Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-02-26
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 février 1937 26 février 1937
Description : 1937/02/26 (A38,N16). 1937/02/26 (A38,N16).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265472r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
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- J«nSm 4a la Baana
PARIS <20
TÉL. « MCHBLIKU 73-0«
(2 lignes groupées)
3r ANNU. - NO 16.
VENDREDI <13 h. 30) 26 FEVMEH J937
Les Annales Coloniales
Fondateur 1 Marcel RUEDEL
Directeur 1 Raoul MONMARSON
- IIIIIIIEIEITS
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Etraager.. 248 » 125 » 71 »
Le Numéro : 30 centimet
On s'abenne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Le nouveau visage
..c de -l'Afrique .-..
IV. — Le bras des hommes
Abidjan, Ier février.
Les Colonies françaises sont divisées en deux
formes d'Etat : l'Administration et la Colo-
nisation.
Ce sont encore maintenant deux sœurs en-
newes.
La première ne. s'est pas rendu compte que
le jour où la Métropole serait lasse de la payer,
et J'entretenir sur un tram de vie exorbitant,
sans profit, des territoires extérieurs qui pro-
fitent surtout à l'Etranger, elle ne trouverait
la Vie que grâce à la Colonisation.
Elle devrait donc favoriser celle-ci, la sou-
tenir, la faire progresser par tous les moyens.
Quand elle ne s'en désintéresse pas, elle lui
crée des embâchei de toutes sortes.
Fasse donc le ciel que sa vie n'en dépende
pas an jour l
Lorsque l'Administration veut construire, ou-
vrir un chantier, entretenir une route, réaliser
des travaux publics quelconques, elle trouve
toujours des hommes. Et à satiété. Il y a,
d'abord les prestataires. Ceux-ci n'ont pas
encore de Syndicats, qui leur permettront un
jour d'été des protestataires. Il y a, ensuite,
dans la multiplicité des besognes quotidiennes
d'entretien, les prisonniers. Il y a, enfin, les
recrutements massifs des travailleurs.
La Société de Construction des Batignolles,
entreprenant la construction d'un tronçon du
Congo-Océan, avait exigé et obtenu de FAd-
mimstration la présence, sur ses chantiers, d'un
contingent quotidien de manœuvres. Ce con-
tingent, si nos souvenirs sont exacts, devait être
de 6.000 hommes. L'Administration, par
homme manquant et par jour, était tenue de
payer un dédit.
Sur les chantiers de l'Office du Niger, mi-
litairement encadrés, 2.000 travailleurs envi-
ron ont été recrutés par l'Administration et
mis à la disposition du Consortium.
Ainsi la preuve est faite, sans recourir à
d'autres exemples, que lorsqu'il s'agit de ses
intérêts ou de ses entreprises, ou de F équipe-
ment de la Colonie, l'Administration sait bien
assurer le recrutement et réaliser une formule
dè travail forcé qu elle condamne lorsqu'il
s'agit des intérêts privés. - -
Il y a donc, suivant le dicton, deux poids,
deux mêmes.
L'Administration se rendra-t-elle compte que
son existence est liée à la progression de la
colonisation, et comprendra-t-elle que l'indi-
gène n'est pas encore suffisamment éduqué,
évolué, pour être abandonné à lui-même ?
Il est évidemment très beau d'appliquer,
même à retardement, sous la poussée d'un gou-
vernement qui s'est hissé sous le pavois de la
liberté individuelle, le principe du droit des
peuples à disposer d'eux-mêmes. Dans ce cas,
poussant à sa pleine réalisation ce principe,
évacuons sans tarder nos colonies. Nous n'aoon,
pas le droit J'appliquer cette formule quand il
s'agit de la colonisation, et de la rejeter quand
il s'agit de l'Administration. La logique seule
ne le commande pas, mais bien la seule justice
humaine, au nom de quoi J'Admini,tration pré-
tend réaliser le nouveau statut des noirs.
- se*
Nous demandons donc F égalité.
Puisque la circulaire du Gouverneur général
ent.nd que tous les indigènes soient libres de
disposer d'eux-mêmes, de travailler ou de ne
rien faire, et que F Administration n'intervienne
plu dans les opérations privées de recrutement,
nous demandons qu'il en soit de même lors-
que l'Administration recrute pour son propre
compte.
La France n'a qu'une tutelle. Le Noir est
maître de son destin : travaux d'Etat, ou tra-
vaux particuliers, il doit être Iibte de s'em-
baucher. Il n'est libre encore que pour le privé,
pas encore en ce qui concerne sa collabora-
tion aux travaux d'Etal.
Voilà pourquoi nous demandons l'égalité.
0
m •
Notre sentiment est net : l'évolution des noirs
n'est pas réalisée dans toutes les colonies d'une
manière égale. L'électeur des « quatre com-
munes » deorait, dans ces conditions, deman-
der que le député du Sénégal soit élu par la
colonie tout entière. Le Sénégalais installé sur
F ensemble de nos colonies africaines devrait
de même juger que toutes les races, toutes
les tribu, tous les clans de ces colonies sont
ses égaux, en intelligence, en activité, en
force.
Des différences cruciales existent, et c'est
pourquoi durant de longues années encore la
tutelle de la France sera nécessaire aux noirs.
A côté de son éducation, par l'Instituteur, il
est indispensable d'assurer sa surveillance par
le Médecin, comme il est indispensable par
l'Administrateur de le contraindre aux cultures
vivrières. Imprévoyant, ignorant-du lendemain,
sucé quand il a de l argent par une innom-
brable famille qui vit à ses dépens, le noir
n'utilise pas son argent pour améliorer son ha-
bitat, son oêtement, la matérialité de sa vie
quotidienne, mais fond le tout dans le creuset
de dépenses inutiles qui vont de l'harmonica
au fixe-chaussettes, ae l'accordéon au para-
pluie. Les bonnes années le comblent. Les
mauvaises le tuent cF inanition. Les quelque
quinze mille morts de faim du Niger eussent
pu demander au fleuve son poisson. Quand on
établit que le bras de l'homme ne demande
pas même au sol ses ressources, à l'instant
précis où la nécessité de manger s'impose, on
peut établir que la France se doit de con-
traindre le noir à travailler.
Si, en matière noire, abandonnant son ridi-
cule Jean-Jacques-Rousseauisme, F Administra-
tion entend que pour son bien, pour assurer
le libre et sain développement de sa race, il
est essentiel de contraindre le noir à trarJailler,
I'oeut)re colonisatrice de la France pourra se
développer harmonieusement.
Sinon il est, préférable d'abandonner de suite
nos territoires de l'Afrique noire.
Pour répondre à l angoissante pénurie de
main-d'oeuvre de la basse Côte ir Ivoire, le
Gouverneur, M. Mondon, créa un office du
travail. Mais dans combien de temps cette créa-
tion portera-t-elle ses fruits ?
Nous envisageons la seule solution possible :
la main-d' œuvre militarisée, comme au Niger,
comme à Madagascar, comme demain sans
doute au port d'Abidjan. C'est le fameux « 2e
contingent ». Ce sont les soldats-postiers, avant
la guerre, lors de la grève des P. T. T., ce
sont les travaillêurs agricoles. Ce sont les tirail-
leurs de demain, repérés, recrutés, encadrés par
l'armée, et mis à la disposition des intérêts pri-
vés.
L'Office de la nwwdoeuvre centralise les
demandes, et répartit les contingents demandés.
Il observe l'honnête exécution du contrat, tient
en mains ses hommes, prolonge en quelque sorte
l'éducation qu'il a ébauchée à l'école en appre-
nant ainsi à celui qui est devenu un homme
que le premier devoir de celui-ci est de travail-
fer.
***
Afin de libérer ces manœuvres non spécia-
lisés, la Côte d' I voire pourrait envisager de
céder à l'entreprise privée l'entretien de ses
routes à gros trafic. Les prestataires et les cré-
dits annuels, ajoutés à une indemnité forfaitaire,
devraient permettre aux entrepreneurs particu-
liers de doter la colonie d'un réseau routier
permanent, et non plus saisonnier. Du matériel
approprié rendrait les femmes libres J'accom-
plir leurs fonctions normales. Elles ne seraient
plus alors, d'une manière lamentable et ridicule,
occupées chaque jour à transporter sur les toutes,
dam un couffin gros comme une chéchia, quel-
ques centimètres cubes de terre, souvent secon-
dées d'ailleurs par des - gosses.
