Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-12-13
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 décembre 1932 13 décembre 1932
Description : 1932/12/13 (A32,N131). 1932/12/13 (A32,N131).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63805478
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. N* 131. US NUMBHO : 80 CBNTIIUB MARDI SOI H, 13 DECEMBRE 1902.
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Médaction & Administratim:
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Les Annales Coloniales
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Les Chemins de Fer Coloniaux
et la Reprise Economique
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Il faut du courage pour parler de re-
prise économique, à l'heure où s'élève, de
chaque point du globe, le même concert de
lamentations, et où il n'est pas un pays qui
ne paie son tribut à la crise.
Et pourtant il est nécessaire d'en parler,
quand ce ne serait que pour suggestionner
favorablement la foule de ceux qui s'aban
donnent à un désolant pessimisme. Ne ré-
pète-t-on pas à satiété et d'ailleurs avec
raison que le facteur psychologique joue
dans cette crise un rôle de premier plan?
Si nous remontons le moral des masses, par
là-même, nous commencerons à alléger leur
détresse. C'est pourquoi toutes les occasions
doivent nous être bonnes pour entonner,
fût-ce sur le mode mineur, l'hymne à la
confiance.
Justement, le Bulletin décadaire du Ca-
nal de Suez nous en fournit une. Il constate
en effet que la courbe du tonnage est pres-
que revenue, pour octobre, au niveau moyen
de 1926-1930, abandonné depuis juillet
1931. Ce n'est, si l'on veut, qu'une lueur
dans la nuit. Mais c'est quand même une
lueur. Une honne nouvelle « flotte sur les
eaux ». Les bonnes nouvelles, par le temps
qui court, sont trop rares pour ne pas,
quand elles se présentent, les souligner.
En réalité, il est certain, malgré toutes
les angoisses et les incertitudes présentes,
que la reprise, un jour ou l'autre, viendra.
Quand? Voilà toute la question. Mais dès
maintenant on doit se préparer pour ne pas
être surpris quand elle se produira.
- - - -
Ces considérations préliminaires me con-
duisent, par un détour qui est en réalité, un
Chemin direct, à parler de l'outillage colo-
nial. Puisque nos colonies sont, comme la
métropole, durement touchées par la cri:\.
comme elle aussi, il faudra bien qu'elles
bénéficient du relèvement économique. Et
ce ne sera possible que si, à ce moment, leur
outillage est au point.
Or, dans cet outittage, les transports
tiennent la première place, surtout aux colo-
nies. Si notre époque tend de pltS en plus
vers une a civilisation de circulation. c'est
bien aux pays neufs que le rail est le plus
Indispensable. Pas de colonie possible sans
chemins de fer. TOutes les richesses qu'elles
renferment seraient inutiles, si elles ne pou-
vaient être transportées.
11 y a donc un problème des chemins de
fer coloniaux. Et ce problème est grave. Je
voudrais aujourd'hui examiner comment il
se pose pour l'Afrique Occidentale fran-
çaise.
Le réseau des chemins de fer de l'A.O.F.
est constitué par des lignes à voie d'un mè-
tre, qui sont exploitées par les colonies. Ces
lignes, isolées les unes des autres, étaient
à l'origine des lignes de pénétration. Elles
s'étendaient sur une distance totale d'envi-
ron 3.000 kilomètres, et étaient gérées in-
dépendamment les unes des autres, chacune
ayant sa direction et ses services particu-
liers. Mais il n'y avait dans l'ensemble au-
cune unité.
La ligne de Dakar à Saint-Louis, dont
le but était de relier les deux points du Sé-
négal, fut commencée en 1882 et achevée en
1885. Quant à la ligne Kayes-Koulikoro,
commencée vers la même époque, et qui de-
vait relier les vallées du Niger et du Séné-
gal, elle n'a été terminée qu'en 1904.
Enfin, vers 1900, on mit sur pied les
premiers projets de la ligne Conakry-Niger,
et du rail en Côte d'Ivoire et au Dahomey.
Mais tout ceci n'était que fragmentaire et,
si l'on ipeut dire, rudimentaire. Malgré sa
longueur relativement importante, un tel ré-
seau, puisqu'il ne présentait ni cohésion, ni
unité, ne pouvait rendre que d'insuffisants
services. C était, serions-nous tenté de dire,
trop ou trop peu. Trop, parce que l'on avait
l'illusion trompeuse que notre grande colo-
nie de l'A. O. F. était desservie par des
lignes de quelque valeur. Trop peu, parce
qu'on s'apercevait vite, à l'usage, des la-
cunes graves que présentait le système fer-
roviaire d'alors.
Il fallait donc faire autre chose, et sur-
tout faire mieux. Ce fut le Gouverneur gé-
néral Roume qui, en 1906, mit sur pied un
programme méthodique et rationnel de
voies ferrées à créer en A. O. F. Le but
était net. Il s'agissait de permettre aux qua-
tre colonies côtières d'atteindre par le rail
leur hinterland commun, constitué par le
bassin du Niger, et de réaliser ainsi, par
voie ferrée et fluviale, une liaison étroite en-
tre les divers pays composant le groupement
de l'Afrique Occidentale française.
Tel était le plan, qui témoignait d'une
conception hardie et nouvelle des véritables
nécessités coloniales dans notre grande co-
lonie africaine. Mais il fallut de longues
années avant qu'on pût en entrevoir et en
espérer la réalisation.
En réalité, c'est la loi d'emprunt du 22
février 1931 qui a apporté la première solu-
tion au problème ferroviaire en A. O. F et
du même coup au problème colonial qui lui
est intimément lié. Quand le réseau aura été
achevé, une exploitation intelligente et in-
tensive de ces terres magnifiques sera eifin
possible. Après les années de misère, et
grâce à un outillage moderne et parfaite-
ment adapté, la prospérité reviendra, ré-
compensant l'admirable ténacité de nos co-
lons, et les vues hardies et justes de nos
grands administrateurs coloniaux.
Jean Philip,
Sénateur, secrétaire de la Commis-
sion des Affaires étrangères,
membre de la Commission des
Finances, membre de la Commis-
sion des Colonies.
Dans les Commissions
sol -
A M CHA9ÊBUK
A LA COMMISSION DE L'ALGERIE
DES COLONIES ET PROTECTORATS
Réunion remise
La Sous-Commission désignée par la Com-
mission de l'Algérie, des Colonies et des Pro-
tectorats pour étudier les conditions dans les-
quelles ont eu lieu les élections au Conseil
Supérieur des Colonies devait se réunir
aujourd'hui 13 décembre à 17 heures.
En raison de l'importance de la discus-
sion ouverte devant la Chambre, la réunion
de la Sous-Commission est renvoyée à mer-
credi 14 décembre à 15 h. 30, local du 70 bu-
reau.
A LA COMMISSION DE L'ARIIEE
Désignation d'un rapporteur
La Commission de l'Armée se réunira de-
main mercredi 14 décembre, à 15 heures,
local du 8° bureau.
A l'ordre du jour :
Désignation d'un rapporteur pour la
proposition de résolution n° 973 de M. Proust
tendant à inviter le Gouvernement à accor-
der la médaille commémorative d\4 Maroc
aux combattants du Riff (1925-1926).
) (
Au Conseil d'État
1
Tribunaux en Algérie
Le Conseil d'Etat a adopté un projet de dé-
cret tendant à modifier l'art. 23 § 2 de l'or-
donnance du 26 septembre 1842 sur l'organi-
sation de la justice en Algérie.
D'où il résulte que désormais, les sup-
pléants des juges de Paix en Algérie devront
être licenciés en Droit.
Bftjel de la requête d'un contrôleur des
Contributions indirectes à la Martinique
Le Conseil d'Etat ;
Considérant.
Qu'aucune disposition législative ou régle-
mentaire'1 n'interdisait au Gouverneur de la
Martinique de désigner, à défaut de contrô-
leurs titulaires en nombre suffisant des véri-
ficateurs principaux des Contributions indi-
rectes pour faire provisoirement fonctions de
contrôleurs, décide.
Est rejetée la requête présentée par M. Bal-
tazar, contrôleur des Contributions indirec-
tao: rnntw» !
.WJ --. -
tO Un arrêté du Gouverneur de la Marti-
nique, en date du 24 octobre 1927, fixant l'or-
ganisation et les attributions du personnel
des Contributions indirectes de la colonie
précitée ;
20 Une décision du 15 novembre 1927 l'af-
fectant au contrôle du Leementin.
