Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-01-12
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 janvier 1937 12 janvier 1937
Description : 1937/01/12 (A38,N3). 1937/01/12 (A38,N3).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6265459w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2013
1
38* ANNEE. — N° 3. MARDI (13 h. 30) 12 JANVIER 1937.
JOURNAL SEII-OUOTIDIEN
Rédaction Administration :
lt Rue 4e la Bonn*
PARIS < £ •)
TiL. 1 RICHELIEU 73'0e
(2 lignes groupées)
0
Les Annales Coloniales
Fondateur: Marcel RUEDEL Directeur r Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec la Revue illustrée:
Un se 6 Moi. 3 Mol.
France et
Colonie? 180 » tOt). 80.
Etranger.. 240» 1251 19 »
Le Numéro : sa centime*
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
DES MOIS AUX FRANÇAIS DE L'INDE
Les Français de l'Inde sont-ils
des privilégiés en Indochine ?
Certaines allégations surprennent
d'une manière aussi inattendue que
les insidieuses pierres dans votre jardin,
jetées par un malin plaisant au cours
d'une discussion.
C'est ainsi qu'en reproduisant un
passage de notre article parlant des
Moïs insoumis, du 3 juillet dernier, un
journal d'Hanoï, la « Patrie Annamite »,
en soulignait la dernière partie où nous
affirmions qu'en l'occurrence la « Fran-
« ce ne faillirait pas à son idéal moral
« en adoptant la persuasion et la bonté
« comme moyens lents mais sûrs
« d'amener à nous les populations attar-
« dées dans leur état primitif et semi-
« barbare, la mutuelle compréhension
« liant mieux que la force. »
- - Toutefois — in cauda venenum — le
publiciste ajoutait que des dispositions
aussi généreuses ne semblaient pas
appliquées toujours, assurant par exem-
ple que les Hindous habitant l'Inde
jouissaient d'un statut trop favorable et
d'une considération étrangement plus
marquée que celle qui était accordée
aux populations annamites.
Cette amère réflexion se basait sur
le fait que les ressortissants de nos
Etablissements de l'Inde, hôtes de la
Cochinchine, sont électeurs, pour la
plupart, et vont déposer leur bulletin
de vote pour l'élection d'un député, d'un
délégué au Conseil supérieur de la
France d'outre-mer en pays de protec-
torat.
Bien que participant à d'autres scru-
tins, les Annamites non naturalisés
n'entrent point dans de tels collèges
électoraux. Que faut-il penser de ce
prétendu privilège ?
En droit, on ne peut trouver anormal
cçtte-différence de traitement en faveur
des gens de couleur que l'on appelle vo-
lontiers les Français de l'Inde.
Il s'agit d'élections françaises, et les
Indiens, citoyens français qui accom-
plissent tous, d'ailleurs, leur service mi-
litaire, ne sauraient être écartés de
l'exercice des droits que leur confère
leur situation civique.
Et ce n'est pas le reproche plus ou
moins fondé qu'on leur adresse de lais-
ser parfois fléchir leur conscience en
accordant des voix inclinables au gré de
la vénalité, qui peut constituer un grief
sérieux à cette application du suffrage
universel pour lequel ont combattu tant
de républicains d'autrefois, et avant
tout le célèbre Schoelcher.
Il n'y aurait qu'à faire les mêmes ré-
serves, sous prétexte d'insuffisante édu-
cation politique, pour les administrés
de nos vieilles colonies, Martinique,
Guadeloupe, Réunion.
Nous n'avons pas besoin de dire avec
tels jésuites casuistes, que Dieu accor-
de sa grâce à qui lui plaît, sans faire tort
au commun de l'humanité.
Argument transposable ici, bien que
nous entendions un ironiste le rétor-
quer en faisant observer que les des-
seins providentiels sont obscurs, alors
que la loi française demeure parfaite-
ment claire et explicable.
L'Inde bénéficie tout simplement de
son ancienneté dans notre empire colo-
nial (XVIIe siècle) et se trouve placée
sous le même régime que les pays ap-
pelés autrefois les « Iles ».
D'autre part, les Indiens, électeurs,
hôtes de l'Union, ne sont pas tellement
nombreux, quelques centaines tout au
plus en Cochinchine, pour qu'ils fassent
nécessairement pencher la balance de
leur côté, inconvénient peu marqué si la
police électorale à l'égard du trafic d'in-
fluences est sérieusement faite.
Peut-on songer à munir d'un bulletin
de vote les vingt millions d'habitants de
la Fédération indochinoise, aujourd'hui,
pour le choix d'un député, demain peut-
être pour celui d'un sénateur, sans au
préalable les avoir éduqués.
Nul doute que cette éducation n'ar-
rive à supprimer la plaie électorale de
l'influence et de l'argent, si souvent dé-
plorée dans quantité de nos colonies.
Elle permettrait, nous en sommes
convaincus, à des hommes de bonne foi
de profiter, même aux colonies, des
bienfaits de la démocratie, représentée
à travers le monde par le suffrage uni-
versel librement exprimé.
J. Luquot,
Député de la Gironde,
Membre de la Commission
de la marine marchande.
AUDIENCES
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. Viénot, sous-secrétaire d'Etat aux Af-
faires étrangères, a reçu samedi dans Ja mati-
née M. Hennings, ministre de Suède, chargé
du rapport à la Société des Nations sur le
conflit franco-turc, et dans r après-midi il a
eu un nouvel entretien avec M. Suad, ambas-
sadeur de Turquie.
Ce dernier et M. Viénot se sont revus hier soir.
Comme au cours des précédentes entrevues, la
ccnversaticn des deux négociateurs a porté sur
le problème du sandjak d'Allexandrette ; les
nouvelles propositions turques susceptibles de
servir de base à un compromis ont fait l' objet de
leur examen.
>-•♦•-<
MISSIONS
En Egypte
Les échanges commerciaux franco-égyp-
tiens n'ayant plus depuis quelques années
l'ampleur désirable, le Comité républicain
du commerce, de l'industrie et de l'agricul-
ture, sur l'initiative et en accord avec le
Comité national des Conseillers dit Commer-
ce extérieur, a décidé l'envoi en Egypte
d'une mission économique qui partira cou-
rant février.
Les ministères du Commerce et des Af-
faires étrangères, ont accordé leur haut pa-
tronage à cette mission qui sera présidée par
M. Max Hvmans, députe, membre de la com-
mission des Finances, ancien président de
la commission des Douanes.
Les produits envisagés pour l'importation
en France seront particulièrement le coton,
les légumes frais et le riz.
Mystérieux assassinat
d'un Français en Syrie
Un télégramme privé, adressé à sa famille,
annonce que M. d'Andurain, établi depuis plu-
sieurs années à Palmyre (Syrie), vient d y être
assassiné. Le télégramme, signé du fils de M.
d'Andurain, est muet sur les circonstances du
drame.
Cependant, il y a lieu de rappeler qu'il y a
quatre ans. Mme d'Andurain avait été condam-
née à mort pour avoir pénétré dans le sanctuaire j
de La Mecque. Elle avait été grâciée sur l'in-
tervention de hautes personnalités.
La mission parlementaire
d'A. 0. F.
En Algérie
Le s/s Banjora, à bord duquel la mission
de la Commission des colonies de la Chambre
se rend à Dakar, sous la conduite de M. Geor-
ges Nouelle, président de la Commission, est
arrivé à Alger jeudi à 7 heures u du matin.
Saluée à son arrivée par l'officier d'ordonnance
du Gouverneur général Le Beau, la mission
était invitée à déjeuner au Palais d'Eté par
le Gouverneur général.
Entre temps, deux de ses membres, MM-
Adolphe Vincent et Cerveaux, sous la conduite
de MM. Poulaillon et Cardinal, visitaient à
la Chambre de Commerce le stand de l'A.
O. F. nouvellement installé à la suite de la
mission algérienne en notre Afrique occidentale.
Le Banjora a quitté Alger à 14 heures.
