Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-02-02
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 février 1937 02 février 1937
Description : 1937/02/02 (A38,N9). 1937/02/02 (A38,N9).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265465m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Réduction & Administration:
4 au de la Boum
PARIS <20
TÉL. 1 RICHELIEU 73-06
(2 lignes ¡roupÆea)
38e ANNEE. t'
38« ANNEE. — °* 9. t, : : ; - - MARDI (13 h. 30) , 2 FEVRIER 1937.
Les Annales Coloniales
Fondateur 1 Marcel RUEDEL - ,| -. Directeur ! Raoul MONMARSON
IBOMEiEITS
avec la Revue illustrie:
Un an 6 Mois 3 Mois
France et
Colonies 180 » 1001, 50 »
Etranger. 240. <25* M*
Le Numéro : 30 centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Médecins aux colonies
Parmi les devoirs .qui incombent à la
Métropole à l'égard de ses ressortissants
d'outre-mer, il en est un devant lequel elle
n'a non seulement pas le droit de se dé-
rober, mais qu'elle ne peut pas accomplir
à moitié. Nous voulons parler de l'œuvre
de la protection de la santé, d'hygiène,
d'assainissement et de lutte contre les en-
démies exotiques qu'il importe au plus
haut degré de poursuivre sans arrière-pen-
sée d'économie excessive et avec l'esprit
le plus généreux.
Si la France a fait beaucoup là-bas dans
le domaine sanitaire, il faut bien se dire
que sa tâche est loin d'être terminée et
constater, par exemple, qu'il manque des
médecins aux colonies, c'est chose admise
par tous ceux que préoccupe l'avenir et
le développement de notre empire.
Aux grands maux les grands remèdes,
conseille le proverbe. Les maux de l'ordre
physique qui assaillent et frappent cruelle-
ment nos populations indigènes ne sont
que trop connus. Pour nous en tenir aux
principaux, rappelons les méfaits de ces
fléaux toujours présents, toujours redouta-
bles que son la trypanosomiase africaine,
la fièvre jaune — celle-ci heureusement
mieux jugulée désormais, — la peste, le
choléra, le paludisme, la variole, la dy-
senterie, mille parasitoses et tant d'autres
entités malignes pour lesquelles le service
de santé, avec l'aide des administrations
locales, - doit constamment - être - sur - la brèche.
Un examen des effectifs des services
d'assistance médicale nous confirme dans
la conviction qu'il est nécessaire d'étoffer,
si l'on peut dire, leur état-major, en recru-
tant de nouveaux médecins. La pénurie ne
se fait pas sentir seulement dans nos gran-
des possessions où l'intérieur du pays est
un peu sacrifié aux dépens des grandes vil-
les mieux pourvues, mais encore dans nos
vieilles colonies de la Guadeloupe et de la
Martinique, îles riantes et débordantes de
vie dont l'aspect enchanteur évoque si peu
le spectre de la mort.
Les médecins indigènes ayant reçu une
instruction dirigée vers l'application pra-
tique de la thérapeutique et de la prophy-
laxie constituent la cheville ouvrière du
système.
A côté d'eux, à leur tête, se placent nos
dévoués médecins des troupes coloniales
et ceux des cadres de l'assistance, tous Eti-
ropéens.
Il semblerait qu'on tente actuellement à
augmenter le nombre des premiers en rem-
placement numérique des médecins euro-
péens.
C'est là qu'apparaît le danger. Au
contraire, il importe plutôt de renforcer
le corps sanitaire français dont les mem-
bres ont seuls la culture complète, l'expé-
rience et le sens de l'organisation, en un
mot l'efficience et la capacité indispensa-
bles à une si importante mission.
f.. Il en découle gue, loin d'être compromis
par une déflation systématiquement re-
cherchée et malgré toute les limitations
budgétaires à l'ordre du jour, le recrute-
ment de nouvelles jeunes activités médi-
cales ne doit pas se ralentir.
Au surplus, alors qu'actuellement la car-
rière médicale s'avère encombrée et aux
prises avec une concurrence pleine d'âpre-
té, ce serait rendre service aux étudiants
de nos facultés. Nous entendons par là
ceux qui ne sont pas passés par l'Ecole de
médecine navale et coloniale de Bordeaux-
Marseille, en leur ouvrant plus largement
un champ à l'exercice de leur profession
dans nos domaines d'outre-mer.
Rien de plus facile, et cela a été maintes
fois appliqué. Couronner les études par
l'octroi de bourses accordées sous la condi-
tion d'un engagement de servir dix ans
aux colonies, ou assurer l'enseignement
gratuit comme dans les Ecoles normales
d'instituteurs et d'institutrices, conduisant
au doctorat les jeunes gens dont les parents
ne pourraient payer les études, à la condi-
tion formelle et absolue qu'ils exercent aux
colonies pendant dix ans, ou bien encore
éveiller les vocations par l'attrait de soldes
intéressantes. -
Malheureusement, nos jeunes médecins
se détournent de la carrière coloniaJe parce
que, précisément, les nouveaux traitements
diminués leur paraissent insuffisants.
Si pourtant ces moyens très simples
étaient appliqués dans un esprit vraiment
large, on ne tarderait pas à voir affluer les
demandes.
Par le moyen de concours, il serait même
possible de faire une sélection et de n'en-
voyer que des sujets de valeur.
Il y a plus. Ne pourrait-on pas songer
aux fils de coloniaux eux-mêmes ?
Comme on le sait, les jeunes gens nés
aux colonies, pour bien des raisons faciles
à comprendre, éprouvent plus de difficultés
que leurs camarades métropolitains à se
créer une situation honorable.
Pourquoi ne les dirigerait-on pas plus
nombreux vers la carrière médicale par des
études faites sur place dans les écoles de
médecine de nos colonies, telle que celle de
Hanoi, dite de « plein exercice », et don-
nant lieu à la délivrance du doctorat ?
Ce serait répondre au désir de bien des
familles et faire œuvre d'utilité publique en
comblant la lacune que constitue l'insuffi-
sance du nombre de nos médecins de pos-
tes ou médecins municipaux d'hygiène.
Il y va dans cette question de la sau-
vegarde de nos races indigènes et de la
conservation de ce capital humain si pré-
cieux en lui-même et si nécessaire pour la
mise en valeur des territoires colonisés.
J. Luquot,
Député de la Gironde,
Membre de la Commission
de la marine marchande.
AUDIENCES
AU MINISTERE DES COLONIES
Une délégation du comité Aliker composée
de Pierre Aliker, frère de la victime, de Me
Vienney. de Vittory, et de Trisot, a été reçue
vendredi par M. Marius Moutet. Elle a entre-
tenu le ministre des Colonies de la réouverture
de l'instruction sur l' assassinat du malheureux
journaliste martiniquais.
L'instruction va-t-elle être reprise ?
AU QUAI D'ORSAY
M. Pierre Viénot, sous-secrétaire d'Etat aux
Affaires étrangères, a reçu hier matin le général
Noguès, Résident général de France au Maroc.
La situation générale du Protectorat a été
examinée, ainsi que la question des influences
étrangères dans la zone voisine, qui a provoqué
récemment les inquiétudes que l' on sait.
M. de Saint-Quentin, ambassadeur de
France, ancien directeur de l'Afrique et du
Levant, assistait à l'entrevue.
D'autre part, le général Noguès a présenté
à M. Viénot le projet détaillé du budget maro-
cain.
AU MINISTERE DE LAIR
M. Pierre Cot, ministre de l'Air, a reçu
samedi le général Noguès, Résident général,
au Maroc, en tant que membre du Conseil supé-
rieur de Ja Guerre.
AU CONSEIL SUPERIEUR
DE LA GUERRE
D'autre part, le même jour, le général No-
guès a eu, avec le général Gamelin, chef d'état-
major général de l'armée, un assez long entre-
tien qui, selon toute vraisemblance, a dû porter
sur la situation militaire du Maroc..
AU SENAT
Le général Noguès, Résident général au
Maroc, s'est rendu vendredi au Luxembourg,
où il s'est entretenu avec M. Henry Bérengct,
président de la commission sénatoriale des Af-
faires étrangères.
————————— )- -e.. ( ——————————
Institut d'Agronomie
de la France d'outre-mer
M. Moussu, membre de l'Institut, profes-
seur de zootechnie à l'Institut national d'agro-
nomie de la France d'outre-mer, atteint par la
limite d'âge, a été nommé professeur honoraire
audit établissement.
