Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-12-10
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 décembre 1932 10 décembre 1932
Description : 1932/12/10 (A32,N130). 1932/12/10 (A32,N130).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. N° 131). EK NUMBItO : 30 CENTIMES SAMEDI sarH, 10 DECEMBRE lWl.
JSUMAL QueyloiEu
Rédaction & Administration :
84, in II Riit-TUtir
PARIS O")
TtLtPH. : LOUV". 19-37
RICHELIEU 17'"
Les Annales Coloniales
La 8ftftCmCtI et réclame » tonI rquoi -
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T. lei article» puèUéi ësni notre Journal fil peuvent
être reproduite qu'en citant la Ainm Cmomalm.
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meec la Revue illustrée:
Us et Ii bieis 3 UOM
France et
Colonies lieu IM > M w
Etranter.. 140. 125. 78 b
On «abonne sons frai* tans
loua les bureaux 4a poste.
Pionniers de la science
aux Antilles françaises
r -e *»
Les voyageurs naturalistes du clergé fran-
çai3 avartl la Révolution : ainsi s'intitule l'une
des thèses par lesquelles la semaine dernière,
en Sorbonne, M. Paul Fournier, chanoine ho-
noraire de Langres, conquérait le diplôme de
docteur ès-lettres, avec mention honorable. M
y a dans ce livre, fruit de recnetches variées
dans les bibliothèques les plus diverses, deux
chapitres auxquels les spécialistes de choses
coloniales ne sauraient demeurer indifférents :
ils ont trait à nos Antilles françaises et mon-
trent avec une exacte précision tout ce que
nous devons, pour la connaissance de ces îles,
à des hommes d Eglise, qui s' y rendirent
comme missionnaires, ou bien comme explo-
rateurs.
Voici débarqués à la Guadeloupe, expédiés
en 1635 par le cardinal de Richelieu, des Do-
minicains : l'un d'eux, Pe P. Raymond Breton,
laissa des manuscrits importants, dont son con-
frère Mathias Du Puis tirait partie, en 1652,
pour les détails d'ethnologie que donnait son
/histoire de l'île, la première qui ait été écrite,
sous le titre : Relation de r élabtiMcment d'une
colonie française dam la Guadeloupe (sic). Il
fallHit une grande ingéniosité à ce P. Raymond
Breton pour composer son Dictionnaire caraïbe-
français, qui parut en 1665 et 1666. En géné-
ral, les Caraïbes ne parlaient un peu d'abon-
dance que lorsqu'ils étaient ivres : de là quel-
que difficulté pour les aborder et les com-
prendre. Le P. Breton ne recula pas, il s'isola
au mifieu d'eux, ausculta leurs consciences,
consulta leurs coutumes, recueillit sur leurs
lèvres les noms qu'ils donnaient aux plantes,
aux animaux, découvrit qu'il y avait chez eux
une langue spéciale pour les femmes.
Vers la même époque, cette langue ca-
raïbe exerçait aussi quelque attrait sur un sim-
le Jésuite, lie Frère de la Borde, qui aidait le
P, Simon, Jésuite également, pour la conver-
sion des indigènes. L'indigence de leurs
idiomes, celui des hommes comme celui des
# # -1
temmes, le frappait : à peine avaient-lis aes
mots pour désigner trois ou quatre couleurs ;
ils étaient sans ressources verbales pour rendre
des idées abstraites. toutes les remarques du
Frère de la Borde étaient consignées, dans sa
Relation de l'origine, moeurs, coutumes, reli-
gion, guerre et voyages des Caraïbes, qui sera
imprimée en 1674.
Mais nul atbrs ne surpassa, dans la connais-
sance des Antilles, le P. Jean-Baptiste du
Tertre. Dominicain, qui publiait, en 1654,
VHistoire générale des isles de Scrinf-Christo-
phe, de h Guadeloupe, de la Martinique et
autres dans l'Amérique, et qui reprenait son
œuvre en quatre vol umes, entre 1667 et 1671.
sous le titre : Histoire générale des Antilles
habitées par les Français. Le P. du Tertre,
pour composer cet imposant ouvrage, avait pro-
fité, non seulement du labeur des autres mis-
sionnaires, mais de ses propres expériences,
recueillies au cours des seize années qu'il avait
passées aux Antilles entre 1640 et 1656 : son
livre a un accent très personnel, qui lui valut
la gloire d'être appelé par Chateaubriand, le
Bernardin de Saint-Pierre du dix-septième
siècle.
Nous avons d abord, sous la plume de Uu
Tertre, une description générale des îles occu-
pées par les Français, puis le récit des deux
traversées qui l'amenèrent d'Europe aux An-
tilles ; il entre, enfin, dans de nombreux détails
sur les particularités de ces îles. Son troisième
volume, consacré aux plantes et aux arbres, a
fait époque, en quelque mesure, dans l'histoire
de Pa botanique appliquée, beaucoup plus que
de la science pure pour la première fois,
l'Europe fut renseignée par ce livre sur les
plantes économiques des Antilles, spécialement
sur les arbres fruitiers. D'autres volumes décri-
vent les poissons, les oiseaux, les an imaux qui
circulent sur le sol de ces îles ; et les images
dant s'illustre le texte n'ont pas moins d'im-
portance. Un autre intérêt du livre du P. du
Tertre est de nous faire connaître les diverses
populations de$Antilles d'alors : Brésiliens,
nègres, mulâtres, Caraïbes, Arawaks ; plusieurs
de ces populations sont presque disparues au-
jourd'hui, et les pages du P. du Tertre de-
meurent encore susceptibles d'éclairer, à leur
sujet, les discussions des anthropologistes.
Breton, Du Tertre étaient des missionnaires;
deux Minimes, Plumier et Feuillée, furent,
eux, des explorateurs, expédiés par
Louis XIV.
Le grand naturaliste Cuvier a dit d'un de
ses priâécesaeurs. : « Il est peut-être, de tous
les hommes qui se sont occupés d'histoire natu-
relle, cet ui qui a été le plus actif. » Celui dont
Cuvier parlait en ces termes était Ite Minime
Plumier, très connu dans la Provence des an-
nées de 1675 à 1685, par l'herbier qu'il avait
nées de
constitué, et qui accepta, entre 1689 et 1704,
de faire trois voyages aux Antilles. Le fruit de
ces voyages fut une série d'ouvrages sur les
plantes et les animaux des Antilles, ouvrages
dont il grava lui-même les planches. C'était un
enthousiaste que Plumier : promenant au Morne
de Pa Calebasse, à la Martinique, ses curiosités
de savant, il le proclame « un des plus beaux
endroits qu'il n ait jamais vus pour le grand
nombre de belles plantes qu'il produit ». Un
naufrage, malheureusement, nous a frustrés à
jamais des plantes et des objets d'histoire
naturelle que le P. Plumier rapportait, mais
les manuscrits du Minime, et ses nombreux des-
sins, se trouvaient, heureusement, sur un autre
navire. Ainsi fut-il1 possible à Plumier,
IICJIDIM, au retour de sot) premier voyage, bo-
taniste du roi, dç publier en 1693 la Descrip-
tion des Planta de VAmérique, aux frais de
Sa Majesté, et en 1704, peu de temps avant
sa mort, son volume intitulé : « Nouveaux
genres de plantes américaine» », auquel une
trentaine d'aînées plus tard, Linné rendra hom-
mage. Plumier, envoyé au Pérou, en 1704.
pour étudier les arbres à quinquina, mourra
en cours de route, à Cadix ; mais l'année
d' après sa mort, paraîtra son Traité des fou-
gère3 de l'Amérique, où il décrira cent quatre-
vingts espèces : « De toutes les plantes que
j'ai découvertes dans les Îi's de r Amérique,
lisait-on dans ce livre, il n'y en a guère qui
m'aient fait tant de plaisir que les seules fou-
gères. » Plusieurs grandes bilbliothèques d'Eu-
rope France, Hollande, Prusse possè-
dent les dessins et manuscrits de Plumier ; ils
ne forment pas moins de vingt volumes in-folio;
et A; professeur Burmann, d'Amsterdam, fit
graver à ses frais cinq cent huit dessins de Plu-
mier.
La flore et la faune des Antilles ont été à
jamais cataloguées dans ces massifs in-folio.
En rassemblant toutes les données qu'il a
laissées, on pourrait les Annal es des Scien-
ces Naturelles le constataient 1 déjà il y a
soixante-cinq ans consacrer à notre Guade-
loupe, à notre Martinique, des descriptions
botaniques d'une incomparable valeur, et met-
tre en pleine lumière ce que tes Annales ne
craignaient pas d'appeler « rn chef d' œuvre
national ».