Le prochain départ de I' Azalai"
les
L'Azalai va partir prochainement pour
Taoudeni, chercher lie sel.
L'Azalai est la grande caravane annuelle de
3.000 chameaux qui part de Tombouctou et
s'enfonce jusqu'à 800 kilomètres dans le désert
jusqu'aux mines de sel.
Ces miges sont des fosses carrées creusées
dans le sol au fond desquelles le sel est débité
en barres, barres de 30 kilos qui valent environ
2 fr. 50 à Taoudeni, mais se paient 80 francs
à Tombouctou et plus de 150 dans l'intérieur
du pays.
Les indigènes sont friands de ce sel qu'ils
préfèrent entre tous. 3.000 chameaux vont donc
partir, l'e low de l'interminable piste jalonnée
de puits quelquefois taris, d'autres fois bou-
chés, et de squelettes de chameliers morts de
"dE auprès de leur bête éventrée.
Une poignée de méharistes et de gardes
maures empruntés au - groupe nomade le plus
proche les escortent. Un jeune officier marche
en tête, au balancement régulier de son méhara,
juché sur une haute selle de Touareg confec-
tionnée avec des lanières de peau de bœuf.
Le voyage, aller et retour, dure deux mois,
trois mois, selon qu'ils rencogtrent ou non la
tempête de sable, que Va piste est libre ou
menacée, que les mines de sel sont occupées
par des bandes die pillards, ou tranquilles.
Inch' Allahi
> m*m (
DÉPART
Sur le paquebot quittant Bordeaux le
14 décembre courant prendra passage le
gouverneur Reste a destination de la Côte
d'Ivoire.
Nous souhaitons à M. Reste bon voyage et
ne doutons pas que sous sa vigoureuse im-
pulsion la riche colonie qu'il administre
connaîtra, malgré la crise, un développement
que ne manquera pas de lui assurer le pro-
gramme de son chef : produire toujours da-
vantage.
> mtm (
Le voyage di doc de Brabant
al Congo belge
Le roi vient de signer un arrêté annonçant
que le duc de Brabant est chargé de se ren-
dre dans la colonie du Congo belge et dans
les colonies limitrophes afin de recueillir
tous les éléments d'informations utiles à la
politique agricole de la colonie.
Sir le Useras
go m'O pierrenalgré Pluès
LE TRAIT D'UNION
'APRÈS le dictionnaire
cette ligne aussi
grammaticale qu'ho-
rizontale devient au
figuré le plus fort
des symboles: c ce
qui est à joindre, à
unir io.
Sur la grand*
route des airs ce petit mot a personnifié la
gloire des ailes françaises et, quand on
Vadapte à nos colonies, il prend une signifi-
cation infiniment précieuse.
En ce moment, le trait t qui sert à join-
dre, à unir » joue avec force, semble-t-il,
entre la Métropole et VIndochine, J'en
trouve une preuve frappante entre l'exposé
que vient de faire M. Albert Sarraut au Pa-
lais-Bourbon, à la Commission des Colonies
et la substance même de l'important dise fur s
prononcé dernièrement à la Chambre des re-
présentants du peuple du Tonkin, par V.
Pierre-André Pagès, Résident supérieur
p. i. à Hanoi.
Le long du trait d'union vibre la même
inquiétude angoissante, et la volonté unique,
de Paris à Hanoi, d'apporter d'efficices
remèdes à la crise qui décime toutes les éner-
gies vitales du pays.
M. Albert Sarraut, dans les prochaines
réunions de la Commission des Colonies se
propose de faire un « tour d'horizon » d' la
France Coloniale afin de dresser, en toute
connaissance de cause, le bilan des ettoftç
que réclame le redressement économique de
notre empire d'outre-mer.
Pour le Tonkin, M. André Pagès, répon-
dant à la tradition, a fait le point quant à
la situation générale du protectorat et il a
exposé en détail le programme d'avertir .on-
cernant la politique rurale, cconomiqu:
budgétaire.
Le discours de M. André Pagès est très
clair, très substantiel.
Aucune déclamation boursouflée d'idéaux
irréalisables ne vient rompre le sage et solide
équilibre qui harmonise les directives géné-
rales de la rue Oudinot et le plan local ex-
posé à Hanoi. Telle est la constatation ré-
confortante qui ressort de la confrontation
« des volontés exprimées » qu'il s'agisse
d'outillage colonial, d'assistance médicale
du sort des riziculteurs ou du futur régime
fiscal.
Si l'on ajoute à ces considérations l'im-
mense soulagement apporté par la prudence
de M. Albert Sarraut conjurant le désastre
économique qu'eût été une piastre dévalo-
risée, « Cochinchinc, Cambodge, Annim,
Tonkin, Laos. les cinq grands pays qui
« joignent leurs forces, accordent leurs Ùzer-
gies, assemblent leurs vigueurs > sous le ii
-ne du trait d'union entre les bords de la
Seine et l'Extrême-Asie, peuvent faire i-ré
dit à l'avenir.
Marcel Ruedel.
) -.- (
EN INDOCHINE
•+«
Nomination du Résident supérieur
au Cambodge
Par décret en date du 7 décembre 1932,
rendu sur la proposition du ministre des Co-
lonies, M. Silvestre (Achille), Résident su-
périeur en Indochine, a été nommé Résident
supérieur du Cambodge, en remplacement de
M. Lavit admis à faire valoir ses droits à la
retraite.
) m*m <–
Dépêches de l'Indochine
.81
Départ du général Vallier
Iole général de division Vallier qui .rentre
définitivement en France, s'est embarqué
à Saigon hier matin à bord du paquebot
Aramis. IL a été l'objet avant son départ
d'un témoignage très élogieux de satisfac-
tion accordé par le général commandant
les troupes d'Indochine pour la part active
qu'il a prise à la pénétration dans les zo-
nes insoumises du pays mois.
Le général a reçu de nombreuses mar-
ques de sympathie et de regrets de la part
de ses officiers, des officiers de réserve et
des anciens combattants.
Le général de brigade Mailles prend le
commandement par intérim de la division
de Cochinchine et du Cambodge.
Le courrier Marseille-Saïgon
Un avion de la compagnie Air-Orient
est arrivé de France à 10 h. 25, ayant à
bord un passager de Marseille, 102 kilos
de courrier et 67 kilos de fret.
Du riz pour la France
Le Bargrove. est parti de Saigon le G
décembre.
lliz blanc 4.236 tonnes, brisures 76 ton-
nes, Farines 50 tonnes pour Nantes ;
Riz blanc 901 tonnes, brisures 100 ton-
nes, pour Le Havre ;
Riz blanc 326 tonne., brisures 002 tonnes
pour Dunkerque.
Les exportations de riz de Saigon pen-
dant la première décade de décembre ont
atteint 45.054 tonnes.
> M*- <
LIRE EN SECONDE PAGE :
Les charges fiscales de l'Algérie.
Le répertoire de VOfficiel.
A l'Académie des Sciences coloniales.
L'immatriculation
au Maroc
es -
Il n'est pas un Européen qui, à un moment
donné, n'ait pas maudit les lenteurs de l'Im-
matriculation au Maroc. On s'en prend sou-
vent à la Bétaqa. Il est même question de
la supprimer. On sait ce qu'est la Bétaqa :
c'est la note introductive de toute demande
d'immatriculation. Elle sert à établir que
les biens en question ne sont ni domaniaux,
ni habous, ni collectifs. Cette pièce doit re-
venir au Cadi après visas du Nadir des Ha-
bous. de l'Amin el Amelak, et du Caïd. Une
transaction n'est possible que si elle prouve
que les terres dont il s'agit ne dépendent
d'aucune des organisations ci-dessus indi-
quées.
Elle traîne souvent en route : c'est vrai.
C'est la conséquence forcée de la noncha-
lance naturelle des Arabes, et de leur mau-
vaise organisation. Mais ces retards sont-ils
vraiment la cause des lenteurs de l'Immatri-
culation? Il est permis d'en douter quand
on sait qu'un vendeur de mauvaise foi peut
faire traîner un procès pendant quatre ou
cinq ans devant le Chraa ou à l'Immatricu-
lation Foncière-
La Bétaqa permet, dit-on, à des gens peu
honnêtes de fabriquer des titres faux et de
faire agir des hommes d'affaires véreux
comme il y en a au Maroc. et dans bien
d'autres pays d'ailleurs. C'est exact. Mais
elle est aussi le seul moyen de porter à la
connaissance des intéressés que tel ou tel
bien va être mis en vente.
