Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-05-14
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 mai 1937 14 mai 1937
Description : 1937/05/14 (A38,N30). 1937/05/14 (A38,N30).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265486s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
JOURNAL SElhQUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
1, Rm de h Bonne
- PARIS O
TtfU I RICHELIEU 73-06
(2 âp- F-qg-)
ANNIE. - N' JO.' VENDREDI (13 h. 30) 14 MAI 1937
-.-.
Les Annales Coloniales
Directeur : Raoui MONMARSON
Fondateur: Marcel RUEDEL Directeur: Raoul. MONMARSON
ibonhebents ,
avec la Revue illustres:
UD" 6 Mois 3 Mois
France et
colonies 1801) 100 » 50 »
Etranger.. 240 J 125 » 70»
Le Huméro : 50 eentimes
On s'abonne sans frais dam
tous les bureaux de poste.
,', L'émancipation progressive
", ,',' de nos Colonies I.- -
• Certains hommes dont plusieurs sont uni-
quement animés par des sentiments généreux,
pensent sérieusement à donner à nos colo-
nies une autonomie absolue, une indépen-
dance totale.
Ils oublient qu'avant eux d'autres précur-
seurs ont tenté la même réalisation et que
leur tentative a échoué lamentablement. Si
les hommes de bonne foi relisent l'histoire
coloniale, ils seront convaincus que le même
légime ne peut convenir à toutes les Colo-
nies, que l'évolution de chacun d'elles est
différente et ils verront que pas une seule
des Colonies françaises en particulier ncat
arrivée au stade terminal qui permettra son
émancipation..
Je voudrais en quelques articles voir d'où
elIes sont parties et où elles en sont.
*
̃̃ * «
Lorsque nous considérons actuellement
d'organisation régionale, locale, municipale
de nos Colonies, nous n'imaginons pas que
cette décentralisation progressive, cette délé-
gation de plus en plus poussée de l'autorité
centrale s'est réalisée à une époque très pro-
che de la nôtre.
Depuis le temps où les Colonies n'étaient
encore que de simples terres d'asservisse-
ment, aveuglément soumises aux ordres de
ja Métropole, réservoirs d'hommes et de
produits précieux, une lente évolution s'est
produite due, en partie, à l'initiative même
.L - - -_-_t.
de la mère-patrie que de vastes muuvcwc"
généreux, des courants irrésistibles ont tra-
versé à divers stades de son histoire et dont
les dates sont demeurées comme des étapes
dans la vie de l'humanité 1789, 1830, 1848.
Cette évolution a eu également pour raison
profonde les progrès même réalisés dans les
possessions coloniales, l'effort poursuivi par
les européens en vue de poser les premières
bases d'une représentation et d'une autorité
(locale, enfin l'éducation des peuples indi-
gènes, la fusion de leurs intérêts avec ceux
des anciens maîtres, la notion peu a peu dé-
gagée des nécessités et des avantages d une
,,,,;a,,, é e des
région, d'un groupe, d'une fraction en rai-
son de sa situation maritime, de son expo-
sition, de ses cultures identiques. -
r Ton i M-k-c-e- p m - -pcçuwms-
pousse ces unités en voie de formation a se
choisir des représentants, à les envoyer au.
près du pouvoir local ou régional auquel
elles se trouvent soumises, afin de faire tout-
d'abord de simples suggestions, puis 'd'&tre
régulièrement consultées, enfin de recevoir
une certaine délégation de l'autorité supé-
rieure. Ainsi sont nés peu à peu dans les
Colonies, les Conseils Généraux, les Com-
missions régionales ou municipales et les ré-
cions se sont différenciées, les simples ag-
glomérats de populations sont devenus des
centres urbains, puis des villes ayant leurs
intérêts propres et leur complète individua-
lité.
Par une lente transformation, préexistant
à toute organisation administrative, la com-
mandant même en quelque sorte, s'est éveil.
lé dans nos Colonies un monde social dont
les conquêtes jalonnent les deux derniers siè-
cles.
C'est cette évolution, dans la mesure où
elle s'est traduite en dispositions réglemen-
taires concédant aux organisations locales
une autorité de plus en plus grande, ; que
nous désirons examiner dans son origine et
à ses divers stades.
Pour cela ce n'est pas dans nos posses-
sions d'origine récente que nous devons tout
d'abord diriger nos recherches, mais dans
les Colonies qui au moment de la Réro;;-
tion française étaient les plus importantes :
La Martinique, la Guadeloupe et la 1'
nion.
Avant 1789 toute la puissance de l'admi-
nistration appartenait aux gouveraeurs-heu-
tenants-généraux. Exerçant en fait une véri-
table royauté, ils faisaient édicter les lois
imposées par la Métropole et veillaient a
leur exécution aidés par des intendants aux-
quels était dévolue toute juridiction civile
(ou criminelle.
L'esclavage régnait dans toute son hor-
reur et, comme au temps de la prospérité
romaine, était considéré comme l'élément
essentiel de la richesse et du développement
de nos Colonies.
Celles-ci représentaient au regard de la
Métropole uniquement un moyen de com-
mercer à des conditions plus avantageuses,
aussi le-pacte colonial prévoyait-il que tous
les produits coloniaux étaient réserves a la
Métropole, que la navigation de la Colonie
était le seul apanage du pavillon français et
que le marché colonial était fermé aux pro-
duits étrangers.
A l'aube de la Révolution, les Colonies
étaient seulement des terres d'assujettisse-
ment absolu, sans vie propre, sans représen-
tation. Seuls existaient des conseils appelés,
« souverains » dont les membres uniquement
nommés par le Gouverneur et choisis la plu-
part du temps parmi les Français habitant
la Colonie, appliquaient les lois sous la di-
rection des intendants.
La Révolution devait marquer le point de
départ d^iin èm de-cl**** nouveau. Les ré-
"fortaesr Tmiiiédiatés "et trop brusques qu elle
avait édictées ne pouvaient être maintenues,
s'appliquant à des peuplés demeurés primi-
tifs et soumis jusque là. à la plus duye. cej)-
trainte, mais les principe quelle posa-, et
qui s'exprimèrent, dans l'admirable déclara-
tion des droits de l'homme, demeurèrent. -
La loi du 8 mars 1790 décidait en appli-
cation de ces. principes que les Colonies dé-
sormais parties intégrantes de la France
émettraient des vœux sur leur constitution et
leur législation.
(A suivre)
Docteur Camille Briquet,
Député,
Ancien Vice-Président de la Commission
de l'Algérie, des Colonies et Protectorats.
A la Société des Nations
Le statut du sandjak d'Alexandrette
Le comité d'experts chargé de préparer le
statut et la loi fondamentale du sandjak
d'Alexandrette a achevé 1 examen de certaines
questions essentielles se rapportant au futur sta-
tut, sur la base du projet de 1 expert turc, et
des textes soumis par 1 expert français, M. Ro-
bert de Caix.
Le comité a été saisi d'un projet de loi fon-
damental, présenté par l'expert britannique, et
de certains amendements a ce projet, déposés
par l' expert français,
Plusieurs articles de ce projet ont été, la se-
maine dernière, adoptés en première lecture. Ils
portent, notamment, sur le pouvoir exécutif, le
pouvoir judiciaire et les droits fondamentaux des
citoyens.
D'autre part, 1 expert néerlandais a commu-
nique le résultat des consultations auxquelles il
avait été prié de procéder sur les problèmes
douaniers, monétaires, postal et sur celui des ac-
cords postaux.
Le comité se consacre en ce moment à l'étude
individuelle des textes et à la préparation du
• projet de rapport au Conseil.
Le Comité d'Hygiène
a terminé sa session
Le Comité d'hygiène a tenu sa 25e session
du 26 avril au 1er mai.
Il a discuté et approuvé un plan de travail
triennal, le dernier étant venu à expiration fin
de 1936. Le nouveau plan est en grande partie
la continuation de l' œuvre déjà accomplie par
l'organisation d'hygiène. 11 établit une distinc-
tion entre les activités permanentes (renseigne-
ments épidémiologiques, commissions de standar.
disation biologique, de la lèpre et du paludis-
me, etc.) et celles qui s appliquent a des pro-
blèmes spéciaux (hygiène rurale, habitation, ali-
mentation).
- ) (
M. Marius Moutet
inaugurera après-demain
la foire de Périgueux
M. Marius Moutet, ministre des Colonies,
quittera demain matin Paris ^par la route, pour
k rendre à Périgueux, où il inaugurera après-
demain la Foire-exposition de cette ville, ou la
participation coloniale est assez importante.
