Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-12-08
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 décembre 1932 08 décembre 1932
Description : 1932/12/08 (A32,N129). 1932/12/08 (A32,N129).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380545f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. N° 129. LE NUMBHO : 30 CENTIMES JEUDt SOtB. 8 DBCBMDBE 10&
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Pour connaître les richesses
minières de nos colonies
L'étude comparée de la production minière
de nos colonies et des colonies britanniques
nous révèle un phénomène curieux et, dans
une certaine mesure, déconcertant. L'Inde,
l'Australie, l'Afrique Australe, certaines
parties de l'Afrique Occidentale anglaise,
le Canada, jettent tous les ans sur le mar-
ché du monde des milliers et des millions
e tonnes de charbon, de minerais précieux
ou autres alors que nos possessions n'en
fournissent que des quantités insignifiantes.
D'où vient cette différence ? Est-ce que,
peuple prédestiné, les Anglais auraient eu
dans ce domaine la main constamment heu-
reuse alors qu'une guigne remarquable et
persistante aurait été le lot des Français ?
Cette explication est simple et commode,
mais elle n'est pas satisfaisante. Nous pou-
vons essayer de nous consoler en déclarant
que nous n'avons pas eu de chance. Seule-
ment on arrive difficilement à admettre que
ce sort contraire ait été uniquement réservé
à notre pays. -
Aussi bien, des savants ne l'admettent
pas, et ils cherchent ailleurs la raison d'un
état de choses qu'ils ne veulent pas impu-
ter à je ne sais quel génie malfaisant qui
nous aurait constamment desservis. Ils pen-
sent que la cause en est tout simplement
'dans notre ignorance du sol de nos colonies.
Celles-ci recèlent des richesses qui existent
mais que nous ne connaissons pas et que,
pour cette raison, nous n'exploitons pas.
A priori, cette thèse n'est pas le moins
'du monde invraisemblable. Nous avons ici-
tnême, il y a quelque temps, parlé des res-
sources minières du Maroc Oriental que nous
écouvrons progressivement. Or, qui nous
idit que ce que nous constatons sur ce point
kle l'Afrique du Nord n'est pas vrai aussi
pour certaines de nos autres possessions?
Car comment supposer, par exemple, que
Iparmi les territoires du Golfe de Guinée
ceux où flotte le drapeau britannique soient
abondamment pourvus de différents mine-
rais comme l'or et le manganèse alors que
ceux qu'administre la France en seraient
dépourvus. La nature n'a certainement pas
marqué d'une pareille partialité dans la dis-
tribution de ses dons.
Tel est le sentiment de M. Blondel, ingé-
nieur des mines et dont le nom fait autorité
en ces matières. Cet homme éminent a visité
les exploitations minières coloniales an.
glaises, belges, hollandaises et françaises, et
de ce grand voyage d'exploration, il con-
clut que nous sommes très en retard sur nos
voisins et concurrents.
Certes, la prospection des terres tropicales
n'est pas commode. L'exubérance de la
végétation coloniale, l'existence d'une
épaisse couche de latérite et l'indifférence
des indigènes desquels il est difficile de tirer
des renseignements précis, la gênent consi-
dérablement. Mais ces difficultés existent
aussi bien pour les Belges ou les Anglais
que pour nous.
A la vérité, le service des recherches sur
nos territoires n'est pas judicieusement orga-
nisé. Il n'y a pas de liaison entre les deux
catégories de personnes qui s'y livrent, à
savoir les géologues et les prospecteurs.
Les géologues sont des hommes tout à
fait aptes aux travaux auxquels -- ils se li-
vrent. Mais ils sont peu nombreux. Beaucoup
de colonies n'ont pas de service géologique
permanent, et sont simplement parcourues de
temps à autres par des savants en mission.
Certaines régions même sont encore vierges
d'investigations scientifiques. D'autre part,
les minerais n'intéressent pas le géologue
(l'une façon particulière. La répartition des
terrains, leur formation, les mouvements qui
les ont affectés le préoccupent davantage.
C'est un sentiment différent qui anime
le prospecteur, léger de science mais en-
flammé du désir de découvrir le filon qui doit
lui apporter la fortune.
