Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-01-19
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 janvier 1937 19 janvier 1937
Description : 1937/01/19 (A38,N5). 1937/01/19 (A38,N5).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265461z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
RUaetton & Administration :
1, Rue de la Bourse
PARIS (Z")
TÉL. t RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupées)
3811 ANNEE. - No 5. - .- - r MARDI :( 13 h. 30) 19 JANVIER 1937,
3.. ANNEE. - N.o 5.r.. MA»l JI3 h. 30) 19 JAN.VIEI.19J7..
Les Annales Coloniales
Fondateur s Marcel RUEDEL Directeur f Raoul MONMARSON
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avec la Revue illustrle:
Un AU 6 Mois 3 Mois
France et
colonies 180 100. 50 »
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Le Numéro : 30 centimes
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
Les Allemands au Maroc
A la fin de la semaine dernière les jour-
naux ont annoncé un débarquement impor-
tant de troupes allemandes au Maroc espa-
gnol. Ils ajoutaient que le Reich entrepre-
nait à Ceuta des travaux de fortification
dont l'objet était de neutraliser Gibraltar
qui n'en est qu'à 30 kilomètres. Ainsi grâce
à l'artillerie à longue portée la place forte
dont la possession séculaire assure à l'An-
gleterre la maîtrise des colonnes d'Hercule
serait mise en échec.
Ces nouvelles après enquête se sont trou-
vées totalement fausses au moins considéra-
blement exagérées. A vrai dire, il n'en était
guère besoin pour se rendre compte qu'el-
les l'étaient.
La politique allemande commet, sans au-
cun doute, des erreurs de psychologie, mais
ceux qui la dirigent ne sont pas assez dé-
pourvus de jugement pour se livrer à des
actes aussi inopportuns que ceux qui con-
sisteraient à violer des conventions interna-
tionales dont le respect est une des règles
fondamentales de la diplomatie britanni-
que. Dresser Ceuta contre Gibraltar au mo-
ment où Berlin essaye de détacher Londres
de Paris aurait été une faute insigne. Hitler
et ses amis pour si impulsifs qu'on les sup-
pose n'en sont pas capables. L'Allemagne,
à l'heure présente, s'attache par mille
moyens, qu'il serait trop long d'exposer
ici, de gagner la confiance de l'Angleterre
et elle aurait risqué de compromettre par
une imprudence qui aurait été un défi, une
œuvre délicate mais qu'elle espère malgré
tout mener à bien. Non, cela n'est pas pos-
sible. Et ceux qui ont lancé ces informa-
tions sensationnelles n'ont pas réfléchi à ce
qu'elles avaient d'invraisemblable.
- Mais si sous cette forme les nouvelles
dont il s'agit ne sont pas exactes, il ne fau-
drait pas nier cependant l'action allemande
au Maroc.
M. Gaston Martin, qui fit en 1934 et ep
1935, alors qu'il était député, deux voyages
d'étude au Maroc, nous rappelle qu'il avait
alors signalé l'action persistante, organisée,
systématique, qu'y poursuivait l'Allemagne.
Dans un rapport circonstancié il en avait
montré les différents aspects et les dangers.
Cette action, écrit-il, était menée de con-
cert par les généraux espagnols, factieux
de la veille, envoyés très imprudemment à
Ceuta et à Larache, la propagande alle-
mande et le mouvement jeune nationaliste
et parnslamique des jeunes Marocains. Un
commandant de région militaire déclarait au
jeune député : « Grâce aux Espagnols, les
Allemands sont en train de regagner rapi-
dement la situation qu'ils avaient ici au
temps des frères Mannesmann. Il De retour
en France, M. Gaston Martin remit son rap-
port à un directeur du Quai d'Orsay et il
n'en entendit plus parler.
L'enquête de M. Gaston Martin avait por-
té sur le Maroc français. Un collaborateur
du Times vient d'en faire une sur le Maroc
espagnol. Elle n'est pas moins intéressante.
Il écrit : « L'exploitation économique de la
zone espagnole, au bénéfice de l'Allema-
gne, a déjà atteint des proportions substan-
tielles et vraisemblablement elle augmente-
ra plutôt qu'elle ne diminuera. L'interven-
tion administrative n'est pas encore directe
mais elle est entrée dans une phase inquié-
tante ; propagande active parmi les Arabes
et recrutement d'une milice arabo-fasciste ».
L'organisation militaire activement pous-
sée, et déjà très avancée à certains égards,
ne permet pas de croire à l'imminence d'une
offensive. Il s'agit, semble-t-il, en effet
d'assurer pour le moment aux insurgés une
base d'opérations en Espagne plutôt qu'à
en faire une position de départ pour d'au-
tres aventures. Mais on a commencé à pren-
dre des dispositions pour loger une force
étrangère de 20.000 hommes et même plus.
Les travaux de Ceuta n'ont pas atteint le
degré que l'on - a -- dit - mais ils - sont amorcés.
En outre, à Melilla, au cap de l'Eau, et
aux îles Chaff arines, le journaliste
anglais a remarqué des signes d'une
activité mystérieuse, des travaux de défense
des côtes et l'organisation dans les îles de
bases pour les sous-marins. Et il ajoute :
« Tous les renseignements s'accordent à re-
présenter Melilla comme une base navale
allemande. Ses aérodromes, ses stations
d'hydravions sont occupés par un person-
nel technique allemand et fréquentés par
des Junkers et des Dorniers. Presque tout
le personnel espagnol a disparu. a
Tétouan est une base aérienne où les Al-
lemands dominent. Près de Melilla, ils
construisent un abri pour hydravions à
l'épreuve des bombes.
Quant à l'activité économique, elle est
mieux connue et le Times ne nous apporte
pas, sur ce sujet, de véritables révélations.
La part, qu'au Rif, les Allemands ont dans
l'exploitation des mines de fer, de cuivre,
tb plomb ne date pas d'aujourd'hui. Mais
notre enquêteur a été frappé par le nombre
considérable de navires allemands qui fré-
quentent les ports - de la zone espagnole.
- Le journaliste anglais insiste sur une au-
tre forme de l'activité allemande que le pu-
blic connaît moins et qui constitue, dit-il,
selon lui, un gros danger pour les Français
au Maroc. Les Allemands essaient par tous
les moyens de se présenter aux indigènes
comme leurs protecteurs. L'antisémitisme na-
zi agit efficacement sur les Arabes. Hitler
qui combat les Juifs est présenté comme leur
champion. Son portrait figure en frontispice
d'une traduction, arabe de Mein Kampf,
traduction fort répandue et lue avidement.
Enfin l'Allemagne a pris l'initiative d'or-
ganiser pour les pèlerins arabes une visite
aux Lieux Saints de l'Islam. Le 25 janvier
doit partir de Ceuta à destination de la
Mecque, un vapeur de 10.000 tonnes d'ori-
gine allemande, mais baptisé El Moghreb el
Agsa, et battant pavillon chérifien. Ce pa-
quebot est des plus confortables. C'est un
don du général - Franco aux Musulmans.
Ainsi en conclusion on peut dire qu'il
n'y a pas, pour l'instant, de force allemande
organisée au Maroc espagnol, mais l'en-
quête du collaborateur du Times nous mon-
tre une action pacifique, à allure innocente,
mais qui n'en est pas moins dangereuse.
M. Hitler a déclaré à notre ambassadeur
à Berlin que l'Allemagne n'avait aucune vue
politique sur le Maroc espagnol. On peut
l'en croire. Mais rexpérience nous apprend
qu'il n'est pas nécessaire à un Etat puissant
qui veut dominer un pays d'y faire flotter
son drapeau.
Henry Fontanier.
Ancien député,
Agrégé de l'Universite
AUDIENCES
A LA PRESIDENCE DU CONSEIL
M. Maurice Viollette, ministre d'Etat, a
reçu samedi le bureau du comité d'organisation
des Nord-Africains de Paris, formé de MM.
BalJoul, agrégé de l'Université, président ;
Aouam, vice-président ; Damardji, secrétaire
général, et Issoulu, trésorier.
Cette délégation est venue affirmer son atta-
chement à la France républicaine, exprimer
au ministre ses remerciements pour le projet de
loi relatif à J'accession d'indigènes algériens à
la citoyenneté française, qui vient d'être dé-
posé devant le Parlement, et pour l'assurer de
sa confiance dans le succès de la politique al-
gérienne entreprise par le gouvernement.
