Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-02-05
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 février 1937 05 février 1937
Description : 1937/02/05 (A38,N10). 1937/02/05 (A38,N10).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62654661
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
1« Rie 4e la Boom
PARIS ai
TÉL. t RICHELIEU 73-06
(2 Jipea groupées)
38e ANNEE. — N° 10. VENDREDI (13 h. 30) 5 FEVRIER 1937
Li c i 0 l
Les Annales Coloniales
Fondateur i Marcel RUEDEL J Directeur ( Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec la Revu* illustré*:
Di u o Mou i Moi*
France et
Colonies 180 » 100 » 50 »
Etranger.. 240. 125 » 70»
Le Numéro : 33 centimtt
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Le nouveau visage de f Afrique
II
Bolo-Dioulasso, 22 janvier.
La mission de la commission des Colo-
nies de la Chambre des députés a quitté,
hier, le Soudan. A Bla, avant Koutiala,
la dislocation s'est effectuée, trois de ses
membres gagnant par Ouagadougou le Togo
et le Dahomey, trois autres descendant Ja
Côte d'Ivoire, et devant ensuite la remonter
pour parcourir d'ouest en est, jusqu'à Co-
nakry, la Guinée.
Le volet est à peu près entièrement tiré
sur la caution de santé des savanes chaudes,
sur la caution de discipline islamique des
noirs. Les visiteurs, à partir de Bouaké, pé-
nétreront dans la zone humide, et dans le
fétichisme. La magie soudanaise s'effacera
ainsi pour leur livrer les appels humains des
êtres incapables de triompher des lourdes
servitudes physiologiques dont ils sont ac-
cablés. Sans doute, le Soudan en recevra-
t-il un plus généreux brevet. Sans doute,
la considérable expérience de colonisation
que la France a entreprise sur les bords du
Niger leur apparaîtra-t-Clle comme la con-
séquence du XX. siècle, et capable de ri-
valiser, avec un idéal humain égal sinon
supérieur, avec l'immense expérience sovié-
tique.
La Côte d'Ivoire est déjà le passé. Elle
appartient plus à l'européen qu'à l'indigène.
Elle ne trouvera jamais sur son sol, et ne
développera pas, lia démographie puissan-
te capable d'étendre à l'ensemble de son
territoire une mise en exploitation méthodi-
que. Résignons-nous à ne réaliser dans nos
colonies maritimes que la méthode anglai-
se : la concession européenne, imitée de-ci,
de-là par des indigènes intelligents. Le
Haut-Sénégal, le Soudan par contre triom-
pheront par le seul secours de leurs au-
tochtones. Une population saine et laborieuse
peut-être par nécessité plus que par goût,
réalise effectivement la grandiose image du
paysan noir. Mais il manque, à la base de
cette religion de la terre, un sentiment ca-
pital que l'Administrateur de Koutiala, M.
Morel, a très heureusement défini : l'ava-
rice. Et c'est en quoi notre présence de-
meurera toujours indispensable à l'Afrique
noire.
.- -
■ Nous reprendrons notre vieille théorie :
-la colonisation française au sens propre
du terme n'a jusqu'à présent jamais existé.
Ne s'est créée, ne s'est installée, n'a pro-
gressé que l'exploitation par les Blancs des
ressources du sol, exploitation seulement
possible par la présence de l'Administra-
tion. L'Etat, seul maître en la .matière, ne
s'est jamais préoccupé de faire exploiter
rationnellement les territoires sur lesquels il
a étendu sa domination. Il a eu la folle
ambition, sans doute, d'imaginer que sa pré-
sence, avec ce qm'eMe comporte de disci-
pline et de puissance policée, suffirait à réa-
liser l'essor économique. Comme si le con-
trôle était la vie, comme si la surveillance
était la création !
88.
Ainsi traînons-nous le poids d'un ap-
pareil colonial hors de proportion avec les
ressources que 'la Métropole lui consent. Le
manque d'éducation coloniale des Français
ne permet pas à nos éompatriotes de s'exiler
utilement, productivement. Les cadres dis-
pendieux que nous avons créés, et dont nos
territoires sont d'autant plus accablés que
la masse de la paperasse devient de plus en
plus considérable, inutile et coûteuse, ne
servaient pratiquement à rien : idéalement
ils permettaient à la France d'apporter au
Mode un exemple social, et à la Société
des Nations une preuve de bonne foi, de
générosité humaine, de sollicitude sociale.
Mais aujourd'hui, le capital colonial de
la France s'accroît d'intérêts nouveaux.
Nous gagnons le gros lot à la Loterie : le
Soudan est ouvert. Dëmain; pareillement,
notre maigre bande du Niger, parallèle à
ln Nigeria, le Tchad et l'Oubangui-Chari
s'ouvriront. Parties de la mer, avec l'inten-
tion d'accéder à elles, la voie ferrée, la
route ont pratiqué la brèche. Les territoires
à ressources naturelles, à populations saines
et nombreuses, possèdent les voies d'éva-
cuation qui leur manquaient, qui les tenaient
prisonniers au centre de l'Afrique. L'avion
qui les survole les vivifie socialement
e:i démontrant que l'européen n'est plus
désormais un exilé, puisque son courrier,
et sa personne, sont à quelques heures
désormais de la Métropole, Le pan de
mur est tombé, la France va pouvoir profi-
ter de ces terres immenses, si naturellement
cultivées par des races attachantes que de
consciencieux moniteurs suffiront à enca-
drer.
Ainsi le domaine colonial de la France
nous paraît-il atteindre enfin, ses buts, et
nous semble-t-il désormais capable de pou-
voir payer les cahotiques sacrifices que la
Métropole lui a consentis. Il nous sem-
ble que, eu égard à cette situation nouvelle,
des mesures d'adaptation devraient être étu-
diées sans retard. Il nous semble que des
réformes hardies devraient intervenir.
Le Gouverneur général de l'A.O.F., à la
forme administrative duquel on pourrait
très utilement s'attaquer, pourrait abandon-
ner Dakar à sa destinée de grand port com-
mercial et militaire, et se transporter utile-
ment à Bamako, puisque le Soudan de-
vient la pièce capitale de notre bloc africain.
La jonction de nos voies ferrées pourrait
être étudiée, et entreprise sans retard. L'éva-
cuation .des produits du Soudan est un pro-
blème qui tient dans l'inquiétude tous les
producteurs. Le Dakar-Niger qui s'arrête
d'ailleurs à Bamako, le -Bani-Segou min-
ce cordon de 50 kilomètres en voie de 60,
la route, le fleuve, sont incapables de ré-
pondre à J'effort, cette annéè considérable,
qui leur est demandé. Le cercle de Sikasso,
à 200 kilomètres de Bobo-Dioulasso, ne dis-
pose que de la route. Ouagadougou est éga-
lement démuni de moyens d'évacuation. Il
faut pousser nos voies ferrées : ce n'est
pas un désert qu'elles traverseront, mais
des territoires riches, productifs et peuplés,
dont les iécoltes ne peuvent avoir accès en ce
moment à l'Europe.
Il faut que nos ports, dans lesquels les
navires seront à quai, Dakar, Conakry, Sas-
sandra, Abidjan, soient créés, développés,
grandis, outillés non pas pour la seule co-
lonie à laquelle ils appartiennent, mais pour
le formidable hinterland nigérien. -
Il faut, à notre Afrique noire, une poli-
tique d'Empire. Les vues les plus déme-
surées seront toujours à sa taille. Jusqu'à
présent nos ports, nos voies ferrées, nos
routes, notre équipement, n'ont été qu'un
but. Alors qu'ils sont seulement un moyen.
L'ouverture du Soudan en fournit l'écla-
tante preuve.
* *
Nous pensons que les Parlementaires, à
laquelle la commission des Colonies a fait
l'honneur de confier cette mission d'études,
ont compris le nouveau sens de l'Afrique.
Ils viennent, à l'Office du Niger, et dans les
Cercles soudanais, de découvrir le creu-
set, le moule, d'où sortiront la prospérité
économique et le progrès humain. Sans être
des territoires de transit, la basse Côte
d'Ivoire, la basse Guinée leur apparaîtront
désormais comme l'accessoire, et non plus
comme naguère le principal.
La France peut désormais tout attendre
de son Afrique noire : il importe seulement
qu'elle ne lui ménage ni sa sollicitude. ni
surtout son argent.
