Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-02-23
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 23 février 1937 23 février 1937
Description : 1937/02/23 (A38,N15). 1937/02/23 (A38,N15).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265471b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
JOUANAL SEMI-QUOTIDIEN
RNMItft & AdministrêtitH :
1* 1M é» !■ Bmtm
PARIS an
TÉL. : RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupée*)
.'t'" "'4 ''h'
W-ANNEIL No ie. --- • •• - : .':..,:-..: :. i MARDI (13 h. 30) 23 FIVRIER 1937
Les Annales Coloniales
Fondateur : Marcel RUEDEL .,.-.. Directeur * Raoul MONMARSON
iIIN■E■ENTS
J. Revu* illustré* :
U. a. <4 Mai* SIM*
France et
•Icniet 130» 100. M*
tiranfer.. 2*0 • 125 » 70 »
Le Numéro : 3J centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les uureaux de poste.
Le nouveau visage
de l'Afrique
III .- L'angoisse de l'heure ,',
Abidjan, 1" février.
Lors de l'arrivée en Côte d'Ivoire du nou-
veau Gouverneur, M. Mondon, une manifes-
tation avait été prévue par de nombreux plan-
teurs et forestiers : s'opposer par la force au
débarquement, à Port-Bouet, du nouveau chef
de la colonie.
Ainsi, les colons pensaient-ils attirer sUr
eux l'attention. La basse Côte d'Ivoire tout
entière est, en effet, en proie à un très grave
malaise. La main-d œUIJTe fait défaut. Et cette
défaillance n'est pas occasionnelle. Si des
mesures permanentes ne sont pas prises, l ex-
ploitation forestière, autant que la plantation,
ne pourront plus réaliser normalement à l'ave-
nir leurs opérations. Une solution d'urgence,
et dictatoriale, s'impose.
*
* *
Depuis de longues années, le problème
nous est familier. L'exploitation forestière re-
crutait naguère en Hante- Volta. Toutes les
opérations s'effectuaient avec le concours et
sous le contrôle de l' A dministration. La basse
Côte d'Ivoire, dans sa partie de savane, était
Je même périodiquement mise à contribution.
Le recrutement devenait cependant chaque
année plus difficile.
--- Un premier remède - fut appliqué : le dé-
membrement de la Haute- Volta. Egarée dans
les centres a/ricains, celle colonie était une
terre d'attente. La route ne la desservait que
difficilement, le rail ne' l'atteignait point. Sa
raison de vivre était surtout, semble-t-il, de
fournir des contingents annuels de travailleurs
à la Côte d'fooire,
Dans ces conditions, ses terres furent mises
en partage entre le Soudan et la Côte d'Ivoire.
Les effets de cette mesure parurent heureux.
La crise, paralysant en partie l'activité écono-
mique de la basse côte, interdisait à l'époque
tout recrutement intensif de travailleurs. Cahin-
caha. le travailr la surveillance, la récolte, s'ef-
feauaient.
Mais, dans l'ombre, ceux qui ont à cœvr
ccite colonie, pouvaient se poser la question de
l'avenir. Le rail. en se hissant dans le paes
mom, allait créer la vie et attacher à leur,
terres, si pri-duclice3, ceux qui n'étaient no-
mades que par - lorce. Les routes, - enrichies d'an-
tennes nouvelles et multiples, pouvaient de plus
ep. plus répondre à un trafic important. L'of-
fice du Niger, de son côté, créait la mystique
de la colonisation noire, au centre de l'Afrique,
par le noir. 4u point de vue de la main-d'œu-
vre, il réalisait l'opération des abcès de fixa-
tion, au point de vue des travailleurs du sol, il
rendait désormais presque exceptionnelle la
migration. Parallèlement, la haute Côte d' I voi-
re se développait du fait que le rail, à Bobo-
Dioulasso, lui ouvrait les portes de la mer. De
Zuenoula à Korhogo, à Boromo, les zones qui
pouvaient naguère se séparer de contingents an-
nuels de travailleurs les retiennent aujourd'hui
et les fixent sur leurs prcpres terres.
Bien plus, la haute Côte d'Ivoire devient à
ce point ac vue l'adversaire ardente de la basse
Côte. Nouvelle venue à la colonisation, et forte
dr,à de ses heureuses réalisations, elle entend
être reconnue désormais par Abidjan, et par
Dakar, non plus seulement de facto, mais aussi
de jure. Elle pousse, dans son exaltation, les
reoendt riions à un point plus élevé : le réta-
blissement de la Haute- Volta.
t *
Ainsi la question Je la main-d'œuvre était-
elle désormais posée avec une certaine acuité,
lorsque deux éléments vinrent l'aggraver et en
accuser le caractère d'urgence. D'une part,
l'amélioration considérable de l'activité écono-
trique. Avec le cacao à 4 francs le kilo, des
régions comme celle d'A bengourou réalisent
entre les mains des planieurs un bénéfice de
dix-neuf millions de francs. La traite est en
heureuse effervescence. Toute la basse Côte
d' Ivoire compte, par millions, ses gros sous.
Elle n'est pas en peine de vendre ses produits.
Elle n'est, hélas, en peine que de les récolter.
Nom avions été saisi, fété dernier, dans le
Sossandra, de l'actuelle situation de fait : le
développement considérable de la plantation
indigène. Le noir étant planteur, et demandeur
de main-d'œuvre, n'est donc- désormais non
plus seulement manoeuvre, mais concurrent en
besoins d'hommes. La plantation européenne,
de ce feit, et du fait de la prospérité actuelle,
connaît les affres du recrutement, et se trouve
ainsi très gravement menacée, à la fois dans sa
récolte actuelle, et surtout dans son avenir.
•
m *
Les forestiers font entendre une plainte iden-
tique. La forêt ne retentit plus de long gémis-
sement des arbres qu'ils abattent, mais de leurs
doléances. Ils exposent que r Administration a
le devoir de leur procurer immédiatement de la
main-d'œuvre, et que leurs titres à cette solli-
citude sont considérables : sur dix ans, l'exploi-
labon jorestière totalise une moyenne de 38
de la valeur, et de 65 du tonnage des expor-
tations de la colonie. Elle a utilisé une main-
d'oeut)re d une moyenne de 8.000 hommes. Et
elle prétend que sur [es 3.800.000 habitants de
la Côte Ci' I voire ce contingent doit être très
aisément reCTUM.
Et c'est ici que le bât blesse, et c'est ici
qu'une décision du nouveau Gouverneur général
de l'A.O.F. s'avère désastreuse. Dans le souci
de laisser à la liberté humaine son plein effet,
à la dignité de r individu sa pleine signification,
M. de Coppet a lancé une circulaire prescri-
vant à l'Administration de se désintéresser à
l'avenir du recrutement 1 Celui-ci est donc dé-
sormais impossible. La virtuelle contrainte par
corps de naguère, qui eût été en ce moment si
nécessaire, est abolie. Toute la colonisation
européenne de la Côte d'Ivoire, et l'exploita-
tion forestière, sont donc de ce fait en immédiat
péril de mort.
.-.
Ainsi la question de la main-d'œuvre en
Côte d'Ivoire se présente-t-elle aujourd'hui
comme suit :
— développement considérable de la plan-
tation indigène. L'ancien manœuvre, devenu
planteur, n'est pas seulement perdu pour la
plantation européenne : il est aussi un concur-
rent pour elle, puisque également consommateur
de main-d'œuvre.
— ouverture de la haute Côte d'Ivoire, et
de ses zones soudanaises, aux opérations de la
cclonisalion, grâce aux routes et à la voie fer-
rée qui peuvent désormais assurer l'évacuation
des produits. Dans ces conditions, l'indigène
met en valeur son propre sol, et n'émigre plus
comme naguère en basse côte.
— circulaire du Gouverneur général enjoi-
gnant à rAdministration de se désintéresser
désormais des opérations de recrutement, de ne
olus imposer l'embauche à l'indigène, de lais-
ser celui-ci libre désormais de s'engager ou
non. Du fait de la nonchalance du noir, èt de
la subsistance qu'il trouve en ce moment sur
son propre sol, c'est pratiquement interdire la
possibilité de réaliser le recrutement.
***
Chaque journée, en ce mormnt, depuis quel-
ques semaines, aggrave le problème. Nous avons
vu les cabosses de cacao pourrir sur l'arbre,
jaute de main-d'œuvre pour les cueillir.
Il faut une solution.