Son importance décroît de jour en jour,
affirme-t-on encore, parce que, de plus en
plus, les Domaines, les Habous et les Collec-
tivités font borner et immatriculer leurs ter-
res. Peut-être. Mais il faudra toujours une
pièce introductive d'instance. Celle qui rem-
placera la Bétaqa sera-t-elle plus opérante?
Ce ne sera pas sa suppression qui empê-
chera une canaille de s'entendre avec une
autre pour faire payer deux fois un acheteur
-naïf, ou pour pêcher en eau trouble. Ce qu'il
faudrait ce serait empêcher les Caïds d'être
ce qu'ils sont trop souvent : des courtiers en
terrains. Il faudrait aussi organiser la pro-
priété indigène. Si la création du cadastre
est impossible en ce moment, si le coût et
les lenteurs des formalités d'immatriculation
dégoûtent trop souvent les propriétaires in-
digènes, on pourrait tout au moins leur im-
poser l'obligation, quand ils occupent un
bled quelconque, de demander l' Il Istimrar
el Nelk x qui prouve qu'un occupant a eu
pendant un temps déterminé l'effective oc-
cupation d'un bien, sans que soit intervenue,
une contestation à ce sujet.
Cela ne constiuerait pas un titre foncier
définitif : c'est entendu. Ce serait tout de
même une indication de sa bonne foi en fa-
veur du détenteur de cette pièce et, faute de
mieux, ce serait déjîi quelque chose.
Louië Le Barbier.
Au Conseil Général
de la Martinique
M. le gouverneur Gerbinis a ouvert le
29 octobre 1932 la deuxième session ordi-
naire du Conseil général. Le discours qu'il
a prononcé à cette occasion débute ainsi :
L'année budgétaire qui s'annonce aCCCll-
tuera, mieux que les deux dernières, les
traits caractéristiques d'une transition qui
doit nous amener progressivement à un équi-
libre basé uniquement sur des éléments
d'une parfaite stabilité.
Peut-être même faudrait-il se féliciter que
la vie de ce pays tende parfois, comme il le
semble actuellement, vers la modération.
Alors, en effet, la collectivité sait mieux re-
tremper son énergie dans les principes d'or-
dre et de mesure qui font l'honneur de
l'esprit français.
Après ces paroles le Gouverneur f\\puse
quelques considérations sur la célébration du
Tri-centenaire des Antilles françaises et
avant de passer a l'exposé du budget de
1933 il parle de la situation économique de
la colonie, de l'aménagement des icssources
fiscales, de l'assainissement des dépenses
publiques, des services d'intérêt social, Agri-
culture et Travail, de l'exécution du plan de
campagne 1932 et après avoir donné à l'As-
semblée des renseignements et des <.h:thes
sur ces questions il en arrive au piojet de
budget de 1932.
Sous le bénéfice de cCs appréâatiolu d'or-
dre général, que je e;t'excitse, messieurs les
conseillers généraux. de n'avoir pu abréger,
dit M. Gerbinis, je crois que nous disposons
de sérieux points de repère pour l'établhsc.
ment du budget de 1933.
Le projet de budget de 1933 c^t a ri été
au chiffre de 78 millions inférieur de deux
millions au montant du budget de 1931. les
deux derniers exercices de ce budget de 1931
ont dû avoir recours à de forts prélèvements
sur la caisse de réserve, tandis que des dis-
positions sont prises pour que l'exercice 1933
remplisse ses engagements à l'aide de ses
propres ressources.
La charge budgétaire au titre des Travaux
exceptionnels ayant iiugypictité, dit le Gou-
verneur, tandis que les ressources prévues
ne doivent être alimentées par aucun se-
cours exceptionnel, il est évident qu'en tout
état de cause les charges ordinaires au hud-
get de 193.1 ont dû etre sensiblement atté-
nuées par le jeu des réalisations procédant
de compressions de dépenses.
Il a fait l'analyse des recettes et des dé-
penses et il est passé ensuite à l'examen du
budget annexe des Grands Travaux dont il
a indiqué les sommes à y consacrer et les
travaux à exécuter.
M. Gerbinis a terminé son discours par
ces paroles :
Ainsi messieurs, la conclusion qui s'impose
au terme de l'examen d'une situation com-
plexe est que la colonie a pris i) peine
contact avec les diffictdtés qui Venvironnent
que déjà, se ressaisissant, elle rctromw dans
son énergie l'espoir de s'élancer encore vers
de meilleures destinées. K,
L'Agriculture tunisienne
est-elle en péril ?
» t -
La situation de l'agriculture tunisienne
ayant provoqué une certaine émotion dans la
presse métropolitaine et les milieux parle-
mentaires, il nous paraît utile d'essayer de
montrer la situation sous son vrai jour.
Quand on parle de l'agriculture tuni-
sienne. il faut tout de suite établir une dis-
tinction entre les agriculteurs indigènes et
les agriculteurs français, et parmi ces der-
niers distinguer les colons libres et les co-
lons officiels.
Les paysans indigènes forment la majeure
partie de @ la population, c'est dire leur im-
portance économique et sociale. Les cita-
dins, commerçants et artisans, vivent des be-
soins des agriculteurs. Il en résulte une
sorte d'économie fermée au point que tout
le pays se ressent d'une bonne ou d'une
mauvaise récolte de céréales ou d'olives. Cela
est d'autant plus vrai aujourd'hui qu'a pé-
riclité la seule grande industrie du pays :
l'exportation des minerais et phosphates.
La population arabe a pu supporter, sans
trop en souffrir, les périodes de récoltes défi-
citaires tant que les cours des produits agri-
coles lui permettaient de trouver une compen-
sation dans les prix élevés et dans le crédit
public et privé, facilité lui-même par le
mouvement général des affaires.
Mais la situation s'est trouvée renversée
le jour où le fléchissement considérable des
produits agricoles n'a plus permis à la po-
pulation qui vit de la terre de se procurer et
une juste rémunération de son travail et le
volume de crédit nécessaire pour suppléer
au manque à gagner. A ces facteurs de dé-
pression économique, il faut ajouter des élé-
ments d'aggravation résultant des ravages
de la sécheresse en 1930 et en 1931. du cy-
clone du 12 décembre 1931 et d'une épouvan-
table épidémie de paludisme qui atteignit
près d'un demi-million d'individus.
En poussant l'analyse de la situation, on
aperçoit se mouvant comme une hydre re-
doutable l'usure, l'usure protéiforme éten-
dant ses tentacules partout, dans le gourbi
du misérable comme dans le palais de la
bourgeoisie. L'usure est fonction du régime
foncier tunisien : une grande partie du terri-
toire, les régions du éentre et du sud notam-
ment est composée de terres dont le carac-
tère juridique est mal défini, indéterminé,
n'offrant aucune sécurité juridique et de fait,
de sorte que de très nombreux cultivateurs
ne peuvent recourir au crédit sain et régu-
lier. Quel est l'établissement bancaire, l'or-
gane de crédit public, qui consentirait à
prêter de l'argent liquide sur un immeuble
non pourvu d'un titre de propriété inatta-
quable? Le paysan indigène est donc forcé
de recourir à l'usurier, qui prête à des taux
exorbitants sur gages, sur la récolte future,
sur les troupeaux, sur titres douteux, à ses
risques et périls, mais ne lâchant jamais sa
victime. Le pavsan indigène a usé et abusé
de ce crédit dangereux, au point que sa mi-
sère actuelle est souvent faite du passif for-
midable qui pèse sur son activité économi-
que. Encore que celle-ci ne soit pas toujours
très ordonnée. Le crédit, en etfet, n'a jamais
dispensé personne du travail méthodique, de
l'ordre, de l'épargne, facteurs de résistance
en période trouble, qui sont à peu près igno-
rés de la masse des fellahs aussi bien que de
la bourgeoisie citadine qui exploite à dis-
tance ou fait exploiter ses terres de culture.
La tenue d'une comptabilité, par exemple,
leur est tout à fait inconnue.