Crise de commandement
en A. O. F. ?
L'Agence Prima-Presse communique, à la
date du 11 mai la nouvelle suivante : « Da-
kar Les milieux p-olitiques sont vivement
impressionnés par des nouvelles de Paris,
d'après lesquelles une crise de gouvernement
s'ouvrirait sous peu en A.O.F. entraînant
plusieurs mutations de gouverneurs et de
hauts fonctionnaires, n
Notre confrère s'amuse à peu de frais. Les
« milieux politiques Il de Dakar « vivement
impressionnés » Les divergences de vues,
assez sensibles, entre M. de Coppet, et M.
Geismar, en matière, semble-t-tl jusqu a pré-
sent d'Administration pure, ne doivent tout
de même pas, sous le ciel heureux et bien
renté de Dakar « impressionner » à ce point
les milieux « politiques » !
H. Angoste Chevalier est éla
à l'Académie des Sciences
L'Académie des Sciences a élu, avant-hier,
dans la section de botanique, en remplacement
de M. Costantin, membre titulaire décédé, M.
Auguste Chevalier. professeur d'histoire natu-
relle au Muïéum, qui obtint, au second tour,
33 voix sur 56 votants. M. Paul Guérin obte-
nant 15 voix et M. Henri Colin 7 voix.
Né à Caen, M. Auguste Chevalier était doc-
teur ès sciences en 1901. Directeur du labora-
- - a
toire d'agronomie coloniale au Muséum des
1911, ancien chef de mission d'études des cul-
tures coloniales au ministère des Colonies, le
nouvel élu n'a cessé depuis trente-cinq ans de se
consacrer à l'étude des différentes cultures tro-
picales. Il a accompli de nombreuses missions
dans nos colonies. Depuis 1929, il Occupe, au
Muséum, la chaire de professeur de productions
coloniales d'origine végétale.
Nous ne serions pas les Annales Coloniales
si nous ne disions pas ici combien l'Académie
des Sciences s'honore en appelant à siéger M.
Auguste Chevalier. Ce savant, dont les travaux
font autorité, et feront date, est un de ces nom-
breux grands coloniaux que la France ignore
avec une constante insouciance. Une haute ins-
titution vient de racheter ce que la Métropole a
d'indifférence. Marquons-en notre joie profonde.
La traversée aérienne
I.- de fAtlantique-nord
A liaison aérienne Paris-
New-York passionne à
juste titre le monde
transatlantique, et cela
pour deux raisons :
D'abord à cause de
« l'épreuve » New-York-
Paris, ensuite en raison
du concours ouvert par
le ministère de l'Air
pour les études et les
essais d'une ligne aé-
rienne reliant" la France et l'Amérique du Nord.
L'épreuve New-York-Paris aura-t-elle lieu ? On
peut aujourd'hui se le demander.
On a pu lire récemment dans toute la presse,
la lettre par laquelle l'Aéro-Club National des
Etats-Unis invitait l'Aéro-Club à renoncer à son
projet. La raison invoquée par nos amis améri-
cains a été que l'épreuve était insuffisamment
préparée, que les appareils capables d'accomplir
l'épreuve n'étaient pas au point, et que les acci-
dents qui pouvaient se produire pouvaient provo-
quer un recul dans la réalisation pratique des
transports aériens transatlantiques.
Est-ce le vrai motif ? N'y a-t-il pas des raisons
commerciales et de concurrence venant d'Améri-
que ! ou d'Italie ?
Quoi qu'il en soit la « course » New-York-
Quoi qu'il en soit la « course New-York-
Paris a été organisée officiellement par le minis-
tère de l'Air .: à la clôture des engagements,
c'est-à-dire le 1er mai, il y avait vingt-deux enga-
gés, neuf Italiens, cinq Américainyun Anglais,
six Français (dont trois commandés par le minis-
tère de l'Air), un Allemand.
Il semble difficile désormais de faire macnine
en arrière, c'est le cas de le dire. Pourtant, il
semble bien que le projet soit en « veilleuse »,
alors que l'épreuve est prévue pour le mois
d'août.
Quant au concours en vue de l'organisation
d'un service commercial entre Paris et New-York,
le jury qui s'est réuni le 18 mars a enregistré la
seule offre faite : celle de la Société Air-France
et Cie Générale Transatlantique agissant con-
jointement.
Les études déjà entreprises par le ministère de
l'Air vont être poursuivies, d'accord avec la nou-
velle société.
Déjà la Cie Générale Transatlantique a fait
des études : Des missions officielles ont été fai-
tes l'an dernier autour de notre archipel de Saint
Pierre et Miquelon et se poursuivront entre les
Açores et la côte américaine. -
Disons.. ce propos qu'une mauvaise îmerpre-
tation des accords passés entre le Gouvernement
portugais, l'Allemagne..et l'Angleterre a causé en
Fraoc* une émotion Injustifiée ; .1 e&Aftjta de la
France éUot rés*més a«* Açope» a*
que TAngleterre ou l'Allemagne.
Nous croyons savoir que des dispositions sont
prises pour que le Lieutenant 4I.1tqipeQU-Paris
et le Fflrmén'aaKL'fitel feront .les essais, puissent
amérir dwsil®¥Saint-Pierre,.cet été. ,
Les: études et jes expériences faites notam-
ment par les dirigeables 'allemands qui, 1 été,
font le. service-France-Amérique laissent sup-
poser que le trajet variera suivant les saisons ou
les variations atmosphériques.
Mais il est déjà démontré que pour le trajet le
plus direct, Saint-Pierre et Miquelon jouera un
rôle très important.
Une station météo y fonctionne déjà, et, indé-
pendamment de l'amérissage dans la baie de
Saint-Pierre, les plans d'eau du nord de l'archi-
pel peuvent être facilement et sûrement aména-
gés et cette partie de l'île de Miquelon protégée
à l'est par la grande terre de Terre-Neuve, est
abritée des brumes qui descendent du nord.
A l'avant-garde de l'Amérique, notre petit ar-
chipel français prend ainsi, du point de vue aéro-
nautique, une importance de premier plan.
Michel Geistdoerfer,
Député des CÓtes-du-Nord
Président de la Commission
de la Marine Marchande
Vice-président de la Commission
des Colonies
Nouvelle tension
entré la Syrie et la Palestine
il-Igr Moubarak, évèque Maronite, a pro-
noncé un discours pro-sioniste à la Synago-
gue de Beyrouth.
La presse en est vivement émue. Mais le
Prélat a confirmé ses dires, à Alep. <
Il précise : « J'ai été touché par la récep-
tion enthousiaste et les sentiments exprimés
par les Israélites à l'égard du Patriarche.
Mes paroles sont appuyées sur les accords
intervenus entre le Haut-Commissariat et les
Juifs, qui permet l'accès individuel à chaque
Juif possédant au moins 100.000 francs.
A la suite. de ce discours, la Presse ara-
be de Palestine envisage de boycotter les sta-
tions de villégiature estivale du Liban.
Vers un premier stade
de colonisation juive
à Madagascar
Le 19 janvier nous relevions les déclara-
tions que M. Marius Moutet, avait faites trois
jours auparavant au Petit Parisim. La Fran-
ce affirmait le. ministre des Colonies, n était
pas opposée à l'installation dans certaines
de nos colonies de colons étrangers, fussent-
ils juifs. Et M. Moutet ajoutait que le gou-
vernement, dans une certaine mesure, pour-
rait peut-être soutenir une entreprise de ce
genre.
Ces déclarations firent quelque bruit à
l'époque.
'Le 12 mars, notre collaborateur xienry
Fontanier les reprenait en un éditorial, et
ajoutait que le ministre des Colonies « étu-
diait" un projet de colonisation juive dans
nos colonies.
Mardi dernier, dans le Petit ̃Parisien ont
paru de nouvelles déclarations faites, sur ce
sujet, par M. Marius Moutet à notre confrè-
re Robert Gauthier.
Reproduisons-les, telles que nous les avons
lues :
Les propos du ministre des Colonies ont
éveillé en janvier dernier, dans certains
pays étrangers - et l'on devine aisément
pourquoi - de sensibles échus. Le gouver-
nement de Varsovie y a prêté une particu-
lière attention et une mission d'experts po-
lonais est actuellement en route pour Mada.
guscar ou elle étudiera les possibilités d éta-
blissement d'israélites.