La Côte d'Ivoire pourrait ainsi disposer d'un
volant annuel de travailleurs suffisant aux be-
soins actuels. Ce serait un corps de manœuvres,
identique à toutes les nwn-doeume saisonnières
de France. La route administrative est une con-
sommatrice considérable J'hommes. La route
confiée à l'entreprise privée libérerait au profit
des planteurs et des lorutien, et pour un gain
certain, une partie de ces forçats sans matériel.
La Direction de l'Office de la - main-doeu-
vre, commandant à une armée mobile de tra-
cailleurs, et poursuivant un idéal humanitaire,
permettrait ainsi à la colonisation cFassurer la
récolte et l'évacuation de son produit, cepen-
dant que par le truchement de ses cadres il
poursuivrait me tâche. éducative extrêmement
belle.
Ainsi l'Administration jnontierait-elle qu'elle
comprend les intérêts supérieurs de la France
dans ses colonies, qu'elle ne fait pas J'excep-
tion seulement pour elle-même, et que le strict
enseignement du labeur quotidien est, pour leur
progression sociale, le premier bienfait à impo-
ser aux enfants qu'elle a formés.
Raoul Monmarson.
Voir Les Annales Coloniales des 29 janvier, 5
et 23 février 1937.
Im léléiattoit de la ceandssin
de l'Ir.. de la Oamfere
«I arrivée an Maroc
Une délégation de la commission de l'Ar-
mée ds la Chambre des députés, comprenant
MM. Jacquinot, Chouffet et Saint-Martin, est
arrivée au Maroc avant-hier par le Chellah.
S'étant aussitôt rendu à Rabat elle a été re-
çue par le général Noguès et par le sultan qui
a remis aux parlementaires les insignes de grand
officier du Ouissam-Alaouite.
La délégation a quitté ensuite Rabat, se
dirigeant vers Marrakech, Ouarzazat et Tm-
gbjr, pour visiter les postes et les organisations
de J'avant.
Elfe reviencka à Rabat demain.
INTÉRIM
AU DAHOMEY
M. Ernest Gayon, administrateur en chef, a
été chargé; par intérim, des fonctions de se-
crétaire général du Dahomey, pendant l' ab-
sence du titulaire.
————————— ) — +- ( —————————
Chez les Administrateurs
M. Robert-Louis Delavignette, administra-
teur de I1* classe, chef adjoint du cabinet du
ministre des Colonies, a été nommé administra-
teur en chef.
♦ M. Armand Leroy, administrateur de 1 re
classe a été nommé administrateur en chef des
colonies.
La natalité japonaise
1
X, n'est pas exagéré, de
- qu'elle est ef-
frayante. IJn statisti-
cien japonais a calculé
qu'il naissait, chaque
quatre minutes, 16 pe-
tits nippons, et que
pendant ce temps il
mourait à peu près dix
personnes. On peut, à
ce seul chiffre, mesurer
l'énorme excédent, soit annuellement près 4'un
million.
A ce rythme, la population japonaise qui est
de 70 millions, s'élèvera dans 25 ans à 100 mil-
lions. Que faire de cette population, puisque
déjà l'archipel nippon est plein à déborder.
Le problème est angoissant. fi l'est au pre-
mier chef pour le Japon qui s'évertue A chercher
des débouchés dans toutes les directions et tous
les pays. -
Le Manchukuo n'a été, pour lui, si l'on peut
ainsi parler, qu'un baMon d'essai. 0 a pris les
devants, en organisant cette sorte de protectorat,
pour que personne ne Je supplantât en Mandchou-
rie. Mais, c'est en réalité la Mandchourie qu'il
entend coloniser. Son armée du Kwantung n'est
là que pour préparer l'installation de ses colons,
dont le nombre, pour l'exploitation d'avant-
garde, est fixé à 200.000 familles, que la « Com-
pagnie pour le développement de la Mandchou-
rie » amènera sur place, et défraiera à raison de
1.000 yens par famille, des premiers débours.
Ce sera donc une émigration massive. D'ail-
leurs, l'émigration japonaise ne peut réussir qu'à
la condition d'être massive.
Mais le Japon ne se contentera pas de coloni-
ser la Mandchourie pays au climat rigoureux, et
où il se heurtera au colon chinois, mieux adapté
et travaillant à meilleur compte. Déjà orienté
vers les pays du Nord, il faut qu'il songe aussi
à d'autres pays. Auxquels ? Et c'est ici que la
question se complique étrangement.
Les pays de l'Amérique du Sud ? Oui. LUru-
guay est prêt, paraît-il, à admettre un premier
contingent de. 200 familles !. Une goutte
d'eau dans la mer.
L'archipel des Philippines ?. On s'y prémunit
déjà contre l'invasion japonaise.
Les possessions néerlandaises de l'Océanie ?
Ce serait le rêve japonais. Mais il y a loin de
la coupe aux lèvres.
Alors ? L'Indochine .? Ce serait là une proie
magnifique. Et le Japon, qui veut vivre à tout
prix, y songera. s'il n'y a déjà songé.
Il y a donc là pour nous un péril certain, sur
lequel H ne faut pas fermer les yeux. Dès main-
tenant, nos colonies d'Extrême-Orient sont me-
nacées.
Que fera la France sans enfants, en face du
Jaoon oui déborde ?
- Jean Philip,
Sénateur du Gers,
membre de la Commission des
Finances, membre de la Comims-
s ion des colonies.
) (
Le voyage en A. 0. F.
de la Mission parlementaire
La partie de la mission de la commission des
Colonies conduite par M. Georges Nouelle,
président de la commission, a gagné Abid-
jan par un itinéraire instructif : Koutiala, Bobo-
Dioulasso, Ferkessédougou, Korhogo, Bouaké,
Dimbokro, Abengourou, Adzopé, Agboville.
Après* les régions voltaïques de la haute
Côte d'Ivoire, au particularisme qui saffume
avec une singulière acuité, la région bénie du
café, du cacao, de l'exploitation forestière, fit
apparaître aux yeux des membres de la mis-
sion un aspect angoissant de la question : la
main-d'oeuvre.
Reçue à Abidjan par le Gouverneur de la
colonie, M. Mondon, la mission visita Bin-
gerville, Grand-Bassam, et se rendit sur l'em-
placement du futur chenal, grâce à quoi le
port d'Afrique deviendra notre plus grand port
du golfe de Guinée. Embarqué sur le bana-
nier Kakpulima, qu' elle put ainsi visiter, la
mission se rendit ensuite de Port-Bouët à
Sassandra. La prospection automobile allait
recommencer : ce furent Gagnoa, Daloa, Man.
Partout le grand cri des colons européens : la
main-d' omme. Même à Man, abusivement sai- i
gné à blanc par les recruteurs de la basse-
côte.
De Man, via Danané, la mission gagna
N'Zéré Koré. La Haute-Guinée s'offrit ainsi,
en ses deux postes à commandement militaire,
à quelques encâblures des frontières du Libe-
ria et du Sierra Leone. Après Macenta, les
étapes furent marquées par Kissidougou et
Kankan. De ce dernier centre, terminus à 800
kilomètres du rail Conakry-Niger, la mission
se rendit à Siguiri, d'où, à quarante kilomè-
tres, elle gagna le placer le plus important,
celui de Kolegniagbé, où plus de 30.000 indi-
gènes creusent le sol à la recherche de l'or.
La descente vers la côte allait s effectuer,
db Kankan à Mamon, via Kouroussa et Da-
bola. Ensuite, de Mamon à Dalaba, où la mis-
sion retrouvait M. Lucien Gasparin, député
de la Réunion, rentré du Dahomey et du Togo,
par le Brazza.
Les deux autres membres de la mission
Togo-Dahomey, MM. Niel et Quinson ont re-
gagné la France, via Niamey, par l'avion
d'Air-Afrique.
Embarqués à Conakry, sur le Canada,
MM. Georges Nouelle, Gasparin, Lozeray et
Vincent arriveront à Marseille le Ier mars.
————————— ) et- ( ————————-
BUDGETS
A MADAGASCAR
Les budgets annexes au budget local, arrê-
tés en recettes et en dépenses aux chiffres sui-
vants, ont été approuvés par le Département :
budget spécial des grands travaux et dépenses
sanitaires sur fonds d'emprunt, 71.980.350 fr.;
budget annexe des chemins de fer, 26.450.000
francs.