Au Maroc
Le Ranfora est arrivé à Casablanca le 9, à
7 heures du matin. Vers 11 h-, la mission a
gagné en voiture Rabat, où l'attendait le gé-
néral Noguès, Commissaire Résident général au
Maroc.
Dans le cadre admirable de Rabat, elle se
rendit au mausolée du maréchal Lyautey. M.
Georges Nouelle, président de la Commission
des colonies, chef de mission, s'avança vers
le tombeau si simple du maréchal, et déposa
une gerbe de fleurs. L'instant ne manqua pas
de grandeur. Après quoi, gagnant la Résidence,
la mission fut reçue à déjeuner par le général
Noguès. Aux côtés de Mme Noguès, assis-
taient à ce déjeuner MM. Morize, ministre plé-
nipotentiaire, délégué à la Résidence générale;
Gayet, inspecteur des Colonies, directeur du
cabinet ; Hutin, chef du secrétariat particulier,
commandant Bertrand, chef du cabinet mili-
taire ; Broustra, secrétaire d'ambassade, chef
du cabinet civil; Mazoyer, contrôleur civil ; ca-
pitaine Pique-Aubrun, et lieutenant Si Kettani,
officiers d'ordonnance.
A 16 heures, la mission réembarquait à
destination de Dakar. j
——————— ———————
Chez les Gouverneurs
M. Annet. Gouverneur de 3e classe, a été
prcmu à la 2" classe.
M. Eutrope, Résident supérieur de troi-
sième classe en [ndochine, a été promu à la
2° classe.
Les mercantis
de la Guinée
U
Ii correspondant parfai-
tement informé, puis-
qu'il habite ordinaire-
ment la Guinée, me si-
gnale un abus ou plu-
tôt un scandale, que
les Annales Coloniales
se doivent de ne pas
passer sous silence.
Nos colonies de la
Côte occidentale d'Afrique sont, depuis la fin de
la guerre, le refuge de certains individus, qui sont
automatiquement « protégés français ». Ce sont
des Libanais et des Syriens. Remarquablement in-
telligents, parlant les divers dialectes avec une
facilité inouïe, s'adaptant parfaitement au milieu,
ils constituent une race de commerçants-nés, qui
se transforment aisément en mercantis.
Contre ces mercantis, les paysans noirs, pas
plus que les mineurs qui exploitent pendant neuf
mois de l'année les régions aurifères de la Haute-
Guinée, ne sont protégés. Si bien que l'on assiste
à ce spectacle lamentable et paradoxal d'une po-
pulation qui souffre de sous-alimentation dans une
contrée où pourtant tous les produits : riz, mil,
manioc, arachides, noix de kola, huile de palme,
sont en abondance.
D'où cela provient-il > Tout simplement de ce
fait que les prix sont trop élevés.
Et, si les prix sont trop élevés, il faut s'en pren-
dre aux mercantis. Voici un exemple. Ces mercan-
tis achètent une tonne de jriz à Kankan, entre 500
et 600 fr. et deux mois après la revendent au
détail 2.000 à 2.500 fr. et même beaucoup plus,
dans les districts miniers situés à 200 km. à
peine des lieux de production. Ce sont les Libano-
Syriens, maîtres du marché, qui fixent les prix,
et l'administration laisse faire et ne proteste pas
contre l'exploitation éhontée des cultivateurs in-
digènes.
Il y a plus, malheureusement. Ces « protégés
français », qui affament les populations noires,
les contaminent aussi. Il n'est plus nécessaire que
les blancs fassent aux indigènes cadeau de leurs
vices. Les Arabes importés ne s'en chargent que
trop bien.
Nous savons l'actuel ministre des Colonies dé-
cidé à agir énergiquement et, s'il le faut, à tran-
cher dans le vif.
C'est pourquoi nous lui signalons ce danger,
qui est grave, et nous lui demandons instamment
de donner des ordres pour que le scandale dont
nous avons parlé cesse au plus tôt.
Jean Philip,
Sénateur du Gers,
membre de la Commission des
Finances, membre de ta Commis-
ston des Colonies.
—————————— > -M+» ( ——————————
Auteur du bulletin de vole
aux Algériens -.'
En contre-partie de la position prise par les
maires, algériens, des élus musulmans apparte-
nant à la Fédération des élus musulmans se sont
réunis dans la salle du Conseil municipal d'Oran
pour examiner le projet Blum- Violette. Ils ont
voté une motion par laquelle ils expriment leur
confiance en M. Blum et déclarent que le prin-
cipe de la souveraineté française ne saurait être
opposé aux revendications des musulmans algé-
riens, qui sont français de cœur en fait et en
droit.
Dans l'après-midi, une délégation s'est ren-
due auprès du préfet pour lui exposer les di-
verses motions approuvées.
Aujourd'hui. doit se tenir à Alger, sur l'ini-
tiative du Dr Bendjelloul, un congrès des élus
musulmans.
Il ne faut pas oublier qu'au sein même des
élus musulmans, il en est qui n'ont pas voulu du
projet Viollette et qui lui préfèrent le projet
Saurin.
Enfin, le congrès des maires algériens qui de-
vait se tenir aujourd'hui a été reporté à jeudi.
EmeDles el Troubles
En Tunisie
Les employés des bains maures de Tunis
se sont mis en grive. Ils réclament une aug-
mentation de salaires. Dans la nuit du 30 ils
ont fait des tournées pour arrêter le chauf-
fage des établissements.
En Palestine
Une recrudescence du nombre d'attentats
par les bandes armées se manifeste dall. de
nombreuses localités. A Haifa cinq bandits
ont arrêté la nuit deux voitures à Nakker
Sa jour entre Acre et Hama et ont complè-
tement dépouillé les passagers. il Névé Shoa-
nan, un jeune enfant arabe a été tué par
une balle au cours d'un attentat contre la
maison de son père.
/I Naplouse des inconnus ont jeté une bom-
be contre une maison arabe qui a été forte-
ment endommagée. A Saffed des coups de
feu ont été tirés durant la nuit.
Dans le quartier juif de la ville, des Ara-
bes ont brisé de nombreuses fenêtres à coups
de pierres en plein jour.
Dans la vieille ville à Jérusalem, une dis-
pute entre chrétiens et musulmans a dégé-
néré en bataille.
Ainsi, malgré la présence de la commis-
sion d'Enquête la situation est loin de s'amé-
liorer et l'on crahit après son départ une re-
crudescence dit terrorisme.
Les travaux de la commission royale conti-
nuent. Le 6 janvier, le Comité suprême arabe
a enfin décidé de se présenter devant elle,
après avoir entendu le rapport des délégués
envoyés précédemment en Irak et en Arabie
séoudite, et selon le désir des rois Ibn Seoud
et Ghazi I".
Il y a toujours dans le pays huit bataillons
de troupes anglaises. Ou craint qu'après le
départ de la commission la révolte ne re.
naisse.
Voir en deuxième page
L'AFFAIRE DU SANDJAK
D'ALEXANDRETTE
par Pierre Fontaine
Un vœu : Stabilité!
Que de fois ici avons-nous réclamé, à
l'exemple des colonisations étrangères, la sta-
bilité de nos fonctionnaires coloniaux! Pour
qui connaît , a colonie, particulièrement la
brousse, l'éternelle ronde administrative (res-
semblant tant au jeu du furet de notre en-
fance) qui interdit toute continuité dans l'ef-
fort, génératrice de découragement, est de-
venue une obsession. Elle l'est pour le fonc-
tionnaire qui, à peine arrivé dans un poste,
sait que dans un délai plus ou moins court,
il va devoir repartir, aller ailleurs entrouvrir
ses cantines, au gré de la fantaisie du chef-
lieu; elle l'est pour l'indigène qui, à cha-
que nouveau changement, doit s'efforcer de
s'adapter à son nouveau chef, à ses métho-
des, à « sa politique ».