Raoul Monmarson.
Voir les Annales Coloniales du 29-1-37.
AUDIENCES
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. Yvon Delbos a reçu mardi matin l'am-
bassadeur de Turquie à Paris, M. Suad, avec
lequel il a eu un entretien qui a porté sur le
nouveau statut du sandjak d'Alexandre tte dont
de nombreux points de détail restent à régler.
A l'issue de son entretien avec le ministre,
M. Suad a rendu visite au sous-secrétaire
d'Etat, M. Viénot.
Le ministre des Affaires Etrangères a égale-
ment reçu hier matin M. Ali Jawdat, ministre
d'Irak à Paris.
—————————— > (
MISSIONS
DANS LA METROPOLE
M. André Touzet, Résident supérieur en
Indochine, est chargé de mission en France,
pour une durée de trois mois, auprès du cabinet
du ministre des Colonies, en vue d'étudier di-
verses questions intéressant l'Indochine.
EN CHINE
M. Bruzon, ingénieur météorologiste en chef
de 1" classe de l'Indochine, directeur de l'Ob-
servatoire central de Phu-Lien, est chargé de
mission pour représenter l'Indochine à la Com-
mission météorologique d'Extreme-Onent à
Hong-Kong.
M. GUILLON
Résident général à Tunis
est fait commandant
de la Légion d'Honneur
Dans la dernière promotion du ministère des
Affaires étrangères, M. Armand Gui lion, Rési-
dent général de France à Tunis, a été promu
au grade de commandeur dans l'Ordre de la
Légion d'honneur.
—————————— ) +- (
Le général Noguès
rejoint son poste
Le général Noguès, Résident général de
France au Maroc, a quitté Paris mercredi soir
pour rejoindre son poste à Rabat.
Pendant son séjour à Paris, au cours de main-
tes entrevues, il a exposé en détail la situation
marocaine aux membres du Gouvernement et a
fait approuver le budget marocain pour 1937.
:
Recettes douanières
A MADAGASCAR
Les recettes douanières perçues pendant les
onze premiers mois de l'année 1936 se sont
élevées à 57.027.699 fr. 10, somme supé-
rieure de 4.707.365 fr. 54 aux encaissements
effectués pendant la période correspondante de
1935.
Turquie et Italie
~L'
AFFAIRE dAM»ndret'
te qui vient de se ré-
gler entre la .France
et la Turquie aura eu
un autre résultat, ce-
lui d'amener un rap-
prochement entre cet-
- .., te dernière puissance
et l'Italie. Les deux pays avaient bien condu
en 1928 un pacte d'amitié qu'ils avaient re-
nouvelé en 1932 mais nous sommes à une épo-
que où la multiplication des accords diplomati-
ques finit par leur enlever une grande partie
de leur valeur. Jamais on n'a tant signé de
traités de ce genre, et jamais les peuples ne se
sont sentis aussi peu sGrs du lendemain et la
paix n'est apparue aussi précaire. A quoi cela
tient-H ? A beaucoup de causes probablement
et sans aucun doute en premier lieu à la sur-
vivance des rêves impérialistes qui hantent en-
core certaines nations, ou plus exactement les
hommes qui les dirigent. Car si les peuples sont 1
pacifiques, ceux qui parlent en leur nom ne le
sont pas toujours autant.
Quoi qu'il en soit, en dépit du traité d'amitié
qui était censé les unir les gouvernements de
Rome et d'Ankara se montrèrent défiants l'un
envers l'autre.
La Turquie manifestait quelque inquiétude de
l'établissement et du développement des bases
aériennes et navales de l'Italie dans le Dodé-
canèse et des projets que l'on prêtait au Duce
touchant l'Asie mineure. Les propos concernant
la Méditerranée, les rappels historiques re-
latifs à l'ancien empire romain n'étaient pas
fort rassurants même dépouillés de cette jac-
tance qu'affectionne parfois l'éloquence méri-
dionale. L'expédition d'Ethiopie avait calmé
dans une certaine mesure ces appréhensions.
Mais le refus de l'Italie de participer à la con-
férence de Montreux n'avait certainement pas
été tenu pour un témoignage d'amitié par le
Président Ataturk.
Rome avait un moment songé à profiter de
l'affaire du Sandjak d'Alexandrette, apparue à
Rome comme une excellente occasion pour
brouiller la France avec la Turquie et de ga-
gner à nouveau son amitié. Toujours attentive à
nous créer des difficultés, la diplomatie de M.
Mussolini avait encouragé la résistance d'An-
kara et l'avait poussé à l'intransigeance, en lui
promettant son appui en même temps qu'elle
intriguait, dans les milieux arabes de Syrie.
Quel coup de maître si on parvenait à la fois
à détacher la Turquie de nous et à irriter les
Syriens contre notre pays.
Mais ces projets,pour si inspirés qu'ils fussent
du plus pur esprit de Machiavel, n'ont pas réus-
si. La France sut se montrer ferme, concilian-
et et souple, l'Angleterre empêcher certains.
heurts, prêcher l'entente auprès du gouverne-
ment turc lequel eut assez de sagesse pour
comprendre où était son intérêt. La manœuvre
italienne avait échoué,
Aussi bien le gouvernement fasciste n'insis-
ta pas. Puisque la première combinaison n'avait
pas réussi il en envisagea une seconde : préoc-
cupé de ne pas s'aliéner la Turquie, il eut
l'idée de ménager une rencontre entre les mi-
nistres des Affaires étrangères des deux pays,
le comte Ciano et M. Rustu Aras. Telle est
l'origine de l'entrevue de Milan.
Quel sera l'objet de ces conversations ?
Il n'est pas difficile de se l'imaginer. Il sera
évidemment question des décisions de la con-
férence de Montreux auxquelles Rome se ral-
liera sans aucun doute. Il est probable qu'il
sera question également du problème balkanique
qui a pour l'Italie un intérêt qu'il est à peine
besoin de souligner et d'une façon plus géné-
rale de la Méditerranée orientale. On parle à
Rome de la conclusion d'un pacte analogue au
Gentlemen's agreement qui confirmerait le
statu quo dans cette partie du bassin méditer-
ranéen.
Il n'y a pas lieu pour nous de nous en in-
quiéter, bien que nous ne nous fassions pas de
grandes illusions sur de pareils instruments di-
plomatiques à une époque où de grandes puis-
sances proclament que le respect des traités
est subordonné à l'intérêt momentané des
Etats. La sainteté des contrats devient ainsi
pour certains une manière de préjugé dont il
convient de ne pas trop s'embarrasser.
Mais même dans ces conditions nous ne pou-
vons pas avoir pour cet accord probable des
sentiments différents de ceux que nous avons
témoignés à l'égard de celui qui fut signé le
mois dernier entre Rome et Londres. Il convient
à la France, grande puissance méditerranéenne,
de s'en féliciter.
, Henry Fonttmier.
Ancien député,
Agrégé de l'Universite
, )..+. (
Visite en leurs Etats
EN A.E.F.
Le Gouverneur général Reste, dont nous avons
annoncé le départ le 17 janvier pour une tournée
dans le Moyen-Congo, est rentré à Brazzaville
le 24.
Au cours de son voyage, le Gouverneur gé-
néral a visité en détail tous les principaux
centres établis le long du Congo-Océan.
Kinkala, Mendouli, Kimbéchi, Madongou,
Dolisié. Arrivé à Pointe-Noire le 16, il a
inspecté longuement les travaux du port, les
travaux d'urbanisme de la ville et le nouveau
jardin d'essai. Le lendemain, il s'est rendu
à Loango et ensuite dans la vallée du Kouilou.
De retour à Pointe-Noire, répondant au dis-
cours prononcé par le directeur, M. Reste a dit
sa joie d'assister au développement croissant du
grand port de l'A. E. F. et sa confiance dans
l'avenir de la colonie.
Suivant son habitude, au cours de sa tournée,
le Gouverneur général n'a pas manqué de visiter
en détail toutes les plantations européennes et
indigènes, prodiguant à chacun des encourage-
ments.
) +- (
A la Chambre libanaise
Dans sa séance dit 3 février, la Chambre
libanaise a voté la confiance au gouvernement
Ahdab Par 13 voix contre 12. Le nouveau, mi-
nistère aura donc à charge d'appliquer les
dispositions du traité franco-libanais.