Il faudrait établir un lien entre ces deux
formes d'activité. \o:M. Blondel qui possède
une connaissance profonde de la question
nous propose les moyens.
En premier lieu, il faut dresser la carte
géologique des colonies dont on veut mettre
les ressources minérales en valeur. « Pour
que ce travail soit utile, il faut, écrit-il, qu'il
soit effectué sur toute l'étendue du terri-
toire : on ne sait pas à l'avance où on
construira des routes, des ponts et des tun-
nels, où les plantations s'installeront, où
Ton devra chercher de l'eau, où des mines
seront mises en éxploitation. -
Les cartes ainsi obtenues et dont l'établis-
sement sera long et naturellement coûteux,
tendront de grands services aux prospec-
teurs, leur éviteront les recherches inutiles,
bref leur serviront de guides. Mais pour
qu'elles aient une utilité plus grande et plus
immédiate, M. Blondel déclare qu'elles
doivent contenir la délimitation des zones
minéralisées et il en donne la raison : « En
général, prétend-il, un gisement n'est pas
isolé dans une région ; il correspond à une
teneur métallifère qui a, en quelque sorte,
imprégné toute une région avec de-ci de-là
des localisations qui constituent les gise-
ments proprement dits. Si au lieu de cher-
cher de prime abord ces localisations on se
proposait de délimiter les contours de la
zone imprégnée, on retomberait sur un pro-
blème du même type que ceux dont s occu-
pent les géologues, c'est-à-dire qu'on aurait
à fixer les contours d'une zone assez grande
et non pas des points particuliers et isolés.
Ce n'est qu'à la fin de ces premières études,
lorsque la zone minéralisée aura été bien
délimitée que l'on pourra essayer de déter-
miner à son intérieur les concentrations suf-
hsamment riches pour conduire à des exploi-
tations ; il va de soi d'ailleurs que les
recherches mêmes qui ont été faites pour dé-
limiter la zone auront déjà fourni des indi-
cations sur la répartition de ce qu'on pour-
rait appeler la densité de minéralisation.
M. Blondel indique ensuite les divers pro-
cédés qui lui paraissent les plus rapides et
les plus efficaces pour déterminer les zones
minéralisées. Leur étude nous mènerait trop
loin et nous forcerait à dépasser le cadre
de cet article. Au surplus, elles intéressent
surtout les géologues et les prospecteurs. Ce
que nous voulons surtout retenir des sugges.
tions de cet éminent ingénieur, c'est la né-
cessité de faire un inventaire méthodique
et scientifique des ressources du sol de nos
colonies.
C'est évidemment un travail de longue ha-
leine. Mais l'exemple de certaines posses-
sions anglaises nous montre qu'il ne consti-
tue pas un gaspillage de temps et d'argent.
Nous en avons d'ailleurs une preuve dans
notre Maroc même où l'étude géologique con-
duite par des honunes de grande valeur,
donne du double point de vue scientifique et
utilitaire les meilleurs résultats. Ce ui a été
entrepris dans cette partie de l'Afrique du
Nord et s'y poursuit d'une façon heureuse
peut l'être ailleurs avec les mêmes succès.
Henry Fontanier,
Député du Cantal.
Membre de la commission de t'Algérie,
des colonies et protectorats.
> <
Les élections
au Conseil Supérieur des Colonies
l'
En A. E. F..
La Commission de recensements des votes
pour les élections au Conseil supérieur des
colonies françaises, vient de publier le résultat
officiel du premier tour du scrutin :
Nombre de votants : 723
Suffrages exprimés : 703
M. WVcfrers a obtenu 270 voix, M. Lamou-
reux 185, M. Monmarson 84, M. Rebstoc^
51, M. Marlière 39. M. Harquet 31, M.
Beraud 22, M. Baudet 21.
MM. Harquet et Monmarson se sont désis-
tés en faveur de M. Lamoureux ancien minis-
tre, rapporteur général du budget.
M. Rebstock s'est désisté en faveur de
M. Wickers.
Rappelons aue c'est Ne 18 décembre que
doit avoir lieo le second tour.
