Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-03-16
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 mars 1937 16 mars 1937
Description : 1937/03/16 (A38,N21). 1937/03/16 (A38,N21).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265477t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
38* ANNEE. - N° 21.
MARDI (13 h. 30) 16 MARS 1937.
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Jtédsetiên & Aiminùtratian :
LI Mat 4A K BMIM
PARIS <29
da. RICHKLIEU 73-09
(2 lignes groupéea)
Les Annales Coloniales
Fondateur i Marcel HUEDEL Directeur i Raoul MONMARSON
IMIHEIERTS
«Me fa Jtmi ithutrhi
«>M t UMm SIfab
France et
C*l*nie> 1M D 1M » se
Etranjer.. 240» 125 » 7..
La Numéro : 30 centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Le nouveau visage
- de l'Afrique
-. IX. - Le renversement des valeurs
Conakry, 17 février 37.
Les circonstances nous permettent de relire à
la colonie, imprimé à Paris le 29 janoier, l ar-
ticle que nous avons écrit du Soudan le 17 jan-
vier : « Ce dimanche, à Bamako. » Il est com-
me loi fruit de noire précédent passage au Sou-
dan, Tété dernier. Il fut écrit avant qu'à nou-
veau, sur les chantiers de Markala et sur les
5.000 hectares cultivés du Bagumda, nous enri-
chissions notre esprit. Il fut écrit six mois après
notre passage à Sikasso, où d Omano nous avait
montré les Voies de son cercle ouvertes par le
rail à Bobo-Dioulasso. Il fut écrit enfin
avant que, glissant le long de la maigre Voie du
Segou-Bani, nous écoutions Morel, à Koutiala,
nous définir la permanente fièvre économique du
territoire qu'il administre.
*%
Nous venons, dans une hâte échevelée, aux
côtés d'une mission parlementaire qui a cherché
à donner un sens, ou à se proposer une expli-
cation, à notre présence ici, de découvrir de
nouvelles voies à l'Afrique. Nous la connais-
sions bien, cependant, cette Afrique Noire !
Nous y avons levé des hommes, et travaillé. La
case de brousse nous y fut de tous temps plus
familière que la réception officielle, et nous
l'aimons intensément, passionnément, comme une
lemme, pour tout ce que nous lui avons donné.
Certes, nous en connaissions l'évolution 1
Certes, nous savions que nous assistions à la
naissance d'un monde, à l'obscur et silencieux
travail que font en marchant vers la lumière des
foules de toutes provenances, de toutes confes-
sions et de pleine ignorance. La Nation tutrice
n'aeait qu'une tâche : tenir le fanal et entrcâner
à sa suite ces masses confuses. Dans ce journal,
nous nous efforçons de serrer la file, même
quand on veut bien prétendre que nous sommes
excessif. Mais jamais, comme cette année, nous
n'avions découvert à un tel point que l'heure
de l'Afrique a enfin sonné: le produit se vend.
Il se vendait de même il y a dix ans, à la
veille du bouleversement économique mondial.
La colonie vivait, dans une sorte d'inconsciente
fièvre, des années heureuses. Mais c'était le
fraS au labeur européen et c'était, à Paris, la
Bourse qui gonflait le papier colonial. L'indi-
gène, dans ces tractations, n'intervenait point.
Il était le facteur main-d'œuvre, gangue éter-
nelle d'où s'élancent les fruits de l'intelligence
et de l'initiative blanches.
Dix années viennent de s'écouler, dans une
torpeur presque désespérée, au milieu de ruines,
de désespoir, sur le champ démesuré de cette
Afrique noire. On la croyait désormais frappée
d'interdit, et qu'un sort lui avait été jeté. L'épu.
ration européenne, cependant, s'effectuait. La
progression indigène, cependant, se réalisait. La
mue, cependant, intervenait à son heure, et sui-
tant les circonstances mêmes qui exigeaient
qu'elle se fît.
Le réveil économique en a appelé à nouveau
aux produits africains. Et nous assistons à cette
chose étonnante, qui dùme bien à l'Afrique son
visage nouveau, la signification qui doit à f ave-
nir lui être imprimée : aux ports d'embarque-
ment, aux terre-pleins d'exportation, le produit
indigène se présente en nombre peut-être plus
considérable que le produit européen. Il le sur-
passera demain, incontestablement.
La révolution africaine s'est accomplie. La
colonisation change de sens.
On nous plaindra sans doute de nous en aper-
cevoir après quelques autres. Nous croyons seu-
lement que ces quelques autres, comme nous-
même, échafaudëent naguère dans le domaine
illimité des probabilités. Nous tenions, nous
aussi, pour assuré que l'appât du gain conduirait
l'indigène non plus seulement à récolter le pro-
duit naturel; mais à récolter les fruits de plan-
tations artificielles. Nous tenions pour assuré
qu'il ne vivrait pas à nos côtés sans être séduit,
attiré, sans avoir l'irrémédiable besoin de notre
clinquant, de notre vie factice, et des amélio-
rations que nous avons, au long des siècles,
apportées à l'art de vivre.
Ainsi le manœuvre est devenu planteur, ou
forestier, ou même collecteur de produits, créant
un nouveau rang social à une armature humaine
noire relativement pauvre en ses diverses classi-
fications. La monstrueuse Europe fait battre les
flancs de cette Afrique bien charnue, que Dieu
ne semble avoir mise au monde que pour les
maternités fécondes.
Dès lors, la destinée de l'Européen se joue.
Il demeurera administratif, ou militaire, ou agent
de permanentes maisons de commerce et d'in-
dustrie. Mais colon ?
Le vieux cri d'impuissance de la France est
à nouceau poussé. Notre natalité perlée, notre
manque d'habitude coloniale, notre peur du ris-
que en matière capitaliste, semblent nous inter-
dire le domaine agricole de vaste superficie, à
gros nombre d'hectares, à fortes liquidités finan-
cières, seule forme de l'exploitation européenne
à la colonie. Dès lors, à ce point de vue, un
rôle unique nous semble dévolu : moniteurs,
éducateurs, organisateurs de coopératives agri-
coles avec contrôle rigoureux, de la proJuclion,
avec sélection implacable du produit. La petite
concession européenne, la petite plantation, le
faucardage sur petits secteurs, autant de for-
mules que les faits aujourd' hui condamnent for-
mellement. L angoissante question de la main-
J'oeuvre en Côte d'Ivoire nous en donne une
nouvelle preuve.
Il serait peut-être bon d'étudier à nouveau
l'Afrique sous cet angle. Le Passé, à notre
sens, demeurera le passé, sans que l'actuel statu
quo soit en quelque détail modifié.
Mais il y a l'avenir à préparer.
La rue Oudinot s'en inquiète-t-elk ?
Raoul Monmarson.
(Voir les Annales Coloniales des 29 janvier,
5, 23, 26 février, 2, 5, 9 et 12 mars.
Au Conseil des Ministres
Préoccupations algériennes
Au cours du Conseil des ministres tenu sa-
medi à l'Elysée, sous la présidence de M. Al-
bert Lebrun, président de la République, le
Conseil, sur la proposition de M. Marx Dor-
moy, ministre de l'Intérieur, a décidé de dépo-
ser un projet de loi tendant à l'institution de la
police d'Etat dans certaines communes d'Algé-
rie.
Un décret a été pris en vue de la fixation
des salaires minima des travailleurs agricoles
en Algérie.
(Mentionnons que les villes pour lesquelles
le projet prévoit l'établissement immédiat
de la police d'Etat sont Mostaganem et Sidi-
Bel-Abbès, qui viennent d'être le théâitre
d'incidents sanglants.
D'autre part, il est prévu dans l'article 5
du même projet, que pour toutes les villes
de plus de dix mille habitants, la police
d'Etat pourra être instituée par décret, si les
circonstances locales l'exigent.)
) ..- (
Au Ministère des Colonies
Le nouveau directeur du personnel
M. Barthes, inspecteur de première classe
des colonies, directeur du cabinet du ministre,
est nommé directeur du personnel et de la
comptabilité à l' administration centrale du mi-
nistère des Colonies, en remplacement de M.
Brunot, nommé commissaire général pour la
propagande coloniale et les expositions.
Remaniement
du oabinet libanais
M. de Martel, soucieux de constater un
affaiblissement de. la majorité du Cabinet
Kaircddine A/Iliah, avait lancé un appel à
l'union, h la .wi'{(' duquel le président dit
("IJ/lseil remit la démission dit Cabinet ait pré-
sident de ta République, AI. Emile Eddé.
