Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-01-26
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 janvier 1937 26 janvier 1937
Description : 1937/01/26 (A38,N7). 1937/01/26 (A38,N7).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265463s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
JOURNAL SEOFOUOTIBIEN
Rédaction & Administration :
1« Im ie la Boom
PARIS <20
TÉL.: RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupées)
38* ANNEE. ~'N,r7.
-- MARDI 113 h. 30) 26 JANVIER 1937.
Les Annales Coloniales
Fondateur i Marcel RUEDEL ! ,.' ',' .-: ,:, -: ,': :', ":;', ,", ','" Directeur f Raoul MONMARSON
ABORNEIERTS
(JO" la Rn- illustré*:
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France et
Colonial 180» 100. 50 a
Etranger.. 240» 125» 10»
Le Numéro : 30 centimes
On s'abonne sans frais dans,
tous les bureaux, de, poste.
Les Origines de l'épiscopal colonial
Ce : fut l'honneur du P. Libermann,
d'abord fondateur de la Congrégation du
Cœur immaculé de Marie, puis supérieur
général de celle du Saint-Esprit, d'asseoir
sur de solides assises l'Eglise coloniale.
« Avec des préfets apostoliques sans titre
épiscopal, l'état désastreux de la religion
reste sans remède, avait-il écrit au cardinal
Fransooi, préfet de la Propagande : le pou-
voir ecclésiastique sera toujours avili, le cler-
gé .sera sans science, sans dignité, et, en par-
, tie, sans conduite.. Il fallait un épiscopat
colonial : il était nécessaire qu'aux colonies
il y dût des évêques, authentiquement inves-
tis du prestige requis, pour faire respecter
l'autonomie de l'établissement religieux,
méconnue par la législation de l'ancien ré-
gime, méconnue, aussi, par les ukases admi-
nistratifs qui, depuis la Révolution françai-
se, tenaient lieu, dans les colonies, de droit
ecclésiastique.
L'excellent livre que vient de publier le
P. Janin, spiritain, sur notre ancien clergé
colonial, porte sur ce clergé les jugements
les plus nuancés, l'impression générale qui
s'en dégage, est qu'un certain nombre de per-
sonnalités y furent dignes de la plus haute
estime, mais que,, dans l'ensemble, une crise
religieuse sévissait, et que prêtres et fidèles
avaient perdu tout respect pour l'autorité
des préfets apostoliques, au grand domma-
ge de la discipline ecclésiastique.
Libermann, dont les dispositions pour la
République de 1848 n'avaient d'ailleurs
aucune malveillance, sut obtenir l'agrément
du nouveau pouvoir, pour une réforme de
politique religieuse qui allait inaugurer
pour l'Eglise un régime de plus grande li-
berté. Ses démarches auprès des ministres
Falloux et Parieu aboutirent à la création
- des évêchés coloniaux : il fut le secrétaire
de la commission parlementaire que prési-
dait Mer Parisis; il en avait d'avance pré-
paré le travail, il en fut l'âme.
Lorsqu'une bulle de Pie IX, le 27 sep-
tembre 1850, eut érigé, en les rattachant à
la métropole de Bordeaux, les trois évêchés
de la Réunion, Fort-de-France et Basse-
Terre, ce fut Libermann qui proposa des
évêques pour ces sièges; ce fut sous son ins-
piration que Rome introduisit dans les bulles
de nomination une clause très .formelle par
laquelle aucun gouvernement militaire ne de-
vait à l'avenir « s'immiscer dans les droits
et affaires de l'autorité ecclésiastique colo-
niale »; ce fut Libermann enfin, qui, dans
un long mémoire, renseigna les nouveaux
évêques sur l'état des colonies.
IKavait, disait-il, une expérience de huit
, ans; elle le qualifiait pour les entretenir de
cette classe noire, « sans contredit, affir-
mait-il, la plus intéressante des populations
coloniales P. Devant leur esprit, il sentait
se dresser toutes sortes de « fausses appré-
ciations P; il allait les réfuter. L'incapacité
intellectuelle des noirs, pouvait-on en parler
en cette île Bourbon, en cette île Maurice, où
plus de quinze mille nous apprenaient très
bien et avec beaucoup de facilité la doctri-
ne chrétienne ? Et Libermann observait que
« tous les noirs ayant fait leurs études ecclé-
siastiques en France avaient très bien réussi
et compté, dans- la
classe. »
En publiant en 1928, dans la Revue
d'Histoire des Missions, ces curieuses pages
de Libermann, le R. P. Galopeau, spiritain,
rendait un insigne service à l'histoire colo-
niale de l'année 1848 et des années suivan-
tes. Grâce à lui, on voyait se dérouler, sous
la plume de Libermann, un long plaidoyer,
qui déchargeait les pauvres noirs de tant de
griefs qu'on faisait péser sur eux. Ils sont
insoumis, violents et cruels, entendait dire
Libermann, ils sont menteurs et voleurs. Et
Libermann répliquait : « Ils eussent été de
grands saints s'ils n'eussent pas eu l'habi-
tude du mensonge" pour éviter de déplaire à
ceux qu'ils avaient tant lieu de craindre.
Maintenant que leur position est changée,
qu'on les instruise à fond dans les principes
de la foi chrétienne, ils se corrigeront infail-
liblement du - vol -- et du mensonge..
Ils sont paresseux, continuait-on, et Li-
bermann de riposter : « Ne voyant dans le
travail que leur avilissement, ils ne peuvent
que le détester. Travail était pour ainsi dire
synonyme d'esclavage. » Contre le reproche
de légèreté et d'inconstance, il alignait leur
ferveur et leur persévérance. Corrompues
étaient leurs mœurs, il en convenait; mais la
faute en était à l'esclavage, et d'ores et
déjà, disait-il, à Bourbon, à Maurice, ils
étaient devenus « des modèles de fidélité
conjugale P.
Libermann suggérait aux évêques de fairt
tout de suite donner à quelques écoliers noirs
un rudiment de culture latine et française. Il
fallait, d'après lui, douze à quinze ans,
avant qu'il pût y avoir un prêtre noir; mais
il avait confiance, une confiance exempte
d'ai'lleurs de toute illusion.
Car tout d'abord il avait annoncé- : « Je
présume cependant qu'il faudra du temps
pour rendre ces prêtres capables de gérer le:;
fonctions les plus importantes qui demandent
un esprit supérieur calme et pratique; sor-
tant de cet état à demi-sauvage, leur intelli-
gence pourra bien encore conserver quelque
chose d'informe, et l'imagination exercer un
trop grand empire sur leur jugement et leur
conduite; le caractère même pourra encore se
ressentir quelque temps de l'abaissement de
l'esclavage et n'avoir pas ce qui est néces-
saire pour gérer les premières fonctions du
sacerdoce. Mais j'ai l'intime conviction que,
dès maintenant, on pourrait les rendre aptes
aux fonctions sacerdotales ordinairés, en
commençant leur éducation ecclésiastique
dans un petit séminaire. Ils réussiront dans
leurs études, et plus tard, étant bien diri-
gés, ils feront un bien considérable. »
Le Séminaire du Saint-Esprit, où Liber-
mann rêvait d'accueillir un jour des sémina-
ristes noirs, devait être le séminaire commun
des trois nouveaux diocèses et des préfectu-
res apostoliques qui dans Saint-Pierre et Mi-
queïon, la Guyane, le Sénégal, Mayotte et
l'Inde française, participaient au régime
concordataire. « Une ère nouvelle, a pu écri-
re le P. Janin, venait de commencer pour
les vieilles colonies françaises au point de vue
religieux. »
Georges Goyau,
de l'Académie Française.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
Le président de la République a reçu ven-
dredi M. Escallier, directeur général de la
Banque d'Algérie, qui lui a remis le compte
rendu présenté à l'assemblée générale des ac-
tionnaires au nom du conseil, d administration.
AU MINISTERE DES COLONIES
M. Marius Moutet recevra demain au minis-
tère des Colonies les délégués au Conseil Su-
périeur de la France d'outre-mer.
) M-M. (
Conseil de Cabinet
L'II Etoile nord-africaine » sera dissoute
Les membres du gouvernement se sont réunis
hier à 17 h. 30, à l'Hôtel Matignon, en con-
seil de cabinet, sous la présidence de M. Léon
Blum.