Les causes qui ont engendré la misère où
se débat l'agriculteur indigène sont intéres-
santes à connaître surtout pour déterminer
les remèdes qu'il est possible d'appliquer
en vue d'atténuer seulement les effets du
mal. Il ne faut pas penser à guérir radicale-
ment un état de choses inséparable de la
crise mondiale.
Parmi les mesures de redressement que les
Pouvoirs publics ont prises, signa lons l'ef-
fort accompli en vue de lutter contre
l'usure. L'Administration du protectorat a
institué une caisse de prêts fonciers qui a
dans le cours de la présente année avancé
14 millions de francs à Son petits fellahs,
s'ajoutant à 34 millions de prêts hypothécai-
res antérieurement consentis, ce qui porte à
4X millions la totalité des opérations. Mal-
heureusement le fonctionnement de cette
caisse sur laquelle on fondait de grandes
espérances, est bloqua par suite de la défail-
lance des emprunteurs qui ont omis de rem-
bourser les premières échéances au moyen
desquelles la caisse comptait pour continuer
ses opérations de crédit.
Il faut noter, d'autre part, l'assistance im-
portante apportée aux paysans tunisiens par
les Sociétés Indigènes de Prévoyance qui
ont avancé pour la campagne agricole de
1931-1932, 38 millions de francs de prêts df
semences sans compter 4 millions de prêts
de subsistance qui constituent des secours
pratiquement irrecouvrables. En outre, un
Office de crédit agricole indigène qui fonc-
tionne à la Direction de l'Agriculture et de
la Colonisation depuis quatre ans environ,
a consenti à taux modérés des prêts de
consolidation ou de campagne pour une
somme de 63 millions.
Pendant la période 1931-1932, les secours
aux nécessiteux se sont élevés à près de
4 millions de francs s'ajoutant à 4 millions
de prêts de subsistance déjà mentionnés.
C'est dire que l'Etat a fait pour sauver
l'agriculture indigène un effort sérieux dont
il lui faut tenir compte pour être juste. Que
cet effort et les hommes qui en sont les arti-
sans aient été dépassés par les événements et
l'ampleur de la crise, c'est aussi évident.
L'administration n'a pas pu ou n'a pas su
prévoir ce qu'il fallait faire.
Aussi le gouvernement du protectorat
s'est-il décidé à faire appel à la Métropole
pour l'étude et la résolution de la crise. Le
ministre des Affaires étrangères a désigné à
cet effet une mission composée de trois hauts
fonctionnaires spécialisés dans les questions
agricoles et de crédit agricole.
Cette mission, dont les Annalev Coloniales
ont annoncé l'arrivée à Tunis, doit se
transformer en une commission de grande
envergure par l'adjonction de personnalités
tunisiennes idoines. Ladite commission va se
trouver immédiatement en présence de la re-
vendication des agriculteurs indigènes qui
peut se résumer ainsi : rachat et consolida-
tion de toutes les dettes agricoles au moyeu
de prêts consentis par l'Etat. Revendication
dont la solution imolique une extension
considérable du crédit. La situation actuelle
des finances publiques de la Tunisie permet-
elle à l'Etat d'intervenir sur une échelle qui
s'avère' hors de proportion avec ses ressour-
ces budgétaires. On parle, en effet, de re-
courir à un emprunt de 400 millions pour
apurer la situation des agriculteurs tuni-
siens.
La situation économique de la Régence
n'est pas aussi désespérée qu'on la présente
pour les besoins de la cause. Du seul point
de vue agricole, notons que la baisse de^
produits agricoles a été compensée en grande
partie durant l'année en cours par l'abon-
dance relative des récoltes de blé, d'olives
et de vin. En 1932, l'exportation des blés,
tendres et durs, s'est élevée à 2.200.000 qtx,
chiffre rond la moyenne étant de 960.000 qtx.
Nous ne pensons pas que le recours au
crédit de l'Etat sous une forme massive soit
la seule solution à envisager pour dénouer
la crise. Si des prêts à long et moyen termes
doivent être encore consentis dans une iiit--
sure que la Commission sus-visée appréciera,
il faut en même temps essayer de régénérer
l'agriculture tunisienne par des travaux
d'outillage et d'hydraulique, dont l'exécution
aura déjà l'avantage de procurer du travail
et des ressources immédiates et complémen-
taires aux paysans indigènes, par l'organi-
sation de coopératives de vente, d'offices d''
vente et d'exportation, par l'assainissement
juridique du régime foncier. Il va sans din;
que les secours en nature aux familles néces-
siteuses seront assurés comme par le nasse.
Nous examinerons dans un prochain arti-
cle la situation des agriculteurs français
dont nous ne séparons pas pour cela les in-
térêts de ceux de la paysannerie indigène.
Arthur Pellegrin.
Dcicguc au (jrand Conseil de la Tunisie.
L'Aviation Coloniale
Bizerte-Saint-Raphaël en 4 h. 30
l.o capitaine de vaisseau lÂirliguo et le
capitaine de corvette J)pmollgl'ul, pilotant
le nouvel hydravion trimoteur tiansniédi-
terianéen Latecoère, établi eu vue de la
liaison Marseille-Al^er à dix passagers, ont
effectué dimanche le parcours sans «usoale
Hizerte-Saint-Raphatfl, N00 kilomètres, en
1 li. 30.
Mrs Mollison regagne l'Angleterre
par la voie des airs
Mis Mollison qui était arrivée 1«' 18 no-
vembre dernier au C.op, a repris son vol
dimanche matin à ô heures pour rentrer en
Angleterre.
A l'aller, Mrs Mollison avait parcouru les
9.015 kilomètres du pamnirs en t jours li
heures 5(5 minutes. Fille compte faire mieux
au cours de son voyage de retour.
A 13 h. 10 (heure locale) l'aviatrice survo-
lait Walfish Bay à environ 1.500 kilomètres
de son point de départ.
Dans la soirée Ml's Molliiion faisait une
courte escale jV Mossamedes (Angola;. On
prévoit son arrivée aujourd'hui \ers midi
h Douala, l'aviatrice qui avait dépassé Hen-
guella lundi, vers minuit, aynnt. dû y re-
venir en raison du brouillard et n'ayallt. pu
reprendre son vol qu'à i h. 30.
René Lefèvre arrêté dans son raid
Paris-Saigon
F.'aviateur René l.efèvre, qui avait, tuer
quitté Le llourget à destination d'Orly, oÙ
il devait prendre le départ et; matin, Ù (i
heures, pour Saigon, a eu, au cours de ce
vol, une panne (te moteur qui l'a obligé -à
faire un atterrissage forcé au polygone, de
Vincennes et a ajourner ainsi son envol
vers SnYgon.
A l'Académie des Sciences
SEANCE PUBLIQUE ANNUELLE
L'Académie des sciences a tenu, hier
après-midit sa séance publique annuelle.
Le général Hourgeois, président en exer-
cice, ,) ouvert la séance Il 14 heures précises.
Discours du général Bourgeois
Dans une brillante allocution il a tout
d'abord retracé la carrière du général Ferrie
et de .1/. liigourdan, décédés au cours de
l'annéet et a salué la,mémoire de l'amiral de
Tef/é, de Roland Thaxter, Albert de Gros-
souvre Bernhard- Bang, Paul Vuillemin,
René Baire, membres correspondants, morts
en k)32.
Le général Bourgeois a traité ensuite, se-
lon la tradition, un sujet scientifique ; il
avait choisi les travaux dit service géogra-
phique de l'armée auquel il a appartenu pen-
dant la plus grande partie de sa carrière. Et
il a rappelé à grands traits l'histoire de nos
travaux géographiques coloniaux, c'est-à-dire
de quelle manière on a progressivement éta-
bli les cartes de notre empire colonial.
Après avoir synthétisé la genèse d'une
carte coloniale, des itinéraires d'explorateurs
à la carte de reconnaissance, puis à la carte
provisoire, le président de l'Académie des
sciences s'est étendu particulièrement sur le
cas de l'Algérie, qui fut la grande école de
la géodésie et de la topographie coloniales.