La perspicacité de ce Minime s'étendait au
règne animal, pour enrichir ce règne-là. La co-
chenille, jusqu'à Plumier, était considérée
comme un détail du règne végétal, comme un
fruit, comme une graine ; il fut le premier,
avant Leuwenhoek, à prouver péremptoire-
ment qu' elle est un insecte.
Fouii'ietez maintenant l'ouvrage récent de
M. Bois sur les Plantes alimentaires chez tous
les peuples et à travers tous les âges : vous y
trouverez le nom d'un autre Minime, le P.
Louis Feuillée. qui dans les dix premières
années du dix-huitième siècle fit aux frais du
roi d'importants voyages aux Antilles et sur le
littoral de 11' Amérique du Sud : il étudia l' uti-
lisation d'un grand nombre de végétaux des
régions tropicales. Ce fruit des climats chauds
qu'on appelle le Chirimoya, si savoureux
qu'on a pu l'appeler « le chef-d oeuvre de la
nature », ce fut le P. Feuillée qui le premier,
le fit connaitre,
La physionomie ri vivante et si compl'exe
du P. Labat clot cette galerie de précurseurs.
Celui-là. Dominicain, était professeur à Nancy,
lorsqu'en 1694, apprenant qu'aux îles beau-
coup de missionnaires mouraient de maladies
contagieuses, il demandait la permission d'y
ém igrer. En 1694, il était à la Martinique, et
douze ans durant il parcourut toutes les An-
tilles. Comme curé, il mettait en fuite les
mauvais esprit* ; comme ingénieur, comme di-
recteur de l" artillerie, il mettait en fuite les
Anglais. Son universelle curiosité s'intéressait
à la vie économique, à l'art de cultiver la
canne à sucre, le manioc, l'indigo, à Kart de
distiller le tafia. Ouvrez le volume que, dans
la Géographie universelle, publiée par Armand
Colin, M. Max Sorre consacre au Mexique et
à l'Amérique centrale : vous y lirez tout ce
que le café, tout ce que le cacao, tout ce que
les , cultures vivrières, durent de prestige à cet
ingénieux missionnaire, dont 1 activité était
extraordinaire, Il rectifie souvent les allégations
de son prédécesseur, le P. du Tertre ; if le
corrige avec complaisance, voire même avec
entrain.
Tout IVii était prétexte à observations, même
les accidents qui lui survenaient. Un jour, un
serpent saute sur lui : il s'en rend maître, le
fait ouvrir, o bserve les œufs, fait disséquer ses
petits, conclut que la couleur n'est pas un cri-
térium pour distinguer les espèces de serpents;
il étudie la graisse du reptile, découvre qu'elfe
est efficace contre les rhumatismes ; ainsi ti-
fait-il parti, pour lui-même, pour la science et
pour la thérapeutique, de l'indiscret assaut
d'un reptile ; et sa peur initiale se tournait en
allégresse pour tant de belles trouvailles. Le
journal où le P. Labat enregistrait au jour le
jour ses multiples informations ne comprend
pas moins de huit volumes, intitulés : Nouveau
voyage aux îles de "A mérique; sa verve y
décrit avec de rares qualités de pittoresque la
vie sociale qu'en ce temps-là on menait aux
Antilles ; le document d'histoire naturelle a.
tout en même temps, la valeur d'un document
d'histoire.
Voilà ce que je glane dans la petite thèse de
M. Fournier ; si maintenant je vous dis que
sa grosse thèse s'intitule : La contribution des
missionnaires français au progrès des sciences
naturelles aux XIXE et XX" siècles, il vous sera
facile d'en pressentir l'intérêt. Un prochain
article y sera consacré.
Geor. Goyau,
de l'Académie Française.
-– ) - (
Le premier évêque annamite
«♦»
Nous croyons savoir que Mgr de Guébriant
Supérieur de la Société des Missions étran-
gères, annonce comme très prochaine la no-
mination par Rome du premier évêque
d'origine annamite qui serait le coadjuteur
de Mgr Marcou dans le vicariat apostolique
de Phat-Diem. On attache beaucoup de por-
tée dans les sphères missionnaires, à cet
acte du Saint-Siège qui avance l'heure où le
catholicisme devra être régardé comme l'une
des religions nationales de l'Annam.
le prix artfcfltae attrlfcié
et witUfwr seimage
a attri-
Le jury du prix artistique d* Algérie a attri-
bué son prix pour 1932, a une valeur de 5.000
francs, au sculpteur Belmondo.
Le redressement sanitaire
de la Guadeloupe
«4»
14,
ES I Archives de l'Ins-
titut Prophylactite »
nous renseignent d'une
façon fort intéres-
sante sur le redresse-
ment sanitaire de la
Guadeloupe obtenu
Par les travaux de la
mission Even-Léger.
L'Ile d'Emeraude,
hélas 1 en dé-bit de
ses sites enchanteurs, connaissait de terri-
bles fléaux. Ces maladies sociales: la
lèPre, la syphilis, le paludisme, la bilhar-
ziose, la lymphangite endémique, la tuber-
culose, décimaient une popmation que le
cyclone de 1928 avait déjà effroyablement
affectée.
Aujourd'hui, il est possible de faire le
point et, grâce aux résultats obtenus par la
courte mission Even-Léger, on peut faire
confiance à l'avenir.
La mobilité du Chef du Service de Santé
est la clé de voûte de toute V organisation de
protection de la santé publique à la Gua-
deloupe. Cette mobilité fut étudiée avec les
plus grands soins, ainsi que la liaison entre
le corps médical civil et le corps de santé
colonial.
Pour compléter cette liaison, un re-
présentant officiel des colonies d'Amérique
ci l'Office International d'Hygiène Publique
est envisage. Pour occuper ce poste, nul n'est
plus indiqué que le docteur Marcel Léger,
originaire de la Guadeloupe, qui a assuré
pendant plus de trois ans les fonctions de
chef du Service de santé de la Guyane, qui
a dirige pendant quelques mois l'Institut
d'Hygiène de la Martinique; cet ex-directeur
de VInstitut Pasteur de Dakar est déjà au-
dit,,,, ait Conseil Supérieur d'llygiène Ptl-
b/iqtit.
La mission s'occupa non seulement de
l'assistance médicale proprement dite, mais
aussi des questions d'urbanisme, si impor-
tantes quand il s'agit de circonscrire les
foyers des épidémies,
La question de la quinine dans le palu-
disme à la Guadeloupe a fait un grand pas,
des champs de quinimsation ont été insti-
tuts dans les écoles des localités les plus
palustres.
- La aéation d'Instituts Prophylaetites
dans cette colonie a été décidée d'enthou-
siasme, ce qui peut faire espérer une lutte
ef ficace non seulement contre la syphilis,
mais aussi contre la lèpre qui fait encore,
dans nos Antilles, de terribles ravages.
Nous puisons ces quelques bienfaisants
rSIIltats, entre tant d'autres efforts, accom-
plis pour le plus grand bien de la fJofmla-
tion guadeloupéenne, par la mission Even-
T, ég e r.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
vice-Président de la Commission
des Douanes.
+ ( –-
Les étudiants algériens 1
à la Cité Universitaire
rt.
Les délégations financières de l'Algérie
viennent d'accorder à la Gté universitaire une
subvention d'un million, pour la création de
vingt chambres, destinées, en principe, aux
jeunes Algériens que leurs études obligent à
venir résider à Paris.
Ces chambres feront partie de la nouvelle
Maison des provinces de France, actuellement
en voie d'achèvement et dont on prévoit l'ou-
verture pour le mois de janvier prochain.
Elles seront attribuées par les soins du gou-
vernement général de l'Algérie, à qui les inté-
ressés peuvent adresser leur demande.
Cette création porte à 282 le nombre des
chambres fondées à la Gté universitaire de
Paris.
) ..- (
La mission enquêtant sur la crise
agricole tunisienne à Tunis
La mission chargée par le gouvernement
français, à la demande du résident général1,
d'étudier la cause de la crise agricole en Tuni-
sie et les remèdes à y apporter est arrivée à
Tunis par le courrier maritime.
Cette mission est composée de MM. Tardy,
iMpecteur général au ministère de l'agricul-
ture, directeur de la caisse nationale de crédit ;
Maringe, inspecteur des 6nances et Gantois,
inspecteur général adjoint du Crédit agricole.
Le résident général avait chargé le coaman.
dant Beucter, chef de son cabinet militaire, de
salVier à leur débarquement les membres de
cette mission.
M. Tardy et ses collaborateurs se sont aus-
sitôt rendus à la Maison de France où ils ont
été reçus par M. Manceron avec lequel ils ont
eu un premier entretien.