Comme nous l'interrogions sur la por-
tée qu'il convenait d'attribuer à ce voyage,
M. Marius Moutet nous.ci déclaré:
- Le gouvernement polonais nous a de-
mandé s'il nous paraissait possible de per-
mettre l'installation de certains de ses na-
tioriaux - et je pense qu'il sous-entendait
particulièrement les israélites dans nos
possession d'outre-mer. A une demande
ainsi formule, no is avons repondu que
nous ne pourrions y voir qu avantages iL
condition qu'il s'agisse d'entreprises de
colonisation sérieuses, pouvant justifier des
ressources suftisanles et de personnes com-
pétentes pour travailler à une production
essentiellement agricole.
C'est moi-même qui ai suggéré que rien
ne pouvait être faite sans que les Intéresses
nient envoyé des enquêteurs auxquels nous
fournirions tous les techniciens susceptibles
de les aider. Le gouvernement polonais a
alors désigné trois experts que l'amhassa-
deur. M. Lukasiewicz, m'a récemment pré
sentes et dont l'un, je crois, a été délégué
par les organisations JUIves. s'agissait
Je ne leur. ai is caché qu'il s'agissait
d'une entreprise difQcUes et qui ne Púuvuit
commencel que par une expérience por-
tant sllr un nombre restreint de personnes-.
=mmmencet uttenUoo..SUI' les illu.siolis
metre -£hex r-
populations - ùiafheureuses'
J'ai- également inwqtïé .que, si «ioujw-mè-
mes disposions des moyens de soutenir une
telle entreprise, nous fle manquerions pas
de nationaux nous les réclamant et qu il ne
fallait pas compter sur une aide matérielle
que rious ne pouvions *fournir.
En cherchant à favoriser une expérience
de cet ordre nous donnons un témoignage
de notre' libéralisme à l'égard de nations
ne possédant pas d'empire colonial. Mais
cela ne peut laisser croire que nous Pour-
rions autoriser un afflux important de po-
pulations, ce qui serait, polir le moins, pré-
inaturé.
m Nolre pays ne se refuse à aucune colla-
boration de nature à soulage,tde^
hommes. C'est le sens de l'expérience ten-
t°Taer - le gouvemement polonais, je tiC
pouvaIs donc que lui donner tout mon ap-
pui.
Nous posons alors au nvi'S'.re Ih qUl'S-
tion suivante : e été for.
- Et si semblable demande avaité été for-
mulée rur un Etat plus proche de nous -
géographiquement parlant - que la row
gne, la réponse aurait-ellp. été la même !
D La réplique vient, directe :
- Pourquoi pas ? Nous sommes prêts. je
le répète, à toutes les collaborations paci-
Li^ sons la ^ndlfion sine qua non que
le statut politique de nos colonies ou te
oiref sous mandat ne soit pas remis en
Question et qlle l'on ne nous demande Pas
de remanier la carte d'Afrique.
Je n'ai aucune raison de cacher que j'al
été nrpssenti en vue de la constitution de
sociétés économiques franco-allemandes. Les
conversations, ont d'aileurs porté plus sur
le plan technique que sur le plan politique.
Sous les conditions indiquées plus haut.
nous ne nous refusons à aucun accord. J ai
demandé que l'on me «'«mettei des propo-
sitions précises qut seront mises à l'étude.
DnBsles Bueoces ecOnomiQUes
Nous avons annoncé le 7 mai la permutation
en Somali. de M. René Renon, et de M. Yvon
Gouet, trésorier-payeur de cette colonie.
M. Gouet, nommé sous-chef de bureau hors
classe à l'Administration centrale, a été placé
hors cadre et affecté à l'Agence Economique
des Colonies autonomes et des territoires sous
mandat.
La Société allemande pour l'économie mondiale vient de fen"" son
Congre* .à Francfort-sur-le-Mein. Son président est le Dr. Schnee,
ancien gouverneur des Colonies, et qui regrette ptlUÏonnément le para-
dis perdu. Il en a donné, depuis quelques Gnnée., des preuves cons
tantes. -
ll n&st aonc pas sans intérêt de relever, dans son discours, a ce
Congrès,-. ce- passage : c A l'occuion de l'Exposition universelle de
ÏESÏÏ'sLSmI™i*ra fergmiur un congri, relatif? la «Mrtion
d'une collaboration franco-aummnde dam le cadre de l'ivolution éco-
nomiqae, Ce congrù efforcerait de développer, ces tendances. »
Nou, voyons percer le bout de l'oreille. La question,
tion, est 14, cachée sous lu pretextes les plus divers. Le Dr. Schacht
vient à Paris. Il est probable qu'il defforcera de tâter le terrain et notre
degre de riswance.
La qaatiopda matièru premières, ajournée à Genève, va repren-
dre sous une autre&orme celle de collaborations individaeUa, d'en-
j'F.tat a Etat. Par tous les moyens - en attendant sans clout. le
plus tralfÜlue AUemagne rôde autour du Togo et du Cameroun..
Il importe à la France de conserver son dernier gage.
nous est maintenant familier. Nous avons tout abandonne, °*"dass"
rerla paix du monde. Et jamais nous n avons ete pris d. la
guerre. Le Togo et le Cameroun nous sauveraient-ils ? Nous ne sommes
pas-assez lâche. Pour le croire'
INCERMUDE EN SOMALI
La Côte française des. Somalis est depuis
quelques années en vedette. Elle connaît en
ce moment, et cela depuis la guerre italo-
éthiopienne, une prospérité exceptionnelle.
Des coloniaux de' grand mérite, à Paris, ont
constitué un Comité, et se préoccupent de son
avenir. De grandes images romantiques ont
été utilisées à son sujet, pour définir rempla-
cement qu'elle occupe en Mer Rouge : la
France a, elle aussi, sa route des Indes, sans
oublier celle tout - aussi -- importante de Mada-
gascar et de La Réunion.
Mais nous allons avoir à fixer une nouvelle
orientation. jusqu'à présent, Djibouti fut sur-
tout la raison d'être du chemin de fer franco-
éthiopien. Tout le trafic de la voie ferrée et
du port était conditionné par la vitalité des
hauts-plateaùx éthiopiens. Escale historique,
mais non indispensable, Djibouti ne repré-
sente rien pour nos longs courriers indochinois
ou malgaches, que le romantisme du pavillon.
Le port ne joue, actuellement encore à ce
point de vue, aucun rôle de première nécessité.
Eau, charbon, mazout, ou frêt, il n'est pas de
ces escales obligatoires auxquelles on ne peut
se soustraire. De Port-Saïd, les Anglais tou-
chent Aden. Ils ne s'approchent pas, même à
portée de longue vue, de notre côte. Djibouti
dépend donc encore d'Addis-Abeba.
m
* *
Mais Addis-Abeba est maintenant italien-
ne Des craintes nous tenaient en éveil depuis
une année. Les Italiens ne peuvent pas, avec
l'esprit dont ils sont animés, les entreprises
immenses qu'ils mènent à bien, et le tour de
force qu'ils ont réalisé à Massaouah, demeu-
rer sans un grand port. Toutes les suppositions
ont été faites/ Et comme toujours, une solu-
tion n'a pas été envisagée. Le danger n'est
plus seulement pour Djibouti. Il est mainte-
nant pour le chemin de fer même ce qui est
autrement grave : les Italiens renonceraient à
Addis-Abeba, et planteraient le fanion du
Vice-Roi sur une autre capitale. Harrar, ou
Dessié ? Le choix ne saurait tarder.
L'Italie a intérêt, en effet, à ne pas laisser
s'enferrer sur Addis-Abeba ses compatriotes,
leurs capitaux, et les industries qu'ils ne man-
queront pas d'y créer. Il est préférable de di-
riger de suite vers la nouvelle capitale de la
colonie tous les éléments qui en assureront la
prospérité. Il semble que Dessié doive l'em-
porter. A l'altitude exagérée d'Addis-Abeba,
et à son aspect désertique, Dessié oppose an
- paysage de moindre altitude, temperé et gras .-
lacs, torrents, prairies, masses d'arbres. En-
suite déjà,.une route ..carrossable relie Dessié
sw * la mer Rouge, qui deviendrait
alors le grand port italien. Les travaux vien-
nent de commencer. Un crédit de 70 millions
de livres leur est accordé dans le nouveau bud-
get du Ministère de l'Afrique Orientale. Il
semble donc que Rome ait déjà jeté les dés.