Le Conseil a d'abord étudié les projets de
décrets qui sont soumis ce matin au Conseil
des ministres.
Parmi ceux-ci figure celui ayant trait à la
dissolution de l'Etoile nord-africaine.
Rappelons que cette association, à tendan-
ces communistes et séparatistes, avait été pour-
suivie condamnée, en 1935, pour provocation
au meurtre dans un but de propagande anar-
chiste et d'excitation de militaires à la déso-
béissance.
Auparavant, en 1929, la dissolution du
groupement avait été prononcée par un juge-
ment qui, n'ayant pas été exécuté dans les
délais réglementaires, était demeuré périmé.
En 1936, le tribunal de la Seine se déclara
incompétent. En effet, depuis la loi sur les
ligues, c'est au président de la République
qu'il appartient de prononcer la dissolution, par
décret pris en Conseil des ministres.
Le contrôle du commerce des armes en Algé-
rie fera également l'objet d'un décret.
) e. (
Le nouveau muphti d'Alger
Si Hamdame Hamoud, professeur de théo-
logie musulmane et d'exégèse coranique, vient
d'être nommé muphti d'Alger, en remplace-
ment du muphti Bendali-Amor, assassiné, en
s'en amvint, le la août dernier.
le Gouverneur général Le Beau
est arrivé à Paris
Devant traiter de différentes questions con-
cernant l'Algérie avec les membres du gou-
vernement, M. Le Beau, Gouverneur général
de t'Algérie s'est embarqué dimanche après-
midi à Alger sur Ville d'Oran et est arrivé
hier soir à Paris.
) (
Visite en leurs Etats
AU MAROC , -'
Le Résident général, accompagné de Mme
Noguès, de M. Gayet, directeur du cabinet
ciq, du commandant Bertrand, chef du cabi-
net militaire, de M. Hutin, chef du secrétariat
particulier, et du capitaine Pique-Aubrun, a
quitté Rabat dimanche par un train auquel fut
accroché le wagon spécial résidentiel.
Le Résident général est arrivé hier matin à
Oudjda et, après avoir fait son entrée officielle
dans la ville, s'est rendu au monument aux
morts où il a déposé une palme et s'est fait
ensuite présenter tous les officiers et les repré-
sentants des corps élus de la région.
Il a effectué le tour de la ville et présidé à
midi un grand déjeuner officiel. Le Résident
général a visité ensuite les centres de TaporaJt,
Berkane et Martimprey et il est reparti dans la
soirée pour Oran d'où il s'embarquera aujour-
d'hui pour la France. j
EN INDOCHINE
M. Brevié, Gouverneur général, s' est rendu
jeudi dernier à Pnom-Penh pour rendre une
visite officielle au roi du Cambodge et prendre
contact avec les organismes constitués et les
personnalités de ce pays.
————————— ) - ( —————————
A l'Ecole nationale
de la France d'outre-mer
M. Ladreit de Lacharrière, rédacteur en chef
du Comité de l'Afrique française et M. Eirik
Labonne ministre plénipotentiaire de ln classe,
directeur adjoint des affaires politique au minis-
tère des affaires étrangères ont été nommés res-
pectivement, membre de la commission d'ensei-
gnement, et membre du conseil d'administration
de l'Ecole nationale de la France d'outre-mer.
L'IDIUlraUol allemande
m Mirai: -' 7 -1
ous avons eu une alerte,
dont nous sommes à
peiremis. Ne nous,
a-t-on pas annoncé
dernièrement que le
Maroc espagnol était
envahi par les Alle-
mands, avec la com-
plicité des nationalis-
tes espagnols ? Or
il ne s'agissait pas
seulement d'ingé-
nieurs ou de pros-
pecteurs de mines, mais aussi de soldats qui
aUaient, face au Maroc français, occuper le ter-
ritoire qu'on leur offrait en paiement de leurs
avions, de leurs hommes, de leurs subsides et de
leur appui.
Evidemment, la nouveUe était d'une exception-
nel gravité. Si elle était vraie, nous étions à
deux doigts de la guerre, à moins d'une invrai-
semblable capitulation que ne voulait même pas
envisager l'orgueil français.
Par bonheur, la nouvelle, sans être fausse,
avait été considérablement exagérée. Et tout est
rentré dans le calme.
Peut être tout est-il rentré trop vite dans le
calme '! Car enfin, à quoi bon nous le dissimuler,
entre l'extrême péri de guerre, et la quiétude
complète, il y a place pour un danger réel, per-
manent, qui ne doit pas être grossi, sans raison,
mais qu'il ne faut pas nggfîger.
Le Maroc espagnol est une riche proie que
convoite l'appétit germain. Les Allemands, que
les scrupules ne gênent jamais, trouvent dans la
guerre espagnole une occasion excellente pour
commencer à donner corps — et quel corps ! —
à leurs rêveries coloniales.
Débuter par un coup de maître, en prenant la
revanche d'Agadir et en s'emparant comme pre-
mière mise de fonds dans leur entreprise, d'une
magnifique colonie 1 Ce serait ne pas les connat-
tre que douter de leur convoitise.
Ils ont manqué leur coup grâce à l'attitude éa).
me et réfléchie de la France et aussi à l'entente
franco-anglaise. Mais soyons certains qu'ils sont
prêts à récidiver. Le loup germanique ne lâchera
pas le morceau si facilement.
Par conséquent, nous sommes de notre côté
avertis. L'Allemagne au Maroc, ce serait pour
notre grand domaine de l'Afrique du Nord, le
commencement de la fin.
Donc, tout doit être mis en oeuvre pour que
l'Allemagne ne réalise pas son rêve dangereux et
insensé.
Nous avons au Maroc un excellent, résident,
qui est un jeune soldat C'est une chance dont
nous devons profiter, en ne multipliant pas les
obstacles sous les pas de ce grand chef, en lui
faisant au contraire crédit, toute le crédit dont
il a besoin.
àeg aura à veillez, sans, faiblesse ni^défaittance,
à ne commettre aucune négligence ni aucune
faute.
Maintien intégral de la situation acquise, res.
pect absolu de tous les traités, sauvegarde éner-
gique de tous nos intérêts ; le programme fran-
çais est simple, mais singulièrement précis.
Ne nous endormons pas sur un moi oreiller de
sécurité et de paresse. Sans doute, laissons faire
le général Noguès, sûrs qu'il fera bien.
Mais qu'il sente derrière lui, d'accord avec lui,
toute la France !
Jean Philip,
Sénateur du Gers,
membre de la Commission des
Finance., membre de ia Commu-
sion des Colonies.
-———————— ) ( —————————
LE STATUT DU SANDJAK
D'ALEXANDRETTE
Réalisation de l'accord franco-turc
Depuis mercredi dernier les conversations se
sont poursuivies, très actives. M. Eden est in-
tervenu à plusieurs reprises dans ces conversa-
tions apportant à la France l'appui de l' An-
gleterre.
Dans la nuit de samedi à dimanche un accord
de principe était intervenu entre les déléga-
tions française et turque.
Après une nouvelle journée de délibérations
franco-turques, auxquelles ont pris part MM.
Yvon Delbos et Pierre Viénot, d'une part,
et M. Rustu Aras, d'autre part, les termes de
l'accord pour le sandjak d'Alexandrette ont été
arrêtés hier soir, sauf sur un point qui a été
réservé. lis sont définis officiellement comme
suit :
Le sandjak recevrait la plus large autonomie
de fait.
En droit, il serait considéré comme « pro-
vince syrienne ».
Le gouvernement syrien assumerait la
représentation diplomatique des habitants du
sandjak.
Le sandjak serait inclus dans la ligne doua-
nière syrienne.
La France et la Turquie concluront une
alliance militaire « pour la défense du sand-
jak ».
Le sandjak recevra un « régime spécial »
avec un haut-commissaire particulier de la S.
D. N., lequel sera de nationalité française.
Le sandjak sera internationalisé et démilita-
nse.
Des garanties sont prévues en faveur des
autres, minorités. ;
Le seul point réservé, sur lequel on es-
compte un rapide accord, est relatif à la lan-
gue. Les Turcs, bien que minorité, exigent que
leur langue soit seule reconnue officielle. La
délégation française a déclaré expressément ne
pas pouvoir transiger sur ce point, qui intéresse
au plus haut degré la protection des minorités.