D'urgence d'abord. Et qui ait, énsuite, la
Valeur d'un statut.
Les discussions sont ouvertes. Quel est donc
le remède ?
Raoul Monmaraon.
(I). Voir les Annales Coloniales des 29 janvier
et 5 février 1937.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
Le président de la République a reçu sa-
medi après-midi une délégation du comité dv
Monde colonial illustré.
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. Yvon Delbos, ministre des Affaires
étrangère*, a reçu samedi matin M. Avenol,
secrétaire général de la Société des nations,
avec qui il ,.",. entretenu de la réunion d' ex-
perts convoqués pour !e 25 février en vue de
l'établissement du nouveau statut du sandjak
d'Alex andrette.
AU MINISTERE DE LA MARINE
M. Gasnier-Duparc, ministre de la Marine,
a reçu samedi une délégation de la Ligue ma-
ritime et coloniale frança;se, conduite par le
vice-amiral Monnet. Cette délégation lui a
remis un * Vœu concernant la situation navale
dans la Méditerranée orientale.
Retours
EN FRANCE
Le général de Chadebec de Lavalade qui
commandait la 3° brigade en A.O.F. est ren-
tré en France par le Ban fora.
M. JEAN PERRIN
va réorganiser au Maroc
la recherche scientifique
Ainsi qu'il en a été décidé lors d'une ré-
cente conférence tenue au ministère des Affai-
res étrangères lors du dernier passage à Paris
du général Noguès, M. Jean -Perrin, scus-
secrétaire d'Etat aux recherches sdenffiques,
qui sera accompagné du professeur Paul Ri-
vet, du Muséum, et conseiller général de la
Seine, se rendra au Maroc le 15 mars, en mis-
sion officielle.
Cette mission a pour but l'étude et l'orga-
nisation des recherches scientifiques dans le
Protectorat.
—————————— > e.. (
8. M. Bao-Daï visite
nos navires de guerre
f,'emo"-raur Bao-nai. accompagné du Ré-
sident supérieur en Annam, s'est rendu à Tou-
rane à bord du croiseur La Motte-Picquet, où
il a été reçu par le vice-amiral Esteva, com-
mandant les forces navales françaises dEM-
me-Orient. Il a visité en détail les sous-marins
Monge et Pégase à bord desquels il a effec*
ræ une sortie et me plongés.
De Berlin à Téhéran
A
VEC un esprit de cuite
et une ténacité remar-
quables i'AHemsgne
reprend peu à peu
dans le Proche-Orient
la politique de Guil-
RImbk U.
L' économie allemande manque ue certaines ma-
tières premières d'origine agricole et végétale; lai.
ne, coton, soie, lin, chanvre, caoutchouc ou crori-
gine minière, fer, cuivre, pétrole. Elle a, d'autre
part, besoin de débouches pour son industrie
et, en particulier, pour son industrie métallurgi-
que.
Les pays du Proche-Orient, Turquie, Iran, ont
justement une économie complémentaire de la
sienne. Ils possèdent en abondance quetques-unes
des matières premières indispensables aux usines
allemandes et ils manquent des produits indus-
triels que peut leur fournir la Germanie. Aussi
les relations économiques entre ces divers pays
soot-elles appelées à se développer d'autant pius
que l'Allemagne, pauvre en devises, n'en a id
guère besoin, le commerce y prenant ia forme
du troc.
Avec la Turquie elles sont, dès maintenant des
plus actives. L'Allemagne est son meilleur Client
et son premier fournisseur. En 1934, 36 des
exportations turques étaient dirigées vers eue.
En 1935, ce pourcentage avait atteint 48
D'autre part, les importations allemandes occu-
paient un rang important et s'élevaient en 193o à
38
Pays d'industrie naissante, la Turquie a besoin
de machiaes, de produits métallurgiques en un
Mot ae tout ce qui est nécessaire pour l'équiper.
Les - usines allemandes lui en tournissent une bonne
partie.
En revanche, elle peut vendre à l'Allemagne
du coton et du tabac. Sans doute actuellement,
celle-ci fait venir des Etats-Lnis la plus grosse
part du coton dont ses usines ont besoin et il en
sera encore assez longtemps ainsi. Mais elle pré-
fère s'adresser de plus en plus à l'Asie Mineure
parce qu en ecnange de ces textiles, elle peut
placer des fers et des machines qu'elle produit
en abondance. La production cotonnière turque
augmente régulièrement et rapidement. De 19*6
à 1932, elle était annuellement de 190.000 quin-
taux. Elle est passée à 351.000 pour la cam-
pagne 1934-35 et à 522.000 pour celle de 1935.
36. Les surfaces cultivées s'étendent, en même
temps les procédés de culture s'améliorent et le
rendement s'accroît. Ajoutons que la qualité pro-
gresse elle aussi.
Il n'est pas douteux que ces progrès sont dus
à l'intervention des ingénieurs allemands. L'Alle-
magne prend un grand intérêt à la production
cotonnière. Lors de son récent voyage dans le
Proche-Orient, le docteur Schacht, ministre de
l'Economie nationale et président de la Reichs-
bank a offert au gouvernement d'Ankara les cré-
dits indispensables à son extension, en y mettant
comme seule condition qu'une part de plus en
plus grande de la récolte serait réservée à son
pays. On n'a pas entendu dire que cette offre ait
été refusée.
A côté du coton, la Turquie peut exporter du
cuivre, de l'antimoine, du chrome et du manga-
nèse. Ce dernier minerai est fort utile pour les
industries de l'armement et le Reich le recherche
d'une façon particulière.
Mais l'Allemagne joue dans l'économie turque
un autre rôle et qui ne laisse pas d'être fort im-
portant. Il n'est guère de branche dans l'œuvre
de reconstruction économique à laquelle nous
avons fait allusion où Il n'ait été fait appel à
ses techniciens. Nombreuses sont les firmes où ils
tiennent une place de premier ordre. Citons en.
tre autres les mines de cuivre d'Ergani, la Société
textile d'Eregli, la fabrique des masques à gaz
d'Ankara,
En Iran nous pouvons faire des constatations
analogues. Iran et Turquie ont une organisation
économique à peu près semblable : même pré-
pondérance de la vie agricole, mêmes efforts d'in-
dustrialisation, même rôle de l'Etat.. Une diffé-
rence cependant et qui n'est pas négligeable : les
gisements de pétrole qui sont considérables dans
le sud de la Perse sont entre les mains de sociétés
anglaises.
L'Iran cultive le coton, le riz, les fruits qui in-
téressent l'Allemagne. Il a besoin de capitaux,
de moyens d'équipement technique. Le Reich le
les lui fournit Il est à la fois vendeur et client.
Les échanges commerciaux sont encore moins
importants que ceux qu'il fait avec la Turquie
mais leur volume augmente régulièrement. Nul
doute qu'ils ne soient considérablement favorisés
pour l'ouverture prochaine de la route qui conduit
de la frontière perse à Trébizonde et qui est sur
le point d'être terminée.
Un fait récent montre tout l'intérêt que l'on
prend à BerUn à l'extension et au resserrement
des relations commerciales avec ces deux pays :
nous voulons parler du voyage que le docteur
Schacht y a fait au mois de décembre dernier.
La presse allemande l'a présenté comme une vi-
site de politesse qui était rendue aux directeurs
de banque turcs ou iraniens qui, quelque temps
auparavant, étaient allés à Berlin. Ne nous attar-
dons pas à cette explication fantaisiste. A la vé-
rité, le directeur de la Reichsbank a accompli là-
bas — comme le dit si bien un journaliste fran-
çais — une tournée de voyageur de commerce
qui essaie de placer ses marchandises et de chef
d'industrie qui cherche des fournisseurs et des
clients. Cette interprétation est la seule exacte.
Le docteur Schacht a été, en la circonstance,
l'agent avisé, et il faut ajouter heureux, de l'ex-
pansion économique allemande dans cette partie
de l'Orient.
