Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-01-15
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11726 Nombre total de vues : 11726
Description : 15 janvier 1937 15 janvier 1937
Description : 1937/01/15 (A38,N4). 1937/01/15 (A38,N4).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265460j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
JOURNAL SEMI-QUOTIDIEN
Ridactio* & Administration :
1*8*» 4» la Benne
PARIS (2e)
ftL. 1 RICHELIEU 7M«
(2 Jipa poaptea)
38e ANNEE. — N° 4.
VENDREDI (13 h. 30) 15 JANVIER 1937 ':
Les Annales Coloniales
Fondateur i Marcel RUEDEL
Directeur î Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec la Revue illustrée:
Un an 6 Mois 3 Mois
France et
Colonies 180» 100 » Me
Etranger.. 240 » 125 » 70 »
Le Numéro : 30 centime*
On s'abonne sans trais dans
tous les bureaux de poste.
, La langue véhicule"
Si j'écris que la question de -la a langue
véhicule » dépasse et de beaucoup ie do-
maine des problèmes scolaires, pédagogiques,
littéraires et artistiques, personne ne me
contredira.
Ve quoi s'agit-il ? Et d'abord, qu'on
m'excuse d'employer cette expression : lan-
gue véhicule. J'y suis bien obligé, encore
que j'aimerais mieux cent fois autre chose.
Mais - la - vieille querelle qui renaît d'une fa-
çon constante dans l'Annam et au Tonkin
se poursuit toujours sous cette enseigne iné-
légante et classique, pour ainsi parler. Peut-
on, doit-on imposer la langue française com-
me « langue véhicule » de l'enseignement
dans notre Indochine ?
Les uns disent oui, les autres non. Contre
les premiers se dresse, entre autres adversai-
res décidés, résolus, l'auteur d'un ouvrage
annoncé par notre confrère La Patrie Anna-
mite et qui porte ce titre : « L'Annam de
demain ». La Patrie Annamite a publié les
bonnes pages de ce livre. C'est un assaut vi-
goureux véhément, contre les partisans de la
thèse de l'enseignement en français.
Je laisse volontairement de côté les argu-
ments que j'appellerais politiques, au bon
sens du mot ; d'autres les. appelleraient
d'ordre social, d'ordre national, je le veux
bien. Bornons-nous à ceux que je nomme-
rais : d'ordre pratique et budgétaire. A la
question ainsi posée : Doit-on faire du fran-
çais la langue véhicule de l'enseignement ?
je crois que l'auteur de « L'Annam de de-
main » est prêt à répondre : Sans aucun
doute, c'est l' idéal que nous rêvons de réa-
liser ; mais il ajoute immédiatement Xous
n'y arriverons qu'à la longue, ne nous trom-
pons pas nous-mêmes, nous n'y arriverons
pas aujourd'hui. I
Avant tout, bien poser le problème. Il ne
s'agit nullement d'enseigner « le petit nè-
gre ». Les Anglais ont un terme pittoresque
pour désigner le charabia que parlent cer-
tains Chinois et qui est une mixture où il est
impossible de retrouver quelque chose de la
langue de Shakespeare. Ne ressucitez pas,
conseille M. Le Breton, le temps des « je
l'tcole ».
Hélas ! dirais-je, il n'a que trop de ten-
dances à ressusciter. Passe encore quand il
n'y a en jeu que les objets nécessaires aux
besoins journaliers, ou le désir de retrouver
sa route, ou l'intérêt d'une conversation insi-
gnifiante, plaisante ou sévère. Mais quand
les « je l'école s se mêlent de politique trans-
cendantale, quand ils s'imaginent de bonne
foi être en avance sur leurs contemporains
parce qu'ils s'empêtrent dans un charabia
qui n'a de sens dans aucune langue, la chose
devient infiniment plus dangereuse. La Re-
vue. Franco-Annamite du 16 septembre a
cueilli cetfe perle dans un journal d'avant-
garde qui s'adressait aux jeunes hommes de
là-bas : « La gnoséologie marxiste se recom-
mande à la praxis du sujet connaissant ».
Pauvres types ! Ils font — sérieusement, je
l'espère et à la fois je le crains — ce que
faisaient, avec ironie, à l'époque de notre
vie d'étudiant, certains monteurs de scies
qui alignaient des phrases de ce genre ; « Il
y a dans ce livre des combinaisons dont les
soulèvements pourraient se sous-entendre
sans nuire à l'austérité des fonctions illu-
soires ». L'avantage, c'était qu'on pouvait
mettre cette mixture à toutes les sauces et
affirmer, par exemple : « Il y a, dans ce
tableau, dans ce monument dans ce potage,
dans cette boisson, des combinaisons, etc. »
Remarquez que c'est la même chose pour
ce bafouillage d'économie politique transcen-
dantale, et rien ne vous empêche de décla-
rer : « La gnoséologie du capitalisme se re-
commande à la praxis du sujet connaissant »:
c'est le même rythme et la même vérité.
Qui donc enseignera le français ? La ré-
ponse est simple : ou des Français, ou des
« Annamites qualifiés ». Où les prendre ?
Il y a trois degrés dans l'enseignement indi-
gène : le populaire ou primaire (le complé-
mentaire ou primaire supérieur est compris
dans celui-ci) ; le secondaire ; le supérieur.
Xous n'envisageons ici que le premier. Cer-
tes, les progrès que nous constatons dans
l'enseignement primaire ou populaire sont in-
déniables. Le nombre des écoles, le nombre
des enfants qui les fréquentent, s'ils nous
apparaissent comme fort insuffisants, nous
inspirent cependant quelque fierté, en pré-
sence de l'œuvre déjà accomplie. Il y a quel-
ques années, je signalais l'arrêté qui autori-
sait les communes du Tonkin, quand elles
n'avaient pas d'écoles officielles, à ouvrir
des écoles populaires à désigner les maîtres,
à fixer leur rémunération. Il en a été de
même pour l'Annam. En Cochinchine, l'obli-
gation scolaire 'est imposée aux communes,
dès qu'elles ont les ressources nécessaires,
aux parents et aux élèves.
Mais on a déjà assez de peine à recruter
des maîtres d'écoles primaires, officielles ou
non, qui aient les aptitudes indispensables.
Va-t-on « leur confier l'enseignement d'une
langue qu'ils ne possèdent pas dans toute la
correction et la finesse exigibles e ? Ce « bac-
calauréat local », qui est à peu près l'équi-
valent de notre brevet supérieur, on ne sau-
rait prétendre l'exiger de tous les instituteurs
de là-bas. Ni les budgets locaux, ni le bud-
get général ne permettent une ambition, lé-
gitime sans doute, mais, pour l'instant, ir-
réalisable.
Si nous descendons « d'un degré », comme
l'écrit M. Le Breton, si nous passons des
écoles normales aux établissements du pri-
maire supérieur, nous constatons que, pour
toute l'Indochine de langue annamite, An-
nam, Tonkin, Cochinchine, ils fabriquent par
an une soixantaine de diplômés. Or, com-
bien faudrait-il de milliers de normaliens, de
milliers de diplômés pour avoir, dans toutes
les communes, des maîtres capables d ensei-
gner décemment la langue véhicule ? Com-
bien faudrait-il bâtir d'écoles normales, com-
bien de nouveaux établissements d'enseigne-
ment supérieur ? Combien de millions de
piastres ? Où les trouver ? L'auteur de
l'étude indique, selon lui, où il faudrait
chercher. Je ne suis pas sûr qu'il prendrait
à son compte la formule évangélique ; Cher-
chez et vous trouverez, et vous trouverez as-
sez pour faire face à des dépenses dont vous
n'avez pas calculé le montant.
Nous voici ramenés de la haute mer des
idées générales et généreuses sur la terre
ferme tie la réalité : nous aurions pu y res-
ter plus longtemps encore, et non sans pro-
fit. L'histoire de l'enseignement en Indo-
chine offre ample matière à réflexions. Un
exemple : en 1917, on avait décidé que la
langue véhicule remplacerait le quoc ngu :
c'était, pensait-on, un des procédés qui per-
mettraient d'élever peu à peu l'indigène, dès
l'école, aux conceptions de la civilisation
française. Les résultats furent peu encoura-
geants. « Les classes se passent en exercices
purement formels où l'interposition d'un vo-
cabulaire vide de sens et la vaine sonorité
de mots étrangers empêchent toute prise de
contact véritable avec la substance des cho-
ses. L'usage exclusif du français dans les
classes du cycle primaire élevait un mur, ou
du moins un écran, entre les jeunes Indochi-
nois et la réalité vivante : il condamnait la
jeunesse indigène au plus vain des psitta-
cismes ». S'il ne l'avait condamné qu'à
cela ! Le psittacisme, qui conduit au cha-
rabia dont nous avons trouvé l'échantillon,
mène ceux qui le manient imprudemment à
des conceptions singulièrement dangereuses
et à des actes qui peuvent mettre la cité en
péril. Dès 1924, sur le rapport du directeur
de l'Instruction publique dont on vient de
lire un extrait, il a été arrêté que la langue
annamite, transcrite en lettres latines, serait
la seule employée dans les premiers cours du
cycle primaire.