Dans.
Comme il fallait s'y attendre,
Comme il fallait s'y attendre, 1937 sera
l'année des revendications coloniales. Sur
cette question, nous avons depuis longtemps
fixé notre position : pas d'abandon territo-
rial ; seule une coopération économique sera
possible.
Dans la lutte à. soutenir, il se trouve
qu'heureusement le point de vue de l'Angle-
terre est- aussi celui de la France, mais il
semble bien que ce ne soit que sur le plan
de ses principales possessions. Les Anglais
ne paraissent pas réaliser le danger que pré-
senterait pour eux et pour nous l'introduc-
tion politique de l'ALlemagne en Afrique.
Cependant certains en ont conscience, tel
que M. W. Morton Fullerton qui, dernière-
ment, écrivait au Journal des Débats :
Trop de gens dans tous les pays sont prêts
à donner à ronger au Cerbère nazi des os
qui ne leur appartiennent pas. Tel VAnglais,
qui n'a aucune intention de forcer ses pro-
tégés du Tanganyika-, par exemple, à céder
du terrain à l'Allemagne. trouve tout natu-
rel que la France rétrocède aux Allemands
les Camerouns. L'âme de beaucoup d'Amé-
ricains palpite du même altruisme désinté-
ressé. On trouverait, hélas ! en France, on
trouverait, même en certains ministères, des
hommes de sot et naïf bon vouloir, qut ne
verraient aucun inconvénient à installer
l'Allemagne dans cette enclave des Came-
* iùuns. C'est fou, mais c'est ainsi. Sachez
que le pays en question est devenu tout
simplement, à l'insu de prejque tout le mon-
de, sauf des coloniaux berlinois, un des en-
droits du globe où se cache le secret de la
paix ou de la guerre.
Depuis quelques semaines on nous a corné
aux oreilles quatre mots claironnants :
« L'axe vertical Berlin-Rome ». Eh lien 1
scrutez la carte d'Afrique, et dites-moi ce que
serait ce célèbre axe vertical si on donnait
les Camerouns à l'Allemagne ? « L'axe ver-
tical Il deviendrait comme une flècîie lancée
du Nord au Sud en reliant l'Afrique Septen-
trionale italienne à des ports d'escale des
Camerouns qui offriraient abri, en cas de
guerre, à tous les submersibles et corsaires
allemands qui pourraient être tentés de cou-
per les communications de l'Afrique du Sud.
du Congo belge, du Congo français, de la
Nigeria, du Gold Coast, du Dahomey et de
la Côte d'Ivoire avec la France et l'Angle-
terre Contrôlez cela, je le répète, sur la
carte, et vous serez édifié,
Mais, il y a peut-être mieux. Cet « axe
vertical Berlin-Rome », que j'ai appelé une
flèche, serait plutôt une hache à pourfendre
l'empire africain de la France ! Si les Alle-
mands réintègrent les Camerouns, ils auront
une puissante nouvelle base militaire au
cœur de l'Afrique. , Pourquoi ? Parce que les
Camerouns touchent au carrefour — j'ai nom-
mé le lac Tchad — de toutes les grandes
routes continentales du Sud vers le Nord et
de l'Est vers l'Ouest. En un mot l'Algérie
««raU coupée du Congo.
1 En effet, en Angleterre, toute l'attention,
tous les soins vont au Tanganyika. Actuel-
lement, les milieux coloniaux. britanniques
s'attachent à soustraire définitivement ce ter-
ritoire aux convoitises allemandes. Pour ce
faire, la création d'un nouveau dominion qui
l'incorporerait avec le Kenia, l'Ouganda, le
Xyassaland, et les deux Rhodesies, est à
l'étude : une décision pourrait être prise pro-
chainement, après le retour du comte Dela-
warr, sous-secrétaire d'Etat aux colonies, qui
vient de terminer un voyage dans ces régions.
Si l'opération est tentée, et qu'elle réus-
sisse, l'Allemagne évidemment ne manquera
pas de réagir vigoureusement. Pour l'apai-
ser l'Angleterre ne lâchera-t-elle pas alors sa
petite part de Cameroun. en nous invitant
cordialement à en faire autant de la nôtre?
Une fois le Tanganyika à l'abri, nos voisins
se trouveront bien plus à l'aise pour nous
faire valoir la nécessité d'en finir avec l'épi-
neuse question coloniale.
Devant les bons conseils de l'Angleterre et
une opinion mondiale bien travaillée, quelle
serait notre situation ?
Il ne faut pas se faire d'illusion. Tant que
F Angleterre se trouvera dans la même situa-
tion que nous devant les revendications alle-
mandes, notre position est solide. Mais si ja-
mais nous la laissons s'échapper seule du
danger, qui actuellement nous menace en
commun, soyons assurés que nous n'aurons
plus alors à compter sur son appui, bien au
contraire.
Puisque nous sommes obligés de nous ac-
crocher aux basques de John Bull, tenons-les
bien ! Que l'Angleterre incorpore le Tanga-
nyika dans un nouveau dominion, soit ! mais
nous, alors, en même temps, par les mêmes
procédés, nous devrons incorporer le Came-
roun à l'A. E.F. Ce territoire est maintenant
le nœud gordien de notre' Empire. Ce sera
le seul moyen de le préserver et il faut que
nous le préservions.
Si ijamais nous nous laissons distancer,
ncus serons isolés. Dans le sillage de l'An-
gleterre, actuellement, nous devons naviguer
« au plus près n,
Pierre Le Verbe.
———————— ) ( ————————
L'abolition des capitulations
en Egypte
Le Gouvernement égyptien a adressé mer-
credi matin à toutes les légations intéressées
une circulaire précisant les principes qui fixe-
ront le, régime transitoire que le Gouverne-
ment compte établir au lendemain de l'abo-
lition des capitulations après la conférence
de Montreux du 12 avril.
Cette circulaire présentée' sous une forme
modàée apparait propre à résoudre à Mon-
treux les problèmes soulevés par l'abolition
des capitulations.
Emeutes et Troubles
Au Maroc
Pour la seconde foisJ à Casablanca, à la
suite d'un différend survenu entre les servi-
ces administratifs -et le personnel des auto-
bus, ce dernier avait décidé, dimanche de ces-
ser le travail. Seul le service des écoles était
assuré:
Mais, à la suite de pourparlersle service
fonctionne à nouveau.
les revendications
:: afflHdaies menâmes
Un mémorandum allemand ?
Selon la British United Press, le gouver-
nement de Berlin songerait à adresser pro-
chainement, à la fin de février ou en mars,
un mémorandum aux puissances, c'est-à-dire
probablement à l'Angleterre, la France, la
Belgique, le Japon et les Dominions britan-
niques touchant la question des colonies.
M. Von .Ribbentrop, ambassadeur d'Alle-
magne à Londres, à Berlin depuis six semai-
nes, a rejoint hier son poste.
Contratrement à ce que l'on pensait, il
n'était porteur td'aucun mémorandum. Par
contre, on suppose que le chancelier Hitler
profitera du discours qu'il doit prononcer le
26 prochain à l'occasion de la fête des Héros,
pour exposer explicitement les revendications
coloniales du Reich.
Les réactions de Londres
Au cours du Conseil de cabinet de mardi
dernier les ministres britanniques se sont
particulièrement entretenus des revendica-
tions coloniales du Reich.
Par aillleurs, aux Communes, le même jour,
M. Eden fut questionné sur l'attitude
qu'adoptera le Cabinet sur cette question. Le
ministre des Affaires étrangères ne fit aucune
déclaration nouvelle, renvoyant ses interpel-
lateurs à ses déclarations du 18 décembre
dernier.
La presse anglaise tout entière a pris une
position nettement négative.
- go e- <
Autour du bulletin de vote
aux Algériens
Une délégation des maires d'Algérie
proteste au Parlement
Les maires d'Algérie ont entrepris de pro-
tester auprès de tous les groupes et commis-
sions parlementaires, contre le projet Viol-
lette.
C'est ainsi que la délégation des maires
algériens a visité hier le groupe de la gau-
che démocratique et radicale-indépendante
présidé par M. de Chappedelaine.
Après cet entretien, le groupe s'est pro-
noncé contre le projet Viollette et a ap-
prouvé le contre-projet de M. Saurin qui de-
mande une vaste enquête préalable à la dis-
cussion au Parlement.