Le chemin de fer franco-éthiopien risque de
n'être plus bientôt qu'une voie tout à fait se-
condaire, dont on peut se demander si son
trafic pourra à F avenir payer son entretien.
Djibouti, dans ces conditions, après la
poussée d'une fièvre heureuse, retomberait
dans sa torpeur moite.
Avons-nous une idée à son sujet afin
qu'elle ne périsse point ?
A L'AIDE DU PEUPLE ESPAGNOL
EN AlGÉRIE
Sous l'égide du Front populaire il vient
de se fonder à Alger un Comité algérien
d'aide au peuple espagnol dans lequel figu-
re nombre de personnalités marquantes des
partis politiques de gauche et indigènes sym-
pathisants.
Une journée de collecte sera prochaine-
ment. organisée.
Loger l'Indigène
Nous avons déjà eu l'occasion, le mois der-
nier, de prendre à notre confrère d'Alger, Tra-
vaux Nord-Africains, la lettre d'un industriel
de Bougie, M. Margot, lui avait écrite à pro-
pos du manque d'outillage de l'indigène pour
cultiver la terre.
Voici aujourd'hui un autre lecteur de notre
confrère, M. René Famin, qui lui écrit (Tra-
vaux Nord-Africains, 7 mai) à propos de
l'habitation indigène :
Dans votre numéro du 30 avril. M. Jules
Rouanct, étudiant le problème de 1 habitat
indigène arrive à cette conclusion que
l'heure est venue d'aborder le problème en
cessant les discussions d'académisme admi-
nistratif et en entrant, si l'on veut une solu-
tion, dans la réalisation objective.
Je suis parfaitement de son avis ; il faut
faire quelque chose et le plus rapidement
possible. Mais parmi toutes les suggestions
proposées, et celles de Mme Sceliès-Mi'llic
sont des meilleures, je ne vois pas figurer
celle qui consisterait à exécuter un projet
d'habitat indigène rural par l'intermédiaire
des agriculteurs européens.
Je m'explique : dans la plupart des pro-
priétés algériennes, les ouvriers indigènes
sont logés dans des maisonnettes faites en
roseaux et en pisé. Le moindre confort en
est totalement banni. Ne pourrait-on pas
engager ces propriétaires ruraux à amélio-
rer l'habitat de leurs ouvriers, en offrant
une subvention à tous ceux qui accepte-
raient de construire des logements nou-
veaux. plus confortables et plus salubres -
Ces logements devraient être édifiés sur
des lopins de terre dont l'ouvrier aurait la
jouissance et sur lesquels il pourrait culti-
ver des légumes et faire un élevage appro-
prié à ses besoins. Cela augmenterait consi-
dérablement ses ressources nutritives et
contr'buer, -iit, par là même, à 1 améliora-
tion de la race.
Je suis persuadé qu'une tplle mesure re-
cueillerait de nombreuses adhésions. J ajou-
terai que des concours annuels de maisons
et jardins provoqueraient chez les proprié-
taires une certaine émulation qui. un peu
de publicité aidant, contribuerait à faire de
nouveaux adeptes.
La mise à exécution anrait I avantage de
coûter peu à l'Etat, de répartir sur tous les
territoires ruraux de l'Algérie du travail
pour les maçons et leurs aides, et aussi de
contribuer à l'amélioration des relations
patronales et ouvrières, ce qui, a 1 heure
actuelle, ne serait pas à dédaigner.
Les observations de M. Famin sont parfai-
tement justifiées. Au lieu de faire du projet
Viollette un tremplin politique, et de dépenser
autour de cette vaste machine de guerre des
trésors d'intelligence, d'activité et de subtilité,
Européens et Indigènes se montreraient bien
plus humains, bien plus sociaux, bien plus
Madenx Je la miaétaMe. .Nom. «Ndàweue
de leur prochain, en s'occupant de le nouttu , -
de le vêtir, de le loger, de le soigner.
Nous ne comprenons la politique que com- v..»
me un jeu de peuples forts. Encore qu'elle
les désagrège rapidement. Ces oaines joutes de
l'esprit, négatives, et dont le scepticisme et le
calcul rongent tout Vidéal qu elles pourraient
porter en elles, ne sont pas valables pour des
pays où l'homme n'a pas encore été élevé à
un niveau - social normal.
Nous voudrions voir MM. Ferhat Abbas,
Lamide Lamoudi et combien d autres !
abandonner un peu la bataille politique à la-
quelle ils consacrent toute leur intelligence, et
tout leur temps, et s'occuper un peu du sort
de leurs compatriotes moins fortunés qu'eux.
Où sont les revendications qu'ils exposent en
leur faveur? Demandent-ils des charrues, des
semences, des matériaux de construction, des
médicaments ? Ils ne demandent que le droit
de vote, et un peu de justice. Comme si ces
conquêtes morales empêchaient les gens de
crever de misère, et leur assuraient une maté-
rialité normale !
Remercions notre confrère d'Alger, et ses
correspondants, d'être plus près de la charité
et de la bonté humaines. La presse technique,
loin de la chimère politique, donne ainsi la
preuve de son intérêt à la condition (Ù
l'homme, et de son cœur.
1 Un Député pour l'Indochine ? - Non
Un - Se>*nateur ? - Oui - Mais pour la Cochinchine
par Guy Desur.
L'Union Indochinoise, rêvée par ce grand
Français : Paul Doumer est. certes, une belle,
très belle conception. Mais combien utopique
encore et combien délicate et, parfois, déce-
vante se révèle chaque jour cette idée de vou-
loir rassembler en un bloc unique des pays dis-
semblables. Ajalbert en a fait la critique dans
son étude magistrale « Les Destinées de l'in-
dochine ». Si nous ne doutons pas de la solidité
du « ciment français » pour agglomérer, ces
cinq pays de l'Union ; nous ne pouvons regret-
ter cependant la défectuosité du travail entre-
pris pour réaliser le rêve de Doumer.
Car c'est autour de la Cochinchine française
que doit s'opérer le phénomène de cristallisation
qui permettra à l'Union de se faire tandis que,
depuis Doumer, on considère cette Union
comme une réalité et on bâtit sur un sable mou-
vaut un splendide édifice. Je m'explique: la
Cochinchine, colonie française, doit disposer-de
toutes ses ressources. C'est de là que le rayon-
nement de la civilisation française doit s étendre
aux divers autres pays indochinois. Il faut faire
rapidement de la Cochinchine un Foyef de
culture française tel. que r Annam, le Tonkin,
le Cambodge y adhèrent et comprennent 1 inté-
rêt qu'ils ont dans cette union. Au lieu de cela
on pompe les forces vives de cette Cochinchnie
française; on néglige sa « francisation » ra-
pide au bénéfice d'une Indochine théorique, et
de pays ayant leur structure propre, qui n a rien
de français. ;
Toutes les difficultés- du problème mdochtj L
nois viennent de là. Lorsque 1 Annam, le Cam-
bodge, le Laos, dans le plein épanouissement
de leur nationalité. voudront jouer leur rôle pro-
pre, on s'apercevra que la Cochinchine co-
lonie française n'exerce plus 1 influence
qu'elle aurait dû normalement exercer ; que ses
populations sont tiraillées par des forces contrai-
res ; que les sacrifices que nous nous sommes im-
posé pendant de siècles ont été vains.
En accordant un député à la Cochinchine, la
France entendait qu'une place fût faite à la
Chambre au représentant d'une colonie fran.
çaise. Ne pouvant, au début de la colonisation,.
accorder le droit civique à toute une population
autochtone non encore assimilée, le Gouverne-
ment de la République n'a permis qu'aux seuls
Français de désigner leur député.
Théoriquement ce député représentait re- ,
présente encore à la Chambre la Cochin-
chine entière. Pratiquement il faut rendre jus-
tice, toutefois, à Ernest Outrey lorsqu'il était
député de la Cochinchine pour avoir su appor-
ter dans l'exercice de son mandat un souci cons-
tant des intérêts généraux des populations autoch-
tl)nes il n'est que l'élu d'un collège élec-
toral spécifiquement français. Il parut donc équi-
table au Département de donner aux Annamites
le droit de se faire représenter, sinon à la
Chambre, au moins au Conseil supérieur des
Colonies par un des leurs.