Mais ce serait réduire la portée de cette acti-
vité que de la limiter au domaine économique. Cer-
tes, le docteur Schacht n'a pas engagé de pour-
parlers diplomatiques, il n'a pas négocié de pac-
tes politiques mais fi a donné des bases qu'on ne
saurait négliger à une action politique future si-
non prochaine. Lutter dans le Proche-Orient con-
tre la Russie et l'Angleterre sur le terrain écono-
mique, n'est-ce pas préparer la lutte sur le ter-
rain politique. Le politique et l'économique sont,
qu'on le - veuille ou non, liés l'un à l'autre. - Dans
les Balkans les progrès commerciaux du Reich
se sont traduits par un accroissement de son in-
fluence diplomatique. En Orient, nous assisterons
un jour ou l'autre et plus tôt même qu'on ne
le pense, à un phénomène semblable. Ceux qui sui-
vent les événements dans cette partie du monde
ne me contrediront pas, car ils ont dû noter cer-
tains petits faits qui, en se répétant, tendent à
montrer que.le docteur Schacht, au cours de ses
déplacements en Turquie et en Iran, n'a pas été
seulement un bon commis-voyageur.
Henry Fontanier.
Ancien député,
Agrégé de l'Université
LE STATUT DU SANDJAK
DALEX ANDRETTE 'c
Cest jeudi prochain que le nouveau statut
de ce territoire doit être dénnitivement hxé
a uenève, et sur les bases du récent accord
franco-turc.
Selon les décisions du conseil de la S.D.N.,
M. Joseph Avenol vient de constituer le co-
mité d experts qui doit établir les textes qui
garantiront une large autonomie à la pro-
vince d'Alexandrette et d'Antioche. Le co-
mité est composé d'experts turc, britanni-
que, belge, hollandais et de M. Robert et
Caix, ancien secrétaire général du haut
commissariat français en Syrie et au Liban.
Bien que les lignes générales de l'entente
politique intervenue en janvier ait 'été minu-
tieusement enregistrées dans la résolution
adoptée alors par le conseil de la S. D. N.,
la tâche de ce comité d'experts est encore
assez grande. il lui faudra en quelque sorte
établir, les textes qui transposeront dans la
pratique les solutions adoptées par le con-
seil de la Société des nations avec 1 assenti-
ment de la France et de la Turquie.
Le principe essentiel est que le sandiak
jouira dorénavant d'une entière indépen-
dance pour ses affaires intérieures seule-
ment. L'unité du futur Etat syrien est donc
maintenue, ce qui était le point essentiel, et
ses frontières seront garanties par un ac-
cord militaire franco-turc. Les langues offi-
cielles seront le turc et l'arabe et un haut
commissaire \tfe nationalité française ,cr,a.
désigné au moment de l'accession - de la Sy-
rie à l'indépendance pour contrôler au nom
de la Société des nations la stricte applica-
tion du régime d'autonomie prévu pour le
sandjak. On compte que le statut nouveau
entrera en vie-ueur aussitôt après l'adoption
des textes en préparation par le conseil de
la S. D. N. dont la prochaine session est
convoquée pour le 24 mai prochain.
Nul n'ignore cependant que l'accard fran-
co-turc n'a pas reçu l'approbation de l'opi-
nion syrienne et les protestations s'élèvent
nombreuses. La presse syrienne qualifie cet
acte de « conquête turc » et accuse le gou-
vernement français de ne pas être sincère
dans son alliance avec la Syrie. On reproche
aussi à la France de ne pas s'être intéressée
à Genève paur que des délégués syriens
soient invites à prendre part aux négocia-
tions relatives au règlement de cette ques-
tion.
Nous avons annoncé l'arrivée à Paris d'une
délégation syrienne, ayant à sa tête M. rn-
mil Mardam Bey, président du Conseil
Cette délégation a présenté de nombreuses
objections à notre ministre des Affaires
étrangères. Les entretiens Se poursuivent ac-
tuellement.
En Turquie, avant de partir pour Genève,
le secrétaire général aux Affaires étrangères
a pendant deux jours, conféré avec les prin-
cipaux membres du Conseil du gouverne-
ment. Il a reçu des instructions très Dré-
c:ses et il apparaît que le gouvernement
turc soit fermement décidé à terminer le -lUIS
rapidement possible cette affaire du Sand-
jak.
M. Viénot en Tunisie
Vendredi matin M. Viénot, sous-secrétaire
d'Etat aux Affaires étrangères, a été reçu
par le bey. Le souverain lui a remis le
grand cordon du Nicham Iftikhar.
L'après-midi, il a assisté à la revue des
troupes et a remis à M. Armand Guillon,
les insignes de commandeur de la Lésion
d'honneur puis il est allé s'incliner devant
le monument aux morts.
M. Viénot a examiné ensuite avec les di-
recteurs et chefs de service de la régence
le projet relatif à l'emploi d'un crédit de 50
millions accordé par la métropole à la Tu-
nisie.
Dimanche, à l'occasion de la fête de 1 Aïd
el Kebir, M. Viénot accompagné de M. Guil-
Ion, a fait une nouvelle visite au bey.
Hier, le sous-secrétaire d'Etat a quitté Tu-
nis pour le centre puis le sud de la Régence.
Après avoir visité Enfidaville, au cours
d'un arrêt, il est arrivé à Sousse à 10 heu-
res, accompagné de M. Guillon, Résident gé-
néral, et de sa suite.
Accueilli par le contrôleur civil et le gou-
verneur de la ville, M. Viénot s'est rendu
directement au Monument aux morts, où il
a déposé une gerbe puis, entouré des per-
sonnalités, il a passé en revue les troupes
présentées par le général Eon.
-Le ministre a parcouru rapidement la ville
puis s'est rendu à l'Hôte: de Ville, où il a
été reçu par M. Zevaca, maire.
Une réception officielle a eu lieu, au cours
de laquelle M. Zevaco et M. Bacchouche,
caïd, gouverneur, ont souhaité la bienvenue
au ministre et relevé certains points de la
situation dans cette région.
A midi, un déjeuner a eu lieu à la Maison
de France.
Le ministre a quitté Sousse à is heures
pour Sfax, où il est arrivé dans la soirée,
après avoir visité Eldjem.
—————————— ) ..- ( ——————————
Remaniements
■ territoriaux
En A. O. F.
MM. Rougier, Gouverneur du Soudan,
Court, Gouverneur du Niger, et Mondon, Goa-
verneur de la Côte d' Ivoire, sont en ce mo-
ment a Sikam et à Fada YGomm, occupés
à étudier la possibilité de rattacher ces deux
cercles à la Côte d'Ivoire.
Depuis que le rail est installé à Bobo-Dtou-
lasso, le cercle de Sikasso (173 kilomètres)
et celui de Fada N'GoUrma ne vivent plus
qUe par l'attrait de la voie ferrée de la Cote
(tIvoire. C'est pourquoi les trois gouverneurs
étudient en ce moment la possibilité de ratta-
cher ces deux centres de riche production à la
Côte d'Ivoire, seule possibilité pour eux d'éva-
cuation.
Ajoutons oue la prolongation de la voie
ferrée sur Dédougou est envisagée en ce mo-
ment à Abidjan.
Visite en leurs Etats
EN ALGERIE
Poucauivani sa tournée en avion dans le sud
venant de Djanet où le colonel Moccia et des
officiers italiens de Tripolitaine étaient venus;
te saluer, le uouverneur générai Le Beau, tou-
jours accompagné du général Catroux et du
colonel CarbiHet, est parti de Tamanrasset
jeudi pour attenir à In-Salah à 12 h. 45, après 1
avoir survolf Je Hoggar et le Tidikelt.
Le Gouverneur général a été reçu par le
:apitaine Estobe. chef d'annexe d In-Salah.
Après avoir déjeuné au mess des officiers, le
Gouverneur général se rendit, accompagné du
général Catroux et des officiers, sur la place
où est élevé le monument érigé à la mémoire
du capitaine Pein. En présence des troupes
qui rendirent les honneurs, eut lieu une brève
cérémonie d'inauguration.
A 15 h. 35, l'avion s'envola pour El-Co-
léa et y parvint à 17 heures. Le Gouverneur
général fut accueilli par le colonel Bertschi,
commandant le territoire de Ghardaïa. Reçu
par la population d'EJ-Goléa, réunie sur les
avenues et les places, le Gouverneur général
passa la revue des méharistes, puis visita suc-
cessivement J'ouvroir et l'orphelinat des Sœurs
Blanches, le groupe scolaire Lamy, l'orpheli-
nat des Pères Blancs et les groupes d'habita-
tions de l'œuvre Saint-Joseph.
Toujours par avion, le Gouverneur général
et le général Catroux ont regagné Alger ven-
dredi matin, terminant heureusement une ran-
donnée de plus de 4.000 kilomètres.