Le tar.if douanier
aux colonies
Au cours de la discussion à la Chambre la
.semaine dernière, d'un projet de loi tendant
à accorder au gouvernement le pouvoir de
modifier par décret le tarif douanier, M. An-
toine Cayrel a exposé à la tribune, que si la
solidarité économique entre la Métropole et
les colonies doit être de plus en plus consi-
dérée, il y avait toutefois lieu de tenir 1
compte, notamment au sujet de la question
douanière, de la situation particulière de cer-
taines colonies :
La dévaluation de la monnaie, a dit
M. Cayrel, devait rétablir l'équilibre entre
les prix intérieurs et les prix mondiaux et
faire renaître les échanges internationaux,
que par ailleurs les mesures adoptées pour
la protection du franc avaient ralentis.
Ce rétablissement de l'équilibre des prix
devait normalement améliorer notre position
sur le marché mondial et surtout sur le mar-
ché colonial français. Cependant, l'augmen-
tation de. nos ventes aux colonies atteint à
peine i ou 2 p. ioo pour les trois derniers
mois de 1936 comparés au dernier trimestre
de 1935.
Ce -phénomène est grave et mente qu'on
s'y arrête.
le me trouvais en Afrique Occidentale
française, au mois de septembre dernier, au
moment où le Parlement votait la dévalua.
tion. J'étais au Dahomey, dont les: importa-
- £ Sns sont composées, à concurrence de 85 à
90 p. 100, de produits anglais, en vertu d'une
convention douanière du Niger, aujourd'hui
abrogée.
Dès le lendemain du vote de la dévalua-
tion, les prix des produits anglais ont été
augmentés de 30 à 33 p. 100. Par suite des
dispositions prises par le Gouvernement, la
même hausse n'a pu être appliquée aux pro- I
duits français. Il semblait devoir en résulter
un avantage, pour notre Production.
J'avais vu là une possibilité d'ouverture
de nos marchés et le moyen d'assurer vers
nos colonies en remplacement de produits
étrangers, i' écoulement d'une production
française.
Les renseignements que- j'ai pris m'indi-
quent que l'amélioration ne se produit pas.
Là encore, je me demande quelle concor.
dance est établie entre notre politique moné.
taire et notre politique économique et où s'en-
registrent les avantages de la dévaluation.
Je m'excuse, monsieur le ministre du Com-
merce, de cette incursion dans le domaine
colonial qui, sans doute, ne vous intéresse
qu'indirectement. Vous ne pouvez cependant
négliger cet aspect du problème et le Gou.
vernement doit considérer son action écon#-
mique avec quelque unité de vues et sur un
Plan de solidarité impériale. Or, en confor-
mité de la règle de détente douanière inau-
gùti* -cat ra- dernier, j»n jn„ pratiqué.. ré-.
cemment des réductions de droits sur des
produits coloniaux. Les droits sur les oléa-
gineux ont été diminués de 50 p. 100. De
même les droits sur le cacao ont été sensible-
ment réduitS. Malheureusement, pendant
qu'on diminuent ces droits de douane, on ins-
tituait une taxe à la sortie de nos colonies sur
ces mêmes produits. - - -
On a donc compensé le droit de douane
sans donner à nos produits un avantage sur
les produits étrangers et la hausse artificielle
de ces mêmes produits a empêché la détente
douanière d'avoir sa répercussion sur le mar-
ché intérieur et d'entraîner l'abaissement des
prix que permettait d'escompter notre détente
monetazre.
Il y a là une contradiction étonnante.
.On a prétendu que la nouvelle taxe de
sortie était justifiée par des nécessités finan-
cières de nos colonies. Cet argument est vain,
parce qu'il s'agit de colonies qui ne souf-
frent Plus de la crise économique et où la
situation économique — c'est le cas de l'Afri.
que Occidentale française,. par exemple —
s'était sensiblement améliorée un an même
avant la dévaluation monétaire. Les recettes
douanières avaient nettement augment;" et
les surtaxes de sortie étaient inutiles. Au
Dahomey, par exemple, les recettes douaniè-
res sont passées de 22 millions en 1935 à ^us
àe':p mulions cette année, accusant ainsi une
augmentation telle qu'il devient inutile de
rechercher d'autres -ressources.
le pourrais vous dire encore, si je ne dési-
rais écourter ce débat comment il y aurait
lieu de préciser les intentions du Gouverne,
ment en ce qui concerne le régime économi-
que à établir entre la métropole et nos colo-
nies.
Il n'y a pas contradiction entre la détente
douaniere, qui est la résultante logique, légi-
time de la politique monétaire, et une sorte
de solidarité plus étroite sur le plan écono-
mique entre les colonies et la métropole. Je
ne sache pas qu'à la suite de l'accord tripar.
tite VAngleterre ait supprimé, à l'égard de
ses dominions, le régime qu'elle avait ins-
titué au lendemain de la contélmce d'Ot.
tawa.
Elle a conservé un système préférentiel
pour ses échanges entre la métropole et ses
propres possessions coloniales.
La France pourrait agir de même.
) oute- (
LE STATUT DU SANDJAK
D'ALEXANDRETTE
Le comité d'experts chargé par le conseil
statut du Sandjak d'Alexandrette, at tenu,
hier. sa première réunion.
La France était représentée par M. Robert
de Caix, ancien secrétaire général du Haut
commissariat de la République en Syrie et
au Liban.
Au début de cette première séance, les
délégués ont procédé à la nomination du
président et leur choix s'est porté sur M.
Bourquin.
On prévoit que l'examen des divers pro-
blèmes se. poursuivra pendant une quinzai-
ne de jours.
<
L'épidémie de choléra au Siam
Pendant la semaine se terminant le 20 fé-
vrier, il y a eu 305 cas de choléra, dont 199
ont été mortels.. Bangkok a figuré pour 37
cas dont 13 mortels.
M. Viénot en Tunisie
Poursuivant son voyage, le souslsecrétaire
d'Etat aux Affaires v étrangères était mardi à
SfajEr r
■ Le caïd gouverneur, Si Aziz Djellouli- lui
a souhaité la bienvenue exaltant la collabo-
ration franco-tunisienne ,qui a été scellée sur
les champs de bataille de la grande guerre,
union dont le ministre constatera le résultat
tangible en contemplant la forêt de dix mil-
lions d'oliviers; mais la sécheresse a provo-
qué une grande misère, et le caïd souhaite
que M. Viénot trouve le remède aux maux
actuels.
Mercredi, M. Viénot a visité Gabès, no-
tamment le camp de concentration des ty-
phiques. Puis, toujours plus au sud, il.a ga-
gné Médédine, dernière étape, où il a passé
en revue le bataillon d'Afrique et la compa-
gnie de méharistes ; il a visité la ville et a
assisté à une distribution de secours aux in-
digents.
Le sous-secrétaire d'Etat et sa suite sont
rentrés à Tunis hier matin et cette journée
a été consacrée à la visite des souks et à
l'inauguration d'une exposition de l'artisanat
tunisien.
Contre la dictature syndicale,
réaction municipale à Djidjelli
Au cours de lia réunion du Conseil muni.
cipal du 20 février, M. Lochard, faisant
fonctions de maire, a fait la déclaration sui-
vante :
« Messieurs,
« Je vous ai convoqués pour la session ordi-
naire de février et je comptais résoudre avec
votre excellente collaboration les affaires muni-
cipales les plus pressantes. Mais un fait nou-
veau vient de se produire qui modifie mes pro-
jets. Un journal algérois dans son numéro du
17 courant a annoncé que l'Union départemen-
tale des Syndicats ordonne à tous les dockers
de France et d'Algérie, affiliés à la C.J.T. de
refuser d'opérer pour tout vapeur en prove-
nance ou à destination de Djidjelli.
« Ainsi, sans enquête préalable et unique-
ment pour appuyer l'action politique de deux
instituteurs, un groupement irresponsable sup-
prime brusquement les possibilités de ravitail-
lement de toute une région.
« Alors que les conflits en cours sont sou-
mis à la procédure normale de l'arbitrage dans
le cadre des lois françaises cette décision cons-
titue la plus illégale et la plus violente con-
trainte infligée à une population libre.
« Nous ne serions pas dignes de la confiance
que les électeurs djidjelliens nous ont témoi-
gnée si nous pouvions arbitrer ou délibérer sous
la pression d'une telle menace. Puisque deux
instituteurs peuvent faire suspendre la vie éco-
nomique d'une cité, la municipalité décide d'en
suspendre aussi la vie administrative. Aucun
dossier ne sera examiné, aucun acte dépendant
du maire ne sera signé, tant que notre région
sera soumise aux caprices de cette étrange dic-
tature.