On prévoit qu'après la session du Conseil un
comité d'experts sera chargé de mettre au point
les textes définitifs du statut et de la loi fonda-
mentale du sandjak.
Ce projet a causé une vive satisfaction, tant
dans les milieux genevois qu'en Turquie.
Par ailleurs, il est à noter que les relations
itato-turqpes s'améliorent. M. Rustu Aras et
le comte Ciano - doivent se rencontrer prochai-
nement.
Réorganisation de la politique
économique de. lA 0. E. F.
M. Marins Moutet, ministre des Colonies,
vient d'adresser au Gouverneur général de
l'Afrique Equatoriale française des instructions
sur la politique, économique qu'il convient de
suivre dans cette colonie.
Il a insisté d'abord sur la nécessité d'assurer
aux populations placées sous l'autorité de la
France le minimum vital indispensable" en
même temps que des conditions satisfaisantes
de travail, absolument nécessaire au plein dé-
veloppement de l'individu et à l'épanouisse-
ment des races de l'A.E.F. Il a demandé en
conséquence de veiller attentivement à ce que
le travail indigène soit convenablement rému-
néré et de contrôler les conditions de recrute-
ment des travailleurs ainsi que l'établissement
et l'exécution des contrats de travail.
M. Marius Moutet a recommandé égale-
ment d'éviter que l'exploitation des richesses
naturelles n'aboutisse à un épuisement de celles-
ci, sans profit pour les indigènes. Il a prié le
Gouverpeuer général d'établir un plan d'organi-
sation économique d'intérêt général assurant, en
même temps qu'une mise en valeur rationnelle
des. richesses naturelles, une élévation du ni-
veau matériel et social de la masse des indi-
gènes. - -
Enfin, le ministre des Colonies a invité M.
Reste à créer -dà-qûe, possible des sociétés iri-
digènes de prévoyance, de secours, et de prêts
mutuels agricoles, teUes qu'elles viennent d être
organisées par un décret du 14 janvier cou-
rant. Ces organismes de mutualité indigène ont
pour but d'aider dans l'intérêt commun, au
développement des cultures et de l'élevage,
ainsi qu'à l'amélioration des conditions dans
lesquelles ils s' effectuent : ils peuvent notam-
ment organiser la vente des produits de leurs
adhérents..
Ainsi seront établies les bases d'un système
coopératif indigène, fonctionnant sous le con-
trôle direct de l'Administration, et qui sera
susceptible d'assurer, en même temps qu'une
rémunération plus équitable du travailleur noir,
une stabilité plus grande de l'économie de la
colonie.
-+--+- (
Création en A. E. F.
de sociétés de prévoyance
Un décret du 14 janvier autorise le Gou-
verneur général de l'A. E. F. à créer par
arrêtés pris en Conseil d'administration, des
Sociétés de prévoyance, de secours, et de
prêts mutuels agricoles.
Leur but est d'aider, dans l'intérêt com-
mun, au développement des cultures, de
l'élevage, de la récolte et de la préparation
des produits agricoles et de cueillette ainsi
qu'à l'amélioration des conditions dans les-
quelles ils s'effectuent. Elles pourront no-
tamment organiser la vente des produits de
leurs adhérents.
Les sociétés de prévoyance peuvent cons-
tituer un fonds commun doté de la person-
nalité civile, dont l'organisation et les attri-
butions seront fixées par arrêté du Gouver-
nement général en conseil. Elles pourront
être groupées en unions. -
Elles seront uniquement composées des
seuls agriculteurs et éleveurs de statut indi-
gène qui en feront partie obligatoirement.
La caisse sera alimentée soit par des co-
tisations perçues comme s'il .s'agissait de
centimes additionnels à l'impôt, soit par des
subventions ou des avances sans intérêt du
budget local ; avec l'approbation du Gouver-
neur général, elles pourront obtenir des
prêts à court et moyen terme, de la caisse
centrale du crédit agricole.
Chaque société sera administrée par un
conseil formé de membres indigènes délé-
gués par les sections.
L'administrateur, chef de département,
sera président de ce conseil, assisté par un
vice-président choisi par le chef de région,
après avis du chef de département, sur une
liste de trois, membres présentés par le con-
seil.
Un secretaire-tresorier sera adjoint avec
voix consultative.
Enfin, une commission centrale de surveil-
lance des sociétés assistera à titre consultatif,
le gouverneur général.
Elle comprend les principaux chefs de ser-
vices intéressés et trois notables indigènes
à la désignation du Gouverneur générai.
Cette commission recevra, en communica-
tion, les rapports annuels ainsi que tous au-
tres documents relatifs à la gestion financière
et au programme à réaliser..
) ..- (
Le groupe
des parlementaires
coloniaux
Le groupe des parlementaires coloniaux s'est
réuni samedi dernier et a élu, pour 1937, son
bureau qui est ainsi composé :
Président, M. Henry Bérenger (sénateur de
la Guadeloupe) ; premier lice-président, M.
Victore Sévère (député de la Martinique) ; 2e
vice-président, M. Lucien Gasparin (député
de la Réunion ; secrétaire M. de Beaumont
(député de la Cochinchine); trésorier, M. Mon-
nerville (député de la Guyane).
Le groupe a examiné la question de l'élargis-
sement du droit de vote aux colonies, en vue
de donner à chacune de nos possessions d'ou-
tre-mer la possibilité d'accéder à la tribune de
la Chambre.
Le groupe s'est occupé également de la com-
position de la grande commission d'enquête
coloniale dont la. création a été récemment vo-
tée par :le Parlement
Il a été unanime à demander qu'aucune li-
cence d'importation de sucre étranger en Fran-
ce ne soit accordée tant que les stocks existant
actuellement aux Antilies et à la Réunion n'au-
ront pu être exportés sur la Métropole.
Le «groupe des parlementaires coloniaux sera
reçu aujourd'hui par M. Marius Moutet, mi-
nistre des Colonies.
Allemagne et colonies
« La Flèche w duÇjsnvîer 1937 a con-
sacré aux revendications coloniales de l'Alle-
magne deux articles intéressants à des titres
divers..
L'un, objectif et nerveux, émane de M.
Bergery, tandis que l'autre reproduit les pas-
sages essentiels d'une étude publiée par le doc-
teur - Sdiacht, ministre de l'Economie du
Reich, dans le numéro de janvier de la revue
« Foreign Affaires », de New-York.
Avec raison, M. Bergery met notre diplo-
matie en garde contre l'attitude purement né-
gative qui nous q valu depuis 1918 tant de
déboires.
- - --
cil presence d'une Allemagne qui a déchi-
queté, morceau par morceau, non seulement le
Traité de VersaiHes, mais aussi les accords
de Locamo et de Stresa, auxquels nous avions
confié notre sécurité, la France doit savoir
enfin ce qu'elle veut et pourquoi elle le veut.
M. Schacht, avocat d'une Allemagne qui
elle, sait fort bien où elle va, plaide encore
avec un mélange de rouerie et de naïveté qui
laisse entrevoir le crédit assez limité qu'il ac-
corde aux facultés critiques des lecteurs amé-
ricains.
Il affirme d'abord que l'Economie mondiale
ne saŒait jouir d'une prospérité durable sans
la participation de l'Allemagne.
Assurément, mais quand il étaie cette vérité
par l'énoncé des achats faits par l'Allemagne
aux autres pays, nous pensons que sa doctrine
retarde singulièrement, à moins qu'il ne désire
surtout éviter d'éveiller l'attention sur la capa-
cité industrielle du Reich.
Si nous nous affranchissions des concepts dé-
suets qui obscurcissent les relations de peuple
à peuple, nous constaterions que l'Allemagne,
comme tout autre pays, est utile au monde,
bien moins en ce qu' elle consomme, - qu'en ce
qu elle produit.
Le préjugé de la balance des comptes est
au nombre des plus funestes qui soient.
Les achats massifs de l'étranger n'enrichis-
sent pas automatiquement le vendeur.
Toutes les fois qu'il s'agit de produits dont
l'abondance reste, somme toute, assez limitée,
tels que - ceux des cultures vivrières et de l'éle-
vage, 1 exportation provoque fatalement un
renchérissement du coût de la vie, dont le
poids retombe sur la masse de la nation, contre-
partie fort lourde souvent de l'enrichissement
monétaire d'une classe de producteurs et de
commerçants.