) ..- (
A l'Académie des Sciences
l'
La séance publique annuelle
L'Académie des Sciences tiendra lundi,
sous la Coupole, sa séance publique annuelle
sous la présidence du général Bourgeois.
M. Alfred Lacroix, secrétaire perpétuel, lira
une notice historique sur les membres et les
correspondants de l'Académie des Sciences
ayant travaillé dans les colonies françaises
de la Guyane et des Antilles, de la fin du
dix-huitième siècle au début du dix-neuvième
siècle. Ensuite aura lieu la lecture des prix
attribués dans l'année par la Compagnie.
La plus grande France
»♦»
Une déclaration coloniale
de notre éminent collaborateur
M. Onésime Reclus
Au moment où se poursuivent plus active-
ment que jamais les travaux du Brazzaville-
Océan, à la veille de l'ouverture des chantiers
du port de Pointe-Noire, nous avons cru inté-
ressant de demander à notre excellent collabo-
rateur, le grand géographe Onésime Reclus,
son opinion sur notre Congo et en général sur
notre empire d'outre-mer qu'il a si heureuse-
ment baptisé :
La plus grande France.
Nous esnregistrons ici quelques-unes de ses
opinions colonial,
« C'est de 1815 à 1860 que l'astre de la
France parut descendre à l' horizon. Et non pas
lui seulement. On put croire que l'Angleterre
hériterait de toutes les nations. »
Onésime Recfas poursuit :
« Sur ce globe heureusement sauvé de
l'unité ( quelle était la part de la France au
lendemain de nos désastres de 1812 à 1615 ?
Quelle est-elle aujourd'hui ? 1615 ! Hors
d Europe, l'Angleterre avait fait main basse
sur nos colonies, Elle nous rendit ce qui était
petit, fiévreux, torride et de nul avenir appa-
rent.
En Asie, nous reçûmes de sa bienveillance,
disons de son dédain, les cinq villes de Pondi-
chéry, Chandernagor, Yanaon, Karikal et
Mahé.
En Afrique, nous rentrâmes en possession
du Sénégal, qui se bornait alors à cinq ports
et comptoi rs accablés de soleil. L'île Bourbon
nous revint aussi : elle est plHis grandiose que
Ille de France, mais l'lie de France a des
ports, Bourbon n'en a pas, et la prévoyante
Albion retint l' « île soeur » sous son nom hol-
landais de Maurice.
En Amérique, elle nous restitua les îlots de
Saint-Piene et Miquelon, qui sont à peine au
Canada ce que nos cinq villes indiennes sont à
l'Inde; la Martinique, la Guadeloupe et, dans
l'Amérique du Sud. la Guyane qui fut trop
longtemps notre meill'eur cimetière.
A ce peu se borna la France d' outre-mer.
1830 fut l'aube après la nuit : il nous fit
présent d'Alger, de la « carrière de craie »
devenue en un demi-siècle l' empire français de
l'Afrique du Nord.
De 1830 à 1646, sous le roi-citoyen qu'on
avait présenté à la foule comme la meilleure
des Républiques, la France fut confite en
dévotion pour l'Angleterre, Nos gouvernants,
semblables au bouc de La Fontaine, n'y
voyaient pas plus loin que le bout de leur
nez.
L'atrime révérence pour l'Angleterre ne
laissait à nos entreprises que les pays dont la
Grande-Bretagne ne voulait pas, ce qui était
très petit, très inutile, très malsain, presque
inhabitable et ce dont ni les Anglais, ni les
Français, ni personne alors ne devinait l'ave-
nir.
C'est ainsi que, sans nous douter de ce que
nous faisions, Albion ne s'en doutant pas non
plus, nous acquîmes, sous l'Equateur, en 1639,
un lambeau de terre cédé par un roitelet du
plbs beau noir. Mais ce trop soleilleux rivage
borde un estuaire superbe, le Gabon, et, ce
qu'on ne savait pas, il mène par une des meil-
leures routes à un fleuve alors inconnu, même
de nom, à l'Ogôoué et de cet Ogôoué au
Congo devenu le but des peuples. »
Onésime Reclus poursuit l'énumération des
annexions depuis 1642 :
« Taïti îlette charmante, les Marquises ; sur
le rivage de la Guinée, les ports de Grand-
Bas&am et d'Assinie ; l'es îles voisines de Ma-
dagascar, Mayotte et Nossi-Bé. En 1853, la
Nouvelle-Calédonie, »
Puis, le maître géographe reprend :
« Sous la aain d'un vaillant homme, qui vit
au delà de l'heure présente, Faidherbe, le
Sénégal qui n'était qu'un malheureux comptoir
prit un commencement de consistance. La Co-
chinchine fut conquise à partir de 1858, le
Cambodge protégé à partir de 1663.
En 1870, Sedan sonna, dont on disait
« Entendez-vous ce glas funèbre ? » Or.
c'était justement pour la France extra-euro-
péenne, le préVude d'une rapide adolescence.
Depuis l'année terrible, nous avons acquis :
la Tunisie, le Haut-Niger, un grand tronçon
du Congo, Madagascar, l'Annam, le Tonkin,
des archipels et des îles.
Parmi ces centai nes de millions d'hectares,
il y en a des dizaines à prendre sur la solitude,
à des hauteurs où les blancs se perpétuent soit
d'eux-mêmes, soit en s'alftant à des cuivrées.
Pour le reste, le salut est dans l'école.
Cette oeuvre accomplie, les Français auront
quelque place dans 1 assemblée des hommes.
La « Plus grande France » sera faite". »
ONÉSIME RECLUS.
Ce monde tourne à une vitesse croissante
dans la roue infernale de la vie humaine.
Cette rapidité, sans cesse accélérée, qui tient
peut-être à une rupture d'équilibre des lois de
I la gravitation universelle, permet des résurrec-
tions à la « - Ramuz », l'auteur considéré de
« Joie dans le ciel », par le retour précipité
de cycles qui ne concernent pas seulement les
événements mais aussi les hommes.
C'est ainsi, qu'entre tant de grandes ombres,
dressées en faction, au cœur des questions
d'une brûlante actualité, nous avons pu inter-
viewer certaines personnalités 100/100 colo-
niales par un simple réglage de longueurs
d'ondes entre les morts et les vivants.
Or, en franchissant les escaliers et les ascen-
seurs des siècl es, car le temps est un fameux
gratte-ciel, nous rencontrâmes dès les premiers
étages, un quasi-contemporain, l'inventeur-par-
rain du nom qui à l'heure actuelle représente
notre pays dans le monde : La plus grande
France.
xu.
La politique internationale
de la République espagnole
:
Les Des Baléares, position stratégique
de première importance
dans la Méditerranée
Les travaux de fortification des lles Ba-
léares et le dragage du port de Mahon. que
le ministre espagnol des travaux publics,
M. Indalecio Pnelo, vient de faire votei
d'urgence par les Cortès, continuent de
retenir l'attention de la presse internatio-
nale ti).
Dans le Corriere della Sera, un officier de
l'armée italienne, d'un grade élevé, qui
signe du pseudonyme « Sirius », montre l'im-
portance des lies Baléares dans la Méditer-
ranée occidentale.
« L'Espagne, dit-il en substance, possède
deux positions stratégiques de première im-
portance : Minorque, avec la baie de Mahon,
et Majorque, avec la baie de Pollensa. Le
port naturel de Mahon se trouve à environ
450 kilomètres de Marseille, d'Alger, de
lloniiacio, de Philippeville et de Carthagène.
Il pourrait offrir un abri aux navires, non
seulement contre les tempêtes, mais contre
les ottensives des flottes ennemies et même
des sous-marins.
Pollensa pourrait également devenir, si
l'on ettectuait certains travaux dans ba baie,
une grande base aérienne et navale.
En s'appuyant sur ces bases, les forces
navales de l'Espagne auraient lç contrôle
de toutes les communications maritimes dans
la Méditerranée occidentale. Des forces na-
vales hostiles à la France, disposant de
Mahon et Pollensa, pourraient menacer et
paralyser les communications françaises
avec l'Algérie et la Tunisie. Des forces na-
vales ou aériennes françaises ou alliées à la
France, disposant des Baléares, pourraient
défendre de la façon la plus efficace ces
communications.
Aussi ne faut-il pas s'étonner si le voyage
de M. Herriot en Espagne a provoqué de
nombreux et ardents commentaires <1ans la
presse allemande et italienne.