« Comme première conséquence de notre vo-
lonté d'agir, je déclare la session de février in-
terrompue jusqu'à nouvèl ordre et je lève la
séance. »
Par ailleurs le bureau fédéral vient de rap-
peler à tous ses syndicats qu'en raison du
conflit qui continue sur le port de Djidjelli :
« Ils doivent persévérer dans le boycotta-
ge des navires ou marchandises venant ou à
destination de ce port.
« Ils doivent également apporter leur so-
lidarité à ces camarades qui luttent depuis
deux mois pour l'obtention de leurs justes
revendications. »
- Après l'attentat
d'Addis-Abeba
Le ras Desta, capturé, est aussitôt
': -" passé par les armes
A l'encontre de ce qu'affirmait la presse
italienne l'attentat contre le marécal Graziani
n'était pas un acte d'isolé mais bien un épi-
sode d'une dernière et importante tentative
de la résistance abyssine.
En effet le même jour le ras Desta. à la
tête d'une colonne de trois mille guerriers,
marchait sur Addis-Abeba et n'était qu'à une
centaine de kilomètres de la capitale lorsqu'il
fut défait par la brigade érythréenne que com-
mande le général Gallina.
Le chef abyssin put alors s'enfuir et ga-
gner la montagne mais il a été rejoint et
capturé ; il fut aussitôt fusillé.
Avec lui tombe le dernier foyer de résistan.
ce en Ethiopie.
*
* *
La santé du maréchal Graziani ne donne
plus d'inquiétude mais le général Liotta a
dû être amputé de l'autre jambe.
Parmi les indigènes arrêtés à la suite de
l'attentat on annonce que quinze cents d'en.
tre eux auraient été, fusillés.
——————————————— > ..e (
Pour les fêtes
du couronnement
en Angleterre
En réponse à une question posée hier à la
Chambre des Communes, lord Cranborne,
sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangè-
res, a déclaré que tous les états en relations
diplomatiques avec le Gouvernement britan-
nique seraient invités aux fêtes du Couron-
nement.
Ainsi l'Ethiopie et l'Espagne de Valence
seront invités à envoyer leurs représentants.
L'annconce de cette invitation, concernant
l'Ethiopiet a suscité à Rome une violente in.
dignation.
Il serait possible que le roi d'Italie, Em.
pereur d'Ethiopie, ne se fasse pas représenter
à ces fêtes si cette invitation est acceptée par
Haïlé Sélassié.
) e.. (
Après les incidents
franco-italiens à Tunis
Le consul d'Italie à Tunis a fait une dé-
marche auprès de la Résidence générale pour
protester contre les attaques anti-italiennes
dont ont été victimes plusieurs journalistes
italiens, dans la nuit du 14 au 15 février..
A la suite de la requête du fonctionnaire
italien, la Résidence a publié une note invi-
tant la population à plus de sang-froid, et le
ton de la proclamation semble avoir quel-
que peu calmé les esprits demeurés surexci-
tés. La collectivité italienne de Tunis a
appris pvéc satisfaction ,la démarche idu
consul, et d'accueil objectif que lui a réservé
le Résident général.
Il faut attribuer cette évolution apaisante
de la situation à l'intervention personnelle de
M. Viénot; qui, comme on le sait, est actuel-
lement en Tunisie.
Pour que l'Algérie reste française
par G. Mesnard.
Un précédent article (I) a montré que, de-
puis une dizaine d'années, la portion indigène
- musulmane - de l'Algérie se reproduisait
et avait des excédents de naissances sur les
morts en valeur absolue quinze fois plus (2), et
en valeur relative deux fois plus que l'élément
européen, déjà français pour les neuf cfizièmes.
Alors que jusqu'à ces temps tout récents la
proportion de la population européenne dans la
population totale, par immigration et excédent
natalitaire relativement plus grand chez elle que
chez les indigènes, avait toujours augmenté, il
n'en est plus de même maintenant. Le phéno-
mène s'est renversé, et, actuellement, la popu-
lation indigène croissant relativement et absolu-
ment plus vite que la population européenne,
la proportion de cette dernière dans l'ensemble
a commencé à décroître. Si l'on ne fait rien là
contre, elle menace, avec le temps, de s' an-
nuler complètement. Ce serait le résultat inverse
de celui que nous souhaitons, que nous voulons.
Que faire pour l'Algérie, province française,
partie intégrante de la France métropolitaine,
pierre de base de notre troisième empire mon-
dial, reste ce qu'die est et même devienne en-
core plus européenne, plus française ?
Il ne faut pas songer à une immigration euro-
péenne : l'excédent natalitaire des européens
créoles l'interdit, et d'ailleurs comment l'Eu-
rope, en pleine dépopulation. pourrait-elle en-
voyer de nouveaux colons ?
Il ne reste donc qu'une solution (car il n'est
pas question, bien au contraire, de procéder
comme firent les Anglo-saxons dans leurs pos-
sessions de peuplement, par extermination des
indigènes): l'assimilation.
Certes, cette assimilation s'est montrée jus-
qu'à présent singulièrement difficile. Mais l'a-
t-on vraiment tentée ? Et si on l'a fait, a-ton
procédé avec la vigueur, la persévérance néces-
saires ? Et s'il y a échec jusqu'à maintenant,
n'est-ds pas, au contraire, surtout en présence
des constatations démographiques indiquées plus
haut, une raison de redoubler d' efforts, d'in-
tensifier les essaM et de les multiplier ?
Un profond connaisseur de l'Aifrique du
Nord a dit que c'était une question de gou-
« (1) CI L'Algérie restera-t-elle française ? » dans
« les Annales Coloniales » du 15 décembre 1936.
(2) Alors que la proportion numérique entre
les deux groupes est de 1 à 6.
vernement, de gouvernement français, bien en-
tenu, laissant carrément entencke que si nous
avions un gouvernement fort et bien français (1),
enfin un gouvernement digne de ce nom et de la
France, ce problème serait promptement résolu :
un Mustapha Kemal, en Tunisie, a, en peu
d'années. réalisé une tâche autrement compli-
quée et difficile.
Heureusement — si l'on peut dire ! — si
nos « gouvernements » sont beaucoup plus ap-
tes à faire le mal que le bien, ils ne durent pas
longtemps. Celui-ci, présidé par un juif révo-
lutionnaire, qui a commencé la Révolution -
et l' anarchie — en France dans le temps même
où le tsar de fait Staline, remonté sur le trône
de la couronne, après avoir expédié ad patres
les derniers juifs fauteurs de la Révolution de
1917, parque les autres au Birobidjan, à l'ex-
trémité orientale de la Sibérie, tout comme ses
prédécesseurs les parquaient en Pologne, ne fera
sans doute pas exception à la règle. Pensons
donc dès maintenant à l' oeuvre de ses succes-
seurs en Algérie.
La boutade citée plus haut — qui n'est pas
qu'une boutade et contient une fort grande part
de vérité — faisait abstraction des raisons plus
communément citées comme obstacles à l'assi-
milation : la religion et la langue, l'islamisme
et l' arabe.
C'est ici qu'une discrimination s'impose : les
six millions d'indigènes qui avec le million
d'Européens forment la population de l'Algé-
rie ne forment pas un bloc homogène comme
on le croit communément. Tous de race blan-
che — donc pas d'obstacle de ce cotera —
ils se partagent en deux groupes ethniques dif-
férents : les Arabes, ou Bédouins, conquérants
envahisseurs, pasteurs nomades ou citadins inr
dolents et les Kabyles de race berbère, autoch-
tones déjà rencontrées sur place — et indomp-
tés — par les Romains, paysans montagnards,
laboureurs et horticulteurs. Là ne s'arrêtent
pas les différences : les premiers — sauf dans
les villes, bien entendu — vivent sous la tenté
(1) Sur 30 ministre, le « gouvernement » fran-
çais actuel compte 8 israélites, soit 1/4. Cette
proportion serait déjà exorbitante en Algérie,
où n'existent que 100.000 juifs, 1/109 environ de
la population européenne, Ij709 de la population
totale (7 millions). Elle est invraisemblable en
France, où la population juive n'atteint pas
200.000 (y compris les 50.000 hérités d'Hitlérie)
sur 42 millions d'habitants !