—————————— —————————
Prélèvement sur les traitements
des fonctionnaires coloniaux
Le prélêvement exercé en application du dé-
cret du 7 juillet 1936 sur les traitements, soldes,
salaires et rémunérations alloués aux personnels
des colonies, pays de protectorat et territoires
sous mandat relevant du ministère des Colonies,
ainsi que des collectivités secondaires des colo-
nies telles que provinces, circonscriptions, com-
munes, offices et autres qui y sont rattachés,
des établissements publics, des entreprises con-
cessionnaires ou subventionnées assurant un ser-
vice public, est réduit comme suit : un tiers
à compter du 1er janvier 1937 ; deux tiers à
compter du Ier juillet 1937 ; suppression à
compter du Ier janvier 1938.
■ <
MISSIONS
M. Jacques Fousset, Gouverneur en re-
traite, est chargé de mission pour exercer les
fonctions de rapporteur auprès de la Com-
mission chargée d'enquêter sur « les respon-
sabilités encourues au cours d'événements
survenus dans l'Inde, à la Guadeloupe et
à Kouang-Tchéou-Wan. »
Le montant des dépenses de la mission de
M. Fousset sera imputable par moitié aux
budgets locaux de la Guadeloupe et des Eta-
blissements de l'Inde.
Visite en leurs Etats
EN A.E.F.
Le Gouverneur généra! Reste a quitté, le
13 janvier, Brazzaville, pour entreprendre une
tournée d'inspection dans la colonie. M. Reste,
qui est accompagné de son secrétaire et du
chef du cabinet militaire, se rend à Mindouli
et à M'Vouti. De là, il gagnera vraisembla-
blement Pointe-Noire, en chemin de fer, puis
reviendra vers Dolisie et Sibiti. De Sibiti, le
Gouverneur général gagnera, par la piste, Fran-
ceville et Ouesso, sur la rivière Sangha ; puis
il rejoindra, sans doute, Bangui, par la grande
route nord-sud, en passant par Berbérati. A
Bangui, M. Reste assistera à la foire commer-
ciale dans le chef-lieu de l'Oubangui, puis il
reviendra à Brazzaville, avant d'entreprendre
une autre tournée d'inspection, en avion, cette
fois, dans la région du Tchad.
> M*M- <- —————————
A l'Ecole nationale
de la France d'outre-mer
Le fonctionnement de l'école coloniale est
modifié ainsi qu'il suit :
« il est créé une commission de l'enseigne-
ment composée du président et du vice-pré-
sident du conseil d'administration, du directeur,
de trois membres du conseil de perfectionne-
ment et de trois professeurs ou chargés de cours
de l'école, désignés par le ministre. Cette
commission est chargée des fonctions dévolues
par l'arrêté du 30 janvier 1899 et les autres
modifications subséquents à la sous-commission
de l'instruction. Le président du conseil d'ad-
ministration préside la commission. »
BUDGETS
DE L'ECOLE NATIONALE
DE LA FRANCE D'OUTRE-MER
Le budget de l'Ecole national de la
France d'outre-mer, pour 1937, s'élève à
730.635 francs, sur lesquels la participation de
l'Etat se chiffre à 660.000 francs et les sub-
ventions pour la création de cours à 29.800 fr.
D'Alexandrette
à la Mer Noire
VlD de l'affaire du Sand-
jak ? Actuellement la
Société des Nations
s'en est saisie et a dé-
signé une commission
composée de neutres
en vue d'enquêter sur
place, pour qu'une so-
lution raisonnable soit
acceptée finalement par
les intéressés.
Au fond, il n'est
nullement question d'irrédentisme tuic ; il s'agit
simplement d'affirmer et de reconnaître par un
modus vivendi approprié les droits d'une mino-
rité étrangère dont la compacité de population
n'est pas douteuse.
On compte, en effet, dans le pays d'Alexan-
drette, pour un total de 200.000 habitants, 80
à 85.000 Turcs, 60 à 65.000 Arabes et 25.000
Arméniens.
Il apparaît nécessaire, bien que ce soit un peu
tardivement, de faire une part plus large à cette
agglomération turque dans la Fédération syrien-
ne suivant la politique de protection déjà suivie
à l'égard des Druses et des Alaouites.
La sauvegarde des minorités est, du reste, dans
la tradition française, dût-il s'ensuivre un certain
relachement des liens qui unissent Alexandrette
à Damas.
La France, mandataire en ces lieux, à vrai dire,
depuis François Ier, verrait avec regret se refroi-
dir l'amitié séculaire qu'elle entretient avec la
Turquie et que la convention de Montreux à pu
ranimer.
Elle espère qu'en échange des droits de souve-
raineté attribués à la république kémaliste sur les
fameux Détroits, elle pourra l'attirer dans une
adhésion formelle à la politique de sécurité col-
lective.
Si l'on se place à un point de vue plus spécia-
lement colonial, une remarque paraît s'imposer :
elle a trait à cet antagonisme, méconnu de beau-
coup, qui oppose les races turque et arabe.
A travers les incidents survenus, on peut dis-
cerner que le panislamisme a ses fissures et que
même la communauté d'idées religieuses établies
dans une même région subtropicale tend à dispa-
raître devant l'exacerbation de particularismes
ethniques.
J. Luquot,
Député de la Gironde,
Membre de la Commission
de la marine marchande.
————————— ) — ( —————————
La liberté de la presse
pour loules les colonies
La Commission parlementaire des Colo-
nies, présidée par M. Nouelle, vient de pren-
dre une initiative intéressante qui, depuis
longtemps, s'imposait : proposer l'applica-
tion du même régime de la presse pour la
France d'Outre-Mer que pour la Métropole.
Chargée d'examiner un projet de loi ren-
dant applicables à la Guadeloupe, à la Mar-
tinique et à la Réunion les deux lois du
4 juillet 1908 concernant la presse, la Com-
mission rend un avis favorable, mais pose
les deux questions suivantes :
« Pourquoi le texte gouvernemental ne
vise-t-il que ces trois colonies, et pourquoi
seulement les deux lois du 4 juillet 1908 ? »
Car, sur le premier point, si le Gouverne-
ment estime que, pour l'application aux
colonies autres que les trois sus-nommées, il
a la faculté de procéder par voie de décret,
en vertu du senatus-consulte du 3 mai 1854,
il y a erreur certaine, car « l'Exécutif per-
dant tout droit de légiférer aux colonies, dès
que le Pouvoir législatif a statué », le sena-
tus-consulte devient alors caduc, et les dé-
crets seraient illégaux, comme en certain cas
une jurisprudence constante l'a constaté.
Sur le second point, la Commission cons-
tate que les lois du 4 juillet 1908 ne sont pas
les seules dont l'omission soit à réparer, car,
depuis la loi du 29 juillet 18S1, applicable
aux colonies, il n'y a pas mains de douze au-
tres lois qui soient venues la modifier, et qui
n'ont pas été étendues aux colonies, ou ne
l'ont été que dans certaines d'entre elles, et
sous une forme inconstitutionnelle.
La Commission conclue « qu'il n'existe ait-
cune raison pour laisser subsister, entre les
deux régimes de la presse, le métropolitain
et le colonial, des différences que le législa-
teur dit 29 juillet 1881 n'a pas voulues et qui
ne sont dites, ait reste, qu'à des omissions
involontaires que les. circonstances expli-
quent plutôt qu'elles ne justifient ». Et, dans
l'intention de réaliser « l'unité de législation
entre la métropole et les colonies, pour la
liberté de la presse n, la Commission amende
le projet de loi du Gouvernement et propose
de rendre applicables à l'ensemble des colo-
nies, en bloc, toutes les lions qui ont modifié
celle du 29 juillet 1881 sur la liberté de la
presse.
A
Cette initiative, si elle est suivie par les
Chambres, sera accueillie avec satisfaction
par tous les coloniaux. Il est souhaitable que
des mesures de généralisation analogues, no-
tamment pour l'application de la justice,
soient étendues à toutes les colonies, car il
est inadmissible que les Français qui vivent
ou vont s'installer outre-mer soient soumis
à des régimes d'exception et ne jouissent pas
de l'intégralité des droits et des garanties
qu'ils ont dans la Métropole.
I
L'Angleterre fortifierait
la Palestine
La presse arabe dit Caire publie une nou-
elle de Jérusalem précisant que le général
en chef des forces britanniques a été chargé
de mettre en état de défense la Palestine et
que le Quartier général de l'armée anglaise
d'Orient sera à bref délai transféré dit Caire
à Jérusalem.