+- (
Le duc et la dnchesse de Brabant
feront - voyage an Congo Belge
.8.
LL. AA. RR. le duc et la duchesse de Bra-
bant se rendront prochainement au Congo, où
ils séjourneront quatre mois. Le prince héré-
ditaire se propose d'étudier spécialement la
situation de l'agriculture dans la colonie.
) -+- (
Pour le développement
agricole du Gabon
0-68
Afin de stimuler le développement agricole
de la Colonie, l'administration locale du
Gabon organise chaque année dans l'es prin-
cipaux centres, tels que Port-Gentil, Lamba-
réné, Nouilla des concours comportant l'attri-
bution de récompenses aux exposants les plus
méritants.
Les concours qui ont eu lieu cette année
ont obtenu un grand succès et ont permis de
constater les progrès réalisés tant par les colons
européens que par les agriculteurs indigènes.
Les artisans indigènes participaient également
à cette exposition et les visiteurs ont particu-
lièrement admiré le fini des meubles et objets
divers de leur fabrication.
) - (
La campagne d'arachide
Au Sénégal
Après la chute des cours mondïaux, ce fut
l'eftonckemcint des stocks exportables. Une an-
née de sécheresse et de sauterelles réduisit en
1931, au Sénégal, la récolte des arachides
dans des proportions terribles : De 500.000 t.
à moins de 200.000. L'indigène pressé de
vendre pour avoir quelque argent, Ve commerce
pressé d'acheter pour sortir de sa torpeur et
profiter de la hausse survenue en hn de traite
toutes ces causes firent qu'il ne restait plus
assez de semences au début de Tannée 1932.
Pour obvier à cette situation le gouverne-
ment général de l'A.O.F. a garanti l'achat
de 20.000 tonnes de semences. En même
temps un plan de normalisation de la produc-
tion de r arachide était élaboré et exécuté.
Cette noimahsation se fait par I intermédiaire
des sociétés de prévoyance indigènes qui em-
magasinent les semences, recueillent et vendent
les stocks de graines, sélectionnent le produit,
vulgarisent le matériel agricole moderne. Ainsi
la fonction économique des Sociétés de pré-
voyance est de plus en glus étendue. Leur
nombre est passé de 35 en 1930 à 55 en 1932
et dépassera 70 en 1933. Elles groupent ac-
tuellement 2.300.000 sociétaires ; leur actif est
voisin de 13 miRions.
Une disparition navrante
̃
ES fameux décrits
dits des écono-
mies qui de-
fuis quelque
temps, paraissent
à l'Officiel, con-
tiennent quelque-
fois des mesures
assez inattendues.
On ne semble fas
avoir remarqué
dans le monde
colonial, que le décret se rapportant aux
économies décidées sur le budget colonial
consacre, par voie budgétaire, voie indirecte,
la disparition d'un organisme modeste,
comme modeste et faible l'économie réali-
sée (moins de 50.000 francs) : la mission
permanente d'agriculture coloniale confiée,
il y a de longues années, à M. le Professeur
Auguste Chevalier, savant éminent dont la
science botanique et la compétence coloniale
sont recontmes et appréciées dans le monde
entier. Elle semblait visée, depuis long-
temps cette mission permanente, lien cepen-
dant si nécessaire, si utile entre la science et
l'agronomie coloniale, et c'est à l'action de
certain ,n-h-hn,fn" J, Illidoo-f et J* min-
.-. --.- -,.r-. aw. V "---b-"" "-4' "'v.,-
ni aux de marque qu'elle put légèrement
prolonger son existence. La voilà désormais
radicalement supprimée afin d'apporter sur
l'autel des économies une participation
substantielle de moins de 50.000 francs.
D'aucuns prétendent (et ils sont quelques-
uns), qu'il y a dans cette mesure, des
contingences autres que budgétaires.