Chargé de constituer le nouveau Cabinet,
M. Ahdab a conservé le portefeuille de la Jus-
tice, mais a cédé celui de l'Intérieur à M.
Michel Zaccour, En oulreJ le cheik Hosseini
remplace M. Ilaidar aux ministères de l'Agri-
culture et des Travaux publics.
Le général Noguès
retourne au Maroc.
Le général Noguès, Résident général de
France au Maroc, a quitt Paris dimanche soir
pour Port-Vendres.
Débarqué à Oran de YEl-Kantara, il a re-
joint Rabat par voie de terre.
.et M. Le Beau rejoint
son poste à Alger
M. Le Beau, Gouverneur général de l'Al-
gérie, a quitté Paris hier soir à 21 h. 15 pour
rejoindre son poste à Alger.
——————— ) -.- - ( ———————
M. Justin Qodart
rentre en France
M. Justin Godart, rentrant en France s'est
embarqué sur le « Félix Roussel »> qui est
parti de Saigon avant hier. Toutes les per-
sonnalités civiles et militaires saïg01t11aiscs
sont venues saluer le délégué du Gouverne
ment français avant son départ.
-——————————————
AUDIENCES
A L'ELYSEE
M. Albert Lebrun, président de la Répu-
blique, a reçu samedi après-midi M. Graffeuil,
Résident supérieur en Annam.
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. Pierre Viénot, sous-secrétaire d'Etat, a
reçu samedi matin M. Guillon, Résident géné-
ral de France en Tunisie.
Après avoir été à nouveau reçu hier matin
par M. Viénot, le Résident général Guillon a
eu un entretien dans le courant de l'après-midi
avec M. Yvoii Delbos. ministre des Alffaires
étrangères.
AU MINISTERE DE L'AGRICULTURE
M. Armand Gillon, Résident général de
France en Tunisie, sera reçu aujourd'hui par
M. Georges Monnet, ministre de l'Agricul-
ture.
Contingents
L
LORSQU'IL a traité à W.
tribune du Si!nat 'dd
abus multiples et
scandaleux auxquels
donnent lieu la réparti-
tion des licences d'im-
portation et la pratique
des contingentements,
notre très distingué collègue M. Gaston Rogé n'a
pas tout dit. Il avait bien d'autres choses dans
son sac. Au besoin, plus d'un d'entre nous
aurait pu l'aider à le remplir jusqu'à ce qu'il
débordât. Soyons justes : le ministre interpellé
a loyalement reconnu que tout cela était vrai,
et n'a pas caché qu'il était d'accord avec son
interpellateur.
Je - songeais, plus particulièrement, aux pro-
testations de la C.G.P.F.L. contre les contin-
gents clandestins, inopportuns, et inattendus.
Ces lettres majuscules désignent par une de ces
abréviations aujourd'hui fréquentes : la Confé-
dération Générale des Producteurs de Fruits et
Légumes. Les exemples qui ont été donnés dans
la dernière assemblée générale sont nombreux,
caractéristiques, et inégalement insupportables,
mais insupportables pour les mêmes raisons.
Je retiens ce qui a trait aux préjudices portés
aux producteurs de notre Afrique du Nord.
Le contingent des agrumes a bien été réduit
à 730.000 quintaux contre 894.030 sur le pre-
mier trimestre de 1936. Mais cette réduction
paraît insuffisante aux producteurs nord-afri-
cains qui font observer, au reste, que le contin-
gent des mandarines est demeuré le mêetc.)
Mais ce n'est pas là le pire. Voici :
Pendant les fêtes de Noël et du Nouvel An,
des arrivages de mandarines et d'oranges d'Ita-
lie entraînaient aux Halles de Paris un abaisse-
ment des prix des agrumes de notre Afrique du
Nord. Que s'était-il passé ? Si on s'était tenu
aux contingents normaux, aucune surprise n'était
possible. Pour le dernier trimestre de 1936, le
contingent italien représentait 340 quintaux
d'oranges, et le contingent total accordé à tous
les pays autres que l'Espagne s'élevait à peine
à 322 quintaux. Donc, rien à craindre si tout
se passait normalement.
En fait, on avait purement et simplement al-
loué un contingent nouveau, un contingent sup-
plémentaire, une rallonge de 40.000 quintaux
d'agrumes, pas plus. 20.000 quintaux d'oranges
et 5.000 de mandarines à l'Italie; 10.000 quin-
taux à la Grèce ; 5.000 quintaux à l'Egypte.
C'est ce que le rapporteur a révélé à la C.G.P.
F.L. Il est inutile de dire que l'assistance l'a trou-
vé mauvaise et qu'elle ne s'est pas gênée pour
le faire entendre.
Le prétexte ? C'est que l'Espagne cette année
faisait des expéditions insuffisantes. A ce pré-
texte, le Rapporteur a répliqué qu'un seul cour-
rier de Tunisie avait, quatre jours avant la Noël,
débarqué en France plus d'agrumes que la Tuni-
sie n'en avait débarqué pendant toute l'année
1935, que le Maroc, que l'Algérie n'avaient nul-
lement eu l'intention de se déclarer incapables de
fournir notre marché métropolitain abondamment
et même surabondamment. Mais au fond, la ques.
tion n'est pas là. J'admets très volontiers que ce
supplément imprévu ait été nécessaire ; j'affirme
qu'il fallait l'allouer au grand jour, et après avoir
consulté les organisations intéressées. Elles au-
raient répondu non ? Peut-être. Alors, on aurait
démontré qu'elles avaient tort, et on aurait évité,
en tout cas, de donner l'impression de se cacher
pour prendre une décision légitime et de prati-
quer la détestable méthode « des contingents se-
crets ou occultes en cours de trimestres ». C'est
donner lieu à des suppositions dont auelaues-
unes peuvent et doivent être fausses, mais aux-
quelles il vaut mieux ne pas donner naissance.
Car, qu'on Je veuille ou non, les producteurs
restent méfiants, et pour cause. Ils croient dur
comme fer que les importateurs, eux, sont tou-
jours renseignés, pendant que les agriculteurs
restent dans l'ignorance et ont, à la fin, le déplai-
sir de la surprise. En outre, ils interrogent (et
qui pourrait les en blâmer ?) après coup, ceux
qui ont pris ces mesures qui leur portent préju-
dice : quelle contre-partie a-t-on obtenue en
échange de l'octroi de ces contingents nouveaux?
et, si l'on n'en a obtenu aucune, à quels autres
mobiles a-t-on obéi ?
Ils réclament donc :
1° Que les contingents clandestins soient défi-
nitivement abolis :
20 Que si en cours de trimestre un gouverne-
ment estime qu'un contingent supplémentaire ex-
ceptionnel doit être accordé, les associations de
producteurs intéressées soient appelées à donner
leur avis, et qu'elles soient mises au courant
non seulement des motifs de la mesure mais des
avantages dont elle est la rançon ;
30 Que, la décision une fois prise « elle soit
publiée au Journal Officiel afin que nul n'en
ignore. »
Logiquement, équitablement, il me semble im-
possible de ne pas approuver cette façon de
voir. Il faut s'y conformer, sinon c'est fournir
des occasions chaque fois nouvelles à des soup-
çons qui se traduisent par cette formule courante
et pleine de sous-entendus : « Encore une affaire
où un certain nombre de gens ne se sont pas
embêtés. »
Mario Roustan.
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre,
Vice-président de la Commission
des Colonies.
■ ) - -.- ( —————————
Les feux sont éteints
Le Haut Comité méditerranéen
a terminé ses examens
Les travaux du Haut Comité méditerranéen
sont terminés : organisation administrative, si-
tuation des fonctionnaires, répercussion sur nos
sujets ou protégés de la rébellion du Maroc
espagnol, rétablissement au ministère de l' In-
térieur d'une Direction des affaires algériennes,
tels sont les points principaux des dernières dis-
cussions.
Après quoi, M. Léon Blum, président du
Conseil, offrit en l'Hôtel Matignon un déjeuner
à tous ceux qui participèrent à ces travaux.
L'extrême discrétion qui enveloppe ces déli-
bérations ne nous permet point de connaître les
points plus graves sur lesquels l'attention du
Haut Comité a dû être appelée.
————————— ).+- <-----
Le oholéra au Siam
Au cours de la semaine se terminant le
6 mars, les cas de choléra pour le royaume
ont été de 338, dont 21 j mortels ; Bangkok
a figuré pour 37 cas, dont 13 mortels.