Le président du Conseil ne serait person-
nellement pas opposé à cette enquête, qui
provoquerait vraisemblablement le renvoi du
débat à plusieurs mois.
1 Mardi matin, M. Cuastavino a précisé, de-
vant le groupe radical-socialiste à la Cham-
hre, l'importance de nos trois départements
bre, l'Afrique du Nord, au point de vue de
l'économie nationale. Il a affirmé que l'on
ne pouvait douter, un seul instant, du loya-
lisme des populations indigènes. Il a insisté
sur le rôle, dans le passe, des élites africai-
nes et sur la nécessité d'examiner, sans esprit
préconçu, les améliorations à apporter au ré-
gime actuel.
Partisan de l'assimilation, le député d'Al-
ger a demandé, contrairement aux disposi-
tions envisagées par le projet Viollette,
qu'obligation soit faite aux indigènes de re-
noncer à leur statut.
Dans la soirée, M. Campinchi a reçu la
délégation de la Fédération des maires d'Al-
gérie, qui l'a entretenu des mêmes problèmes.
Réorganisation de l'administration
régionale dtt Maroc
Un arrêté résidentiel vient de supprimer
les territoires civils dans les régions de Fès,
Meknès et Marrakech.
En fait, il s'agit, non de la disparition des
contrôles civils en zone militaire, mais d'une
modification des attributions appartenant à
l'organisme de contrôle civil mis à la dispo-
sition des généraux chefs de régions.
Le maréchal Lyautey avait créé des ad-
joints civils, choisis généralement parmi les
contrôleurs civils de rang élevé, qui étaient
chargés auprès des généraux chefs de régions
de la centralisation et de l'étude des ques-
tions administratives.
En 1935, il a paru opportun de transfor-
mer les adjoints civils en chefs de territoires
civils, afin de donner une base territoriale à
leur autorité et de décharger les bureaux ré-
gionaux de l'étude des problèmes se posant
dans les contrôles civils compris dans les ré-
gions militaires.
Cette réforme n'a pas donné les résultats
attendus. D'une part, en effet, l'échelon ré-
gional s'est trouvé alourdi par la création
d'un bureau du Territoire civil qui fonc-
tionne parallèlement au bureau régional et,
d'autre part les chefs de territoires civils ne
pouvaient plus avoir, comme dans l'ancienne
organisation, une vue d'ensemble des problè-
mes administratifs intéressant lesdites ré-
gions.
C'est pour remédier à cet état de choses
que le général Noguès a décidé de revenir
à la formule du maréchal Lyautey et de per-
mettre à nouveau aux contrôleurs civils pla-
cés auprès des chefs de régions militaires
d'exercer leurs fonctions de conseillers et de
collaborateurs immédiats pour toutes les
questions d'ordre administratif, politique et
social qu'ils sont appelés à examiner.
) ..a (
En vue de l'application
des lois sociales en Tunisie
et au Maroc
Sur l'initiative de M. Viénot, sous-secré-
taire d'Etat aux Affaires étrangères, et en
accord avec les résidents généraux de France
en Tunisie et au Maroc, deux spécialistes dû
Bureau International du Travail étudient ac-
tuellement les mesures de protection que né.
cessite l'évolution économique rapide des pro.,
tectorats nord-africains.
M. Colombain, chef du Service dé la coo-
pération à l'organisation internationale de
Genève, poursuit au Maroc une enquête en
vue du développement des coopératives indi-
gènes.
1 - M. Plissard, également fonctionnaire dà
r Bureau International du Travail, procède en
Tunisie à l'examen des conditions de travail
dans les mines.
Vers un plan de recherche
scientifique au Maroc
Mardi après-midi s'est tenue au ministère des
Affaires étrangères une réunion consacrée à un
plan d'aménagement et de coordination de la
recherche scientifique au Maroc. MM. Jean
Perrin, sous-secrétaire d'Etat à la Recherche
scientifique ; Pierre Viénot, sous-secrétaire
d'Etat aux Affaires étrangères, et le général
Noguès, Résident général au Maroc assistaient
notamment à cette réunion.
l'Angleterre sous le signe de Vulcain
La situation internationale et le réarmement du pays
- par Thomas GreewooG.
(De notre Correspondant Particulier)
Au début d'une nouvelle année, l'habitude
veut de passer en revue les principales étapes
de la politique extérieure de chaque pays.
Nous croyons, cependant, pouvoir être dispen-
sés de cette tâche en ce qui concerne l'Angle-
terre, non seulement parce que son action ex-
térieure s'est exercée dans le même sens que
celle de tous les pays fidèles à l'idéal de paix,
mais encore parce que, dans ce domaine, la
nation britannique n a connu que des décep-
tions. N'eût été la collaboration de fait, et
d'autant plus efficace, de la France et de
l'Angleterre dans le domaine international,
l'année 1936 n'aurait eu d'autre caractéristique
que celle d'être farinée cruciale prédite par
Mussolini pour les nations mécontentes ou en
rupture de traité.
Qu' avons-nous vu en effet pendant ces dou-
ze derniers mois ? L'Italie escamote tout un
empire africain au nez de cinquante-deux na-
tions alertées pour condamner son entreprise.
Le dragon japonais digère tranquillement un
gros morceau de la Chine et se laisse impuné-
ment tenter par les attractions d'autres pro-
vinces de l' empire céleste. L' Allemagne brise
les dernières chaînes des traités de paix et en-
tame une croisade dangereuse contre des en-
nemis et des oppresseurs imaginaires pour
s'étendre plus loin que ses frontières. La Tur-
quie elle-même, tout en utilisant des moyens
licites, refortifie les Dardaneilles et cherche à
récupérer une province syrienne. Notons aussi
le grave conflit en Méditerranée qui a mis en
péril les routes impériales pendant la crise
itailo-abyssine, et qui continue à les menacer
par les implications internationales de la guerre
d'Espagne. Mettons encore dans le tas la réa-
lisation de l'indépendance de l'Egypte et celle
de la Syrie, et nous aurons le total des évé-
nements indésirables que dut subir la politique
britannique.
Ne nous plaignons pas trop cependant. Car
de cette situation. les Anglais ont tiré deux
avantages qui sont énormes par eux-mêmes.
Tout d'abord, ils ont su conserver la paix pour
eux et pour le quart du globe, dont ils ont la
charge ; et ils l'ont fait honorablement sans
perdre un are de leur territoire et sans mettre
en péril leurs intérêts essentiels. On peut
même dire qu'ils ont profité de « leur » paix
pour développer leurs industries et leur com-
merce, et atteindre ainsi les hauteurs d'une
prospérité que bien d'autres nations pourraient
leur envier. Le second avantage est aussi im-
portant : tous ces événements ont rappelé
l'Angleterre à la nécessité qu'il y a pour elle
de maintenir ses forces au niveau voulu pour
continuer à préserver cette paix, cette piospé-
rité et ce vaste empire, et pour imposer sa
volonté dans un monde en folie qui risque de
sombrer dans le pire cataclysme sans la vi-
gilante tojérance et la force armée des vieilles
démocraties.
Cette double considération guide la poli-
tique anglaise pendant la nouvelle aràée.
Aussi 1937 s'ouvre pour elle sous le signe de
Vulcain. D'un bout à l' autre du territoire,
d'un bout à l'autre de l'empire, le lion britan-
nique réveillé préside au plus vaste programme
de réaimement intense que le monde ait ja-
mais vu en Angleterre. Car ce n'est plus seu-
lement sa marine de guerre, mais aussi sa flotte
aérienne et ses armées de terre qu'elle a souci
de mettre à la hauteur de ses besoins et de sa
mission de paix dans le monde.