Le Gouverneur général le Beau
a regagné Alger
M. Le Beau, Gouverneur général de l'Al-
gérie, a quitté Paris dimanche soir pour Port-
Vendres, où il s' est embarqué hier matin sur
El-Kantara, à destination d'Alger pour rejoin-
dre son poste.
Il était accompagné dans son voyage par
M. Chevreux, chef de son cabinet, et par le
capitaine Audric, officier d'ordonnance.
A L'AGENCE DES COLONIES
AUTONOMES
Nommé par décret en date du 16 novembre
1936, directeur de l'Agence Economique des
Colonies autonomes et des Territoires sous man-
dat, le Gouverneur Vadier a pris officiellement
possession de son poste le 21 janvier.
Rappelons que M. Vadier a occupé succes-
sivement comme gouverneur les fonctions d'ad-
ministrateur de la circonscription de Dakar, de
lieutenant-gouverneur de la Guinée, puis de
secrétaire général de l'A. O. F.
Chez les Gouverneurs
M. Pierre Bonnefont, administrateur en chef
en retraite, a été'nommé Gouverneur honoraire.
) +M E'
Chez les Inspecteurs
des Colonies
M. Léon Muller, inspecteur général de lrt
classe est placé, pour raison de santé, dans le
cadre de réserve.
MM. Eugène Demongin et Joseph Coste,
inspecteurs généraux de 2° classe, ont été nom-
més à la Ire classe de leur emploi.
MM. Georges Gayet et Jean Heub, inspec-
teurs de 1re classe, ont été nommés inspecteurs
généraux de 2° classe.
MISSIONS
EN NIGERIA ET AU NIGER
M. Terver, inspecteur adjoint des eaux. et fo-
rêts, en service au Cameroun, est chargé de mis.
sion pour se rendre en Nigeria et au Niger, en
vue de procéder, avec une mission forestière mix-
te franco-anglaise, aux études et enquêtes né-
cessaires à l'établissement d'un programme com-
mun de défense contre la déforestation et l'en-
vahissement des sables sahariens.
Retards fâcheux
k
AViATMN em se dévelop-
pant aâ' point de vue
commercial, postal et
même touristique n'a
fait que fortifier la
position de ceux qui,
comme nous, ont tou-
jours pensé que pour
la France le problème colonial devait rester au
premier plan de nos préoccupations.
L'aviation resserre les liens qui unissent la Mé-
tropole à ses territoires d'outre-mer. Au sein
même d'une même colonie, elle supprime les dis-
tances et les obstacles, montagnes ou déserts qui
rendaient impossible son unité géographique et
économique.
Elle peut dans certains cas renverser les va-
leurs acquises de certaines régions.
Certain archipel éloigné de France peut, grâce
à l'aviation, prendre une importance imprévue du
jour au lendemain. C'est précisément le cas de
Saint-Pierre et Miquelon qui met la France à
l'avant-garde de l'Amérique au point de vue de
l'aviation, puisqu'il est un point d'appui prédeux
pour les avions et les hydravions, situé à 700 ki-
lomètres de Montréal et à 800 de New-York.
L'importance de la création d'une base aéro-
nautique n'a pas échappé au Gouvernement
Les ministres des Colonies, de l'Air, de la Marine
militaire et de la Marine marchande ont, dans
cette affaire, le même râle à jouer dans l'intérêt
de leur département pour le plus grand bien de
l'influence française en Amérique.
Le commandant Pouget, technicien averti et
clairvoyant, a publié sur la mission qu'il a accom-
plie l'année dernière un remarquable rapport. La
conclusion de ce rapport c'est qu'il est grand
temps pour la France d'agir si elle ne veut pas
être handicapée gravement par certains pays
étrangers ce qui, à tous les points de vue, pour-
rait nous causer un très grave préjudice.
L'Angleterre fait d'importants travaux tant en
Irlande qu'à Terre-Neuve et aux Bermudes.
L'Amérique perfectionne l'équipement du lit-
toral et particulièrement Baltimore, Boston et
New-York.
Quant aux Allemands, tournant une fois de
plus la difficulté et nous devançant dangereuse-
ment après avoir organisé les services de leur diri-
geable entre l'Amérique du Nord et l'Amérique
du Sud avec une régularité et une sécurité édi-
fiantes, ils ont, d'accord avec le Portugal, des ba-
ses à Lisbonne et aux Açores « prélude nous
dit-on, au service postal Lisbonne-Amérique du
Nord hebdomadaire » qu'ils annoncent pour l'été
prochain.
Ajoutons que le ministre de l'Air prépare
l'épreuve Paris-New-York pour cette année !
Devant une telle activité, devant une concur-
rence aussi menaçante qui peut compromettre dé-
finitivement notre position quand il faudra créer
les grands services transocéaniques, qu'a fait le
ministère de i'Air ?
N'est-il pas de la première urgence de faire ,.
les essais, même limités ?
La liaison Saint-Pierre et Miquelon-Açores ne
devrait-elle pas être déjà organisée ?
Il n'y a pas une minute à perdre et nous
n'hésitons pas à dire que la responsabilité du mi-
nistère de l'Air serait gravement engagée dans
cette question d'un intérêt capital, si pour la
liaison France-Amérique nous arrivions comme les
carabiniers d'Offenbach.
Michel Geistdœrfer.
Député des Côtes-du-Nord
Président de la Commission
de la Marine Marchande
Vice-président de la Commission
des Colonies
) +60 (
Après l'accord franco-turc
Satisfaction à Ankara
Le président du Conseil turc, M. Ismet
Inonu, a prononcé vendredi soir un grand dis-
cours politique devant l'assemblée nationale.
Il a déclaré notamment :
le m'associe aux paroles prononcées par M.
Rustu Aras devant le conseil de la Société des
Nations, pour rendre hommage aux efforts
que la France a déployés dans une affaire
qui intéressait son prestige personnel, tandis
qu'elle devait tenir compte, d'une part, des
engagements qu'elle avait contractés à l'é-
gard des Syriens et , d'autre part, d'une poli-
tique désireuse de maintenir les bonnes rela-
tions entre la France et la Turquie.
Il y a beaucoup à faire encore Pour assurer
l'exécution pratique de l'accord réaliséJ il
reste à élaborer la loi fondamentale du Sand-
jak d'Alexandrette à établir le statut, à né-
gocier des traités entre la Turquie et la Syrie,
d'autre part : ce sont là tâches considérables,
le résultat que nous obtiendrons dépendra de
leur accomplissement.
Parlant des (réactions syriennes, le pré-
sident du Conseil a déclaré :
J'entends dire que les résultats obtenus
ne sont pas considérés en Syrie comme étant
de nature à assurer la tranquillité. le crains
que l'on n'ait pas bien remarqué, en Syrie,
combien la décision de Genève est avantageu-
se pour la Syrie elle-même et, surtout, com-
bien elle contient de promesses pour son ave-
nir.
La liberté de la presse
pour toutes les colonies
Sur un projet de loi rendant applicables à
la Guadeloupe, à la Martinique et à La Réu-
nion, les deux lois du 4 juillet 1908 sur la
presse, la commission des Colonies avait pro-
posé une mesure d'ensemble, rendant applica-
bles aux colonies les lois qui ont modifié celle
du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. -
Sous ce titre, en sa séance de jeudi, la Cham-
bre a adopté sans débat le projet de loi dont
l'article unique est ainsi conçu :
Sont rendues applicables aux colonies les dis-
positions des lois du 16 mars 1893, du 12 dé-
cembre 1893, du 28 juillet 1894, du 22 juillet
1895, du 3 avril 1896, du 27 janvier 1902, du
4 juillet 1908, du 20 avril 1910, du 8 février
1911, du 29 septembre 1919, du 10 janvier
1936, qui ont modifié ou complété la loi du
29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.
Ainsi l'on va vers une unification du régime
de la presse entre la métropole et les colonies.
La mission parlementaire
en A. O F.
Au Soudan .,
La mission parlementaire, accompagnée de
M. Rougier, Gouverneur du Soudan, a quitté
Bamako le lundi 18 janvier à 7 heures du
matin. Eile s'est rendue sur la rive gauche du
Niger, à la rizerie de Tienfala, qu'elle a visi-
tée sous la conduite de M. Guénot. Après
quoi, ayant passé le fleuve sur le bac, ellle visita
le centre de colonisation de Baguinda, traver-
sant les villages, interrogeant les chefs, écou-
tant les explications de M. Bauzil, directeur-
adjoint de l'Office du Niger : 5.500 occupants
sur 5.000 hectares, dont 3.000 exploités en
rizières ; un solei! sans appel écrasait cette val-
lée domestiquée par la laborieuse patience de
ceux qui veulent l'asservir.