Quoi qu'il en soit, la disparition de la
mission permanente, qui s'identifiait si par-
faitement avec la personnalité de M. Che-
valier, dont tout colonial averti connait les
voyages récents et les études d'une incontes-
table uti/ité, est chose navrante. Personne
ne doute cependant plus que rien ne se fera
de grand, de durable, en agriculture coid-
niale sans que la science pure soit à la base
de l'entreprise quelle qu'elle soit. Et c'est
en pleine crise économique coloniale qu'on
amenuise ainsi les moyens de travail, déjà
restreints par ailleurs, d'un savant tel
1 .A.n.11t rl.A""J81:A- _.: A':.
c/« '-'1It'l'UH[;( ¥"*9 çriugririuriy
personne, ne saurait être égalé en compé-
tence scientifique. Dans le compartiment des
dépenses coloniales d'autres élagages au-
raient pu être opérés.
Il n'y a qu'à décortiquer les chapitres de
Budget Colonial pour s'en convaincre. pne
personnalité colqniale bien connue et qui
marqua sa place dans la politique coloniale
française disait, ces jours-ci, à propos de la
disparition de la mission Chevalier (elle
employa ce terme à dessein) : « Décidé-
ment, nul n'est prophète en son pays.
Jamais les Anglais, jamais les Améri-
cains dit Sud qui connaissent et apprécient
la valeur du professeur et sa science n'au-
raient agi ainsi. Il est vrai Mutatis mu-
tandis - que Branly ne disposait que d'un
labo.ratoire sordide. Il n'y a qu'en
France. - -- -
Erneat Haudoa,
Sénateur de la Marne,
Vice-Président de la Commission
des Douanes.
) -.- (
La banane de Guinée
l'
L'entrepôt frigorifique de Conakry est vir-
tuellement terminé ; un service de navires spé-
ciaux. aménagés pour le transport du fruit,
a commencé son parcours entre Conakry et
Nantes. Les exportations sont passées de
11.600 tonnes en 1931 à 16.000 tonnes cette
année.
- - V-
Au Conseil d'État
Requête d'un vétérinaire-inspecteur
à Phnom-Penh
Cette haute juridiction a rejeté la requête
que M. Berbudeau, vétérinaire-inspecteur de
ire classe à Phnom-Penh, avait présentée con-
tre une décision du Gouverneur général de
l'Indochine, en date du 9 octobre 1925, reje-
tant sa réclamation relative à l'établissement
du tableau d'avancement exceptionnel dressé
en vue de l'application des rappels de l'an-
cienneté.
Attendu que la durée du rappel dont s'agit,
est inférieure à la durée de trois ans de ser-
vice obligatoire imposée par la loi du 15 juil-
let 1889 aux jeunes gens de la classe du re-
quérant.
D'autre part, l'ancienneté acquise à titre de
services civils par le requérant, dans le grade
inférieur, ne pouvait être reportée dans le
grade supérieur.
Pour ces motifs la requête de M. Berbudeau
est rejetée.
Scissions pratiquées par les agents des
Douanes en A. O. F.
Le Conseil d'Etat a rejeté la requête nré-
sentée par le Gouvernement général de l'A.
O. F. contre un arrêté, en date du 18 avril
1929, par lequel le Conseil du Contentieux
administratif de la colonie a déclaré que
M. Desdis, brigadier des Douanes, pouvait
prétendre à une part dans les produits des
amendes devenues exigibles à l'occasion de
la saisie pratiquée sur M. Bougaleb, le 7
avril 1925.
Annulation d'un arrêté du Conseil du
Contentieux administratif de l'Indochine.
A la requête du Gouvernement général de
l'Indochine, le Conseil d'Etat a annulé un
arrêté du Conseil du Contentieux adminis-
tratif de l'Indochine accordant des bonifica-
tions d'ancienneté à M. Laurençont, briga-
dier des Douanes et Régies de la colonie.
Attendu qu'il appartenait au Gouverneur
général de l'Indochine d'édicter en faveur
des employés ou agents des services locaux,
une réglementation analogue à celle dont bé-
néficient les agents de l'Etat.
Dépêches de l'Indochine
«♦«
Les travaux de chemin de fer se poursuivent
avec succès en Indochine
Après la section Pursat-Batlambang,
d'une longueur de 100 kilomètres environ,
sur laquelle les premiers trains circulent
depuis le courant de novembre, assurant
désormais la liaison de Pnom-Penh avec
l'importante région rizicole de IJattam-
bang, une nouvelle section de voie ferrée
vient
vient d'être achevée dans le sud de l'Indo-
chifW, Le tronçon Arbre Brotle-Dalat a été
en effet ouvert au trafic le 1er décembre.