L'effort de l'Angleterre pour consolider sa
défense nationale se manifeste irréausablement
dans la balance des comptes pour cette fin
d'année : les dépenses surpassent les rentrées
de près de 140 millions de livres. Il est vrai
que la rentrée des impôts de fin d'année, qui
s annonce avec optimisme, diminuera sensible-
ment cet énorme déficit. Mais le fait reste
que le décalage est supérieur de 25 millions
de livres à celui de l'année dernière. Et
comme le budget que prépare le Chancelier
de l'Echiquier contiendra un accroissement
très important des sommes affectées à la dé-
fense nationale, on pense que le gouvernement
aura recours à un emprunt spécial pour couvrir
Rédaction & Administration :
1« Rie 4e la Boom
PARIS ai
TÉL. t RICHELIEU 73-06
(2 Jipea groupées)
38e ANNEE. — N° 10. VENDREDI (13 h. 30) 5 FEVRIER 1937
Li c i 0 l
Les Annales Coloniales
Fondateur i Marcel RUEDEL J Directeur ( Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec la Revu* illustré*:
Di u o Mou i Moi*
France et
Colonies 180 » 100 » 50 »
Etranger.. 240. 125 » 70»
Le Numéro : 33 centimtt
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Le nouveau visage de f Afrique
II
Bolo-Dioulasso, 22 janvier.
La mission de la commission des Colo-
nies de la Chambre des députés a quitté,
hier, le Soudan. A Bla, avant Koutiala,
la dislocation s'est effectuée, trois de ses
membres gagnant par Ouagadougou le Togo
et le Dahomey, trois autres descendant Ja
Côte d'Ivoire, et devant ensuite la remonter
pour parcourir d'ouest en est, jusqu'à Co-
nakry, la Guinée.
Le volet est à peu près entièrement tiré
sur la caution de santé des savanes chaudes,
sur la caution de discipline islamique des
noirs. Les visiteurs, à partir de Bouaké, pé-
nétreront dans la zone humide, et dans le
fétichisme. La magie soudanaise s'effacera
ainsi pour leur livrer les appels humains des
êtres incapables de triompher des lourdes
servitudes physiologiques dont ils sont ac-
cablés. Sans doute, le Soudan en recevra-
t-il un plus généreux brevet. Sans doute,
la considérable expérience de colonisation
que la France a entreprise sur les bords du
Niger leur apparaîtra-t-Clle comme la con-
séquence du XX. siècle, et capable de ri-
valiser, avec un idéal humain égal sinon
supérieur, avec l'immense expérience sovié-
tique.
La Côte d'Ivoire est déjà le passé. Elle
appartient plus à l'européen qu'à l'indigène.
Elle ne trouvera jamais sur son sol, et ne
développera pas, lia démographie puissan-
te capable d'étendre à l'ensemble de son
territoire une mise en exploitation méthodi-
que. Résignons-nous à ne réaliser dans nos
colonies maritimes que la méthode anglai-
se : la concession européenne, imitée de-ci,
de-là par des indigènes intelligents. Le
Haut-Sénégal, le Soudan par contre triom-
pheront par le seul secours de leurs au-
tochtones. Une population saine et laborieuse
peut-être par nécessité plus que par goût,
réalise effectivement la grandiose image du
paysan noir. Mais il manque, à la base de
cette religion de la terre, un sentiment ca-
pital que l'Administrateur de Koutiala, M.
Morel, a très heureusement défini : l'ava-
rice. Et c'est en quoi notre présence de-
meurera toujours indispensable à l'Afrique
noire.
.- -
■ Nous reprendrons notre vieille théorie :
-la colonisation française au sens propre
du terme n'a jusqu'à présent jamais existé.
Ne s'est créée, ne s'est installée, n'a pro-
gressé que l'exploitation par les Blancs des
ressources du sol, exploitation seulement
possible par la présence de l'Administra-
tion. L'Etat, seul maître en la .matière, ne
s'est jamais préoccupé de faire exploiter
rationnellement les territoires sur lesquels il
a étendu sa domination. Il a eu la folle
ambition, sans doute, d'imaginer que sa pré-
sence, avec ce qm'eMe comporte de disci-
pline et de puissance policée, suffirait à réa-
liser l'essor économique. Comme si le con-
trôle était la vie, comme si la surveillance
était la création !
88.
Ainsi traînons-nous le poids d'un ap-
pareil colonial hors de proportion avec les
ressources que 'la Métropole lui consent. Le
manque d'éducation coloniale des Français
ne permet pas à nos éompatriotes de s'exiler
utilement, productivement. Les cadres dis-
pendieux que nous avons créés, et dont nos
territoires sont d'autant plus accablés que
la masse de la paperasse devient de plus en
plus considérable, inutile et coûteuse, ne
servaient pratiquement à rien : idéalement
ils permettaient à la France d'apporter au
Mode un exemple social, et à la Société
des Nations une preuve de bonne foi, de
générosité humaine, de sollicitude sociale.
Mais aujourd'hui, le capital colonial de
la France s'accroît d'intérêts nouveaux.
Nous gagnons le gros lot à la Loterie : le
Soudan est ouvert. Dëmain; pareillement,
notre maigre bande du Niger, parallèle à
ln Nigeria, le Tchad et l'Oubangui-Chari
s'ouvriront. Parties de la mer, avec l'inten-
tion d'accéder à elles, la voie ferrée, la
route ont pratiqué la brèche. Les territoires
à ressources naturelles, à populations saines
et nombreuses, possèdent les voies d'éva-
cuation qui leur manquaient, qui les tenaient
prisonniers au centre de l'Afrique. L'avion
qui les survole les vivifie socialement
e:i démontrant que l'européen n'est plus
désormais un exilé, puisque son courrier,
et sa personne, sont à quelques heures
désormais de la Métropole, Le pan de
mur est tombé, la France va pouvoir profi-
ter de ces terres immenses, si naturellement
cultivées par des races attachantes que de
consciencieux moniteurs suffiront à enca-
drer.
Ainsi le domaine colonial de la France
nous paraît-il atteindre enfin, ses buts, et
nous semble-t-il désormais capable de pou-
voir payer les cahotiques sacrifices que la
Métropole lui a consentis. Il nous sem-
ble que, eu égard à cette situation nouvelle,
des mesures d'adaptation devraient être étu-
diées sans retard. Il nous semble que des
réformes hardies devraient intervenir.
Le Gouverneur général de l'A.O.F., à la
forme administrative duquel on pourrait
très utilement s'attaquer, pourrait abandon-
ner Dakar à sa destinée de grand port com-
mercial et militaire, et se transporter utile-
ment à Bamako, puisque le Soudan de-
vient la pièce capitale de notre bloc africain.
La jonction de nos voies ferrées pourrait
être étudiée, et entreprise sans retard. L'éva-
cuation .des produits du Soudan est un pro-
blème qui tient dans l'inquiétude tous les
producteurs. Le Dakar-Niger qui s'arrête
d'ailleurs à Bamako, le -Bani-Segou min-
ce cordon de 50 kilomètres en voie de 60,
la route, le fleuve, sont incapables de ré-
pondre à J'effort, cette annéè considérable,
qui leur est demandé. Le cercle de Sikasso,
à 200 kilomètres de Bobo-Dioulasso, ne dis-
pose que de la route. Ouagadougou est éga-
lement démuni de moyens d'évacuation. Il
faut pousser nos voies ferrées : ce n'est
pas un désert qu'elles traverseront, mais
des territoires riches, productifs et peuplés,
dont les iécoltes ne peuvent avoir accès en ce
moment à l'Europe.
Il faut que nos ports, dans lesquels les
navires seront à quai, Dakar, Conakry, Sas-
sandra, Abidjan, soient créés, développés,
grandis, outillés non pas pour la seule co-
lonie à laquelle ils appartiennent, mais pour
le formidable hinterland nigérien. -
Il faut, à notre Afrique noire, une poli-
tique d'Empire. Les vues les plus déme-
surées seront toujours à sa taille. Jusqu'à
présent nos ports, nos voies ferrées, nos
routes, notre équipement, n'ont été qu'un
but. Alors qu'ils sont seulement un moyen.
L'ouverture du Soudan en fournit l'écla-
tante preuve.
* *
Nous pensons que les Parlementaires, à
laquelle la commission des Colonies a fait
l'honneur de confier cette mission d'études,
ont compris le nouveau sens de l'Afrique.
Ils viennent, à l'Office du Niger, et dans les
Cercles soudanais, de découvrir le creu-
set, le moule, d'où sortiront la prospérité
économique et le progrès humain. Sans être
des territoires de transit, la basse Côte
d'Ivoire, la basse Guinée leur apparaîtront
désormais comme l'accessoire, et non plus
comme naguère le principal.
La France peut désormais tout attendre
de son Afrique noire : il importe seulement
qu'elle ne lui ménage ni sa sollicitude. ni
surtout son argent.
Raoul Monmarson.