Et ainsi rien ne peut être entrepris que sur
le rythme syncopé des alternances de dé-
parts et d'arrivées de ces nomades que sont
les administrateurs.
Après les Européens qui, depuis toujours
s'insurgent contre cette instabilité chronique,
voici maintenant que s'élève la supplique in-
digène, supplique d'autant plus touchante
queux, plus que nous, ont à en pâtir. Ce
sont les Togolais que la présentent. Ecoutez-
les (Guide du Togoj novembre 1936) :
L'administration allemande du Togo, adminis-
tration que nous avons appris à connaître chez
nous pendant de longues années, avait pour
oIlû une bonne qualité qu'à chaque occasion
opportune nous autres Togolais ne cessons de
faire ressortir : c'est celile de laisser toujours
à la même place les mêmes fonctionnaires dont
l'avancement dans la hiérarchie administrative
n'Lait pas empêché de ce fait, muis qui, ainsi,
arrivaient à connaître à fond le pays et les
habitant, ce qui est indubitablement un bien-
fait pour les deux parties. Nous voyons, depuis
de nombreuses années, pratiquer cette même po-
litique chez nos voisins, en Gokl Coust. et
nous Togolais qui, en somme, ne taisons que
depuis peu de temps partie de l'empire colonial
français, mais qui désirons vivement que
l'union entre la France et le Togo se ressenre
sur tous les terrains de jour en jour davantage,
et de façon indissoluble, voudrions, afin que
ce but soit réalisé définitivement le plus vile
possible, que la France nous laisse ceux de ses
fonctionnaires et représentants que nous aimons
et que nous connaissons et qui nous aiment et
nous connaissent. C'est ainsi que nous, nou-
veaux sujets de l'empire colonial français, arri-
verons ù comprendre exactement et à apprécier
avec conviction les institutions françaises et à
nous attacher finalement d'une façon solide à
tout ce qui est français et avec cela à la France
même. Voilà notre vœu. Sera-t-il exaucé ? Nous
le souhaitons et l'espérons.
Nous aussi.
———————— ) — ( ————————
la population indigène
du Togo manifeste
son attachement a la Fra ce
Nous signalions dans notre avant-dernier
numéro la tournée qu'effectue actuellement
en A. O. F. le Gouverneur général de
Coppet.
Venant du Soudan, il vient de traverser le
Togo du nord au sud. Il a été à même de
constater l'exellent état d'esprit des popu-
lations indigènes dont les notables, partout
où il est passé ont demandé unanimement le
maintien de l'administration française.
Ces démonstrations confirment heureuse-
ment l'dat d'aprit qui ressort de l'extrait
de l'article que nous publions ci-dessus, aussi
voulons-nous espérer que, pour marquer aux
Togolais sa satisfaction, M. de Coppet ne
manquera pas de prendre les mesures néces-
saires pour eXtlllcer "leur vœu : stabilité.
) ( ———————
Nos gouverneurs rejoignent.
ABIDJAN.
Le gouverneur Mondon, nouveau titulaire du
gouvernement de la colonie est arrivé à Abid-
jan le 23 décembre pour prendre possession de
son poste.
.ET YAOUNDE
Le gouverneur Boisson, Haut-commissaire de
France au Cameroun a débarqué de l'Asie le 3
janvier à Douala.
Accueilli par des autorités il s'est ensuite
rendu à Yaoundé où il a pris possession de son
nouveau poste.
————————— ) - ( —————————
la lutte contre le phylloxéra
en Tunisie
A la suite des arrachages de vignes attein-
tes par le phylloxéra, une première distribu-
tion d'indemnités a été effectuée aux proprié-
taires. Cette série d'indemnités, réparties oar
les soins du Syndicat général obligatoire des
viticulteurs entre 23 propriétaires, et portant
sur 117 ha. 60 de vignes, forme un total de
657.173 fr., soit en moyenne 5.588 fr. par
hectare.
La surface totale des vignes phylloxérées
arrachées au 15 décembre 1936 est de iv hec-
tares dans la Région des Nassen et de 40 hec-
tares dans les autres régions. Il reste encore
environ 40 hectares désinfectés à arracher.
—————————— ) -.- ( ——————————
Réglemontation de la chasse
EN AFRIQUE NOIRE
Un décret du 13 octobre vient de réorgani-
ser la réglementation de la chasse en A.O.F.,
A.E.F., au Cameroun et au Togo.
Les quatre permis obligatoires sont : per-
mis sportif ordinaire ; permis spécial de
moyenne chasse; permis spécial de grande
chasse ; permis scientifique de chasse et de
capture.
Le décret indique, dans le détail, la na-
ture des droits de chasse de chaque catégorie
de permis ainsi que les redevances dues.
Une liste est en outre donnée des animaux
protégés, soit de façon absolue, soit de façon
partielle dans la 'limite des permis spéciaux
ou scientifiques.
EN A.E.F.
Dans le but de donner à l'indigène la pos-
sibilité de garantir ses cultures vivrières con-
tre les déprédations causées par les buffles
et de permettre son ravitaillement en viande
de chasse, ces animaux ont été, par arrêté
du 24 octobre, rayés de la liste des espèces
protégées.
Face à la crise méditerranéenne
A propos des nouvelles mesures concernant
les indigènes algériens. 1.
Les menaces sont énormes qui restent sus-
pendues sur les relations maritimes futures de
l'Afrique du Nord et de la métropole. Elles
sont d'ordre différent mais toujours graves
quelle que soit l'imprévisible issue des événe-
ments d'Espagne. Et ces menaces sont enco-
re aggravées et s'aggravent chaque jour des
mesures politiques que l' on prend en Algérie.
L'on s'en rend compte aisément, sans mê-
me prendre parti dans le débat politique.
Les mesures que l'on prend, même si elles
étaient pleinement justifiées, constituant mê-
me des manifestations d'une saine politique
intérieure — est-ce le cas ? — présenteraient
dans les circonstances actuelles, un très
grand danger. A l'heure présente, elles cons-
tituent une faute extrêmement lourde si l'on
envisage, même de loin, le côté impérial de
la situation.
Les mesures nouvelles, quelles qu' elles
soient, quoi qu'elles valent, tendent à l'ins-
titution d'un ordre nouveau. On ne peut igno-
rer qu'elles constituent un bouleversement
fondamental dans un équilibre algérien déjà
fragile et qu'il fallait tout faire pour renfor-
cer ; un équilibre que la crise économique
a fortement ébranlé, qui chancelle sous les
coups d'une politique métropolitaine qui se
refuse systématiquement à en tenir compte. De
ce déséquilibre réel, chronique, qui règne de-
puis quelques années, faut-il citer des exem-
ples ? On en trouve des manifestations dans
tous les domaines, politique, économique, ra-
cial, moral, social,. Il n'est aucune des ac-
tivités de la vie de ce peuple, de tout ce
peuple, composite, actif, et somme toute,
pauvre, qui ne révèle un état d'inquiétude.
Il n'est que de se souvenir de telles émeu-
tes, de telles grèves, de telles manifestations
tapageuses, de tant de revendications issues
de partout, manifestées à toute occasion. En
face de la crise méditerranéenne possible, si-
non imminente, qui ne voit que ce déséqui-
libre profond est inquiétant et dangereux ?
Pour 1937, on nous promet de brasser le
mélange. Les voies de la politique sont mys-
térieuses, comme celles de Dieu lui-même,
peut-être ce brassage est-il nécessaire ? On
veut croire que ceux qui en assurent la res-
ponsabilité en ont compris la portée et ont
évalué, avec le sérieux qui convient, les avan-
tages qu'ils attendent de l'ordre qu'ils veu-
lent créer. On veut le croire, on le veut de
toutes ses forces. On le veut, car hélas ! rien
n'est moins évident que cette nécessité.
Mais, cette volonté même, est impuissan-
te à faire oublier que, pour des choses de
cette importance, il ne faut pas les tenter au
moment où elles risquent de diminuer la ré-
sistance d'une pièce engagée dans une partie
qui la dépasse. -
On ne convaincra personne que l'heure est
opportune aux tentatives que le Gouvernement
tente en Algérie.