TA lianp. Tniirr.hnm.nnJnt nlli rip.ssprl In
---«------ - - -. 1
principale station d'altitude de l'Indochine
est ainsi achevée. Le développement total
de cette ligne est de 84 kilomètres. Le pre-
mier tronçon, d'une longueur de 40 kilo-
mètres a été terminé en juillet 1914 ; il
s'arrêtait au pied de la montagne. Les tm-
vaux ont été repris en 1. Le second
tronçon de la ligne qui s'élève à une alti-
tude de 1.500 mètres sur un parcours de 20
kilomètres et dont les rampes atteignent
jusqu'à 10 et 12 %, a été livré à l'exploita-
tation en juillet 1928. De grosses dIfficul-
tés ont été rencontrées dans l'exécution de
cette partie de la ligne d'ordre technique,
d'abord, mais consécutives aussi à t'insaltt-
brité de la région et au recrutement de la
main-d'œuvre. Elles ne purent être surmon-
tées que grâce à la science des ingénieurs
et des entrepreneurs, et au dévouement du
personnel.
I.'exécution de la dernière section longue
de 26 kilomètres a nécessité le percement
de trois tunnels dont un de 700 mètres de
longueur et de quelques kilomètres de cré-
maillères.
La liaison est désormais assurée sans
transbordement de Saigon à Dalat, ce qui
rendra plus accessible cette station d'alti-
tude et en /alJo,'iseI'CÍ grandement le déve-
loppement
Exposition de peinture à Hanoï
- .- ------- -- r-------- - ----
M. Léon Félix, artiste peintre qui avait
obtenu le prix de l'Indochine, membre du
jury du Salon des Artistes français expose
actuellement un choix de toiles composées
au cours de son séjour en Indochine, Des
paysages de fa baie d'Along, de l'Anna m
et du Cambodge retiennent l'attention par
leur facture impeccable et leur grande sin-
cérité. L'artiste a su, notamment, à la fois
être fidèle et très personnel, il a sji expri-
mer l'harmonie des lignes et des couleurs
qui. donnent tout leur charme aux paysages
de Hué, tandis que des toiles lumineuses
d'un style sobre et dépouillé évoquent la
splendeur et le cadre majestueux des ruines
prestigieuses d'Angkor.
1 a -
le prince suavu g vatlhana
est airlTé à Hanel
S. A. le prince Sisavang Vatthana fils de
S. M. le roi de Luang-Prabang dont les
Annales Coloniales avaient annoncé le de-
part de France il y a quelques semaines est
arrivé à Hanoï d où il se rendra à Luang-
Prabang.
Nos lecteurs se souviennent que l'éduca-
tion et l'instruction du prince se firent en
France.
]
L'urbanisme à Tamatave:
le nouveau Palais de Justice
66*
La justice s'abrita longtemps à Tamatave
dans l'un des bâtiments dits démontables,
fer et bois, qui furent en grande vogue après
la conquête. Toutes proportions gardées, ces
bâtiments, perches sur pilotis, rappelaient,
pour cette raison, les cases indigènes. Pour
cette raison également, les Tamataviens pré-
tendaient que, plus qu'ailleurs, la Justice du
lieu avait des béquilles.
Tout cela est changé, grâce à l'exécution
du grand plan d'urbanisme auquel dès le dé-
but de son installation, M. Cayla donna une
particulière attention. Et le mardi 11 octobre
dernier, fut inauguré en grande pompe, le
nouveau Palais de Justice que la presse mal-
gache s'accorde à décrire comme un bâtiment
ayant grande allure.
La salle des audiences est imposante et fort
bien éclairée, et des proportions grandioses
ont été données à la salle des délibérations
et à la bibliothèque.