Vers midi, au centre même de Baguinda, où
elle devait déjeuner dans la case de M. Pic-
calo, contrôleur, la mission visita le dispensaire,
la Mission, J'usine d'égfenage de coton. Elle
s'informa des lépreux, des sommeilleux et ad-
mira les nouveau-nés, protégés et surveillés
comme en Europe. Le déjeuner, présidé par
M. Rougier, et auquel assistèrent MM. Mealin
chef de cabinet ; Cazenave, administrateur, ad-
joint de M. Bellieu, administrateur-maire de
Bamako ; Descottes, Guénot et Bousquet, fut
empreint d une débonnaire ambiance : les mem-
bres de la mission prenaient un premier contact,
non pas avec la brousse, mais avec la première
tentative de colonisation en grand. L'œuvre les
sollicitait : ils se rendaient compte de l'effort
obsçur, ignoré de la métropole, que la France
soutient le long des rives du Niger, pour régé-
nérer une race et pour la doter, contre sa non-
chalance naturelle, des éléments capables de
l'élever à un niveau réellement humain.
.*.
Après Baguinda, où elle prit congé du Gou-
verneur, la mission se hâta sur la route de Sé-
gou. Elle bifurqua pour faire les 20 kilomètres
qui séparent Barouéli de la route, et se docu-
menta sur la colonisation libre de ce centre,
producteur surtout d'arachides. Après quoi, elle
prit ses quartiers de nuit à Ségou. M. Léon,
administrateur du cercle. qui avait accueilli les
parlementaires à Barouéli, leur fit le lendemain
les honneurs de Ségou : de l'usine de carbu-
rants, qu' elle visita sous la conduite de M.
Charles-Roux, à Soninkoura qui lui fut présen-
tée par M. Desbordes, la mission s'intéressa
à tout : fabrique de tapis de la Mission, au-
dience, au tribunal, conférence faite par M.
Bauzil sur l'origine, les buts et les réalisations
de l'Office du Niger.
*%
Le lendemain matin, la mission, se rendant
à Markala, s'arrêta à la station d'essais de Ba-
ninkoro. Elle put notamment apprécier les qua-
lités sur pied des différentes espèces de coton.
A Markala, piquetée de drapeaux tricolores,
M. Bauzil expliqua à la mission la construction
du barrage de Sansanding. Le Niger, aujour-
d'hui aux eaux plates, découvrait l'immense
chantier sur lequet, en puissance, s'affairaient
les ouvriers. Toutes les installations du consor-
tium, de la forge à la fonderie, du dispensaire
à l'infirmerie, de la scierie-menuiserie au labo-
ratoire d'essais de résistance du béton, et à la
centrale électrique, furent présentées aux mem-
bres de la mission.
L'après-midi, ce fut le « Point A », sur la
rive gauche du fleuve, point de départ des ca-
naux du Sahel et du Macina. Les membres de
la mission demeurèrent surpris du labeur consi-
déraMe accompli, loin de toute voie ferrée, par
la poignée de Français qui a comme résolution
d'indiquer à la France l'œuvre susceptible d'être
accomplie quand on veut bien, opiniâtrement,
Ja mener.
Le 21 au matin, la mission se séparait : MM.
Gasparin, Niel et Quinson, accompagnés de
M. Cerveaux, gagnant le Togo et le Dahomey,
MM. Nouelle, Vincent et Lozeray, accompa-
gnés de MM. Combredet et Botta, gagnant la
Côte d'Ivoire via Koutiala et Bobo-Dioulassou.
—————————— :> -+- ( —————————
La question juive
va-t-elle se poser en Tripolitaine ?
On communique du Caire que de graves
incidents viennent de se dérouler à Tripoli
entre la population juive et les autorités ita-
liennes. En voici les raisons :
Un récent arrêté du gouvernement local
interdit aux commerçants, quelle que soit leur
religion, de fermer leurs boutiques un autre
jour que le dimanche. Les contrevenants sont
passibles de diverses peines, entre autres la
fustigation en public.
De telles mesures allant à l'encontre des
principes religieux et de la tradition des
populations, une vive réaction se manifesta,
particulièrement dans la population juive qui
ne travaille pas le samedi. ,..
Certains commerçants israélites avant trans-
gressé délibérément les prescriptions de cet
arrêt, furent arrêtés et deux d'entre eux ont
été fustigés en public, devant une foule mu-
sulmane qui apprécia beaucoup ce spectacle,
si conforme à ses goût ataviques. Enfin, l'exé-
cuteur des Hautes œuvres était un musulman.
Après le châtiment, l'un des patients est
devenu fou et la femme de l'autre, qui était
enceinte, d'émotion a avorté.
L'émotion est grande dans les Mellahs tri-
politains et de nombreux juifs se disposent
à quitter le pays.
Enfin, à la suite de cette manifestation,
toute nouvelle de la part des autorités ita-
liennes, un incident a éclaté entre Mgr
Facchinetti, évêque de Tripoli, et le maré-
chal Balbo, gouverneur général, le premier,
ayant réprouvé publiquement de tels procé-
dés ; Mgr Facchinetti aurait quitté Tripoli
pour aller à Rome s'expliquer sur son alter-
cation avec le gouverneur général.
Allemagne et Colonies
La contribution de l'outremer à l'organisation
, de la Paix
Dans son discours du 30 janvier 1937 an-
noncé et prononcé avec un souci évident de
l'effet publicitaire, Hitler a repris la thèse des
revendications coloniales de l'Allemagne.
S'il y a mis une insistance moins marquée
qu'en d'autres circonstances, il n'en a pas
moins expréssement déclaré que la revendi.
cation de colonies pour un peuple aussi dense
que l'Allemagne se produira naturellement
toujours.
J'ai ici même (1) montré l'inanité de cette
conceptiOD..¡
Est-ce à dire que la France et l'Angleterre
n'aient, en face de prétentions affirmées, avec
insistance, d'autre alternative que d'offrir à
leur interlocuteur des compensations telles
que les mains libres en Europe Centrale et
Orientale, ou de se préparer à la guerre. En
d'autres termes, avec ou sans nous la guerre
est-elle inévitable ?
Nous avons, en France, une trop haute
idée du devoir mondial, nous estimons la paix
à un prix trop élevé pour envisager de gaieté
de cœur l'ouverture d'une nouvelle période
de tuerie, dussions-nous y rester étrangers,
et, .pour une fois, jouer le rôle de neutres.
Les destructions de richesses les holocaus-
tes de vies humaines en pleine force, récréent
cette rareté dont tous les efforts de l'intelli-
gence ont été d'affranchir l'homme.
Le Führer lui-même, si volemment anti-
bolcheviste, peut-il ignorer que le bolchevis-
me a trouvé dans la guerre le terrain propice
à son éclosion ?
Et si aujourd'hui l'Allemagne se plaint,
non sans raison, de sa pénible situation éco-
nomique, si aucun pays n'arrive à retrouver
son aplomb, si certains syndics empressés
peuvent, sans faire sourire, demander au tri-
bunal de l'opinion de prononcer la faillite
de la société moderne, n'est-ce point, pour
une large part, le poids de la folie de 1914-
1918 qui écrase les générations présentes
comme il a broyé les précédentes
Comment .la guerre pourrait-elle guérir
les maux engendrés par la guerre ?
1 Ce qui importe, c'est restaurer la paix en
réorganisant le monde.
Paix politique, paix économique, paix so-
ciale, tout se tient, et le ciment, c'est la pros-
périté générale, le mieux-être incessant de
chacun.
A cette œuvre grandiose et nécessaire,
quelle contribution peuvent et doivent appor-
ter les territoires d'outre-mer ?
Par l'accélération de leur mise en valeur,
les colonies sont susceptibles de hâter l'avène-
ment de ce régime d'abondance qui est l'abou-
tissement logique du travail et de l'ingénio-
sité de l'homme. accumulés depuis les temps
les plus reculés. Il leur. appartient de fournir'
au reste du monde les denrées et les produits
qui sont encore en quantité insuffisante pour
la satisfaction des besoins de tous.
Mais ici se pose la question délicate de
l'équipement industriel des pays neufs.