Voir les Annales Coloniales du 29-1-37.
AUDIENCES
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. Yvon Delbos a reçu mardi matin l'am-
bassadeur de Turquie à Paris, M. Suad, avec
lequel il a eu un entretien qui a porté sur le
nouveau statut du sandjak d'Alexandre tte dont
de nombreux points de détail restent à régler.
A l'issue de son entretien avec le ministre,
M. Suad a rendu visite au sous-secrétaire
d'Etat, M. Viénot.
Le ministre des Affaires Etrangères a égale-
ment reçu hier matin M. Ali Jawdat, ministre
d'Irak à Paris.
—————————— > (
MISSIONS
DANS LA METROPOLE
M. André Touzet, Résident supérieur en
Indochine, est chargé de mission en France,
pour une durée de trois mois, auprès du cabinet
du ministre des Colonies, en vue d'étudier di-
verses questions intéressant l'Indochine.
EN CHINE
M. Bruzon, ingénieur météorologiste en chef
de 1" classe de l'Indochine, directeur de l'Ob-
servatoire central de Phu-Lien, est chargé de
mission pour représenter l'Indochine à la Com-
mission météorologique d'Extreme-Onent à
Hong-Kong.
M. GUILLON
Résident général à Tunis
est fait commandant
de la Légion d'Honneur
Dans la dernière promotion du ministère des
Affaires étrangères, M. Armand Gui lion, Rési-
dent général de France à Tunis, a été promu
au grade de commandeur dans l'Ordre de la
Légion d'honneur.
—————————— ) +- (
Le général Noguès
rejoint son poste
Le général Noguès, Résident général de
France au Maroc, a quitté Paris mercredi soir
pour rejoindre son poste à Rabat.
Pendant son séjour à Paris, au cours de main-
tes entrevues, il a exposé en détail la situation
marocaine aux membres du Gouvernement et a
fait approuver le budget marocain pour 1937.
:
Recettes douanières
A MADAGASCAR
Les recettes douanières perçues pendant les
onze premiers mois de l'année 1936 se sont
élevées à 57.027.699 fr. 10, somme supé-
rieure de 4.707.365 fr. 54 aux encaissements
effectués pendant la période correspondante de
1935.
Turquie et Italie
~L'
AFFAIRE dAM»ndret'
te qui vient de se ré-
gler entre la .France
et la Turquie aura eu
un autre résultat, ce-
lui d'amener un rap-
prochement entre cet-
- .., te dernière puissance
et l'Italie. Les deux pays avaient bien condu
en 1928 un pacte d'amitié qu'ils avaient re-
nouvelé en 1932 mais nous sommes à une épo-
que où la multiplication des accords diplomati-
ques finit par leur enlever une grande partie
de leur valeur. Jamais on n'a tant signé de
traités de ce genre, et jamais les peuples ne se
sont sentis aussi peu sGrs du lendemain et la
paix n'est apparue aussi précaire. A quoi cela
tient-H ? A beaucoup de causes probablement
et sans aucun doute en premier lieu à la sur-
vivance des rêves impérialistes qui hantent en-
core certaines nations, ou plus exactement les
hommes qui les dirigent. Car si les peuples sont 1
pacifiques, ceux qui parlent en leur nom ne le
sont pas toujours autant.
Quoi qu'il en soit, en dépit du traité d'amitié
qui était censé les unir les gouvernements de
Rome et d'Ankara se montrèrent défiants l'un
envers l'autre.
La Turquie manifestait quelque inquiétude de
l'établissement et du développement des bases
aériennes et navales de l'Italie dans le Dodé-
canèse et des projets que l'on prêtait au Duce
touchant l'Asie mineure. Les propos concernant
la Méditerranée, les rappels historiques re-
latifs à l'ancien empire romain n'étaient pas
fort rassurants même dépouillés de cette jac-
tance qu'affectionne parfois l'éloquence méri-
dionale. L'expédition d'Ethiopie avait calmé
dans une certaine mesure ces appréhensions.
Mais le refus de l'Italie de participer à la con-
férence de Montreux n'avait certainement pas
été tenu pour un témoignage d'amitié par le
Président Ataturk.
Rome avait un moment songé à profiter de
l'affaire du Sandjak d'Alexandrette, apparue à
Rome comme une excellente occasion pour
brouiller la France avec la Turquie et de ga-
gner à nouveau son amitié. Toujours attentive à
nous créer des difficultés, la diplomatie de M.
Mussolini avait encouragé la résistance d'An-
kara et l'avait poussé à l'intransigeance, en lui
promettant son appui en même temps qu'elle
intriguait, dans les milieux arabes de Syrie.
Quel coup de maître si on parvenait à la fois
à détacher la Turquie de nous et à irriter les
Syriens contre notre pays.
Mais ces projets,pour si inspirés qu'ils fussent
du plus pur esprit de Machiavel, n'ont pas réus-
si. La France sut se montrer ferme, concilian-
et et souple, l'Angleterre empêcher certains.
heurts, prêcher l'entente auprès du gouverne-
ment turc lequel eut assez de sagesse pour
comprendre où était son intérêt. La manœuvre
italienne avait échoué,
Aussi bien le gouvernement fasciste n'insis-
ta pas. Puisque la première combinaison n'avait
pas réussi il en envisagea une seconde : préoc-
cupé de ne pas s'aliéner la Turquie, il eut
l'idée de ménager une rencontre entre les mi-
nistres des Affaires étrangères des deux pays,
le comte Ciano et M. Rustu Aras. Telle est
l'origine de l'entrevue de Milan.
Quel sera l'objet de ces conversations ?
Il n'est pas difficile de se l'imaginer. Il sera
évidemment question des décisions de la con-
férence de Montreux auxquelles Rome se ral-
liera sans aucun doute. Il est probable qu'il
sera question également du problème balkanique
qui a pour l'Italie un intérêt qu'il est à peine
besoin de souligner et d'une façon plus géné-
rale de la Méditerranée orientale. On parle à
Rome de la conclusion d'un pacte analogue au
Gentlemen's agreement qui confirmerait le
statu quo dans cette partie du bassin méditer-
ranéen.
Il n'y a pas lieu pour nous de nous en in-
quiéter, bien que nous ne nous fassions pas de
grandes illusions sur de pareils instruments di-
plomatiques à une époque où de grandes puis-
sances proclament que le respect des traités
est subordonné à l'intérêt momentané des
Etats. La sainteté des contrats devient ainsi
pour certains une manière de préjugé dont il
convient de ne pas trop s'embarrasser.
Mais même dans ces conditions nous ne pou-
vons pas avoir pour cet accord probable des
sentiments différents de ceux que nous avons
témoignés à l'égard de celui qui fut signé le
mois dernier entre Rome et Londres. Il convient
à la France, grande puissance méditerranéenne,
de s'en féliciter.
, Henry Fonttmier.
Ancien député,
Agrégé de l'Universite
, )..+. (
Visite en leurs Etats
EN A.E.F.
Le Gouverneur général Reste, dont nous avons
annoncé le départ le 17 janvier pour une tournée
dans le Moyen-Congo, est rentré à Brazzaville
le 24.
Au cours de son voyage, le Gouverneur gé-
néral a visité en détail tous les principaux
centres établis le long du Congo-Océan.
Kinkala, Mendouli, Kimbéchi, Madongou,
Dolisié. Arrivé à Pointe-Noire le 16, il a
inspecté longuement les travaux du port, les
travaux d'urbanisme de la ville et le nouveau
jardin d'essai. Le lendemain, il s'est rendu
à Loango et ensuite dans la vallée du Kouilou.
De retour à Pointe-Noire, répondant au dis-
cours prononcé par le directeur, M. Reste a dit
sa joie d'assister au développement croissant du
grand port de l'A. E. F. et sa confiance dans
l'avenir de la colonie.
Suivant son habitude, au cours de sa tournée,
le Gouverneur général n'a pas manqué de visiter
en détail toutes les plantations européennes et
indigènes, prodiguant à chacun des encourage-
ments.
) +- (
A la Chambre libanaise
Dans sa séance dit 3 février, la Chambre
libanaise a voté la confiance au gouvernement
Ahdab Par 13 voix contre 12. Le nouveau, mi-
nistère aura donc à charge d'appliquer les
dispositions du traité franco-libanais.
Dans.