Il a rrtrllté, ensuite, les grandes phases de
rétablissement de la carte de la TWlisie, dit
Maroc, de l'Indochine. de Madagascar et de
nos grandes colonies africaines : l'Afrique
Occidentale et l'Afrique Equatoriale fraPl-
çaises. Ft il a conclu dans les termes sui-
vants :
Ce qui ressort incontestablement de 1 ex-
pocé que je. vous ai fait, ce sont les néccssl-
MOIIIIALJIOTIDIII
Médaction & Administratim:
14, IM M MM-TIHir
4
PARIS O")
itfUm. i LOUV- ig-W
- RICHELIEU «7-M
Les Annales Coloniales
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Les Chemins de Fer Coloniaux
et la Reprise Economique
-_ ---c-..a. T -..:8
Il faut du courage pour parler de re-
prise économique, à l'heure où s'élève, de
chaque point du globe, le même concert de
lamentations, et où il n'est pas un pays qui
ne paie son tribut à la crise.
Et pourtant il est nécessaire d'en parler,
quand ce ne serait que pour suggestionner
favorablement la foule de ceux qui s'aban
donnent à un désolant pessimisme. Ne ré-
pète-t-on pas à satiété et d'ailleurs avec
raison que le facteur psychologique joue
dans cette crise un rôle de premier plan?
Si nous remontons le moral des masses, par
là-même, nous commencerons à alléger leur
détresse. C'est pourquoi toutes les occasions
doivent nous être bonnes pour entonner,
fût-ce sur le mode mineur, l'hymne à la
confiance.
Justement, le Bulletin décadaire du Ca-
nal de Suez nous en fournit une. Il constate
en effet que la courbe du tonnage est pres-
que revenue, pour octobre, au niveau moyen
de 1926-1930, abandonné depuis juillet
1931. Ce n'est, si l'on veut, qu'une lueur
dans la nuit. Mais c'est quand même une
lueur. Une honne nouvelle « flotte sur les
eaux ». Les bonnes nouvelles, par le temps
qui court, sont trop rares pour ne pas,
quand elles se présentent, les souligner.
En réalité, il est certain, malgré toutes
les angoisses et les incertitudes présentes,
que la reprise, un jour ou l'autre, viendra.
Quand? Voilà toute la question. Mais dès
maintenant on doit se préparer pour ne pas
être surpris quand elle se produira.
- - - -
Ces considérations préliminaires me con-
duisent, par un détour qui est en réalité, un
Chemin direct, à parler de l'outillage colo-
nial. Puisque nos colonies sont, comme la
métropole, durement touchées par la cri:\.
comme elle aussi, il faudra bien qu'elles
bénéficient du relèvement économique. Et
ce ne sera possible que si, à ce moment, leur
outillage est au point.
Or, dans cet outittage, les transports
tiennent la première place, surtout aux colo-
nies. Si notre époque tend de pltS en plus
vers une a civilisation de circulation. c'est
bien aux pays neufs que le rail est le plus
Indispensable. Pas de colonie possible sans
chemins de fer. TOutes les richesses qu'elles
renferment seraient inutiles, si elles ne pou-
vaient être transportées.
11 y a donc un problème des chemins de
fer coloniaux. Et ce problème est grave. Je
voudrais aujourd'hui examiner comment il
se pose pour l'Afrique Occidentale fran-
çaise.
Le réseau des chemins de fer de l'A.O.F.
est constitué par des lignes à voie d'un mè-
tre, qui sont exploitées par les colonies. Ces
lignes, isolées les unes des autres, étaient
à l'origine des lignes de pénétration. Elles
s'étendaient sur une distance totale d'envi-
ron 3.000 kilomètres, et étaient gérées in-
dépendamment les unes des autres, chacune
ayant sa direction et ses services particu-
liers. Mais il n'y avait dans l'ensemble au-
cune unité.
La ligne de Dakar à Saint-Louis, dont
le but était de relier les deux points du Sé-
négal, fut commencée en 1882 et achevée en
1885. Quant à la ligne Kayes-Koulikoro,
commencée vers la même époque, et qui de-
vait relier les vallées du Niger et du Séné-
gal, elle n'a été terminée qu'en 1904.
Enfin, vers 1900, on mit sur pied les
premiers projets de la ligne Conakry-Niger,
et du rail en Côte d'Ivoire et au Dahomey.
Mais tout ceci n'était que fragmentaire et,
si l'on ipeut dire, rudimentaire. Malgré sa
longueur relativement importante, un tel ré-
seau, puisqu'il ne présentait ni cohésion, ni
unité, ne pouvait rendre que d'insuffisants
services. C était, serions-nous tenté de dire,
trop ou trop peu. Trop, parce que l'on avait
l'illusion trompeuse que notre grande colo-
nie de l'A. O. F. était desservie par des
lignes de quelque valeur. Trop peu, parce
qu'on s'apercevait vite, à l'usage, des la-
cunes graves que présentait le système fer-
roviaire d'alors.
Il fallait donc faire autre chose, et sur-
tout faire mieux. Ce fut le Gouverneur gé-
néral Roume qui, en 1906, mit sur pied un
programme méthodique et rationnel de
voies ferrées à créer en A. O. F. Le but
était net. Il s'agissait de permettre aux qua-
tre colonies côtières d'atteindre par le rail
leur hinterland commun, constitué par le
bassin du Niger, et de réaliser ainsi, par
voie ferrée et fluviale, une liaison étroite en-
tre les divers pays composant le groupement
de l'Afrique Occidentale française.
Tel était le plan, qui témoignait d'une
conception hardie et nouvelle des véritables
nécessités coloniales dans notre grande co-
lonie africaine. Mais il fallut de longues
années avant qu'on pût en entrevoir et en
espérer la réalisation.
En réalité, c'est la loi d'emprunt du 22
février 1931 qui a apporté la première solu-
tion au problème ferroviaire en A. O. F et
du même coup au problème colonial qui lui
est intimément lié. Quand le réseau aura été
achevé, une exploitation intelligente et in-
tensive de ces terres magnifiques sera eifin
possible. Après les années de misère, et
grâce à un outillage moderne et parfaite-
ment adapté, la prospérité reviendra, ré-
compensant l'admirable ténacité de nos co-
lons, et les vues hardies et justes de nos
grands administrateurs coloniaux.
Jean Philip,
Sénateur, secrétaire de la Commis-
sion des Affaires étrangères,
membre de la Commission des
Finances, membre de la Commis-
sion des Colonies.
Dans les Commissions
sol -
A M CHA9ÊBUK
A LA COMMISSION DE L'ALGERIE
DES COLONIES ET PROTECTORATS
Réunion remise
La Sous-Commission désignée par la Com-
mission de l'Algérie, des Colonies et des Pro-
tectorats pour étudier les conditions dans les-
quelles ont eu lieu les élections au Conseil
Supérieur des Colonies devait se réunir
aujourd'hui 13 décembre à 17 heures.
En raison de l'importance de la discus-
sion ouverte devant la Chambre, la réunion
de la Sous-Commission est renvoyée à mer-
credi 14 décembre à 15 h. 30, local du 70 bu-
reau.
A LA COMMISSION DE L'ARIIEE
Désignation d'un rapporteur
La Commission de l'Armée se réunira de-
main mercredi 14 décembre, à 15 heures,
local du 8° bureau.
A l'ordre du jour :
Désignation d'un rapporteur pour la
proposition de résolution n° 973 de M. Proust
tendant à inviter le Gouvernement à accor-
der la médaille commémorative d\4 Maroc
aux combattants du Riff (1925-1926).
) (
Au Conseil d'État
1
Tribunaux en Algérie
Le Conseil d'Etat a adopté un projet de dé-
cret tendant à modifier l'art. 23 § 2 de l'or-
donnance du 26 septembre 1842 sur l'organi-
sation de la justice en Algérie.
D'où il résulte que désormais, les sup-
pléants des juges de Paix en Algérie devront
être licenciés en Droit.
Bftjel de la requête d'un contrôleur des
Contributions indirectes à la Martinique
Le Conseil d'Etat ;
Considérant.
Qu'aucune disposition législative ou régle-
mentaire'1 n'interdisait au Gouverneur de la
Martinique de désigner, à défaut de contrô-
leurs titulaires en nombre suffisant des véri-
ficateurs principaux des Contributions indi-
rectes pour faire provisoirement fonctions de
contrôleurs, décide.
Est rejetée la requête présentée par M. Bal-
tazar, contrôleur des Contributions indirec-
tao: rnntw» !
.WJ --. -
tO Un arrêté du Gouverneur de la Marti-
nique, en date du 24 octobre 1927, fixant l'or-
ganisation et les attributions du personnel
des Contributions indirectes de la colonie
précitée ;
20 Une décision du 15 novembre 1927 l'af-
fectant au contrôle du Leementin.