Pourquoi pas à la Chambre ? - Parce qu'une
Chambre française ne peut avoir, pour un seul
département, un député français, représentant un
Rédaction & Administration :
1, Rm de h Bonne
- PARIS O
TtfU I RICHELIEU 73-06
(2 âp- F-qg-)
ANNIE. - N' JO.' VENDREDI (13 h. 30) 14 MAI 1937
-.-.
Les Annales Coloniales
Directeur : Raoui MONMARSON
Fondateur: Marcel RUEDEL Directeur: Raoul. MONMARSON
ibonhebents ,
avec la Revue illustres:
UD" 6 Mois 3 Mois
France et
colonies 1801) 100 » 50 »
Etranger.. 240 J 125 » 70»
Le Huméro : 50 eentimes
On s'abonne sans frais dam
tous les bureaux de poste.
,', L'émancipation progressive
", ,',' de nos Colonies I.- -
• Certains hommes dont plusieurs sont uni-
quement animés par des sentiments généreux,
pensent sérieusement à donner à nos colo-
nies une autonomie absolue, une indépen-
dance totale.
Ils oublient qu'avant eux d'autres précur-
seurs ont tenté la même réalisation et que
leur tentative a échoué lamentablement. Si
les hommes de bonne foi relisent l'histoire
coloniale, ils seront convaincus que le même
légime ne peut convenir à toutes les Colo-
nies, que l'évolution de chacun d'elles est
différente et ils verront que pas une seule
des Colonies françaises en particulier ncat
arrivée au stade terminal qui permettra son
émancipation..
Je voudrais en quelques articles voir d'où
elIes sont parties et où elles en sont.
*
̃̃ * «
Lorsque nous considérons actuellement
d'organisation régionale, locale, municipale
de nos Colonies, nous n'imaginons pas que
cette décentralisation progressive, cette délé-
gation de plus en plus poussée de l'autorité
centrale s'est réalisée à une époque très pro-
che de la nôtre.
Depuis le temps où les Colonies n'étaient
encore que de simples terres d'asservisse-
ment, aveuglément soumises aux ordres de
ja Métropole, réservoirs d'hommes et de
produits précieux, une lente évolution s'est
produite due, en partie, à l'initiative même
.L - - -_-_t.
de la mère-patrie que de vastes muuvcwc"
généreux, des courants irrésistibles ont tra-
versé à divers stades de son histoire et dont
les dates sont demeurées comme des étapes
dans la vie de l'humanité 1789, 1830, 1848.
Cette évolution a eu également pour raison
profonde les progrès même réalisés dans les
possessions coloniales, l'effort poursuivi par
les européens en vue de poser les premières
bases d'une représentation et d'une autorité
(locale, enfin l'éducation des peuples indi-
gènes, la fusion de leurs intérêts avec ceux
des anciens maîtres, la notion peu a peu dé-
gagée des nécessités et des avantages d une
,,,,;a,,, é e des
région, d'un groupe, d'une fraction en rai-
son de sa situation maritime, de son expo-
sition, de ses cultures identiques. -
r Ton i M-k-c-e- p m - -pcçuwms-
pousse ces unités en voie de formation a se
choisir des représentants, à les envoyer au.
près du pouvoir local ou régional auquel
elles se trouvent soumises, afin de faire tout-
d'abord de simples suggestions, puis 'd'&tre
régulièrement consultées, enfin de recevoir
une certaine délégation de l'autorité supé-
rieure. Ainsi sont nés peu à peu dans les
Colonies, les Conseils Généraux, les Com-
missions régionales ou municipales et les ré-
cions se sont différenciées, les simples ag-
glomérats de populations sont devenus des
centres urbains, puis des villes ayant leurs
intérêts propres et leur complète individua-
lité.
Par une lente transformation, préexistant
à toute organisation administrative, la com-
mandant même en quelque sorte, s'est éveil.
lé dans nos Colonies un monde social dont
les conquêtes jalonnent les deux derniers siè-
cles.
C'est cette évolution, dans la mesure où
elle s'est traduite en dispositions réglemen-
taires concédant aux organisations locales
une autorité de plus en plus grande, ; que
nous désirons examiner dans son origine et
à ses divers stades.
Pour cela ce n'est pas dans nos posses-
sions d'origine récente que nous devons tout
d'abord diriger nos recherches, mais dans
les Colonies qui au moment de la Réro;;-
tion française étaient les plus importantes :
La Martinique, la Guadeloupe et la 1'
nion.
Avant 1789 toute la puissance de l'admi-
nistration appartenait aux gouveraeurs-heu-
tenants-généraux. Exerçant en fait une véri-
table royauté, ils faisaient édicter les lois
imposées par la Métropole et veillaient a
leur exécution aidés par des intendants aux-
quels était dévolue toute juridiction civile
(ou criminelle.
L'esclavage régnait dans toute son hor-
reur et, comme au temps de la prospérité
romaine, était considéré comme l'élément
essentiel de la richesse et du développement
de nos Colonies.
Celles-ci représentaient au regard de la
Métropole uniquement un moyen de com-
mercer à des conditions plus avantageuses,
aussi le-pacte colonial prévoyait-il que tous
les produits coloniaux étaient réserves a la
Métropole, que la navigation de la Colonie
était le seul apanage du pavillon français et
que le marché colonial était fermé aux pro-
duits étrangers.
A l'aube de la Révolution, les Colonies
étaient seulement des terres d'assujettisse-
ment absolu, sans vie propre, sans représen-
tation. Seuls existaient des conseils appelés,
« souverains » dont les membres uniquement
nommés par le Gouverneur et choisis la plu-
part du temps parmi les Français habitant
la Colonie, appliquaient les lois sous la di-
rection des intendants.
La Révolution devait marquer le point de
départ d^iin èm de-cl**** nouveau. Les ré-
"fortaesr Tmiiiédiatés "et trop brusques qu elle
avait édictées ne pouvaient être maintenues,
s'appliquant à des peuplés demeurés primi-
tifs et soumis jusque là. à la plus duye. cej)-
trainte, mais les principe quelle posa-, et
qui s'exprimèrent, dans l'admirable déclara-
tion des droits de l'homme, demeurèrent. -
La loi du 8 mars 1790 décidait en appli-
cation de ces. principes que les Colonies dé-
sormais parties intégrantes de la France
émettraient des vœux sur leur constitution et
leur législation.
(A suivre)
Docteur Camille Briquet,
Député,
Ancien Vice-Président de la Commission
de l'Algérie, des Colonies et Protectorats.
A la Société des Nations
Le statut du sandjak d'Alexandrette
Le comité d'experts chargé de préparer le
statut et la loi fondamentale du sandjak
d'Alexandrette a achevé 1 examen de certaines
questions essentielles se rapportant au futur sta-
tut, sur la base du projet de 1 expert turc, et
des textes soumis par 1 expert français, M. Ro-
bert de Caix.
Le comité a été saisi d'un projet de loi fon-
damental, présenté par l'expert britannique, et
de certains amendements a ce projet, déposés
par l' expert français,
Plusieurs articles de ce projet ont été, la se-
maine dernière, adoptés en première lecture. Ils
portent, notamment, sur le pouvoir exécutif, le
pouvoir judiciaire et les droits fondamentaux des
citoyens.
D'autre part, 1 expert néerlandais a commu-
nique le résultat des consultations auxquelles il
avait été prié de procéder sur les problèmes
douaniers, monétaires, postal et sur celui des ac-
cords postaux.
Le comité se consacre en ce moment à l'étude
individuelle des textes et à la préparation du
• projet de rapport au Conseil.
Le Comité d'Hygiène
a terminé sa session
Le Comité d'hygiène a tenu sa 25e session
du 26 avril au 1er mai.
Il a discuté et approuvé un plan de travail
triennal, le dernier étant venu à expiration fin
de 1936. Le nouveau plan est en grande partie
la continuation de l' œuvre déjà accomplie par
l'organisation d'hygiène. 11 établit une distinc-
tion entre les activités permanentes (renseigne-
ments épidémiologiques, commissions de standar.
disation biologique, de la lèpre et du paludis-
me, etc.) et celles qui s appliquent a des pro-
blèmes spéciaux (hygiène rurale, habitation, ali-
mentation).
- ) (
M. Marius Moutet
inaugurera après-demain
la foire de Périgueux
M. Marius Moutet, ministre des Colonies,
quittera demain matin Paris ^par la route, pour
k rendre à Périgueux, où il inaugurera après-
demain la Foire-exposition de cette ville, ou la
participation coloniale est assez importante.