- Qu'on n'aille pas me faire dire que c'est
la solution idéale, on me prêterait là une
sottise : il me suffit que ce soit la solution
nécessaire, imposée par l'état actuel des cho-
ses. Quand je songe aux efforts admirables
que la République a tentés pour organiser
dans la métropole l'enseignement obligatoire,
sans y être encore parvenue au gré de nos
rêves et de nos désirs, je ne suis pas tenté
d'adresser des reproches à ceux qui ont eu la
charge d'organiser notre enseignement aux
colonies et je suis plutôt porté à leur prodi-
guer plus d'éloges encore que ceux qu'on a
coutume de leur adresser.
Mario Roustan.
Sénateur de l'Ilérault, ancien ministre.
Vice-président de la Commission
des Colonies.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
Le président de la République a reçu mardi
après-midi l' ambassadeur des Etats-Unis
1 d'Amérique à Paris, retour de son voyage en
Afrique du Nord
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. François-Poncet, ambassadeur de France
à Berlin, arrivé à Paris mardi matin s'est rendu
aussitôt au Quai d'Orsay où il s'est longue-
ment entretenu avec M. Yvon Delbos sur les
relations franco-allemandes et particulièrement
sur les récents incidents marocains.
————————— ) ( —————————
Les exigences arabes
en Palestine
Dans une déclaration faite devant les mem-
bres de la commission royale d'enquête aux-
quels il a exposé la cause des arabes, le mufti
de Jérusalem a exigé l'abandon de la politi-
que qui tend à faire de la Palestine un
foyer national juif.. la cessation immédiate
et absolue de l'immigration israélite, et l'abo-
lition du mandat. ce dernier devant être rcm-
placé par un traité entre la Grande-Bretagne
et les Arabes.
A la Société des Nations
La prochaine session du Conseil de !a So-
ciété des Nations est toujours fixée au 21 jan-
vier.
A l'ordre du jour figure la question du Sand-
jak d'Alexandrette et la nomination d'un Co-
mité pour examiner le problème des matières
premières.
M. Anthony Eden représentera la Grande-
Bretagne et M. Vienot la France.
————————— ) (
A l'Ecole nationale]
de la France d'outre-mer
Par arrêté en date du 11 janvier ont été
nommés membres de la commission d'enseigne-
ment de l'Ecole nationale de la France d'outre-
mer :
M. Gourdon, directeur de l'agence économi-
que de l'Indochine, en remplacement de M.
Perreau, professeur à la faculté de droit, admis
à la retraite.
M. Regismanset, directeur de l'administra-
tion centrale du ministère des Colonies. en rem-
placement de M. Cabaton.
Vers le paysan noir
ous la signature Dori,
en peu de tnots, t.4
O. F., de Dakar
(19 décembre) a expo-
sé ses vues et ses dé-
sirs : le retour à la
terre. Relevons cette
heureuse plaidoirie.
Les idées en sont sai-
nes. Elles sont surtout
réalisables. Il nous plaît de leur faire écho. Ce
sont celles que nous prêchons, et non pas seu-
lement en matière colonisatrice, mais en matière
humaine, quelle que soit la couleur de la peau.
Nous ne savons plus vivre. Ou, plus exacte-
ment, nous avons faussé le fait même de vivre.
L'excès du perfectionnement matériel, avec ses
villes malsaines, ses machines, ses esclavages,
ronge le corps humain et impose à l'esprit
d'étranges directions que la saine et silencieuse
tranquillité des campagnes corrigerait et guéri-
rait rapidement.
Est-ce bien cela que notre confrère de Dakar
constate ? Il s'émeut de la condition misérable
de ses pairs, venus trop nombreux à la ville parce
qu'on n'a point songé à les maintenir à la terre.
L'A.O.F. veut faire du « paysan noir », et voici
ses propositions :
l' ¡'II champ de manioc de un hectare au
moins dans lequel devront être plantés vingt
arbres fruitiers (du pays ou autres), gouye,
soump, netté, new, sidème, dankh, man-
guiers, goyaviers, citronniers, etc.
2° Un champ de coton d'un hectare éga-
lement (le coton vient partout au Sénégal
malgré certains dires qui ne veulent l'oc-
troyer qu'aux rives des fleuves).
3° Le concessionnaire devra posséder en
oulrc S brebis ou chèvres et un âne par
« case » (c'est-à-dire pour chacune de ses
femmes, s'il en a plusieurs).
V Une habitation tracée régulièrement
(selon un modèle qui sera indiqué) au centre
de la concession et. formée par des cases
bien failes. bien aérées et d'au moins 4x4 mi-
tres ct. I m. 80 de hauteur : le sol des cases
devra être dur (terre battue ou ciment) enfin,
le pourtour de l'habitation ne devra pas être
cultivé sur un rayon de 25 mètres et devra
¡'ll'e propre.
Les concessions seraient octroyées, les condi-
tions d'installation fixées, les clauses d'exécution
surveillées par les commandants de cercle. Du-
rée : trois années à la suite desquelles la conces-
sion serait retirée, ou confirmée. Un encourage-
ment à la perfection serait accordé, sous la forme
de primes. En bref, on tenterait d'amener le noir
à la terre, à l'assainissement de la race par la
culture viyrière, l'arbre fruitier, le cheptel fami-
lial, et ainsi, conséquence inévitable, par le foyer
sain.
Nous avons été quelquefois combattu par nos
confrères de Dakar. Avec une susceptibilité, qui
est d'ailleurs tout à leur honneur, ils jugent nos
recherches de solutions heureuses comme dès
critiques à leur endroit, et plus souvent comme
des éclairs de haine. Parce que nous estimons
notre système éducatif imparfait, inadapté aux
enfants qu'il traite, parce qu'avant l'esprit nous
entendons fortifier, équilibrer le corps, unique
créateur de générations saines et fortes, parce
que nous déplorons la misère de citadins multi-
pliés à l'infini, et sans une éducation ou une in-
telligence suffisantes pour subsister à la ville, du-
rant que les campagnes ne portent pxs les fruits
qu'elles devraient porter, ne jouent pas le rôle
modérateur et bienfaisant qu elles devraient
jouer, nous avons été agoni de sottises, et nos
programmes ont été dénoncés comme on ne sait
quelle menaces !
Nous sommes donc particulièrement heureux de
relever, chez ceux qui nous ont blâmé, nos pro-
pres idées., nos propres suggestions, l'énoncé
même des remèdes que nous avons préconisés.
Il nous plaît que dans cette recherche, animés.
d'une même foi en l'avenir, d'une même passion'
d'élévation sociale, les fronts blancs et les fronts
noirs soient penchés les uns à côté des autres.
N'est-ce point le travail auquel nous avons, dans
ce journal, consacré toutes nos forces, autant que
tout notre amour?
Et si parfois nos critiques sont âpres, n'est-ce
point la preuve que nous craignons de ne pou-
voir atteindre, avant l'heure fatale, le but ardent
que nous nous sommes fixé ?
*%
Les mesures exposées par notre confrère nous
paraissent d'une exécution immédiate et facile. A
l'instant où la mode est aux chefs nouveaux, où
l'A.O.F, tout entière bascule avec des hommes
pourvus maintenant de l'autorité quasi suprême,
et où Paris semble disposé à soutenir passionné-
ment les collaborateurs qu'il a ainsi portés aux
postes les plus élevés, il nous paraît que cette
tentative sociale vaut d'être créée.
M. de Coppet la réalisera-t-il ?
Raoul Monmarson.
———————— ) — ( ———————
Visite en leurs Etats
AU MAROC
Avant-hier le général Noguès, Résident gé-
néral, est arrivé à Casablanca où il a procédé
à une inspection détaillée du port.
Accompagné notamment de MM. Chapon,
président de la chambre de commerce; Nor-
mandin, directeur général des travaux publics,
et Gayet, directeur de son cabinet, le Résident
général a visité la Maison du tourisme, nouvel-
lement installée, et destinée à fournir tous ren-
seignements utiles aux visiteurs du Maroc.