Le prochain départ de I' Azalai"
les
L'Azalai va partir prochainement pour
Taoudeni, chercher lie sel.
L'Azalai est la grande caravane annuelle de
3.000 chameaux qui part de Tombouctou et
s'enfonce jusqu'à 800 kilomètres dans le désert
jusqu'aux mines de sel.
Ces miges sont des fosses carrées creusées
dans le sol au fond desquelles le sel est débité
en barres, barres de 30 kilos qui valent environ
2 fr. 50 à Taoudeni, mais se paient 80 francs
à Tombouctou et plus de 150 dans l'intérieur
du pays.
Les indigènes sont friands de ce sel qu'ils
préfèrent entre tous. 3.000 chameaux vont donc
partir, l'e low de l'interminable piste jalonnée
de puits quelquefois taris, d'autres fois bou-
chés, et de squelettes de chameliers morts de
"dE auprès de leur bête éventrée.
Une poignée de méharistes et de gardes
maures empruntés au - groupe nomade le plus
proche les escortent. Un jeune officier marche
en tête, au balancement régulier de son méhara,
juché sur une haute selle de Touareg confec-
tionnée avec des lanières de peau de bœuf.
Le voyage, aller et retour, dure deux mois,
trois mois, selon qu'ils rencogtrent ou non la
tempête de sable, que Va piste est libre ou
menacée, que les mines de sel sont occupées
par des bandes die pillards, ou tranquilles.
Inch' Allahi
> m*m (
DÉPART
Sur le paquebot quittant Bordeaux le
14 décembre courant prendra passage le
gouverneur Reste a destination de la Côte
d'Ivoire.
Nous souhaitons à M. Reste bon voyage et
ne doutons pas que sous sa vigoureuse im-
pulsion la riche colonie qu'il administre
connaîtra, malgré la crise, un développement
que ne manquera pas de lui assurer le pro-
gramme de son chef : produire toujours da-
vantage.
> mtm (
Le voyage di doc de Brabant
al Congo belge
Le roi vient de signer un arrêté annonçant
que le duc de Brabant est chargé de se ren-
dre dans la colonie du Congo belge et dans
les colonies limitrophes afin de recueillir
tous les éléments d'informations utiles à la
politique agricole de la colonie.
Sir le Useras
go m'O pierrenalgré Pluès
LE TRAIT D'UNION
'APRÈS le dictionnaire
cette ligne aussi
grammaticale qu'ho-
rizontale devient au
figuré le plus fort
des symboles: c ce
qui est à joindre, à
unir io.
Sur la grand*
route des airs ce petit mot a personnifié la
gloire des ailes françaises et, quand on
Vadapte à nos colonies, il prend une signifi-
cation infiniment précieuse.
En ce moment, le trait t qui sert à join-
dre, à unir » joue avec force, semble-t-il,
entre la Métropole et VIndochine, J'en
trouve une preuve frappante entre l'exposé
que vient de faire M. Albert Sarraut au Pa-
lais-Bourbon, à la Commission des Colonies
et la substance même de l'important dise fur s
prononcé dernièrement à la Chambre des re-
présentants du peuple du Tonkin, par V.
Pierre-André Pagès, Résident supérieur
p. i. à Hanoi.
Le long du trait d'union vibre la même
inquiétude angoissante, et la volonté unique,
de Paris à Hanoi, d'apporter d'efficices
remèdes à la crise qui décime toutes les éner-
gies vitales du pays.
M. Albert Sarraut, dans les prochaines
réunions de la Commission des Colonies se
propose de faire un « tour d'horizon » d' la
France Coloniale afin de dresser, en toute
connaissance de cause, le bilan des ettoftç
que réclame le redressement économique de
notre empire d'outre-mer.
Pour le Tonkin, M. André Pagès, répon-
dant à la tradition, a fait le point quant à
la situation générale du protectorat et il a
exposé en détail le programme d'avertir .on-
cernant la politique rurale, cconomiqu:
budgétaire.
Le discours de M. André Pagès est très
clair, très substantiel.
Aucune déclamation boursouflée d'idéaux
irréalisables ne vient rompre le sage et solide
équilibre qui harmonise les directives géné-
rales de la rue Oudinot et le plan local ex-
posé à Hanoi. Telle est la constatation ré-
confortante qui ressort de la confrontation
« des volontés exprimées » qu'il s'agisse
d'outillage colonial, d'assistance médicale
du sort des riziculteurs ou du futur régime
fiscal.
Si l'on ajoute à ces considérations l'im-
mense soulagement apporté par la prudence
de M. Albert Sarraut conjurant le désastre
économique qu'eût été une piastre dévalo-
risée, « Cochinchinc, Cambodge, Annim,
Tonkin, Laos. les cinq grands pays qui
« joignent leurs forces, accordent leurs Ùzer-
gies, assemblent leurs vigueurs > sous le ii
-ne du trait d'union entre les bords de la
Seine et l'Extrême-Asie, peuvent faire i-ré
dit à l'avenir.
Marcel Ruedel.
) -.- (
EN INDOCHINE
•+«
Nomination du Résident supérieur
au Cambodge
Par décret en date du 7 décembre 1932,
rendu sur la proposition du ministre des Co-
lonies, M. Silvestre (Achille), Résident su-
périeur en Indochine, a été nommé Résident
supérieur du Cambodge, en remplacement de
M. Lavit admis à faire valoir ses droits à la
retraite.
) m*m <–
Dépêches de l'Indochine
.81
Départ du général Vallier
Iole général de division Vallier qui .rentre
définitivement en France, s'est embarqué
à Saigon hier matin à bord du paquebot
Aramis. IL a été l'objet avant son départ
d'un témoignage très élogieux de satisfac-
tion accordé par le général commandant
les troupes d'Indochine pour la part active
qu'il a prise à la pénétration dans les zo-
nes insoumises du pays mois.
Le général a reçu de nombreuses mar-
ques de sympathie et de regrets de la part
de ses officiers, des officiers de réserve et
des anciens combattants.
Le général de brigade Mailles prend le
commandement par intérim de la division
de Cochinchine et du Cambodge.
Le courrier Marseille-Saïgon
Un avion de la compagnie Air-Orient
est arrivé de France à 10 h. 25, ayant à
bord un passager de Marseille, 102 kilos
de courrier et 67 kilos de fret.
Du riz pour la France
Le Bargrove. est parti de Saigon le G
décembre.
lliz blanc 4.236 tonnes, brisures 76 ton-
nes, Farines 50 tonnes pour Nantes ;
Riz blanc 901 tonnes, brisures 100 ton-
nes, pour Le Havre ;
Riz blanc 326 tonne., brisures 002 tonnes
pour Dunkerque.
Les exportations de riz de Saigon pen-
dant la première décade de décembre ont
atteint 45.054 tonnes.
> M*- <
LIRE EN SECONDE PAGE :
Les charges fiscales de l'Algérie.
Le répertoire de VOfficiel.
A l'Académie des Sciences coloniales.
L'immatriculation
au Maroc
es -
Il n'est pas un Européen qui, à un moment
donné, n'ait pas maudit les lenteurs de l'Im-
matriculation au Maroc. On s'en prend sou-
vent à la Bétaqa. Il est même question de
la supprimer. On sait ce qu'est la Bétaqa :
c'est la note introductive de toute demande
d'immatriculation. Elle sert à établir que
les biens en question ne sont ni domaniaux,
ni habous, ni collectifs. Cette pièce doit re-
venir au Cadi après visas du Nadir des Ha-
bous. de l'Amin el Amelak, et du Caïd. Une
transaction n'est possible que si elle prouve
que les terres dont il s'agit ne dépendent
d'aucune des organisations ci-dessus indi-
quées.
Elle traîne souvent en route : c'est vrai.
C'est la conséquence forcée de la noncha-
lance naturelle des Arabes, et de leur mau-
vaise organisation. Mais ces retards sont-ils
vraiment la cause des lenteurs de l'Immatri-
culation? Il est permis d'en douter quand
on sait qu'un vendeur de mauvaise foi peut
faire traîner un procès pendant quatre ou
cinq ans devant le Chraa ou à l'Immatricu-
lation Foncière-
La Bétaqa permet, dit-on, à des gens peu
honnêtes de fabriquer des titres faux et de
faire agir des hommes d'affaires véreux
comme il y en a au Maroc. et dans bien
d'autres pays d'ailleurs. C'est exact. Mais
elle est aussi le seul moyen de porter à la
connaissance des intéressés que tel ou tel
bien va être mis en vente.