Réorganisation
de 18 propagande coloniale
<":. -. Où l'on voit que le ministère «
des Colonies prend sa tâche à cœur
Le Journal Officiel de dimanche a publié
un décret très important : la propagande colo-
niale officielle est désormais admise comme
une nécessité. Elle prend pignon sur rue. Elle
a l'ambition d'apprendre enhn aux Français ce
que sont leurs colonies. L'exposé du ministre
est très net : dans son rapport au président de
la République, M. Manus Moutet s'exprime
en effet ainsi :
Un décret-loi du 4 avril 1934 ayant suppri-
mé l'agence générale, il m'est apparu qu'il
convenait de lixer à nouveau, sans modilier
le statut qui les régit, les règles de fonction-
nement des agences et d'organiser la coor-
dination de leurs efforts en fonction de l'œu-
vre poursuivie dans le même domaine par le
ministère des Colonies.
D'autre part, les services de presse et de
documentation générale seront fusionnés en
un seul service doté d'un personnel perma-
nent et spécialisé et place, sous l'autorité
d'un fonctionnaire relevant directement du
ministre.
D'autre part, l'institution d'un commissa-
riat général pour la propagande coloniale et
les expositions permettra de coordonner les
diverses formes d'activité économique des
agences, de grouper les services d'exposition
et de préparer la création d'une maison de
la France d'outire-mer.
, La réforme envisagée permettra une plus
grande efficacité dans l'action de propagande
entreprise en faveur de nos territoires d'ou-
tre-mer, en même temps qu'une appréciable
réduction des crédits qui y sont affectés.
A ce « Service Intercolonial d'information
et de documentation » sont conférées toutes les
attributions antérieurement exercées par les
agences économiques des colonies autonomes
et gouvernements généraux, en matière de
presse, d'informations, de publicité et de docu-
mentation générale.
Les fonctionnaires et agents de ce service
sont nommés par le ministre. Le cadre établi
comprend :
Un directeur, chef du service.
Deux chefs de section, dont un adjoint au
directeur.
Un statisticien.
Quatre sous-chefs de section,
Quatre attachés de presse.
Un commis d'ordre et de comptabilité.
Quatre sténo-dacty lographes.
En outre, un commissariat général perma-
nent pour la propagande coloniale et les expo-
sitions est institué, ayant à la tête un commis-
saire général permanent chargé d'assurer à cet
effet la coordination des services économiques
et commerciaux des Agences Economiques.
M. Richard Brunot, Gouverneur général,
précédemment directeur du personnel et de la
comptabilité, a été nommé commissaire géné-
ral de ce nouveau service.
Une autre tâche a été en outre confiée à
M. Bnmot, qui est chargé de mission — cumu-
lativement avec ces hautes fonctions - « de
suivre auprès du ministre les questions relatives
à la législation sociale et du travail aux colo-
nies ».
A la recherche
des débouchés
D'Algérie en A.O.F.
On se souvient que l'année dernière, sous
l'égide des Chambres de Commerce algérien-
nes, une mission, économique parcourut l'A.
O. F. en avion à la recherche de débouchés.
Au retour de cette mission un Comité d'ac-
tion Algérie-A.O.F. fut créé. Cet organisme
a dernièrement chargé M. Morard, président
de la Chambre de Commerce d'Alger, d'aller
sur place étudier le dernier aspect des possi-
bilités de la grande Fédération. ----
Parti le 25 janvier, M. Morard est rentré à
Alger mardi dernier par l'avion d'Air-Afri-
que. Au cours d'un périple de quelque
17.000 kilomètres il a repris contact avec les
différents organismes économiques de l'A.O.F.
Partout, il a pu constater le vif désir de
voir s'intensifier les échanges économiques
avec l'Algérie qui déjà sont en sérieuses
augmentations, les exportations d'huile d'ara-
chide, par exemple, sont passées de 300
quintaux en 1935 à 16.000 en 1936; certaines
autres exportations toujours sur l'Algérie, se
sont accrues d'une moyenne de 30
Comme réalisation immédiate, outre de
nombreux autres projets, un comptoir offi-
ciel de l'Algérie va être ouvert à Dakar tout
comme il en existe déjà un de l'A.O.F à
Alger.
Souhaitons que ce courant économique
enfin établi aille en s'accélérant rapidement
pour créer l'économie complémentaire si dé-
sirable dans le cadre de nos grandes posses-
sions africaines
Les fêtes de la Tabaskl
à Dakar
Le lundi 22 février, la fête de la Tabaski
a eu lieu à Dakar, M. de Coppet, Gouverneur
général de l'A. O. F., a assisté au Grand
Salam.
Accompagné, de M. Geismar, Gouverneur
secrétaire général, et de M. Louveaudirec-
teur du cabinet, le Gouverneur général était
entouré d'un grand nombre de hauts fonc-
tionnaires et de chefs de service. Le général
commandant supérieur des troupes était re-
présenté, le général commandant la défense
était présent.
Le nombre des indigènes rassemblés peut
être évalué à une dizaine de milliers.
Les personnages officiels assistèrent, de.
boutj au Grand Salam, puis Himan El Hadj
Moustapha Dio prononça une longue allocu-
tion dans laquelle il prodigua, ses conseils
aux fidèles.
Le lendemain matin, le Gouverneur général
reçut les notables musulmans dont la liste
lui avait été remise par l'iman. Au cours de
cette cérémonie, M. de Coppet exprima toute
la sollicitude, des pouvoirs publics à l'égard
des populations de l Islam. et [l'iman lui
répondit en l'assurant du loyalime de tous.
Les colonies devant Genève
Les vains débats de la Commission des
Matières Premières
La Commission pour l'étude du problème
des matières premières a terminé ses travaux à
Genève vendredi soir.
Elle a adopté le rapport, qui contient au dé-
but l'affirmation qu'il n'appartient pas à la
Commission de discuter de la répartition des
territoires où sont exploitées les matières pre-
mières. Confirmation officielle des paroles pro-
noncées, in fine, par M. Stucki, expert suisse,
quand il a dit « La Commission est d'accord
pour estimer que toute question de répartition
et transfert des territoires coloniaux échappent
à sa compétence ».
Ainsi, la manœuvre allemande, sournoise-
ment secondée par la Pologne, présente, elle,
à cette conférence, fait long feu. Ce n'est sans
doute que partie remise. Ceux qui espéraient
risquer le débat à l'occasion de cette discussion
n'avaient probablement pas prévu la catégorique
attitude de la Grande-Bretagne. Il va falloir
trouver autre chose, ou alimenter la polémique,
sur le plan politique, jusqu'au 21 juin, date à
laquelle se réunira à nouveau la Commission.
V*
Pour ne pas manquer à la règle, des sous-
comités ont été constitués. Ils prépareroni leurs
rapports Pour la réunion plénière de juin. Un
des sous-comités est chargé de rédiger un pro-
gramme de recherches statistiques ayant parti-
culièrement pour objet l'offre de matières in-
dustrielles et de matières alimentaires à l'état
brut.
Si le loisir nous en était donné, nous consa-
crerions à l'étude de ce problème une grande
part de notre activité. Les tentatives de répar-
tition et de libre circulation des matières pre-
mières dans le monde, ont été nombreuses de-
puis la guerre. Nous aurons l'occasion de le
rappeler.
En attendant, une fois n'est pas coutume,
remercions Genève d'avoir évité de justesse le
débat que l'on désirait ouvrir à la faveur de
cette conférence. Prétendre qu'une nation ne
peut pas s'approvisionner en matières premières
si elle n'est en puissance de territoires colo-
niaux, est du plus bel enfantillage. Nous avons
vécu, depuis quelques armées, tellement d'évé-
nements ridicules que nous étions en droit de
redouter l'adoption de cette thèse.. -
La France, mise à part l'intervention de M.
Maurette, fut absente de ce débat, M. Charles
Rist, expert désigné, ayant été, à Paris, retenu
par la bataille de l'Emprunt.
Nous formons le vœu que le ministre des
Affaires étrangères, moins jaloux de ses pré-
rogatives et considérant l'angle colonial de ce
débat, prie son collègue des Colonies de délé-
guer un de ses représentants à la session de
juin.
; ;. - ( ——————————
Vers la libération égyptienne
La suppression des capitulations
et l'admission à la S. D. N.
Une conférence se tiendra, à Montreux, le
14 avril" sur l'invitation de l'Egypte en vue
de la suppression du régime des capitulations.