Puis, de la terrasse des docks et silos, il a
examiné les divers travaux d'agrandissement en
cours, en vue, notamment, de l' organisation
d'un port de pêche. Il a visité également les
installations frigorifiques.
Le général Noguès a quitté Casablanca hier
matin par avion, pour se rendre à Fès.
Dans la Medina le Résident général a assisté
à la répartition des secours et visité ensuite di-
vers fondouks, se renseignant sur les besoins
de chaque corporation.
Puis il a reçu les représentants des entrepre-
neurs et ouvriers du briment et a pu trouver
un terrain d'entente pour mettre fin au conflit
actuel que nous signalons d'autre part.
Toujours par avion le Résident général est
rentré à Rabat, dans la soirée.
Le Goinrerneiir pènH Brêvié
est aitivc l saiw
Le Gouverneur général Bréoié accompagné
du Secrétaire général Nouailhetas; du Gou-
verneur Rinckenbach, du Directeur Biénès, du
Directeur adjoint de son Cabinetest arrivé hier,
à Saigon, à bord de l'Airamis. Le Gouverneur
général p. i. Silvestre et le Gouverneur de la
Cochinchine Pagès s'étaient portés à sa rencon-
tre en rivière de Saigon. A son débarquement
le Chef de l'Union Indochinoise a été accueilli
par les Résidents supérieurs du Cambodge et
de Laos, par S.E. Thioum, premier ministre du
Gouvernement cambodgien et par S.A.R., le
Prince. héritier Monireth représentant le Roi du
Cambodge, S. E. Thai Van Toan, ministre de
l' Intérieur, représentant l' Empereur d'A nnam,
tous les chefs des services, les généraux, le
maire et la municipalité de Saigon, les déléga-
tions des corps élus et des provinces de Co-
chinchine, enfin par de très nombreuses person-
nalités françaises et indigènes. -
Après avoir salué le drapeau des troupes de
l'infanterie coloniale et de la marine qui ren-
daient les honneurs au pied de la statue de
l'amiral Rigault de Genouilly, le Gouverneur
général Brévié entendit les souhaits de bienve-
nue de M. Boy Landry, maire de la ville de
Saigon qui a exprimé la confiance de la popu-
laiion dans son nouveau Chef, confiance fondée
sur l'œuvre réalisée par Monsieur Brévié en
Afrique.
En remerciant le maire, M. Brévié a montré
que la ville de Saigon était le témoignage de
ce que permettait de réaliser la collaboration
franco-annamite, jointe à la continuité de l'ef-
fort poursuivi depuis la fondation de la ville par
les amiraux, les gouverneurs, les administra-
teurs civils et les colons. Il convia tous ses au-
diteurs à poursuivre r œut're de collaboration
ainsi entreprise. A travers la ville pavoisée, M.
Bréoié a gagné ensuite le Palais du Gouverne-
ment général, où en présence de M. Justin Go-
dard, ancien ministre, chargé de mission, de
l'amiral Esteoa, commandant des forces na-
vales d'Extrême-Orient et de l' Inspecteur gé-
néral Dimpault. chef de la mission d'inspection
en Indochine, eut lieu la présentation officielle
des corps élus, des fonctionnaires, des ministres,
des gouvemements protégés, des corps consti-
tués, des officiers, des représentants des éta-
blissements de l'industrie et du commerce et de
la presse, etc. Le Gouverneur général p. i.
Silvestre s'est fait l'interprête de tous ses col-
laborateurs de l'Administration indochinoise et
des gouvernements protégés pour assurer au Chef
de l'Union Indochinoise leurs sentiments de
respect et de dévouement.
Le Gouverneur général répondit : « J'ap-
porte le salut du Gouvernement de la France
républicaine à sa grande et belle colonie d'Ex-
trême-Orient, à ceux de toutes les races et de
toutes les classes qui œuvrent pour sa grandeur
et sa prospérité.
« Il y a quelques semaines, j'inaugurais à Vin-
cennes la prise de mes fonctions en m'inclinant
pieusement sur la mémoire des Indochinois tom-
bés glorieusement pour défendre la France et
la. civilisation. Abordant aujourd'hui la terre
asiatique, n est-il pas juste que mon premier
geste soit pour glorifier les Fils de la France
qui ont sacrifié leur vie pour la cause de la mé-
tropole seconde qui s'édifie progressivement sur
ces rives lointaines ? Qu'ils dorment en Cham-
pagne ou dans les cimetières de Cochinchine ou
d'Annam, tous ceux qui se sont voués à cette
tâche d'unir deux peuples et deux cultures ont
bien mérité de la Patrie commune, dont ils ont
cimenté l'union de leur sang. Que les vivants
soient attentifs à ne pas défaire ce que les morts
ont fait.
« Ce n'est pas sans émotion que je vais pren-
dre mon tour à la barre sur laquelle se sont po-
sées des mains illustres. Je le fais sans appré-
hension pourtant, parce que je sais pouvoir
faire fonds sur une collaboration aussi dévouée
qu'éclairée, des Souverains d'Annam, du Cam-
bodge, du Laos, et des membres de leur
Gouvernement autant que sur le large concours
des assemblées élues et des représentants des
colonies, de tous degrés, qui ont toujours témoi-
gné d'une haute idée de leur jevoir.
« Je sais pouvoir compter également sur l'es-
prit civique, le dévouement, la compétence
d'un corps de fonctionnaires d'élite, depuis les
chefs de colonies qu' honorent d'éminents ser-
vices, jusqu'à leurs collaborateurs de tous or-
dres des cadres européens et coloniaux.
A tous, Messieurs, je dis simplement : « Tra-
vaillons o. Pour ma part j'apporterai à l' œu-
vre commune la ferme volonté de représenter
l'esprit de justice du libéralisme français, sa sol-
licitude pour les populations déshéritées, d'être
le scrupuleux observateur des traités à l'égard
des souverains protégés, le guide des adminis-
tratiens locales, l'animateur de la vie économi-
que du pays et l'arbitre impartial, équitable de
tous les intérêts représentés dans la colonie. n
) e.. ( ——————————
INTÉRIM
M. Henri Martinet, administrateur en chef
délégué dans les fonctions de secrétaire général
du Dahomey, a été chargé des fonctions intéri-
maires de lieutenant-gouverneur du Dahomey.
—————————— ) - e.- ( ——————————
La mission parlementaire
est arrivée à Dakar
La mission parlementaire coloniale, ayant à
sa tête M. Nouelle, est arrivée à Dakar avant-
hier par Ban fora.
Voir en deuxième page
ALERTE AU MAROC
par Marcel Homet
LE STATUT DU SANOJAK
D'ALEXANDRETTE ~~l,
Après la détente, l'entente paraît pouvoir se
faire sur les nouvelles propositions turques qui
ont été remises lundi dernier au gouvernement
français.
Ses propositions maintenant remises le gou-
vernement turc se tient dans l'expectative. M.
Rustu Aras a déclaré aux journalistes :
« La situation dans la phase actuelle des
négociations est incertaine. M. Blum étudie
personnellement les nouvelles propositions tur-
ques et les compare au projet du Quai-d'Orsay.
Nous attendons les nouvelles propositions du
président du Conseil français. »
Ce que seraient ces propositions
Les positions respectives de la France et de
la Turquie se situeraient ainsi : pour la France
pas d'indépendance possible. Pour la Turquie
pas de tuteUe syrienne.
Les propositions turques proposeraient l'auto-
nomie politique dans le cadre d'un mandat. A
cela deux conditions : premièrement que cette
autonomie commence aussitôt après que serait
intervenu un compromis sur la question, et non
après la période d' « essai » de trois ans pré-
cédemment proposée par la France après celle
actuellement en cours du traité franco-syrien ;
deuxièmement cette autonomie accordée au
Sandjak par l,a France s'exercerait sous un pa-
tronage franco-turque.
Cette seconde condition permettrait ainsi à
la Turquie de tenir les promesses faites à ses
nationaux. Quant à nous, Français, il nous ap-
partiendrait de démontrer aux Syriens qu'ils
ne sont pas dépossédés et que notre mandat est
la meilleure garantie de leurs intérêts.
Sans préjuger de l'accueil que le gouverne-
ment français réserve à ces propositions, il est
certain que les négociateurs, de part et d'autre,
sont animés des meilleures intentions d'entente.
Bien que ces propositions ne soient pas tout
à fait conformes aux lois qui règlent à la S.
D. N. les attributions des puissances manda-
taires, il y a lieu de penser que l' organisme
genevois donnerait son acceptation pour consa-
crer l'entente entre Paris et Ankara.