La presse en conclut que l'Angleterre en-
tend fortifier la Palestine comme l'Irak pour
s'assurer la maîtrise des routes terrestres et
aériennes des Indes en toutes circonstances.
On projet de colonisation
jnlve dans nos colonies
D'après le Petit Parisien (16-1-37), des
conversations ont eu lieu récemment au mi-
nistère des Colonies entre les hauts fonction-
naires de ce ministère et des représentants de
divers groupements juifs à propos d'un projet
d'établissement d'israélites dans nos colonies.
Ce même journal publie une interview de
M. Marins Moutet. Le ministre des Colonies
Se déclare partisan de ce projet — pour la
réalisation duquel des enquêtes sont en cours
— autant que l'on se trouve devant des or-
ganisations sérieuses disposant de capitaux
suffisants. Il voit des possibilités de réalisa-
tion à Madagascar, en Nouvelle-Calédonie et
même en Guyane.
M. Marins Moutet a dit notamment :
« J'ai prié le directeur des affaires politi-
ques du ministère, M. Gaston Joseph, et un
membre de mon cabinet, M. Bouteille, de sui-
vre de très près la question et de réunir la
documentation dont les enquêteurs pourraient
avoir besoin.
Il est possible également que, le cas
échéant, une aide financière puisse être ac-
cordée à une telle tentative, mais une pareille
aide ne pourrait être envisagée qu'au cas où
nous aurions devant nous 1A organisme sé-
rieux.
Je serai très heureux si, d'un côté, j'ai pu
faire œuvre utile de colonisation et si. de
l'autre, j'ai pu venir en aide à tant de per-
sonnes dont je connais la misère imméritée
et qui sont victimes des passions politiques
ou religieuses et des préjugés de race. »
——————————— ) ———————————
La situation marocaine
Il faut de nouveau ouvrir au commerce
la frontière du Riff
Les événements du Maroc espagnol sem-
blent maintenant devoir être considérés com-
me dit passé. Les informations qui nous vien.
tient de cette région si névralgique sont opti-
mistes, rassurantes. autant qu'il soit possi.
ble d'être pleinement rassuré.
Cependant, avant de clore cette rubrique
sur la détente qui s'affirme, il paraît oppor-
tun de rappeler qu'à la suite d'un incident
regrettable, nous avons fermé au commerce
la frontière du Riff. Ainsi, pour marquer no-
tre mécontentement aux autorités rebelles,
nous avons pris une mesure qui est pour elles
platonique, mais porte un tort considérable à
nos tribus frontalières. Celles-ci sont ainsi
frustrées d'un débouché commercial de l'or-
dre de 50 millions par an.
Puisque détente il y a, ne serait-il pas
indiqué de rapporter cette inopérante mesure
et clarifier aussi définitivement la situation?
——————————————— ) -
A la Résidence générale
du Maroc
Nous avions annoncé que le général No-
guès devait venir en France à la fin de la
semaine dernière. Son voyage est retardé mais
le Résident général n'en compte pas moins-
venir à Paris dans le courant de ce mois,
afin de présenter le budget du protectorat
aux ministères intéressés et de renseigner
le Gouvernement français sur l'aspect de la
question des infiltrations allemandes en sone
espagnole.
Avant de s'embarquer pour la France, le
général Noguès se propose de réunir à Rabat
le Comité de Défense Economique, afin de
mettre ait point les projets relatifs aux Ban-
ques populaires, à l'organisation de l'Office
du tourisme" un statut de l'Office chérifien
d'exportation et de l'artisanat indigène.
-—————————————— ) ..- (
LE STATUT DU SANDJAK
D'ALEXANDRETTE
C'est demain que se réunira la session du
Conseil de la S. D. N.. M. Yvon Delbos et
non M. Viénot représentera la France; M. Rus-
tu Aras est maintenu à Genève, mais avant
son départ, le gouvernement turc a longue-
ment délibéré.
Le président du Conseil, le ministre des
Affaires étrangères et le ministre de l'Intérieur
de Turquie ont eu, à Stamboul, où réside
actuellement M. Kemal Atatirk, de longs
entretiens au cours des journées du 14 et du
15 janvier, - avec le chef de l'Etat.
Ils auraient étudié du point de vue général
l'état des relations franco-turques, examiné les
différents aspects présentés jusqu'ici par la
question du sandjak d'Alexandrette, et envi-
sagé les solutions à donner à la controverse,
notamment celle qui consisterait à organiser une
confédération comprenant la Syrie et le sandjak,
L'idée d'une confédération Syrie-Sandjak,
non compris le Liban, prévaut actuellement
dans les milieux politiques d'Ankara et cons-
titue le point essentiel de la proposition turque
de règlement du différend franco-turc.
D'autre part, on annonce que le gouverne-
ment turc a décidé de faire construire près
d'Adana, frontière syrienne, un aérodrome
moderne.
A Paris, M. Viénot a exposé à la commis-
sion des Affaires étrangères du Sénat, l'état
des négociations. Nous donnons par ailleurs le
compte rendu de cette audition.
Enfin, les observateurs de la S. D. N. pour-
suivent toujours leur enquête. Ils se sont ar-
rêtés dans plusieurs villages allaouites où ils
ont recueilli les avis des notables.
Ces villes ont manifesté unanimement des
sentiments de reconnaissance à l'égard de la
puissance mandataitie.
Emeutes el Troubles
En Tunisie
Une grève vient d'éclater aux mines de
Djcbel-Djerissa et aux établissements Morel
et Livet.
La colonisation en péril
en Côte d'Ivoire -
L'éternel problème de la main-d'œuvre
Nous n'avons jamais manqué de signaler
ici les difficultés que connaissent nos plan-
teurs de la Côte d'Ivoire (et d'ailleurs).
Ce furent celles de la crise ; ce sont celles
que créent des mesures malheureuses qui en-
travent non seulement leur activité mais, ce
qui est plus grave, mettent en péril la con-
tinuité même de leur présence à la colonie.
Une nouveau gouverneur vient d'arriver :
M. Mondôn. A l'occasion de la réception or-
ganisée en son honneur M. Jean Bosc, prési-
dent de la Chambre de commerce et d agri-
culture a exposé aussi la situation des co-
llons
Je ne sais pas, M. le Gouverneur, si on
vous a dit déjà que vous alliez trouver une
colonie en plein essor, mais aussi avec une
menace formidable suspendue au-dessus de
la tête : l'arrêt de la vie agricole et fores-
tière par suite du manque total de main-
d'œuvre.
En tout cas, même si vous en êtes informé,
vous ne pouvez vous douter exactement du
tragique danger qui est là à nos portes.
Mon rôle est de vous en faire part, en
tant que représentant élu des planteurs et
forestiers.
-- -----,-_!_- ,
La Côte d'Ivoire a une population de 4 mu-
lions d'âmes qui paie l'impôt, or, aujour-
d'hui, il n'est pas possible de trouver 10.000
hommes pour assurer l'exploitation ration-
nelle des plantations et des chantiers fores-
tiers.
Je veux bien qu'il y ait actuellement en-
viron 8.000 hommes employés sans contrat,
mais tout de même, il parait effarant d'en-
tendre dire qu'une population de 4 millions
d'habitants ne peut fournir 18.000 manœu-
vres pour les travaux de la terre et du bois,
les seuls d'ailleurs pour lesquels un nombre
de bras important est nécessaire.
La récolte du cacao et du café bat son
plein, celle des bananes dure toute l'année,
or, ces derniers temps un grand nombre de
planteurs se sont vus contraints de laisser
tomber sur le sol leur production en état
d'être récoltée, par suite du manque de
bras.
Des planteurs ont porté leurs doléances
devant le commandant de cercle, en le sup-
pliant de leur donner des hommes durant le
temps de la récolte. Je n'ai pas entendu dire
qu'un seul ait obtenu satisfaction.
Et cependant, M. le Gouverneur, ce sont
des millions de francs qui sont à terre, c'en
est d'autres qui tomberont demain, si vous
n'intervenez pas de façon pressante auprès
des administrateurs de cercles pour mettre
fin à une situation qui causera la ruine des
planteurs et sera un désastre pour la colonie
elle-même.
Et cette intervention ne doit pas être faite
demain, M. le Gouverneur, c'est aujourd'hui
que les colons vous demandent de les sauver,
demain, il sera trop tard.