Beaucoup de producteurs d'Europe redou-
tent la concurrence que leur fait ou leur fera
inévitablement quelque jour l'industrie des
pays industriellement équipés. Ils verraient
sans déplaisir les métropoles freiner outre-
mer le développement des industries trans-
formatrices, susceptibles de leur disputer non
seulement les marchés éloignés, mais ceux
mêmes de l'Europe.
Nul n'ignore que c'est à une conception
analogue que l'Angleterre doit d'avoir perdu
les Etats-Unis.
Il est, d'ailleurs incontestable que l'intérêt
bien compris des métropoles n'est pas du
tout opposé à celui des colonies. Ce qui cons-
titue la prospérité, le bien-être, ce n'est pas
de vendre cher, ni même de réaliser d'impor-
tants bénéfices, c est de suffire à tous les be-
soins, y compris, bien entendu, les besoins de
fantaisie et le pur agrément.
S'il n'existe pas de pays où tout le monde
produise et vende il n'en est pas non plus où
tout le monde n'achète pas et ne consomme
pas.
- Produire est donc la loi sociale, dont dé-
pend le sort de la civilisation.
Mais, à mesure que les pays neufs, de par
l'évolution de leur économie propre, tendent
de plus en plus à entrer dans le circuit des
échanges internationaux, il devient indispen-
sable que les salaires pratiqués chez eux soient
alignés sur ceux des autres pays principaux
producteurs, afin, d'une part, que la produc-
tion se trouve partout grevée de charges d'un
même ordre de grandeur, et que, d'autre part,
les possibilités de paiement de la mase des
travailleurs manuels d'outre-mer s'accrois-
sent, l'économie mondiale trouve en eux les
consommateurs solvables qui lui manquent.
1 Tout ceci suppose, bien entendu, un re-
tour général à la liberté des échanges. En-
core convient-il d'entendre par là, non seu-
lement la suppression des barrières douaniè-
res, contingentements, prohibitions, mais aus-
si de toutes les restrictions apportées à l'im-
migration, et cela en tous pays, sous la seule
réserve des réglementations nécessaires à la
sauvegarde des Etats et au maintien de'
l'ordre.
Il y a là les bases de la réorganisation d'un
monde résolument pacifique.
Hitler ne poclame-t-il pas lui-même que ses
revendications coloniales ne visent que des
uns économiques ? La doctrine raciste, qui
sert de fondement au régime naziste, ne sau-
rait, d'ailleurs, se concilier avec une politique
d'assimilation des peuples d'outre-mer. Le
Fuhrer ne déclare-t-il pas, au surplus, qu'il
ne peut faire reposer l'avenir de la nation al.
lemande que sur les réalités d'une production
qu'il soit possible de vendre à l'intérieur du
pays et au dehors ?
Faisons-nous à cette idée que le monde est
petit, très petit.
Ce qui sépare les contrées les unes des au-
tres ce sont bien moins les kilomètres que les
heures et les jours. Or, nos moyens de trans-
port permettent de faire le tour du monde
beaucoup plus aisément et rapidement aujour-
d'hui que du temps d'Auguste ou d'Adrien
le tour du bassin de la Méditerranée. Quel-
ques secondes suffisent pour # transmettre
l'écriture ou la voix aux antipodes.
Ce coin de l'Univers que représente la
Terre, non plus la vaste Terre d'antan, mais
la petite Terre actuelle, la Terre minuscule
de demain, les hommes ne sauraient-ils s'en-
tendre pour l'aménager harmonieusement,
par tous et pour tous, en conjuguant leurs
efforts pour la mise en valeur des cantons
restés à l'écart de l'activité générale et pour le
développement intellectuel et moral des
peuplades attardées ?
Il suffirait d'orienter vers ce but l'énergie
et l'acharnement qu'ils mettent si souvent
à s'entre-déchirer ?
Louis Pargoire.
(1) Annales Coloniales du 26 janvier 1937
Autour du bulletin de vote
aux Algériens
Au Sénat
Au cours de son interpellation de vendredi
sur les menées antifrançaises en Algérie -
dont nous rendons compte d'autre part, le
sénateur Roux-Freyssineng, sans vouloir an-
ticiper sur Jes prochains débats, a signalé
l'émotion suscitée en Algérie par le projet
électoral de M. Viollette.
Les maires algériens à la présidence
du Conseil
Par ailleurs, en présence de M. Raoul Au-
baud, sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur
M. Léon },lum a reçu -aruodi .i la prési-
dence du Conseil, une délégation des
maires d'Algérie venue l'entretenir des ré-
percussions que pourrait avoir en Afrique du
Nord l'application de la réforme électorale
proposée par M. VioHette. La délégation a
insisté auprès du chef du gouvernement sur
la nécessité de procéder à une très large
enquête sur place avant que ce projet vienne
en discussion devant le Parlement. Dans une
communication à la presse, le président du
Conseil a expliqué les raisons qui avaient
déterminé la décision du gouvernement, ajou-
tant qu'il n'avait jamais méconnu l'importan-
ce du problème et que c'était pour permettre
au Parlement de discuter et de décider en
toute connaissance de cause, qu'il avait pré-
féré ne pas procéder par décret.
) .t. (
le commerce extérieur
de la France en 1936
D'après les statistiques de la douane, les
chiffres du commerce extérieur en 1936 sont
les suivants :
Importations : 25.398.000.000 fr. en 1936,
contre 20.973.965.000 fr. en 1935, soit une
augmentation de 4.424.079.000 francs.
Exportations : 15.453.625.000 fr. en 1936,
contre 15.495.740.000 fr. en 1935, soit une
diminution de 42.115.000 francs.
La part des colonies et protectorats se pré-
sente ainsi :
Importations : 7.250.000.000 de francs en
19^6, contre 5.407.000.000 de francs en 1935,
soit une augmentation de 1.843.000.000 de
francs.
Exportations : 5.159.000.000 de francs en
1936, contre 4.891.000.000 de francs en 1935,
soit une augmentation de 268.000.000 de
francs.
Les revendications coloniales
allemandes
vues par le chancelier Hitler
Le discours du Reichstag
Le Fuhrer a prononcé samedi au Reichs-
tag, un grand discours politique qui, ve-
nant immédiatement après ceux de M. Eden
et de M. Léon Bluni du 19 et du 24 janvier,
était attendu avec impatience en Europe et a
porté naturellement outre la politique intérieu-
re du Reich, sur les questions d'actualité in-
ternationale qu'ils avaient eux-même traitées.
A cette occasion, M. Hitler n'a pas manqué
de réaffirmer à nouveau le principe des re-
vendications coloniales allemandes dont il a
essayéJ par un plaidoyer évidemment habile,
de justifier la légitimité devant l'opinion
mondiale.
« Autrefois, a-t-il déclaré, le peuple alle-
mand s'est édilié un empire colonial sans
voler personne et sans violer aucun traité.
li le fit aussi sans avoir recours à la t'uerre.
On nous a pris cet empîfe colonial. Les mo-
tifs par lesquels on tente aujourdhui d'excu-
ser cet enlèvement ne résistent pas à l'exa-
men.
« On déclare tout d'abord eue les indi-
gènes ne veulent pas appartenir à l'Allema-
gne. Qui leur a demandé sïk: voulaient ap-
partenir a d'autres ? Quand a-t-on demandé
du reste aux peuples des colonies s'ils ai-
ment et désirent appartenir aux anciennes
puissances coloniales ? On déclare aussi que
l'Allemagne n'a pas administre convenable-
ment ses colonies. L'Allemagne a obtenu ses
colonies il n'y 11 que quelques dizaines d'an-
nées ; elle les a développées au prix de
grands sacrilices. Ces colonies étaient en
plein développement. Celui-ci aurait conduit
aujourd'hui à des résultats tout différents de
ceux de 1914.
« En tout cas, nous avions développé nos
colonies à un tel point qu'on leur attacha
assez de valeur pour nous les arracher en
de sanglants combats. On déclare enfin que
ces colonies n'ont pas de valeur réelle. Si
c'est le cas, elles ne valent rien non plus
pour les autres Etats. et on ne voit pas
pourquoi on veut, nous priver de nos colo-
nies.