RUactten & A dministrotin :
- J«nSm 4a la Baana
PARIS <20
TÉL. « MCHBLIKU 73-0«
(2 lignes groupées)
3r ANNU. - NO 16.
VENDREDI <13 h. 30) 26 FEVMEH J937
Les Annales Coloniales
Fondateur 1 Marcel RUEDEL
Directeur 1 Raoul MONMARSON
- IIIIIIIEIEITS
mue lm Rente iHustrit:
Oaaa 6 Mais SIM*
Francs it
Manias ..1Mb IN » M »
Etraager.. 248 » 125 » 71 »
Le Numéro : 30 centimet
On s'abenne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Le nouveau visage
..c de -l'Afrique .-..
IV. — Le bras des hommes
Abidjan, Ier février.
Les Colonies françaises sont divisées en deux
formes d'Etat : l'Administration et la Colo-
nisation.
Ce sont encore maintenant deux sœurs en-
newes.
La première ne. s'est pas rendu compte que
le jour où la Métropole serait lasse de la payer,
et J'entretenir sur un tram de vie exorbitant,
sans profit, des territoires extérieurs qui pro-
fitent surtout à l'Etranger, elle ne trouverait
la Vie que grâce à la Colonisation.
Elle devrait donc favoriser celle-ci, la sou-
tenir, la faire progresser par tous les moyens.
Quand elle ne s'en désintéresse pas, elle lui
crée des embâchei de toutes sortes.
Fasse donc le ciel que sa vie n'en dépende
pas an jour l
Lorsque l'Administration veut construire, ou-
vrir un chantier, entretenir une route, réaliser
des travaux publics quelconques, elle trouve
toujours des hommes. Et à satiété. Il y a,
d'abord les prestataires. Ceux-ci n'ont pas
encore de Syndicats, qui leur permettront un
jour d'été des protestataires. Il y a, ensuite,
dans la multiplicité des besognes quotidiennes
d'entretien, les prisonniers. Il y a, enfin, les
recrutements massifs des travailleurs.
La Société de Construction des Batignolles,
entreprenant la construction d'un tronçon du
Congo-Océan, avait exigé et obtenu de FAd-
mimstration la présence, sur ses chantiers, d'un
contingent quotidien de manœuvres. Ce con-
tingent, si nos souvenirs sont exacts, devait être
de 6.000 hommes. L'Administration, par
homme manquant et par jour, était tenue de
payer un dédit.
Sur les chantiers de l'Office du Niger, mi-
litairement encadrés, 2.000 travailleurs envi-
ron ont été recrutés par l'Administration et
mis à la disposition du Consortium.
Ainsi la preuve est faite, sans recourir à
d'autres exemples, que lorsqu'il s'agit de ses
intérêts ou de ses entreprises, ou de F équipe-
ment de la Colonie, l'Administration sait bien
assurer le recrutement et réaliser une formule
dè travail forcé qu elle condamne lorsqu'il
s'agit des intérêts privés. - -
Il y a donc, suivant le dicton, deux poids,
deux mêmes.
L'Administration se rendra-t-elle compte que
son existence est liée à la progression de la
colonisation, et comprendra-t-elle que l'indi-
gène n'est pas encore suffisamment éduqué,
évolué, pour être abandonné à lui-même ?
Il est évidemment très beau d'appliquer,
même à retardement, sous la poussée d'un gou-
vernement qui s'est hissé sous le pavois de la
liberté individuelle, le principe du droit des
peuples à disposer d'eux-mêmes. Dans ce cas,
poussant à sa pleine réalisation ce principe,
évacuons sans tarder nos colonies. Nous n'aoon,
pas le droit J'appliquer cette formule quand il
s'agit de la colonisation, et de la rejeter quand
il s'agit de l'Administration. La logique seule
ne le commande pas, mais bien la seule justice
humaine, au nom de quoi J'Admini,tration pré-
tend réaliser le nouveau statut des noirs.
- se*
Nous demandons donc F égalité.
Puisque la circulaire du Gouverneur général
ent.nd que tous les indigènes soient libres de
disposer d'eux-mêmes, de travailler ou de ne
rien faire, et que F Administration n'intervienne
plu dans les opérations privées de recrutement,
nous demandons qu'il en soit de même lors-
que l'Administration recrute pour son propre
compte.
La France n'a qu'une tutelle. Le Noir est
maître de son destin : travaux d'Etat, ou tra-
vaux particuliers, il doit être Iibte de s'em-
baucher. Il n'est libre encore que pour le privé,
pas encore en ce qui concerne sa collabora-
tion aux travaux d'Etal.
Voilà pourquoi nous demandons l'égalité.
0
m •
Notre sentiment est net : l'évolution des noirs
n'est pas réalisée dans toutes les colonies d'une
manière égale. L'électeur des « quatre com-
munes » deorait, dans ces conditions, deman-
der que le député du Sénégal soit élu par la
colonie tout entière. Le Sénégalais installé sur
F ensemble de nos colonies africaines devrait
de même juger que toutes les races, toutes
les tribu, tous les clans de ces colonies sont
ses égaux, en intelligence, en activité, en
force.
Des différences cruciales existent, et c'est
pourquoi durant de longues années encore la
tutelle de la France sera nécessaire aux noirs.
A côté de son éducation, par l'Instituteur, il
est indispensable d'assurer sa surveillance par
le Médecin, comme il est indispensable par
l'Administrateur de le contraindre aux cultures
vivrières. Imprévoyant, ignorant-du lendemain,
sucé quand il a de l argent par une innom-
brable famille qui vit à ses dépens, le noir
n'utilise pas son argent pour améliorer son ha-
bitat, son oêtement, la matérialité de sa vie
quotidienne, mais fond le tout dans le creuset
de dépenses inutiles qui vont de l'harmonica
au fixe-chaussettes, ae l'accordéon au para-
pluie. Les bonnes années le comblent. Les
mauvaises le tuent cF inanition. Les quelque
quinze mille morts de faim du Niger eussent
pu demander au fleuve son poisson. Quand on
établit que le bras de l'homme ne demande
pas même au sol ses ressources, à l'instant
précis où la nécessité de manger s'impose, on
peut établir que la France se doit de con-
traindre le noir à travailler.
Si, en matière noire, abandonnant son ridi-
cule Jean-Jacques-Rousseauisme, F Administra-
tion entend que pour son bien, pour assurer
le libre et sain développement de sa race, il
est essentiel de contraindre le noir à trarJailler,
I'oeut)re colonisatrice de la France pourra se
développer harmonieusement.
Sinon il est, préférable d'abandonner de suite
nos territoires de l'Afrique noire.
Pour répondre à l angoissante pénurie de
main-d'oeuvre de la basse Côte ir Ivoire, le
Gouverneur, M. Mondon, créa un office du
travail. Mais dans combien de temps cette créa-
tion portera-t-elle ses fruits ?
Nous envisageons la seule solution possible :
la main-d' œuvre militarisée, comme au Niger,
comme à Madagascar, comme demain sans
doute au port d'Abidjan. C'est le fameux « 2e
contingent ». Ce sont les soldats-postiers, avant
la guerre, lors de la grève des P. T. T., ce
sont les travaillêurs agricoles. Ce sont les tirail-
leurs de demain, repérés, recrutés, encadrés par
l'armée, et mis à la disposition des intérêts pri-
vés.
L'Office de la nwwdoeuvre centralise les
demandes, et répartit les contingents demandés.
Il observe l'honnête exécution du contrat, tient
en mains ses hommes, prolonge en quelque sorte
l'éducation qu'il a ébauchée à l'école en appre-
nant ainsi à celui qui est devenu un homme
que le premier devoir de celui-ci est de travail-
fer.
***
Afin de libérer ces manœuvres non spécia-
lisés, la Côte d' I voire pourrait envisager de
céder à l'entreprise privée l'entretien de ses
routes à gros trafic. Les prestataires et les cré-
dits annuels, ajoutés à une indemnité forfaitaire,
devraient permettre aux entrepreneurs particu-
liers de doter la colonie d'un réseau routier
permanent, et non plus saisonnier. Du matériel
approprié rendrait les femmes libres J'accom-
plir leurs fonctions normales. Elles ne seraient
plus alors, d'une manière lamentable et ridicule,
occupées chaque jour à transporter sur les toutes,
dam un couffin gros comme une chéchia, quel-
ques centimètres cubes de terre, souvent secon-
dées d'ailleurs par des - gosses.