Aussi, dans la colonie que nous étions habi-
tués à considérer comme la plus prospère de
notre côte d'Afrique, celle de la grande réus-
site de M. Reste, la situation est devenue si
grave que M. Jean Bosc n'hésite pas à dire
au Gouverneur qui débarque, après son ex-
posé :
Auparavant, M. le Gouverneur, je vous
demanderai de vouloir bien penser qu'il y
a en Côte d'Ivoire, quelques centaines de
planteurs et de forestiers qui ont aujourd'hui
les yeux fixés sur Abidjan, et que ces colons
attendent avec une impatience fébrile la ré-
ponse que vous me ferez, car, celle-ci leur
apportera la vie ou la mort, et je n'ai pas
à vous cacher que le désespoir des gens peut
être terrible.
Certes, la politique du « paysan noir Il est
très belle, très souhaitable et nous savons que
le gouvernement s'y attache particulièrement,
cependant va-t-on pour cela abandonner pu-
rement et simplement les colons blancs, base
essentielle de notre colonisation, sous pré-
texte de laisser le noir cultiver le champ.
qu'il n'a d'ailleurs pas encore beaucoup dé-
broussé !
Nous ne rappellerons jamais assez que la
colonisation blanche est vitale pour assurer
notre pérennité en Afrique ; sans main-d'œu-
vre elle ne peut subsister. Va-t-on en lui re-
fusant cet élémentaire soutien, si facile à don-
ner, la laisser disparaître ?
Cette situation n'est pas particulière à la
Côte d'Ivoire. Le Cameroun, l'A.E.F. ont
déjà fait entendre de semblables cris d'alar-
me. Il faut les faire entendre, à Paris, et,
sans plus tarder organiser le marché de la
main-d'œuvre.
Il faut sauver notre colonisation.
Devant les revendications
coloniales allemandes
L'opinion de M. Marius Moutet
V iendra-t-il, ne viendra-t-il pas ? Telle est
la question que se pose la presse ait sujet du
projet de voyage à Paris dit Dr Schacht. De
plus en plus l'impression se confirme que sa
venue, qui se fera probablement après Le dis-
cours si attendu du 30, soulèvera officielle-
ment. à l'occasion des négociations économi-
ques, la question coloniale.
¿ Plus que jamais Berlin s'occuperait de cette
question. M. von Hepp, stadtlzalter de Ba-
vière, personnalité coloniale nazie de premier
plan, n'a-t-il pas récemment déclaré. au
cours d'une conférence, que cette année serait
créé en Allemagne un ministère des Colo-
iiiesf Il en serait le ministre et ses futurs
collaborateurs seraient actuellement au Ma-
roc espagnol.
En bref la question de la redistribution des
colonies serait sur le point d'entrer dans sa
phase finale.
Que sera-t-elle ?
m
• •
Nous avons, quant à cette éventualité. de-
puis longtemps fixé notre position. Pour la
seconde fois M. Marins Moutet vient de fixer
la sienne. Son opinion sur cette question nous
est rapportée par M. Marcel Hutin dans
l'Echo de Paris (15-1-37).
M. Marius Moutet considère que les reven-
dications coloniales allemandes ne sont pas
l'expression d'un vœu de la nation mais uni-
quement une orientation politique donnée par
les gouvernants nazis et tendant à faire pres-
sion sur l'Angleterre pour détacher celle-ci
de la France.
Or, il ne croit pas que la question colo.
niale soit une des pensées à laquelle l'Alle-
magne, même celle du fiihrer Hitler, tienne
fondamentalement.
Elle s'en sert pour son jeu politique et ses
revendications apparaissent ou disparaissent
selon les besoins de sa. politique générale,
surtout européemze.
Il est bien entendu, dit M. Marius Moutet,
que l'Allemagne a besoin de matières premiè-
res, encore qu'elle puisse sans devise s'en
procurer déjà beaucoup tant en Afrique qu'en
Asie, par le système des échanges. Ce sys-
tème, étendu et régularisé par des traités de
commerce, peut lui procurer toutes les den-
rées dont elle a besoin et ainsi tomberait le
prétexte d'une redistribution coloniale.
Puis, fixant la position de la France, le
ministre des Colonies conclut ainsi :
« Nous ne pouvons pas envisager un rema-
niement politique du point de vue colonial.
Et cela pour beaucoup de raisons, dont la
principale tient aux vœux des populations.
Nous avons montré, avec la Syrie. comment
à certains moments nous pouvons concevoir
notre attitude à l'égard des mandats.
« Mais sur le terrain économique, je désire.
rais la collaboration économique avec une
Allemagne décidée à rentrer dans le jeu pa-
cifique ; elle est sûre de trouver toujours
quelqu'un avec qui parler, en toute franchise,
dans le désir d'aboutir à un accord général.
« Cela ne dépend pas de nous, cela dépend
d'elle. »
Les coloniaux ne peuvent que le remercier.
e*
Nous disons Les coloniaux car nous ne
sommes pas sans inquiétudes quant à certai.
lies incompréhensions métropolitaines, aux
tendances de certains milieux qui ne réali-
sent pas « ce que l'Empire est pour la Fran-
ce », sa condition même d'existence en tant
que grande nation.
Parce que mal informé, le « Français
moyen » accepterait « pour avoir la paix n
(qu'il croit) la rétrocession des ex-colonies
allemandes.
Des articles, comme celui publié récem-
ment dans la Flèche, par M. Bergery, inquiè-
tent, jettent le désarroi dans l'opinion publi-
que. Or si nous devons nous féliciter de ce
que les revendications allemandes ne soient
pas un vœu national nous devons craindre,
en France, notre opinion dhisée, la non-
compréhension, pour certains, de la valeur et
de l'utilité réelles de nos colonies.
Le danger intérieur peut être plus grand
que celui de l'extérieur, aussi faut-il, sans
plus tarder, eduquer la masse, créer l'unité
de front, propager l'idée coloniale.
C'est aussi la condition première de l'œu-
vre constructive à entreprendre. Notre Em-
Pire n'est qu'échafaudé; un jour, il faudra
bien le construire.
Religion et nationalité
par Arthur PeUegrin.
Les Musulmans français de Tunisie, à la suite
d'une assemblée générale de leur ligue, qui
eut lieu 3 Tunis le 27 décembre, viennent
d'adresser au président de la République fran-
çaise et à Son Altesse !e Bey de Tunis une let-
tre demandant leur réintégration dans la nationa-
lité tunisienne, pour redevenir musulmans, di-
sent-ils.
Voici les principaux passages de cette lettre,
dont la publication dans le journal du Destour,
VAction Tunisienne du 2 janvier, a fait sen-
sation dans les milieux musulmans et français :
« Vu que les Musulmans tunisiens naturalisés
français, en optant pour la nationalité française
pour des raisons d'ordre moral ou matériel, n'ont
jamais voulu renoncer pour cela à leur qualité
de musulmans, même par l'abandon de leur
satut personnel ;
« Vu que, depuis 1931, lorsqu' à été posée
avec acuité la question de l'inhumation des
Musulmans français décédés et celle de nos
rapports religieux avec nos coreligionnaires tuni-
siens, l'incompatibilité de la naturalisation
française et du maintien de la jqualité de
musulmans a été démontrée avec force argu-
ments tirés des textes sacrés et a été sanc-
tionnée par des « ietouas » émanant de diffé-
rents corps religieux du monde musulman ;
« Vu que le gouvernement français lui-
même, en créant des cimetières spéciaux pour
Musulmans français, a reconnu officiellement,
de ce fait, notre mise hors la religion par
la naturalisation ;
« Vu que, dans ces conditions, il nous est
impossible, à nous et à nos descendants, qui
n avons pas abjuré la foi de nos ancêtres,
de demeurer, d'une part, sous le coup de
l'excommunication et de l'anathème du monde
musulman, d'autre part, sous celui de la répro-
bation des « Français d'origine » qui nous
condamnent, en vérité, pour notre attachement
à nos convictions religieuses, dont le gouver-
nement de la République française avait ex-
pressément promis à l'Islam le respect le plus
absolu ;
« Vu que la violation de nos prérogatives
religieuses, de nos traditions, de nos us et
coutumes, ont eu pour résultat de faire éclater
la discorde entre tous nos coreligionnaires et
nous, dans la pratique de nos devoirs religieux
et à propos de toute cérémonie civile, ayant,
en pays d'Islam, un caractère religieux — tels
que : la naissance, le mariage, le décès —
de provoquer des dissensions violentes au sein
de nos familles pour des divergences de vue
découlant nécessairement de cet état de fait,
enfin de consacrer notre humiliation injuste,
notre diminution morale, notre honnissement
par la naturalisation, dans la société tunisienne
RUaetton & Administration :
1, Rue de la Bourse
PARIS (Z")
TÉL. t RICHELIEU 73-06
(2 lignes groupées)
3811 ANNEE. - No 5. - .- - r MARDI :( 13 h. 30) 19 JANVIER 1937,
3.. ANNEE. - N.o 5.r.. MA»l JI3 h. 30) 19 JAN.VIEI.19J7..