Comme il fallait s'y attendre,
Comme il fallait s'y attendre, 1937 sera
l'année des revendications coloniales. Sur
cette question, nous avons depuis longtemps
fixé notre position : pas d'abandon territo-
rial ; seule une coopération économique sera
possible.
Dans la lutte à. soutenir, il se trouve
qu'heureusement le point de vue de l'Angle-
terre est- aussi celui de la France, mais il
semble bien que ce ne soit que sur le plan
de ses principales possessions. Les Anglais
ne paraissent pas réaliser le danger que pré-
senterait pour eux et pour nous l'introduc-
tion politique de l'ALlemagne en Afrique.
Cependant certains en ont conscience, tel
que M. W. Morton Fullerton qui, dernière-
ment, écrivait au Journal des Débats :
Trop de gens dans tous les pays sont prêts
à donner à ronger au Cerbère nazi des os
qui ne leur appartiennent pas. Tel VAnglais,
qui n'a aucune intention de forcer ses pro-
tégés du Tanganyika-, par exemple, à céder
du terrain à l'Allemagne. trouve tout natu-
rel que la France rétrocède aux Allemands
les Camerouns. L'âme de beaucoup d'Amé-
ricains palpite du même altruisme désinté-
ressé. On trouverait, hélas ! en France, on
trouverait, même en certains ministères, des
hommes de sot et naïf bon vouloir, qut ne
verraient aucun inconvénient à installer
l'Allemagne dans cette enclave des Came-
* iùuns. C'est fou, mais c'est ainsi. Sachez
que le pays en question est devenu tout
simplement, à l'insu de prejque tout le mon-
de, sauf des coloniaux berlinois, un des en-
droits du globe où se cache le secret de la
paix ou de la guerre.
Depuis quelques semaines on nous a corné
aux oreilles quatre mots claironnants :
« L'axe vertical Berlin-Rome ». Eh lien 1
scrutez la carte d'Afrique, et dites-moi ce que
serait ce célèbre axe vertical si on donnait
les Camerouns à l'Allemagne ? « L'axe ver-
tical Il deviendrait comme une flècîie lancée
du Nord au Sud en reliant l'Afrique Septen-
trionale italienne à des ports d'escale des
Camerouns qui offriraient abri, en cas de
guerre, à tous les submersibles et corsaires
allemands qui pourraient être tentés de cou-
per les communications de l'Afrique du Sud.
du Congo belge, du Congo français, de la
Nigeria, du Gold Coast, du Dahomey et de
la Côte d'Ivoire avec la France et l'Angle-
terre Contrôlez cela, je le répète, sur la
carte, et vous serez édifié,
Mais, il y a peut-être mieux. Cet « axe
vertical Berlin-Rome », que j'ai appelé une
flèche, serait plutôt une hache à pourfendre
l'empire africain de la France ! Si les Alle-
mands réintègrent les Camerouns, ils auront
une puissante nouvelle base militaire au
cœur de l'Afrique. , Pourquoi ? Parce que les
Camerouns touchent au carrefour — j'ai nom-
mé le lac Tchad — de toutes les grandes
routes continentales du Sud vers le Nord et
de l'Est vers l'Ouest. En un mot l'Algérie
««raU coupée du Congo.
1 En effet, en Angleterre, toute l'attention,
tous les soins vont au Tanganyika. Actuel-
lement, les milieux coloniaux. britanniques
s'attachent à soustraire définitivement ce ter-
ritoire aux convoitises allemandes. Pour ce
faire, la création d'un nouveau dominion qui
l'incorporerait avec le Kenia, l'Ouganda, le
Xyassaland, et les deux Rhodesies, est à
l'étude : une décision pourrait être prise pro-
chainement, après le retour du comte Dela-
warr, sous-secrétaire d'Etat aux colonies, qui
vient de terminer un voyage dans ces régions.
Si l'opération est tentée, et qu'elle réus-
sisse, l'Allemagne évidemment ne manquera
pas de réagir vigoureusement. Pour l'apai-
ser l'Angleterre ne lâchera-t-elle pas alors sa
petite part de Cameroun. en nous invitant
cordialement à en faire autant de la nôtre?
Une fois le Tanganyika à l'abri, nos voisins
se trouveront bien plus à l'aise pour nous
faire valoir la nécessité d'en finir avec l'épi-
neuse question coloniale.
Devant les bons conseils de l'Angleterre et
une opinion mondiale bien travaillée, quelle
serait notre situation ?
Il ne faut pas se faire d'illusion. Tant que
F Angleterre se trouvera dans la même situa-
tion que nous devant les revendications alle-
mandes, notre position est solide. Mais si ja-
mais nous la laissons s'échapper seule du
danger, qui actuellement nous menace en
commun, soyons assurés que nous n'aurons
plus alors à compter sur son appui, bien au
contraire.
Puisque nous sommes obligés de nous ac-
crocher aux basques de John Bull, tenons-les
bien ! Que l'Angleterre incorpore le Tanga-
nyika dans un nouveau dominion, soit ! mais
nous, alors, en même temps, par les mêmes
procédés, nous devrons incorporer le Came-
roun à l'A. E.F. Ce territoire est maintenant
le nœud gordien de notre' Empire. Ce sera
le seul moyen de le préserver et il faut que
nous le préservions.
Si ijamais nous nous laissons distancer,
ncus serons isolés. Dans le sillage de l'An-
gleterre, actuellement, nous devons naviguer
« au plus près n,
Pierre Le Verbe.
———————— ) ( ————————
L'abolition des capitulations
en Egypte
Le Gouvernement égyptien a adressé mer-
credi matin à toutes les légations intéressées
une circulaire précisant les principes qui fixe-
ront le, régime transitoire que le Gouverne-
ment compte établir au lendemain de l'abo-
lition des capitulations après la conférence
de Montreux du 12 avril.
Cette circulaire présentée' sous une forme
modàée apparait propre à résoudre à Mon-
treux les problèmes soulevés par l'abolition
des capitulations.
Emeutes et Troubles
Au Maroc
Pour la seconde foisJ à Casablanca, à la
suite d'un différend survenu entre les servi-
ces administratifs -et le personnel des auto-
bus, ce dernier avait décidé, dimanche de ces-
ser le travail. Seul le service des écoles était
assuré:
Mais, à la suite de pourparlersle service
fonctionne à nouveau.
les revendications
:: afflHdaies menâmes
Un mémorandum allemand ?
Selon la British United Press, le gouver-
nement de Berlin songerait à adresser pro-
chainement, à la fin de février ou en mars,
un mémorandum aux puissances, c'est-à-dire
probablement à l'Angleterre, la France, la
Belgique, le Japon et les Dominions britan-
niques touchant la question des colonies.
M. Von .Ribbentrop, ambassadeur d'Alle-
magne à Londres, à Berlin depuis six semai-
nes, a rejoint hier son poste.
Contratrement à ce que l'on pensait, il
n'était porteur td'aucun mémorandum. Par
contre, on suppose que le chancelier Hitler
profitera du discours qu'il doit prononcer le
26 prochain à l'occasion de la fête des Héros,
pour exposer explicitement les revendications
coloniales du Reich.
Les réactions de Londres
Au cours du Conseil de cabinet de mardi
dernier les ministres britanniques se sont
particulièrement entretenus des revendica-
tions coloniales du Reich.
Par aillleurs, aux Communes, le même jour,
M. Eden fut questionné sur l'attitude
qu'adoptera le Cabinet sur cette question. Le
ministre des Affaires étrangères ne fit aucune
déclaration nouvelle, renvoyant ses interpel-
lateurs à ses déclarations du 18 décembre
dernier.
La presse anglaise tout entière a pris une
position nettement négative.
- go e- <
Autour du bulletin de vote
aux Algériens
Une délégation des maires d'Algérie
proteste au Parlement
Les maires d'Algérie ont entrepris de pro-
tester auprès de tous les groupes et commis-
sions parlementaires, contre le projet Viol-
lette.
C'est ainsi que la délégation des maires
algériens a visité hier le groupe de la gau-
che démocratique et radicale-indépendante
présidé par M. de Chappedelaine.
Après cet entretien, le groupe s'est pro-
noncé contre le projet Viollette et a ap-
prouvé le contre-projet de M. Saurin qui de-
mande une vaste enquête préalable à la dis-
cussion au Parlement.