A la suite de cette conférence l'Egypte se
présentera devant la Société des Nattons en
vue de son admission : la date dit 26 mai est
envisagée, durant la session ordinaire du con-
seil de la S.D.N.
BUDGETS
DE SAINT-PIERRE ET MIQUELON
Le budget local du territoire, pour l'exer-
cice 1937, arrêté en recettes et en dépenses au
chiffre de 8.317.600 francs a été approuvé par
décret du 10 mars.
—————————— > -.-- ( —————————
Le whisky
Eléments d'une plaidoirie
L'Afrique Occidentale française se Plaint,
unanimement d'une mesure désastreuse prise
contre elle : le contingentement dit wlzisky.
Un décret du 16 février (Journal Officiel
du 19 février) a en effet fixé comme suit les
quantités de spiritueux d'origine étrangère
qui pourront être importés en A.O.F. au cours
Ù 1937 :
Pour les whiskies, 40.000 litres;
Pour les autres alcools (geizièz-res, gins,
etc.), So.ooo litres.
Ce me me Journal Officiel a publié un dé-
cret du 9 janvier relatif à un régime doua-
nier des spiritueux d'origine étrangère im-
portés dans les colonies de l'A.O.F.
Nous ne sommes pas suspect d'amabilité
envers les produits anglais. Cependant nous
plaiderons la cause du whisky. Nous formons
le vœu que l'eau Perrier, si intéressée à la
COltSOmmatÍolt du whisky, se joigne à nous.
Le whisky français est imbuvable, ne dé.
saltère pas. Cette Pâle copie, à fond sucré,
est teme, sirupeuse et adhère au palais. Elle
colle la langue, elle assèche la gorge. Le
whisky est anglais. Plus exactement écossais.
Il ne sera jamais français.
Les personnalités qui ont jugé que le whis-
ky devait être contingenté à la colonie ren-
dent un mauvais service à nos compatriotes.
C'est un blâme unanime qui monte, c'est
un vœu unanime qui s'exprime : il faut réta-
blir en A.O.F. la libre circulation du wltisky.
Nulle boisson plus saine, Plus diurétique, et
qui enivre moins. Il rectifie les facultés un
instant déséi/ir/lihrrrs. Il est indispensable il
la colonie.
Et pourquoi norgai:iseraU-oii pas un réfé-
rendum, un plébiscite ? Nous sommes assuré
que l'ensemble des voix serait acquis au
whisky. Les Gouverneurs de nos colonies d'A.
O.F. le savent bien. Ne pourraient-ils insis-
ter auprès du Gouverneur général afin que
le ministre des Colonies soit officiellement
saisi de la question?
L'Islam en Italie
Alors que M. Jean Thouvenin, dans l Hom-
me Libre, cherche des explications à l'attitude
de M. Mussolini en terre africaine, la Répu-
blique a fort bien saisi le sens de ce symbo-
lique voyage. La question de l'Islam est à nou-
veau posée avec une acuité étrange, en un mo-
ment où, sur ce front passionné, la France se
trouve en de très graves difficultés.
Il y a quelques années que nous nous sommes
penché sur l'Empire arabe. Nous en avons dé-
noncé l'existence morale, en attendant a en
enregistrer les frontières matérielles. Contre
l'Europe désaxée, et qui se dévore elle-même,
contre ses conflits d'hier et de demain, contre
la décomposition morale de ses peuples qui
cherchent un sens à la vie en se détruisant par
les guerres, la grande unité religieuse de l'Is-
lam se dresse de plus en plus.
Il y a un sens à la libération prochaine de
l'Egypte. Il y a un sens, d'Aden à Bagdad,
que l'Arabie reflète en son désert. Et la Syrie,
le Liban qui font tomber ce qu'ils croyaient
être des chaînes, répondent à la palpitation
oppressée de cette poitrine musulmane, dont
l'Afrique du Nord tout entière contrôle en ce
moment les battements.
*
M. Mussolini, auquel la dictature ne crée
aucun souci de politique intérieure, et qui n'est
pas contraint de consacrer son activité aux jou-
tes oratoires, spécule sur l'avenir. Ses yeux
peuvent en toute liberté demeurer fixés sur
l'horizon. Il n'est pas sans savoir que notre trop
vieille civilisation occidentale, dont f axe moral
est brisé, autant que la matérialité brutale de
nos appétits, ont conduit l'Europe sur les bords
de l'abîme. Il n'est pas sans savoir que le Nip-
\pon, accroché sur le rivage des mers qui le
baignent, ne peut pas encore s'imposer politi-
quement à nos terres occidentales. Il n'est pas
sans savoir que l'Empire d'Islam, avec une fidé-
lité remarquable de pensée et de persévérance,
cherche à se constituer.
Dès lors, tenant compte des éléments musul-
mans d'Europe, en Albanie, en Yougoslavie,
sn Bulgarie, il est évident que le chef du gou-
vernement italien cherche à se concilier cette
immense collaboration de l'immense Empire de
demain : être en Europe le fidéi-commis de
cette puissance, et sauver l'Italie par l'Islam,
tel nous semble être en effet la pensée actuelle
de - M. Mussolini. - - -
Le rôle que la France n a pas voulu, ou n a
pas su jouer, elle qui cependant était la pre-
mière puissance musuimane d'Europe, l'Italie
commence aujourd' hui à l'assumer.
Après la conquête de l'Ethiopie, M. Mus-
solini entreprend aujourd' hui sa deuxième ac-
tion extérieure. C'est dans la logique des cho-
ses, et nous ne pouvons lui en tenir rigueur.
Mais en installant ainsi l'Islam dans les desti-
nées de l'Italie, il place la France en singu-
lier péril.
Qui lc comprendra ici, el quelles mesures se-
ront prises ?
Est-ce ainsi trop annoncer que de prévoir le
conflit européen de demain : entre l'esprit mu-
sulman et la loi juive ? Et pouvons-nous accep-
ter que l'Europe en soit le théâtre ?
—————————— > -OE+O- < ——————————
Après les événements du Sud Tunisien
Le principe d'autorité
par Arthur PeUegrin.
Tunis, 12 mars.
Il faut le dire : les événements sanglants des
mines de M'atlaoui et de M'dilah ont profon-
dément remué l'opinion publique tunisienne et,
par delà la Méditerranée, en France, ils ont
eu des échos retentissants. Vingt morts et une
cinquantaine de blessés, tel est le bilan de
ces journées de désordre. Tout n'est donc pas
tranquille dans b royaume de Tunis, contraire-
ment à ce qu'affirmaient certains pour ne pas
alarmer Paris.
Ceux que le parti-pris — très intéressé —
n'aveugle pas reconnaîtront avec nous que le
drame social dont le Sud-Tunisien a été le
théâtre n'est pas un phénomène de génération
spontanée. Il est i'aboutissement d'une série
de faits qui s'échelonnent sur la période des
huit mois antérieurs, faits que nous avons eu
l'occasion de signaler à maintes reprises pour
en dénoncer le danger.
Ce n'est pas impunément que l' on excite les
esprits par une propagande incessante tendant
à représenter l'ordre établi comme la causa de
tous les maux dont souffre le peuple tunisien,
et la colonisation française sur les plans divers
où elle s iexerce comme une source de spolia-
tion. Le Destour, puisqu'il faut l'appeler par
son nom, a multiplié depuis juillet dernier ses
réunions, meetings, manifestations, ses campa-
gnes de presse en arabe et en français, créant
systématiquement de l'agitation en vue de faire
abouti? un cahier de revendications inopportunes
et d'un nationalisme exacerbé.
Les sections destouriennes sont de plus en
plus nombreuses, beaucoup plus actives dans
les localités de l'intérieur, parmi l'es populations
rurales, que dans la capitale, qui garde, cepen-
dant, un rôle de direction organique et morale.
Dans le Djerid, notamment, la région même
qui englobe Metlaoui et M'dilah, les indigènes
ne jurent que par le Destour et sont persuadés
de « sa victoire » prochaine. Ils sent devenus
arrogants et méprisants à l'égard des Européens.
Ce n' est pas sans raison qu'une délégation im-
portante de Français, ouvriers et employés des
mines, a demandé au Résident général, lors ds
sa visite récente aux populations du Sud, de
prendre des mesures énergiques en vue de faire
cesser l'état d'alerte perpétuelle qui est celui
dans lequel vit aujourd'hui la colonie française.