Point de vue anglais
Le Times estime que la thèse française est
juridiquement, impeccable, mais par contre que,
dans la pratique, on ne peut décemment pas
demander aux Turcs de se plier à l' arbitraire
d'un gouvernement syrien.
Manifestations et contre-manifestations
se succèdent à Antioche
Les turcophiles ont préparé pendant la nuit
de mardi une grande contre-manifestation. Des
camions faisant la navette entre Antioche et les
villages de la montagne ont amené des paysans.
Gnq rniHe manifestants se pressaient dans les
premières heures de la matinée dans les rues,
arborant des cocardes aux couleurs des Hatai,
symboles de l'indépendance, auxquelles se mê-
laient des croissants turcs.
Pendant l'arrivée des turcophiles, les auto-
rités firent évacuer les Arabes de la montagne
qui n' avaient pas pu regagner hier leurs vil-
lages.
Les souks demeurent termés, a l'exception
de quelques boutiques destinées à approvision-
ner la population.
L'enquête de la S. D. N.
Les trois observateurs ont visité à nouveau
la zone frontière de Kirikkhan. Ils se sont arrê-
tés au chef-lieu du district pour recevoir les té-
moignages des Arabes, des Kurdes et des Ar-
méniens, qu'ils n'avaient pu recueillir lors de
leur précédent passage.
Après leur entretien, les observateurs se sont
rendus au cimetière arménien, où toutes les
croix avaient été arrachées ou brisées par des
éléments extrémistes turcophiles.
Après avoir constaté cet acte de vandalisme,
ils ont regagné ensuite Antioche hier.
La situation marocaine
La détente enregistrée lundi à la suite des
apaisements donnés par M. Hitler à notre am-
bassadeur semble se maintenir. Cependant la
presse allemande, bien qu'ayant baissé de
ton dans ses attaques contre la France, l'ac-
cusant de visées impérialistes au Maroc espa.
gnol, n'en reste pas moins virulente dans le
fond.
Par ailleurs, la presse italienne s'associe
à cette campagne.
En contre-partie, la presse anglaise, polo-
naise et d'Europe centrale approuve notre at-
titude3 considérant qu'il vaut mieux prévenir
que guérir.
Au Maroc français le calme règne et l'émo-
tion qui s'est manifestée dans la métropole
n'a que des échos atténnés dans notre protec-
torat.
Tétouan donne des gages
A la suite de la démarche de M. Serres,
consul de France à Tétouan, auprès du colo-
nel Beigbeder, Haut commissaire espagnol,
ce dernier a délivré, à l'attaché militaire
français à Tanger, le capitaine Luis et, un
sauf-conduit permanent, l'autorisant à cir-
culer librement dans la zone espagnole du
Maroc — et notamment à Mélilla et à Ceuta
— pour se rendre compte, de visu, de la si-
tuation, relativement aux infiltrations d'élé-
ments militaires étrangers qui éveillèrent les
craintes dit gouvernement français et motivè-
rent sa démarche.
Pâr ailleursJ le Haut commissaire espagnol
a adresse par l'intermédiaire du consul bri-
tannique t une invitation à des officiers ou
des fonctionnaires anglais, à venir de Gibral-
tar à Ceuta et illélilla, où toutes facilités leur
seraient accordées pour s'assurer par eux-
mêmes de la situation.
Des saufs-conduits leur seront donnés *&tir
visiter n'importe quelle localité à l'intérieur,
du Maroc espagnol. Cette invitation a été ac-
ceptée aussitôt et le destroyer Vanoc est parti
pour Mélilla, par où commencera cette vi-
site de cOlltrôle, et où il est arrivé hier.
Enfin,aux journalistes étrangers, à l'ex-
ception des russes, le colonel Beigbeder, a
offert les plus grandes facilités pour visiter
en détails la zone espagnole.
A Paris,
on considère l'incident comme clos
Bien que le communiqué officiel du Conseil
des ministres qui s'est tenu hier à l'Hôtel
Matignon ne parle pas des bruits répandus
ces jours derniers sur les infiltrations d'Al-
lemands ait Maroc espagnol, le Conseil n'en
a pas moins discuté de la question, mais il a
estimé à la suite du communiqué allemand
relatant les conversations de notre ambassa-
deur M. François-Poncet, et du chancelier
Hitlerl'incident comme clos, l'Allemagne
ayant donné l'assurance qu'elle n'avait au-
cune visée territoriale sur le Maroc espagnol,
et la Fraiice, de soit côté, ayant affirmé sa
volonté de respecter les accords internatio-
naux.
L'incident est clos soit ! mais restons vi-
gittll/t.
)il -+-- (
Création de nouveaux emplois
administratifs aux colonies
Par décret ministériel du 6 janvier, il est
créé des postes d'inspecteurs des affaires admi-
nistratives, répartis ainsi : deux en Indochine,
deux en A.O.F., quatre en A.E.F., deux à
Madagascar, deux au Camroun, un au Togo,
et un à la Côte française des Somalis, soit qua-
torze emplois nouveaux.
Ces emplois seront confiés à des administra-
teurs en chef, de première ou de seconde classe,
suivant la colonie, et sont présentés comme mo-
tivés par l'impossibilité « pour les gouverneurs
généraux et les chefs des administrations locales,
de plus en plus absorbés par la partie réglemen-
taire de leurs attributions, de suivre personnel-
ment la mise en œuvre d'une législation qui
se complique de jour en jour ».
Il ne reste plus qu'à souhaiter que ces nou-
velles dépenses puissent être compensées par un
rendement accru des administrations locales.
L'Allemagne devant l'Empire français
En attendant les négociations qui s'annoncent
','" - par Pierre Le Verbe.
Certes l'émotion a été grande en France en
apprenant l'infiltration allemande au Maroc es-
pagnol, position stratégique qui commande nos
liaisons africaines, mais le regroupement des
forces, pourtant éparses, de la nation devant le
danger renouvelé de 1911 et l'attitude énergi-
que du gouvernement ont fort opportunément
freiné les menées germaniques.
Bien que continuant à orchestrer une campa-
gne de presse qui nous accuse de duplicité, le
chancelier Hitler a aussitôt donné à notre am-
bassadeur des assurances qui, bien que sujettes
à caution, n'en ont pas moins engendré une
détente appréciable.
Cependant il est indéniable que les Alle-
mands sont solidement installés au Maroc es-
pagnol, économiquement et stratégiquement.
Cela se savait, en France, même dans les mi-
lieux dits « bien informés », mais l'action alle-
mande était si bien camouflée ! Des négligences
de leur part ont déclenché notre protestation
mais, rassurons-nous, notre attaché militaire à
Tanger pourra, comme il y est invité par Te-
touan, se promener à travers la zone espagnole,
il ne risquera pas de voir les uniformes de la
Reischwehr, mais seulement ceux des « ban-
deras n. Et, comme chacun sait, les Allemands
sont nombreux dans toutes les légions étrangè-
res du monde.
Ainsi la trame allemande s'est reconstituée
sur le monde ; elle est particulièrement solide
sur nos lignes impériales. au Maroc, aux Ca-
naries, au Bissagas, en Guinée espagnole. La
grande presse, maintenant, l' a fait savoir au
pays.
L'action de l'Allemagne au Maroc ne tend
pas, comme on pourrait le croire, du moins ac-
tuellement, à s' annexer le protectorat espagnol.
Les intérêts français, anglais et italiens sont là
trop importants pour que le Reich ose tenter
un coup de force en s imposant ouvertement
dans la Méditerranée. Aussi son action est-elle
toute autre : génératrice de troubles comme 1925 pendant la guerre du Riff, elle ne doit
constituer qu'un moyen de pression sur ces
puissances pour obtenir, en échange de son dé-
sintéressement méditerranéen, les compensations
africaines qu'il convoite et qu' une campagne
de presse, une action diplomatique officieuse,
préparent depuis maintenant deux ans.
Si nous n' avions pas si énergiquement réagi
devant la menace allemande, dans peu de
temps, dès que les positions auraient été soli-
dement établies sur nos communications afri-
caines et l'insurrection prête dans les montagnes
du Riff, ç' aurait été l' ultimatum : la guerre ou
des colonies.
Et qui sait alors si l'Angleterre ne nous au-
rait pas gentiment conseillé de jeter du lest !
Maintenant que ces projets sont dévoilés no-
tre position est toute autre. L' Allemagne veut
bien faire craindre la guerre mais ne la veut pas
encore. On va donc essayer de négocier et nous
allons voir se poser officiellement les revendica-
Ridactio* & Administration :
1*8*» 4» la Benne
PARIS (2e)
ftL. 1 RICHELIEU 7M«
(2 Jipa poaptea)
38e ANNEE. — N° 4.