Par contre le pays acheteur bénéficie du
travail, de l'ingéniosité et des réalisations des
autres peuples naturellement mieux placés ou
mieux équipés techniquement.
M. Schacht proclame ensuite que seule la
possession de territoires d'outre-mer peut pro-
curer à l'Allemagne ce qui lui manque :
son rasvitaillement en matières premières ;
un déversoir pour ses excédents de popula-
tion ;
des débouchés commerciaux.
Le ministre du Reich déclare quane nation
privée des nécessités indispensables à la oie
est forcément une source d'agitation dam le
monde.
La paix du monde est donc intéressée à ce
que l' Allemagne bénéficie et d'urgence des
aménagements convenables.
Mais ce qui est vrai de celle-ci, l'est-il moins
des autres Etats, grands et petits ? Chacun
joue sa partie dans le concert mondial et, de
ce fait, y a des droits. -- -
Or l'Allemagne pose toujours la question de
la redistribution des territoires d'outre-mer,
comme si elle était la seule nation au monde
manquant' de matières premières, d'espaces et
de débouchés.
Voyons néanmoins en quoi l'attribution de
colonies pourrait dépanner l'économie alle-
mande.
Parmi les matières premières, M. Schacht
n'ignore pas que l'une des plus précieuses,
dont aucun peuple moderne ne saurait se pas-
ser, le pétrole, est très capricieusement réparti
sur le globe. Envisage-t-il un partage des ter-
rains pétrolifères entre les divers Etats du
monde ?
Le problème est à peine différent pour les
mines d'or, de cuivre, d'étain, de charbon, et
autres.
Et, à l'avenir, chaque fois que se décou-
vriront des richesses naturelles nouveUes. devra-
t-on reviser la carte du monde ? Nous voilà
bien loin des principes du président Wilson.
Quant aux produits agricoles propres à la
zone tropicale : coton, caoutchouc, café, ca-
cao, quinquina, etc. chacun sait ce que re-
présentent de capitaux, d'efforts et de temps
les grandes exploitations de ce genre, avant
de parvenir à ta période productive.
A moins d' envisager l'expropriation des pos-
sédants actuels, ce dont il n'est pas question.
J'industrie allemande ne peut espérer recevoir
avant 10 ou Il ans, des matières premières
provenant d'exploitations nouvelles, en quan-
tités appréciables. Et l' urgence ?
Par contre, attribuer de vastes territoires de
faible densité ethnique à une nation surpeuplée.
apparaît une solution de bon sens.
Cependant les faits ne s' accordent pas avec
cette conception
Dans son vaste domaine africain d'avant
guerre, l'Allemagne n'avait réussi à transplan.
ter que quelques milliers d'individus.
La Belgique, pays très peuplé et doté d'tn
bel empire colonial, n'y envoie également que
des contingents modestes de ses nationaux.
Pour rendre la brousse tropicale habitable
à une population européenne de quelque im-
portance, de vastes aménagements préalables
sont nécessaires, voies d'accès, défrichements,
assainissement.
La décongestion escomptée de la métropole
ne saurait donc intervenir avant de longues an-
nées.
Reste la question des débouchés, et c'est
même la seule question.
Faisons, en passant, justice d'un préjugé
malfaisant.
La densité de la population n'est nullement
un facteur de misère. Bien au contraire le train
de vie d'un habitant de Berlin ou de Ham-
bourg, si modeste soit-il, n'est pas comparable
à celui d'un Mol de la chaîne annamitique,
d'un Persan ou d'un CoogoJais, qui dispose ce-
pendant, dans certaines régions, de plus d'un
kilomètre carré par tête.
Il importe assez peu que la population d'un
pays atteigne une densité très élevée, s'il loi
est possible d'exporter son trop-plein de pro-
duits manufacturés et de recevoir du dehors en
échange les produits et matières premières qui
lui font défaut.
Exportation et émigration poursuivent, en
effet d'un but identique : la résorption des excé-
dents de main-d'œuvre. Seulement, dans un
cas, ce sont les travailleurs en surnombre qui
s'expatrient, et, dans l'autre, ce sont les pm-
duits de leur industrie.
Suffit-il de prendre possession d'un pays
pour y trouver les débouchés recherchés ?
Evidemment non. Il faut créer aux autoch-
tones des besoins nouveaux et leur procurer un
pouvoir d'achat pour les satisfaire.
Ce n'est pas l'oeuvre d'un jour, mais bien
le couronnement d'efforts patients et continus,
oeuvre d'éducation, d'assimilation et de tutelle.
Non, non, il faut le dire et le redire, la
souveraineté des territoires coloniaux ne procu-
rerait à l'Allemagne aucun des avantages im-
médiats dont elle déclare avoir un si pressant
besoin.
Si les colonies doivent contribuer puissam-
ment à la restauration de l'économie du monde.
et j'en suis convaincu, c'est par d'autres mé-
thodes et par d'autres voies qu'elles pourront
y parvenir.
Louis Pargoire.
Collaboration Halo-allemande
en Afrique orientale
On annonce officiellement, à Rome, la
constitution d'une société minière anonyme
pour l'Afrique Orientale italienne. Cette so-
ciété sera présidée par le sénateur Puricelli.
Elle aiura un capital initial de 50 millions
de lire, susceptible d'être porté à 200 mil-
lions.
Par ailleurs, une mission scientifique al-
lemande partira vers la mi-février pour
l'Ethiopie. Elle sera chargée de prospecter
les gisements miniers. Dirigée par le géo-
logue Leo Von Zur Muehlen elle compren-
dra, en outre, trois physiciens et trois géo-
logues. La mission se bornera à rechercher
des gisements miniers, à l'exclusion du né-
trole et des pierres précieuses. Elle étudiera
surtout les roches cristallines dans l'espoir
de trouver des minerais de fer, de plomb et
de cuivre.
Ainsi s'affirme sur le plan pratique la col-
laboration italo-allemande à la suite du
voyage du général Goering.
MISSIONS
Dans la Métropole
M. Charton, inspecteur général de l'en-
seignement en A. O. F., professeur agrégé
de l'université, est chargé, pour trois mois,
de mission en France, auprès du ministère
des Colonies, en vue d'étudier diverses ques-
tions intéressant l'enseignement dans 'l'Ouest
africain français.
Aux Etats-Unis
M. Huet, chef du laboratoire de génétiaue
de l'office indochinois du riz, est chargé
d'une mission aux Etats-Unis (vallée du Sa-
cramento, Louisiane, Texas, Arkansas) pour
étude des solutions apportées à divers pro-
blèmes intéressant la riziculture.
Autour du bulletin de vote
aux Algériens
Une conférence à l'Institut Colonial.
Mercredi dernier, l'Institut coloniaJ de
Paris réunissait ses membres en assemblée
plénière pour entendre trois parlementaires
algériens, MM. Saurin, Mallarmé et Guas-
tavino, sur la question du vote des indigè-
nes soulevée par le projet de loi dont M.
Viollette est 1 auteur.
Aux termes de ce projet soutenu par M.
Léon Blum, le droit de vote serait accordé
à 20.000 indigènes choisis parmi des évolués
intellectuels, des anciens militaires et des
notables du commerce. Octroi gratuit et sans
conditions, puisque ces nouveaux électeurs
continueraient à garder leur statut person-
nel musulman.
Se faisant l'interprète des sentiments .d'é-
motion éprouvés par les Français d'Algérie
et par une partie de la population indigène,
M. Saurin a pris le premier la parole, pour 1
faire ressortir les graves inconvénients de
l'adoption éventuelle du projet. Il a fait cette
critique avec mesure, beaucoup de clarté et
de précision proposant finalement la substi-
tution - au texte de M. Viollette - d'un projet
élaboré par lui-même dans lequel les indigè-
nes seraient admis à voter pour des repré-
sentants au Parlement français, mais dans un
collège électoral formé exclusivement d'indi-
gènes.
Envisageant la question au point de vue
juridique, M. Saurin a mis en évidence l'in-
compatibilité qui existe entre la concession
de droits civiques et la conservation du droit
musulman. Il a relevé les conséquences pos-
sibles au point de vue social dudit projet qui
amènerait un recul de la civilisation en Afri-
que puisqu'on aurait l'air de favoriser le
régime de l'indigénat et qu'on arrêterait le
Rédaction & Administration :
1« Im ie la Boom
PARIS <20
TÉL.: RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupées)
38* ANNEE. ~'N,r7.