EN INDOCHINE
Le Gouverneur général Brévié, se rendant
au Laos, a quitté Hanoi samedi après-midi
par la voie ferrée à destination de Vinh, d'où
il continuera son voyage en automobile vers
le Luang-Prabang. Il est accompagnée du
Gouverneur Rinkenbach, directeur de son ca-
binet, et de M. Grandiean. directeur des affai-
res politiques.
— )-.8( --
L'enquête de M. Justin Godart
en Indochine
M. Justin Godart. sénateur, délégué géné-
ral du gouvernement aux coloniu, vient de
quitter le Tonkin où il était venu du Laos. Il
a visité les établissements industriels d'Hanoi
et d' Haiphong et reçu des délégations ouvriè-
res. Mais son attention s'est portée particuliè-
rement sur les problèmes de l'artisanat rural
et sur la situation des paysans dans le Delta
surpeuplé.
M: Justin Godart s'est rendu dans le haut
Tonkin, jusqu'aux mines d'étain et de wol-
fram de Tinh-Tuo, qui occupent 4.000 ou-
vriers, puis il parti pour l'Annam.
La prochaine rfcaei
lfB Haut Comité méditerranéen
Le Haut Comité méditerranéen doit se réu-
nir le 9 mars prochain, à Paris, sous la pré.
sidence de M. Léon Blum, président du Con-
seil, qu'assisteront MM. Yvon Delbos, mi-
nistre dès Affaires étrangères, Viénot, sous-
secrétaire d'Etat. Moutet, ministre des Colo-
nie-, Daladier. ministre de la Défense - natio-
nale. et :es autres chefs des départements
ministériels intéressés. Le Gouverneur Anc-
rai de l'Algérie et les Résidents généraux du
Maroc et de la Tunisie assisteront à !a réu-
nion.
L'ordre du jour de la session portera sur
l'examen des questions politiques, écono
miques et sociales intéressant les territoires
français respectifs de l'Afrique du Nord.
Cette session durera probablement une hui-
taine de jours.
Au service intercolonial
d'informatien
M. Charton, inspecteur général de l'ensei-
gnement en A.O.F., en mission au cabinet
du ministre des Colonies, est nommé directeur
du Service intercolonial d'infonnation.
Ancien élève de i Ecole Normale S périeu-
re, agrégé de l'Université, M. Charton a dé-
cote dans l'enseignement en qualité de pro-
fesseur au lycée de Casablanca. Provseur du
lycée de Rabat, puis professeur à l'Institut
des Hautes Etudes marocaines, il occupait de-
puis 1929 les fonctions d inspecteur général
de l'enseignement en A.O.F.
MISSIONS
En A. E. F.
Une mission d'inspection (le M. Tixier,
directeur du Contrôle, accompagné de M.
Ruffel, inspecteur, s'est embarquée sur Fou-
CIlllld. à Bordeaux, le 29 janvier, à destina-
tion d., Pointe-Noire et Brazzaville.
Celle mission, que nui n'attendait, a été
brusquement décidée par le ministre des Co-
lonies. Le choix de M. Tixier, directeur du
Contrôle, s'explique par le fait, que M. Ca-
zaux, directeur des Finances du gouverne-
ment général de l'A. E. F.. a été récemment
promu au grade supérieur dans le corps
de l'Inspection et que, dans ces conditions
i! est impossible d'envoyer à Brazzaville un
in-pecteur général d'une classe supérieure.
M. Cazaux étant l'un des principaux oppo-
sant, avec M. Alanion, en instance de re-
tour en France, à la politique du gouver-
neur généra! Reste, les commentaires les
plus divers peuvent être établis, chacun en
ce qui @ le concerne, au sujet de cette mission
inopinée.
ATTENTION AUX INCIDENCES COLONIALES
Le drame sino-japonais
est un drame de la misère
par Pierre Fontaine.
Après le duel Tchang Hsue Liang-Tchang
Kal Chek, un brusque silence succède au coup
de tonnerre. C'est le silence de la « politique
du coup de poing » politique, fort en honneur
en Asie.
Depuis vingt ans que cette manière d'opé-
rer est ccmmune au Japon et à la Chine, nous
devrions y être habitués et pourtant, cette an-
née, chacun sent confusément que la moindre
étincelle à proximité des frontières sino-russo-
japonaises risquerait d'allumer un incendie aux
conséquences incalculables. Et l'aventure du
Tchang Hsue Liang n'est qu'un épisode, raté,
du conflit que l'on cherche à déclancher dans
toute son ampleur entre le Japon et la Chine
pour commencer.
En démographie,
vérité ici, erreur là-bas.
Des gens et non des moindres nient le
péril japonais en tenant ce raisonnement : en
France, on proclame. avec juste raison, que
notre dénatalité. donc notre faible population,
nous met à la merci de voisins surpeuplés ;
alors comment voulez-vous que le Japon aux
72 millions d'habitants puisse vaincre la Chine
aux 430 millions d'âmes ?
-- La réponse est - facile : si vous absorbez
d'un seul coup un bifteck, vous risquez de
vous étouffer ; mangez-le bouchée par bou-
chée. vous digérerez facilement. Témoin
l'absorption graduelle par le Japon de For-
mose, de la Corée, de la Mandchourie, du
Jehol et présentement de la Mongolie, en un
tiers de siècle. -
Les dernières conquêtes mppones nous prou-
vent que 430 millions d'habitants divisés, dé-
chirés par les guerres civiles, sont incapables
de résister à 75 millions de leurs semblables
unis et disciplinés.
La course du Japon pour fuir la misère
Connait-on vraiment la genèse des visées ja-
ponaises sur la Chine et probablement, mais
plus tard, sur la Russie d'Asie ?
- -- - - - -..
A I origine de la poussée nippone, vers
1885-1890, il n'était pas question de « l'Asie
aux Asiatiques ». Des millions d'êtres hu-
mains parqués sur des îles trop étroites rava-
gées par les séismes et pauvrement agricoles,
connaissaient les famines et les épidémies. Le
Japon étouffait ; la guerre de 1894 avec la
Chine ne lui donna pas d'avantages territoriaux
sensibles ; la guerre avec la Russie de 1904-
1905 lui apporta la Corée. Outre un champ
important d'expansion des vallées fertiles, la
Corée permit à Tokio de prendre pied sur le
continent asiatique ; il avait désormais voie
ouverte sur la Chine. Plus tard, 1905 appa-
raîtra comme la date capitale de l'Histoire
japonaise.
Malgré cette extension, le Japon ne connaît
pas J'euphorie. Il demeure tributaire de l'étran-
ger pour toutes ses matières premières et achè-
te cher à l'extérieur alors qu'il produit extraor-
dinairement bon marché. Ce déséquilibre éco-
nomique s'accentue quand les impôts paient les
coûteuses machines dues à la technique blan-
che. Pour sortir de ce cercle vicieux une mys-
tique naquit : « Le rôle naturel du Japon en
Asie ».
En clair, cela signifie : aller prendre aux
autres ce qui manque à la vie économique du
laooa.
La Mandchourie, pays très riche en mine-
rais, possédant la plus importante mine de
houille du monde à ciel ouvert, * devient pro-
vince japonaise. Par elle, le Japon s' assure une
certaine autonomie industrielle et un meilleur
approvisionnement alimentaire, mais encore in-
suffisant.
Et voilà comment, d'abord pour fuir la mi-
sère, le Japon déborda de son archipel. Le
restant n'est que l'application de l'adage
« l'appétit vient en mangeant » auquel se joi-
gnit, par la suite, J'impérieuse nécessité stra-
tégique de pouvoir s'appuyer sur un continent,
en cas de complications avec les Etats-Unis
qui pouvaient isoler le Japon insulaire. Aujour-
d'hui, la manœuvre serait impossible.
La misère du Japon
et les crédits militaires
Les conquêtes du Japon firent-elles dispa-
raître Ja misère profonde des Nippons ?
Non, et en voici ta preuve au moyen d'un
témoignage intrinsèquement japonais extrait du
journal Tsoukoron de Tokio :
(C Une loi garantit aux paysans un prix mi-
nimum pour le riz, mais la vente au prix fixé
est liée à tant de formalités, que le paysan
moyen vend son nz directement à 1 acheteur
au-desscus du prix fixé.
« Les paysans vendent toute leur récolte
d'avance, comme c'est le cas dans le départe-
ment de Coumma et ils n'ont plus que l'écor-
ce des arbres pour se nourrir.