Son importance décroît de jour en jour,
affirme-t-on encore, parce que, de plus en
plus, les Domaines, les Habous et les Collec-
tivités font borner et immatriculer leurs ter-
res. Peut-être. Mais il faudra toujours une
pièce introductive d'instance. Celle qui rem-
placera la Bétaqa sera-t-elle plus opérante?
Ce ne sera pas sa suppression qui empê-
chera une canaille de s'entendre avec une
autre pour faire payer deux fois un acheteur
-naïf, ou pour pêcher en eau trouble. Ce qu'il
faudrait ce serait empêcher les Caïds d'être
ce qu'ils sont trop souvent : des courtiers en
terrains. Il faudrait aussi organiser la pro-
priété indigène. Si la création du cadastre
est impossible en ce moment, si le coût et
les lenteurs des formalités d'immatriculation
dégoûtent trop souvent les propriétaires in-
digènes, on pourrait tout au moins leur im-
poser l'obligation, quand ils occupent un
bled quelconque, de demander l' Il Istimrar
el Nelk x qui prouve qu'un occupant a eu
pendant un temps déterminé l'effective oc-
cupation d'un bien, sans que soit intervenue,
une contestation à ce sujet.
Cela ne constiuerait pas un titre foncier
définitif : c'est entendu. Ce serait tout de
même une indication de sa bonne foi en fa-
veur du détenteur de cette pièce et, faute de
mieux, ce serait déjîi quelque chose.
Louië Le Barbier.
Au Conseil Général
de la Martinique
M. le gouverneur Gerbinis a ouvert le
29 octobre 1932 la deuxième session ordi-
naire du Conseil général. Le discours qu'il
a prononcé à cette occasion débute ainsi :
L'année budgétaire qui s'annonce aCCCll-
tuera, mieux que les deux dernières, les
traits caractéristiques d'une transition qui
doit nous amener progressivement à un équi-
libre basé uniquement sur des éléments
d'une parfaite stabilité.
Peut-être même faudrait-il se féliciter que
la vie de ce pays tende parfois, comme il le
semble actuellement, vers la modération.
Alors, en effet, la collectivité sait mieux re-
tremper son énergie dans les principes d'or-
dre et de mesure qui font l'honneur de
l'esprit français.
Après ces paroles le Gouverneur f\\puse
quelques considérations sur la célébration du
Tri-centenaire des Antilles françaises et
avant de passer a l'exposé du budget de
1933 il parle de la situation économique de
la colonie, de l'aménagement des icssources
fiscales, de l'assainissement des dépenses
publiques, des services d'intérêt social, Agri-
culture et Travail, de l'exécution du plan de
campagne 1932 et après avoir donné à l'As-
semblée des renseignements et des <.h:thes
sur ces questions il en arrive au piojet de
budget de 1932.
Sous le bénéfice de cCs appréâatiolu d'or-
dre général, que je e;t'excitse, messieurs les
conseillers généraux. de n'avoir pu abréger,
dit M. Gerbinis, je crois que nous disposons
de sérieux points de repère pour l'établhsc.
ment du budget de 1933.
Le projet de budget de 1933 c^t a ri été
au chiffre de 78 millions inférieur de deux
millions au montant du budget de 1931. les
deux derniers exercices de ce budget de 1931
ont dû avoir recours à de forts prélèvements
sur la caisse de réserve, tandis que des dis-
positions sont prises pour que l'exercice 1933
remplisse ses engagements à l'aide de ses
propres ressources.
La charge budgétaire au titre des Travaux
exceptionnels ayant iiugypictité, dit le Gou-
verneur, tandis que les ressources prévues
ne doivent être alimentées par aucun se-
cours exceptionnel, il est évident qu'en tout
état de cause les charges ordinaires au hud-
get de 193.1 ont dû etre sensiblement atté-
nuées par le jeu des réalisations procédant
de compressions de dépenses.
Il a fait l'analyse des recettes et des dé-
penses et il est passé ensuite à l'examen du
budget annexe des Grands Travaux dont il
a indiqué les sommes à y consacrer et les
travaux à exécuter.
M. Gerbinis a terminé son discours par
ces paroles :
Ainsi messieurs, la conclusion qui s'impose
au terme de l'examen d'une situation com-
plexe est que la colonie a pris i) peine
contact avec les diffictdtés qui Venvironnent
que déjà, se ressaisissant, elle rctromw dans
son énergie l'espoir de s'élancer encore vers
de meilleures destinées. K,
L'Agriculture tunisienne
est-elle en péril ?
» t -
La situation de l'agriculture tunisienne
ayant provoqué une certaine émotion dans la
presse métropolitaine et les milieux parle-
mentaires, il nous paraît utile d'essayer de
montrer la situation sous son vrai jour.
Quand on parle de l'agriculture tuni-
sienne. il faut tout de suite établir une dis-
tinction entre les agriculteurs indigènes et
les agriculteurs français, et parmi ces der-
niers distinguer les colons libres et les co-
lons officiels.
Les paysans indigènes forment la majeure
partie de @ la population, c'est dire leur im-
portance économique et sociale. Les cita-
dins, commerçants et artisans, vivent des be-
soins des agriculteurs. Il en résulte une
sorte d'économie fermée au point que tout
le pays se ressent d'une bonne ou d'une
mauvaise récolte de céréales ou d'olives. Cela
est d'autant plus vrai aujourd'hui qu'a pé-
riclité la seule grande industrie du pays :
l'exportation des minerais et phosphates.
La population arabe a pu supporter, sans
trop en souffrir, les périodes de récoltes défi-
citaires tant que les cours des produits agri-
coles lui permettaient de trouver une compen-
sation dans les prix élevés et dans le crédit
public et privé, facilité lui-même par le
mouvement général des affaires.
Mais la situation s'est trouvée renversée
le jour où le fléchissement considérable des
produits agricoles n'a plus permis à la po-
pulation qui vit de la terre de se procurer et
une juste rémunération de son travail et le
volume de crédit nécessaire pour suppléer
au manque à gagner. A ces facteurs de dé-
pression économique, il faut ajouter des élé-
ments d'aggravation résultant des ravages
de la sécheresse en 1930 et en 1931. du cy-
clone du 12 décembre 1931 et d'une épouvan-
table épidémie de paludisme qui atteignit
près d'un demi-million d'individus.
En poussant l'analyse de la situation, on
aperçoit se mouvant comme une hydre re-
doutable l'usure, l'usure protéiforme éten-
dant ses tentacules partout, dans le gourbi
du misérable comme dans le palais de la
bourgeoisie. L'usure est fonction du régime
foncier tunisien : une grande partie du terri-
toire, les régions du éentre et du sud notam-
ment est composée de terres dont le carac-
tère juridique est mal défini, indéterminé,
n'offrant aucune sécurité juridique et de fait,
de sorte que de très nombreux cultivateurs
ne peuvent recourir au crédit sain et régu-
lier. Quel est l'établissement bancaire, l'or-
gane de crédit public, qui consentirait à
prêter de l'argent liquide sur un immeuble
non pourvu d'un titre de propriété inatta-
quable? Le paysan indigène est donc forcé
de recourir à l'usurier, qui prête à des taux
exorbitants sur gages, sur la récolte future,
sur les troupeaux, sur titres douteux, à ses
risques et périls, mais ne lâchant jamais sa
victime. Le pavsan indigène a usé et abusé
de ce crédit dangereux, au point que sa mi-
sère actuelle est souvent faite du passif for-
midable qui pèse sur son activité économi-
que. Encore que celle-ci ne soit pas toujours
très ordonnée. Le crédit, en etfet, n'a jamais
dispensé personne du travail méthodique, de
l'ordre, de l'épargne, facteurs de résistance
en période trouble, qui sont à peu près igno-
rés de la masse des fellahs aussi bien que de
la bourgeoisie citadine qui exploite à dis-
tance ou fait exploiter ses terres de culture.
La tenue d'une comptabilité, par exemple,
leur est tout à fait inconnue.