« L'Allemagne n'a jamais du reste de-
mandé des colonies pour des buts militai-
res, mais uniquement pour des buts écono-
miques. Il est clair que dans des temps de
prospérité générale, la valeur d un territoire
déterminé peut baisser. Mais il est clair
aussi qu'en terni s de détresse, une teRe
estimation change immédiatement ; aujour-
Réduction & Administration:
4 au de la Boum
PARIS <20
TÉL. 1 RICHELIEU 73-06
(2 lignes ¡roupÆea)
38e ANNEE. t'
38« ANNEE. — °* 9. t, : : ; - - MARDI (13 h. 30) , 2 FEVRIER 1937.
Les Annales Coloniales
Fondateur 1 Marcel RUEDEL - ,| -. Directeur ! Raoul MONMARSON
IBOMEiEITS
avec la Revue illustrie:
Un an 6 Mois 3 Mois
France et
Colonies 180 » 1001, 50 »
Etranger. 240. <25* M*
Le Numéro : 30 centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Médecins aux colonies
Parmi les devoirs .qui incombent à la
Métropole à l'égard de ses ressortissants
d'outre-mer, il en est un devant lequel elle
n'a non seulement pas le droit de se dé-
rober, mais qu'elle ne peut pas accomplir
à moitié. Nous voulons parler de l'œuvre
de la protection de la santé, d'hygiène,
d'assainissement et de lutte contre les en-
démies exotiques qu'il importe au plus
haut degré de poursuivre sans arrière-pen-
sée d'économie excessive et avec l'esprit
le plus généreux.
Si la France a fait beaucoup là-bas dans
le domaine sanitaire, il faut bien se dire
que sa tâche est loin d'être terminée et
constater, par exemple, qu'il manque des
médecins aux colonies, c'est chose admise
par tous ceux que préoccupe l'avenir et
le développement de notre empire.
Aux grands maux les grands remèdes,
conseille le proverbe. Les maux de l'ordre
physique qui assaillent et frappent cruelle-
ment nos populations indigènes ne sont
que trop connus. Pour nous en tenir aux
principaux, rappelons les méfaits de ces
fléaux toujours présents, toujours redouta-
bles que son la trypanosomiase africaine,
la fièvre jaune — celle-ci heureusement
mieux jugulée désormais, — la peste, le
choléra, le paludisme, la variole, la dy-
senterie, mille parasitoses et tant d'autres
entités malignes pour lesquelles le service
de santé, avec l'aide des administrations
locales, - doit constamment - être - sur - la brèche.
Un examen des effectifs des services
d'assistance médicale nous confirme dans
la conviction qu'il est nécessaire d'étoffer,
si l'on peut dire, leur état-major, en recru-
tant de nouveaux médecins. La pénurie ne
se fait pas sentir seulement dans nos gran-
des possessions où l'intérieur du pays est
un peu sacrifié aux dépens des grandes vil-
les mieux pourvues, mais encore dans nos
vieilles colonies de la Guadeloupe et de la
Martinique, îles riantes et débordantes de
vie dont l'aspect enchanteur évoque si peu
le spectre de la mort.
Les médecins indigènes ayant reçu une
instruction dirigée vers l'application pra-
tique de la thérapeutique et de la prophy-
laxie constituent la cheville ouvrière du
système.
A côté d'eux, à leur tête, se placent nos
dévoués médecins des troupes coloniales
et ceux des cadres de l'assistance, tous Eti-
ropéens.
Il semblerait qu'on tente actuellement à
augmenter le nombre des premiers en rem-
placement numérique des médecins euro-
péens.
C'est là qu'apparaît le danger. Au
contraire, il importe plutôt de renforcer
le corps sanitaire français dont les mem-
bres ont seuls la culture complète, l'expé-
rience et le sens de l'organisation, en un
mot l'efficience et la capacité indispensa-
bles à une si importante mission.
f.. Il en découle gue, loin d'être compromis
par une déflation systématiquement re-
cherchée et malgré toute les limitations
budgétaires à l'ordre du jour, le recrute-
ment de nouvelles jeunes activités médi-
cales ne doit pas se ralentir.
Au surplus, alors qu'actuellement la car-
rière médicale s'avère encombrée et aux
prises avec une concurrence pleine d'âpre-
té, ce serait rendre service aux étudiants
de nos facultés. Nous entendons par là
ceux qui ne sont pas passés par l'Ecole de
médecine navale et coloniale de Bordeaux-
Marseille, en leur ouvrant plus largement
un champ à l'exercice de leur profession
dans nos domaines d'outre-mer.
Rien de plus facile, et cela a été maintes
fois appliqué. Couronner les études par
l'octroi de bourses accordées sous la condi-
tion d'un engagement de servir dix ans
aux colonies, ou assurer l'enseignement
gratuit comme dans les Ecoles normales
d'instituteurs et d'institutrices, conduisant
au doctorat les jeunes gens dont les parents
ne pourraient payer les études, à la condi-
tion formelle et absolue qu'ils exercent aux
colonies pendant dix ans, ou bien encore
éveiller les vocations par l'attrait de soldes
intéressantes. -
Malheureusement, nos jeunes médecins
se détournent de la carrière coloniaJe parce
que, précisément, les nouveaux traitements
diminués leur paraissent insuffisants.
Si pourtant ces moyens très simples
étaient appliqués dans un esprit vraiment
large, on ne tarderait pas à voir affluer les
demandes.
Par le moyen de concours, il serait même
possible de faire une sélection et de n'en-
voyer que des sujets de valeur.
Il y a plus. Ne pourrait-on pas songer
aux fils de coloniaux eux-mêmes ?
Comme on le sait, les jeunes gens nés
aux colonies, pour bien des raisons faciles
à comprendre, éprouvent plus de difficultés
que leurs camarades métropolitains à se
créer une situation honorable.
Pourquoi ne les dirigerait-on pas plus
nombreux vers la carrière médicale par des
études faites sur place dans les écoles de
médecine de nos colonies, telle que celle de
Hanoi, dite de « plein exercice », et don-
nant lieu à la délivrance du doctorat ?
Ce serait répondre au désir de bien des
familles et faire œuvre d'utilité publique en
comblant la lacune que constitue l'insuffi-
sance du nombre de nos médecins de pos-
tes ou médecins municipaux d'hygiène.
Il y va dans cette question de la sau-
vegarde de nos races indigènes et de la
conservation de ce capital humain si pré-
cieux en lui-même et si nécessaire pour la
mise en valeur des territoires colonisés.
J. Luquot,
Député de la Gironde,
Membre de la Commission
de la marine marchande.
AUDIENCES
AU MINISTERE DES COLONIES
Une délégation du comité Aliker composée
de Pierre Aliker, frère de la victime, de Me
Vienney. de Vittory, et de Trisot, a été reçue
vendredi par M. Marius Moutet. Elle a entre-
tenu le ministre des Colonies de la réouverture
de l'instruction sur l' assassinat du malheureux
journaliste martiniquais.
L'instruction va-t-elle être reprise ?
AU QUAI D'ORSAY
M. Pierre Viénot, sous-secrétaire d'Etat aux
Affaires étrangères, a reçu hier matin le général
Noguès, Résident général de France au Maroc.
La situation générale du Protectorat a été
examinée, ainsi que la question des influences
étrangères dans la zone voisine, qui a provoqué
récemment les inquiétudes que l' on sait.
M. de Saint-Quentin, ambassadeur de
France, ancien directeur de l'Afrique et du
Levant, assistait à l'entrevue.
D'autre part, le général Noguès a présenté
à M. Viénot le projet détaillé du budget maro-
cain.
AU MINISTERE DE LAIR
M. Pierre Cot, ministre de l'Air, a reçu
samedi le général Noguès, Résident général,
au Maroc, en tant que membre du Conseil supé-
rieur de Ja Guerre.
AU CONSEIL SUPERIEUR
DE LA GUERRE
D'autre part, le même jour, le général No-
guès a eu, avec le général Gamelin, chef d'état-
major général de l'armée, un assez long entre-
tien qui, selon toute vraisemblance, a dû porter
sur la situation militaire du Maroc..
AU SENAT
Le général Noguès, Résident général au
Maroc, s'est rendu vendredi au Luxembourg,
où il s'est entretenu avec M. Henry Bérengct,
président de la commission sénatoriale des Af-
faires étrangères.
————————— )- -e.. ( ——————————
Institut d'Agronomie
de la France d'outre-mer
M. Moussu, membre de l'Institut, profes-
seur de zootechnie à l'Institut national d'agro-
nomie de la France d'outre-mer, atteint par la
limite d'âge, a été nommé professeur honoraire
audit établissement.