« Quand le gouvernement Okada vint au
pouvoir, il fit enquêter sur l'état catastrophi-
RNMItft & AdministrêtitH :
1* 1M é» !■ Bmtm
PARIS an
TÉL. : RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupée*)
.'t'" "'4 ''h'
W-ANNEIL No ie. --- • •• - : .':..,:-..: :. i MARDI (13 h. 30) 23 FIVRIER 1937
Les Annales Coloniales
Fondateur : Marcel RUEDEL .,.-.. Directeur * Raoul MONMARSON
iIIN■E■ENTS
J. Revu* illustré* :
U. a. <4 Mai* SIM*
France et
•Icniet 130» 100. M*
tiranfer.. 2*0 • 125 » 70 »
Le Numéro : 3J centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les uureaux de poste.
Le nouveau visage
de l'Afrique
III .- L'angoisse de l'heure ,',
Abidjan, 1" février.
Lors de l'arrivée en Côte d'Ivoire du nou-
veau Gouverneur, M. Mondon, une manifes-
tation avait été prévue par de nombreux plan-
teurs et forestiers : s'opposer par la force au
débarquement, à Port-Bouet, du nouveau chef
de la colonie.
Ainsi, les colons pensaient-ils attirer sUr
eux l'attention. La basse Côte d'Ivoire tout
entière est, en effet, en proie à un très grave
malaise. La main-d œUIJTe fait défaut. Et cette
défaillance n'est pas occasionnelle. Si des
mesures permanentes ne sont pas prises, l ex-
ploitation forestière, autant que la plantation,
ne pourront plus réaliser normalement à l'ave-
nir leurs opérations. Une solution d'urgence,
et dictatoriale, s'impose.
*
* *
Depuis de longues années, le problème
nous est familier. L'exploitation forestière re-
crutait naguère en Hante- Volta. Toutes les
opérations s'effectuaient avec le concours et
sous le contrôle de l' A dministration. La basse
Côte d'Ivoire, dans sa partie de savane, était
Je même périodiquement mise à contribution.
Le recrutement devenait cependant chaque
année plus difficile.
--- Un premier remède - fut appliqué : le dé-
membrement de la Haute- Volta. Egarée dans
les centres a/ricains, celle colonie était une
terre d'attente. La route ne la desservait que
difficilement, le rail ne' l'atteignait point. Sa
raison de vivre était surtout, semble-t-il, de
fournir des contingents annuels de travailleurs
à la Côte d'fooire,
Dans ces conditions, ses terres furent mises
en partage entre le Soudan et la Côte d'Ivoire.
Les effets de cette mesure parurent heureux.
La crise, paralysant en partie l'activité écono-
mique de la basse côte, interdisait à l'époque
tout recrutement intensif de travailleurs. Cahin-
caha. le travailr la surveillance, la récolte, s'ef-
feauaient.
Mais, dans l'ombre, ceux qui ont à cœvr
ccite colonie, pouvaient se poser la question de
l'avenir. Le rail. en se hissant dans le paes
mom, allait créer la vie et attacher à leur,
terres, si pri-duclice3, ceux qui n'étaient no-
mades que par - lorce. Les routes, - enrichies d'an-
tennes nouvelles et multiples, pouvaient de plus
ep. plus répondre à un trafic important. L'of-
fice du Niger, de son côté, créait la mystique
de la colonisation noire, au centre de l'Afrique,
par le noir. 4u point de vue de la main-d'œu-
vre, il réalisait l'opération des abcès de fixa-
tion, au point de vue des travailleurs du sol, il
rendait désormais presque exceptionnelle la
migration. Parallèlement, la haute Côte d' I voi-
re se développait du fait que le rail, à Bobo-
Dioulasso, lui ouvrait les portes de la mer. De
Zuenoula à Korhogo, à Boromo, les zones qui
pouvaient naguère se séparer de contingents an-
nuels de travailleurs les retiennent aujourd'hui
et les fixent sur leurs prcpres terres.
Bien plus, la haute Côte d'Ivoire devient à
ce point ac vue l'adversaire ardente de la basse
Côte. Nouvelle venue à la colonisation, et forte
dr,à de ses heureuses réalisations, elle entend
être reconnue désormais par Abidjan, et par
Dakar, non plus seulement de facto, mais aussi
de jure. Elle pousse, dans son exaltation, les
reoendt riions à un point plus élevé : le réta-
blissement de la Haute- Volta.
t *
Ainsi la question Je la main-d'œuvre était-
elle désormais posée avec une certaine acuité,
lorsque deux éléments vinrent l'aggraver et en
accuser le caractère d'urgence. D'une part,
l'amélioration considérable de l'activité écono-
trique. Avec le cacao à 4 francs le kilo, des
régions comme celle d'A bengourou réalisent
entre les mains des planieurs un bénéfice de
dix-neuf millions de francs. La traite est en
heureuse effervescence. Toute la basse Côte
d' Ivoire compte, par millions, ses gros sous.
Elle n'est pas en peine de vendre ses produits.
Elle n'est, hélas, en peine que de les récolter.
Nom avions été saisi, fété dernier, dans le
Sossandra, de l'actuelle situation de fait : le
développement considérable de la plantation
indigène. Le noir étant planteur, et demandeur
de main-d'œuvre, n'est donc- désormais non
plus seulement manoeuvre, mais concurrent en
besoins d'hommes. La plantation européenne,
de ce feit, et du fait de la prospérité actuelle,
connaît les affres du recrutement, et se trouve
ainsi très gravement menacée, à la fois dans sa
récolte actuelle, et surtout dans son avenir.
•
m *
Les forestiers font entendre une plainte iden-
tique. La forêt ne retentit plus de long gémis-
sement des arbres qu'ils abattent, mais de leurs
doléances. Ils exposent que r Administration a
le devoir de leur procurer immédiatement de la
main-d'œuvre, et que leurs titres à cette solli-
citude sont considérables : sur dix ans, l'exploi-
labon jorestière totalise une moyenne de 38
de la valeur, et de 65 du tonnage des expor-
tations de la colonie. Elle a utilisé une main-
d'oeut)re d une moyenne de 8.000 hommes. Et
elle prétend que sur [es 3.800.000 habitants de
la Côte Ci' I voire ce contingent doit être très
aisément reCTUM.
Et c'est ici que le bât blesse, et c'est ici
qu'une décision du nouveau Gouverneur général
de l'A.O.F. s'avère désastreuse. Dans le souci
de laisser à la liberté humaine son plein effet,
à la dignité de r individu sa pleine signification,
M. de Coppet a lancé une circulaire prescri-
vant à l'Administration de se désintéresser à
l'avenir du recrutement 1 Celui-ci est donc dé-
sormais impossible. La virtuelle contrainte par
corps de naguère, qui eût été en ce moment si
nécessaire, est abolie. Toute la colonisation
européenne de la Côte d'Ivoire, et l'exploita-
tion forestière, sont donc de ce fait en immédiat
péril de mort.
.-.
Ainsi la question de la main-d'œuvre en
Côte d'Ivoire se présente-t-elle aujourd'hui
comme suit :
— développement considérable de la plan-
tation indigène. L'ancien manœuvre, devenu
planteur, n'est pas seulement perdu pour la
plantation européenne : il est aussi un concur-
rent pour elle, puisque également consommateur
de main-d'œuvre.
— ouverture de la haute Côte d'Ivoire, et
de ses zones soudanaises, aux opérations de la
cclonisalion, grâce aux routes et à la voie fer-
rée qui peuvent désormais assurer l'évacuation
des produits. Dans ces conditions, l'indigène
met en valeur son propre sol, et n'émigre plus
comme naguère en basse côte.
— circulaire du Gouverneur général enjoi-
gnant à rAdministration de se désintéresser
désormais des opérations de recrutement, de ne
olus imposer l'embauche à l'indigène, de lais-
ser celui-ci libre désormais de s'engager ou
non. Du fait de la nonchalance du noir, èt de
la subsistance qu'il trouve en ce moment sur
son propre sol, c'est pratiquement interdire la
possibilité de réaliser le recrutement.
***
Chaque journée, en ce mormnt, depuis quel-
ques semaines, aggrave le problème. Nous avons
vu les cabosses de cacao pourrir sur l'arbre,
jaute de main-d'œuvre pour les cueillir.
Il faut une solution.
D'urgence d'abord. Et qui ait, énsuite, la
Valeur d'un statut.
Les discussions sont ouvertes. Quel est donc
le remède ?
Raoul Monmaraon.
(I). Voir les Annales Coloniales des 29 janvier
et 5 février 1937.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
Le président de la République a reçu sa-
medi après-midi une délégation du comité dv
Monde colonial illustré.