VENDREDI (13 h. 30) 15 JANVIER 1937 ':
Les Annales Coloniales
Fondateur i Marcel RUEDEL
Directeur î Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec la Revue illustrée:
Un an 6 Mois 3 Mois
France et
Colonies 180» 100 » Me
Etranger.. 240 » 125 » 70 »
Le Numéro : 30 centime*
On s'abonne sans trais dans
tous les bureaux de poste.
, La langue véhicule"
Si j'écris que la question de -la a langue
véhicule » dépasse et de beaucoup ie do-
maine des problèmes scolaires, pédagogiques,
littéraires et artistiques, personne ne me
contredira.
Ve quoi s'agit-il ? Et d'abord, qu'on
m'excuse d'employer cette expression : lan-
gue véhicule. J'y suis bien obligé, encore
que j'aimerais mieux cent fois autre chose.
Mais - la - vieille querelle qui renaît d'une fa-
çon constante dans l'Annam et au Tonkin
se poursuit toujours sous cette enseigne iné-
légante et classique, pour ainsi parler. Peut-
on, doit-on imposer la langue française com-
me « langue véhicule » de l'enseignement
dans notre Indochine ?
Les uns disent oui, les autres non. Contre
les premiers se dresse, entre autres adversai-
res décidés, résolus, l'auteur d'un ouvrage
annoncé par notre confrère La Patrie Anna-
mite et qui porte ce titre : « L'Annam de
demain ». La Patrie Annamite a publié les
bonnes pages de ce livre. C'est un assaut vi-
goureux véhément, contre les partisans de la
thèse de l'enseignement en français.
Je laisse volontairement de côté les argu-
ments que j'appellerais politiques, au bon
sens du mot ; d'autres les. appelleraient
d'ordre social, d'ordre national, je le veux
bien. Bornons-nous à ceux que je nomme-
rais : d'ordre pratique et budgétaire. A la
question ainsi posée : Doit-on faire du fran-
çais la langue véhicule de l'enseignement ?
je crois que l'auteur de « L'Annam de de-
main » est prêt à répondre : Sans aucun
doute, c'est l' idéal que nous rêvons de réa-
liser ; mais il ajoute immédiatement Xous
n'y arriverons qu'à la longue, ne nous trom-
pons pas nous-mêmes, nous n'y arriverons
pas aujourd'hui. I
Avant tout, bien poser le problème. Il ne
s'agit nullement d'enseigner « le petit nè-
gre ». Les Anglais ont un terme pittoresque
pour désigner le charabia que parlent cer-
tains Chinois et qui est une mixture où il est
impossible de retrouver quelque chose de la
langue de Shakespeare. Ne ressucitez pas,
conseille M. Le Breton, le temps des « je
l'tcole ».
Hélas ! dirais-je, il n'a que trop de ten-
dances à ressusciter. Passe encore quand il
n'y a en jeu que les objets nécessaires aux
besoins journaliers, ou le désir de retrouver
sa route, ou l'intérêt d'une conversation insi-
gnifiante, plaisante ou sévère. Mais quand
les « je l'école s se mêlent de politique trans-
cendantale, quand ils s'imaginent de bonne
foi être en avance sur leurs contemporains
parce qu'ils s'empêtrent dans un charabia
qui n'a de sens dans aucune langue, la chose
devient infiniment plus dangereuse. La Re-
vue. Franco-Annamite du 16 septembre a
cueilli cetfe perle dans un journal d'avant-
garde qui s'adressait aux jeunes hommes de
là-bas : « La gnoséologie marxiste se recom-
mande à la praxis du sujet connaissant ».
Pauvres types ! Ils font — sérieusement, je
l'espère et à la fois je le crains — ce que
faisaient, avec ironie, à l'époque de notre
vie d'étudiant, certains monteurs de scies
qui alignaient des phrases de ce genre ; « Il
y a dans ce livre des combinaisons dont les
soulèvements pourraient se sous-entendre
sans nuire à l'austérité des fonctions illu-
soires ». L'avantage, c'était qu'on pouvait
mettre cette mixture à toutes les sauces et
affirmer, par exemple : « Il y a, dans ce
tableau, dans ce monument dans ce potage,
dans cette boisson, des combinaisons, etc. »
Remarquez que c'est la même chose pour
ce bafouillage d'économie politique transcen-
dantale, et rien ne vous empêche de décla-
rer : « La gnoséologie du capitalisme se re-
commande à la praxis du sujet connaissant »:
c'est le même rythme et la même vérité.
Qui donc enseignera le français ? La ré-
ponse est simple : ou des Français, ou des
« Annamites qualifiés ». Où les prendre ?
Il y a trois degrés dans l'enseignement indi-
gène : le populaire ou primaire (le complé-
mentaire ou primaire supérieur est compris
dans celui-ci) ; le secondaire ; le supérieur.
Xous n'envisageons ici que le premier. Cer-
tes, les progrès que nous constatons dans
l'enseignement primaire ou populaire sont in-
déniables. Le nombre des écoles, le nombre
des enfants qui les fréquentent, s'ils nous
apparaissent comme fort insuffisants, nous
inspirent cependant quelque fierté, en pré-
sence de l'œuvre déjà accomplie. Il y a quel-
ques années, je signalais l'arrêté qui autori-
sait les communes du Tonkin, quand elles
n'avaient pas d'écoles officielles, à ouvrir
des écoles populaires à désigner les maîtres,
à fixer leur rémunération. Il en a été de
même pour l'Annam. En Cochinchine, l'obli-
gation scolaire 'est imposée aux communes,
dès qu'elles ont les ressources nécessaires,
aux parents et aux élèves.
Mais on a déjà assez de peine à recruter
des maîtres d'écoles primaires, officielles ou
non, qui aient les aptitudes indispensables.
Va-t-on « leur confier l'enseignement d'une
langue qu'ils ne possèdent pas dans toute la
correction et la finesse exigibles e ? Ce « bac-
calauréat local », qui est à peu près l'équi-
valent de notre brevet supérieur, on ne sau-
rait prétendre l'exiger de tous les instituteurs
de là-bas. Ni les budgets locaux, ni le bud-
get général ne permettent une ambition, lé-
gitime sans doute, mais, pour l'instant, ir-
réalisable.
Si nous descendons « d'un degré », comme
l'écrit M. Le Breton, si nous passons des
écoles normales aux établissements du pri-
maire supérieur, nous constatons que, pour
toute l'Indochine de langue annamite, An-
nam, Tonkin, Cochinchine, ils fabriquent par
an une soixantaine de diplômés. Or, com-
bien faudrait-il de milliers de normaliens, de
milliers de diplômés pour avoir, dans toutes
les communes, des maîtres capables d ensei-
gner décemment la langue véhicule ? Com-
bien faudrait-il bâtir d'écoles normales, com-
bien de nouveaux établissements d'enseigne-
ment supérieur ? Combien de millions de
piastres ? Où les trouver ? L'auteur de
l'étude indique, selon lui, où il faudrait
chercher. Je ne suis pas sûr qu'il prendrait
à son compte la formule évangélique ; Cher-
chez et vous trouverez, et vous trouverez as-
sez pour faire face à des dépenses dont vous
n'avez pas calculé le montant.
Nous voici ramenés de la haute mer des
idées générales et généreuses sur la terre
ferme tie la réalité : nous aurions pu y res-
ter plus longtemps encore, et non sans pro-
fit. L'histoire de l'enseignement en Indo-
chine offre ample matière à réflexions. Un
exemple : en 1917, on avait décidé que la
langue véhicule remplacerait le quoc ngu :
c'était, pensait-on, un des procédés qui per-
mettraient d'élever peu à peu l'indigène, dès
l'école, aux conceptions de la civilisation
française. Les résultats furent peu encoura-
geants. « Les classes se passent en exercices
purement formels où l'interposition d'un vo-
cabulaire vide de sens et la vaine sonorité
de mots étrangers empêchent toute prise de
contact véritable avec la substance des cho-
ses. L'usage exclusif du français dans les
classes du cycle primaire élevait un mur, ou
du moins un écran, entre les jeunes Indochi-
nois et la réalité vivante : il condamnait la
jeunesse indigène au plus vain des psitta-
cismes ». S'il ne l'avait condamné qu'à
cela ! Le psittacisme, qui conduit au cha-
rabia dont nous avons trouvé l'échantillon,
mène ceux qui le manient imprudemment à
des conceptions singulièrement dangereuses
et à des actes qui peuvent mettre la cité en
péril. Dès 1924, sur le rapport du directeur
de l'Instruction publique dont on vient de
lire un extrait, il a été arrêté que la langue
annamite, transcrite en lettres latines, serait
la seule employée dans les premiers cours du
cycle primaire.