Il n'est pas indifférent que Tamatave offre
aux étrangers de passage un bel aspect. Cette
ville côtière a été et reste encore l'escale la
plus fréquentée des grandes lignes de navi-
gation de l'Océan indien. Son port en voie
d'achèvement, ne pourra que fortifier encore
cette situation. L'urbanisme y a donc une im-
portance primordiale.
On ne saurait trop louer M. le Gouver-
neur général Léon Cayla de l'avoir compris.
) (
L-aateane coloniale
1»
Une « parleuse » pour Radio-Alger
Radio-Alger est la première station fran-
çaise ayant utilisé une femme comme spea-
ker. La titulaire de l'emploi ayant démis-
sionné, la station d'Alger organise un
concours public pour l'élection d'une nou-
velle « parleuse ». Plus de 50 postulantes
sont, paraît-il, sur les rangs, mais une com-
mission doit faire une première sélection
avant de présenter quatre ou cinq candida-
tes aux auditeurs du poste d'Alger.
Diffusion d'une pièce radiophonique
à Radio-Alger
Radio-Alger doit diffuser jeudi 15 décem-
bre la charmante pièce radiophonique de
Carlos Larronde intitulée l'autre soleil.
A la mémoire de Marc Delmas
A l'occasion de l'anniversaire de la mort
du compositeur Marc Delmas, très connu en
Afrique du Nord, Radio-Alger a consa('n son
émission du 5 décembre à cette, commémo-
ration, avec te concours de M. de Galland,
président de la Fédération musicale, et de
M. Simian, adjoint aux Beaux-Arts.
Littérature et France d'Outre-Mer
> t
Eugène Briéux colonial
L'auteur de Blanchctie vient de mourir. Lui
aussi, qui fut F un des plus célèbres représen-
tants du Théâtre social et des pièces à thèses,
il entendit l'appel « des pays étrangers », de
la France d'Extrême-Asie. Images toutes sub-
jectives, souvenirs de lectures « exotiques )«
dont il voulut vérifier la magie terrestre. Peut.
être aussi, Eugène Brieux fut-il tenté de frôler,
sous d'autres cieux, les grands problèmes so
ciaux qui sont les éléments frémissants de l'En-
grenage, de La Robe Rouge, de Maternité,
etc., pièces quasi évangétques, de forme laï-
que, et qui exposent des conflits humains dou-
loureusement vrais sous bien des latitudes.
C'est à la fin de 1909 qu'Eugène Brieux
effectua sa grande randonnée asiatique. 11 en
rappela un livre : Voyage aux Indes et en
Indochine, où il raconte du reste cette anecdote
qui prouve jusqu'à quel point il fut fier d'être,
avant tout, un brave homme.
Rencontre d'un Coolie
Eugène Brieux avait pris place dans UJ.
pousse-pousse, pour se rendre aux environs
d'Hanoï. Fatigué, au bout de quelques kilo-
mètres, le « traîneur » t'invita à descendre
pour pouvoir souffler un peu ; d'ailleurs, Brieux
lui-même en avait assez d'être cahoté dans
l'étroit véhicule. Il restait un kilomètre à faire.
« Je me sentis soudain honteux, raconte
Brieux, d'être traîné par un homme. Je décidai
de marcher près de lui.
Vous trouvez, me dit-il tristement, que je
traîne mal ?
J'eus pendant une seconde l'idée de lui
exposer quelques vérités nouvelles sur fégatité
des mortels et sur le principe si fécond de la
fraternité. Je m'écriai :
Mais, je suis comme toi, un homme du
peuple. Je suis un humble. Je le proclame et
je !A'en tire nul orgueil.
Il me répondit :
Vous vous moquez de moi. Quel métier
faites-vous ?
Je suis un ouvrier de la pensée.
Vous travaillez avec vos mains ?
Oui, j'écris.
Vous êtes un fonctionnaire ?
Non, non ; j'écris des l ivres. -
est ce que je pensaiS. Vous êtes un
mandarin ? Montez dans la voiture.
Mais je crains de te fatiguer.
Il se redressa fièrement :
Je suis robuste, affirma-t-il, et patient.
Je nie flatte d'être vigoureux et d'étonner les
touristes par mon endurance. Mes frères ont
presque tous le même orgueil, et vous pouvez
vous asseoir sans crainte dans les véhicules.