Ce qui fait peser si tragiquement sur la
France méditerranéenne la menace que ren-
ferme pour elle le conflit espagnol, c'est
que la France nord-africaine est vulnéra-
ble, au moins dans quelques-unes de ses par-
ties. Qu il s'agisse de la menace d'anarchie
qui peut suivre un succès rouge dans la zone
marocaine de l'Espagne (danger qui d'ici pa-
raît évident) ou de menaces allemandes ou
italiennes, n'importe quel homme averti peut
situer avec vraisemblance, sur la carte, quan-
tité de points particulièrement exposés. La
menace n'est-elle pas réelle ? Qui donc en
doute ? En dépit de tout les démentis, qui
donc doute des visées allemandes au Maroc ?
Il est évident qu'il faut lui opposer le
bloc africain le plus solide, le plus durement
cimenté. Il est assez de l'enclave de la zone
espagnole au plein de ce front, à la jointu-
de - la moins solide de deux parties adminis-
trativement et organiquement disparates du
bloc. Qu'au moins la partie qui est intégrale-
ment nôtre et sans hypothèque internationale
reste solide, unie autant qu'il se peut. Ou
bien, c'est l'empire entier qui chancelle et
s'effondre, car cela ira vite, si l'on n'y
prend garde.
Les esprits clairs qui dirigent l'armée fran-
çaise — ainsi que les désigna récemment un
homme d'Etat étranger — ont si bien com-
pris l'importance stratégique de ce bloc que -
l'on voit soudain prendre vie un projet que
la Chambre de Commerce d'Oran avait jadis
envisagé, le projet de la création d'un port
à Mers el Kebir. Ils l'ont si bien compris
que. moins de six mois après le déclanché-
ment des hostilités espagnoles, les Itravaux
sont commencés et se poursuivent avec une
dilligence inusitée et admirable.
Les menaces que la guerre espagnole font
peser sur la Méditerranée auront eu, au moins,
une conséquence heureuse pour la colonie.
Elles auront attiré l'attention des parlemen-
taires français sur quelques problèmes de la
sécurité française en Méditerranée, au point
de vue militaire. Les occasions de se réjouir
sont trop rares, en Algérie, en ce début d'an-
née, pour qu'on n'éprouve quelque plaisir à
te signaler.
Pour les esprits clairs, donc, l'heure est
à l'établissement d'un port de guerre ;
l'heure est à l'établissement de réservoirs
à mazout, à la mise au point de projets de
défense aérienne; l'heure est à la création d'un
instrument de force inexpugnable à la fron-
tière ouest de l'Algérie.
Quel sens ont ces travaux si l'on s'appli-
que à déliter derrière ce rempart le bloc hu-
main qui fait sa force ?
Quels que soient les espoirs que les théo-
riciens peuvent mettre en l'ordre nouveau.
qu'ils veulent créer en Algérie, il ne
peuvent ignorer que le nouvel équilibre
ne sera atteint, de longtemps, et que,
pour qu'il naisse, il faut que meure
I ordre ancien. L'heure n'est pas aux sur-
sauts d'un étranglement ; l'heure n'est pas
aux convulsions d'un accouchement qui ne
peut qu'être laborieux, d'autant que ce qui
naîtra peut être un monstre.
C'est vraiment J'heure d'une autre poli-
tique.
Pierre Barret.
la situation marocaine
C'est la question coloniale allemande qui se pose
Apres vingt-six années d'efforts, malgré
une guerre terrible, la situation européenne
se représente telle qu'elle était en 1911 :
Agadir !
Ainsi le Maroc reste le centre névralgi-
que de la paix ou de la guerre. Ce pays si
convoité, les convulsions d'un mondje- qià
se cherche le ramènent au premier plan.
Ce qui non Plus n'a pas changé c'est l'ima-
gination allemande : toujours les mêmes
méthodes, toujours la même duplicité. A
nous qui maintenant pouvons considérer
avoir assez payé pour les connaître, de sa-
voir y parer sans attendre. l'irréparable.
∴
Sous couvert d'un soutien, inavoué, ait gé.
nûral Franco, VAllemagne a pris une hypo-
thèque sur la zone espagnole et établi des
bases solides sur nos lignes impériales. Main-
tenant que ses plans sont dévoilés (un peu
trop tôt à son gré ainsi qu'en témoignent les
réactions rageuses de sa presse), ne se sen-
tant pas encore assez forte pour engager
sans plies attendre un conflit armé.. elle va
cependant pouvoir en faire peser plus lour-
dement la crainte. Usant de ses nouveaux
atouts elle va sans plus tarder faire cc chan-
ter n le monde en clamant soit leiUmotiv
colonial : donnez-nous de quoi vivre.
Et l'abandon de ses positions marocaines,
son adhésion à la non-intervention effective
en Espagne seront conditionnés par le retour
de ses anciennes colonies.
Atusi, en 1911, après Agadir, oblillt-ellc le
:< bec de canard » congolais.
L'Allemagne n'a rien à perdre, tout à
gagner. Nous, si nous ne savons faire face,
nous perdrons notre Empire; nous ne serons
plus alors qu'une nation de seconde zone,
sous le joug.
Attention à notre Afrique dit Nord !
L'Allemagne nous accuse de la laisser ron-
ger par le chancre communiste. Ce n'est
vraiment pas le moment. Laissons, surtout
là-bas, nos querelles intestines. Pensons en-
fin aux choses sérieuses sans quoi, bientôt,
il nous faudra jouer notre peau !
Main-mise allemande
sur là zone espagnole.
Depuis bientôt deux semaines de forts con-
tingents de troupes allemandes ont débarqué
à Ceuta et à Mélilla, les deux principaux
ports du Maroc espagnol. Par les soins de
techniciens allemands et militaires en civil
Ceuta a été transformé en forteresse et on
y construit des casernes pour les troupes
allemandes. Le long de la côte les Allemands
auraient commencé à installer des canons
de 420 dont la portée (de plus de 50 kilo-
mètres) permettrait de bombarder Gibraltar.
Enfin, économiquement, les agents alle-
mands exploitent d'une manière intensive les
mines de fer de Zeghanghan, près de Mélilla.
Ces mines constituent maintenant .pour l'Al-
lemagne une ressource importante pour son
industrie de guerre.
Par ailleurs, à l'intérieur du Riff les agents
allemands prospectent très activement les
régions-frontières du Maroc français et sont
en rapport constant avec les chefs nationa-
listes indigènes particulièrement avec Abd el
Malek Torrès, chef des nationaux rallié au
général Franco, qui ces denières années fit
plusieurs voyages en-Allemagne.
Il se confirme que les Allemands ont main-
tenant en mains les forces de police de la
zone et que leurs agents contrôlent passe-
ports et visas de toutes sortes.
L'infiltration des hitlériens est l'œuvre de
l'agent secret allemand Langenheim, dont
les agissements ont été dévoilés l'année
dernière dans nos colonnes sous la signatu-
re de Marcel Homet.
.ainsi qu'au Rio del Oro et à Ifni.
On commence à faire état dans la presse,
alors que notre collaborateur Marcel Homet
l'a déjà depuis longtemps signalé dans un
reportage, de l'établissement des Allemands
\troupes en uniformes), à Ifni et au Rio del
Oro.
D'Ifni, enclave espagnole sur notre côte
marocaine, les Allemands ont fait une base
navale et aérienne des plus dangereuses pour
nos communications avec l'A. O.F. et l'Amé-
rique du Sud, Là, ils sont à 70 kilomètres
de Goulimine, notre poste le plus proche
et a portée d'Agadir, port marocain qui n'est
pas défendu. La question de le fortifier doit
maintenant se poser sans tarder. A ce sujet
rappelons les enquêtes de notre collaborateur
Roland-Michel.