- Qu'on n'aille pas me faire dire que c'est
la solution idéale, on me prêterait là une
sottise : il me suffit que ce soit la solution
nécessaire, imposée par l'état actuel des cho-
ses. Quand je songe aux efforts admirables
que la République a tentés pour organiser
dans la métropole l'enseignement obligatoire,
sans y être encore parvenue au gré de nos
rêves et de nos désirs, je ne suis pas tenté
d'adresser des reproches à ceux qui ont eu la
charge d'organiser notre enseignement aux
colonies et je suis plutôt porté à leur prodi-
guer plus d'éloges encore que ceux qu'on a
coutume de leur adresser.
Mario Roustan.
Sénateur de l'Ilérault, ancien ministre.
Vice-président de la Commission
des Colonies.
AUDIENCES
A L'ELYSEE
Le président de la République a reçu mardi
après-midi l' ambassadeur des Etats-Unis
1 d'Amérique à Paris, retour de son voyage en
Afrique du Nord
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. François-Poncet, ambassadeur de France
à Berlin, arrivé à Paris mardi matin s'est rendu
aussitôt au Quai d'Orsay où il s'est longue-
ment entretenu avec M. Yvon Delbos sur les
relations franco-allemandes et particulièrement
sur les récents incidents marocains.
————————— ) ( —————————
Les exigences arabes
en Palestine
Dans une déclaration faite devant les mem-
bres de la commission royale d'enquête aux-
quels il a exposé la cause des arabes, le mufti
de Jérusalem a exigé l'abandon de la politi-
que qui tend à faire de la Palestine un
foyer national juif.. la cessation immédiate
et absolue de l'immigration israélite, et l'abo-
lition du mandat. ce dernier devant être rcm-
placé par un traité entre la Grande-Bretagne
et les Arabes.
A la Société des Nations
La prochaine session du Conseil de !a So-
ciété des Nations est toujours fixée au 21 jan-
vier.
A l'ordre du jour figure la question du Sand-
jak d'Alexandrette et la nomination d'un Co-
mité pour examiner le problème des matières
premières.
M. Anthony Eden représentera la Grande-
Bretagne et M. Vienot la France.
————————— ) (
A l'Ecole nationale]
de la France d'outre-mer
Par arrêté en date du 11 janvier ont été
nommés membres de la commission d'enseigne-
ment de l'Ecole nationale de la France d'outre-
mer :
M. Gourdon, directeur de l'agence économi-
que de l'Indochine, en remplacement de M.
Perreau, professeur à la faculté de droit, admis
à la retraite.
M. Regismanset, directeur de l'administra-
tion centrale du ministère des Colonies. en rem-
placement de M. Cabaton.
Vers le paysan noir
ous la signature Dori,
en peu de tnots, t.4
O. F., de Dakar
(19 décembre) a expo-
sé ses vues et ses dé-
sirs : le retour à la
terre. Relevons cette
heureuse plaidoirie.
Les idées en sont sai-
nes. Elles sont surtout
réalisables. Il nous plaît de leur faire écho. Ce
sont celles que nous prêchons, et non pas seu-
lement en matière colonisatrice, mais en matière
humaine, quelle que soit la couleur de la peau.
Nous ne savons plus vivre. Ou, plus exacte-
ment, nous avons faussé le fait même de vivre.
L'excès du perfectionnement matériel, avec ses
villes malsaines, ses machines, ses esclavages,
ronge le corps humain et impose à l'esprit
d'étranges directions que la saine et silencieuse
tranquillité des campagnes corrigerait et guéri-
rait rapidement.
Est-ce bien cela que notre confrère de Dakar
constate ? Il s'émeut de la condition misérable
de ses pairs, venus trop nombreux à la ville parce
qu'on n'a point songé à les maintenir à la terre.
L'A.O.F. veut faire du « paysan noir », et voici
ses propositions :
l' ¡'II champ de manioc de un hectare au
moins dans lequel devront être plantés vingt
arbres fruitiers (du pays ou autres), gouye,
soump, netté, new, sidème, dankh, man-
guiers, goyaviers, citronniers, etc.
2° Un champ de coton d'un hectare éga-
lement (le coton vient partout au Sénégal
malgré certains dires qui ne veulent l'oc-
troyer qu'aux rives des fleuves).
3° Le concessionnaire devra posséder en
oulrc S brebis ou chèvres et un âne par
« case » (c'est-à-dire pour chacune de ses
femmes, s'il en a plusieurs).
V Une habitation tracée régulièrement
(selon un modèle qui sera indiqué) au centre
de la concession et. formée par des cases
bien failes. bien aérées et d'au moins 4x4 mi-
tres ct. I m. 80 de hauteur : le sol des cases
devra être dur (terre battue ou ciment) enfin,
le pourtour de l'habitation ne devra pas être
cultivé sur un rayon de 25 mètres et devra
¡'ll'e propre.
Les concessions seraient octroyées, les condi-
tions d'installation fixées, les clauses d'exécution
surveillées par les commandants de cercle. Du-
rée : trois années à la suite desquelles la conces-
sion serait retirée, ou confirmée. Un encourage-
ment à la perfection serait accordé, sous la forme
de primes. En bref, on tenterait d'amener le noir
à la terre, à l'assainissement de la race par la
culture viyrière, l'arbre fruitier, le cheptel fami-
lial, et ainsi, conséquence inévitable, par le foyer
sain.
Nous avons été quelquefois combattu par nos
confrères de Dakar. Avec une susceptibilité, qui
est d'ailleurs tout à leur honneur, ils jugent nos
recherches de solutions heureuses comme dès
critiques à leur endroit, et plus souvent comme
des éclairs de haine. Parce que nous estimons
notre système éducatif imparfait, inadapté aux
enfants qu'il traite, parce qu'avant l'esprit nous
entendons fortifier, équilibrer le corps, unique
créateur de générations saines et fortes, parce
que nous déplorons la misère de citadins multi-
pliés à l'infini, et sans une éducation ou une in-
telligence suffisantes pour subsister à la ville, du-
rant que les campagnes ne portent pxs les fruits
qu'elles devraient porter, ne jouent pas le rôle
modérateur et bienfaisant qu elles devraient
jouer, nous avons été agoni de sottises, et nos
programmes ont été dénoncés comme on ne sait
quelle menaces !
Nous sommes donc particulièrement heureux de
relever, chez ceux qui nous ont blâmé, nos pro-
pres idées., nos propres suggestions, l'énoncé
même des remèdes que nous avons préconisés.
Il nous plaît que dans cette recherche, animés.
d'une même foi en l'avenir, d'une même passion'
d'élévation sociale, les fronts blancs et les fronts
noirs soient penchés les uns à côté des autres.
N'est-ce point le travail auquel nous avons, dans
ce journal, consacré toutes nos forces, autant que
tout notre amour?
Et si parfois nos critiques sont âpres, n'est-ce
point la preuve que nous craignons de ne pou-
voir atteindre, avant l'heure fatale, le but ardent
que nous nous sommes fixé ?
*%
Les mesures exposées par notre confrère nous
paraissent d'une exécution immédiate et facile. A
l'instant où la mode est aux chefs nouveaux, où
l'A.O.F, tout entière bascule avec des hommes
pourvus maintenant de l'autorité quasi suprême,
et où Paris semble disposé à soutenir passionné-
ment les collaborateurs qu'il a ainsi portés aux
postes les plus élevés, il nous paraît que cette
tentative sociale vaut d'être créée.
M. de Coppet la réalisera-t-il ?
Raoul Monmarson.
———————— ) — ( ———————
Visite en leurs Etats
AU MAROC
Avant-hier le général Noguès, Résident gé-
néral, est arrivé à Casablanca où il a procédé
à une inspection détaillée du port.
Accompagné notamment de MM. Chapon,
président de la chambre de commerce; Nor-
mandin, directeur général des travaux publics,
et Gayet, directeur de son cabinet, le Résident
général a visité la Maison du tourisme, nouvel-
lement installée, et destinée à fournir tous ren-
seignements utiles aux visiteurs du Maroc.
Puis, de la terrasse des docks et silos, il a
examiné les divers travaux d'agrandissement en
cours, en vue, notamment, de l' organisation
d'un port de pêche. Il a visité également les
installations frigorifiques.
Le général Noguès a quitté Casablanca hier
matin par avion, pour se rendre à Fès.