Le président du Conseil ne serait person-
nellement pas opposé à cette enquête, qui
provoquerait vraisemblablement le renvoi du
débat à plusieurs mois.
1 Mardi matin, M. Cuastavino a précisé, de-
vant le groupe radical-socialiste à la Cham-
hre, l'importance de nos trois départements
bre, l'Afrique du Nord, au point de vue de
l'économie nationale. Il a affirmé que l'on
ne pouvait douter, un seul instant, du loya-
lisme des populations indigènes. Il a insisté
sur le rôle, dans le passe, des élites africai-
nes et sur la nécessité d'examiner, sans esprit
préconçu, les améliorations à apporter au ré-
gime actuel.
Partisan de l'assimilation, le député d'Al-
ger a demandé, contrairement aux disposi-
tions envisagées par le projet Viollette,
qu'obligation soit faite aux indigènes de re-
noncer à leur statut.
Dans la soirée, M. Campinchi a reçu la
délégation de la Fédération des maires d'Al-
gérie, qui l'a entretenu des mêmes problèmes.
Réorganisation de l'administration
régionale dtt Maroc
Un arrêté résidentiel vient de supprimer
les territoires civils dans les régions de Fès,
Meknès et Marrakech.
En fait, il s'agit, non de la disparition des
contrôles civils en zone militaire, mais d'une
modification des attributions appartenant à
l'organisme de contrôle civil mis à la dispo-
sition des généraux chefs de régions.
Le maréchal Lyautey avait créé des ad-
joints civils, choisis généralement parmi les
contrôleurs civils de rang élevé, qui étaient
chargés auprès des généraux chefs de régions
de la centralisation et de l'étude des ques-
tions administratives.
En 1935, il a paru opportun de transfor-
mer les adjoints civils en chefs de territoires
civils, afin de donner une base territoriale à
leur autorité et de décharger les bureaux ré-
gionaux de l'étude des problèmes se posant
dans les contrôles civils compris dans les ré-
gions militaires.
Cette réforme n'a pas donné les résultats
attendus. D'une part, en effet, l'échelon ré-
gional s'est trouvé alourdi par la création
d'un bureau du Territoire civil qui fonc-
tionne parallèlement au bureau régional et,
d'autre part les chefs de territoires civils ne
pouvaient plus avoir, comme dans l'ancienne
organisation, une vue d'ensemble des problè-
mes administratifs intéressant lesdites ré-
gions.
C'est pour remédier à cet état de choses
que le général Noguès a décidé de revenir
à la formule du maréchal Lyautey et de per-
mettre à nouveau aux contrôleurs civils pla-
cés auprès des chefs de régions militaires
d'exercer leurs fonctions de conseillers et de
collaborateurs immédiats pour toutes les
questions d'ordre administratif, politique et
social qu'ils sont appelés à examiner.
) ..a (
En vue de l'application
des lois sociales en Tunisie
et au Maroc
Sur l'initiative de M. Viénot, sous-secré-
taire d'Etat aux Affaires étrangères, et en
accord avec les résidents généraux de France
en Tunisie et au Maroc, deux spécialistes dû
Bureau International du Travail étudient ac-
tuellement les mesures de protection que né.
cessite l'évolution économique rapide des pro.,
tectorats nord-africains.
M. Colombain, chef du Service dé la coo-
pération à l'organisation internationale de
Genève, poursuit au Maroc une enquête en
vue du développement des coopératives indi-
gènes.
1 - M. Plissard, également fonctionnaire dà
r Bureau International du Travail, procède en
Tunisie à l'examen des conditions de travail
dans les mines.
Vers un plan de recherche
scientifique au Maroc
Mardi après-midi s'est tenue au ministère des
Affaires étrangères une réunion consacrée à un
plan d'aménagement et de coordination de la
recherche scientifique au Maroc. MM. Jean
Perrin, sous-secrétaire d'Etat à la Recherche
scientifique ; Pierre Viénot, sous-secrétaire
d'Etat aux Affaires étrangères, et le général
Noguès, Résident général au Maroc assistaient
notamment à cette réunion.
l'Angleterre sous le signe de Vulcain
La situation internationale et le réarmement du pays
- par Thomas GreewooG.
(De notre Correspondant Particulier)
Au début d'une nouvelle année, l'habitude
veut de passer en revue les principales étapes
de la politique extérieure de chaque pays.
Nous croyons, cependant, pouvoir être dispen-
sés de cette tâche en ce qui concerne l'Angle-
terre, non seulement parce que son action ex-
térieure s'est exercée dans le même sens que
celle de tous les pays fidèles à l'idéal de paix,
mais encore parce que, dans ce domaine, la
nation britannique n a connu que des décep-
tions. N'eût été la collaboration de fait, et
d'autant plus efficace, de la France et de
l'Angleterre dans le domaine international,
l'année 1936 n'aurait eu d'autre caractéristique
que celle d'être farinée cruciale prédite par
Mussolini pour les nations mécontentes ou en
rupture de traité.
Qu' avons-nous vu en effet pendant ces dou-
ze derniers mois ? L'Italie escamote tout un
empire africain au nez de cinquante-deux na-
tions alertées pour condamner son entreprise.
Le dragon japonais digère tranquillement un
gros morceau de la Chine et se laisse impuné-
ment tenter par les attractions d'autres pro-
vinces de l' empire céleste. L' Allemagne brise
les dernières chaînes des traités de paix et en-
tame une croisade dangereuse contre des en-
nemis et des oppresseurs imaginaires pour
s'étendre plus loin que ses frontières. La Tur-
quie elle-même, tout en utilisant des moyens
licites, refortifie les Dardaneilles et cherche à
récupérer une province syrienne. Notons aussi
le grave conflit en Méditerranée qui a mis en
péril les routes impériales pendant la crise
itailo-abyssine, et qui continue à les menacer
par les implications internationales de la guerre
d'Espagne. Mettons encore dans le tas la réa-
lisation de l'indépendance de l'Egypte et celle
de la Syrie, et nous aurons le total des évé-
nements indésirables que dut subir la politique
britannique.
Ne nous plaignons pas trop cependant. Car
de cette situation. les Anglais ont tiré deux
avantages qui sont énormes par eux-mêmes.
Tout d'abord, ils ont su conserver la paix pour
eux et pour le quart du globe, dont ils ont la
charge ; et ils l'ont fait honorablement sans
perdre un are de leur territoire et sans mettre
en péril leurs intérêts essentiels. On peut
même dire qu'ils ont profité de « leur » paix
pour développer leurs industries et leur com-
merce, et atteindre ainsi les hauteurs d'une
prospérité que bien d'autres nations pourraient
leur envier. Le second avantage est aussi im-
portant : tous ces événements ont rappelé
l'Angleterre à la nécessité qu'il y a pour elle
de maintenir ses forces au niveau voulu pour
continuer à préserver cette paix, cette piospé-
rité et ce vaste empire, et pour imposer sa
volonté dans un monde en folie qui risque de
sombrer dans le pire cataclysme sans la vi-
gilante tojérance et la force armée des vieilles
démocraties.
Cette double considération guide la poli-
tique anglaise pendant la nouvelle aràée.
Aussi 1937 s'ouvre pour elle sous le signe de
Vulcain. D'un bout à l' autre du territoire,
d'un bout à l'autre de l'empire, le lion britan-
nique réveillé préside au plus vaste programme
de réaimement intense que le monde ait ja-
mais vu en Angleterre. Car ce n'est plus seu-
lement sa marine de guerre, mais aussi sa flotte
aérienne et ses armées de terre qu'elle a souci
de mettre à la hauteur de ses besoins et de sa
mission de paix dans le monde.
L'effort de l'Angleterre pour consolider sa
défense nationale se manifeste irréausablement
dans la balance des comptes pour cette fin
d'année : les dépenses surpassent les rentrées
de près de 140 millions de livres. Il est vrai
que la rentrée des impôts de fin d'année, qui
s annonce avec optimisme, diminuera sensible-
ment cet énorme déficit. Mais le fait reste
que le décalage est supérieur de 25 millions
de livres à celui de l'année dernière. Et
comme le budget que prépare le Chancelier
de l'Echiquier contiendra un accroissement
très important des sommes affectées à la dé-
fense nationale, on pense que le gouvernement
aura recours à un emprunt spécial pour couvrir
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