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. Yvon Delbos, ministre des Affaires
étrangère*, a reçu samedi matin M. Avenol,
secrétaire général de la Société des nations,
avec qui il ,.",. entretenu de la réunion d' ex-
perts convoqués pour !e 25 février en vue de
l'établissement du nouveau statut du sandjak
d'Alex andrette.
AU MINISTERE DE LA MARINE
M. Gasnier-Duparc, ministre de la Marine,
a reçu samedi une délégation de la Ligue ma-
ritime et coloniale frança;se, conduite par le
vice-amiral Monnet. Cette délégation lui a
remis un * Vœu concernant la situation navale
dans la Méditerranée orientale.
Retours
EN FRANCE
Le général de Chadebec de Lavalade qui
commandait la 3° brigade en A.O.F. est ren-
tré en France par le Ban fora.
M. JEAN PERRIN
va réorganiser au Maroc
la recherche scientifique
Ainsi qu'il en a été décidé lors d'une ré-
cente conférence tenue au ministère des Affai-
res étrangères lors du dernier passage à Paris
du général Noguès, M. Jean -Perrin, scus-
secrétaire d'Etat aux recherches sdenffiques,
qui sera accompagné du professeur Paul Ri-
vet, du Muséum, et conseiller général de la
Seine, se rendra au Maroc le 15 mars, en mis-
sion officielle.
Cette mission a pour but l'étude et l'orga-
nisation des recherches scientifiques dans le
Protectorat.
—————————— > e.. (
8. M. Bao-Daï visite
nos navires de guerre
f,'emo"-raur Bao-nai. accompagné du Ré-
sident supérieur en Annam, s'est rendu à Tou-
rane à bord du croiseur La Motte-Picquet, où
il a été reçu par le vice-amiral Esteva, com-
mandant les forces navales françaises dEM-
me-Orient. Il a visité en détail les sous-marins
Monge et Pégase à bord desquels il a effec*
ræ une sortie et me plongés.
De Berlin à Téhéran
A
VEC un esprit de cuite
et une ténacité remar-
quables i'AHemsgne
reprend peu à peu
dans le Proche-Orient
la politique de Guil-
RImbk U.
L' économie allemande manque ue certaines ma-
tières premières d'origine agricole et végétale; lai.
ne, coton, soie, lin, chanvre, caoutchouc ou crori-
gine minière, fer, cuivre, pétrole. Elle a, d'autre
part, besoin de débouches pour son industrie
et, en particulier, pour son industrie métallurgi-
que.
Les pays du Proche-Orient, Turquie, Iran, ont
justement une économie complémentaire de la
sienne. Ils possèdent en abondance quetques-unes
des matières premières indispensables aux usines
allemandes et ils manquent des produits indus-
triels que peut leur fournir la Germanie. Aussi
les relations économiques entre ces divers pays
soot-elles appelées à se développer d'autant pius
que l'Allemagne, pauvre en devises, n'en a id
guère besoin, le commerce y prenant ia forme
du troc.
Avec la Turquie elles sont, dès maintenant des
plus actives. L'Allemagne est son meilleur Client
et son premier fournisseur. En 1934, 36 des
exportations turques étaient dirigées vers eue.
En 1935, ce pourcentage avait atteint 48
D'autre part, les importations allemandes occu-
paient un rang important et s'élevaient en 193o à
38
Pays d'industrie naissante, la Turquie a besoin
de machiaes, de produits métallurgiques en un
Mot ae tout ce qui est nécessaire pour l'équiper.
Les - usines allemandes lui en tournissent une bonne
partie.
En revanche, elle peut vendre à l'Allemagne
du coton et du tabac. Sans doute actuellement,
celle-ci fait venir des Etats-Lnis la plus grosse
part du coton dont ses usines ont besoin et il en
sera encore assez longtemps ainsi. Mais elle pré-
fère s'adresser de plus en plus à l'Asie Mineure
parce qu en ecnange de ces textiles, elle peut
placer des fers et des machines qu'elle produit
en abondance. La production cotonnière turque
augmente régulièrement et rapidement. De 19*6
à 1932, elle était annuellement de 190.000 quin-
taux. Elle est passée à 351.000 pour la cam-
pagne 1934-35 et à 522.000 pour celle de 1935.
36. Les surfaces cultivées s'étendent, en même
temps les procédés de culture s'améliorent et le
rendement s'accroît. Ajoutons que la qualité pro-
gresse elle aussi.
Il n'est pas douteux que ces progrès sont dus
à l'intervention des ingénieurs allemands. L'Alle-
magne prend un grand intérêt à la production
cotonnière. Lors de son récent voyage dans le
Proche-Orient, le docteur Schacht, ministre de
l'Economie nationale et président de la Reichs-
bank a offert au gouvernement d'Ankara les cré-
dits indispensables à son extension, en y mettant
comme seule condition qu'une part de plus en
plus grande de la récolte serait réservée à son
pays. On n'a pas entendu dire que cette offre ait
été refusée.
A côté du coton, la Turquie peut exporter du
cuivre, de l'antimoine, du chrome et du manga-
nèse. Ce dernier minerai est fort utile pour les
industries de l'armement et le Reich le recherche
d'une façon particulière.
Mais l'Allemagne joue dans l'économie turque
un autre rôle et qui ne laisse pas d'être fort im-
portant. Il n'est guère de branche dans l'œuvre
de reconstruction économique à laquelle nous
avons fait allusion où Il n'ait été fait appel à
ses techniciens. Nombreuses sont les firmes où ils
tiennent une place de premier ordre. Citons en.
tre autres les mines de cuivre d'Ergani, la Société
textile d'Eregli, la fabrique des masques à gaz
d'Ankara,
En Iran nous pouvons faire des constatations
analogues. Iran et Turquie ont une organisation
économique à peu près semblable : même pré-
pondérance de la vie agricole, mêmes efforts d'in-
dustrialisation, même rôle de l'Etat.. Une diffé-
rence cependant et qui n'est pas négligeable : les
gisements de pétrole qui sont considérables dans
le sud de la Perse sont entre les mains de sociétés
anglaises.
L'Iran cultive le coton, le riz, les fruits qui in-
téressent l'Allemagne. Il a besoin de capitaux,
de moyens d'équipement technique. Le Reich le
les lui fournit Il est à la fois vendeur et client.
Les échanges commerciaux sont encore moins
importants que ceux qu'il fait avec la Turquie
mais leur volume augmente régulièrement. Nul
doute qu'ils ne soient considérablement favorisés
pour l'ouverture prochaine de la route qui conduit
de la frontière perse à Trébizonde et qui est sur
le point d'être terminée.
Un fait récent montre tout l'intérêt que l'on
prend à BerUn à l'extension et au resserrement
des relations commerciales avec ces deux pays :
nous voulons parler du voyage que le docteur
Schacht y a fait au mois de décembre dernier.
La presse allemande l'a présenté comme une vi-
site de politesse qui était rendue aux directeurs
de banque turcs ou iraniens qui, quelque temps
auparavant, étaient allés à Berlin. Ne nous attar-
dons pas à cette explication fantaisiste. A la vé-
rité, le directeur de la Reichsbank a accompli là-
bas — comme le dit si bien un journaliste fran-
çais — une tournée de voyageur de commerce
qui essaie de placer ses marchandises et de chef
d'industrie qui cherche des fournisseurs et des
clients. Cette interprétation est la seule exacte.
Le docteur Schacht a été, en la circonstance,
l'agent avisé, et il faut ajouter heureux, de l'ex-
pansion économique allemande dans cette partie
de l'Orient.
Mais ce serait réduire la portée de cette acti-
vité que de la limiter au domaine économique. Cer-
tes, le docteur Schacht n'a pas engagé de pour-
parlers diplomatiques, il n'a pas négocié de pac-
tes politiques mais fi a donné des bases qu'on ne
saurait négliger à une action politique future si-
non prochaine. Lutter dans le Proche-Orient con-
tre la Russie et l'Angleterre sur le terrain écono-
mique, n'est-ce pas préparer la lutte sur le ter-
rain politique. Le politique et l'économique sont,
qu'on le - veuille ou non, liés l'un à l'autre. - Dans
les Balkans les progrès commerciaux du Reich
se sont traduits par un accroissement de son in-
fluence diplomatique. En Orient, nous assisterons
un jour ou l'autre et plus tôt même qu'on ne
le pense, à un phénomène semblable. Ceux qui sui-
vent les événements dans cette partie du monde
ne me contrediront pas, car ils ont dû noter cer-
tains petits faits qui, en se répétant, tendent à
montrer que.le docteur Schacht, au cours de ses
déplacements en Turquie et en Iran, n'a pas été
seulement un bon commis-voyageur.