Dans la Medina le Résident général a assisté
à la répartition des secours et visité ensuite di-
vers fondouks, se renseignant sur les besoins
de chaque corporation.
Puis il a reçu les représentants des entrepre-
neurs et ouvriers du briment et a pu trouver
un terrain d'entente pour mettre fin au conflit
actuel que nous signalons d'autre part.
Toujours par avion le Résident général est
rentré à Rabat, dans la soirée.
Le Goinrerneiir pènH Brêvié
est aitivc l saiw
Le Gouverneur général Bréoié accompagné
du Secrétaire général Nouailhetas; du Gou-
verneur Rinckenbach, du Directeur Biénès, du
Directeur adjoint de son Cabinetest arrivé hier,
à Saigon, à bord de l'Airamis. Le Gouverneur
général p. i. Silvestre et le Gouverneur de la
Cochinchine Pagès s'étaient portés à sa rencon-
tre en rivière de Saigon. A son débarquement
le Chef de l'Union Indochinoise a été accueilli
par les Résidents supérieurs du Cambodge et
de Laos, par S.E. Thioum, premier ministre du
Gouvernement cambodgien et par S.A.R., le
Prince. héritier Monireth représentant le Roi du
Cambodge, S. E. Thai Van Toan, ministre de
l' Intérieur, représentant l' Empereur d'A nnam,
tous les chefs des services, les généraux, le
maire et la municipalité de Saigon, les déléga-
tions des corps élus et des provinces de Co-
chinchine, enfin par de très nombreuses person-
nalités françaises et indigènes. -
Après avoir salué le drapeau des troupes de
l'infanterie coloniale et de la marine qui ren-
daient les honneurs au pied de la statue de
l'amiral Rigault de Genouilly, le Gouverneur
général Brévié entendit les souhaits de bienve-
nue de M. Boy Landry, maire de la ville de
Saigon qui a exprimé la confiance de la popu-
laiion dans son nouveau Chef, confiance fondée
sur l'œuvre réalisée par Monsieur Brévié en
Afrique.
En remerciant le maire, M. Brévié a montré
que la ville de Saigon était le témoignage de
ce que permettait de réaliser la collaboration
franco-annamite, jointe à la continuité de l'ef-
fort poursuivi depuis la fondation de la ville par
les amiraux, les gouverneurs, les administra-
teurs civils et les colons. Il convia tous ses au-
diteurs à poursuivre r œut're de collaboration
ainsi entreprise. A travers la ville pavoisée, M.
Bréoié a gagné ensuite le Palais du Gouverne-
ment général, où en présence de M. Justin Go-
dard, ancien ministre, chargé de mission, de
l'amiral Esteoa, commandant des forces na-
vales d'Extrême-Orient et de l' Inspecteur gé-
néral Dimpault. chef de la mission d'inspection
en Indochine, eut lieu la présentation officielle
des corps élus, des fonctionnaires, des ministres,
des gouvemements protégés, des corps consti-
tués, des officiers, des représentants des éta-
blissements de l'industrie et du commerce et de
la presse, etc. Le Gouverneur général p. i.
Silvestre s'est fait l'interprête de tous ses col-
laborateurs de l'Administration indochinoise et
des gouvernements protégés pour assurer au Chef
de l'Union Indochinoise leurs sentiments de
respect et de dévouement.
Le Gouverneur général répondit : « J'ap-
porte le salut du Gouvernement de la France
républicaine à sa grande et belle colonie d'Ex-
trême-Orient, à ceux de toutes les races et de
toutes les classes qui œuvrent pour sa grandeur
et sa prospérité.
« Il y a quelques semaines, j'inaugurais à Vin-
cennes la prise de mes fonctions en m'inclinant
pieusement sur la mémoire des Indochinois tom-
bés glorieusement pour défendre la France et
la. civilisation. Abordant aujourd'hui la terre
asiatique, n est-il pas juste que mon premier
geste soit pour glorifier les Fils de la France
qui ont sacrifié leur vie pour la cause de la mé-
tropole seconde qui s'édifie progressivement sur
ces rives lointaines ? Qu'ils dorment en Cham-
pagne ou dans les cimetières de Cochinchine ou
d'Annam, tous ceux qui se sont voués à cette
tâche d'unir deux peuples et deux cultures ont
bien mérité de la Patrie commune, dont ils ont
cimenté l'union de leur sang. Que les vivants
soient attentifs à ne pas défaire ce que les morts
ont fait.
« Ce n'est pas sans émotion que je vais pren-
dre mon tour à la barre sur laquelle se sont po-
sées des mains illustres. Je le fais sans appré-
hension pourtant, parce que je sais pouvoir
faire fonds sur une collaboration aussi dévouée
qu'éclairée, des Souverains d'Annam, du Cam-
bodge, du Laos, et des membres de leur
Gouvernement autant que sur le large concours
des assemblées élues et des représentants des
colonies, de tous degrés, qui ont toujours témoi-
gné d'une haute idée de leur jevoir.
« Je sais pouvoir compter également sur l'es-
prit civique, le dévouement, la compétence
d'un corps de fonctionnaires d'élite, depuis les
chefs de colonies qu' honorent d'éminents ser-
vices, jusqu'à leurs collaborateurs de tous or-
dres des cadres européens et coloniaux.
A tous, Messieurs, je dis simplement : « Tra-
vaillons o. Pour ma part j'apporterai à l' œu-
vre commune la ferme volonté de représenter
l'esprit de justice du libéralisme français, sa sol-
licitude pour les populations déshéritées, d'être
le scrupuleux observateur des traités à l'égard
des souverains protégés, le guide des adminis-
tratiens locales, l'animateur de la vie économi-
que du pays et l'arbitre impartial, équitable de
tous les intérêts représentés dans la colonie. n
) e.. ( ——————————
INTÉRIM
M. Henri Martinet, administrateur en chef
délégué dans les fonctions de secrétaire général
du Dahomey, a été chargé des fonctions intéri-
maires de lieutenant-gouverneur du Dahomey.
—————————— ) - e.- ( ——————————
La mission parlementaire
est arrivée à Dakar
La mission parlementaire coloniale, ayant à
sa tête M. Nouelle, est arrivée à Dakar avant-
hier par Ban fora.
Voir en deuxième page
ALERTE AU MAROC
par Marcel Homet
LE STATUT DU SANOJAK
D'ALEXANDRETTE ~~l,
Après la détente, l'entente paraît pouvoir se
faire sur les nouvelles propositions turques qui
ont été remises lundi dernier au gouvernement
français.
Ses propositions maintenant remises le gou-
vernement turc se tient dans l'expectative. M.
Rustu Aras a déclaré aux journalistes :
« La situation dans la phase actuelle des
négociations est incertaine. M. Blum étudie
personnellement les nouvelles propositions tur-
ques et les compare au projet du Quai-d'Orsay.
Nous attendons les nouvelles propositions du
président du Conseil français. »
Ce que seraient ces propositions
Les positions respectives de la France et de
la Turquie se situeraient ainsi : pour la France
pas d'indépendance possible. Pour la Turquie
pas de tuteUe syrienne.
Les propositions turques proposeraient l'auto-
nomie politique dans le cadre d'un mandat. A
cela deux conditions : premièrement que cette
autonomie commence aussitôt après que serait
intervenu un compromis sur la question, et non
après la période d' « essai » de trois ans pré-
cédemment proposée par la France après celle
actuellement en cours du traité franco-syrien ;
deuxièmement cette autonomie accordée au
Sandjak par l,a France s'exercerait sous un pa-
tronage franco-turque.
Cette seconde condition permettrait ainsi à
la Turquie de tenir les promesses faites à ses
nationaux. Quant à nous, Français, il nous ap-
partiendrait de démontrer aux Syriens qu'ils
ne sont pas dépossédés et que notre mandat est
la meilleure garantie de leurs intérêts.
Sans préjuger de l'accueil que le gouverne-
ment français réserve à ces propositions, il est
certain que les négociateurs, de part et d'autre,
sont animés des meilleures intentions d'entente.
Bien que ces propositions ne soient pas tout
à fait conformes aux lois qui règlent à la S.
D. N. les attributions des puissances manda-
taires, il y a lieu de penser que l' organisme
genevois donnerait son acceptation pour consa-
crer l'entente entre Paris et Ankara.
Point de vue anglais
Le Times estime que la thèse française est
juridiquement, impeccable, mais par contre que,
dans la pratique, on ne peut décemment pas
demander aux Turcs de se plier à l' arbitraire
d'un gouvernement syrien.