Le Gouverneur général le Beau
a regagné Alger
M. Le Beau, Gouverneur général de l'Al-
gérie, a quitté Paris dimanche soir pour Port-
Vendres, où il s' est embarqué hier matin sur
El-Kantara, à destination d'Alger pour rejoin-
dre son poste.
Il était accompagné dans son voyage par
M. Chevreux, chef de son cabinet, et par le
capitaine Audric, officier d'ordonnance.
A L'AGENCE DES COLONIES
AUTONOMES
Nommé par décret en date du 16 novembre
1936, directeur de l'Agence Economique des
Colonies autonomes et des Territoires sous man-
dat, le Gouverneur Vadier a pris officiellement
possession de son poste le 21 janvier.
Rappelons que M. Vadier a occupé succes-
sivement comme gouverneur les fonctions d'ad-
ministrateur de la circonscription de Dakar, de
lieutenant-gouverneur de la Guinée, puis de
secrétaire général de l'A. O. F.
Chez les Gouverneurs
M. Pierre Bonnefont, administrateur en chef
en retraite, a été'nommé Gouverneur honoraire.
) +M E'
Chez les Inspecteurs
des Colonies
M. Léon Muller, inspecteur général de lrt
classe est placé, pour raison de santé, dans le
cadre de réserve.
MM. Eugène Demongin et Joseph Coste,
inspecteurs généraux de 2° classe, ont été nom-
més à la Ire classe de leur emploi.
MM. Georges Gayet et Jean Heub, inspec-
teurs de 1re classe, ont été nommés inspecteurs
généraux de 2° classe.
MISSIONS
EN NIGERIA ET AU NIGER
M. Terver, inspecteur adjoint des eaux. et fo-
rêts, en service au Cameroun, est chargé de mis.
sion pour se rendre en Nigeria et au Niger, en
vue de procéder, avec une mission forestière mix-
te franco-anglaise, aux études et enquêtes né-
cessaires à l'établissement d'un programme com-
mun de défense contre la déforestation et l'en-
vahissement des sables sahariens.
Retards fâcheux
k
AViATMN em se dévelop-
pant aâ' point de vue
commercial, postal et
même touristique n'a
fait que fortifier la
position de ceux qui,
comme nous, ont tou-
jours pensé que pour
la France le problème colonial devait rester au
premier plan de nos préoccupations.
L'aviation resserre les liens qui unissent la Mé-
tropole à ses territoires d'outre-mer. Au sein
même d'une même colonie, elle supprime les dis-
tances et les obstacles, montagnes ou déserts qui
rendaient impossible son unité géographique et
économique.
Elle peut dans certains cas renverser les va-
leurs acquises de certaines régions.
Certain archipel éloigné de France peut, grâce
à l'aviation, prendre une importance imprévue du
jour au lendemain. C'est précisément le cas de
Saint-Pierre et Miquelon qui met la France à
l'avant-garde de l'Amérique au point de vue de
l'aviation, puisqu'il est un point d'appui prédeux
pour les avions et les hydravions, situé à 700 ki-
lomètres de Montréal et à 800 de New-York.
L'importance de la création d'une base aéro-
nautique n'a pas échappé au Gouvernement
Les ministres des Colonies, de l'Air, de la Marine
militaire et de la Marine marchande ont, dans
cette affaire, le même râle à jouer dans l'intérêt
de leur département pour le plus grand bien de
l'influence française en Amérique.
Le commandant Pouget, technicien averti et
clairvoyant, a publié sur la mission qu'il a accom-
plie l'année dernière un remarquable rapport. La
conclusion de ce rapport c'est qu'il est grand
temps pour la France d'agir si elle ne veut pas
être handicapée gravement par certains pays
étrangers ce qui, à tous les points de vue, pour-
rait nous causer un très grave préjudice.
L'Angleterre fait d'importants travaux tant en
Irlande qu'à Terre-Neuve et aux Bermudes.
L'Amérique perfectionne l'équipement du lit-
toral et particulièrement Baltimore, Boston et
New-York.
Quant aux Allemands, tournant une fois de
plus la difficulté et nous devançant dangereuse-
ment après avoir organisé les services de leur diri-
geable entre l'Amérique du Nord et l'Amérique
du Sud avec une régularité et une sécurité édi-
fiantes, ils ont, d'accord avec le Portugal, des ba-
ses à Lisbonne et aux Açores « prélude nous
dit-on, au service postal Lisbonne-Amérique du
Nord hebdomadaire » qu'ils annoncent pour l'été
prochain.
Ajoutons que le ministre de l'Air prépare
l'épreuve Paris-New-York pour cette année !
Devant une telle activité, devant une concur-
rence aussi menaçante qui peut compromettre dé-
finitivement notre position quand il faudra créer
les grands services transocéaniques, qu'a fait le
ministère de i'Air ?
N'est-il pas de la première urgence de faire ,.
les essais, même limités ?
La liaison Saint-Pierre et Miquelon-Açores ne
devrait-elle pas être déjà organisée ?
Il n'y a pas une minute à perdre et nous
n'hésitons pas à dire que la responsabilité du mi-
nistère de l'Air serait gravement engagée dans
cette question d'un intérêt capital, si pour la
liaison France-Amérique nous arrivions comme les
carabiniers d'Offenbach.
Michel Geistdœrfer.
Député des Côtes-du-Nord
Président de la Commission
de la Marine Marchande
Vice-président de la Commission
des Colonies
) +60 (
Après l'accord franco-turc
Satisfaction à Ankara
Le président du Conseil turc, M. Ismet
Inonu, a prononcé vendredi soir un grand dis-
cours politique devant l'assemblée nationale.
Il a déclaré notamment :
le m'associe aux paroles prononcées par M.
Rustu Aras devant le conseil de la Société des
Nations, pour rendre hommage aux efforts
que la France a déployés dans une affaire
qui intéressait son prestige personnel, tandis
qu'elle devait tenir compte, d'une part, des
engagements qu'elle avait contractés à l'é-
gard des Syriens et , d'autre part, d'une poli-
tique désireuse de maintenir les bonnes rela-
tions entre la France et la Turquie.
Il y a beaucoup à faire encore Pour assurer
l'exécution pratique de l'accord réaliséJ il
reste à élaborer la loi fondamentale du Sand-
jak d'Alexandrette à établir le statut, à né-
gocier des traités entre la Turquie et la Syrie,
d'autre part : ce sont là tâches considérables,
le résultat que nous obtiendrons dépendra de
leur accomplissement.
Parlant des (réactions syriennes, le pré-
sident du Conseil a déclaré :
J'entends dire que les résultats obtenus
ne sont pas considérés en Syrie comme étant
de nature à assurer la tranquillité. le crains
que l'on n'ait pas bien remarqué, en Syrie,
combien la décision de Genève est avantageu-
se pour la Syrie elle-même et, surtout, com-
bien elle contient de promesses pour son ave-
nir.
La liberté de la presse
pour toutes les colonies
Sur un projet de loi rendant applicables à
la Guadeloupe, à la Martinique et à La Réu-
nion, les deux lois du 4 juillet 1908 sur la
presse, la commission des Colonies avait pro-
posé une mesure d'ensemble, rendant applica-
bles aux colonies les lois qui ont modifié celle
du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. -
Sous ce titre, en sa séance de jeudi, la Cham-
bre a adopté sans débat le projet de loi dont
l'article unique est ainsi conçu :
Sont rendues applicables aux colonies les dis-
positions des lois du 16 mars 1893, du 12 dé-
cembre 1893, du 28 juillet 1894, du 22 juillet
1895, du 3 avril 1896, du 27 janvier 1902, du
4 juillet 1908, du 20 avril 1910, du 8 février
1911, du 29 septembre 1919, du 10 janvier
1936, qui ont modifié ou complété la loi du
29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.
Ainsi l'on va vers une unification du régime
de la presse entre la métropole et les colonies.
La mission parlementaire
en A. O F.
Au Soudan .,
La mission parlementaire, accompagnée de
M. Rougier, Gouverneur du Soudan, a quitté
Bamako le lundi 18 janvier à 7 heures du
matin. Eile s'est rendue sur la rive gauche du
Niger, à la rizerie de Tienfala, qu'elle a visi-
tée sous la conduite de M. Guénot. Après
quoi, ayant passé le fleuve sur le bac, ellle visita
le centre de colonisation de Baguinda, traver-
sant les villages, interrogeant les chefs, écou-
tant les explications de M. Bauzil, directeur-
adjoint de l'Office du Niger : 5.500 occupants
sur 5.000 hectares, dont 3.000 exploités en
rizières ; un solei! sans appel écrasait cette val-
lée domestiquée par la laborieuse patience de
ceux qui veulent l'asservir.