Toutefois, l'auteur de l'article reconnaît
que : « il ne possède aucun élément qui lui
permette de considérei comme exactes les
informations et les insinuations « qui indi-
quent l'existence de négociations entre la
France et l'Espagne en vue d'accords mili-
taires ultérieurs. »
Pendant longtemps, ajoute-t-il, les gou-
vernements de la monarchie en Espagne ont
montré peu d'intérêt pour Mahon. Le port
n'était protégé que par de vieux forts du
temps - d'Isabelle. - - - -
Aujourd'hui, on trouve à Mahon des ca-
nons de 381 et, en construction, des emplace-
ments pour des batteries d'une grande puis-
sance, assurant à distance la défense de cette
place. « Sirius » conclut en ces termes :
« La République espagnol* considère avec
« l'attention qu'elles méritent ces impor-
u tantes positions stratégiques dans les lies
<( Baléares. Les mesures qu'elle vient de
« prendre signifient clairement la volonté de
« l'Espagne de garder et de défendre les
« Baléares.
« Si, Par ce moyen, VEspagne veut em-
cc pêcher la réalisation de ténébreux projets
« et équilibrer les forces navales des Etats
« qui ont des intérêts dans la Méditerranée
« occidentale, tous ceux qui aspirent réelle-
Il ment à une digne et pacifique amitié en-
« tre tous les peuples approuveront avec foie
« la décision qu'elle a f-rise. »
Répondant à l'article du Corriere délia
sera, le Heraldo de Madrid écrit que ie désir
de l'Espagne est précisément d'assurer l'in-
dépendance de son territoire.
L'Espagne libérée et majeure a changé les
directives de sa politique extérieure.
La République espagnole ne reconnaît pas
les traités secrets des Bourbons, y ccmpris
le traité avec Mussolini que signa Al-
phonse XIII, pas davantage qu'elle ne re-
connaît le prétendu droit des Anglais
d'après les journaux fascistes de posséder
la baie de Mahon. L'Espagne républicaine,
conclut le Heraldo, a un rôle d'importance
capitale à jouer dans la Méditerranée. Dans
son désir de paix, elle saura le remplir avec
dignité.
G. de Karsivet.
(1) Voir Les Annales Coloniales, 26 nov. « A
propos du tunnel de Gibraltar ».
1 i
L'antenne coloniale
L'activité de Radio-Alger
A la suite des accords intervenus entre
l'Hôtel Aletti et le poste Radio-Alger, cette
station retransmettra deux fois par semaine
le jazz de l'établissement.
L'excellente société de musique orientale
El Moukibia, qui rentre d'une tournée triom-
phale dans l'Europe latine, a repris sa par-
ticipation aux émissions de Radio-Alger.
En attendant l'accord définitif qui doit
permettre les retransmissions de l'Opéra
d'Alger, Radio-Alger retransmet avec succès
toutes les grandes manifestations artistiques
qui sont données dans cette salle.
) -. -
Dépêches de l'Indochine
« -1
Exportations de caoutchouc
Pendant les onze premiers mois de l'an-
née 1932, le total des exportations de caout-
chouc effectuées par le port de Saïgon
s'élève a 12.111 tonnes contre 9.841 tonnes
vendant la même période de 19R1.
Du riz pour France -'
Le Ramsay est parti de Saigon le f»cembre avec : riz blanc 1.600 tonnes, brisu-
res 675 tonnes ; farines, 100 tonnes, pour
T.e ffavre.
Riz blanc, 450 tonnes ; brisures, 799 ton-
nes ; farines, 25 tonnes, pour Dunkerque.
Le Lahu est parti de Saigon le 7 décem-
bre avec : rix blanc, 275 tonnes ; brisures
125 tonnes, pour Le Havre.
LIRE EN SECONDE PAGE :
Au Sénat.
l La situation financière en A. E. F.
L'Indochine
à la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats
1. «
La Commi ssion de l'Algérie des Colonies et
des Protectorats s'est réunie sous la présidence
de M. Roux-F reissineng.
Elle a entendu M. Albert Sarraut, ministre
des Colonies, sur la situation économique de
l'Indochine.
Le ministre a longuement développé un
exposé très complet sur la situation de l'agri-
culture indochinoise, sur le problème de la pro-
duction et de l'exportation du riz et sur les
mesures prises par Je Gouvernement général
pour apporter un remède aux maux dont souf-
frent les riziculteurs. Ceux-ci ont été surpris par
la crise en plein travail de mise en exploitation
et il's n'ont pas eu le temps d'amortir leurs
dettes.
L'augmentation de la consommation du riz
dans la métropole permet d'espérer des débou-
chés nouveaux et la situation peut s'en trou-
ver amél iorée.
Il est bien évident que le remède recom-
mandé par certains, qui consiste à dévaloriser
la piastre, ne pourrait apporter qu'une amélio-
ration éphémère de la situation.
M. Albert Sarraut a vigoureusement exposé
les dangers que feraient courir à l'économie gé-
nérale de la colonie et à son crédit une mesure
aussi risquée et iP a déclaré qu'il ne saurait être
question d'y recourir.
Des mesures ont été prises pour apporter des
remèdes à la situation angoissante des rizicul-
teurs.
Un service de prêts fonciers a été étudié.
Un service de colonisation a été organisé, il
a pour mission de racheter les propriétés ven-
dues par autorité de justice et de consentir aux
débiteurs de bonne foi des contrats de loca-
tion-vente, pour leur permettre, par leur tra-
vail, de recouvrer la propriété de leurs biens.
Quant au budget de la colonie, atteint lui-
même par la crise, il ne peut être équilibré
qu'au prix de gros sacrifices.
L'Indochine, if faut le souligner, donne à
la Métropole un bel exemple d'équilibre bud-
gétaire et d'efforts vers le redressement.
Le budget qui atteignait l'an passé 100 mil-
lions de piastres, a été réduit pour l'exercice
1932 à 66 millions de piastres.
A la fin de l'exposé du ministre des Colo-
nies, les membres de la Conunission, à l'a
quasi-unanimité, applaudirent M. Albert Sar-
raut, fait exceptionnel dans les commissions.
M. Albert Sarraut a l'intention de venir, en
plusieun réunions ultérieur". exposer devant
les membres de la Commission la situation éco-
nomique de nos diverses possessions ; il com-
mencera par l'Afrique Occidentale française.
) -.- (
Dans les Commissions
A LA CHA MBMtE
A LA COMMISSION
DE LA MARINE MARCHANDE
Toujours la Transat
La Commission de la Marine marchande
s'est réunie cet après-midi sous la présidence
de M. Henri Tasso, président.
Elle a poursuivi l'examen du projet de loi
concernant la convention des services mari-
times prévue entre l'Etat et la Compagnie
Générale Transatlantique.
M. Maurice Vincent, rapporteur, a fait
l'historique des conventions antérieures pas-
sées depuis 1861 et a indiqué les changements
successifs apportés à ces conventions, tant en
ce qui concerne le régime des subventions,
leur montant, leur mode d'attribution, la
vitesse, le tonnage, les itinéraires et toutes
les clauses principales d'obligation entre les
parties.
- Il a ensuite fait connaître quelles ont été
les influences et les répercussions du trafic de
la C.G.T. dans le domaine maritime sur
l'économie nationale.
M. Maurice Vincent a ensuite analysé, de-
vant la Commission, article par article, les
textes nouveaux proposés par le Gouverne-
ment.
Ces textes, qui comportent un cahier des
charges, une convention maritime propre-
ment dite et des annexes, différencient des
précédents en ce sens qu'ils n'ont pas été
soumis à l'examen de l'assemblée des action-
naires et ratifiés, qu'ils ne portent aucune
signature, et que c'est l'Etat qui les propose
directement au Parlement pour en finir avec
cette question.
M. Maurice Vincent a plus particulière-
ment insisté sur le jeu de la subvention qui
peut atteindre un maximum de 150 millions
: et qui diminue suivant les circonstances à
50 millions.
A l'aide d'exemples précis, il a montré
les diverses hypothèses prévues à l'article .3
qui conditionne la répartition des sommes
provenant de la relation entre le disponible
possible du compte d'exploitation et la sub-
vention maximum prévue.
Répendant à de nombreuses questions po-
sées par MM. Tasso, Appell, William Bel-
trand, Dupray de la Mahérie, Cadoret,
Blancho, du Luart, M. Maurice Vincent a
défini les règles du mécanisme de l'amortis-
sement industriel spécial du matériel naval,
tel qu'il est prévu en faisant ressortir, pour
la Compagnie, l'obligation de rechercher un
maximum d'amortissement de ses navires en
exploitation.
Il a, d'antre part, expliqua quelles seront
les sources de recettes du compte spécial
d'exploitation.
A la demande de plusieurs commissaires,
M. Maurice Vincent a précisé la situation des
comptes « construction et exploitation » du
Normandie en donnant tous renseignements
sur le système d'assurances prévu dans la
convention.