-- MARDI 113 h. 30) 26 JANVIER 1937.
Les Annales Coloniales
Fondateur i Marcel RUEDEL ! ,.' ',' .-: ,:, -: ,': :', ":;', ,", ','" Directeur f Raoul MONMARSON
ABORNEIERTS
(JO" la Rn- illustré*:
Oaaa .6 Moi» 3MaU
France et
Colonial 180» 100. 50 a
Etranger.. 240» 125» 10»
Le Numéro : 30 centimes
On s'abonne sans frais dans,
tous les bureaux, de, poste.
Les Origines de l'épiscopal colonial
Ce : fut l'honneur du P. Libermann,
d'abord fondateur de la Congrégation du
Cœur immaculé de Marie, puis supérieur
général de celle du Saint-Esprit, d'asseoir
sur de solides assises l'Eglise coloniale.
« Avec des préfets apostoliques sans titre
épiscopal, l'état désastreux de la religion
reste sans remède, avait-il écrit au cardinal
Fransooi, préfet de la Propagande : le pou-
voir ecclésiastique sera toujours avili, le cler-
gé .sera sans science, sans dignité, et, en par-
, tie, sans conduite.. Il fallait un épiscopat
colonial : il était nécessaire qu'aux colonies
il y dût des évêques, authentiquement inves-
tis du prestige requis, pour faire respecter
l'autonomie de l'établissement religieux,
méconnue par la législation de l'ancien ré-
gime, méconnue, aussi, par les ukases admi-
nistratifs qui, depuis la Révolution françai-
se, tenaient lieu, dans les colonies, de droit
ecclésiastique.
L'excellent livre que vient de publier le
P. Janin, spiritain, sur notre ancien clergé
colonial, porte sur ce clergé les jugements
les plus nuancés, l'impression générale qui
s'en dégage, est qu'un certain nombre de per-
sonnalités y furent dignes de la plus haute
estime, mais que,, dans l'ensemble, une crise
religieuse sévissait, et que prêtres et fidèles
avaient perdu tout respect pour l'autorité
des préfets apostoliques, au grand domma-
ge de la discipline ecclésiastique.
Libermann, dont les dispositions pour la
République de 1848 n'avaient d'ailleurs
aucune malveillance, sut obtenir l'agrément
du nouveau pouvoir, pour une réforme de
politique religieuse qui allait inaugurer
pour l'Eglise un régime de plus grande li-
berté. Ses démarches auprès des ministres
Falloux et Parieu aboutirent à la création
- des évêchés coloniaux : il fut le secrétaire
de la commission parlementaire que prési-
dait Mer Parisis; il en avait d'avance pré-
paré le travail, il en fut l'âme.
Lorsqu'une bulle de Pie IX, le 27 sep-
tembre 1850, eut érigé, en les rattachant à
la métropole de Bordeaux, les trois évêchés
de la Réunion, Fort-de-France et Basse-
Terre, ce fut Libermann qui proposa des
évêques pour ces sièges; ce fut sous son ins-
piration que Rome introduisit dans les bulles
de nomination une clause très .formelle par
laquelle aucun gouvernement militaire ne de-
vait à l'avenir « s'immiscer dans les droits
et affaires de l'autorité ecclésiastique colo-
niale »; ce fut Libermann enfin, qui, dans
un long mémoire, renseigna les nouveaux
évêques sur l'état des colonies.
IKavait, disait-il, une expérience de huit
, ans; elle le qualifiait pour les entretenir de
cette classe noire, « sans contredit, affir-
mait-il, la plus intéressante des populations
coloniales P. Devant leur esprit, il sentait
se dresser toutes sortes de « fausses appré-
ciations P; il allait les réfuter. L'incapacité
intellectuelle des noirs, pouvait-on en parler
en cette île Bourbon, en cette île Maurice, où
plus de quinze mille nous apprenaient très
bien et avec beaucoup de facilité la doctri-
ne chrétienne ? Et Libermann observait que
« tous les noirs ayant fait leurs études ecclé-
siastiques en France avaient très bien réussi
et compté, dans- la
classe. »
En publiant en 1928, dans la Revue
d'Histoire des Missions, ces curieuses pages
de Libermann, le R. P. Galopeau, spiritain,
rendait un insigne service à l'histoire colo-
niale de l'année 1848 et des années suivan-
tes. Grâce à lui, on voyait se dérouler, sous
la plume de Libermann, un long plaidoyer,
qui déchargeait les pauvres noirs de tant de
griefs qu'on faisait péser sur eux. Ils sont
insoumis, violents et cruels, entendait dire
Libermann, ils sont menteurs et voleurs. Et
Libermann répliquait : « Ils eussent été de
grands saints s'ils n'eussent pas eu l'habi-
tude du mensonge" pour éviter de déplaire à
ceux qu'ils avaient tant lieu de craindre.
Maintenant que leur position est changée,
qu'on les instruise à fond dans les principes
de la foi chrétienne, ils se corrigeront infail-
liblement du - vol -- et du mensonge..
Ils sont paresseux, continuait-on, et Li-
bermann de riposter : « Ne voyant dans le
travail que leur avilissement, ils ne peuvent
que le détester. Travail était pour ainsi dire
synonyme d'esclavage. » Contre le reproche
de légèreté et d'inconstance, il alignait leur
ferveur et leur persévérance. Corrompues
étaient leurs mœurs, il en convenait; mais la
faute en était à l'esclavage, et d'ores et
déjà, disait-il, à Bourbon, à Maurice, ils
étaient devenus « des modèles de fidélité
conjugale P.
Libermann suggérait aux évêques de fairt
tout de suite donner à quelques écoliers noirs
un rudiment de culture latine et française. Il
fallait, d'après lui, douze à quinze ans,
avant qu'il pût y avoir un prêtre noir; mais
il avait confiance, une confiance exempte
d'ai'lleurs de toute illusion.
Car tout d'abord il avait annoncé- : « Je
présume cependant qu'il faudra du temps
pour rendre ces prêtres capables de gérer le:;
fonctions les plus importantes qui demandent
un esprit supérieur calme et pratique; sor-
tant de cet état à demi-sauvage, leur intelli-
gence pourra bien encore conserver quelque
chose d'informe, et l'imagination exercer un
trop grand empire sur leur jugement et leur
conduite; le caractère même pourra encore se
ressentir quelque temps de l'abaissement de
l'esclavage et n'avoir pas ce qui est néces-
saire pour gérer les premières fonctions du
sacerdoce. Mais j'ai l'intime conviction que,
dès maintenant, on pourrait les rendre aptes
aux fonctions sacerdotales ordinairés, en
commençant leur éducation ecclésiastique
dans un petit séminaire. Ils réussiront dans
leurs études, et plus tard, étant bien diri-
gés, ils feront un bien considérable. »
Le Séminaire du Saint-Esprit, où Liber-
mann rêvait d'accueillir un jour des sémina-
ristes noirs, devait être le séminaire commun
des trois nouveaux diocèses et des préfectu-
res apostoliques qui dans Saint-Pierre et Mi-
queïon, la Guyane, le Sénégal, Mayotte et
l'Inde française, participaient au régime
concordataire. « Une ère nouvelle, a pu écri-
re le P. Janin, venait de commencer pour
les vieilles colonies françaises au point de vue
religieux. »
Georges Goyau,
de l'Académie Française.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
Le président de la République a reçu ven-
dredi M. Escallier, directeur général de la
Banque d'Algérie, qui lui a remis le compte
rendu présenté à l'assemblée générale des ac-
tionnaires au nom du conseil, d administration.
AU MINISTERE DES COLONIES
M. Marius Moutet recevra demain au minis-
tère des Colonies les délégués au Conseil Su-
périeur de la France d'outre-mer.
) M-M. (
Conseil de Cabinet
L'II Etoile nord-africaine » sera dissoute
Les membres du gouvernement se sont réunis
hier à 17 h. 30, à l'Hôtel Matignon, en con-
seil de cabinet, sous la présidence de M. Léon
Blum.
Le Conseil a d'abord étudié les projets de
décrets qui sont soumis ce matin au Conseil
des ministres.