Les troubles tendent à se généraliser : c'est
ainsi que b 10 mars, soit moins d'une semaine
après ies événements du Sud, une émeute a
MARDI (13 h. 30) 16 MARS 1937.
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Jtédsetiên & Aiminùtratian :
LI Mat 4A K BMIM
PARIS <29
da. RICHKLIEU 73-09
(2 lignes groupéea)
Les Annales Coloniales
Fondateur i Marcel HUEDEL Directeur i Raoul MONMARSON
IMIHEIERTS
«Me fa Jtmi ithutrhi
«>M t UMm SIfab
France et
C*l*nie> 1M D 1M » se
Etranjer.. 240» 125 » 7..
La Numéro : 30 centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Le nouveau visage
- de l'Afrique
-. IX. - Le renversement des valeurs
Conakry, 17 février 37.
Les circonstances nous permettent de relire à
la colonie, imprimé à Paris le 29 janoier, l ar-
ticle que nous avons écrit du Soudan le 17 jan-
vier : « Ce dimanche, à Bamako. » Il est com-
me loi fruit de noire précédent passage au Sou-
dan, Tété dernier. Il fut écrit avant qu'à nou-
veau, sur les chantiers de Markala et sur les
5.000 hectares cultivés du Bagumda, nous enri-
chissions notre esprit. Il fut écrit six mois après
notre passage à Sikasso, où d Omano nous avait
montré les Voies de son cercle ouvertes par le
rail à Bobo-Dioulasso. Il fut écrit enfin
avant que, glissant le long de la maigre Voie du
Segou-Bani, nous écoutions Morel, à Koutiala,
nous définir la permanente fièvre économique du
territoire qu'il administre.
*%
Nous venons, dans une hâte échevelée, aux
côtés d'une mission parlementaire qui a cherché
à donner un sens, ou à se proposer une expli-
cation, à notre présence ici, de découvrir de
nouvelles voies à l'Afrique. Nous la connais-
sions bien, cependant, cette Afrique Noire !
Nous y avons levé des hommes, et travaillé. La
case de brousse nous y fut de tous temps plus
familière que la réception officielle, et nous
l'aimons intensément, passionnément, comme une
lemme, pour tout ce que nous lui avons donné.
Certes, nous en connaissions l'évolution 1
Certes, nous savions que nous assistions à la
naissance d'un monde, à l'obscur et silencieux
travail que font en marchant vers la lumière des
foules de toutes provenances, de toutes confes-
sions et de pleine ignorance. La Nation tutrice
n'aeait qu'une tâche : tenir le fanal et entrcâner
à sa suite ces masses confuses. Dans ce journal,
nous nous efforçons de serrer la file, même
quand on veut bien prétendre que nous sommes
excessif. Mais jamais, comme cette année, nous
n'avions découvert à un tel point que l'heure
de l'Afrique a enfin sonné: le produit se vend.
Il se vendait de même il y a dix ans, à la
veille du bouleversement économique mondial.
La colonie vivait, dans une sorte d'inconsciente
fièvre, des années heureuses. Mais c'était le
fraS au labeur européen et c'était, à Paris, la
Bourse qui gonflait le papier colonial. L'indi-
gène, dans ces tractations, n'intervenait point.
Il était le facteur main-d'œuvre, gangue éter-
nelle d'où s'élancent les fruits de l'intelligence
et de l'initiative blanches.
Dix années viennent de s'écouler, dans une
torpeur presque désespérée, au milieu de ruines,
de désespoir, sur le champ démesuré de cette
Afrique noire. On la croyait désormais frappée
d'interdit, et qu'un sort lui avait été jeté. L'épu.
ration européenne, cependant, s'effectuait. La
progression indigène, cependant, se réalisait. La
mue, cependant, intervenait à son heure, et sui-
tant les circonstances mêmes qui exigeaient
qu'elle se fît.
Le réveil économique en a appelé à nouveau
aux produits africains. Et nous assistons à cette
chose étonnante, qui dùme bien à l'Afrique son
visage nouveau, la signification qui doit à f ave-
nir lui être imprimée : aux ports d'embarque-
ment, aux terre-pleins d'exportation, le produit
indigène se présente en nombre peut-être plus
considérable que le produit européen. Il le sur-
passera demain, incontestablement.
La révolution africaine s'est accomplie. La
colonisation change de sens.
On nous plaindra sans doute de nous en aper-
cevoir après quelques autres. Nous croyons seu-
lement que ces quelques autres, comme nous-
même, échafaudëent naguère dans le domaine
illimité des probabilités. Nous tenions, nous
aussi, pour assuré que l'appât du gain conduirait
l'indigène non plus seulement à récolter le pro-
duit naturel; mais à récolter les fruits de plan-
tations artificielles. Nous tenions pour assuré
qu'il ne vivrait pas à nos côtés sans être séduit,
attiré, sans avoir l'irrémédiable besoin de notre
clinquant, de notre vie factice, et des amélio-
rations que nous avons, au long des siècles,
apportées à l'art de vivre.
Ainsi le manœuvre est devenu planteur, ou
forestier, ou même collecteur de produits, créant
un nouveau rang social à une armature humaine
noire relativement pauvre en ses diverses classi-
fications. La monstrueuse Europe fait battre les
flancs de cette Afrique bien charnue, que Dieu
ne semble avoir mise au monde que pour les
maternités fécondes.
Dès lors, la destinée de l'Européen se joue.
Il demeurera administratif, ou militaire, ou agent
de permanentes maisons de commerce et d'in-
dustrie. Mais colon ?
Le vieux cri d'impuissance de la France est
à nouceau poussé. Notre natalité perlée, notre
manque d'habitude coloniale, notre peur du ris-
que en matière capitaliste, semblent nous inter-
dire le domaine agricole de vaste superficie, à
gros nombre d'hectares, à fortes liquidités finan-
cières, seule forme de l'exploitation européenne
à la colonie. Dès lors, à ce point de vue, un
rôle unique nous semble dévolu : moniteurs,
éducateurs, organisateurs de coopératives agri-
coles avec contrôle rigoureux, de la proJuclion,
avec sélection implacable du produit. La petite
concession européenne, la petite plantation, le
faucardage sur petits secteurs, autant de for-
mules que les faits aujourd' hui condamnent for-
mellement. L angoissante question de la main-
J'oeuvre en Côte d'Ivoire nous en donne une
nouvelle preuve.
Il serait peut-être bon d'étudier à nouveau
l'Afrique sous cet angle. Le Passé, à notre
sens, demeurera le passé, sans que l'actuel statu
quo soit en quelque détail modifié.
Mais il y a l'avenir à préparer.
La rue Oudinot s'en inquiète-t-elk ?
Raoul Monmarson.
(Voir les Annales Coloniales des 29 janvier,
5, 23, 26 février, 2, 5, 9 et 12 mars.
Au Conseil des Ministres
Préoccupations algériennes
Au cours du Conseil des ministres tenu sa-
medi à l'Elysée, sous la présidence de M. Al-
bert Lebrun, président de la République, le
Conseil, sur la proposition de M. Marx Dor-
moy, ministre de l'Intérieur, a décidé de dépo-
ser un projet de loi tendant à l'institution de la
police d'Etat dans certaines communes d'Algé-
rie.
Un décret a été pris en vue de la fixation
des salaires minima des travailleurs agricoles
en Algérie.
(Mentionnons que les villes pour lesquelles
le projet prévoit l'établissement immédiat
de la police d'Etat sont Mostaganem et Sidi-
Bel-Abbès, qui viennent d'être le théâitre
d'incidents sanglants.
D'autre part, il est prévu dans l'article 5
du même projet, que pour toutes les villes
de plus de dix mille habitants, la police
d'Etat pourra être instituée par décret, si les
circonstances locales l'exigent.)
) ..- (
Au Ministère des Colonies
Le nouveau directeur du personnel
M. Barthes, inspecteur de première classe
des colonies, directeur du cabinet du ministre,
est nommé directeur du personnel et de la
comptabilité à l' administration centrale du mi-
nistère des Colonies, en remplacement de M.
Brunot, nommé commissaire général pour la
propagande coloniale et les expositions.
Remaniement
du oabinet libanais
M. de Martel, soucieux de constater un
affaiblissement de. la majorité du Cabinet
Kaircddine A/Iliah, avait lancé un appel à
l'union, h la .wi'{(' duquel le président dit
("IJ/lseil remit la démission dit Cabinet ait pré-
sident de ta République, AI. Emile Eddé.