La constitution des commissions de contrôle
et de fournitures des marchés a été aussi
l'objet d'une étude approfondie et d'un
JSUMAL QueyloiEu
Rédaction & Administration :
84, in II Riit-TUtir
PARIS O")
TtLtPH. : LOUV". 19-37
RICHELIEU 17'"
Les Annales Coloniales
La 8ftftCmCtI et réclame » tonI rquoi -
bureau éu Journal.
DIRECTKUII-FONOATMIII t Memel RUEDEL
T. lei article» puèUéi ësni notre Journal fil peuvent
être reproduite qu'en citant la Ainm Cmomalm.
IIIIIEIEITS
meec la Revue illustrée:
Us et Ii bieis 3 UOM
France et
Colonies lieu IM > M w
Etranter.. 140. 125. 78 b
On «abonne sons frai* tans
loua les bureaux 4a poste.
Pionniers de la science
aux Antilles françaises
r -e *»
Les voyageurs naturalistes du clergé fran-
çai3 avartl la Révolution : ainsi s'intitule l'une
des thèses par lesquelles la semaine dernière,
en Sorbonne, M. Paul Fournier, chanoine ho-
noraire de Langres, conquérait le diplôme de
docteur ès-lettres, avec mention honorable. M
y a dans ce livre, fruit de recnetches variées
dans les bibliothèques les plus diverses, deux
chapitres auxquels les spécialistes de choses
coloniales ne sauraient demeurer indifférents :
ils ont trait à nos Antilles françaises et mon-
trent avec une exacte précision tout ce que
nous devons, pour la connaissance de ces îles,
à des hommes d Eglise, qui s' y rendirent
comme missionnaires, ou bien comme explo-
rateurs.
Voici débarqués à la Guadeloupe, expédiés
en 1635 par le cardinal de Richelieu, des Do-
minicains : l'un d'eux, Pe P. Raymond Breton,
laissa des manuscrits importants, dont son con-
frère Mathias Du Puis tirait partie, en 1652,
pour les détails d'ethnologie que donnait son
/histoire de l'île, la première qui ait été écrite,
sous le titre : Relation de r élabtiMcment d'une
colonie française dam la Guadeloupe (sic). Il
fallHit une grande ingéniosité à ce P. Raymond
Breton pour composer son Dictionnaire caraïbe-
français, qui parut en 1665 et 1666. En géné-
ral, les Caraïbes ne parlaient un peu d'abon-
dance que lorsqu'ils étaient ivres : de là quel-
que difficulté pour les aborder et les com-
prendre. Le P. Breton ne recula pas, il s'isola
au mifieu d'eux, ausculta leurs consciences,
consulta leurs coutumes, recueillit sur leurs
lèvres les noms qu'ils donnaient aux plantes,
aux animaux, découvrit qu'il y avait chez eux
une langue spéciale pour les femmes.
Vers la même époque, cette langue ca-
raïbe exerçait aussi quelque attrait sur un sim-
le Jésuite, lie Frère de la Borde, qui aidait le
P, Simon, Jésuite également, pour la conver-
sion des indigènes. L'indigence de leurs
idiomes, celui des hommes comme celui des
# # -1
temmes, le frappait : à peine avaient-lis aes
mots pour désigner trois ou quatre couleurs ;
ils étaient sans ressources verbales pour rendre
des idées abstraites. toutes les remarques du
Frère de la Borde étaient consignées, dans sa
Relation de l'origine, moeurs, coutumes, reli-
gion, guerre et voyages des Caraïbes, qui sera
imprimée en 1674.
Mais nul atbrs ne surpassa, dans la connais-
sance des Antilles, le P. Jean-Baptiste du
Tertre. Dominicain, qui publiait, en 1654,
VHistoire générale des isles de Scrinf-Christo-
phe, de h Guadeloupe, de la Martinique et
autres dans l'Amérique, et qui reprenait son
œuvre en quatre vol umes, entre 1667 et 1671.
sous le titre : Histoire générale des Antilles
habitées par les Français. Le P. du Tertre,
pour composer cet imposant ouvrage, avait pro-
fité, non seulement du labeur des autres mis-
sionnaires, mais de ses propres expériences,
recueillies au cours des seize années qu'il avait
passées aux Antilles entre 1640 et 1656 : son
livre a un accent très personnel, qui lui valut
la gloire d'être appelé par Chateaubriand, le
Bernardin de Saint-Pierre du dix-septième
siècle.
Nous avons d abord, sous la plume de Uu
Tertre, une description générale des îles occu-
pées par les Français, puis le récit des deux
traversées qui l'amenèrent d'Europe aux An-
tilles ; il entre, enfin, dans de nombreux détails
sur les particularités de ces îles. Son troisième
volume, consacré aux plantes et aux arbres, a
fait époque, en quelque mesure, dans l'histoire
de Pa botanique appliquée, beaucoup plus que
de la science pure pour la première fois,
l'Europe fut renseignée par ce livre sur les
plantes économiques des Antilles, spécialement
sur les arbres fruitiers. D'autres volumes décri-
vent les poissons, les oiseaux, les an imaux qui
circulent sur le sol de ces îles ; et les images
dant s'illustre le texte n'ont pas moins d'im-
portance. Un autre intérêt du livre du P. du
Tertre est de nous faire connaître les diverses
populations de$Antilles d'alors : Brésiliens,
nègres, mulâtres, Caraïbes, Arawaks ; plusieurs
de ces populations sont presque disparues au-
jourd'hui, et les pages du P. du Tertre de-
meurent encore susceptibles d'éclairer, à leur
sujet, les discussions des anthropologistes.
Breton, Du Tertre étaient des missionnaires;
deux Minimes, Plumier et Feuillée, furent,
eux, des explorateurs, expédiés par
Louis XIV.
Le grand naturaliste Cuvier a dit d'un de
ses priâécesaeurs. : « Il est peut-être, de tous
les hommes qui se sont occupés d'histoire natu-
relle, cet ui qui a été le plus actif. » Celui dont
Cuvier parlait en ces termes était Ite Minime
Plumier, très connu dans la Provence des an-
nées de 1675 à 1685, par l'herbier qu'il avait
nées de
constitué, et qui accepta, entre 1689 et 1704,
de faire trois voyages aux Antilles. Le fruit de
ces voyages fut une série d'ouvrages sur les
plantes et les animaux des Antilles, ouvrages
dont il grava lui-même les planches. C'était un
enthousiaste que Plumier : promenant au Morne
de Pa Calebasse, à la Martinique, ses curiosités
de savant, il le proclame « un des plus beaux
endroits qu'il n ait jamais vus pour le grand
nombre de belles plantes qu'il produit ». Un
naufrage, malheureusement, nous a frustrés à
jamais des plantes et des objets d'histoire
naturelle que le P. Plumier rapportait, mais
les manuscrits du Minime, et ses nombreux des-
sins, se trouvaient, heureusement, sur un autre
navire. Ainsi fut-il1 possible à Plumier,
IICJIDIM, au retour de sot) premier voyage, bo-
taniste du roi, dç publier en 1693 la Descrip-
tion des Planta de VAmérique, aux frais de
Sa Majesté, et en 1704, peu de temps avant
sa mort, son volume intitulé : « Nouveaux
genres de plantes américaine» », auquel une
trentaine d'aînées plus tard, Linné rendra hom-
mage. Plumier, envoyé au Pérou, en 1704.
pour étudier les arbres à quinquina, mourra
en cours de route, à Cadix ; mais l'année
d' après sa mort, paraîtra son Traité des fou-
gère3 de l'Amérique, où il décrira cent quatre-
vingts espèces : « De toutes les plantes que
j'ai découvertes dans les Îi's de r Amérique,
lisait-on dans ce livre, il n'y en a guère qui
m'aient fait tant de plaisir que les seules fou-
gères. » Plusieurs grandes bilbliothèques d'Eu-
rope France, Hollande, Prusse possè-
dent les dessins et manuscrits de Plumier ; ils
ne forment pas moins de vingt volumes in-folio;
et A; professeur Burmann, d'Amsterdam, fit
graver à ses frais cinq cent huit dessins de Plu-
mier.
La flore et la faune des Antilles ont été à
jamais cataloguées dans ces massifs in-folio.
En rassemblant toutes les données qu'il a
laissées, on pourrait les Annal es des Scien-
ces Naturelles le constataient 1 déjà il y a
soixante-cinq ans consacrer à notre Guade-
loupe, à notre Martinique, des descriptions
botaniques d'une incomparable valeur, et met-
tre en pleine lumière ce que tes Annales ne
craignaient pas d'appeler « rn chef d' œuvre
national ».