Parmi ceux-ci figure celui ayant trait à la
dissolution de l'Etoile nord-africaine.
Rappelons que cette association, à tendan-
ces communistes et séparatistes, avait été pour-
suivie condamnée, en 1935, pour provocation
au meurtre dans un but de propagande anar-
chiste et d'excitation de militaires à la déso-
béissance.
Auparavant, en 1929, la dissolution du
groupement avait été prononcée par un juge-
ment qui, n'ayant pas été exécuté dans les
délais réglementaires, était demeuré périmé.
En 1936, le tribunal de la Seine se déclara
incompétent. En effet, depuis la loi sur les
ligues, c'est au président de la République
qu'il appartient de prononcer la dissolution, par
décret pris en Conseil des ministres.
Le contrôle du commerce des armes en Algé-
rie fera également l'objet d'un décret.
) e. (
Le nouveau muphti d'Alger
Si Hamdame Hamoud, professeur de théo-
logie musulmane et d'exégèse coranique, vient
d'être nommé muphti d'Alger, en remplace-
ment du muphti Bendali-Amor, assassiné, en
s'en amvint, le la août dernier.
le Gouverneur général Le Beau
est arrivé à Paris
Devant traiter de différentes questions con-
cernant l'Algérie avec les membres du gou-
vernement, M. Le Beau, Gouverneur général
de t'Algérie s'est embarqué dimanche après-
midi à Alger sur Ville d'Oran et est arrivé
hier soir à Paris.
) (
Visite en leurs Etats
AU MAROC , -'
Le Résident général, accompagné de Mme
Noguès, de M. Gayet, directeur du cabinet
ciq, du commandant Bertrand, chef du cabi-
net militaire, de M. Hutin, chef du secrétariat
particulier, et du capitaine Pique-Aubrun, a
quitté Rabat dimanche par un train auquel fut
accroché le wagon spécial résidentiel.
Le Résident général est arrivé hier matin à
Oudjda et, après avoir fait son entrée officielle
dans la ville, s'est rendu au monument aux
morts où il a déposé une palme et s'est fait
ensuite présenter tous les officiers et les repré-
sentants des corps élus de la région.
Il a effectué le tour de la ville et présidé à
midi un grand déjeuner officiel. Le Résident
général a visité ensuite les centres de TaporaJt,
Berkane et Martimprey et il est reparti dans la
soirée pour Oran d'où il s'embarquera aujour-
d'hui pour la France. j
EN INDOCHINE
M. Brevié, Gouverneur général, s' est rendu
jeudi dernier à Pnom-Penh pour rendre une
visite officielle au roi du Cambodge et prendre
contact avec les organismes constitués et les
personnalités de ce pays.
————————— ) - ( —————————
A l'Ecole nationale
de la France d'outre-mer
M. Ladreit de Lacharrière, rédacteur en chef
du Comité de l'Afrique française et M. Eirik
Labonne ministre plénipotentiaire de ln classe,
directeur adjoint des affaires politique au minis-
tère des affaires étrangères ont été nommés res-
pectivement, membre de la commission d'ensei-
gnement, et membre du conseil d'administration
de l'Ecole nationale de la France d'outre-mer.
L'IDIUlraUol allemande
m Mirai: -' 7 -1
ous avons eu une alerte,
dont nous sommes à
peiremis. Ne nous,
a-t-on pas annoncé
dernièrement que le
Maroc espagnol était
envahi par les Alle-
mands, avec la com-
plicité des nationalis-
tes espagnols ? Or
il ne s'agissait pas
seulement d'ingé-
nieurs ou de pros-
pecteurs de mines, mais aussi de soldats qui
aUaient, face au Maroc français, occuper le ter-
ritoire qu'on leur offrait en paiement de leurs
avions, de leurs hommes, de leurs subsides et de
leur appui.
Evidemment, la nouveUe était d'une exception-
nel gravité. Si elle était vraie, nous étions à
deux doigts de la guerre, à moins d'une invrai-
semblable capitulation que ne voulait même pas
envisager l'orgueil français.
Par bonheur, la nouvelle, sans être fausse,
avait été considérablement exagérée. Et tout est
rentré dans le calme.
Peut être tout est-il rentré trop vite dans le
calme '! Car enfin, à quoi bon nous le dissimuler,
entre l'extrême péri de guerre, et la quiétude
complète, il y a place pour un danger réel, per-
manent, qui ne doit pas être grossi, sans raison,
mais qu'il ne faut pas nggfîger.
Le Maroc espagnol est une riche proie que
convoite l'appétit germain. Les Allemands, que
les scrupules ne gênent jamais, trouvent dans la
guerre espagnole une occasion excellente pour
commencer à donner corps — et quel corps ! —
à leurs rêveries coloniales.
Débuter par un coup de maître, en prenant la
revanche d'Agadir et en s'emparant comme pre-
mière mise de fonds dans leur entreprise, d'une
magnifique colonie 1 Ce serait ne pas les connat-
tre que douter de leur convoitise.
Ils ont manqué leur coup grâce à l'attitude éa).
me et réfléchie de la France et aussi à l'entente
franco-anglaise. Mais soyons certains qu'ils sont
prêts à récidiver. Le loup germanique ne lâchera
pas le morceau si facilement.
Par conséquent, nous sommes de notre côté
avertis. L'Allemagne au Maroc, ce serait pour
notre grand domaine de l'Afrique du Nord, le
commencement de la fin.
Donc, tout doit être mis en oeuvre pour que
l'Allemagne ne réalise pas son rêve dangereux et
insensé.
Nous avons au Maroc un excellent, résident,
qui est un jeune soldat C'est une chance dont
nous devons profiter, en ne multipliant pas les
obstacles sous les pas de ce grand chef, en lui
faisant au contraire crédit, toute le crédit dont
il a besoin.
àeg aura à veillez, sans, faiblesse ni^défaittance,
à ne commettre aucune négligence ni aucune
faute.
Maintien intégral de la situation acquise, res.
pect absolu de tous les traités, sauvegarde éner-
gique de tous nos intérêts ; le programme fran-
çais est simple, mais singulièrement précis.
Ne nous endormons pas sur un moi oreiller de
sécurité et de paresse. Sans doute, laissons faire
le général Noguès, sûrs qu'il fera bien.
Mais qu'il sente derrière lui, d'accord avec lui,
toute la France !
Jean Philip,
Sénateur du Gers,
membre de la Commission des
Finance., membre de ia Commu-
sion des Colonies.
-———————— ) ( —————————
LE STATUT DU SANDJAK
D'ALEXANDRETTE
Réalisation de l'accord franco-turc
Depuis mercredi dernier les conversations se
sont poursuivies, très actives. M. Eden est in-
tervenu à plusieurs reprises dans ces conversa-
tions apportant à la France l'appui de l' An-
gleterre.
Dans la nuit de samedi à dimanche un accord
de principe était intervenu entre les déléga-
tions française et turque.
Après une nouvelle journée de délibérations
franco-turques, auxquelles ont pris part MM.
Yvon Delbos et Pierre Viénot, d'une part,
et M. Rustu Aras, d'autre part, les termes de
l'accord pour le sandjak d'Alexandrette ont été
arrêtés hier soir, sauf sur un point qui a été
réservé. lis sont définis officiellement comme
suit :
Le sandjak recevrait la plus large autonomie
de fait.
En droit, il serait considéré comme « pro-
vince syrienne ».
Le gouvernement syrien assumerait la
représentation diplomatique des habitants du
sandjak.
Le sandjak serait inclus dans la ligne doua-
nière syrienne.
La France et la Turquie concluront une
alliance militaire « pour la défense du sand-
jak ».
Le sandjak recevra un « régime spécial »
avec un haut-commissaire particulier de la S.
D. N., lequel sera de nationalité française.
Le sandjak sera internationalisé et démilita-
nse.
Des garanties sont prévues en faveur des
autres, minorités. ;
Le seul point réservé, sur lequel on es-
compte un rapide accord, est relatif à la lan-
gue. Les Turcs, bien que minorité, exigent que
leur langue soit seule reconnue officielle. La
délégation française a déclaré expressément ne
pas pouvoir transiger sur ce point, qui intéresse
au plus haut degré la protection des minorités.