Crise de commandement
en A. O. F. ?
L'Agence Prima-Presse communique, à la
date du 11 mai la nouvelle suivante : « Da-
kar Les milieux p-olitiques sont vivement
impressionnés par des nouvelles de Paris,
d'après lesquelles une crise de gouvernement
s'ouvrirait sous peu en A.O.F. entraînant
plusieurs mutations de gouverneurs et de
hauts fonctionnaires, n
Notre confrère s'amuse à peu de frais. Les
« milieux politiques Il de Dakar « vivement
impressionnés » Les divergences de vues,
assez sensibles, entre M. de Coppet, et M.
Geismar, en matière, semble-t-tl jusqu a pré-
sent d'Administration pure, ne doivent tout
de même pas, sous le ciel heureux et bien
renté de Dakar « impressionner » à ce point
les milieux « politiques » !
H. Angoste Chevalier est éla
à l'Académie des Sciences
L'Académie des Sciences a élu, avant-hier,
dans la section de botanique, en remplacement
de M. Costantin, membre titulaire décédé, M.
Auguste Chevalier. professeur d'histoire natu-
relle au Muïéum, qui obtint, au second tour,
33 voix sur 56 votants. M. Paul Guérin obte-
nant 15 voix et M. Henri Colin 7 voix.
Né à Caen, M. Auguste Chevalier était doc-
teur ès sciences en 1901. Directeur du labora-
- - a
toire d'agronomie coloniale au Muséum des
1911, ancien chef de mission d'études des cul-
tures coloniales au ministère des Colonies, le
nouvel élu n'a cessé depuis trente-cinq ans de se
consacrer à l'étude des différentes cultures tro-
picales. Il a accompli de nombreuses missions
dans nos colonies. Depuis 1929, il Occupe, au
Muséum, la chaire de professeur de productions
coloniales d'origine végétale.
Nous ne serions pas les Annales Coloniales
si nous ne disions pas ici combien l'Académie
des Sciences s'honore en appelant à siéger M.
Auguste Chevalier. Ce savant, dont les travaux
font autorité, et feront date, est un de ces nom-
breux grands coloniaux que la France ignore
avec une constante insouciance. Une haute ins-
titution vient de racheter ce que la Métropole a
d'indifférence. Marquons-en notre joie profonde.
La traversée aérienne
I.- de fAtlantique-nord
A liaison aérienne Paris-
New-York passionne à
juste titre le monde
transatlantique, et cela
pour deux raisons :
D'abord à cause de
« l'épreuve » New-York-
Paris, ensuite en raison
du concours ouvert par
le ministère de l'Air
pour les études et les
essais d'une ligne aé-
rienne reliant" la France et l'Amérique du Nord.
L'épreuve New-York-Paris aura-t-elle lieu ? On
peut aujourd'hui se le demander.
On a pu lire récemment dans toute la presse,
la lettre par laquelle l'Aéro-Club National des
Etats-Unis invitait l'Aéro-Club à renoncer à son
projet. La raison invoquée par nos amis améri-
cains a été que l'épreuve était insuffisamment
préparée, que les appareils capables d'accomplir
l'épreuve n'étaient pas au point, et que les acci-
dents qui pouvaient se produire pouvaient provo-
quer un recul dans la réalisation pratique des
transports aériens transatlantiques.
Est-ce le vrai motif ? N'y a-t-il pas des raisons
commerciales et de concurrence venant d'Améri-
que ! ou d'Italie ?
Quoi qu'il en soit la « course » New-York-
Quoi qu'il en soit la « course New-York-
Paris a été organisée officiellement par le minis-
tère de l'Air .: à la clôture des engagements,
c'est-à-dire le 1er mai, il y avait vingt-deux enga-
gés, neuf Italiens, cinq Américainyun Anglais,
six Français (dont trois commandés par le minis-
tère de l'Air), un Allemand.
Il semble difficile désormais de faire macnine
en arrière, c'est le cas de le dire. Pourtant, il
semble bien que le projet soit en « veilleuse »,
alors que l'épreuve est prévue pour le mois
d'août.
Quant au concours en vue de l'organisation
d'un service commercial entre Paris et New-York,
le jury qui s'est réuni le 18 mars a enregistré la
seule offre faite : celle de la Société Air-France
et Cie Générale Transatlantique agissant con-
jointement.
Les études déjà entreprises par le ministère de
l'Air vont être poursuivies, d'accord avec la nou-
velle société.
Déjà la Cie Générale Transatlantique a fait
des études : Des missions officielles ont été fai-
tes l'an dernier autour de notre archipel de Saint
Pierre et Miquelon et se poursuivront entre les
Açores et la côte américaine. -
Disons.. ce propos qu'une mauvaise îmerpre-
tation des accords passés entre le Gouvernement
portugais, l'Allemagne..et l'Angleterre a causé en
Fraoc* une émotion Injustifiée ; .1 e&Aftjta de la
France éUot rés*més a«* Açope» a*
que TAngleterre ou l'Allemagne.
Nous croyons savoir que des dispositions sont
prises pour que le Lieutenant 4I.1tqipeQU-Paris
et le Fflrmén'aaKL'fitel feront .les essais, puissent
amérir dwsil®¥Saint-Pierre,.cet été. ,
Les: études et jes expériences faites notam-
ment par les dirigeables 'allemands qui, 1 été,
font le. service-France-Amérique laissent sup-
poser que le trajet variera suivant les saisons ou
les variations atmosphériques.
Mais il est déjà démontré que pour le trajet le
plus direct, Saint-Pierre et Miquelon jouera un
rôle très important.
Une station météo y fonctionne déjà, et, indé-
pendamment de l'amérissage dans la baie de
Saint-Pierre, les plans d'eau du nord de l'archi-
pel peuvent être facilement et sûrement aména-
gés et cette partie de l'île de Miquelon protégée
à l'est par la grande terre de Terre-Neuve, est
abritée des brumes qui descendent du nord.
A l'avant-garde de l'Amérique, notre petit ar-
chipel français prend ainsi, du point de vue aéro-
nautique, une importance de premier plan.
Michel Geistdoerfer,
Député des CÓtes-du-Nord
Président de la Commission
de la Marine Marchande
Vice-président de la Commission
des Colonies
Nouvelle tension
entré la Syrie et la Palestine
il-Igr Moubarak, évèque Maronite, a pro-
noncé un discours pro-sioniste à la Synago-
gue de Beyrouth.
La presse en est vivement émue. Mais le
Prélat a confirmé ses dires, à Alep. <
Il précise : « J'ai été touché par la récep-
tion enthousiaste et les sentiments exprimés
par les Israélites à l'égard du Patriarche.
Mes paroles sont appuyées sur les accords
intervenus entre le Haut-Commissariat et les
Juifs, qui permet l'accès individuel à chaque
Juif possédant au moins 100.000 francs.
A la suite. de ce discours, la Presse ara-
be de Palestine envisage de boycotter les sta-
tions de villégiature estivale du Liban.
Vers un premier stade
de colonisation juive
à Madagascar
Le 19 janvier nous relevions les déclara-
tions que M. Marius Moutet, avait faites trois
jours auparavant au Petit Parisim. La Fran-
ce affirmait le. ministre des Colonies, n était
pas opposée à l'installation dans certaines
de nos colonies de colons étrangers, fussent-
ils juifs. Et M. Moutet ajoutait que le gou-
vernement, dans une certaine mesure, pour-
rait peut-être soutenir une entreprise de ce
genre.
Ces déclarations firent quelque bruit à
l'époque.
'Le 12 mars, notre collaborateur xienry
Fontanier les reprenait en un éditorial, et
ajoutait que le ministre des Colonies « étu-
diait" un projet de colonisation juive dans
nos colonies.
Mardi dernier, dans le Petit ̃Parisien ont
paru de nouvelles déclarations faites, sur ce
sujet, par M. Marius Moutet à notre confrè-
re Robert Gauthier.
Reproduisons-les, telles que nous les avons
lues :
Les propos du ministre des Colonies ont
éveillé en janvier dernier, dans certains
pays étrangers - et l'on devine aisément
pourquoi - de sensibles échus. Le gouver-
nement de Varsovie y a prêté une particu-
lière attention et une mission d'experts po-
lonais est actuellement en route pour Mada.
guscar ou elle étudiera les possibilités d éta-
blissement d'israélites.