Au Rio del Oro les agents allemands
travaillent depuis longtemps les tribus mau-
38* ANNEE. — N° 3. MARDI (13 h. 30) 12 JANVIER 1937.
JOURNAL SEII-OUOTIDIEN
Rédaction Administration :
lt Rue 4e la Bonn*
PARIS < £ •)
TiL. 1 RICHELIEU 73'0e
(2 lignes groupées)
0
Les Annales Coloniales
Fondateur: Marcel RUEDEL Directeur r Raoul MONMARSON
ABONNEMENTS
avec la Revue illustrée:
Un se 6 Moi. 3 Mol.
France et
Colonie? 180 » tOt). 80.
Etranger.. 240» 1251 19 »
Le Numéro : sa centime*
On s'abonne sans frais dans
tous les bureaux de poste.
DES MOIS AUX FRANÇAIS DE L'INDE
Les Français de l'Inde sont-ils
des privilégiés en Indochine ?
Certaines allégations surprennent
d'une manière aussi inattendue que
les insidieuses pierres dans votre jardin,
jetées par un malin plaisant au cours
d'une discussion.
C'est ainsi qu'en reproduisant un
passage de notre article parlant des
Moïs insoumis, du 3 juillet dernier, un
journal d'Hanoï, la « Patrie Annamite »,
en soulignait la dernière partie où nous
affirmions qu'en l'occurrence la « Fran-
« ce ne faillirait pas à son idéal moral
« en adoptant la persuasion et la bonté
« comme moyens lents mais sûrs
« d'amener à nous les populations attar-
« dées dans leur état primitif et semi-
« barbare, la mutuelle compréhension
« liant mieux que la force. »
- - Toutefois — in cauda venenum — le
publiciste ajoutait que des dispositions
aussi généreuses ne semblaient pas
appliquées toujours, assurant par exem-
ple que les Hindous habitant l'Inde
jouissaient d'un statut trop favorable et
d'une considération étrangement plus
marquée que celle qui était accordée
aux populations annamites.
Cette amère réflexion se basait sur
le fait que les ressortissants de nos
Etablissements de l'Inde, hôtes de la
Cochinchine, sont électeurs, pour la
plupart, et vont déposer leur bulletin
de vote pour l'élection d'un député, d'un
délégué au Conseil supérieur de la
France d'outre-mer en pays de protec-
torat.
Bien que participant à d'autres scru-
tins, les Annamites non naturalisés
n'entrent point dans de tels collèges
électoraux. Que faut-il penser de ce
prétendu privilège ?
En droit, on ne peut trouver anormal
cçtte-différence de traitement en faveur
des gens de couleur que l'on appelle vo-
lontiers les Français de l'Inde.
Il s'agit d'élections françaises, et les
Indiens, citoyens français qui accom-
plissent tous, d'ailleurs, leur service mi-
litaire, ne sauraient être écartés de
l'exercice des droits que leur confère
leur situation civique.
Et ce n'est pas le reproche plus ou
moins fondé qu'on leur adresse de lais-
ser parfois fléchir leur conscience en
accordant des voix inclinables au gré de
la vénalité, qui peut constituer un grief
sérieux à cette application du suffrage
universel pour lequel ont combattu tant
de républicains d'autrefois, et avant
tout le célèbre Schoelcher.
Il n'y aurait qu'à faire les mêmes ré-
serves, sous prétexte d'insuffisante édu-
cation politique, pour les administrés
de nos vieilles colonies, Martinique,
Guadeloupe, Réunion.
Nous n'avons pas besoin de dire avec
tels jésuites casuistes, que Dieu accor-
de sa grâce à qui lui plaît, sans faire tort
au commun de l'humanité.
Argument transposable ici, bien que
nous entendions un ironiste le rétor-
quer en faisant observer que les des-
seins providentiels sont obscurs, alors
que la loi française demeure parfaite-
ment claire et explicable.
L'Inde bénéficie tout simplement de
son ancienneté dans notre empire colo-
nial (XVIIe siècle) et se trouve placée
sous le même régime que les pays ap-
pelés autrefois les « Iles ».
D'autre part, les Indiens, électeurs,
hôtes de l'Union, ne sont pas tellement
nombreux, quelques centaines tout au
plus en Cochinchine, pour qu'ils fassent
nécessairement pencher la balance de
leur côté, inconvénient peu marqué si la
police électorale à l'égard du trafic d'in-
fluences est sérieusement faite.
Peut-on songer à munir d'un bulletin
de vote les vingt millions d'habitants de
la Fédération indochinoise, aujourd'hui,
pour le choix d'un député, demain peut-
être pour celui d'un sénateur, sans au
préalable les avoir éduqués.
Nul doute que cette éducation n'ar-
rive à supprimer la plaie électorale de
l'influence et de l'argent, si souvent dé-
plorée dans quantité de nos colonies.
Elle permettrait, nous en sommes
convaincus, à des hommes de bonne foi
de profiter, même aux colonies, des
bienfaits de la démocratie, représentée
à travers le monde par le suffrage uni-
versel librement exprimé.
J. Luquot,
Député de la Gironde,
Membre de la Commission
de la marine marchande.
AUDIENCES
AU MINISTERE
DES AFFAIRES ETRANGERES
M. Viénot, sous-secrétaire d'Etat aux Af-
faires étrangères, a reçu samedi dans Ja mati-
née M. Hennings, ministre de Suède, chargé
du rapport à la Société des Nations sur le
conflit franco-turc, et dans r après-midi il a
eu un nouvel entretien avec M. Suad, ambas-
sadeur de Turquie.
Ce dernier et M. Viénot se sont revus hier soir.
Comme au cours des précédentes entrevues, la
ccnversaticn des deux négociateurs a porté sur
le problème du sandjak d'Allexandrette ; les
nouvelles propositions turques susceptibles de
servir de base à un compromis ont fait l' objet de
leur examen.
>-•♦•-<
MISSIONS
En Egypte
Les échanges commerciaux franco-égyp-
tiens n'ayant plus depuis quelques années
l'ampleur désirable, le Comité républicain
du commerce, de l'industrie et de l'agricul-
ture, sur l'initiative et en accord avec le
Comité national des Conseillers dit Commer-
ce extérieur, a décidé l'envoi en Egypte
d'une mission économique qui partira cou-
rant février.
Les ministères du Commerce et des Af-
faires étrangères, ont accordé leur haut pa-
tronage à cette mission qui sera présidée par
M. Max Hvmans, députe, membre de la com-
mission des Finances, ancien président de
la commission des Douanes.
Les produits envisagés pour l'importation
en France seront particulièrement le coton,
les légumes frais et le riz.
Mystérieux assassinat
d'un Français en Syrie
Un télégramme privé, adressé à sa famille,
annonce que M. d'Andurain, établi depuis plu-
sieurs années à Palmyre (Syrie), vient d y être
assassiné. Le télégramme, signé du fils de M.
d'Andurain, est muet sur les circonstances du
drame.
Cependant, il y a lieu de rappeler qu'il y a
quatre ans. Mme d'Andurain avait été condam-
née à mort pour avoir pénétré dans le sanctuaire j
de La Mecque. Elle avait été grâciée sur l'in-
tervention de hautes personnalités.
La mission parlementaire
d'A. 0. F.
En Algérie
Le s/s Banjora, à bord duquel la mission
de la Commission des colonies de la Chambre
se rend à Dakar, sous la conduite de M. Geor-
ges Nouelle, président de la Commission, est
arrivé à Alger jeudi à 7 heures u du matin.
Saluée à son arrivée par l'officier d'ordonnance
du Gouverneur général Le Beau, la mission
était invitée à déjeuner au Palais d'Eté par
le Gouverneur général.
Entre temps, deux de ses membres, MM-
Adolphe Vincent et Cerveaux, sous la conduite
de MM. Poulaillon et Cardinal, visitaient à
la Chambre de Commerce le stand de l'A.
O. F. nouvellement installé à la suite de la
mission algérienne en notre Afrique occidentale.
Le Banjora a quitté Alger à 14 heures.