Manifestations et contre-manifestations
se succèdent à Antioche
Les turcophiles ont préparé pendant la nuit
de mardi une grande contre-manifestation. Des
camions faisant la navette entre Antioche et les
villages de la montagne ont amené des paysans.
Gnq rniHe manifestants se pressaient dans les
premières heures de la matinée dans les rues,
arborant des cocardes aux couleurs des Hatai,
symboles de l'indépendance, auxquelles se mê-
laient des croissants turcs.
Pendant l'arrivée des turcophiles, les auto-
rités firent évacuer les Arabes de la montagne
qui n' avaient pas pu regagner hier leurs vil-
lages.
Les souks demeurent termés, a l'exception
de quelques boutiques destinées à approvision-
ner la population.
L'enquête de la S. D. N.
Les trois observateurs ont visité à nouveau
la zone frontière de Kirikkhan. Ils se sont arrê-
tés au chef-lieu du district pour recevoir les té-
moignages des Arabes, des Kurdes et des Ar-
méniens, qu'ils n'avaient pu recueillir lors de
leur précédent passage.
Après leur entretien, les observateurs se sont
rendus au cimetière arménien, où toutes les
croix avaient été arrachées ou brisées par des
éléments extrémistes turcophiles.
Après avoir constaté cet acte de vandalisme,
ils ont regagné ensuite Antioche hier.
La situation marocaine
La détente enregistrée lundi à la suite des
apaisements donnés par M. Hitler à notre am-
bassadeur semble se maintenir. Cependant la
presse allemande, bien qu'ayant baissé de
ton dans ses attaques contre la France, l'ac-
cusant de visées impérialistes au Maroc espa.
gnol, n'en reste pas moins virulente dans le
fond.
Par ailleurs, la presse italienne s'associe
à cette campagne.
En contre-partie, la presse anglaise, polo-
naise et d'Europe centrale approuve notre at-
titude3 considérant qu'il vaut mieux prévenir
que guérir.
Au Maroc français le calme règne et l'émo-
tion qui s'est manifestée dans la métropole
n'a que des échos atténnés dans notre protec-
torat.
Tétouan donne des gages
A la suite de la démarche de M. Serres,
consul de France à Tétouan, auprès du colo-
nel Beigbeder, Haut commissaire espagnol,
ce dernier a délivré, à l'attaché militaire
français à Tanger, le capitaine Luis et, un
sauf-conduit permanent, l'autorisant à cir-
culer librement dans la zone espagnole du
Maroc — et notamment à Mélilla et à Ceuta
— pour se rendre compte, de visu, de la si-
tuation, relativement aux infiltrations d'élé-
ments militaires étrangers qui éveillèrent les
craintes dit gouvernement français et motivè-
rent sa démarche.
Pâr ailleursJ le Haut commissaire espagnol
a adresse par l'intermédiaire du consul bri-
tannique t une invitation à des officiers ou
des fonctionnaires anglais, à venir de Gibral-
tar à Ceuta et illélilla, où toutes facilités leur
seraient accordées pour s'assurer par eux-
mêmes de la situation.
Des saufs-conduits leur seront donnés *&tir
visiter n'importe quelle localité à l'intérieur,
du Maroc espagnol. Cette invitation a été ac-
ceptée aussitôt et le destroyer Vanoc est parti
pour Mélilla, par où commencera cette vi-
site de cOlltrôle, et où il est arrivé hier.
Enfin,aux journalistes étrangers, à l'ex-
ception des russes, le colonel Beigbeder, a
offert les plus grandes facilités pour visiter
en détails la zone espagnole.
A Paris,
on considère l'incident comme clos
Bien que le communiqué officiel du Conseil
des ministres qui s'est tenu hier à l'Hôtel
Matignon ne parle pas des bruits répandus
ces jours derniers sur les infiltrations d'Al-
lemands ait Maroc espagnol, le Conseil n'en
a pas moins discuté de la question, mais il a
estimé à la suite du communiqué allemand
relatant les conversations de notre ambassa-
deur M. François-Poncet, et du chancelier
Hitlerl'incident comme clos, l'Allemagne
ayant donné l'assurance qu'elle n'avait au-
cune visée territoriale sur le Maroc espagnol,
et la Fraiice, de soit côté, ayant affirmé sa
volonté de respecter les accords internatio-
naux.
L'incident est clos soit ! mais restons vi-
gittll/t.
)il -+-- (
Création de nouveaux emplois
administratifs aux colonies
Par décret ministériel du 6 janvier, il est
créé des postes d'inspecteurs des affaires admi-
nistratives, répartis ainsi : deux en Indochine,
deux en A.O.F., quatre en A.E.F., deux à
Madagascar, deux au Camroun, un au Togo,
et un à la Côte française des Somalis, soit qua-
torze emplois nouveaux.
Ces emplois seront confiés à des administra-
teurs en chef, de première ou de seconde classe,
suivant la colonie, et sont présentés comme mo-
tivés par l'impossibilité « pour les gouverneurs
généraux et les chefs des administrations locales,
de plus en plus absorbés par la partie réglemen-
taire de leurs attributions, de suivre personnel-
ment la mise en œuvre d'une législation qui
se complique de jour en jour ».
Il ne reste plus qu'à souhaiter que ces nou-
velles dépenses puissent être compensées par un
rendement accru des administrations locales.
L'Allemagne devant l'Empire français
En attendant les négociations qui s'annoncent
','" - par Pierre Le Verbe.
Certes l'émotion a été grande en France en
apprenant l'infiltration allemande au Maroc es-
pagnol, position stratégique qui commande nos
liaisons africaines, mais le regroupement des
forces, pourtant éparses, de la nation devant le
danger renouvelé de 1911 et l'attitude énergi-
que du gouvernement ont fort opportunément
freiné les menées germaniques.
Bien que continuant à orchestrer une campa-
gne de presse qui nous accuse de duplicité, le
chancelier Hitler a aussitôt donné à notre am-
bassadeur des assurances qui, bien que sujettes
à caution, n'en ont pas moins engendré une
détente appréciable.
Cependant il est indéniable que les Alle-
mands sont solidement installés au Maroc es-
pagnol, économiquement et stratégiquement.
Cela se savait, en France, même dans les mi-
lieux dits « bien informés », mais l'action alle-
mande était si bien camouflée ! Des négligences
de leur part ont déclenché notre protestation
mais, rassurons-nous, notre attaché militaire à
Tanger pourra, comme il y est invité par Te-
touan, se promener à travers la zone espagnole,
il ne risquera pas de voir les uniformes de la
Reischwehr, mais seulement ceux des « ban-
deras n. Et, comme chacun sait, les Allemands
sont nombreux dans toutes les légions étrangè-
res du monde.
Ainsi la trame allemande s'est reconstituée
sur le monde ; elle est particulièrement solide
sur nos lignes impériales. au Maroc, aux Ca-
naries, au Bissagas, en Guinée espagnole. La
grande presse, maintenant, l' a fait savoir au
pays.
L'action de l'Allemagne au Maroc ne tend
pas, comme on pourrait le croire, du moins ac-
tuellement, à s' annexer le protectorat espagnol.
Les intérêts français, anglais et italiens sont là
trop importants pour que le Reich ose tenter
un coup de force en s imposant ouvertement
dans la Méditerranée. Aussi son action est-elle
toute autre : génératrice de troubles comme
constituer qu'un moyen de pression sur ces
puissances pour obtenir, en échange de son dé-
sintéressement méditerranéen, les compensations
africaines qu'il convoite et qu' une campagne
de presse, une action diplomatique officieuse,
préparent depuis maintenant deux ans.
Si nous n' avions pas si énergiquement réagi
devant la menace allemande, dans peu de
temps, dès que les positions auraient été soli-
dement établies sur nos communications afri-
caines et l'insurrection prête dans les montagnes
du Riff, ç' aurait été l' ultimatum : la guerre ou
des colonies.
Et qui sait alors si l'Angleterre ne nous au-
rait pas gentiment conseillé de jeter du lest !
Maintenant que ces projets sont dévoilés no-
tre position est toute autre. L' Allemagne veut
bien faire craindre la guerre mais ne la veut pas
encore. On va donc essayer de négocier et nous
allons voir se poser officiellement les revendica-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Auteurs similaires Numba, la bibliothèque numérique du Cirad Numba, la bibliothèque numérique du Cirad /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "NmBA001"France-Vietnam France-Vietnam /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FrVtm0" Bibliothèque Diplomatique Numérique Bibliothèque Diplomatique Numérique /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "MAEDIGen0"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6265460j/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6265460j/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6265460j/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6265460j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://numba.cirad.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6265460j
Facebook
Twitter