On prévoit qu'après la session du Conseil un
comité d'experts sera chargé de mettre au point
les textes définitifs du statut et de la loi fonda-
mentale du sandjak.
Ce projet a causé une vive satisfaction, tant
dans les milieux genevois qu'en Turquie.
Par ailleurs, il est à noter que les relations
itato-turqpes s'améliorent. M. Rustu Aras et
le comte Ciano - doivent se rencontrer prochai-
nement.
Réorganisation de la politique
économique de. lA 0. E. F.
M. Marins Moutet, ministre des Colonies,
vient d'adresser au Gouverneur général de
l'Afrique Equatoriale française des instructions
sur la politique, économique qu'il convient de
suivre dans cette colonie.
Il a insisté d'abord sur la nécessité d'assurer
aux populations placées sous l'autorité de la
France le minimum vital indispensable" en
même temps que des conditions satisfaisantes
de travail, absolument nécessaire au plein dé-
veloppement de l'individu et à l'épanouisse-
ment des races de l'A.E.F. Il a demandé en
conséquence de veiller attentivement à ce que
le travail indigène soit convenablement rému-
néré et de contrôler les conditions de recrute-
ment des travailleurs ainsi que l'établissement
et l'exécution des contrats de travail.
M. Marius Moutet a recommandé égale-
ment d'éviter que l'exploitation des richesses
naturelles n'aboutisse à un épuisement de celles-
ci, sans profit pour les indigènes. Il a prié le
Gouverpeuer général d'établir un plan d'organi-
sation économique d'intérêt général assurant, en
même temps qu'une mise en valeur rationnelle
des. richesses naturelles, une élévation du ni-
veau matériel et social de la masse des indi-
gènes. - -
Enfin, le ministre des Colonies a invité M.
Reste à créer -dà-qûe, possible des sociétés iri-
digènes de prévoyance, de secours, et de prêts
mutuels agricoles, teUes qu'elles viennent d être
organisées par un décret du 14 janvier cou-
rant. Ces organismes de mutualité indigène ont
pour but d'aider dans l'intérêt commun, au
développement des cultures et de l'élevage,
ainsi qu'à l'amélioration des conditions dans
lesquelles ils s' effectuent : ils peuvent notam-
ment organiser la vente des produits de leurs
adhérents..
Ainsi seront établies les bases d'un système
coopératif indigène, fonctionnant sous le con-
trôle direct de l'Administration, et qui sera
susceptible d'assurer, en même temps qu'une
rémunération plus équitable du travailleur noir,
une stabilité plus grande de l'économie de la
colonie.
-+--+- (
Création en A. E. F.
de sociétés de prévoyance
Un décret du 14 janvier autorise le Gou-
verneur général de l'A. E. F. à créer par
arrêtés pris en Conseil d'administration, des
Sociétés de prévoyance, de secours, et de
prêts mutuels agricoles.
Leur but est d'aider, dans l'intérêt com-
mun, au développement des cultures, de
l'élevage, de la récolte et de la préparation
des produits agricoles et de cueillette ainsi
qu'à l'amélioration des conditions dans les-
quelles ils s'effectuent. Elles pourront no-
tamment organiser la vente des produits de
leurs adhérents.
Les sociétés de prévoyance peuvent cons-
tituer un fonds commun doté de la person-
nalité civile, dont l'organisation et les attri-
butions seront fixées par arrêté du Gouver-
nement général en conseil. Elles pourront
être groupées en unions. -
Elles seront uniquement composées des
seuls agriculteurs et éleveurs de statut indi-
gène qui en feront partie obligatoirement.
La caisse sera alimentée soit par des co-
tisations perçues comme s'il .s'agissait de
centimes additionnels à l'impôt, soit par des
subventions ou des avances sans intérêt du
budget local ; avec l'approbation du Gouver-
neur général, elles pourront obtenir des
prêts à court et moyen terme, de la caisse
centrale du crédit agricole.
Chaque société sera administrée par un
conseil formé de membres indigènes délé-
gués par les sections.
L'administrateur, chef de département,
sera président de ce conseil, assisté par un
vice-président choisi par le chef de région,
après avis du chef de département, sur une
liste de trois, membres présentés par le con-
seil.
Un secretaire-tresorier sera adjoint avec
voix consultative.
Enfin, une commission centrale de surveil-
lance des sociétés assistera à titre consultatif,
le gouverneur général.
Elle comprend les principaux chefs de ser-
vices intéressés et trois notables indigènes
à la désignation du Gouverneur générai.
Cette commission recevra, en communica-
tion, les rapports annuels ainsi que tous au-
tres documents relatifs à la gestion financière
et au programme à réaliser..
) ..- (
Le groupe
des parlementaires
coloniaux
Le groupe des parlementaires coloniaux s'est
réuni samedi dernier et a élu, pour 1937, son
bureau qui est ainsi composé :
Président, M. Henry Bérenger (sénateur de
la Guadeloupe) ; premier lice-président, M.
Victore Sévère (député de la Martinique) ; 2e
vice-président, M. Lucien Gasparin (député
de la Réunion ; secrétaire M. de Beaumont
(député de la Cochinchine); trésorier, M. Mon-
nerville (député de la Guyane).
Le groupe a examiné la question de l'élargis-
sement du droit de vote aux colonies, en vue
de donner à chacune de nos possessions d'ou-
tre-mer la possibilité d'accéder à la tribune de
la Chambre.
Le groupe s'est occupé également de la com-
position de la grande commission d'enquête
coloniale dont la. création a été récemment vo-
tée par :le Parlement
Il a été unanime à demander qu'aucune li-
cence d'importation de sucre étranger en Fran-
ce ne soit accordée tant que les stocks existant
actuellement aux Antilies et à la Réunion n'au-
ront pu être exportés sur la Métropole.
Le «groupe des parlementaires coloniaux sera
reçu aujourd'hui par M. Marius Moutet, mi-
nistre des Colonies.
Allemagne et colonies
« La Flèche w duÇjsnvîer 1937 a con-
sacré aux revendications coloniales de l'Alle-
magne deux articles intéressants à des titres
divers..
L'un, objectif et nerveux, émane de M.
Bergery, tandis que l'autre reproduit les pas-
sages essentiels d'une étude publiée par le doc-
teur - Sdiacht, ministre de l'Economie du
Reich, dans le numéro de janvier de la revue
« Foreign Affaires », de New-York.
Avec raison, M. Bergery met notre diplo-
matie en garde contre l'attitude purement né-
gative qui nous q valu depuis 1918 tant de
déboires.
- - --
cil presence d'une Allemagne qui a déchi-
queté, morceau par morceau, non seulement le
Traité de VersaiHes, mais aussi les accords
de Locamo et de Stresa, auxquels nous avions
confié notre sécurité, la France doit savoir
enfin ce qu'elle veut et pourquoi elle le veut.
M. Schacht, avocat d'une Allemagne qui
elle, sait fort bien où elle va, plaide encore
avec un mélange de rouerie et de naïveté qui
laisse entrevoir le crédit assez limité qu'il ac-
corde aux facultés critiques des lecteurs amé-
ricains.
Il affirme d'abord que l'Economie mondiale
ne saŒait jouir d'une prospérité durable sans
la participation de l'Allemagne.
Assurément, mais quand il étaie cette vérité
par l'énoncé des achats faits par l'Allemagne
aux autres pays, nous pensons que sa doctrine
retarde singulièrement, à moins qu'il ne désire
surtout éviter d'éveiller l'attention sur la capa-
cité industrielle du Reich.
Si nous nous affranchissions des concepts dé-
suets qui obscurcissent les relations de peuple
à peuple, nous constaterions que l'Allemagne,
comme tout autre pays, est utile au monde,
bien moins en ce qu' elle consomme, - qu'en ce
qu elle produit.
Le préjugé de la balance des comptes est
au nombre des plus funestes qui soient.
Les achats massifs de l'étranger n'enrichis-
sent pas automatiquement le vendeur.
Toutes les fois qu'il s'agit de produits dont
l'abondance reste, somme toute, assez limitée,
tels que - ceux des cultures vivrières et de l'éle-
vage, 1 exportation provoque fatalement un
renchérissement du coût de la vie, dont le
poids retombe sur la masse de la nation, contre-
partie fort lourde souvent de l'enrichissement
monétaire d'une classe de producteurs et de
commerçants.