Henry Fontanier.
Ancien député,
Agrégé de l'Université
LE STATUT DU SANDJAK
DALEX ANDRETTE 'c
Cest jeudi prochain que le nouveau statut
de ce territoire doit être dénnitivement hxé
a uenève, et sur les bases du récent accord
franco-turc.
Selon les décisions du conseil de la S.D.N.,
M. Joseph Avenol vient de constituer le co-
mité d experts qui doit établir les textes qui
garantiront une large autonomie à la pro-
vince d'Alexandrette et d'Antioche. Le co-
mité est composé d'experts turc, britanni-
que, belge, hollandais et de M. Robert et
Caix, ancien secrétaire général du haut
commissariat français en Syrie et au Liban.
Bien que les lignes générales de l'entente
politique intervenue en janvier ait 'été minu-
tieusement enregistrées dans la résolution
adoptée alors par le conseil de la S. D. N.,
la tâche de ce comité d'experts est encore
assez grande. il lui faudra en quelque sorte
établir, les textes qui transposeront dans la
pratique les solutions adoptées par le con-
seil de la Société des nations avec 1 assenti-
ment de la France et de la Turquie.
Le principe essentiel est que le sandiak
jouira dorénavant d'une entière indépen-
dance pour ses affaires intérieures seule-
ment. L'unité du futur Etat syrien est donc
maintenue, ce qui était le point essentiel, et
ses frontières seront garanties par un ac-
cord militaire franco-turc. Les langues offi-
cielles seront le turc et l'arabe et un haut
commissaire \tfe nationalité française ,cr,a.
désigné au moment de l'accession - de la Sy-
rie à l'indépendance pour contrôler au nom
de la Société des nations la stricte applica-
tion du régime d'autonomie prévu pour le
sandjak. On compte que le statut nouveau
entrera en vie-ueur aussitôt après l'adoption
des textes en préparation par le conseil de
la S. D. N. dont la prochaine session est
convoquée pour le 24 mai prochain.
Nul n'ignore cependant que l'accard fran-
co-turc n'a pas reçu l'approbation de l'opi-
nion syrienne et les protestations s'élèvent
nombreuses. La presse syrienne qualifie cet
acte de « conquête turc » et accuse le gou-
vernement français de ne pas être sincère
dans son alliance avec la Syrie. On reproche
aussi à la France de ne pas s'être intéressée
à Genève paur que des délégués syriens
soient invites à prendre part aux négocia-
tions relatives au règlement de cette ques-
tion.
Nous avons annoncé l'arrivée à Paris d'une
délégation syrienne, ayant à sa tête M. rn-
mil Mardam Bey, président du Conseil
Cette délégation a présenté de nombreuses
objections à notre ministre des Affaires
étrangères. Les entretiens Se poursuivent ac-
tuellement.
En Turquie, avant de partir pour Genève,
le secrétaire général aux Affaires étrangères
a pendant deux jours, conféré avec les prin-
cipaux membres du Conseil du gouverne-
ment. Il a reçu des instructions très Dré-
c:ses et il apparaît que le gouvernement
turc soit fermement décidé à terminer le -lUIS
rapidement possible cette affaire du Sand-
jak.
M. Viénot en Tunisie
Vendredi matin M. Viénot, sous-secrétaire
d'Etat aux Affaires étrangères, a été reçu
par le bey. Le souverain lui a remis le
grand cordon du Nicham Iftikhar.
L'après-midi, il a assisté à la revue des
troupes et a remis à M. Armand Guillon,
les insignes de commandeur de la Lésion
d'honneur puis il est allé s'incliner devant
le monument aux morts.
M. Viénot a examiné ensuite avec les di-
recteurs et chefs de service de la régence
le projet relatif à l'emploi d'un crédit de 50
millions accordé par la métropole à la Tu-
nisie.
Dimanche, à l'occasion de la fête de 1 Aïd
el Kebir, M. Viénot accompagné de M. Guil-
Ion, a fait une nouvelle visite au bey.
Hier, le sous-secrétaire d'Etat a quitté Tu-
nis pour le centre puis le sud de la Régence.
Après avoir visité Enfidaville, au cours
d'un arrêt, il est arrivé à Sousse à 10 heu-
res, accompagné de M. Guillon, Résident gé-
néral, et de sa suite.
Accueilli par le contrôleur civil et le gou-
verneur de la ville, M. Viénot s'est rendu
directement au Monument aux morts, où il
a déposé une gerbe puis, entouré des per-
sonnalités, il a passé en revue les troupes
présentées par le général Eon.
-Le ministre a parcouru rapidement la ville
puis s'est rendu à l'Hôte: de Ville, où il a
été reçu par M. Zevaca, maire.
Une réception officielle a eu lieu, au cours
de laquelle M. Zevaco et M. Bacchouche,
caïd, gouverneur, ont souhaité la bienvenue
au ministre et relevé certains points de la
situation dans cette région.
A midi, un déjeuner a eu lieu à la Maison
de France.
Le ministre a quitté Sousse à is heures
pour Sfax, où il est arrivé dans la soirée,
après avoir visité Eldjem.
—————————— ) ..- ( ——————————
Remaniements
■ territoriaux
En A. O. F.
MM. Rougier, Gouverneur du Soudan,
Court, Gouverneur du Niger, et Mondon, Goa-
verneur de la Côte d' Ivoire, sont en ce mo-
ment a Sikam et à Fada YGomm, occupés
à étudier la possibilité de rattacher ces deux
cercles à la Côte d'Ivoire.
Depuis que le rail est installé à Bobo-Dtou-
lasso, le cercle de Sikasso (173 kilomètres)
et celui de Fada N'GoUrma ne vivent plus
qUe par l'attrait de la voie ferrée de la Cote
(tIvoire. C'est pourquoi les trois gouverneurs
étudient en ce moment la possibilité de ratta-
cher ces deux centres de riche production à la
Côte d'Ivoire, seule possibilité pour eux d'éva-
cuation.
Ajoutons oue la prolongation de la voie
ferrée sur Dédougou est envisagée en ce mo-
ment à Abidjan.
Visite en leurs Etats
EN ALGERIE
Poucauivani sa tournée en avion dans le sud
venant de Djanet où le colonel Moccia et des
officiers italiens de Tripolitaine étaient venus;
te saluer, le uouverneur générai Le Beau, tou-
jours accompagné du général Catroux et du
colonel CarbiHet, est parti de Tamanrasset
jeudi pour attenir à In-Salah à 12 h. 45, après 1
avoir survolf Je Hoggar et le Tidikelt.
Le Gouverneur général a été reçu par le
:apitaine Estobe. chef d'annexe d In-Salah.
Après avoir déjeuné au mess des officiers, le
Gouverneur général se rendit, accompagné du
général Catroux et des officiers, sur la place
où est élevé le monument érigé à la mémoire
du capitaine Pein. En présence des troupes
qui rendirent les honneurs, eut lieu une brève
cérémonie d'inauguration.
A 15 h. 35, l'avion s'envola pour El-Co-
léa et y parvint à 17 heures. Le Gouverneur
général fut accueilli par le colonel Bertschi,
commandant le territoire de Ghardaïa. Reçu
par la population d'EJ-Goléa, réunie sur les
avenues et les places, le Gouverneur général
passa la revue des méharistes, puis visita suc-
cessivement J'ouvroir et l'orphelinat des Sœurs
Blanches, le groupe scolaire Lamy, l'orpheli-
nat des Pères Blancs et les groupes d'habita-
tions de l'œuvre Saint-Joseph.
Toujours par avion, le Gouverneur général
et le général Catroux ont regagné Alger ven-
dredi matin, terminant heureusement une ran-
donnée de plus de 4.000 kilomètres.
EN INDOCHINE
Le Gouverneur général Brévié, se rendant
au Laos, a quitté Hanoi samedi après-midi
par la voie ferrée à destination de Vinh, d'où
il continuera son voyage en automobile vers
le Luang-Prabang. Il est accompagnée du
Gouverneur Rinkenbach, directeur de son ca-
binet, et de M. Grandiean. directeur des affai-
res politiques.