Vers midi, au centre même de Baguinda, où
elle devait déjeuner dans la case de M. Pic-
calo, contrôleur, la mission visita le dispensaire,
la Mission, J'usine d'égfenage de coton. Elle
s'informa des lépreux, des sommeilleux et ad-
mira les nouveau-nés, protégés et surveillés
comme en Europe. Le déjeuner, présidé par
M. Rougier, et auquel assistèrent MM. Mealin
chef de cabinet ; Cazenave, administrateur, ad-
joint de M. Bellieu, administrateur-maire de
Bamako ; Descottes, Guénot et Bousquet, fut
empreint d une débonnaire ambiance : les mem-
bres de la mission prenaient un premier contact,
non pas avec la brousse, mais avec la première
tentative de colonisation en grand. L'œuvre les
sollicitait : ils se rendaient compte de l'effort
obsçur, ignoré de la métropole, que la France
soutient le long des rives du Niger, pour régé-
nérer une race et pour la doter, contre sa non-
chalance naturelle, des éléments capables de
l'élever à un niveau réellement humain.
.*.
Après Baguinda, où elle prit congé du Gou-
verneur, la mission se hâta sur la route de Sé-
gou. Elle bifurqua pour faire les 20 kilomètres
qui séparent Barouéli de la route, et se docu-
menta sur la colonisation libre de ce centre,
producteur surtout d'arachides. Après quoi, elle
prit ses quartiers de nuit à Ségou. M. Léon,
administrateur du cercle. qui avait accueilli les
parlementaires à Barouéli, leur fit le lendemain
les honneurs de Ségou : de l'usine de carbu-
rants, qu' elle visita sous la conduite de M.
Charles-Roux, à Soninkoura qui lui fut présen-
tée par M. Desbordes, la mission s'intéressa
à tout : fabrique de tapis de la Mission, au-
dience, au tribunal, conférence faite par M.
Bauzil sur l'origine, les buts et les réalisations
de l'Office du Niger.
*%
Le lendemain matin, la mission, se rendant
à Markala, s'arrêta à la station d'essais de Ba-
ninkoro. Elle put notamment apprécier les qua-
lités sur pied des différentes espèces de coton.
A Markala, piquetée de drapeaux tricolores,
M. Bauzil expliqua à la mission la construction
du barrage de Sansanding. Le Niger, aujour-
d'hui aux eaux plates, découvrait l'immense
chantier sur lequet, en puissance, s'affairaient
les ouvriers. Toutes les installations du consor-
tium, de la forge à la fonderie, du dispensaire
à l'infirmerie, de la scierie-menuiserie au labo-
ratoire d'essais de résistance du béton, et à la
centrale électrique, furent présentées aux mem-
bres de la mission.
L'après-midi, ce fut le « Point A », sur la
rive gauche du fleuve, point de départ des ca-
naux du Sahel et du Macina. Les membres de
la mission demeurèrent surpris du labeur consi-
déraMe accompli, loin de toute voie ferrée, par
la poignée de Français qui a comme résolution
d'indiquer à la France l'œuvre susceptible d'être
accomplie quand on veut bien, opiniâtrement,
Ja mener.
Le 21 au matin, la mission se séparait : MM.
Gasparin, Niel et Quinson, accompagnés de
M. Cerveaux, gagnant le Togo et le Dahomey,
MM. Nouelle, Vincent et Lozeray, accompa-
gnés de MM. Combredet et Botta, gagnant la
Côte d'Ivoire via Koutiala et Bobo-Dioulassou.
—————————— :> -+- ( —————————
La question juive
va-t-elle se poser en Tripolitaine ?
On communique du Caire que de graves
incidents viennent de se dérouler à Tripoli
entre la population juive et les autorités ita-
liennes. En voici les raisons :
Un récent arrêté du gouvernement local
interdit aux commerçants, quelle que soit leur
religion, de fermer leurs boutiques un autre
jour que le dimanche. Les contrevenants sont
passibles de diverses peines, entre autres la
fustigation en public.
De telles mesures allant à l'encontre des
principes religieux et de la tradition des
populations, une vive réaction se manifesta,
particulièrement dans la population juive qui
ne travaille pas le samedi. ,..
Certains commerçants israélites avant trans-
gressé délibérément les prescriptions de cet
arrêt, furent arrêtés et deux d'entre eux ont
été fustigés en public, devant une foule mu-
sulmane qui apprécia beaucoup ce spectacle,
si conforme à ses goût ataviques. Enfin, l'exé-
cuteur des Hautes œuvres était un musulman.
Après le châtiment, l'un des patients est
devenu fou et la femme de l'autre, qui était
enceinte, d'émotion a avorté.
L'émotion est grande dans les Mellahs tri-
politains et de nombreux juifs se disposent
à quitter le pays.
Enfin, à la suite de cette manifestation,
toute nouvelle de la part des autorités ita-
liennes, un incident a éclaté entre Mgr
Facchinetti, évêque de Tripoli, et le maré-
chal Balbo, gouverneur général, le premier,
ayant réprouvé publiquement de tels procé-
dés ; Mgr Facchinetti aurait quitté Tripoli
pour aller à Rome s'expliquer sur son alter-
cation avec le gouverneur général.
Allemagne et Colonies
La contribution de l'outremer à l'organisation
, de la Paix
Dans son discours du 30 janvier 1937 an-
noncé et prononcé avec un souci évident de
l'effet publicitaire, Hitler a repris la thèse des
revendications coloniales de l'Allemagne.
S'il y a mis une insistance moins marquée
qu'en d'autres circonstances, il n'en a pas
moins expréssement déclaré que la revendi.
cation de colonies pour un peuple aussi dense
que l'Allemagne se produira naturellement
toujours.
J'ai ici même (1) montré l'inanité de cette
conceptiOD..¡
Est-ce à dire que la France et l'Angleterre
n'aient, en face de prétentions affirmées, avec
insistance, d'autre alternative que d'offrir à
leur interlocuteur des compensations telles
que les mains libres en Europe Centrale et
Orientale, ou de se préparer à la guerre. En
d'autres termes, avec ou sans nous la guerre
est-elle inévitable ?
Nous avons, en France, une trop haute
idée du devoir mondial, nous estimons la paix
à un prix trop élevé pour envisager de gaieté
de cœur l'ouverture d'une nouvelle période
de tuerie, dussions-nous y rester étrangers,
et, .pour une fois, jouer le rôle de neutres.
Les destructions de richesses les holocaus-
tes de vies humaines en pleine force, récréent
cette rareté dont tous les efforts de l'intelli-
gence ont été d'affranchir l'homme.
Le Führer lui-même, si volemment anti-
bolcheviste, peut-il ignorer que le bolchevis-
me a trouvé dans la guerre le terrain propice
à son éclosion ?
Et si aujourd'hui l'Allemagne se plaint,
non sans raison, de sa pénible situation éco-
nomique, si aucun pays n'arrive à retrouver
son aplomb, si certains syndics empressés
peuvent, sans faire sourire, demander au tri-
bunal de l'opinion de prononcer la faillite
de la société moderne, n'est-ce point, pour
une large part, le poids de la folie de 1914-
1918 qui écrase les générations présentes
comme il a broyé les précédentes
Comment .la guerre pourrait-elle guérir
les maux engendrés par la guerre ?
1 Ce qui importe, c'est restaurer la paix en
réorganisant le monde.
Paix politique, paix économique, paix so-
ciale, tout se tient, et le ciment, c'est la pros-
périté générale, le mieux-être incessant de
chacun.
A cette œuvre grandiose et nécessaire,
quelle contribution peuvent et doivent appor-
ter les territoires d'outre-mer ?
Par l'accélération de leur mise en valeur,
les colonies sont susceptibles de hâter l'avène-
ment de ce régime d'abondance qui est l'abou-
tissement logique du travail et de l'ingénio-
sité de l'homme. accumulés depuis les temps
les plus reculés. Il leur. appartient de fournir'
au reste du monde les denrées et les produits
qui sont encore en quantité insuffisante pour
la satisfaction des besoins de tous.
Mais ici se pose la question délicate de
l'équipement industriel des pays neufs.