Les causes qui ont engendré la misère où
se débat l'agriculteur indigène sont intéres-
santes à connaître surtout pour déterminer
les remèdes qu'il est possible d'appliquer
en vue d'atténuer seulement les effets du
mal. Il ne faut pas penser à guérir radicale-
ment un état de choses inséparable de la
crise mondiale.
Parmi les mesures de redressement que les
Pouvoirs publics ont prises, signa lons l'ef-
fort accompli en vue de lutter contre
l'usure. L'Administration du protectorat a
institué une caisse de prêts fonciers qui a
dans le cours de la présente année avancé
14 millions de francs à Son petits fellahs,
s'ajoutant à 34 millions de prêts hypothécai-
res antérieurement consentis, ce qui porte à
4X millions la totalité des opérations. Mal-
heureusement le fonctionnement de cette
caisse sur laquelle on fondait de grandes
espérances, est bloqua par suite de la défail-
lance des emprunteurs qui ont omis de rem-
bourser les premières échéances au moyen
desquelles la caisse comptait pour continuer
ses opérations de crédit.
Il faut noter, d'autre part, l'assistance im-
portante apportée aux paysans tunisiens par
les Sociétés Indigènes de Prévoyance qui
ont avancé pour la campagne agricole de
1931-1932, 38 millions de francs de prêts df
semences sans compter 4 millions de prêts
de subsistance qui constituent des secours
pratiquement irrecouvrables. En outre, un
Office de crédit agricole indigène qui fonc-
tionne à la Direction de l'Agriculture et de
la Colonisation depuis quatre ans environ,
a consenti à taux modérés des prêts de
consolidation ou de campagne pour une
somme de 63 millions.
Pendant la période 1931-1932, les secours
aux nécessiteux se sont élevés à près de
4 millions de francs s'ajoutant à 4 millions
de prêts de subsistance déjà mentionnés.
C'est dire que l'Etat a fait pour sauver
l'agriculture indigène un effort sérieux dont
il lui faut tenir compte pour être juste. Que
cet effort et les hommes qui en sont les arti-
sans aient été dépassés par les événements et
l'ampleur de la crise, c'est aussi évident.
L'administration n'a pas pu ou n'a pas su
prévoir ce qu'il fallait faire.
Aussi le gouvernement du protectorat
s'est-il décidé à faire appel à la Métropole
pour l'étude et la résolution de la crise. Le
ministre des Affaires étrangères a désigné à
cet effet une mission composée de trois hauts
fonctionnaires spécialisés dans les questions
agricoles et de crédit agricole.
Cette mission, dont les Annalev Coloniales
ont annoncé l'arrivée à Tunis, doit se
transformer en une commission de grande
envergure par l'adjonction de personnalités
tunisiennes idoines. Ladite commission va se
trouver immédiatement en présence de la re-
vendication des agriculteurs indigènes qui
peut se résumer ainsi : rachat et consolida-
tion de toutes les dettes agricoles au moyeu
de prêts consentis par l'Etat. Revendication
dont la solution imolique une extension
considérable du crédit. La situation actuelle
des finances publiques de la Tunisie permet-
elle à l'Etat d'intervenir sur une échelle qui
s'avère' hors de proportion avec ses ressour-
ces budgétaires. On parle, en effet, de re-
courir à un emprunt de 400 millions pour
apurer la situation des agriculteurs tuni-
siens.
La situation économique de la Régence
n'est pas aussi désespérée qu'on la présente
pour les besoins de la cause. Du seul point
de vue agricole, notons que la baisse de^
produits agricoles a été compensée en grande
partie durant l'année en cours par l'abon-
dance relative des récoltes de blé, d'olives
et de vin. En 1932, l'exportation des blés,
tendres et durs, s'est élevée à 2.200.000 qtx,
chiffre rond la moyenne étant de 960.000 qtx.
Nous ne pensons pas que le recours au
crédit de l'Etat sous une forme massive soit
la seule solution à envisager pour dénouer
la crise. Si des prêts à long et moyen termes
doivent être encore consentis dans une iiit--
sure que la Commission sus-visée appréciera,
il faut en même temps essayer de régénérer
l'agriculture tunisienne par des travaux
d'outillage et d'hydraulique, dont l'exécution
aura déjà l'avantage de procurer du travail
et des ressources immédiates et complémen-
taires aux paysans indigènes, par l'organi-
sation de coopératives de vente, d'offices d''
vente et d'exportation, par l'assainissement
juridique du régime foncier. Il va sans din;
que les secours en nature aux familles néces-
siteuses seront assurés comme par le nasse.
Nous examinerons dans un prochain arti-
cle la situation des agriculteurs français
dont nous ne séparons pas pour cela les in-
térêts de ceux de la paysannerie indigène.
Arthur Pellegrin.
Dcicguc au (jrand Conseil de la Tunisie.
L'Aviation Coloniale
Bizerte-Saint-Raphaël en 4 h. 30
l.o capitaine de vaisseau lÂirliguo et le
capitaine de corvette J)pmollgl'ul, pilotant
le nouvel hydravion trimoteur tiansniédi-
terianéen Latecoère, établi eu vue de la
liaison Marseille-Al^er à dix passagers, ont
effectué dimanche le parcours sans «usoale
Hizerte-Saint-Raphatfl, N00 kilomètres, en
1 li. 30.
Mrs Mollison regagne l'Angleterre
par la voie des airs
Mis Mollison qui était arrivée 1«' 18 no-
vembre dernier au C.op, a repris son vol
dimanche matin à ô heures pour rentrer en
Angleterre.
A l'aller, Mrs Mollison avait parcouru les
9.015 kilomètres du pamnirs en t jours li
heures 5(5 minutes. Fille compte faire mieux
au cours de son voyage de retour.
A 13 h. 10 (heure locale) l'aviatrice survo-
lait Walfish Bay à environ 1.500 kilomètres
de son point de départ.
Dans la soirée Ml's Molliiion faisait une
courte escale jV Mossamedes (Angola;. On
prévoit son arrivée aujourd'hui \ers midi
h Douala, l'aviatrice qui avait dépassé Hen-
guella lundi, vers minuit, aynnt. dû y re-
venir en raison du brouillard et n'ayallt. pu
reprendre son vol qu'à i h. 30.
René Lefèvre arrêté dans son raid
Paris-Saigon
F.'aviateur René l.efèvre, qui avait, tuer
quitté Le llourget à destination d'Orly, oÙ
il devait prendre le départ et; matin, Ù (i
heures, pour Saigon, a eu, au cours de ce
vol, une panne (te moteur qui l'a obligé -à
faire un atterrissage forcé au polygone, de
Vincennes et a ajourner ainsi son envol
vers SnYgon.
A l'Académie des Sciences
SEANCE PUBLIQUE ANNUELLE
L'Académie des sciences a tenu, hier
après-midit sa séance publique annuelle.
Le général Hourgeois, président en exer-
cice, ,) ouvert la séance Il 14 heures précises.
Discours du général Bourgeois
Dans une brillante allocution il a tout
d'abord retracé la carrière du général Ferrie
et de .1/. liigourdan, décédés au cours de
l'annéet et a salué la,mémoire de l'amiral de
Tef/é, de Roland Thaxter, Albert de Gros-
souvre Bernhard- Bang, Paul Vuillemin,
René Baire, membres correspondants, morts
en k)32.
Le général Bourgeois a traité ensuite, se-
lon la tradition, un sujet scientifique ; il
avait choisi les travaux dit service géogra-
phique de l'armée auquel il a appartenu pen-
dant la plus grande partie de sa carrière. Et
il a rappelé à grands traits l'histoire de nos
travaux géographiques coloniaux, c'est-à-dire
de quelle manière on a progressivement éta-
bli les cartes de notre empire colonial.
Après avoir synthétisé la genèse d'une
carte coloniale, des itinéraires d'explorateurs
à la carte de reconnaissance, puis à la carte
provisoire, le président de l'Académie des
sciences s'est étendu particulièrement sur le
cas de l'Algérie, qui fut la grande école de
la géodésie et de la topographie coloniales.
Il a rrtrllté, ensuite, les grandes phases de
rétablissement de la carte de la TWlisie, dit
Maroc, de l'Indochine. de Madagascar et de
nos grandes colonies africaines : l'Afrique
Occidentale et l'Afrique Equatoriale fraPl-
çaises. Ft il a conclu dans les termes sui-
vants :
Ce qui ressort incontestablement de 1 ex-
pocé que je. vous ai fait, ce sont les néccssl-
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