Comme nous l'interrogions sur la por-
tée qu'il convenait d'attribuer à ce voyage,
M. Marius Moutet nous.ci déclaré:
- Le gouvernement polonais nous a de-
mandé s'il nous paraissait possible de per-
mettre l'installation de certains de ses na-
tioriaux - et je pense qu'il sous-entendait
particulièrement les israélites dans nos
possession d'outre-mer. A une demande
ainsi formule, no is avons repondu que
nous ne pourrions y voir qu avantages iL
condition qu'il s'agisse d'entreprises de
colonisation sérieuses, pouvant justifier des
ressources suftisanles et de personnes com-
pétentes pour travailler à une production
essentiellement agricole.
C'est moi-même qui ai suggéré que rien
ne pouvait être faite sans que les Intéresses
nient envoyé des enquêteurs auxquels nous
fournirions tous les techniciens susceptibles
de les aider. Le gouvernement polonais a
alors désigné trois experts que l'amhassa-
deur. M. Lukasiewicz, m'a récemment pré
sentes et dont l'un, je crois, a été délégué
par les organisations JUIves. s'agissait
Je ne leur. ai is caché qu'il s'agissait
d'une entreprise difQcUes et qui ne Púuvuit
commencel que par une expérience por-
tant sllr un nombre restreint de personnes-.
=mmmencet uttenUoo..SUI' les illu.siolis
metre -£hex r-
populations - ùiafheureuses'
J'ai- également inwqtïé .que, si «ioujw-mè-
mes disposions des moyens de soutenir une
telle entreprise, nous fle manquerions pas
de nationaux nous les réclamant et qu il ne
fallait pas compter sur une aide matérielle
que rious ne pouvions *fournir.
En cherchant à favoriser une expérience
de cet ordre nous donnons un témoignage
de notre' libéralisme à l'égard de nations
ne possédant pas d'empire colonial. Mais
cela ne peut laisser croire que nous Pour-
rions autoriser un afflux important de po-
pulations, ce qui serait, polir le moins, pré-
inaturé.
m Nolre pays ne se refuse à aucune colla-
boration de nature à soulage,tde^
hommes. C'est le sens de l'expérience ten-
t°Taer - le gouvemement polonais, je tiC
pouvaIs donc que lui donner tout mon ap-
pui.
Nous posons alors au nvi'S'.re Ih qUl'S-
tion suivante : e été for.
- Et si semblable demande avaité été for-
mulée rur un Etat plus proche de nous -
géographiquement parlant - que la row
gne, la réponse aurait-ellp. été la même !
D La réplique vient, directe :
- Pourquoi pas ? Nous sommes prêts. je
le répète, à toutes les collaborations paci-
Li^ sons la ^ndlfion sine qua non que
le statut politique de nos colonies ou te
oiref sous mandat ne soit pas remis en
Question et qlle l'on ne nous demande Pas
de remanier la carte d'Afrique.
Je n'ai aucune raison de cacher que j'al
été nrpssenti en vue de la constitution de
sociétés économiques franco-allemandes. Les
conversations, ont d'aileurs porté plus sur
le plan technique que sur le plan politique.
Sous les conditions indiquées plus haut.
nous ne nous refusons à aucun accord. J ai
demandé que l'on me «'«mettei des propo-
sitions précises qut seront mises à l'étude.
DnBsles Bueoces ecOnomiQUes
Nous avons annoncé le 7 mai la permutation
en Somali. de M. René Renon, et de M. Yvon
Gouet, trésorier-payeur de cette colonie.
M. Gouet, nommé sous-chef de bureau hors
classe à l'Administration centrale, a été placé
hors cadre et affecté à l'Agence Economique
des Colonies autonomes et des territoires sous
mandat.
La Société allemande pour l'économie mondiale vient de fen"" son
Congre* .à Francfort-sur-le-Mein. Son président est le Dr. Schnee,
ancien gouverneur des Colonies, et qui regrette ptlUÏonnément le para-
dis perdu. Il en a donné, depuis quelques Gnnée., des preuves cons
tantes. -
ll n&st aonc pas sans intérêt de relever, dans son discours, a ce
Congrès,-. ce- passage : c A l'occuion de l'Exposition universelle de
ÏESÏÏ'sLSmI™i*ra fergmiur un congri, relatif? la «Mrtion
d'une collaboration franco-aummnde dam le cadre de l'ivolution éco-
nomiqae, Ce congrù efforcerait de développer, ces tendances. »
Nou, voyons percer le bout de l'oreille. La question,
tion, est 14, cachée sous lu pretextes les plus divers. Le Dr. Schacht
vient à Paris. Il est probable qu'il defforcera de tâter le terrain et notre
degre de riswance.
La qaatiopda matièru premières, ajournée à Genève, va repren-
dre sous une autre&orme celle de collaborations individaeUa, d'en-
j'F.tat a Etat. Par tous les moyens - en attendant sans clout. le
plus tralfÜlue AUemagne rôde autour du Togo et du Cameroun..
Il importe à la France de conserver son dernier gage.
nous est maintenant familier. Nous avons tout abandonne, °*"dass"
rerla paix du monde. Et jamais nous n avons ete pris d. la
guerre. Le Togo et le Cameroun nous sauveraient-ils ? Nous ne sommes
pas-assez lâche. Pour le croire'
INCERMUDE EN SOMALI
La Côte française des. Somalis est depuis
quelques années en vedette. Elle connaît en
ce moment, et cela depuis la guerre italo-
éthiopienne, une prospérité exceptionnelle.
Des coloniaux de' grand mérite, à Paris, ont
constitué un Comité, et se préoccupent de son
avenir. De grandes images romantiques ont
été utilisées à son sujet, pour définir rempla-
cement qu'elle occupe en Mer Rouge : la
France a, elle aussi, sa route des Indes, sans
oublier celle tout - aussi -- importante de Mada-
gascar et de La Réunion.
Mais nous allons avoir à fixer une nouvelle
orientation. jusqu'à présent, Djibouti fut sur-
tout la raison d'être du chemin de fer franco-
éthiopien. Tout le trafic de la voie ferrée et
du port était conditionné par la vitalité des
hauts-plateaùx éthiopiens. Escale historique,
mais non indispensable, Djibouti ne repré-
sente rien pour nos longs courriers indochinois
ou malgaches, que le romantisme du pavillon.
Le port ne joue, actuellement encore à ce
point de vue, aucun rôle de première nécessité.
Eau, charbon, mazout, ou frêt, il n'est pas de
ces escales obligatoires auxquelles on ne peut
se soustraire. De Port-Saïd, les Anglais tou-
chent Aden. Ils ne s'approchent pas, même à
portée de longue vue, de notre côte. Djibouti
dépend donc encore d'Addis-Abeba.
m
* *
Mais Addis-Abeba est maintenant italien-
ne Des craintes nous tenaient en éveil depuis
une année. Les Italiens ne peuvent pas, avec
l'esprit dont ils sont animés, les entreprises
immenses qu'ils mènent à bien, et le tour de
force qu'ils ont réalisé à Massaouah, demeu-
rer sans un grand port. Toutes les suppositions
ont été faites/ Et comme toujours, une solu-
tion n'a pas été envisagée. Le danger n'est
plus seulement pour Djibouti. Il est mainte-
nant pour le chemin de fer même ce qui est
autrement grave : les Italiens renonceraient à
Addis-Abeba, et planteraient le fanion du
Vice-Roi sur une autre capitale. Harrar, ou
Dessié ? Le choix ne saurait tarder.
L'Italie a intérêt, en effet, à ne pas laisser
s'enferrer sur Addis-Abeba ses compatriotes,
leurs capitaux, et les industries qu'ils ne man-
queront pas d'y créer. Il est préférable de di-
riger de suite vers la nouvelle capitale de la
colonie tous les éléments qui en assureront la
prospérité. Il semble que Dessié doive l'em-
porter. A l'altitude exagérée d'Addis-Abeba,
et à son aspect désertique, Dessié oppose an
- paysage de moindre altitude, temperé et gras .-
lacs, torrents, prairies, masses d'arbres. En-
suite déjà,.une route ..carrossable relie Dessié
sw * la mer Rouge, qui deviendrait
alors le grand port italien. Les travaux vien-
nent de commencer. Un crédit de 70 millions
de livres leur est accordé dans le nouveau bud-
get du Ministère de l'Afrique Orientale. Il
semble donc que Rome ait déjà jeté les dés.