Au Maroc
Le Ranfora est arrivé à Casablanca le 9, à
7 heures du matin. Vers 11 h-, la mission a
gagné en voiture Rabat, où l'attendait le gé-
néral Noguès, Commissaire Résident général au
Maroc.
Dans le cadre admirable de Rabat, elle se
rendit au mausolée du maréchal Lyautey. M.
Georges Nouelle, président de la Commission
des colonies, chef de mission, s'avança vers
le tombeau si simple du maréchal, et déposa
une gerbe de fleurs. L'instant ne manqua pas
de grandeur. Après quoi, gagnant la Résidence,
la mission fut reçue à déjeuner par le général
Noguès. Aux côtés de Mme Noguès, assis-
taient à ce déjeuner MM. Morize, ministre plé-
nipotentiaire, délégué à la Résidence générale;
Gayet, inspecteur des Colonies, directeur du
cabinet ; Hutin, chef du secrétariat particulier,
commandant Bertrand, chef du cabinet mili-
taire ; Broustra, secrétaire d'ambassade, chef
du cabinet civil; Mazoyer, contrôleur civil ; ca-
pitaine Pique-Aubrun, et lieutenant Si Kettani,
officiers d'ordonnance.
A 16 heures, la mission réembarquait à
destination de Dakar. j
——————— ———————
Chez les Gouverneurs
M. Annet. Gouverneur de 3e classe, a été
prcmu à la 2" classe.
M. Eutrope, Résident supérieur de troi-
sième classe en [ndochine, a été promu à la
2° classe.
Les mercantis
de la Guinée
U
Ii correspondant parfai-
tement informé, puis-
qu'il habite ordinaire-
ment la Guinée, me si-
gnale un abus ou plu-
tôt un scandale, que
les Annales Coloniales
se doivent de ne pas
passer sous silence.
Nos colonies de la
Côte occidentale d'Afrique sont, depuis la fin de
la guerre, le refuge de certains individus, qui sont
automatiquement « protégés français ». Ce sont
des Libanais et des Syriens. Remarquablement in-
telligents, parlant les divers dialectes avec une
facilité inouïe, s'adaptant parfaitement au milieu,
ils constituent une race de commerçants-nés, qui
se transforment aisément en mercantis.
Contre ces mercantis, les paysans noirs, pas
plus que les mineurs qui exploitent pendant neuf
mois de l'année les régions aurifères de la Haute-
Guinée, ne sont protégés. Si bien que l'on assiste
à ce spectacle lamentable et paradoxal d'une po-
pulation qui souffre de sous-alimentation dans une
contrée où pourtant tous les produits : riz, mil,
manioc, arachides, noix de kola, huile de palme,
sont en abondance.
D'où cela provient-il > Tout simplement de ce
fait que les prix sont trop élevés.
Et, si les prix sont trop élevés, il faut s'en pren-
dre aux mercantis. Voici un exemple. Ces mercan-
tis achètent une tonne de jriz à Kankan, entre 500
et 600 fr. et deux mois après la revendent au
détail 2.000 à 2.500 fr. et même beaucoup plus,
dans les districts miniers situés à 200 km. à
peine des lieux de production. Ce sont les Libano-
Syriens, maîtres du marché, qui fixent les prix,
et l'administration laisse faire et ne proteste pas
contre l'exploitation éhontée des cultivateurs in-
digènes.
Il y a plus, malheureusement. Ces « protégés
français », qui affament les populations noires,
les contaminent aussi. Il n'est plus nécessaire que
les blancs fassent aux indigènes cadeau de leurs
vices. Les Arabes importés ne s'en chargent que
trop bien.
Nous savons l'actuel ministre des Colonies dé-
cidé à agir énergiquement et, s'il le faut, à tran-
cher dans le vif.
C'est pourquoi nous lui signalons ce danger,
qui est grave, et nous lui demandons instamment
de donner des ordres pour que le scandale dont
nous avons parlé cesse au plus tôt.
Jean Philip,
Sénateur du Gers,
membre de la Commission des
Finances, membre de ta Commis-
ston des Colonies.
—————————— > -M+» ( ——————————
Auteur du bulletin de vole
aux Algériens -.'
En contre-partie de la position prise par les
maires, algériens, des élus musulmans apparte-
nant à la Fédération des élus musulmans se sont
réunis dans la salle du Conseil municipal d'Oran
pour examiner le projet Blum- Violette. Ils ont
voté une motion par laquelle ils expriment leur
confiance en M. Blum et déclarent que le prin-
cipe de la souveraineté française ne saurait être
opposé aux revendications des musulmans algé-
riens, qui sont français de cœur en fait et en
droit.
Dans l'après-midi, une délégation s'est ren-
due auprès du préfet pour lui exposer les di-
verses motions approuvées.
Aujourd'hui. doit se tenir à Alger, sur l'ini-
tiative du Dr Bendjelloul, un congrès des élus
musulmans.
Il ne faut pas oublier qu'au sein même des
élus musulmans, il en est qui n'ont pas voulu du
projet Viollette et qui lui préfèrent le projet
Saurin.
Enfin, le congrès des maires algériens qui de-
vait se tenir aujourd'hui a été reporté à jeudi.
EmeDles el Troubles
En Tunisie
Les employés des bains maures de Tunis
se sont mis en grive. Ils réclament une aug-
mentation de salaires. Dans la nuit du 30 ils
ont fait des tournées pour arrêter le chauf-
fage des établissements.
En Palestine
Une recrudescence du nombre d'attentats
par les bandes armées se manifeste dall. de
nombreuses localités. A Haifa cinq bandits
ont arrêté la nuit deux voitures à Nakker
Sa jour entre Acre et Hama et ont complè-
tement dépouillé les passagers. il Névé Shoa-
nan, un jeune enfant arabe a été tué par
une balle au cours d'un attentat contre la
maison de son père.
/I Naplouse des inconnus ont jeté une bom-
be contre une maison arabe qui a été forte-
ment endommagée. A Saffed des coups de
feu ont été tirés durant la nuit.
Dans le quartier juif de la ville, des Ara-
bes ont brisé de nombreuses fenêtres à coups
de pierres en plein jour.
Dans la vieille ville à Jérusalem, une dis-
pute entre chrétiens et musulmans a dégé-
néré en bataille.
Ainsi, malgré la présence de la commis-
sion d'Enquête la situation est loin de s'amé-
liorer et l'on crahit après son départ une re-
crudescence dit terrorisme.
Les travaux de la commission royale conti-
nuent. Le 6 janvier, le Comité suprême arabe
a enfin décidé de se présenter devant elle,
après avoir entendu le rapport des délégués
envoyés précédemment en Irak et en Arabie
séoudite, et selon le désir des rois Ibn Seoud
et Ghazi I".
Il y a toujours dans le pays huit bataillons
de troupes anglaises. Ou craint qu'après le
départ de la commission la révolte ne re.
naisse.
Voir en deuxième page
L'AFFAIRE DU SANDJAK
D'ALEXANDRETTE
par Pierre Fontaine
Un vœu : Stabilité!
Que de fois ici avons-nous réclamé, à
l'exemple des colonisations étrangères, la sta-
bilité de nos fonctionnaires coloniaux! Pour
qui connaît , a colonie, particulièrement la
brousse, l'éternelle ronde administrative (res-
semblant tant au jeu du furet de notre en-
fance) qui interdit toute continuité dans l'ef-
fort, génératrice de découragement, est de-
venue une obsession. Elle l'est pour le fonc-
tionnaire qui, à peine arrivé dans un poste,
sait que dans un délai plus ou moins court,
il va devoir repartir, aller ailleurs entrouvrir
ses cantines, au gré de la fantaisie du chef-
lieu; elle l'est pour l'indigène qui, à cha-
que nouveau changement, doit s'efforcer de
s'adapter à son nouveau chef, à ses métho-
des, à « sa politique ».