La perspicacité de ce Minime s'étendait au
règne animal, pour enrichir ce règne-là. La co-
chenille, jusqu'à Plumier, était considérée
comme un détail du règne végétal, comme un
fruit, comme une graine ; il fut le premier,
avant Leuwenhoek, à prouver péremptoire-
ment qu' elle est un insecte.
Fouii'ietez maintenant l'ouvrage récent de
M. Bois sur les Plantes alimentaires chez tous
les peuples et à travers tous les âges : vous y
trouverez le nom d'un autre Minime, le P.
Louis Feuillée. qui dans les dix premières
années du dix-huitième siècle fit aux frais du
roi d'importants voyages aux Antilles et sur le
littoral de 11' Amérique du Sud : il étudia l' uti-
lisation d'un grand nombre de végétaux des
régions tropicales. Ce fruit des climats chauds
qu'on appelle le Chirimoya, si savoureux
qu'on a pu l'appeler « le chef-d oeuvre de la
nature », ce fut le P. Feuillée qui le premier,
le fit connaitre,
La physionomie ri vivante et si compl'exe
du P. Labat clot cette galerie de précurseurs.
Celui-là. Dominicain, était professeur à Nancy,
lorsqu'en 1694, apprenant qu'aux îles beau-
coup de missionnaires mouraient de maladies
contagieuses, il demandait la permission d'y
ém igrer. En 1694, il était à la Martinique, et
douze ans durant il parcourut toutes les An-
tilles. Comme curé, il mettait en fuite les
mauvais esprit* ; comme ingénieur, comme di-
recteur de l" artillerie, il mettait en fuite les
Anglais. Son universelle curiosité s'intéressait
à la vie économique, à l'art de cultiver la
canne à sucre, le manioc, l'indigo, à Kart de
distiller le tafia. Ouvrez le volume que, dans
la Géographie universelle, publiée par Armand
Colin, M. Max Sorre consacre au Mexique et
à l'Amérique centrale : vous y lirez tout ce
que le café, tout ce que le cacao, tout ce que
les , cultures vivrières, durent de prestige à cet
ingénieux missionnaire, dont 1 activité était
extraordinaire, Il rectifie souvent les allégations
de son prédécesseur, le P. du Tertre ; if le
corrige avec complaisance, voire même avec
entrain.
Tout IVii était prétexte à observations, même
les accidents qui lui survenaient. Un jour, un
serpent saute sur lui : il s'en rend maître, le
fait ouvrir, o bserve les œufs, fait disséquer ses
petits, conclut que la couleur n'est pas un cri-
térium pour distinguer les espèces de serpents;
il étudie la graisse du reptile, découvre qu'elfe
est efficace contre les rhumatismes ; ainsi ti-
fait-il parti, pour lui-même, pour la science et
pour la thérapeutique, de l'indiscret assaut
d'un reptile ; et sa peur initiale se tournait en
allégresse pour tant de belles trouvailles. Le
journal où le P. Labat enregistrait au jour le
jour ses multiples informations ne comprend
pas moins de huit volumes, intitulés : Nouveau
voyage aux îles de "A mérique; sa verve y
décrit avec de rares qualités de pittoresque la
vie sociale qu'en ce temps-là on menait aux
Antilles ; le document d'histoire naturelle a.
tout en même temps, la valeur d'un document
d'histoire.
Voilà ce que je glane dans la petite thèse de
M. Fournier ; si maintenant je vous dis que
sa grosse thèse s'intitule : La contribution des
missionnaires français au progrès des sciences
naturelles aux XIXE et XX" siècles, il vous sera
facile d'en pressentir l'intérêt. Un prochain
article y sera consacré.
Geor. Goyau,
de l'Académie Française.
-– ) - (
Le premier évêque annamite
«♦»
Nous croyons savoir que Mgr de Guébriant
Supérieur de la Société des Missions étran-
gères, annonce comme très prochaine la no-
mination par Rome du premier évêque
d'origine annamite qui serait le coadjuteur
de Mgr Marcou dans le vicariat apostolique
de Phat-Diem. On attache beaucoup de por-
tée dans les sphères missionnaires, à cet
acte du Saint-Siège qui avance l'heure où le
catholicisme devra être régardé comme l'une
des religions nationales de l'Annam.
le prix artfcfltae attrlfcié
et witUfwr seimage
a attri-
Le jury du prix artistique d* Algérie a attri-
bué son prix pour 1932, a une valeur de 5.000
francs, au sculpteur Belmondo.
Le redressement sanitaire
de la Guadeloupe
«4»
14,
ES I Archives de l'Ins-
titut Prophylactite »
nous renseignent d'une
façon fort intéres-
sante sur le redresse-
ment sanitaire de la
Guadeloupe obtenu
Par les travaux de la
mission Even-Léger.
L'Ile d'Emeraude,
hélas 1 en dé-bit de
ses sites enchanteurs, connaissait de terri-
bles fléaux. Ces maladies sociales: la
lèPre, la syphilis, le paludisme, la bilhar-
ziose, la lymphangite endémique, la tuber-
culose, décimaient une popmation que le
cyclone de 1928 avait déjà effroyablement
affectée.
Aujourd'hui, il est possible de faire le
point et, grâce aux résultats obtenus par la
courte mission Even-Léger, on peut faire
confiance à l'avenir.
La mobilité du Chef du Service de Santé
est la clé de voûte de toute V organisation de
protection de la santé publique à la Gua-
deloupe. Cette mobilité fut étudiée avec les
plus grands soins, ainsi que la liaison entre
le corps médical civil et le corps de santé
colonial.
Pour compléter cette liaison, un re-
présentant officiel des colonies d'Amérique
ci l'Office International d'Hygiène Publique
est envisage. Pour occuper ce poste, nul n'est
plus indiqué que le docteur Marcel Léger,
originaire de la Guadeloupe, qui a assuré
pendant plus de trois ans les fonctions de
chef du Service de santé de la Guyane, qui
a dirige pendant quelques mois l'Institut
d'Hygiène de la Martinique; cet ex-directeur
de VInstitut Pasteur de Dakar est déjà au-
dit,,,, ait Conseil Supérieur d'llygiène Ptl-
b/iqtit.
La mission s'occupa non seulement de
l'assistance médicale proprement dite, mais
aussi des questions d'urbanisme, si impor-
tantes quand il s'agit de circonscrire les
foyers des épidémies,
La question de la quinine dans le palu-
disme à la Guadeloupe a fait un grand pas,
des champs de quinimsation ont été insti-
tuts dans les écoles des localités les plus
palustres.
- La aéation d'Instituts Prophylaetites
dans cette colonie a été décidée d'enthou-
siasme, ce qui peut faire espérer une lutte
ef ficace non seulement contre la syphilis,
mais aussi contre la lèpre qui fait encore,
dans nos Antilles, de terribles ravages.
Nous puisons ces quelques bienfaisants
rSIIltats, entre tant d'autres efforts, accom-
plis pour le plus grand bien de la fJofmla-
tion guadeloupéenne, par la mission Even-
T, ég e r.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
vice-Président de la Commission
des Douanes.
+ ( –-
Les étudiants algériens 1
à la Cité Universitaire
rt.
Les délégations financières de l'Algérie
viennent d'accorder à la Gté universitaire une
subvention d'un million, pour la création de
vingt chambres, destinées, en principe, aux
jeunes Algériens que leurs études obligent à
venir résider à Paris.
Ces chambres feront partie de la nouvelle
Maison des provinces de France, actuellement
en voie d'achèvement et dont on prévoit l'ou-
verture pour le mois de janvier prochain.
Elles seront attribuées par les soins du gou-
vernement général de l'Algérie, à qui les inté-
ressés peuvent adresser leur demande.
Cette création porte à 282 le nombre des
chambres fondées à la Gté universitaire de
Paris.
) ..- (
La mission enquêtant sur la crise
agricole tunisienne à Tunis
La mission chargée par le gouvernement
français, à la demande du résident général1,
d'étudier la cause de la crise agricole en Tuni-
sie et les remèdes à y apporter est arrivée à
Tunis par le courrier maritime.
Cette mission est composée de MM. Tardy,
iMpecteur général au ministère de l'agricul-
ture, directeur de la caisse nationale de crédit ;
Maringe, inspecteur des 6nances et Gantois,
inspecteur général adjoint du Crédit agricole.
Le résident général avait chargé le coaman.
dant Beucter, chef de son cabinet militaire, de
salVier à leur débarquement les membres de
cette mission.
M. Tardy et ses collaborateurs se sont aus-
sitôt rendus à la Maison de France où ils ont
été reçus par M. Manceron avec lequel ils ont
eu un premier entretien.
) ..- (
A l'Académie des Sciences
l'
La séance publique annuelle
L'Académie des Sciences tiendra lundi,
sous la Coupole, sa séance publique annuelle
sous la présidence du général Bourgeois.