Les Annales Coloniales
Fondateur s Marcel RUEDEL Directeur f Raoul MONMARSON
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Un AU 6 Mois 3 Mois
France et
colonies 180 100. 50 »
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Le Numéro : 30 centimes
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tous les bureaux de poste.
Les Allemands au Maroc
A la fin de la semaine dernière les jour-
naux ont annoncé un débarquement impor-
tant de troupes allemandes au Maroc espa-
gnol. Ils ajoutaient que le Reich entrepre-
nait à Ceuta des travaux de fortification
dont l'objet était de neutraliser Gibraltar
qui n'en est qu'à 30 kilomètres. Ainsi grâce
à l'artillerie à longue portée la place forte
dont la possession séculaire assure à l'An-
gleterre la maîtrise des colonnes d'Hercule
serait mise en échec.
Ces nouvelles après enquête se sont trou-
vées totalement fausses au moins considéra-
blement exagérées. A vrai dire, il n'en était
guère besoin pour se rendre compte qu'el-
les l'étaient.
La politique allemande commet, sans au-
cun doute, des erreurs de psychologie, mais
ceux qui la dirigent ne sont pas assez dé-
pourvus de jugement pour se livrer à des
actes aussi inopportuns que ceux qui con-
sisteraient à violer des conventions interna-
tionales dont le respect est une des règles
fondamentales de la diplomatie britanni-
que. Dresser Ceuta contre Gibraltar au mo-
ment où Berlin essaye de détacher Londres
de Paris aurait été une faute insigne. Hitler
et ses amis pour si impulsifs qu'on les sup-
pose n'en sont pas capables. L'Allemagne,
à l'heure présente, s'attache par mille
moyens, qu'il serait trop long d'exposer
ici, de gagner la confiance de l'Angleterre
et elle aurait risqué de compromettre par
une imprudence qui aurait été un défi, une
œuvre délicate mais qu'elle espère malgré
tout mener à bien. Non, cela n'est pas pos-
sible. Et ceux qui ont lancé ces informa-
tions sensationnelles n'ont pas réfléchi à ce
qu'elles avaient d'invraisemblable.
- Mais si sous cette forme les nouvelles
dont il s'agit ne sont pas exactes, il ne fau-
drait pas nier cependant l'action allemande
au Maroc.
M. Gaston Martin, qui fit en 1934 et ep
1935, alors qu'il était député, deux voyages
d'étude au Maroc, nous rappelle qu'il avait
alors signalé l'action persistante, organisée,
systématique, qu'y poursuivait l'Allemagne.
Dans un rapport circonstancié il en avait
montré les différents aspects et les dangers.
Cette action, écrit-il, était menée de con-
cert par les généraux espagnols, factieux
de la veille, envoyés très imprudemment à
Ceuta et à Larache, la propagande alle-
mande et le mouvement jeune nationaliste
et parnslamique des jeunes Marocains. Un
commandant de région militaire déclarait au
jeune député : « Grâce aux Espagnols, les
Allemands sont en train de regagner rapi-
dement la situation qu'ils avaient ici au
temps des frères Mannesmann. Il De retour
en France, M. Gaston Martin remit son rap-
port à un directeur du Quai d'Orsay et il
n'en entendit plus parler.
L'enquête de M. Gaston Martin avait por-
té sur le Maroc français. Un collaborateur
du Times vient d'en faire une sur le Maroc
espagnol. Elle n'est pas moins intéressante.
Il écrit : « L'exploitation économique de la
zone espagnole, au bénéfice de l'Allema-
gne, a déjà atteint des proportions substan-
tielles et vraisemblablement elle augmente-
ra plutôt qu'elle ne diminuera. L'interven-
tion administrative n'est pas encore directe
mais elle est entrée dans une phase inquié-
tante ; propagande active parmi les Arabes
et recrutement d'une milice arabo-fasciste ».
L'organisation militaire activement pous-
sée, et déjà très avancée à certains égards,
ne permet pas de croire à l'imminence d'une
offensive. Il s'agit, semble-t-il, en effet
d'assurer pour le moment aux insurgés une
base d'opérations en Espagne plutôt qu'à
en faire une position de départ pour d'au-
tres aventures. Mais on a commencé à pren-
dre des dispositions pour loger une force
étrangère de 20.000 hommes et même plus.
Les travaux de Ceuta n'ont pas atteint le
degré que l'on - a -- dit - mais ils - sont amorcés.
En outre, à Melilla, au cap de l'Eau, et
aux îles Chaff arines, le journaliste
anglais a remarqué des signes d'une
activité mystérieuse, des travaux de défense
des côtes et l'organisation dans les îles de
bases pour les sous-marins. Et il ajoute :
« Tous les renseignements s'accordent à re-
présenter Melilla comme une base navale
allemande. Ses aérodromes, ses stations
d'hydravions sont occupés par un person-
nel technique allemand et fréquentés par
des Junkers et des Dorniers. Presque tout
le personnel espagnol a disparu. a
Tétouan est une base aérienne où les Al-
lemands dominent. Près de Melilla, ils
construisent un abri pour hydravions à
l'épreuve des bombes.
Quant à l'activité économique, elle est
mieux connue et le Times ne nous apporte
pas, sur ce sujet, de véritables révélations.
La part, qu'au Rif, les Allemands ont dans
l'exploitation des mines de fer, de cuivre,
tb plomb ne date pas d'aujourd'hui. Mais
notre enquêteur a été frappé par le nombre
considérable de navires allemands qui fré-
quentent les ports - de la zone espagnole.
- Le journaliste anglais insiste sur une au-
tre forme de l'activité allemande que le pu-
blic connaît moins et qui constitue, dit-il,
selon lui, un gros danger pour les Français
au Maroc. Les Allemands essaient par tous
les moyens de se présenter aux indigènes
comme leurs protecteurs. L'antisémitisme na-
zi agit efficacement sur les Arabes. Hitler
qui combat les Juifs est présenté comme leur
champion. Son portrait figure en frontispice
d'une traduction, arabe de Mein Kampf,
traduction fort répandue et lue avidement.
Enfin l'Allemagne a pris l'initiative d'or-
ganiser pour les pèlerins arabes une visite
aux Lieux Saints de l'Islam. Le 25 janvier
doit partir de Ceuta à destination de la
Mecque, un vapeur de 10.000 tonnes d'ori-
gine allemande, mais baptisé El Moghreb el
Agsa, et battant pavillon chérifien. Ce pa-
quebot est des plus confortables. C'est un
don du général - Franco aux Musulmans.
Ainsi en conclusion on peut dire qu'il
n'y a pas, pour l'instant, de force allemande
organisée au Maroc espagnol, mais l'en-
quête du collaborateur du Times nous mon-
tre une action pacifique, à allure innocente,
mais qui n'en est pas moins dangereuse.
M. Hitler a déclaré à notre ambassadeur
à Berlin que l'Allemagne n'avait aucune vue
politique sur le Maroc espagnol. On peut
l'en croire. Mais rexpérience nous apprend
qu'il n'est pas nécessaire à un Etat puissant
qui veut dominer un pays d'y faire flotter
son drapeau.
Henry Fontanier.
Ancien député,
Agrégé de l'Universite
AUDIENCES
A LA PRESIDENCE DU CONSEIL
M. Maurice Viollette, ministre d'Etat, a
reçu samedi le bureau du comité d'organisation
des Nord-Africains de Paris, formé de MM.
BalJoul, agrégé de l'Université, président ;
Aouam, vice-président ; Damardji, secrétaire
général, et Issoulu, trésorier.
Cette délégation est venue affirmer son atta-
chement à la France républicaine, exprimer
au ministre ses remerciements pour le projet de
loi relatif à J'accession d'indigènes algériens à
la citoyenneté française, qui vient d'être dé-
posé devant le Parlement, et pour l'assurer de
sa confiance dans le succès de la politique al-
gérienne entreprise par le gouvernement.