Et ainsi rien ne peut être entrepris que sur
le rythme syncopé des alternances de dé-
parts et d'arrivées de ces nomades que sont
les administrateurs.
Après les Européens qui, depuis toujours
s'insurgent contre cette instabilité chronique,
voici maintenant que s'élève la supplique in-
digène, supplique d'autant plus touchante
queux, plus que nous, ont à en pâtir. Ce
sont les Togolais que la présentent. Ecoutez-
les (Guide du Togoj novembre 1936) :
L'administration allemande du Togo, adminis-
tration que nous avons appris à connaître chez
nous pendant de longues années, avait pour
oIlû une bonne qualité qu'à chaque occasion
opportune nous autres Togolais ne cessons de
faire ressortir : c'est celile de laisser toujours
à la même place les mêmes fonctionnaires dont
l'avancement dans la hiérarchie administrative
n'Lait pas empêché de ce fait, muis qui, ainsi,
arrivaient à connaître à fond le pays et les
habitant, ce qui est indubitablement un bien-
fait pour les deux parties. Nous voyons, depuis
de nombreuses années, pratiquer cette même po-
litique chez nos voisins, en Gokl Coust. et
nous Togolais qui, en somme, ne taisons que
depuis peu de temps partie de l'empire colonial
français, mais qui désirons vivement que
l'union entre la France et le Togo se ressenre
sur tous les terrains de jour en jour davantage,
et de façon indissoluble, voudrions, afin que
ce but soit réalisé définitivement le plus vile
possible, que la France nous laisse ceux de ses
fonctionnaires et représentants que nous aimons
et que nous connaissons et qui nous aiment et
nous connaissent. C'est ainsi que nous, nou-
veaux sujets de l'empire colonial français, arri-
verons ù comprendre exactement et à apprécier
avec conviction les institutions françaises et à
nous attacher finalement d'une façon solide à
tout ce qui est français et avec cela à la France
même. Voilà notre vœu. Sera-t-il exaucé ? Nous
le souhaitons et l'espérons.
Nous aussi.
———————— ) — ( ————————
la population indigène
du Togo manifeste
son attachement a la Fra ce
Nous signalions dans notre avant-dernier
numéro la tournée qu'effectue actuellement
en A. O. F. le Gouverneur général de
Coppet.
Venant du Soudan, il vient de traverser le
Togo du nord au sud. Il a été à même de
constater l'exellent état d'esprit des popu-
lations indigènes dont les notables, partout
où il est passé ont demandé unanimement le
maintien de l'administration française.
Ces démonstrations confirment heureuse-
ment l'dat d'aprit qui ressort de l'extrait
de l'article que nous publions ci-dessus, aussi
voulons-nous espérer que, pour marquer aux
Togolais sa satisfaction, M. de Coppet ne
manquera pas de prendre les mesures néces-
saires pour eXtlllcer "leur vœu : stabilité.
) ( ———————
Nos gouverneurs rejoignent.
ABIDJAN.
Le gouverneur Mondon, nouveau titulaire du
gouvernement de la colonie est arrivé à Abid-
jan le 23 décembre pour prendre possession de
son poste.
.ET YAOUNDE
Le gouverneur Boisson, Haut-commissaire de
France au Cameroun a débarqué de l'Asie le 3
janvier à Douala.
Accueilli par des autorités il s'est ensuite
rendu à Yaoundé où il a pris possession de son
nouveau poste.
————————— ) - ( —————————
la lutte contre le phylloxéra
en Tunisie
A la suite des arrachages de vignes attein-
tes par le phylloxéra, une première distribu-
tion d'indemnités a été effectuée aux proprié-
taires. Cette série d'indemnités, réparties oar
les soins du Syndicat général obligatoire des
viticulteurs entre 23 propriétaires, et portant
sur 117 ha. 60 de vignes, forme un total de
657.173 fr., soit en moyenne 5.588 fr. par
hectare.
La surface totale des vignes phylloxérées
arrachées au 15 décembre 1936 est de iv hec-
tares dans la Région des Nassen et de 40 hec-
tares dans les autres régions. Il reste encore
environ 40 hectares désinfectés à arracher.
—————————— ) -.- ( ——————————
Réglemontation de la chasse
EN AFRIQUE NOIRE
Un décret du 13 octobre vient de réorgani-
ser la réglementation de la chasse en A.O.F.,
A.E.F., au Cameroun et au Togo.
Les quatre permis obligatoires sont : per-
mis sportif ordinaire ; permis spécial de
moyenne chasse; permis spécial de grande
chasse ; permis scientifique de chasse et de
capture.
Le décret indique, dans le détail, la na-
ture des droits de chasse de chaque catégorie
de permis ainsi que les redevances dues.
Une liste est en outre donnée des animaux
protégés, soit de façon absolue, soit de façon
partielle dans la 'limite des permis spéciaux
ou scientifiques.
EN A.E.F.
Dans le but de donner à l'indigène la pos-
sibilité de garantir ses cultures vivrières con-
tre les déprédations causées par les buffles
et de permettre son ravitaillement en viande
de chasse, ces animaux ont été, par arrêté
du 24 octobre, rayés de la liste des espèces
protégées.
Face à la crise méditerranéenne
A propos des nouvelles mesures concernant
les indigènes algériens. 1.
Les menaces sont énormes qui restent sus-
pendues sur les relations maritimes futures de
l'Afrique du Nord et de la métropole. Elles
sont d'ordre différent mais toujours graves
quelle que soit l'imprévisible issue des événe-
ments d'Espagne. Et ces menaces sont enco-
re aggravées et s'aggravent chaque jour des
mesures politiques que l' on prend en Algérie.
L'on s'en rend compte aisément, sans mê-
me prendre parti dans le débat politique.
Les mesures que l'on prend, même si elles
étaient pleinement justifiées, constituant mê-
me des manifestations d'une saine politique
intérieure — est-ce le cas ? — présenteraient
dans les circonstances actuelles, un très
grand danger. A l'heure présente, elles cons-
tituent une faute extrêmement lourde si l'on
envisage, même de loin, le côté impérial de
la situation.
Les mesures nouvelles, quelles qu' elles
soient, quoi qu'elles valent, tendent à l'ins-
titution d'un ordre nouveau. On ne peut igno-
rer qu'elles constituent un bouleversement
fondamental dans un équilibre algérien déjà
fragile et qu'il fallait tout faire pour renfor-
cer ; un équilibre que la crise économique
a fortement ébranlé, qui chancelle sous les
coups d'une politique métropolitaine qui se
refuse systématiquement à en tenir compte. De
ce déséquilibre réel, chronique, qui règne de-
puis quelques années, faut-il citer des exem-
ples ? On en trouve des manifestations dans
tous les domaines, politique, économique, ra-
cial, moral, social,. Il n'est aucune des ac-
tivités de la vie de ce peuple, de tout ce
peuple, composite, actif, et somme toute,
pauvre, qui ne révèle un état d'inquiétude.
Il n'est que de se souvenir de telles émeu-
tes, de telles grèves, de telles manifestations
tapageuses, de tant de revendications issues
de partout, manifestées à toute occasion. En
face de la crise méditerranéenne possible, si-
non imminente, qui ne voit que ce déséqui-
libre profond est inquiétant et dangereux ?
Pour 1937, on nous promet de brasser le
mélange. Les voies de la politique sont mys-
térieuses, comme celles de Dieu lui-même,
peut-être ce brassage est-il nécessaire ? On
veut croire que ceux qui en assurent la res-
ponsabilité en ont compris la portée et ont
évalué, avec le sérieux qui convient, les avan-
tages qu'ils attendent de l'ordre qu'ils veu-
lent créer. On veut le croire, on le veut de
toutes ses forces. On le veut, car hélas ! rien
n'est moins évident que cette nécessité.
Mais, cette volonté même, est impuissan-
te à faire oublier que, pour des choses de
cette importance, il ne faut pas les tenter au
moment où elles risquent de diminuer la ré-
sistance d'une pièce engagée dans une partie
qui la dépasse. -
On ne convaincra personne que l'heure est
opportune aux tentatives que le Gouvernement
tente en Algérie.