La Côte d'Ivoire pourrait ainsi disposer d'un
volant annuel de travailleurs suffisant aux be-
soins actuels. Ce serait un corps de manœuvres,
identique à toutes les nwn-doeume saisonnières
de France. La route administrative est une con-
sommatrice considérable J'hommes. La route
confiée à l'entreprise privée libérerait au profit
des planteurs et des lorutien, et pour un gain
certain, une partie de ces forçats sans matériel.
La Direction de l'Office de la - main-doeu-
vre, commandant à une armée mobile de tra-
cailleurs, et poursuivant un idéal humanitaire,
permettrait ainsi à la colonisation cFassurer la
récolte et l'évacuation de son produit, cepen-
dant que par le truchement de ses cadres il
poursuivrait me tâche. éducative extrêmement
belle.
Ainsi l'Administration jnontierait-elle qu'elle
comprend les intérêts supérieurs de la France
dans ses colonies, qu'elle ne fait pas J'excep-
tion seulement pour elle-même, et que le strict
enseignement du labeur quotidien est, pour leur
progression sociale, le premier bienfait à impo-
ser aux enfants qu'elle a formés.
Raoul Monmarson.
Voir Les Annales Coloniales des 29 janvier, 5
et 23 février 1937.
Im léléiattoit de la ceandssin
de l'Ir.. de la Oamfere
«I arrivée an Maroc
Une délégation de la commission de l'Ar-
mée ds la Chambre des députés, comprenant
MM. Jacquinot, Chouffet et Saint-Martin, est
arrivée au Maroc avant-hier par le Chellah.
S'étant aussitôt rendu à Rabat elle a été re-
çue par le général Noguès et par le sultan qui
a remis aux parlementaires les insignes de grand
officier du Ouissam-Alaouite.
La délégation a quitté ensuite Rabat, se
dirigeant vers Marrakech, Ouarzazat et Tm-
gbjr, pour visiter les postes et les organisations
de J'avant.
Elfe reviencka à Rabat demain.
INTÉRIM
AU DAHOMEY
M. Ernest Gayon, administrateur en chef, a
été chargé; par intérim, des fonctions de se-
crétaire général du Dahomey, pendant l' ab-
sence du titulaire.
————————— ) — +- ( —————————
Chez les Administrateurs
M. Robert-Louis Delavignette, administra-
teur de I1* classe, chef adjoint du cabinet du
ministre des Colonies, a été nommé administra-
teur en chef.
♦ M. Armand Leroy, administrateur de 1 re
classe a été nommé administrateur en chef des
colonies.
La natalité japonaise
1
X, n'est pas exagéré, de
- qu'elle est ef-
frayante. IJn statisti-
cien japonais a calculé
qu'il naissait, chaque
quatre minutes, 16 pe-
tits nippons, et que
pendant ce temps il
mourait à peu près dix
personnes. On peut, à
ce seul chiffre, mesurer
l'énorme excédent, soit annuellement près 4'un
million.
A ce rythme, la population japonaise qui est
de 70 millions, s'élèvera dans 25 ans à 100 mil-
lions. Que faire de cette population, puisque
déjà l'archipel nippon est plein à déborder.
Le problème est angoissant. fi l'est au pre-
mier chef pour le Japon qui s'évertue A chercher
des débouchés dans toutes les directions et tous
les pays. -
Le Manchukuo n'a été, pour lui, si l'on peut
ainsi parler, qu'un baMon d'essai. 0 a pris les
devants, en organisant cette sorte de protectorat,
pour que personne ne Je supplantât en Mandchou-
rie. Mais, c'est en réalité la Mandchourie qu'il
entend coloniser. Son armée du Kwantung n'est
là que pour préparer l'installation de ses colons,
dont le nombre, pour l'exploitation d'avant-
garde, est fixé à 200.000 familles, que la « Com-
pagnie pour le développement de la Mandchou-
rie » amènera sur place, et défraiera à raison de
1.000 yens par famille, des premiers débours.
Ce sera donc une émigration massive. D'ail-
leurs, l'émigration japonaise ne peut réussir qu'à
la condition d'être massive.
Mais le Japon ne se contentera pas de coloni-
ser la Mandchourie pays au climat rigoureux, et
où il se heurtera au colon chinois, mieux adapté
et travaillant à meilleur compte. Déjà orienté
vers les pays du Nord, il faut qu'il songe aussi
à d'autres pays. Auxquels ? Et c'est ici que la
question se complique étrangement.
Les pays de l'Amérique du Sud ? Oui. LUru-
guay est prêt, paraît-il, à admettre un premier
contingent de. 200 familles !. Une goutte
d'eau dans la mer.
L'archipel des Philippines ?. On s'y prémunit
déjà contre l'invasion japonaise.
Les possessions néerlandaises de l'Océanie ?
Ce serait le rêve japonais. Mais il y a loin de
la coupe aux lèvres.
Alors ? L'Indochine .? Ce serait là une proie
magnifique. Et le Japon, qui veut vivre à tout
prix, y songera. s'il n'y a déjà songé.
Il y a donc là pour nous un péril certain, sur
lequel H ne faut pas fermer les yeux. Dès main-
tenant, nos colonies d'Extrême-Orient sont me-
nacées.
Que fera la France sans enfants, en face du
Jaoon oui déborde ?
- Jean Philip,
Sénateur du Gers,
membre de la Commission des
Finances, membre de la Comims-
s ion des colonies.
) (
Le voyage en A. 0. F.
de la Mission parlementaire
La partie de la mission de la commission des
Colonies conduite par M. Georges Nouelle,
président de la commission, a gagné Abid-
jan par un itinéraire instructif : Koutiala, Bobo-
Dioulasso, Ferkessédougou, Korhogo, Bouaké,
Dimbokro, Abengourou, Adzopé, Agboville.
Après* les régions voltaïques de la haute
Côte d'Ivoire, au particularisme qui saffume
avec une singulière acuité, la région bénie du
café, du cacao, de l'exploitation forestière, fit
apparaître aux yeux des membres de la mis-
sion un aspect angoissant de la question : la
main-d'oeuvre.
Reçue à Abidjan par le Gouverneur de la
colonie, M. Mondon, la mission visita Bin-
gerville, Grand-Bassam, et se rendit sur l'em-
placement du futur chenal, grâce à quoi le
port d'Afrique deviendra notre plus grand port
du golfe de Guinée. Embarqué sur le bana-
nier Kakpulima, qu' elle put ainsi visiter, la
mission se rendit ensuite de Port-Bouët à
Sassandra. La prospection automobile allait
recommencer : ce furent Gagnoa, Daloa, Man.
Partout le grand cri des colons européens : la
main-d' omme. Même à Man, abusivement sai- i
gné à blanc par les recruteurs de la basse-
côte.
De Man, via Danané, la mission gagna
N'Zéré Koré. La Haute-Guinée s'offrit ainsi,
en ses deux postes à commandement militaire,
à quelques encâblures des frontières du Libe-
ria et du Sierra Leone. Après Macenta, les
étapes furent marquées par Kissidougou et
Kankan. De ce dernier centre, terminus à 800
kilomètres du rail Conakry-Niger, la mission
se rendit à Siguiri, d'où, à quarante kilomè-
tres, elle gagna le placer le plus important,
celui de Kolegniagbé, où plus de 30.000 indi-
gènes creusent le sol à la recherche de l'or.
La descente vers la côte allait s effectuer,
db Kankan à Mamon, via Kouroussa et Da-
bola. Ensuite, de Mamon à Dalaba, où la mis-
sion retrouvait M. Lucien Gasparin, député
de la Réunion, rentré du Dahomey et du Togo,
par le Brazza.
Les deux autres membres de la mission
Togo-Dahomey, MM. Niel et Quinson ont re-
gagné la France, via Niamey, par l'avion
d'Air-Afrique.
Embarqués à Conakry, sur le Canada,
MM. Georges Nouelle, Gasparin, Lozeray et
Vincent arriveront à Marseille le Ier mars.
————————— ) et- ( ————————-
BUDGETS
A MADAGASCAR
Les budgets annexes au budget local, arrê-
tés en recettes et en dépenses aux chiffres sui-
vants, ont été approuvés par le Département :
budget spécial des grands travaux et dépenses
sanitaires sur fonds d'emprunt, 71.980.350 fr.;
budget annexe des chemins de fer, 26.450.000
francs.