Chargé de constituer le nouveau Cabinet,
M. Ahdab a conservé le portefeuille de la Jus-
tice, mais a cédé celui de l'Intérieur à M.
Michel Zaccour, En oulreJ le cheik Hosseini
remplace M. Ilaidar aux ministères de l'Agri-
culture et des Travaux publics.
Le général Noguès
retourne au Maroc.
Le général Noguès, Résident général de
France au Maroc, a quitt Paris dimanche soir
pour Port-Vendres.
Débarqué à Oran de YEl-Kantara, il a re-
joint Rabat par voie de terre.
.et M. Le Beau rejoint
son poste à Alger
M. Le Beau, Gouverneur général de l'Al-
gérie, a quitté Paris hier soir à 21 h. 15 pour
rejoindre son poste à Alger.
——————— ) -.- - ( ———————
M. Justin Qodart
rentre en France
M. Justin Godart, rentrant en France s'est
embarqué sur le « Félix Roussel »> qui est
parti de Saigon avant hier. Toutes les per-
sonnalités civiles et militaires saïg01t11aiscs
sont venues saluer le délégué du Gouverne
ment français avant son départ.
-——————————————
AUDIENCES
A L'ELYSEE
M. Albert Lebrun, président de la Répu-
blique, a reçu samedi après-midi M. Graffeuil,
Résident supérieur en Annam.
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. Pierre Viénot, sous-secrétaire d'Etat, a
reçu samedi matin M. Guillon, Résident géné-
ral de France en Tunisie.
Après avoir été à nouveau reçu hier matin
par M. Viénot, le Résident général Guillon a
eu un entretien dans le courant de l'après-midi
avec M. Yvoii Delbos. ministre des Alffaires
étrangères.
AU MINISTERE DE L'AGRICULTURE
M. Armand Gillon, Résident général de
France en Tunisie, sera reçu aujourd'hui par
M. Georges Monnet, ministre de l'Agricul-
ture.
Contingents
L
LORSQU'IL a traité à W.
tribune du Si!nat 'dd
abus multiples et
scandaleux auxquels
donnent lieu la réparti-
tion des licences d'im-
portation et la pratique
des contingentements,
notre très distingué collègue M. Gaston Rogé n'a
pas tout dit. Il avait bien d'autres choses dans
son sac. Au besoin, plus d'un d'entre nous
aurait pu l'aider à le remplir jusqu'à ce qu'il
débordât. Soyons justes : le ministre interpellé
a loyalement reconnu que tout cela était vrai,
et n'a pas caché qu'il était d'accord avec son
interpellateur.
Je - songeais, plus particulièrement, aux pro-
testations de la C.G.P.F.L. contre les contin-
gents clandestins, inopportuns, et inattendus.
Ces lettres majuscules désignent par une de ces
abréviations aujourd'hui fréquentes : la Confé-
dération Générale des Producteurs de Fruits et
Légumes. Les exemples qui ont été donnés dans
la dernière assemblée générale sont nombreux,
caractéristiques, et inégalement insupportables,
mais insupportables pour les mêmes raisons.
Je retiens ce qui a trait aux préjudices portés
aux producteurs de notre Afrique du Nord.
Le contingent des agrumes a bien été réduit
à 730.000 quintaux contre 894.030 sur le pre-
mier trimestre de 1936. Mais cette réduction
paraît insuffisante aux producteurs nord-afri-
cains qui font observer, au reste, que le contin-
gent des mandarines est demeuré le mêetc.)
Mais ce n'est pas là le pire. Voici :
Pendant les fêtes de Noël et du Nouvel An,
des arrivages de mandarines et d'oranges d'Ita-
lie entraînaient aux Halles de Paris un abaisse-
ment des prix des agrumes de notre Afrique du
Nord. Que s'était-il passé ? Si on s'était tenu
aux contingents normaux, aucune surprise n'était
possible. Pour le dernier trimestre de 1936, le
contingent italien représentait 340 quintaux
d'oranges, et le contingent total accordé à tous
les pays autres que l'Espagne s'élevait à peine
à 322 quintaux. Donc, rien à craindre si tout
se passait normalement.
En fait, on avait purement et simplement al-
loué un contingent nouveau, un contingent sup-
plémentaire, une rallonge de 40.000 quintaux
d'agrumes, pas plus. 20.000 quintaux d'oranges
et 5.000 de mandarines à l'Italie; 10.000 quin-
taux à la Grèce ; 5.000 quintaux à l'Egypte.
C'est ce que le rapporteur a révélé à la C.G.P.
F.L. Il est inutile de dire que l'assistance l'a trou-
vé mauvaise et qu'elle ne s'est pas gênée pour
le faire entendre.
Le prétexte ? C'est que l'Espagne cette année
faisait des expéditions insuffisantes. A ce pré-
texte, le Rapporteur a répliqué qu'un seul cour-
rier de Tunisie avait, quatre jours avant la Noël,
débarqué en France plus d'agrumes que la Tuni-
sie n'en avait débarqué pendant toute l'année
1935, que le Maroc, que l'Algérie n'avaient nul-
lement eu l'intention de se déclarer incapables de
fournir notre marché métropolitain abondamment
et même surabondamment. Mais au fond, la ques.
tion n'est pas là. J'admets très volontiers que ce
supplément imprévu ait été nécessaire ; j'affirme
qu'il fallait l'allouer au grand jour, et après avoir
consulté les organisations intéressées. Elles au-
raient répondu non ? Peut-être. Alors, on aurait
démontré qu'elles avaient tort, et on aurait évité,
en tout cas, de donner l'impression de se cacher
pour prendre une décision légitime et de prati-
quer la détestable méthode « des contingents se-
crets ou occultes en cours de trimestres ». C'est
donner lieu à des suppositions dont auelaues-
unes peuvent et doivent être fausses, mais aux-
quelles il vaut mieux ne pas donner naissance.
Car, qu'on Je veuille ou non, les producteurs
restent méfiants, et pour cause. Ils croient dur
comme fer que les importateurs, eux, sont tou-
jours renseignés, pendant que les agriculteurs
restent dans l'ignorance et ont, à la fin, le déplai-
sir de la surprise. En outre, ils interrogent (et
qui pourrait les en blâmer ?) après coup, ceux
qui ont pris ces mesures qui leur portent préju-
dice : quelle contre-partie a-t-on obtenue en
échange de l'octroi de ces contingents nouveaux?
et, si l'on n'en a obtenu aucune, à quels autres
mobiles a-t-on obéi ?
Ils réclament donc :
1° Que les contingents clandestins soient défi-
nitivement abolis :
20 Que si en cours de trimestre un gouverne-
ment estime qu'un contingent supplémentaire ex-
ceptionnel doit être accordé, les associations de
producteurs intéressées soient appelées à donner
leur avis, et qu'elles soient mises au courant
non seulement des motifs de la mesure mais des
avantages dont elle est la rançon ;
30 Que, la décision une fois prise « elle soit
publiée au Journal Officiel afin que nul n'en
ignore. »
Logiquement, équitablement, il me semble im-
possible de ne pas approuver cette façon de
voir. Il faut s'y conformer, sinon c'est fournir
des occasions chaque fois nouvelles à des soup-
çons qui se traduisent par cette formule courante
et pleine de sous-entendus : « Encore une affaire
où un certain nombre de gens ne se sont pas
embêtés. »
Mario Roustan.
Sénateur de l'Hérault, ancien ministre,
Vice-président de la Commission
des Colonies.
■ ) - -.- ( —————————
Les feux sont éteints
Le Haut Comité méditerranéen
a terminé ses examens
Les travaux du Haut Comité méditerranéen
sont terminés : organisation administrative, si-
tuation des fonctionnaires, répercussion sur nos
sujets ou protégés de la rébellion du Maroc
espagnol, rétablissement au ministère de l' In-
térieur d'une Direction des affaires algériennes,
tels sont les points principaux des dernières dis-
cussions.
Après quoi, M. Léon Blum, président du
Conseil, offrit en l'Hôtel Matignon un déjeuner
à tous ceux qui participèrent à ces travaux.
L'extrême discrétion qui enveloppe ces déli-
bérations ne nous permet point de connaître les
points plus graves sur lesquels l'attention du
Haut Comité a dû être appelée.
————————— ).+- <-----
Le oholéra au Siam
Au cours de la semaine se terminant le
6 mars, les cas de choléra pour le royaume
ont été de 338, dont 21 j mortels ; Bangkok
a figuré pour 37 cas, dont 13 mortels.