—————————— —————————
Prélèvement sur les traitements
des fonctionnaires coloniaux
Le prélêvement exercé en application du dé-
cret du 7 juillet 1936 sur les traitements, soldes,
salaires et rémunérations alloués aux personnels
des colonies, pays de protectorat et territoires
sous mandat relevant du ministère des Colonies,
ainsi que des collectivités secondaires des colo-
nies telles que provinces, circonscriptions, com-
munes, offices et autres qui y sont rattachés,
des établissements publics, des entreprises con-
cessionnaires ou subventionnées assurant un ser-
vice public, est réduit comme suit : un tiers
à compter du 1er janvier 1937 ; deux tiers à
compter du Ier juillet 1937 ; suppression à
compter du Ier janvier 1938.
■ <
MISSIONS
M. Jacques Fousset, Gouverneur en re-
traite, est chargé de mission pour exercer les
fonctions de rapporteur auprès de la Com-
mission chargée d'enquêter sur « les respon-
sabilités encourues au cours d'événements
survenus dans l'Inde, à la Guadeloupe et
à Kouang-Tchéou-Wan. »
Le montant des dépenses de la mission de
M. Fousset sera imputable par moitié aux
budgets locaux de la Guadeloupe et des Eta-
blissements de l'Inde.
Visite en leurs Etats
EN A.E.F.
Le Gouverneur généra! Reste a quitté, le
13 janvier, Brazzaville, pour entreprendre une
tournée d'inspection dans la colonie. M. Reste,
qui est accompagné de son secrétaire et du
chef du cabinet militaire, se rend à Mindouli
et à M'Vouti. De là, il gagnera vraisembla-
blement Pointe-Noire, en chemin de fer, puis
reviendra vers Dolisie et Sibiti. De Sibiti, le
Gouverneur général gagnera, par la piste, Fran-
ceville et Ouesso, sur la rivière Sangha ; puis
il rejoindra, sans doute, Bangui, par la grande
route nord-sud, en passant par Berbérati. A
Bangui, M. Reste assistera à la foire commer-
ciale dans le chef-lieu de l'Oubangui, puis il
reviendra à Brazzaville, avant d'entreprendre
une autre tournée d'inspection, en avion, cette
fois, dans la région du Tchad.
> M*M- <- —————————
A l'Ecole nationale
de la France d'outre-mer
Le fonctionnement de l'école coloniale est
modifié ainsi qu'il suit :
« il est créé une commission de l'enseigne-
ment composée du président et du vice-pré-
sident du conseil d'administration, du directeur,
de trois membres du conseil de perfectionne-
ment et de trois professeurs ou chargés de cours
de l'école, désignés par le ministre. Cette
commission est chargée des fonctions dévolues
par l'arrêté du 30 janvier 1899 et les autres
modifications subséquents à la sous-commission
de l'instruction. Le président du conseil d'ad-
ministration préside la commission. »
BUDGETS
DE L'ECOLE NATIONALE
DE LA FRANCE D'OUTRE-MER
Le budget de l'Ecole national de la
France d'outre-mer, pour 1937, s'élève à
730.635 francs, sur lesquels la participation de
l'Etat se chiffre à 660.000 francs et les sub-
ventions pour la création de cours à 29.800 fr.
D'Alexandrette
à la Mer Noire
VlD de l'affaire du Sand-
jak ? Actuellement la
Société des Nations
s'en est saisie et a dé-
signé une commission
composée de neutres
en vue d'enquêter sur
place, pour qu'une so-
lution raisonnable soit
acceptée finalement par
les intéressés.
Au fond, il n'est
nullement question d'irrédentisme tuic ; il s'agit
simplement d'affirmer et de reconnaître par un
modus vivendi approprié les droits d'une mino-
rité étrangère dont la compacité de population
n'est pas douteuse.
On compte, en effet, dans le pays d'Alexan-
drette, pour un total de 200.000 habitants, 80
à 85.000 Turcs, 60 à 65.000 Arabes et 25.000
Arméniens.
Il apparaît nécessaire, bien que ce soit un peu
tardivement, de faire une part plus large à cette
agglomération turque dans la Fédération syrien-
ne suivant la politique de protection déjà suivie
à l'égard des Druses et des Alaouites.
La sauvegarde des minorités est, du reste, dans
la tradition française, dût-il s'ensuivre un certain
relachement des liens qui unissent Alexandrette
à Damas.
La France, mandataire en ces lieux, à vrai dire,
depuis François Ier, verrait avec regret se refroi-
dir l'amitié séculaire qu'elle entretient avec la
Turquie et que la convention de Montreux à pu
ranimer.
Elle espère qu'en échange des droits de souve-
raineté attribués à la république kémaliste sur les
fameux Détroits, elle pourra l'attirer dans une
adhésion formelle à la politique de sécurité col-
lective.
Si l'on se place à un point de vue plus spécia-
lement colonial, une remarque paraît s'imposer :
elle a trait à cet antagonisme, méconnu de beau-
coup, qui oppose les races turque et arabe.
A travers les incidents survenus, on peut dis-
cerner que le panislamisme a ses fissures et que
même la communauté d'idées religieuses établies
dans une même région subtropicale tend à dispa-
raître devant l'exacerbation de particularismes
ethniques.
J. Luquot,
Député de la Gironde,
Membre de la Commission
de la marine marchande.
————————— ) — ( —————————
La liberté de la presse
pour loules les colonies
La Commission parlementaire des Colo-
nies, présidée par M. Nouelle, vient de pren-
dre une initiative intéressante qui, depuis
longtemps, s'imposait : proposer l'applica-
tion du même régime de la presse pour la
France d'Outre-Mer que pour la Métropole.
Chargée d'examiner un projet de loi ren-
dant applicables à la Guadeloupe, à la Mar-
tinique et à la Réunion les deux lois du
4 juillet 1908 concernant la presse, la Com-
mission rend un avis favorable, mais pose
les deux questions suivantes :
« Pourquoi le texte gouvernemental ne
vise-t-il que ces trois colonies, et pourquoi
seulement les deux lois du 4 juillet 1908 ? »
Car, sur le premier point, si le Gouverne-
ment estime que, pour l'application aux
colonies autres que les trois sus-nommées, il
a la faculté de procéder par voie de décret,
en vertu du senatus-consulte du 3 mai 1854,
il y a erreur certaine, car « l'Exécutif per-
dant tout droit de légiférer aux colonies, dès
que le Pouvoir législatif a statué », le sena-
tus-consulte devient alors caduc, et les dé-
crets seraient illégaux, comme en certain cas
une jurisprudence constante l'a constaté.
Sur le second point, la Commission cons-
tate que les lois du 4 juillet 1908 ne sont pas
les seules dont l'omission soit à réparer, car,
depuis la loi du 29 juillet 18S1, applicable
aux colonies, il n'y a pas mains de douze au-
tres lois qui soient venues la modifier, et qui
n'ont pas été étendues aux colonies, ou ne
l'ont été que dans certaines d'entre elles, et
sous une forme inconstitutionnelle.
La Commission conclue « qu'il n'existe ait-
cune raison pour laisser subsister, entre les
deux régimes de la presse, le métropolitain
et le colonial, des différences que le législa-
teur dit 29 juillet 1881 n'a pas voulues et qui
ne sont dites, ait reste, qu'à des omissions
involontaires que les. circonstances expli-
quent plutôt qu'elles ne justifient ». Et, dans
l'intention de réaliser « l'unité de législation
entre la métropole et les colonies, pour la
liberté de la presse n, la Commission amende
le projet de loi du Gouvernement et propose
de rendre applicables à l'ensemble des colo-
nies, en bloc, toutes les lions qui ont modifié
celle du 29 juillet 1881 sur la liberté de la
presse.
A
Cette initiative, si elle est suivie par les
Chambres, sera accueillie avec satisfaction
par tous les coloniaux. Il est souhaitable que
des mesures de généralisation analogues, no-
tamment pour l'application de la justice,
soient étendues à toutes les colonies, car il
est inadmissible que les Français qui vivent
ou vont s'installer outre-mer soient soumis
à des régimes d'exception et ne jouissent pas
de l'intégralité des droits et des garanties
qu'ils ont dans la Métropole.
I
L'Angleterre fortifierait
la Palestine
La presse arabe dit Caire publie une nou-
elle de Jérusalem précisant que le général
en chef des forces britanniques a été chargé
de mettre en état de défense la Palestine et
que le Quartier général de l'armée anglaise
d'Orient sera à bref délai transféré dit Caire
à Jérusalem.