Le tar.if douanier
aux colonies
Au cours de la discussion à la Chambre la
.semaine dernière, d'un projet de loi tendant
à accorder au gouvernement le pouvoir de
modifier par décret le tarif douanier, M. An-
toine Cayrel a exposé à la tribune, que si la
solidarité économique entre la Métropole et
les colonies doit être de plus en plus consi-
dérée, il y avait toutefois lieu de tenir 1
compte, notamment au sujet de la question
douanière, de la situation particulière de cer-
taines colonies :
La dévaluation de la monnaie, a dit
M. Cayrel, devait rétablir l'équilibre entre
les prix intérieurs et les prix mondiaux et
faire renaître les échanges internationaux,
que par ailleurs les mesures adoptées pour
la protection du franc avaient ralentis.
Ce rétablissement de l'équilibre des prix
devait normalement améliorer notre position
sur le marché mondial et surtout sur le mar-
ché colonial français. Cependant, l'augmen-
tation de. nos ventes aux colonies atteint à
peine i ou 2 p. ioo pour les trois derniers
mois de 1936 comparés au dernier trimestre
de 1935.
Ce -phénomène est grave et mente qu'on
s'y arrête.
le me trouvais en Afrique Occidentale
française, au mois de septembre dernier, au
moment où le Parlement votait la dévalua.
tion. J'étais au Dahomey, dont les: importa-
- £ Sns sont composées, à concurrence de 85 à
90 p. 100, de produits anglais, en vertu d'une
convention douanière du Niger, aujourd'hui
abrogée.
Dès le lendemain du vote de la dévalua-
tion, les prix des produits anglais ont été
augmentés de 30 à 33 p. 100. Par suite des
dispositions prises par le Gouvernement, la
même hausse n'a pu être appliquée aux pro- I
duits français. Il semblait devoir en résulter
un avantage, pour notre Production.
J'avais vu là une possibilité d'ouverture
de nos marchés et le moyen d'assurer vers
nos colonies en remplacement de produits
étrangers, i' écoulement d'une production
française.
Les renseignements que- j'ai pris m'indi-
quent que l'amélioration ne se produit pas.
Là encore, je me demande quelle concor.
dance est établie entre notre politique moné.
taire et notre politique économique et où s'en-
registrent les avantages de la dévaluation.
Je m'excuse, monsieur le ministre du Com-
merce, de cette incursion dans le domaine
colonial qui, sans doute, ne vous intéresse
qu'indirectement. Vous ne pouvez cependant
négliger cet aspect du problème et le Gou.
vernement doit considérer son action écon#-
mique avec quelque unité de vues et sur un
Plan de solidarité impériale. Or, en confor-
mité de la règle de détente douanière inau-
gùti* -cat ra- dernier, j»n jn„ pratiqué.. ré-.
cemment des réductions de droits sur des
produits coloniaux. Les droits sur les oléa-
gineux ont été diminués de 50 p. 100. De
même les droits sur le cacao ont été sensible-
ment réduitS. Malheureusement, pendant
qu'on diminuent ces droits de douane, on ins-
tituait une taxe à la sortie de nos colonies sur
ces mêmes produits. - - -
On a donc compensé le droit de douane
sans donner à nos produits un avantage sur
les produits étrangers et la hausse artificielle
de ces mêmes produits a empêché la détente
douanière d'avoir sa répercussion sur le mar-
ché intérieur et d'entraîner l'abaissement des
prix que permettait d'escompter notre détente
monetazre.
Il y a là une contradiction étonnante.
.On a prétendu que la nouvelle taxe de
sortie était justifiée par des nécessités finan-
cières de nos colonies. Cet argument est vain,
parce qu'il s'agit de colonies qui ne souf-
frent Plus de la crise économique et où la
situation économique — c'est le cas de l'Afri.
que Occidentale française,. par exemple —
s'était sensiblement améliorée un an même
avant la dévaluation monétaire. Les recettes
douanières avaient nettement augment;" et
les surtaxes de sortie étaient inutiles. Au
Dahomey, par exemple, les recettes douaniè-
res sont passées de 22 millions en 1935 à ^us
àe':p mulions cette année, accusant ainsi une
augmentation telle qu'il devient inutile de
rechercher d'autres -ressources.
le pourrais vous dire encore, si je ne dési-
rais écourter ce débat comment il y aurait
lieu de préciser les intentions du Gouverne,
ment en ce qui concerne le régime économi-
que à établir entre la métropole et nos colo-
nies.
Il n'y a pas contradiction entre la détente
douaniere, qui est la résultante logique, légi-
time de la politique monétaire, et une sorte
de solidarité plus étroite sur le plan écono-
mique entre les colonies et la métropole. Je
ne sache pas qu'à la suite de l'accord tripar.
tite VAngleterre ait supprimé, à l'égard de
ses dominions, le régime qu'elle avait ins-
titué au lendemain de la contélmce d'Ot.
tawa.
Elle a conservé un système préférentiel
pour ses échanges entre la métropole et ses
propres possessions coloniales.
La France pourrait agir de même.
) oute- (
LE STATUT DU SANDJAK
D'ALEXANDRETTE
Le comité d'experts chargé par le conseil
hier. sa première réunion.
La France était représentée par M. Robert
de Caix, ancien secrétaire général du Haut
commissariat de la République en Syrie et
au Liban.
Au début de cette première séance, les
délégués ont procédé à la nomination du
président et leur choix s'est porté sur M.
Bourquin.
On prévoit que l'examen des divers pro-
blèmes se. poursuivra pendant une quinzai-
ne de jours.
<
L'épidémie de choléra au Siam
Pendant la semaine se terminant le 20 fé-
vrier, il y a eu 305 cas de choléra, dont 199
ont été mortels.. Bangkok a figuré pour 37
cas dont 13 mortels.
M. Viénot en Tunisie
Poursuivant son voyage, le souslsecrétaire
d'Etat aux Affaires v étrangères était mardi à
SfajEr r
■ Le caïd gouverneur, Si Aziz Djellouli- lui
a souhaité la bienvenue exaltant la collabo-
ration franco-tunisienne ,qui a été scellée sur
les champs de bataille de la grande guerre,
union dont le ministre constatera le résultat
tangible en contemplant la forêt de dix mil-
lions d'oliviers; mais la sécheresse a provo-
qué une grande misère, et le caïd souhaite
que M. Viénot trouve le remède aux maux
actuels.
Mercredi, M. Viénot a visité Gabès, no-
tamment le camp de concentration des ty-
phiques. Puis, toujours plus au sud, il.a ga-
gné Médédine, dernière étape, où il a passé
en revue le bataillon d'Afrique et la compa-
gnie de méharistes ; il a visité la ville et a
assisté à une distribution de secours aux in-
digents.
Le sous-secrétaire d'Etat et sa suite sont
rentrés à Tunis hier matin et cette journée
a été consacrée à la visite des souks et à
l'inauguration d'une exposition de l'artisanat
tunisien.
Contre la dictature syndicale,
réaction municipale à Djidjelli
Au cours de lia réunion du Conseil muni.
cipal du 20 février, M. Lochard, faisant
fonctions de maire, a fait la déclaration sui-
vante :
« Messieurs,
« Je vous ai convoqués pour la session ordi-
naire de février et je comptais résoudre avec
votre excellente collaboration les affaires muni-
cipales les plus pressantes. Mais un fait nou-
veau vient de se produire qui modifie mes pro-
jets. Un journal algérois dans son numéro du
17 courant a annoncé que l'Union départemen-
tale des Syndicats ordonne à tous les dockers
de France et d'Algérie, affiliés à la C.J.T. de
refuser d'opérer pour tout vapeur en prove-
nance ou à destination de Djidjelli.
« Ainsi, sans enquête préalable et unique-
ment pour appuyer l'action politique de deux
instituteurs, un groupement irresponsable sup-
prime brusquement les possibilités de ravitail-
lement de toute une région.
« Alors que les conflits en cours sont sou-
mis à la procédure normale de l'arbitrage dans
le cadre des lois françaises cette décision cons-
titue la plus illégale et la plus violente con-
trainte infligée à une population libre.
« Nous ne serions pas dignes de la confiance
que les électeurs djidjelliens nous ont témoi-
gnée si nous pouvions arbitrer ou délibérer sous
la pression d'une telle menace. Puisque deux
instituteurs peuvent faire suspendre la vie éco-
nomique d'une cité, la municipalité décide d'en
suspendre aussi la vie administrative. Aucun
dossier ne sera examiné, aucun acte dépendant
du maire ne sera signé, tant que notre région
sera soumise aux caprices de cette étrange dic-
tature.