Réorganisation
de 18 propagande coloniale
<":. -. Où l'on voit que le ministère «
des Colonies prend sa tâche à cœur
Le Journal Officiel de dimanche a publié
un décret très important : la propagande colo-
niale officielle est désormais admise comme
une nécessité. Elle prend pignon sur rue. Elle
a l'ambition d'apprendre enhn aux Français ce
que sont leurs colonies. L'exposé du ministre
est très net : dans son rapport au président de
la République, M. Manus Moutet s'exprime
en effet ainsi :
Un décret-loi du 4 avril 1934 ayant suppri-
mé l'agence générale, il m'est apparu qu'il
convenait de lixer à nouveau, sans modilier
le statut qui les régit, les règles de fonction-
nement des agences et d'organiser la coor-
dination de leurs efforts en fonction de l'œu-
vre poursuivie dans le même domaine par le
ministère des Colonies.
D'autre part, les services de presse et de
documentation générale seront fusionnés en
un seul service doté d'un personnel perma-
nent et spécialisé et place, sous l'autorité
d'un fonctionnaire relevant directement du
ministre.
D'autre part, l'institution d'un commissa-
riat général pour la propagande coloniale et
les expositions permettra de coordonner les
diverses formes d'activité économique des
agences, de grouper les services d'exposition
et de préparer la création d'une maison de
la France d'outire-mer.
, La réforme envisagée permettra une plus
grande efficacité dans l'action de propagande
entreprise en faveur de nos territoires d'ou-
tre-mer, en même temps qu'une appréciable
réduction des crédits qui y sont affectés.
A ce « Service Intercolonial d'information
et de documentation » sont conférées toutes les
attributions antérieurement exercées par les
agences économiques des colonies autonomes
et gouvernements généraux, en matière de
presse, d'informations, de publicité et de docu-
mentation générale.
Les fonctionnaires et agents de ce service
sont nommés par le ministre. Le cadre établi
comprend :
Un directeur, chef du service.
Deux chefs de section, dont un adjoint au
directeur.
Un statisticien.
Quatre sous-chefs de section,
Quatre attachés de presse.
Un commis d'ordre et de comptabilité.
Quatre sténo-dacty lographes.
En outre, un commissariat général perma-
nent pour la propagande coloniale et les expo-
sitions est institué, ayant à la tête un commis-
saire général permanent chargé d'assurer à cet
effet la coordination des services économiques
et commerciaux des Agences Economiques.
M. Richard Brunot, Gouverneur général,
précédemment directeur du personnel et de la
comptabilité, a été nommé commissaire géné-
ral de ce nouveau service.
Une autre tâche a été en outre confiée à
M. Bnmot, qui est chargé de mission — cumu-
lativement avec ces hautes fonctions - « de
suivre auprès du ministre les questions relatives
à la législation sociale et du travail aux colo-
nies ».
A la recherche
des débouchés
D'Algérie en A.O.F.
On se souvient que l'année dernière, sous
l'égide des Chambres de Commerce algérien-
nes, une mission, économique parcourut l'A.
O. F. en avion à la recherche de débouchés.
Au retour de cette mission un Comité d'ac-
tion Algérie-A.O.F. fut créé. Cet organisme
a dernièrement chargé M. Morard, président
de la Chambre de Commerce d'Alger, d'aller
sur place étudier le dernier aspect des possi-
bilités de la grande Fédération. ----
Parti le 25 janvier, M. Morard est rentré à
Alger mardi dernier par l'avion d'Air-Afri-
que. Au cours d'un périple de quelque
17.000 kilomètres il a repris contact avec les
différents organismes économiques de l'A.O.F.
Partout, il a pu constater le vif désir de
voir s'intensifier les échanges économiques
avec l'Algérie qui déjà sont en sérieuses
augmentations, les exportations d'huile d'ara-
chide, par exemple, sont passées de 300
quintaux en 1935 à 16.000 en 1936; certaines
autres exportations toujours sur l'Algérie, se
sont accrues d'une moyenne de 30
Comme réalisation immédiate, outre de
nombreux autres projets, un comptoir offi-
ciel de l'Algérie va être ouvert à Dakar tout
comme il en existe déjà un de l'A.O.F à
Alger.
Souhaitons que ce courant économique
enfin établi aille en s'accélérant rapidement
pour créer l'économie complémentaire si dé-
sirable dans le cadre de nos grandes posses-
sions africaines
Les fêtes de la Tabaskl
à Dakar
Le lundi 22 février, la fête de la Tabaski
a eu lieu à Dakar, M. de Coppet, Gouverneur
général de l'A. O. F., a assisté au Grand
Salam.
Accompagné, de M. Geismar, Gouverneur
secrétaire général, et de M. Louveaudirec-
teur du cabinet, le Gouverneur général était
entouré d'un grand nombre de hauts fonc-
tionnaires et de chefs de service. Le général
commandant supérieur des troupes était re-
présenté, le général commandant la défense
était présent.
Le nombre des indigènes rassemblés peut
être évalué à une dizaine de milliers.
Les personnages officiels assistèrent, de.
boutj au Grand Salam, puis Himan El Hadj
Moustapha Dio prononça une longue allocu-
tion dans laquelle il prodigua, ses conseils
aux fidèles.
Le lendemain matin, le Gouverneur général
reçut les notables musulmans dont la liste
lui avait été remise par l'iman. Au cours de
cette cérémonie, M. de Coppet exprima toute
la sollicitude, des pouvoirs publics à l'égard
des populations de l Islam. et [l'iman lui
répondit en l'assurant du loyalime de tous.
Les colonies devant Genève
Les vains débats de la Commission des
Matières Premières
La Commission pour l'étude du problème
des matières premières a terminé ses travaux à
Genève vendredi soir.
Elle a adopté le rapport, qui contient au dé-
but l'affirmation qu'il n'appartient pas à la
Commission de discuter de la répartition des
territoires où sont exploitées les matières pre-
mières. Confirmation officielle des paroles pro-
noncées, in fine, par M. Stucki, expert suisse,
quand il a dit « La Commission est d'accord
pour estimer que toute question de répartition
et transfert des territoires coloniaux échappent
à sa compétence ».
Ainsi, la manœuvre allemande, sournoise-
ment secondée par la Pologne, présente, elle,
à cette conférence, fait long feu. Ce n'est sans
doute que partie remise. Ceux qui espéraient
risquer le débat à l'occasion de cette discussion
n'avaient probablement pas prévu la catégorique
attitude de la Grande-Bretagne. Il va falloir
trouver autre chose, ou alimenter la polémique,
sur le plan politique, jusqu'au 21 juin, date à
laquelle se réunira à nouveau la Commission.
V*
Pour ne pas manquer à la règle, des sous-
comités ont été constitués. Ils prépareroni leurs
rapports Pour la réunion plénière de juin. Un
des sous-comités est chargé de rédiger un pro-
gramme de recherches statistiques ayant parti-
culièrement pour objet l'offre de matières in-
dustrielles et de matières alimentaires à l'état
brut.
Si le loisir nous en était donné, nous consa-
crerions à l'étude de ce problème une grande
part de notre activité. Les tentatives de répar-
tition et de libre circulation des matières pre-
mières dans le monde, ont été nombreuses de-
puis la guerre. Nous aurons l'occasion de le
rappeler.
En attendant, une fois n'est pas coutume,
remercions Genève d'avoir évité de justesse le
débat que l'on désirait ouvrir à la faveur de
cette conférence. Prétendre qu'une nation ne
peut pas s'approvisionner en matières premières
si elle n'est en puissance de territoires colo-
niaux, est du plus bel enfantillage. Nous avons
vécu, depuis quelques armées, tellement d'évé-
nements ridicules que nous étions en droit de
redouter l'adoption de cette thèse.. -
La France, mise à part l'intervention de M.
Maurette, fut absente de ce débat, M. Charles
Rist, expert désigné, ayant été, à Paris, retenu
par la bataille de l'Emprunt.
Nous formons le vœu que le ministre des
Affaires étrangères, moins jaloux de ses pré-
rogatives et considérant l'angle colonial de ce
débat, prie son collègue des Colonies de délé-
guer un de ses représentants à la session de
juin.
; ;. - ( ——————————
Vers la libération égyptienne
La suppression des capitulations
et l'admission à la S. D. N.
Une conférence se tiendra, à Montreux, le
14 avril" sur l'invitation de l'Egypte en vue
de la suppression du régime des capitulations.