La presse en conclut que l'Angleterre en-
tend fortifier la Palestine comme l'Irak pour
s'assurer la maîtrise des routes terrestres et
aériennes des Indes en toutes circonstances.
On projet de colonisation
jnlve dans nos colonies
D'après le Petit Parisien (16-1-37), des
conversations ont eu lieu récemment au mi-
nistère des Colonies entre les hauts fonction-
naires de ce ministère et des représentants de
divers groupements juifs à propos d'un projet
d'établissement d'israélites dans nos colonies.
Ce même journal publie une interview de
M. Marins Moutet. Le ministre des Colonies
Se déclare partisan de ce projet — pour la
réalisation duquel des enquêtes sont en cours
— autant que l'on se trouve devant des or-
ganisations sérieuses disposant de capitaux
suffisants. Il voit des possibilités de réalisa-
tion à Madagascar, en Nouvelle-Calédonie et
même en Guyane.
M. Marins Moutet a dit notamment :
« J'ai prié le directeur des affaires politi-
ques du ministère, M. Gaston Joseph, et un
membre de mon cabinet, M. Bouteille, de sui-
vre de très près la question et de réunir la
documentation dont les enquêteurs pourraient
avoir besoin.
Il est possible également que, le cas
échéant, une aide financière puisse être ac-
cordée à une telle tentative, mais une pareille
aide ne pourrait être envisagée qu'au cas où
nous aurions devant nous 1A organisme sé-
rieux.
Je serai très heureux si, d'un côté, j'ai pu
faire œuvre utile de colonisation et si. de
l'autre, j'ai pu venir en aide à tant de per-
sonnes dont je connais la misère imméritée
et qui sont victimes des passions politiques
ou religieuses et des préjugés de race. »
——————————— ) ———————————
La situation marocaine
Il faut de nouveau ouvrir au commerce
la frontière du Riff
Les événements du Maroc espagnol sem-
blent maintenant devoir être considérés com-
me dit passé. Les informations qui nous vien.
tient de cette région si névralgique sont opti-
mistes, rassurantes. autant qu'il soit possi.
ble d'être pleinement rassuré.
Cependant, avant de clore cette rubrique
sur la détente qui s'affirme, il paraît oppor-
tun de rappeler qu'à la suite d'un incident
regrettable, nous avons fermé au commerce
la frontière du Riff. Ainsi, pour marquer no-
tre mécontentement aux autorités rebelles,
nous avons pris une mesure qui est pour elles
platonique, mais porte un tort considérable à
nos tribus frontalières. Celles-ci sont ainsi
frustrées d'un débouché commercial de l'or-
dre de 50 millions par an.
Puisque détente il y a, ne serait-il pas
indiqué de rapporter cette inopérante mesure
et clarifier aussi définitivement la situation?
——————————————— ) -
A la Résidence générale
du Maroc
Nous avions annoncé que le général No-
guès devait venir en France à la fin de la
semaine dernière. Son voyage est retardé mais
le Résident général n'en compte pas moins-
venir à Paris dans le courant de ce mois,
afin de présenter le budget du protectorat
aux ministères intéressés et de renseigner
le Gouvernement français sur l'aspect de la
question des infiltrations allemandes en sone
espagnole.
Avant de s'embarquer pour la France, le
général Noguès se propose de réunir à Rabat
le Comité de Défense Economique, afin de
mettre ait point les projets relatifs aux Ban-
ques populaires, à l'organisation de l'Office
du tourisme" un statut de l'Office chérifien
d'exportation et de l'artisanat indigène.
-—————————————— ) ..- (
LE STATUT DU SANDJAK
D'ALEXANDRETTE
C'est demain que se réunira la session du
Conseil de la S. D. N.. M. Yvon Delbos et
non M. Viénot représentera la France; M. Rus-
tu Aras est maintenu à Genève, mais avant
son départ, le gouvernement turc a longue-
ment délibéré.
Le président du Conseil, le ministre des
Affaires étrangères et le ministre de l'Intérieur
de Turquie ont eu, à Stamboul, où réside
actuellement M. Kemal Atatirk, de longs
entretiens au cours des journées du 14 et du
15 janvier, - avec le chef de l'Etat.
Ils auraient étudié du point de vue général
l'état des relations franco-turques, examiné les
différents aspects présentés jusqu'ici par la
question du sandjak d'Alexandrette, et envi-
sagé les solutions à donner à la controverse,
notamment celle qui consisterait à organiser une
confédération comprenant la Syrie et le sandjak,
L'idée d'une confédération Syrie-Sandjak,
non compris le Liban, prévaut actuellement
dans les milieux politiques d'Ankara et cons-
titue le point essentiel de la proposition turque
de règlement du différend franco-turc.
D'autre part, on annonce que le gouverne-
ment turc a décidé de faire construire près
d'Adana, frontière syrienne, un aérodrome
moderne.
A Paris, M. Viénot a exposé à la commis-
sion des Affaires étrangères du Sénat, l'état
des négociations. Nous donnons par ailleurs le
compte rendu de cette audition.
Enfin, les observateurs de la S. D. N. pour-
suivent toujours leur enquête. Ils se sont ar-
rêtés dans plusieurs villages allaouites où ils
ont recueilli les avis des notables.
Ces villes ont manifesté unanimement des
sentiments de reconnaissance à l'égard de la
puissance mandataitie.
Emeutes el Troubles
En Tunisie
Une grève vient d'éclater aux mines de
Djcbel-Djerissa et aux établissements Morel
et Livet.
La colonisation en péril
en Côte d'Ivoire -
L'éternel problème de la main-d'œuvre
Nous n'avons jamais manqué de signaler
ici les difficultés que connaissent nos plan-
teurs de la Côte d'Ivoire (et d'ailleurs).
Ce furent celles de la crise ; ce sont celles
que créent des mesures malheureuses qui en-
travent non seulement leur activité mais, ce
qui est plus grave, mettent en péril la con-
tinuité même de leur présence à la colonie.
Une nouveau gouverneur vient d'arriver :
M. Mondôn. A l'occasion de la réception or-
ganisée en son honneur M. Jean Bosc, prési-
dent de la Chambre de commerce et d agri-
culture a exposé aussi la situation des co-
llons
Je ne sais pas, M. le Gouverneur, si on
vous a dit déjà que vous alliez trouver une
colonie en plein essor, mais aussi avec une
menace formidable suspendue au-dessus de
la tête : l'arrêt de la vie agricole et fores-
tière par suite du manque total de main-
d'œuvre.
En tout cas, même si vous en êtes informé,
vous ne pouvez vous douter exactement du
tragique danger qui est là à nos portes.
Mon rôle est de vous en faire part, en
tant que représentant élu des planteurs et
forestiers.
-- -----,-_!_- ,
La Côte d'Ivoire a une population de 4 mu-
lions d'âmes qui paie l'impôt, or, aujour-
d'hui, il n'est pas possible de trouver 10.000
hommes pour assurer l'exploitation ration-
nelle des plantations et des chantiers fores-
tiers.
Je veux bien qu'il y ait actuellement en-
viron 8.000 hommes employés sans contrat,
mais tout de même, il parait effarant d'en-
tendre dire qu'une population de 4 millions
d'habitants ne peut fournir 18.000 manœu-
vres pour les travaux de la terre et du bois,
les seuls d'ailleurs pour lesquels un nombre
de bras important est nécessaire.
La récolte du cacao et du café bat son
plein, celle des bananes dure toute l'année,
or, ces derniers temps un grand nombre de
planteurs se sont vus contraints de laisser
tomber sur le sol leur production en état
d'être récoltée, par suite du manque de
bras.
Des planteurs ont porté leurs doléances
devant le commandant de cercle, en le sup-
pliant de leur donner des hommes durant le
temps de la récolte. Je n'ai pas entendu dire
qu'un seul ait obtenu satisfaction.
Et cependant, M. le Gouverneur, ce sont
des millions de francs qui sont à terre, c'en
est d'autres qui tomberont demain, si vous
n'intervenez pas de façon pressante auprès
des administrateurs de cercles pour mettre
fin à une situation qui causera la ruine des
planteurs et sera un désastre pour la colonie
elle-même.
Et cette intervention ne doit pas être faite
demain, M. le Gouverneur, c'est aujourd'hui
que les colons vous demandent de les sauver,
demain, il sera trop tard.