Ce qui fait peser si tragiquement sur la
France méditerranéenne la menace que ren-
ferme pour elle le conflit espagnol, c'est
que la France nord-africaine est vulnéra-
ble, au moins dans quelques-unes de ses par-
ties. Qu il s'agisse de la menace d'anarchie
qui peut suivre un succès rouge dans la zone
marocaine de l'Espagne (danger qui d'ici pa-
raît évident) ou de menaces allemandes ou
italiennes, n'importe quel homme averti peut
situer avec vraisemblance, sur la carte, quan-
tité de points particulièrement exposés. La
menace n'est-elle pas réelle ? Qui donc en
doute ? En dépit de tout les démentis, qui
donc doute des visées allemandes au Maroc ?
Il est évident qu'il faut lui opposer le
bloc africain le plus solide, le plus durement
cimenté. Il est assez de l'enclave de la zone
espagnole au plein de ce front, à la jointu-
de - la moins solide de deux parties adminis-
trativement et organiquement disparates du
bloc. Qu'au moins la partie qui est intégrale-
ment nôtre et sans hypothèque internationale
reste solide, unie autant qu'il se peut. Ou
bien, c'est l'empire entier qui chancelle et
s'effondre, car cela ira vite, si l'on n'y
prend garde.
Les esprits clairs qui dirigent l'armée fran-
çaise — ainsi que les désigna récemment un
homme d'Etat étranger — ont si bien com-
pris l'importance stratégique de ce bloc que -
l'on voit soudain prendre vie un projet que
la Chambre de Commerce d'Oran avait jadis
envisagé, le projet de la création d'un port
à Mers el Kebir. Ils l'ont si bien compris
que. moins de six mois après le déclanché-
ment des hostilités espagnoles, les Itravaux
sont commencés et se poursuivent avec une
dilligence inusitée et admirable.
Les menaces que la guerre espagnole font
peser sur la Méditerranée auront eu, au moins,
une conséquence heureuse pour la colonie.
Elles auront attiré l'attention des parlemen-
taires français sur quelques problèmes de la
sécurité française en Méditerranée, au point
de vue militaire. Les occasions de se réjouir
sont trop rares, en Algérie, en ce début d'an-
née, pour qu'on n'éprouve quelque plaisir à
te signaler.
Pour les esprits clairs, donc, l'heure est
à l'établissement d'un port de guerre ;
l'heure est à l'établissement de réservoirs
à mazout, à la mise au point de projets de
défense aérienne; l'heure est à la création d'un
instrument de force inexpugnable à la fron-
tière ouest de l'Algérie.
Quel sens ont ces travaux si l'on s'appli-
que à déliter derrière ce rempart le bloc hu-
main qui fait sa force ?
Quels que soient les espoirs que les théo-
riciens peuvent mettre en l'ordre nouveau.
qu'ils veulent créer en Algérie, il ne
peuvent ignorer que le nouvel équilibre
ne sera atteint, de longtemps, et que,
pour qu'il naisse, il faut que meure
I ordre ancien. L'heure n'est pas aux sur-
sauts d'un étranglement ; l'heure n'est pas
aux convulsions d'un accouchement qui ne
peut qu'être laborieux, d'autant que ce qui
naîtra peut être un monstre.
C'est vraiment J'heure d'une autre poli-
tique.
Pierre Barret.
la situation marocaine
C'est la question coloniale allemande qui se pose
Apres vingt-six années d'efforts, malgré
une guerre terrible, la situation européenne
se représente telle qu'elle était en 1911 :
Agadir !
Ainsi le Maroc reste le centre névralgi-
que de la paix ou de la guerre. Ce pays si
convoité, les convulsions d'un mondje- qià
se cherche le ramènent au premier plan.
Ce qui non Plus n'a pas changé c'est l'ima-
gination allemande : toujours les mêmes
méthodes, toujours la même duplicité. A
nous qui maintenant pouvons considérer
avoir assez payé pour les connaître, de sa-
voir y parer sans attendre. l'irréparable.
∴
Sous couvert d'un soutien, inavoué, ait gé.
nûral Franco, VAllemagne a pris une hypo-
thèque sur la zone espagnole et établi des
bases solides sur nos lignes impériales. Main-
tenant que ses plans sont dévoilés (un peu
trop tôt à son gré ainsi qu'en témoignent les
réactions rageuses de sa presse), ne se sen-
tant pas encore assez forte pour engager
sans plies attendre un conflit armé.. elle va
cependant pouvoir en faire peser plus lour-
dement la crainte. Usant de ses nouveaux
atouts elle va sans plus tarder faire cc chan-
ter n le monde en clamant soit leiUmotiv
colonial : donnez-nous de quoi vivre.
Et l'abandon de ses positions marocaines,
son adhésion à la non-intervention effective
en Espagne seront conditionnés par le retour
de ses anciennes colonies.
Atusi, en 1911, après Agadir, oblillt-ellc le
:< bec de canard » congolais.
L'Allemagne n'a rien à perdre, tout à
gagner. Nous, si nous ne savons faire face,
nous perdrons notre Empire; nous ne serons
plus alors qu'une nation de seconde zone,
sous le joug.
Attention à notre Afrique dit Nord !
L'Allemagne nous accuse de la laisser ron-
ger par le chancre communiste. Ce n'est
vraiment pas le moment. Laissons, surtout
là-bas, nos querelles intestines. Pensons en-
fin aux choses sérieuses sans quoi, bientôt,
il nous faudra jouer notre peau !
Main-mise allemande
sur là zone espagnole.
Depuis bientôt deux semaines de forts con-
tingents de troupes allemandes ont débarqué
à Ceuta et à Mélilla, les deux principaux
ports du Maroc espagnol. Par les soins de
techniciens allemands et militaires en civil
Ceuta a été transformé en forteresse et on
y construit des casernes pour les troupes
allemandes. Le long de la côte les Allemands
auraient commencé à installer des canons
de 420 dont la portée (de plus de 50 kilo-
mètres) permettrait de bombarder Gibraltar.
Enfin, économiquement, les agents alle-
mands exploitent d'une manière intensive les
mines de fer de Zeghanghan, près de Mélilla.
Ces mines constituent maintenant .pour l'Al-
lemagne une ressource importante pour son
industrie de guerre.
Par ailleurs, à l'intérieur du Riff les agents
allemands prospectent très activement les
régions-frontières du Maroc français et sont
en rapport constant avec les chefs nationa-
listes indigènes particulièrement avec Abd el
Malek Torrès, chef des nationaux rallié au
général Franco, qui ces denières années fit
plusieurs voyages en-Allemagne.
Il se confirme que les Allemands ont main-
tenant en mains les forces de police de la
zone et que leurs agents contrôlent passe-
ports et visas de toutes sortes.
L'infiltration des hitlériens est l'œuvre de
l'agent secret allemand Langenheim, dont
les agissements ont été dévoilés l'année
dernière dans nos colonnes sous la signatu-
re de Marcel Homet.
.ainsi qu'au Rio del Oro et à Ifni.
On commence à faire état dans la presse,
alors que notre collaborateur Marcel Homet
l'a déjà depuis longtemps signalé dans un
reportage, de l'établissement des Allemands
\troupes en uniformes), à Ifni et au Rio del
Oro.
D'Ifni, enclave espagnole sur notre côte
marocaine, les Allemands ont fait une base
navale et aérienne des plus dangereuses pour
nos communications avec l'A. O.F. et l'Amé-
rique du Sud, Là, ils sont à 70 kilomètres
de Goulimine, notre poste le plus proche
et a portée d'Agadir, port marocain qui n'est
pas défendu. La question de le fortifier doit
maintenant se poser sans tarder. A ce sujet
rappelons les enquêtes de notre collaborateur
Roland-Michel.
Au Rio del Oro les agents allemands
travaillent depuis longtemps les tribus mau-
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