M. Alfred Lacroix, secrétaire perpétuel, lira
une notice historique sur les membres et les
correspondants de l'Académie des Sciences
ayant travaillé dans les colonies françaises
de la Guyane et des Antilles, de la fin du
dix-huitième siècle au début du dix-neuvième
siècle. Ensuite aura lieu la lecture des prix
attribués dans l'année par la Compagnie.
La plus grande France
»♦»
Une déclaration coloniale
de notre éminent collaborateur
M. Onésime Reclus
Au moment où se poursuivent plus active-
ment que jamais les travaux du Brazzaville-
Océan, à la veille de l'ouverture des chantiers
du port de Pointe-Noire, nous avons cru inté-
ressant de demander à notre excellent collabo-
rateur, le grand géographe Onésime Reclus,
son opinion sur notre Congo et en général sur
notre empire d'outre-mer qu'il a si heureuse-
ment baptisé :
La plus grande France.
Nous esnregistrons ici quelques-unes de ses
opinions colonial,
« C'est de 1815 à 1860 que l'astre de la
France parut descendre à l' horizon. Et non pas
lui seulement. On put croire que l'Angleterre
hériterait de toutes les nations. »
Onésime Recfas poursuit :
« Sur ce globe heureusement sauvé de
l'unité ( quelle était la part de la France au
lendemain de nos désastres de 1812 à 1615 ?
Quelle est-elle aujourd'hui ? 1615 ! Hors
d Europe, l'Angleterre avait fait main basse
sur nos colonies, Elle nous rendit ce qui était
petit, fiévreux, torride et de nul avenir appa-
rent.
En Asie, nous reçûmes de sa bienveillance,
disons de son dédain, les cinq villes de Pondi-
chéry, Chandernagor, Yanaon, Karikal et
Mahé.
En Afrique, nous rentrâmes en possession
du Sénégal, qui se bornait alors à cinq ports
et comptoi rs accablés de soleil. L'île Bourbon
nous revint aussi : elle est plHis grandiose que
Ille de France, mais l'lie de France a des
ports, Bourbon n'en a pas, et la prévoyante
Albion retint l' « île soeur » sous son nom hol-
landais de Maurice.
En Amérique, elle nous restitua les îlots de
Saint-Piene et Miquelon, qui sont à peine au
Canada ce que nos cinq villes indiennes sont à
l'Inde; la Martinique, la Guadeloupe et, dans
l'Amérique du Sud. la Guyane qui fut trop
longtemps notre meill'eur cimetière.
A ce peu se borna la France d' outre-mer.
1830 fut l'aube après la nuit : il nous fit
présent d'Alger, de la « carrière de craie »
devenue en un demi-siècle l' empire français de
l'Afrique du Nord.
De 1830 à 1646, sous le roi-citoyen qu'on
avait présenté à la foule comme la meilleure
des Républiques, la France fut confite en
dévotion pour l'Angleterre, Nos gouvernants,
semblables au bouc de La Fontaine, n'y
voyaient pas plus loin que le bout de leur
nez.
L'atrime révérence pour l'Angleterre ne
laissait à nos entreprises que les pays dont la
Grande-Bretagne ne voulait pas, ce qui était
très petit, très inutile, très malsain, presque
inhabitable et ce dont ni les Anglais, ni les
Français, ni personne alors ne devinait l'ave-
nir.
C'est ainsi que, sans nous douter de ce que
nous faisions, Albion ne s'en doutant pas non
plus, nous acquîmes, sous l'Equateur, en 1639,
un lambeau de terre cédé par un roitelet du
plbs beau noir. Mais ce trop soleilleux rivage
borde un estuaire superbe, le Gabon, et, ce
qu'on ne savait pas, il mène par une des meil-
leures routes à un fleuve alors inconnu, même
de nom, à l'Ogôoué et de cet Ogôoué au
Congo devenu le but des peuples. »
Onésime Reclus poursuit l'énumération des
annexions depuis 1642 :
« Taïti îlette charmante, les Marquises ; sur
le rivage de la Guinée, les ports de Grand-
Bas&am et d'Assinie ; l'es îles voisines de Ma-
dagascar, Mayotte et Nossi-Bé. En 1853, la
Nouvelle-Calédonie, »
Puis, le maître géographe reprend :
« Sous la aain d'un vaillant homme, qui vit
au delà de l'heure présente, Faidherbe, le
Sénégal qui n'était qu'un malheureux comptoir
prit un commencement de consistance. La Co-
chinchine fut conquise à partir de 1858, le
Cambodge protégé à partir de 1663.
En 1870, Sedan sonna, dont on disait
« Entendez-vous ce glas funèbre ? » Or.
c'était justement pour la France extra-euro-
péenne, le préVude d'une rapide adolescence.
Depuis l'année terrible, nous avons acquis :
la Tunisie, le Haut-Niger, un grand tronçon
du Congo, Madagascar, l'Annam, le Tonkin,
des archipels et des îles.
Parmi ces centai nes de millions d'hectares,
il y en a des dizaines à prendre sur la solitude,
à des hauteurs où les blancs se perpétuent soit
d'eux-mêmes, soit en s'alftant à des cuivrées.
Pour le reste, le salut est dans l'école.
Cette oeuvre accomplie, les Français auront
quelque place dans 1 assemblée des hommes.
La « Plus grande France » sera faite". »
ONÉSIME RECLUS.
Ce monde tourne à une vitesse croissante
dans la roue infernale de la vie humaine.
Cette rapidité, sans cesse accélérée, qui tient
peut-être à une rupture d'équilibre des lois de
I la gravitation universelle, permet des résurrec-
tions à la « - Ramuz », l'auteur considéré de
« Joie dans le ciel », par le retour précipité
de cycles qui ne concernent pas seulement les
événements mais aussi les hommes.
C'est ainsi, qu'entre tant de grandes ombres,
dressées en faction, au cœur des questions
d'une brûlante actualité, nous avons pu inter-
viewer certaines personnalités 100/100 colo-
niales par un simple réglage de longueurs
d'ondes entre les morts et les vivants.
Or, en franchissant les escaliers et les ascen-
seurs des siècl es, car le temps est un fameux
gratte-ciel, nous rencontrâmes dès les premiers
étages, un quasi-contemporain, l'inventeur-par-
rain du nom qui à l'heure actuelle représente
notre pays dans le monde : La plus grande
France.
xu.
La politique internationale
de la République espagnole
:
Les Des Baléares, position stratégique
de première importance
dans la Méditerranée
Les travaux de fortification des lles Ba-
léares et le dragage du port de Mahon. que
le ministre espagnol des travaux publics,
M. Indalecio Pnelo, vient de faire votei
d'urgence par les Cortès, continuent de
retenir l'attention de la presse internatio-
nale ti).
Dans le Corriere della Sera, un officier de
l'armée italienne, d'un grade élevé, qui
signe du pseudonyme « Sirius », montre l'im-
portance des lies Baléares dans la Méditer-
ranée occidentale.
« L'Espagne, dit-il en substance, possède
deux positions stratégiques de première im-
portance : Minorque, avec la baie de Mahon,
et Majorque, avec la baie de Pollensa. Le
port naturel de Mahon se trouve à environ
450 kilomètres de Marseille, d'Alger, de
lloniiacio, de Philippeville et de Carthagène.
Il pourrait offrir un abri aux navires, non
seulement contre les tempêtes, mais contre
les ottensives des flottes ennemies et même
des sous-marins.
Pollensa pourrait également devenir, si
l'on ettectuait certains travaux dans ba baie,
une grande base aérienne et navale.
En s'appuyant sur ces bases, les forces
navales de l'Espagne auraient lç contrôle
de toutes les communications maritimes dans
la Méditerranée occidentale. Des forces na-
vales hostiles à la France, disposant de
Mahon et Pollensa, pourraient menacer et
paralyser les communications françaises
avec l'Algérie et la Tunisie. Des forces na-
vales ou aériennes françaises ou alliées à la
France, disposant des Baléares, pourraient
défendre de la façon la plus efficace ces
communications.
Aussi ne faut-il pas s'étonner si le voyage
de M. Herriot en Espagne a provoqué de
nombreux et ardents commentaires <1ans la
presse allemande et italienne.