Aussi, dans la colonie que nous étions habi-
tués à considérer comme la plus prospère de
notre côte d'Afrique, celle de la grande réus-
site de M. Reste, la situation est devenue si
grave que M. Jean Bosc n'hésite pas à dire
au Gouverneur qui débarque, après son ex-
posé :
Auparavant, M. le Gouverneur, je vous
demanderai de vouloir bien penser qu'il y
a en Côte d'Ivoire, quelques centaines de
planteurs et de forestiers qui ont aujourd'hui
les yeux fixés sur Abidjan, et que ces colons
attendent avec une impatience fébrile la ré-
ponse que vous me ferez, car, celle-ci leur
apportera la vie ou la mort, et je n'ai pas
à vous cacher que le désespoir des gens peut
être terrible.
Certes, la politique du « paysan noir Il est
très belle, très souhaitable et nous savons que
le gouvernement s'y attache particulièrement,
cependant va-t-on pour cela abandonner pu-
rement et simplement les colons blancs, base
essentielle de notre colonisation, sous pré-
texte de laisser le noir cultiver le champ.
qu'il n'a d'ailleurs pas encore beaucoup dé-
broussé !
Nous ne rappellerons jamais assez que la
colonisation blanche est vitale pour assurer
notre pérennité en Afrique ; sans main-d'œu-
vre elle ne peut subsister. Va-t-on en lui re-
fusant cet élémentaire soutien, si facile à don-
ner, la laisser disparaître ?
Cette situation n'est pas particulière à la
Côte d'Ivoire. Le Cameroun, l'A.E.F. ont
déjà fait entendre de semblables cris d'alar-
me. Il faut les faire entendre, à Paris, et,
sans plus tarder organiser le marché de la
main-d'œuvre.
Il faut sauver notre colonisation.
Devant les revendications
coloniales allemandes
L'opinion de M. Marius Moutet
V iendra-t-il, ne viendra-t-il pas ? Telle est
la question que se pose la presse ait sujet du
projet de voyage à Paris dit Dr Schacht. De
plus en plus l'impression se confirme que sa
venue, qui se fera probablement après Le dis-
cours si attendu du 30, soulèvera officielle-
ment. à l'occasion des négociations économi-
ques, la question coloniale.
¿ Plus que jamais Berlin s'occuperait de cette
question. M. von Hepp, stadtlzalter de Ba-
vière, personnalité coloniale nazie de premier
plan, n'a-t-il pas récemment déclaré. au
cours d'une conférence, que cette année serait
créé en Allemagne un ministère des Colo-
iiiesf Il en serait le ministre et ses futurs
collaborateurs seraient actuellement au Ma-
roc espagnol.
En bref la question de la redistribution des
colonies serait sur le point d'entrer dans sa
phase finale.
Que sera-t-elle ?
m
• •
Nous avons, quant à cette éventualité. de-
puis longtemps fixé notre position. Pour la
seconde fois M. Marins Moutet vient de fixer
la sienne. Son opinion sur cette question nous
est rapportée par M. Marcel Hutin dans
l'Echo de Paris (15-1-37).
M. Marius Moutet considère que les reven-
dications coloniales allemandes ne sont pas
l'expression d'un vœu de la nation mais uni-
quement une orientation politique donnée par
les gouvernants nazis et tendant à faire pres-
sion sur l'Angleterre pour détacher celle-ci
de la France.
Or, il ne croit pas que la question colo.
niale soit une des pensées à laquelle l'Alle-
magne, même celle du fiihrer Hitler, tienne
fondamentalement.
Elle s'en sert pour son jeu politique et ses
revendications apparaissent ou disparaissent
selon les besoins de sa. politique générale,
surtout européemze.
Il est bien entendu, dit M. Marius Moutet,
que l'Allemagne a besoin de matières premiè-
res, encore qu'elle puisse sans devise s'en
procurer déjà beaucoup tant en Afrique qu'en
Asie, par le système des échanges. Ce sys-
tème, étendu et régularisé par des traités de
commerce, peut lui procurer toutes les den-
rées dont elle a besoin et ainsi tomberait le
prétexte d'une redistribution coloniale.
Puis, fixant la position de la France, le
ministre des Colonies conclut ainsi :
« Nous ne pouvons pas envisager un rema-
niement politique du point de vue colonial.
Et cela pour beaucoup de raisons, dont la
principale tient aux vœux des populations.
Nous avons montré, avec la Syrie. comment
à certains moments nous pouvons concevoir
notre attitude à l'égard des mandats.
« Mais sur le terrain économique, je désire.
rais la collaboration économique avec une
Allemagne décidée à rentrer dans le jeu pa-
cifique ; elle est sûre de trouver toujours
quelqu'un avec qui parler, en toute franchise,
dans le désir d'aboutir à un accord général.
« Cela ne dépend pas de nous, cela dépend
d'elle. »
Les coloniaux ne peuvent que le remercier.
e*
Nous disons Les coloniaux car nous ne
sommes pas sans inquiétudes quant à certai.
lies incompréhensions métropolitaines, aux
tendances de certains milieux qui ne réali-
sent pas « ce que l'Empire est pour la Fran-
ce », sa condition même d'existence en tant
que grande nation.
Parce que mal informé, le « Français
moyen » accepterait « pour avoir la paix n
(qu'il croit) la rétrocession des ex-colonies
allemandes.
Des articles, comme celui publié récem-
ment dans la Flèche, par M. Bergery, inquiè-
tent, jettent le désarroi dans l'opinion publi-
que. Or si nous devons nous féliciter de ce
que les revendications allemandes ne soient
pas un vœu national nous devons craindre,
en France, notre opinion dhisée, la non-
compréhension, pour certains, de la valeur et
de l'utilité réelles de nos colonies.
Le danger intérieur peut être plus grand
que celui de l'extérieur, aussi faut-il, sans
plus tarder, eduquer la masse, créer l'unité
de front, propager l'idée coloniale.
C'est aussi la condition première de l'œu-
vre constructive à entreprendre. Notre Em-
Pire n'est qu'échafaudé; un jour, il faudra
bien le construire.
Religion et nationalité
par Arthur PeUegrin.
Les Musulmans français de Tunisie, à la suite
d'une assemblée générale de leur ligue, qui
eut lieu 3 Tunis le 27 décembre, viennent
d'adresser au président de la République fran-
çaise et à Son Altesse !e Bey de Tunis une let-
tre demandant leur réintégration dans la nationa-
lité tunisienne, pour redevenir musulmans, di-
sent-ils.
Voici les principaux passages de cette lettre,
dont la publication dans le journal du Destour,
VAction Tunisienne du 2 janvier, a fait sen-
sation dans les milieux musulmans et français :
« Vu que les Musulmans tunisiens naturalisés
français, en optant pour la nationalité française
pour des raisons d'ordre moral ou matériel, n'ont
jamais voulu renoncer pour cela à leur qualité
de musulmans, même par l'abandon de leur
satut personnel ;
« Vu que, depuis 1931, lorsqu' à été posée
avec acuité la question de l'inhumation des
Musulmans français décédés et celle de nos
rapports religieux avec nos coreligionnaires tuni-
siens, l'incompatibilité de la naturalisation
française et du maintien de la jqualité de
musulmans a été démontrée avec force argu-
ments tirés des textes sacrés et a été sanc-
tionnée par des « ietouas » émanant de diffé-
rents corps religieux du monde musulman ;
« Vu que le gouvernement français lui-
même, en créant des cimetières spéciaux pour
Musulmans français, a reconnu officiellement,
de ce fait, notre mise hors la religion par
la naturalisation ;
« Vu que, dans ces conditions, il nous est
impossible, à nous et à nos descendants, qui
n avons pas abjuré la foi de nos ancêtres,
de demeurer, d'une part, sous le coup de
l'excommunication et de l'anathème du monde
musulman, d'autre part, sous celui de la répro-
bation des « Français d'origine » qui nous
condamnent, en vérité, pour notre attachement
à nos convictions religieuses, dont le gouver-
nement de la République française avait ex-
pressément promis à l'Islam le respect le plus
absolu ;
« Vu que la violation de nos prérogatives
religieuses, de nos traditions, de nos us et
coutumes, ont eu pour résultat de faire éclater
la discorde entre tous nos coreligionnaires et
nous, dans la pratique de nos devoirs religieux
et à propos de toute cérémonie civile, ayant,
en pays d'Islam, un caractère religieux — tels
que : la naissance, le mariage, le décès —
de provoquer des dissensions violentes au sein
de nos familles pour des divergences de vue
découlant nécessairement de cet état de fait,
enfin de consacrer notre humiliation injuste,
notre diminution morale, notre honnissement
par la naturalisation, dans la société tunisienne
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