand
l'unique problème consiste à empêcher l'être
humain de crever de faim.
On s'obstine à ne pas le comprendre, et a
s'agiter autour de ces débats vains et creux.
Lorsque la famine le mot a fait peur à M.
Lamoureux, qui le fit retirer d'un Vceu
succédera à la disette, il sera temps d'alerter
à nouveau - la France.
Comment construire l'Empire
1. L'Empire ! Lequel ?
1
Bâtir l'Empire ? Mais ne l'est-il donc pas ?
Non il est assemblé, ce qui n'est pas
la même chose il est administré et nous v«-
rons comment équipé et nous dirons jusqu'à
quel point colonisé. et nous signalerons dans
quelles conditions.
Avec tout cela il n est pas fait, pas plus que
ne l'est un bâtiment dont on a achevé de mon-
ter t'armature. Il reste à lui donner un style,
une destination et peut-être aussi une ame.
L'Empire c'est un grand mot, mais un grand
mot vide de substance. Ce sera peut-être la
réalité vivante de demain. Par quels moyens.
selon quelles voies et pour quelles fins ? C'est
ce que nous tenterons de dégager pour notre
humble part au cours des études qui vont sui-
vre.
Auparavant déblayons le tetrain. Faisons le
tour de quelques vérités premières.
Qu'est-ce donc cet Empire que I on évoque
si complaisamment aux yeux du public français?
L'homme de ta rue répondra : c'est les Co-
lonies. Mais pourquoi avons-nous des Colonies?
Sans doute parce qu'après les avoir conquises
(quand ? qui? comment ? on l'ignore généra-
lement dans la masse du peuple) nous n éprou-
vons point le besoin de les abandonner. L^es uns
diront que c'est par orgueil national, les auires
par intérêt économique.
par Jacques Eroédis.
Peu importe au surplus. L'essentiel. est que
nous les ayions.
Que faisons-nous aux colonies ?
Ici les avis sont très partagés et sans aller
jusqu'à rendre compte des querelles soulevées
autour de la légitimité ou non de l'entreprise
coloniale, il faut tout au moins connaître les
différents points de vue alimentant la plupart
des polémiques ou des campagnes dont 1 Em-
pire est l'objet. C'est l'utilité même des Colo-
nies qui est en discussion :
A quoi bon des Colonies. disent certains,
puisque nous ne pouvons pas les peupler ?
- Nous avons tout ce qu'il faut chez nom.
Qu'allons-nous chercher ailleurs ? demandent
d autres critiques.
Et enfin cette ultime concession :
- Des Colonies ? Eh bien oui, si vous y
tenez ! Mais nous en avons de trop. Il serait
préférable de concentrer nos efforts sur un do.
maine mieux proportionné à nos moyens.
Voici pour les sceptiques. Mais il y a les
enthousiastes, patriotes sentimentaux et cocar-
diers pour qui l'Empire est un bel album
d'images d'Epinai, sans plus: les Trois Cou-
leurs, la Gvilisation contre la Barbarie, la
Plus Grande France, Nos Frères Noirs, Les
.Cent. Millions d'habitants, La Miuiaa
Humaine.
Ennn il y a les Coloniaux les Français
qui vivent à la Colonie ou qui en vivent qui
n'en parlent guère OU oui es oadent oui. Que
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