Le chemin de fer franco-éthiopien risque de
n'être plus bientôt qu'une voie tout à fait se-
condaire, dont on peut se demander si son
trafic pourra à F avenir payer son entretien.
Djibouti, dans ces conditions, après la
poussée d'une fièvre heureuse, retomberait
dans sa torpeur moite.
Avons-nous une idée à son sujet afin
qu'elle ne périsse point ?
A L'AIDE DU PEUPLE ESPAGNOL
EN AlGÉRIE
Sous l'égide du Front populaire il vient
de se fonder à Alger un Comité algérien
d'aide au peuple espagnol dans lequel figu-
re nombre de personnalités marquantes des
partis politiques de gauche et indigènes sym-
pathisants.
Une journée de collecte sera prochaine-
ment. organisée.
Loger l'Indigène
Nous avons déjà eu l'occasion, le mois der-
nier, de prendre à notre confrère d'Alger, Tra-
vaux Nord-Africains, la lettre d'un industriel
de Bougie, M. Margot, lui avait écrite à pro-
pos du manque d'outillage de l'indigène pour
cultiver la terre.
Voici aujourd'hui un autre lecteur de notre
confrère, M. René Famin, qui lui écrit (Tra-
vaux Nord-Africains, 7 mai) à propos de
l'habitation indigène :
Dans votre numéro du 30 avril. M. Jules
Rouanct, étudiant le problème de 1 habitat
indigène arrive à cette conclusion que
l'heure est venue d'aborder le problème en
cessant les discussions d'académisme admi-
nistratif et en entrant, si l'on veut une solu-
tion, dans la réalisation objective.
Je suis parfaitement de son avis ; il faut
faire quelque chose et le plus rapidement
possible. Mais parmi toutes les suggestions
proposées, et celles de Mme Sceliès-Mi'llic
sont des meilleures, je ne vois pas figurer
celle qui consisterait à exécuter un projet
d'habitat indigène rural par l'intermédiaire
des agriculteurs européens.
Je m'explique : dans la plupart des pro-
priétés algériennes, les ouvriers indigènes
sont logés dans des maisonnettes faites en
roseaux et en pisé. Le moindre confort en
est totalement banni. Ne pourrait-on pas
engager ces propriétaires ruraux à amélio-
rer l'habitat de leurs ouvriers, en offrant
une subvention à tous ceux qui accepte-
raient de construire des logements nou-
veaux. plus confortables et plus salubres -
Ces logements devraient être édifiés sur
des lopins de terre dont l'ouvrier aurait la
jouissance et sur lesquels il pourrait culti-
ver des légumes et faire un élevage appro-
prié à ses besoins. Cela augmenterait consi-
dérablement ses ressources nutritives et
contr'buer, -iit, par là même, à 1 améliora-
tion de la race.
Je suis persuadé qu'une tplle mesure re-
cueillerait de nombreuses adhésions. J ajou-
terai que des concours annuels de maisons
et jardins provoqueraient chez les proprié-
taires une certaine émulation qui. un peu
de publicité aidant, contribuerait à faire de
nouveaux adeptes.
La mise à exécution anrait I avantage de
coûter peu à l'Etat, de répartir sur tous les
territoires ruraux de l'Algérie du travail
pour les maçons et leurs aides, et aussi de
contribuer à l'amélioration des relations
patronales et ouvrières, ce qui, a 1 heure
actuelle, ne serait pas à dédaigner.
Les observations de M. Famin sont parfai-
tement justifiées. Au lieu de faire du projet
Viollette un tremplin politique, et de dépenser
autour de cette vaste machine de guerre des
trésors d'intelligence, d'activité et de subtilité,
Européens et Indigènes se montreraient bien
plus humains, bien plus sociaux, bien plus
Madenx Je la miaétaMe. .Nom. «Ndàweue
de leur prochain, en s'occupant de le nouttu , -
de le vêtir, de le loger, de le soigner.
Nous ne comprenons la politique que com- v..»
me un jeu de peuples forts. Encore qu'elle
les désagrège rapidement. Ces oaines joutes de
l'esprit, négatives, et dont le scepticisme et le
calcul rongent tout Vidéal qu elles pourraient
porter en elles, ne sont pas valables pour des
pays où l'homme n'a pas encore été élevé à
un niveau - social normal.
Nous voudrions voir MM. Ferhat Abbas,
Lamide Lamoudi et combien d autres !
abandonner un peu la bataille politique à la-
quelle ils consacrent toute leur intelligence, et
tout leur temps, et s'occuper un peu du sort
de leurs compatriotes moins fortunés qu'eux.
Où sont les revendications qu'ils exposent en
leur faveur? Demandent-ils des charrues, des
semences, des matériaux de construction, des
médicaments ? Ils ne demandent que le droit
de vote, et un peu de justice. Comme si ces
conquêtes morales empêchaient les gens de
crever de misère, et leur assuraient une maté-
rialité normale !
Remercions notre confrère d'Alger, et ses
correspondants, d'être plus près de la charité
et de la bonté humaines. La presse technique,
loin de la chimère politique, donne ainsi la
preuve de son intérêt à la condition (Ù
l'homme, et de son cœur.
1 Un Député pour l'Indochine ? - Non
Un - Se>*nateur ? - Oui - Mais pour la Cochinchine
par Guy Desur.
L'Union Indochinoise, rêvée par ce grand
Français : Paul Doumer est. certes, une belle,
très belle conception. Mais combien utopique
encore et combien délicate et, parfois, déce-
vante se révèle chaque jour cette idée de vou-
loir rassembler en un bloc unique des pays dis-
semblables. Ajalbert en a fait la critique dans
son étude magistrale « Les Destinées de l'in-
dochine ». Si nous ne doutons pas de la solidité
du « ciment français » pour agglomérer, ces
cinq pays de l'Union ; nous ne pouvons regret-
ter cependant la défectuosité du travail entre-
pris pour réaliser le rêve de Doumer.
Car c'est autour de la Cochinchine française
que doit s'opérer le phénomène de cristallisation
qui permettra à l'Union de se faire tandis que,
depuis Doumer, on considère cette Union
comme une réalité et on bâtit sur un sable mou-
vaut un splendide édifice. Je m'explique: la
Cochinchine, colonie française, doit disposer-de
toutes ses ressources. C'est de là que le rayon-
nement de la civilisation française doit s étendre
aux divers autres pays indochinois. Il faut faire
rapidement de la Cochinchine un Foyef de
culture française tel. que r Annam, le Tonkin,
le Cambodge y adhèrent et comprennent 1 inté-
rêt qu'ils ont dans cette union. Au lieu de cela
on pompe les forces vives de cette Cochinchnie
française; on néglige sa « francisation » ra-
pide au bénéfice d'une Indochine théorique, et
de pays ayant leur structure propre, qui n a rien
de français. ;
Toutes les difficultés- du problème mdochtj L
nois viennent de là. Lorsque 1 Annam, le Cam-
bodge, le Laos, dans le plein épanouissement
de leur nationalité. voudront jouer leur rôle pro-
pre, on s'apercevra que la Cochinchine co-
lonie française n'exerce plus 1 influence
qu'elle aurait dû normalement exercer ; que ses
populations sont tiraillées par des forces contrai-
res ; que les sacrifices que nous nous sommes im-
posé pendant de siècles ont été vains.
En accordant un député à la Cochinchine, la
France entendait qu'une place fût faite à la
Chambre au représentant d'une colonie fran.
çaise. Ne pouvant, au début de la colonisation,.
accorder le droit civique à toute une population
autochtone non encore assimilée, le Gouverne-
ment de la République n'a permis qu'aux seuls
Français de désigner leur député.
Théoriquement ce député représentait re- ,
présente encore à la Chambre la Cochin-
chine entière. Pratiquement il faut rendre jus-
tice, toutefois, à Ernest Outrey lorsqu'il était
député de la Cochinchine pour avoir su appor-
ter dans l'exercice de son mandat un souci cons-
tant des intérêts généraux des populations autoch-
tl)nes il n'est que l'élu d'un collège élec-
toral spécifiquement français. Il parut donc équi-
table au Département de donner aux Annamites
le droit de se faire représenter, sinon à la
Chambre, au moins au Conseil supérieur des
Colonies par un des leurs.
Pourquoi pas à la Chambre ? - Parce qu'une
Chambre française ne peut avoir, pour un seul
département, un député français, représentant un
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