Par contre le pays acheteur bénéficie du
travail, de l'ingéniosité et des réalisations des
autres peuples naturellement mieux placés ou
mieux équipés techniquement.
M. Schacht proclame ensuite que seule la
possession de territoires d'outre-mer peut pro-
curer à l'Allemagne ce qui lui manque :
son rasvitaillement en matières premières ;
un déversoir pour ses excédents de popula-
tion ;
des débouchés commerciaux.
Le ministre du Reich déclare quane nation
privée des nécessités indispensables à la oie
est forcément une source d'agitation dam le
monde.
La paix du monde est donc intéressée à ce
que l' Allemagne bénéficie et d'urgence des
aménagements convenables.
Mais ce qui est vrai de celle-ci, l'est-il moins
des autres Etats, grands et petits ? Chacun
joue sa partie dans le concert mondial et, de
ce fait, y a des droits. -- -
Or l'Allemagne pose toujours la question de
la redistribution des territoires d'outre-mer,
comme si elle était la seule nation au monde
manquant' de matières premières, d'espaces et
de débouchés.
Voyons néanmoins en quoi l'attribution de
colonies pourrait dépanner l'économie alle-
mande.
Parmi les matières premières, M. Schacht
n'ignore pas que l'une des plus précieuses,
dont aucun peuple moderne ne saurait se pas-
ser, le pétrole, est très capricieusement réparti
sur le globe. Envisage-t-il un partage des ter-
rains pétrolifères entre les divers Etats du
monde ?
Le problème est à peine différent pour les
mines d'or, de cuivre, d'étain, de charbon, et
autres.
Et, à l'avenir, chaque fois que se décou-
vriront des richesses naturelles nouveUes. devra-
t-on reviser la carte du monde ? Nous voilà
bien loin des principes du président Wilson.
Quant aux produits agricoles propres à la
zone tropicale : coton, caoutchouc, café, ca-
cao, quinquina, etc. chacun sait ce que re-
présentent de capitaux, d'efforts et de temps
les grandes exploitations de ce genre, avant
de parvenir à ta période productive.
A moins d' envisager l'expropriation des pos-
sédants actuels, ce dont il n'est pas question.
J'industrie allemande ne peut espérer recevoir
avant 10 ou Il ans, des matières premières
provenant d'exploitations nouvelles, en quan-
tités appréciables. Et l' urgence ?
Par contre, attribuer de vastes territoires de
faible densité ethnique à une nation surpeuplée.
apparaît une solution de bon sens.
Cependant les faits ne s' accordent pas avec
cette conception
Dans son vaste domaine africain d'avant
guerre, l'Allemagne n'avait réussi à transplan.
ter que quelques milliers d'individus.
La Belgique, pays très peuplé et doté d'tn
bel empire colonial, n'y envoie également que
des contingents modestes de ses nationaux.
Pour rendre la brousse tropicale habitable
à une population européenne de quelque im-
portance, de vastes aménagements préalables
sont nécessaires, voies d'accès, défrichements,
assainissement.
La décongestion escomptée de la métropole
ne saurait donc intervenir avant de longues an-
nées.
Reste la question des débouchés, et c'est
même la seule question.
Faisons, en passant, justice d'un préjugé
malfaisant.
La densité de la population n'est nullement
un facteur de misère. Bien au contraire le train
de vie d'un habitant de Berlin ou de Ham-
bourg, si modeste soit-il, n'est pas comparable
à celui d'un Mol de la chaîne annamitique,
d'un Persan ou d'un CoogoJais, qui dispose ce-
pendant, dans certaines régions, de plus d'un
kilomètre carré par tête.
Il importe assez peu que la population d'un
pays atteigne une densité très élevée, s'il loi
est possible d'exporter son trop-plein de pro-
duits manufacturés et de recevoir du dehors en
échange les produits et matières premières qui
lui font défaut.
Exportation et émigration poursuivent, en
effet d'un but identique : la résorption des excé-
dents de main-d'œuvre. Seulement, dans un
cas, ce sont les travailleurs en surnombre qui
s'expatrient, et, dans l'autre, ce sont les pm-
duits de leur industrie.
Suffit-il de prendre possession d'un pays
pour y trouver les débouchés recherchés ?
Evidemment non. Il faut créer aux autoch-
tones des besoins nouveaux et leur procurer un
pouvoir d'achat pour les satisfaire.
Ce n'est pas l'oeuvre d'un jour, mais bien
le couronnement d'efforts patients et continus,
oeuvre d'éducation, d'assimilation et de tutelle.
Non, non, il faut le dire et le redire, la
souveraineté des territoires coloniaux ne procu-
rerait à l'Allemagne aucun des avantages im-
médiats dont elle déclare avoir un si pressant
besoin.
Si les colonies doivent contribuer puissam-
ment à la restauration de l'économie du monde.
et j'en suis convaincu, c'est par d'autres mé-
thodes et par d'autres voies qu'elles pourront
y parvenir.
Louis Pargoire.
Collaboration Halo-allemande
en Afrique orientale
On annonce officiellement, à Rome, la
constitution d'une société minière anonyme
pour l'Afrique Orientale italienne. Cette so-
ciété sera présidée par le sénateur Puricelli.
Elle aiura un capital initial de 50 millions
de lire, susceptible d'être porté à 200 mil-
lions.
Par ailleurs, une mission scientifique al-
lemande partira vers la mi-février pour
l'Ethiopie. Elle sera chargée de prospecter
les gisements miniers. Dirigée par le géo-
logue Leo Von Zur Muehlen elle compren-
dra, en outre, trois physiciens et trois géo-
logues. La mission se bornera à rechercher
des gisements miniers, à l'exclusion du né-
trole et des pierres précieuses. Elle étudiera
surtout les roches cristallines dans l'espoir
de trouver des minerais de fer, de plomb et
de cuivre.
Ainsi s'affirme sur le plan pratique la col-
laboration italo-allemande à la suite du
voyage du général Goering.
MISSIONS
Dans la Métropole
M. Charton, inspecteur général de l'en-
seignement en A. O. F., professeur agrégé
de l'université, est chargé, pour trois mois,
de mission en France, auprès du ministère
des Colonies, en vue d'étudier diverses ques-
tions intéressant l'enseignement dans 'l'Ouest
africain français.
Aux Etats-Unis
M. Huet, chef du laboratoire de génétiaue
de l'office indochinois du riz, est chargé
d'une mission aux Etats-Unis (vallée du Sa-
cramento, Louisiane, Texas, Arkansas) pour
étude des solutions apportées à divers pro-
blèmes intéressant la riziculture.
Autour du bulletin de vote
aux Algériens
Une conférence à l'Institut Colonial.
Mercredi dernier, l'Institut coloniaJ de
Paris réunissait ses membres en assemblée
plénière pour entendre trois parlementaires
algériens, MM. Saurin, Mallarmé et Guas-
tavino, sur la question du vote des indigè-
nes soulevée par le projet de loi dont M.
Viollette est 1 auteur.
Aux termes de ce projet soutenu par M.
Léon Blum, le droit de vote serait accordé
à 20.000 indigènes choisis parmi des évolués
intellectuels, des anciens militaires et des
notables du commerce. Octroi gratuit et sans
conditions, puisque ces nouveaux électeurs
continueraient à garder leur statut person-
nel musulman.
Se faisant l'interprète des sentiments .d'é-
motion éprouvés par les Français d'Algérie
et par une partie de la population indigène,
M. Saurin a pris le premier la parole, pour 1
faire ressortir les graves inconvénients de
l'adoption éventuelle du projet. Il a fait cette
critique avec mesure, beaucoup de clarté et
de précision proposant finalement la substi-
tution - au texte de M. Viollette - d'un projet
élaboré par lui-même dans lequel les indigè-
nes seraient admis à voter pour des repré-
sentants au Parlement français, mais dans un
collège électoral formé exclusivement d'indi-
gènes.
Envisageant la question au point de vue
juridique, M. Saurin a mis en évidence l'in-
compatibilité qui existe entre la concession
de droits civiques et la conservation du droit
musulman. Il a relevé les conséquences pos-
sibles au point de vue social dudit projet qui
amènerait un recul de la civilisation en Afri-
que puisqu'on aurait l'air de favoriser le
régime de l'indigénat et qu'on arrêterait le
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