Beaucoup de producteurs d'Europe redou-
tent la concurrence que leur fait ou leur fera
inévitablement quelque jour l'industrie des
pays industriellement équipés. Ils verraient
sans déplaisir les métropoles freiner outre-
mer le développement des industries trans-
formatrices, susceptibles de leur disputer non
seulement les marchés éloignés, mais ceux
mêmes de l'Europe.
Nul n'ignore que c'est à une conception
analogue que l'Angleterre doit d'avoir perdu
les Etats-Unis.
Il est, d'ailleurs incontestable que l'intérêt
bien compris des métropoles n'est pas du
tout opposé à celui des colonies. Ce qui cons-
titue la prospérité, le bien-être, ce n'est pas
de vendre cher, ni même de réaliser d'impor-
tants bénéfices, c est de suffire à tous les be-
soins, y compris, bien entendu, les besoins de
fantaisie et le pur agrément.
S'il n'existe pas de pays où tout le monde
produise et vende il n'en est pas non plus où
tout le monde n'achète pas et ne consomme
pas.
- Produire est donc la loi sociale, dont dé-
pend le sort de la civilisation.
Mais, à mesure que les pays neufs, de par
l'évolution de leur économie propre, tendent
de plus en plus à entrer dans le circuit des
échanges internationaux, il devient indispen-
sable que les salaires pratiqués chez eux soient
alignés sur ceux des autres pays principaux
producteurs, afin, d'une part, que la produc-
tion se trouve partout grevée de charges d'un
même ordre de grandeur, et que, d'autre part,
les possibilités de paiement de la mase des
travailleurs manuels d'outre-mer s'accrois-
sent, l'économie mondiale trouve en eux les
consommateurs solvables qui lui manquent.
1 Tout ceci suppose, bien entendu, un re-
tour général à la liberté des échanges. En-
core convient-il d'entendre par là, non seu-
lement la suppression des barrières douaniè-
res, contingentements, prohibitions, mais aus-
si de toutes les restrictions apportées à l'im-
migration, et cela en tous pays, sous la seule
réserve des réglementations nécessaires à la
sauvegarde des Etats et au maintien de'
l'ordre.
Il y a là les bases de la réorganisation d'un
monde résolument pacifique.
Hitler ne poclame-t-il pas lui-même que ses
revendications coloniales ne visent que des
uns économiques ? La doctrine raciste, qui
sert de fondement au régime naziste, ne sau-
rait, d'ailleurs, se concilier avec une politique
d'assimilation des peuples d'outre-mer. Le
Fuhrer ne déclare-t-il pas, au surplus, qu'il
ne peut faire reposer l'avenir de la nation al.
lemande que sur les réalités d'une production
qu'il soit possible de vendre à l'intérieur du
pays et au dehors ?
Faisons-nous à cette idée que le monde est
petit, très petit.
Ce qui sépare les contrées les unes des au-
tres ce sont bien moins les kilomètres que les
heures et les jours. Or, nos moyens de trans-
port permettent de faire le tour du monde
beaucoup plus aisément et rapidement aujour-
d'hui que du temps d'Auguste ou d'Adrien
le tour du bassin de la Méditerranée. Quel-
ques secondes suffisent pour # transmettre
l'écriture ou la voix aux antipodes.
Ce coin de l'Univers que représente la
Terre, non plus la vaste Terre d'antan, mais
la petite Terre actuelle, la Terre minuscule
de demain, les hommes ne sauraient-ils s'en-
tendre pour l'aménager harmonieusement,
par tous et pour tous, en conjuguant leurs
efforts pour la mise en valeur des cantons
restés à l'écart de l'activité générale et pour le
développement intellectuel et moral des
peuplades attardées ?
Il suffirait d'orienter vers ce but l'énergie
et l'acharnement qu'ils mettent si souvent
à s'entre-déchirer ?
Louis Pargoire.
(1) Annales Coloniales du 26 janvier 1937
Autour du bulletin de vote
aux Algériens
Au Sénat
Au cours de son interpellation de vendredi
sur les menées antifrançaises en Algérie -
dont nous rendons compte d'autre part, le
sénateur Roux-Freyssineng, sans vouloir an-
ticiper sur Jes prochains débats, a signalé
l'émotion suscitée en Algérie par le projet
électoral de M. Viollette.
Les maires algériens à la présidence
du Conseil
Par ailleurs, en présence de M. Raoul Au-
baud, sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur
M. Léon },lum a reçu -aruodi .i la prési-
dence du Conseil, une délégation des
maires d'Algérie venue l'entretenir des ré-
percussions que pourrait avoir en Afrique du
Nord l'application de la réforme électorale
proposée par M. VioHette. La délégation a
insisté auprès du chef du gouvernement sur
la nécessité de procéder à une très large
enquête sur place avant que ce projet vienne
en discussion devant le Parlement. Dans une
communication à la presse, le président du
Conseil a expliqué les raisons qui avaient
déterminé la décision du gouvernement, ajou-
tant qu'il n'avait jamais méconnu l'importan-
ce du problème et que c'était pour permettre
au Parlement de discuter et de décider en
toute connaissance de cause, qu'il avait pré-
féré ne pas procéder par décret.
) .t. (
le commerce extérieur
de la France en 1936
D'après les statistiques de la douane, les
chiffres du commerce extérieur en 1936 sont
les suivants :
Importations : 25.398.000.000 fr. en 1936,
contre 20.973.965.000 fr. en 1935, soit une
augmentation de 4.424.079.000 francs.
Exportations : 15.453.625.000 fr. en 1936,
contre 15.495.740.000 fr. en 1935, soit une
diminution de 42.115.000 francs.
La part des colonies et protectorats se pré-
sente ainsi :
Importations : 7.250.000.000 de francs en
19^6, contre 5.407.000.000 de francs en 1935,
soit une augmentation de 1.843.000.000 de
francs.
Exportations : 5.159.000.000 de francs en
1936, contre 4.891.000.000 de francs en 1935,
soit une augmentation de 268.000.000 de
francs.
Les revendications coloniales
allemandes
vues par le chancelier Hitler
Le discours du Reichstag
Le Fuhrer a prononcé samedi au Reichs-
tag, un grand discours politique qui, ve-
nant immédiatement après ceux de M. Eden
et de M. Léon Bluni du 19 et du 24 janvier,
était attendu avec impatience en Europe et a
porté naturellement outre la politique intérieu-
re du Reich, sur les questions d'actualité in-
ternationale qu'ils avaient eux-même traitées.
A cette occasion, M. Hitler n'a pas manqué
de réaffirmer à nouveau le principe des re-
vendications coloniales allemandes dont il a
essayéJ par un plaidoyer évidemment habile,
de justifier la légitimité devant l'opinion
mondiale.
« Autrefois, a-t-il déclaré, le peuple alle-
mand s'est édilié un empire colonial sans
voler personne et sans violer aucun traité.
li le fit aussi sans avoir recours à la t'uerre.
On nous a pris cet empîfe colonial. Les mo-
tifs par lesquels on tente aujourdhui d'excu-
ser cet enlèvement ne résistent pas à l'exa-
men.
« On déclare tout d'abord eue les indi-
gènes ne veulent pas appartenir à l'Allema-
gne. Qui leur a demandé sïk: voulaient ap-
partenir a d'autres ? Quand a-t-on demandé
du reste aux peuples des colonies s'ils ai-
ment et désirent appartenir aux anciennes
puissances coloniales ? On déclare aussi que
l'Allemagne n'a pas administre convenable-
ment ses colonies. L'Allemagne a obtenu ses
colonies il n'y 11 que quelques dizaines d'an-
nées ; elle les a développées au prix de
grands sacrilices. Ces colonies étaient en
plein développement. Celui-ci aurait conduit
aujourd'hui à des résultats tout différents de
ceux de 1914.
« En tout cas, nous avions développé nos
colonies à un tel point qu'on leur attacha
assez de valeur pour nous les arracher en
de sanglants combats. On déclare enfin que
ces colonies n'ont pas de valeur réelle. Si
c'est le cas, elles ne valent rien non plus
pour les autres Etats. et on ne voit pas
pourquoi on veut, nous priver de nos colo-
nies.
« L'Allemagne n'a jamais du reste de-
mandé des colonies pour des buts militai-
res, mais uniquement pour des buts écono-
miques. Il est clair que dans des temps de
prospérité générale, la valeur d un territoire
déterminé peut baisser. Mais il est clair
aussi qu'en terni s de détresse, une teRe
estimation change immédiatement ; aujour-
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