— )-.8( --
L'enquête de M. Justin Godart
en Indochine
M. Justin Godart. sénateur, délégué géné-
ral du gouvernement aux coloniu, vient de
quitter le Tonkin où il était venu du Laos. Il
a visité les établissements industriels d'Hanoi
et d' Haiphong et reçu des délégations ouvriè-
res. Mais son attention s'est portée particuliè-
rement sur les problèmes de l'artisanat rural
et sur la situation des paysans dans le Delta
surpeuplé.
M: Justin Godart s'est rendu dans le haut
Tonkin, jusqu'aux mines d'étain et de wol-
fram de Tinh-Tuo, qui occupent 4.000 ou-
vriers, puis il parti pour l'Annam.
La prochaine rfcaei
lfB Haut Comité méditerranéen
Le Haut Comité méditerranéen doit se réu-
nir le 9 mars prochain, à Paris, sous la pré.
sidence de M. Léon Blum, président du Con-
seil, qu'assisteront MM. Yvon Delbos, mi-
nistre dès Affaires étrangères, Viénot, sous-
secrétaire d'Etat. Moutet, ministre des Colo-
nie-, Daladier. ministre de la Défense - natio-
nale. et :es autres chefs des départements
ministériels intéressés. Le Gouverneur Anc-
rai de l'Algérie et les Résidents généraux du
Maroc et de la Tunisie assisteront à !a réu-
nion.
L'ordre du jour de la session portera sur
l'examen des questions politiques, écono
miques et sociales intéressant les territoires
français respectifs de l'Afrique du Nord.
Cette session durera probablement une hui-
taine de jours.
Au service intercolonial
d'informatien
M. Charton, inspecteur général de l'ensei-
gnement en A.O.F., en mission au cabinet
du ministre des Colonies, est nommé directeur
du Service intercolonial d'infonnation.
Ancien élève de i Ecole Normale S périeu-
re, agrégé de l'Université, M. Charton a dé-
cote dans l'enseignement en qualité de pro-
fesseur au lycée de Casablanca. Provseur du
lycée de Rabat, puis professeur à l'Institut
des Hautes Etudes marocaines, il occupait de-
puis 1929 les fonctions d inspecteur général
de l'enseignement en A.O.F.
MISSIONS
En A. E. F.
Une mission d'inspection (le M. Tixier,
directeur du Contrôle, accompagné de M.
Ruffel, inspecteur, s'est embarquée sur Fou-
CIlllld. à Bordeaux, le 29 janvier, à destina-
tion d., Pointe-Noire et Brazzaville.
Celle mission, que nui n'attendait, a été
brusquement décidée par le ministre des Co-
lonies. Le choix de M. Tixier, directeur du
Contrôle, s'explique par le fait, que M. Ca-
zaux, directeur des Finances du gouverne-
ment général de l'A. E. F.. a été récemment
promu au grade supérieur dans le corps
de l'Inspection et que, dans ces conditions
i! est impossible d'envoyer à Brazzaville un
in-pecteur général d'une classe supérieure.
M. Cazaux étant l'un des principaux oppo-
sant, avec M. Alanion, en instance de re-
tour en France, à la politique du gouver-
neur généra! Reste, les commentaires les
plus divers peuvent être établis, chacun en
ce qui @ le concerne, au sujet de cette mission
inopinée.
ATTENTION AUX INCIDENCES COLONIALES
Le drame sino-japonais
est un drame de la misère
par Pierre Fontaine.
Après le duel Tchang Hsue Liang-Tchang
Kal Chek, un brusque silence succède au coup
de tonnerre. C'est le silence de la « politique
du coup de poing » politique, fort en honneur
en Asie.
Depuis vingt ans que cette manière d'opé-
rer est ccmmune au Japon et à la Chine, nous
devrions y être habitués et pourtant, cette an-
née, chacun sent confusément que la moindre
étincelle à proximité des frontières sino-russo-
japonaises risquerait d'allumer un incendie aux
conséquences incalculables. Et l'aventure du
Tchang Hsue Liang n'est qu'un épisode, raté,
du conflit que l'on cherche à déclancher dans
toute son ampleur entre le Japon et la Chine
pour commencer.
En démographie,
vérité ici, erreur là-bas.
Des gens et non des moindres nient le
péril japonais en tenant ce raisonnement : en
France, on proclame. avec juste raison, que
notre dénatalité. donc notre faible population,
nous met à la merci de voisins surpeuplés ;
alors comment voulez-vous que le Japon aux
72 millions d'habitants puisse vaincre la Chine
aux 430 millions d'âmes ?
-- La réponse est - facile : si vous absorbez
d'un seul coup un bifteck, vous risquez de
vous étouffer ; mangez-le bouchée par bou-
chée. vous digérerez facilement. Témoin
l'absorption graduelle par le Japon de For-
mose, de la Corée, de la Mandchourie, du
Jehol et présentement de la Mongolie, en un
tiers de siècle. -
Les dernières conquêtes mppones nous prou-
vent que 430 millions d'habitants divisés, dé-
chirés par les guerres civiles, sont incapables
de résister à 75 millions de leurs semblables
unis et disciplinés.
La course du Japon pour fuir la misère
Connait-on vraiment la genèse des visées ja-
ponaises sur la Chine et probablement, mais
plus tard, sur la Russie d'Asie ?
- -- - - - -..
A I origine de la poussée nippone, vers
1885-1890, il n'était pas question de « l'Asie
aux Asiatiques ». Des millions d'êtres hu-
mains parqués sur des îles trop étroites rava-
gées par les séismes et pauvrement agricoles,
connaissaient les famines et les épidémies. Le
Japon étouffait ; la guerre de 1894 avec la
Chine ne lui donna pas d'avantages territoriaux
sensibles ; la guerre avec la Russie de 1904-
1905 lui apporta la Corée. Outre un champ
important d'expansion des vallées fertiles, la
Corée permit à Tokio de prendre pied sur le
continent asiatique ; il avait désormais voie
ouverte sur la Chine. Plus tard, 1905 appa-
raîtra comme la date capitale de l'Histoire
japonaise.
Malgré cette extension, le Japon ne connaît
pas J'euphorie. Il demeure tributaire de l'étran-
ger pour toutes ses matières premières et achè-
te cher à l'extérieur alors qu'il produit extraor-
dinairement bon marché. Ce déséquilibre éco-
nomique s'accentue quand les impôts paient les
coûteuses machines dues à la technique blan-
che. Pour sortir de ce cercle vicieux une mys-
tique naquit : « Le rôle naturel du Japon en
Asie ».
En clair, cela signifie : aller prendre aux
autres ce qui manque à la vie économique du
laooa.
La Mandchourie, pays très riche en mine-
rais, possédant la plus importante mine de
houille du monde à ciel ouvert, * devient pro-
vince japonaise. Par elle, le Japon s' assure une
certaine autonomie industrielle et un meilleur
approvisionnement alimentaire, mais encore in-
suffisant.
Et voilà comment, d'abord pour fuir la mi-
sère, le Japon déborda de son archipel. Le
restant n'est que l'application de l'adage
« l'appétit vient en mangeant » auquel se joi-
gnit, par la suite, J'impérieuse nécessité stra-
tégique de pouvoir s'appuyer sur un continent,
en cas de complications avec les Etats-Unis
qui pouvaient isoler le Japon insulaire. Aujour-
d'hui, la manœuvre serait impossible.
La misère du Japon
et les crédits militaires
Les conquêtes du Japon firent-elles dispa-
raître Ja misère profonde des Nippons ?
Non, et en voici ta preuve au moyen d'un
témoignage intrinsèquement japonais extrait du
journal Tsoukoron de Tokio :
(C Une loi garantit aux paysans un prix mi-
nimum pour le riz, mais la vente au prix fixé
est liée à tant de formalités, que le paysan
moyen vend son nz directement à 1 acheteur
au-desscus du prix fixé.
« Les paysans vendent toute leur récolte
d'avance, comme c'est le cas dans le départe-
ment de Coumma et ils n'ont plus que l'écor-
ce des arbres pour se nourrir.
« Quand le gouvernement Okada vint au
pouvoir, il fit enquêter sur l'état catastrophi-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Auteurs similaires Agence économique des territoires africains sous mandat Agence économique des territoires africains sous mandat /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Agence économique des territoires africains sous mandat" or dc.contributor adj "Agence économique des territoires africains sous mandat")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6265471b/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6265471b/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6265471b/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6265471b
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6265471b
Facebook
Twitter