« Comme première conséquence de notre vo-
lonté d'agir, je déclare la session de février in-
terrompue jusqu'à nouvèl ordre et je lève la
séance. »
Par ailleurs le bureau fédéral vient de rap-
peler à tous ses syndicats qu'en raison du
conflit qui continue sur le port de Djidjelli :
« Ils doivent persévérer dans le boycotta-
ge des navires ou marchandises venant ou à
destination de ce port.
« Ils doivent également apporter leur so-
lidarité à ces camarades qui luttent depuis
deux mois pour l'obtention de leurs justes
revendications. »
- Après l'attentat
d'Addis-Abeba
Le ras Desta, capturé, est aussitôt
': -" passé par les armes
A l'encontre de ce qu'affirmait la presse
italienne l'attentat contre le marécal Graziani
n'était pas un acte d'isolé mais bien un épi-
sode d'une dernière et importante tentative
de la résistance abyssine.
En effet le même jour le ras Desta. à la
tête d'une colonne de trois mille guerriers,
marchait sur Addis-Abeba et n'était qu'à une
centaine de kilomètres de la capitale lorsqu'il
fut défait par la brigade érythréenne que com-
mande le général Gallina.
Le chef abyssin put alors s'enfuir et ga-
gner la montagne mais il a été rejoint et
capturé ; il fut aussitôt fusillé.
Avec lui tombe le dernier foyer de résistan.
ce en Ethiopie.
*
* *
La santé du maréchal Graziani ne donne
plus d'inquiétude mais le général Liotta a
dû être amputé de l'autre jambe.
Parmi les indigènes arrêtés à la suite de
l'attentat on annonce que quinze cents d'en.
tre eux auraient été, fusillés.
——————————————— > ..e (
Pour les fêtes
du couronnement
en Angleterre
En réponse à une question posée hier à la
Chambre des Communes, lord Cranborne,
sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangè-
res, a déclaré que tous les états en relations
diplomatiques avec le Gouvernement britan-
nique seraient invités aux fêtes du Couron-
nement.
Ainsi l'Ethiopie et l'Espagne de Valence
seront invités à envoyer leurs représentants.
L'annconce de cette invitation, concernant
l'Ethiopiet a suscité à Rome une violente in.
dignation.
Il serait possible que le roi d'Italie, Em.
pereur d'Ethiopie, ne se fasse pas représenter
à ces fêtes si cette invitation est acceptée par
Haïlé Sélassié.
) e.. (
Après les incidents
franco-italiens à Tunis
Le consul d'Italie à Tunis a fait une dé-
marche auprès de la Résidence générale pour
protester contre les attaques anti-italiennes
dont ont été victimes plusieurs journalistes
italiens, dans la nuit du 14 au 15 février..
A la suite de la requête du fonctionnaire
italien, la Résidence a publié une note invi-
tant la population à plus de sang-froid, et le
ton de la proclamation semble avoir quel-
que peu calmé les esprits demeurés surexci-
tés. La collectivité italienne de Tunis a
appris pvéc satisfaction ,la démarche idu
consul, et d'accueil objectif que lui a réservé
le Résident général.
Il faut attribuer cette évolution apaisante
de la situation à l'intervention personnelle de
M. Viénot; qui, comme on le sait, est actuel-
lement en Tunisie.
Pour que l'Algérie reste française
par G. Mesnard.
Un précédent article (I) a montré que, de-
puis une dizaine d'années, la portion indigène
- musulmane - de l'Algérie se reproduisait
et avait des excédents de naissances sur les
morts en valeur absolue quinze fois plus (2), et
en valeur relative deux fois plus que l'élément
européen, déjà français pour les neuf cfizièmes.
Alors que jusqu'à ces temps tout récents la
proportion de la population européenne dans la
population totale, par immigration et excédent
natalitaire relativement plus grand chez elle que
chez les indigènes, avait toujours augmenté, il
n'en est plus de même maintenant. Le phéno-
mène s'est renversé, et, actuellement, la popu-
lation indigène croissant relativement et absolu-
ment plus vite que la population européenne,
la proportion de cette dernière dans l'ensemble
a commencé à décroître. Si l'on ne fait rien là
contre, elle menace, avec le temps, de s' an-
nuler complètement. Ce serait le résultat inverse
de celui que nous souhaitons, que nous voulons.
Que faire pour l'Algérie, province française,
partie intégrante de la France métropolitaine,
pierre de base de notre troisième empire mon-
dial, reste ce qu'die est et même devienne en-
core plus européenne, plus française ?
Il ne faut pas songer à une immigration euro-
péenne : l'excédent natalitaire des européens
créoles l'interdit, et d'ailleurs comment l'Eu-
rope, en pleine dépopulation. pourrait-elle en-
voyer de nouveaux colons ?
Il ne reste donc qu'une solution (car il n'est
pas question, bien au contraire, de procéder
comme firent les Anglo-saxons dans leurs pos-
sessions de peuplement, par extermination des
indigènes): l'assimilation.
Certes, cette assimilation s'est montrée jus-
qu'à présent singulièrement difficile. Mais l'a-
t-on vraiment tentée ? Et si on l'a fait, a-ton
procédé avec la vigueur, la persévérance néces-
saires ? Et s'il y a échec jusqu'à maintenant,
n'est-ds pas, au contraire, surtout en présence
des constatations démographiques indiquées plus
haut, une raison de redoubler d' efforts, d'in-
tensifier les essaM et de les multiplier ?
Un profond connaisseur de l'Aifrique du
Nord a dit que c'était une question de gou-
« (1) CI L'Algérie restera-t-elle française ? » dans
« les Annales Coloniales » du 15 décembre 1936.
(2) Alors que la proportion numérique entre
les deux groupes est de 1 à 6.
vernement, de gouvernement français, bien en-
tenu, laissant carrément entencke que si nous
avions un gouvernement fort et bien français (1),
enfin un gouvernement digne de ce nom et de la
France, ce problème serait promptement résolu :
un Mustapha Kemal, en Tunisie, a, en peu
d'années. réalisé une tâche autrement compli-
quée et difficile.
Heureusement — si l'on peut dire ! — si
nos « gouvernements » sont beaucoup plus ap-
tes à faire le mal que le bien, ils ne durent pas
longtemps. Celui-ci, présidé par un juif révo-
lutionnaire, qui a commencé la Révolution -
et l' anarchie — en France dans le temps même
où le tsar de fait Staline, remonté sur le trône
de la couronne, après avoir expédié ad patres
les derniers juifs fauteurs de la Révolution de
1917, parque les autres au Birobidjan, à l'ex-
trémité orientale de la Sibérie, tout comme ses
prédécesseurs les parquaient en Pologne, ne fera
sans doute pas exception à la règle. Pensons
donc dès maintenant à l' oeuvre de ses succes-
seurs en Algérie.
La boutade citée plus haut — qui n'est pas
qu'une boutade et contient une fort grande part
de vérité — faisait abstraction des raisons plus
communément citées comme obstacles à l'assi-
milation : la religion et la langue, l'islamisme
et l' arabe.
C'est ici qu'une discrimination s'impose : les
six millions d'indigènes qui avec le million
d'Européens forment la population de l'Algé-
rie ne forment pas un bloc homogène comme
on le croit communément. Tous de race blan-
che — donc pas d'obstacle de ce cotera —
ils se partagent en deux groupes ethniques dif-
férents : les Arabes, ou Bédouins, conquérants
envahisseurs, pasteurs nomades ou citadins inr
dolents et les Kabyles de race berbère, autoch-
tones déjà rencontrées sur place — et indomp-
tés — par les Romains, paysans montagnards,
laboureurs et horticulteurs. Là ne s'arrêtent
pas les différences : les premiers — sauf dans
les villes, bien entendu — vivent sous la tenté
(1) Sur 30 ministre, le « gouvernement » fran-
çais actuel compte 8 israélites, soit 1/4. Cette
proportion serait déjà exorbitante en Algérie,
où n'existent que 100.000 juifs, 1/109 environ de
la population européenne, Ij709 de la population
totale (7 millions). Elle est invraisemblable en
France, où la population juive n'atteint pas
200.000 (y compris les 50.000 hérités d'Hitlérie)
sur 42 millions d'habitants !
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