A la suite de cette conférence l'Egypte se
présentera devant la Société des Nattons en
vue de son admission : la date dit 26 mai est
envisagée, durant la session ordinaire du con-
seil de la S.D.N.
BUDGETS
DE SAINT-PIERRE ET MIQUELON
Le budget local du territoire, pour l'exer-
cice 1937, arrêté en recettes et en dépenses au
chiffre de 8.317.600 francs a été approuvé par
décret du 10 mars.
—————————— > -.-- ( —————————
Le whisky
Eléments d'une plaidoirie
L'Afrique Occidentale française se Plaint,
unanimement d'une mesure désastreuse prise
contre elle : le contingentement dit wlzisky.
Un décret du 16 février (Journal Officiel
du 19 février) a en effet fixé comme suit les
quantités de spiritueux d'origine étrangère
qui pourront être importés en A.O.F. au cours
Ù 1937 :
Pour les whiskies, 40.000 litres;
Pour les autres alcools (geizièz-res, gins,
etc.), So.ooo litres.
Ce me me Journal Officiel a publié un dé-
cret du 9 janvier relatif à un régime doua-
nier des spiritueux d'origine étrangère im-
portés dans les colonies de l'A.O.F.
Nous ne sommes pas suspect d'amabilité
envers les produits anglais. Cependant nous
plaiderons la cause du whisky. Nous formons
le vœu que l'eau Perrier, si intéressée à la
COltSOmmatÍolt du whisky, se joigne à nous.
Le whisky français est imbuvable, ne dé.
saltère pas. Cette Pâle copie, à fond sucré,
est teme, sirupeuse et adhère au palais. Elle
colle la langue, elle assèche la gorge. Le
whisky est anglais. Plus exactement écossais.
Il ne sera jamais français.
Les personnalités qui ont jugé que le whis-
ky devait être contingenté à la colonie ren-
dent un mauvais service à nos compatriotes.
C'est un blâme unanime qui monte, c'est
un vœu unanime qui s'exprime : il faut réta-
blir en A.O.F. la libre circulation du wltisky.
Nulle boisson plus saine, Plus diurétique, et
qui enivre moins. Il rectifie les facultés un
instant déséi/ir/lihrrrs. Il est indispensable il
la colonie.
Et pourquoi norgai:iseraU-oii pas un réfé-
rendum, un plébiscite ? Nous sommes assuré
que l'ensemble des voix serait acquis au
whisky. Les Gouverneurs de nos colonies d'A.
O.F. le savent bien. Ne pourraient-ils insis-
ter auprès du Gouverneur général afin que
le ministre des Colonies soit officiellement
saisi de la question?
L'Islam en Italie
Alors que M. Jean Thouvenin, dans l Hom-
me Libre, cherche des explications à l'attitude
de M. Mussolini en terre africaine, la Répu-
blique a fort bien saisi le sens de ce symbo-
lique voyage. La question de l'Islam est à nou-
veau posée avec une acuité étrange, en un mo-
ment où, sur ce front passionné, la France se
trouve en de très graves difficultés.
Il y a quelques années que nous nous sommes
penché sur l'Empire arabe. Nous en avons dé-
noncé l'existence morale, en attendant a en
enregistrer les frontières matérielles. Contre
l'Europe désaxée, et qui se dévore elle-même,
contre ses conflits d'hier et de demain, contre
la décomposition morale de ses peuples qui
cherchent un sens à la vie en se détruisant par
les guerres, la grande unité religieuse de l'Is-
lam se dresse de plus en plus.
Il y a un sens à la libération prochaine de
l'Egypte. Il y a un sens, d'Aden à Bagdad,
que l'Arabie reflète en son désert. Et la Syrie,
le Liban qui font tomber ce qu'ils croyaient
être des chaînes, répondent à la palpitation
oppressée de cette poitrine musulmane, dont
l'Afrique du Nord tout entière contrôle en ce
moment les battements.
*
M. Mussolini, auquel la dictature ne crée
aucun souci de politique intérieure, et qui n'est
pas contraint de consacrer son activité aux jou-
tes oratoires, spécule sur l'avenir. Ses yeux
peuvent en toute liberté demeurer fixés sur
l'horizon. Il n'est pas sans savoir que notre trop
vieille civilisation occidentale, dont f axe moral
est brisé, autant que la matérialité brutale de
nos appétits, ont conduit l'Europe sur les bords
de l'abîme. Il n'est pas sans savoir que le Nip-
\pon, accroché sur le rivage des mers qui le
baignent, ne peut pas encore s'imposer politi-
quement à nos terres occidentales. Il n'est pas
sans savoir que l'Empire d'Islam, avec une fidé-
lité remarquable de pensée et de persévérance,
cherche à se constituer.
Dès lors, tenant compte des éléments musul-
mans d'Europe, en Albanie, en Yougoslavie,
sn Bulgarie, il est évident que le chef du gou-
vernement italien cherche à se concilier cette
immense collaboration de l'immense Empire de
demain : être en Europe le fidéi-commis de
cette puissance, et sauver l'Italie par l'Islam,
tel nous semble être en effet la pensée actuelle
de - M. Mussolini. - - -
Le rôle que la France n a pas voulu, ou n a
pas su jouer, elle qui cependant était la pre-
mière puissance musuimane d'Europe, l'Italie
commence aujourd' hui à l'assumer.
Après la conquête de l'Ethiopie, M. Mus-
solini entreprend aujourd' hui sa deuxième ac-
tion extérieure. C'est dans la logique des cho-
ses, et nous ne pouvons lui en tenir rigueur.
Mais en installant ainsi l'Islam dans les desti-
nées de l'Italie, il place la France en singu-
lier péril.
Qui lc comprendra ici, el quelles mesures se-
ront prises ?
Est-ce ainsi trop annoncer que de prévoir le
conflit européen de demain : entre l'esprit mu-
sulman et la loi juive ? Et pouvons-nous accep-
ter que l'Europe en soit le théâtre ?
—————————— > -OE+O- < ——————————
Après les événements du Sud Tunisien
Le principe d'autorité
par Arthur PeUegrin.
Tunis, 12 mars.
Il faut le dire : les événements sanglants des
mines de M'atlaoui et de M'dilah ont profon-
dément remué l'opinion publique tunisienne et,
par delà la Méditerranée, en France, ils ont
eu des échos retentissants. Vingt morts et une
cinquantaine de blessés, tel est le bilan de
ces journées de désordre. Tout n'est donc pas
tranquille dans b royaume de Tunis, contraire-
ment à ce qu'affirmaient certains pour ne pas
alarmer Paris.
Ceux que le parti-pris — très intéressé —
n'aveugle pas reconnaîtront avec nous que le
drame social dont le Sud-Tunisien a été le
théâtre n'est pas un phénomène de génération
spontanée. Il est i'aboutissement d'une série
de faits qui s'échelonnent sur la période des
huit mois antérieurs, faits que nous avons eu
l'occasion de signaler à maintes reprises pour
en dénoncer le danger.
Ce n'est pas impunément que l' on excite les
esprits par une propagande incessante tendant
à représenter l'ordre établi comme la causa de
tous les maux dont souffre le peuple tunisien,
et la colonisation française sur les plans divers
où elle s iexerce comme une source de spolia-
tion. Le Destour, puisqu'il faut l'appeler par
son nom, a multiplié depuis juillet dernier ses
réunions, meetings, manifestations, ses campa-
gnes de presse en arabe et en français, créant
systématiquement de l'agitation en vue de faire
abouti? un cahier de revendications inopportunes
et d'un nationalisme exacerbé.
Les sections destouriennes sont de plus en
plus nombreuses, beaucoup plus actives dans
les localités de l'intérieur, parmi l'es populations
rurales, que dans la capitale, qui garde, cepen-
dant, un rôle de direction organique et morale.
Dans le Djerid, notamment, la région même
qui englobe Metlaoui et M'dilah, les indigènes
ne jurent que par le Destour et sont persuadés
de « sa victoire » prochaine. Ils sent devenus
arrogants et méprisants à l'égard des Européens.
Ce n' est pas sans raison qu'une délégation im-
portante de Français, ouvriers et employés des
mines, a demandé au Résident général, lors ds
sa visite récente aux populations du Sud, de
prendre des mesures énergiques en vue de faire
cesser l'état d'alerte perpétuelle qui est celui
dans lequel vit aujourd'hui la colonie française.
Les troubles tendent à se généraliser : c'est
ainsi que b 10 mars, soit moins d'une semaine
après ies événements du Sud, une émeute a
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