Toutefois, l'auteur de l'article reconnaît
que : « il ne possède aucun élément qui lui
permette de considérei comme exactes les
informations et les insinuations « qui indi-
quent l'existence de négociations entre la
France et l'Espagne en vue d'accords mili-
taires ultérieurs. »
Pendant longtemps, ajoute-t-il, les gou-
vernements de la monarchie en Espagne ont
montré peu d'intérêt pour Mahon. Le port
n'était protégé que par de vieux forts du
temps - d'Isabelle. - - - -
Aujourd'hui, on trouve à Mahon des ca-
nons de 381 et, en construction, des emplace-
ments pour des batteries d'une grande puis-
sance, assurant à distance la défense de cette
place. « Sirius » conclut en ces termes :
« La République espagnol* considère avec
« l'attention qu'elles méritent ces impor-
u tantes positions stratégiques dans les lies
<( Baléares. Les mesures qu'elle vient de
« prendre signifient clairement la volonté de
« l'Espagne de garder et de défendre les
« Baléares.
« Si, Par ce moyen, VEspagne veut em-
cc pêcher la réalisation de ténébreux projets
« et équilibrer les forces navales des Etats
« qui ont des intérêts dans la Méditerranée
« occidentale, tous ceux qui aspirent réelle-
Il ment à une digne et pacifique amitié en-
« tre tous les peuples approuveront avec foie
« la décision qu'elle a f-rise. »
Répondant à l'article du Corriere délia
sera, le Heraldo de Madrid écrit que ie désir
de l'Espagne est précisément d'assurer l'in-
dépendance de son territoire.
L'Espagne libérée et majeure a changé les
directives de sa politique extérieure.
La République espagnole ne reconnaît pas
les traités secrets des Bourbons, y ccmpris
le traité avec Mussolini que signa Al-
phonse XIII, pas davantage qu'elle ne re-
connaît le prétendu droit des Anglais
d'après les journaux fascistes de posséder
la baie de Mahon. L'Espagne républicaine,
conclut le Heraldo, a un rôle d'importance
capitale à jouer dans la Méditerranée. Dans
son désir de paix, elle saura le remplir avec
dignité.
G. de Karsivet.
(1) Voir Les Annales Coloniales, 26 nov. « A
propos du tunnel de Gibraltar ».
1 i
L'antenne coloniale
L'activité de Radio-Alger
A la suite des accords intervenus entre
l'Hôtel Aletti et le poste Radio-Alger, cette
station retransmettra deux fois par semaine
le jazz de l'établissement.
L'excellente société de musique orientale
El Moukibia, qui rentre d'une tournée triom-
phale dans l'Europe latine, a repris sa par-
ticipation aux émissions de Radio-Alger.
En attendant l'accord définitif qui doit
permettre les retransmissions de l'Opéra
d'Alger, Radio-Alger retransmet avec succès
toutes les grandes manifestations artistiques
qui sont données dans cette salle.
) -. -
Dépêches de l'Indochine
« -1
Exportations de caoutchouc
Pendant les onze premiers mois de l'an-
née 1932, le total des exportations de caout-
chouc effectuées par le port de Saïgon
s'élève a 12.111 tonnes contre 9.841 tonnes
vendant la même période de 19R1.
Du riz pour France -'
Le Ramsay est parti de Saigon le f»
res 675 tonnes ; farines, 100 tonnes, pour
T.e ffavre.
Riz blanc, 450 tonnes ; brisures, 799 ton-
nes ; farines, 25 tonnes, pour Dunkerque.
Le Lahu est parti de Saigon le 7 décem-
bre avec : rix blanc, 275 tonnes ; brisures
125 tonnes, pour Le Havre.
LIRE EN SECONDE PAGE :
Au Sénat.
l La situation financière en A. E. F.
L'Indochine
à la Commission de l'Algérie,
des Colonies et des Protectorats
1. «
La Commi ssion de l'Algérie des Colonies et
des Protectorats s'est réunie sous la présidence
de M. Roux-F reissineng.
Elle a entendu M. Albert Sarraut, ministre
des Colonies, sur la situation économique de
l'Indochine.
Le ministre a longuement développé un
exposé très complet sur la situation de l'agri-
culture indochinoise, sur le problème de la pro-
duction et de l'exportation du riz et sur les
mesures prises par Je Gouvernement général
pour apporter un remède aux maux dont souf-
frent les riziculteurs. Ceux-ci ont été surpris par
la crise en plein travail de mise en exploitation
et il's n'ont pas eu le temps d'amortir leurs
dettes.
L'augmentation de la consommation du riz
dans la métropole permet d'espérer des débou-
chés nouveaux et la situation peut s'en trou-
ver amél iorée.
Il est bien évident que le remède recom-
mandé par certains, qui consiste à dévaloriser
la piastre, ne pourrait apporter qu'une amélio-
ration éphémère de la situation.
M. Albert Sarraut a vigoureusement exposé
les dangers que feraient courir à l'économie gé-
nérale de la colonie et à son crédit une mesure
aussi risquée et iP a déclaré qu'il ne saurait être
question d'y recourir.
Des mesures ont été prises pour apporter des
remèdes à la situation angoissante des rizicul-
teurs.
Un service de prêts fonciers a été étudié.
Un service de colonisation a été organisé, il
a pour mission de racheter les propriétés ven-
dues par autorité de justice et de consentir aux
débiteurs de bonne foi des contrats de loca-
tion-vente, pour leur permettre, par leur tra-
vail, de recouvrer la propriété de leurs biens.
Quant au budget de la colonie, atteint lui-
même par la crise, il ne peut être équilibré
qu'au prix de gros sacrifices.
L'Indochine, if faut le souligner, donne à
la Métropole un bel exemple d'équilibre bud-
gétaire et d'efforts vers le redressement.
Le budget qui atteignait l'an passé 100 mil-
lions de piastres, a été réduit pour l'exercice
1932 à 66 millions de piastres.
A la fin de l'exposé du ministre des Colo-
nies, les membres de la Conunission, à l'a
quasi-unanimité, applaudirent M. Albert Sar-
raut, fait exceptionnel dans les commissions.
M. Albert Sarraut a l'intention de venir, en
plusieun réunions ultérieur". exposer devant
les membres de la Commission la situation éco-
nomique de nos diverses possessions ; il com-
mencera par l'Afrique Occidentale française.
) -.- (
Dans les Commissions
A LA CHA MBMtE
A LA COMMISSION
DE LA MARINE MARCHANDE
Toujours la Transat
La Commission de la Marine marchande
s'est réunie cet après-midi sous la présidence
de M. Henri Tasso, président.
Elle a poursuivi l'examen du projet de loi
concernant la convention des services mari-
times prévue entre l'Etat et la Compagnie
Générale Transatlantique.
M. Maurice Vincent, rapporteur, a fait
l'historique des conventions antérieures pas-
sées depuis 1861 et a indiqué les changements
successifs apportés à ces conventions, tant en
ce qui concerne le régime des subventions,
leur montant, leur mode d'attribution, la
vitesse, le tonnage, les itinéraires et toutes
les clauses principales d'obligation entre les
parties.
- Il a ensuite fait connaître quelles ont été
les influences et les répercussions du trafic de
la C.G.T. dans le domaine maritime sur
l'économie nationale.
M. Maurice Vincent a ensuite analysé, de-
vant la Commission, article par article, les
textes nouveaux proposés par le Gouverne-
ment.
Ces textes, qui comportent un cahier des
charges, une convention maritime propre-
ment dite et des annexes, différencient des
précédents en ce sens qu'ils n'ont pas été
soumis à l'examen de l'assemblée des action-
naires et ratifiés, qu'ils ne portent aucune
signature, et que c'est l'Etat qui les propose
directement au Parlement pour en finir avec
cette question.
M. Maurice Vincent a plus particulière-
ment insisté sur le jeu de la subvention qui
peut atteindre un maximum de 150 millions
: et qui diminue suivant les circonstances à
50 millions.
A l'aide d'exemples précis, il a montré
les diverses hypothèses prévues à l'article .3
qui conditionne la répartition des sommes
provenant de la relation entre le disponible
possible du compte d'exploitation et la sub-
vention maximum prévue.
Répendant à de nombreuses questions po-
sées par MM. Tasso, Appell, William Bel-
trand, Dupray de la Mahérie, Cadoret,
Blancho, du Luart, M. Maurice Vincent a
défini les règles du mécanisme de l'amortis-
sement industriel spécial du matériel naval,
tel qu'il est prévu en faisant ressortir, pour
la Compagnie, l'obligation de rechercher un
maximum d'amortissement de ses navires en
exploitation.
Il a, d'antre part, expliqua quelles seront
les sources de recettes du compte spécial
d'exploitation.
A la demande de plusieurs commissaires,
M. Maurice Vincent a précisé la situation des
comptes « construction et exploitation » du
Normandie en donnant tous renseignements
sur le système d'assurances prévu dans la
convention.
La constitution des commissions de contrôle
et de fournitures des marchés a été aussi
l'objet d'une étude approfondie et d'un
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