Depuis de longues générations nous sommes
habitués à traîner.
J'observai :
Tu dis que tes frères ont « presque tous »
le même orgueil. Il en est donc quelques-
uns ?..
-
Vul. Il y en a qui sont l'as de traîner la
voiture et qui voudraient s' asseoir. Mais qui
les traînerait ?
Moi ! m'écriai-je.
Il fut ému de cette déclaration généreuse,
et qui d'ailleurs ne m'engageait à rien. Il
essuya une larme et me dit ce que tant d'hom-
mes m'ont déjà dit :
Vous êtes un brave homme.
Il ajouta : -
Montez dans la voiture.
Je montai et je sentis que mon noble élan
lui avait donné des forces.
Il accomplissait plus joyeusement sa tâche
et, parfois, tout en courant, i, se tournait vers
moi et murmurait :
Vous êtes un brave homme.
D'Indochine, Eugène Brieux a rapporté
d'autres beaux souvenirs certes, mais aucun ne
l'a aussi profondément ému.
Prix littéraires
Du Goncourt au Théophraste-Renaudot nos
colonies sont encore à l'honneur. M. Guy
Mazeline, lauréat du Goncourt et M. Céline,
l'élu du prix Théophraste-Renaudot, ont sé-
journé dans nos colonies. Des « loups » au
« Voyage au bout de la Nuit » l'œuvre se
poursuit oui n' aDDartient oas seulement à la
métropole, mais aussi à la brousse, aux Sava-
nes, aux déserts de sabfe.
Est-ce à l'écrivain qu'il appartient de forger
« l'âme de la France des cinq parties du
monde » ?
Acceptons-en l' augue.
M..L. S.
Louis-Ferdinand Céline
Né à Asnières en mai 1094, l'auteur du
Voyage au bout de la nuit. débita dans la vie
de manière à en connaître tout de suite les ri-
gueurs. A douze ans, if travaillait dans une
maison de rubans, préparant son baccalauréat
sa journée finie. C'est ainsi que Céline fut suc-
cessivement garçon livreur et représentant de
commerce. Blessé durant la guerre, puis ré-
formé, il partit pour l'Afrique en qualité
d' agent d'une société forestière, puis revint en
France où il acheva sa médecine, obtenant,
après la soutenance de sa thèse, une médaille
d' or.
Après avoir visité l'Afrique alors qu'il était
médecin de bord, il fut chargé par la Fonda-
tion Rockefel'ler d'études relatives à la maladie
du sommeil puis, par la S.D.N., d'importantes
enquêtes en Europe.
Louis-Ferdinand Céline est aujourd'hui mé-
decin dans un dispensaire de la banlieue pari-
sienne. Voyage au bout de la nuit est sa pre-
mière oeuvre.
Guy Mazeline
M. Guy Mazeline est né au Havre en 1900.
A l'âge de 6 ans, il partit avec sa famille pour
Fort-de-France (Martinique) où il resta une an-
née. Après avoir commencé ses études au H.
vre, à l'institution Saint-Joseph, il fit en 1911.
un séjour de six mpis aux îles Seychelles (océan
indien). Dès ttors. il devait achever ses études
à Paris, au lycée Condorcet et dans diverses
institutions pjrivéeL, Officier de la marine de
guerre, fit un stage de six mois sur le navire-
école Magellan, puis, pendant dix mois, la
campagne de Syrie à bord d'une canonnière af-
fectée au dragage des mines.
il quitta la marine et débuta dans le jour-
nalisme à Marseille. entra en 1927 à Y Intran-
sigeant où il occupe encore actuellement l'a ru-
brique judiciaire. Son œuvre littéraire com-
prend Piège du démon (1927) ; Porte close
(1928); Un royaume près de la mer, présenté
l'an dernier aux suffrages des Concourt ; enfin.
Les Loups. le livre primé.
Dans les Commissions
A Lit CHABIMÀRE
A LA COMMISSION DE L'ALGERIE
DES COLONIES ET PROTECTORATS
Audition du ministre des Colonies
La Commission de l'Algérie, des Colonies
et des Protectorats s'est réunie aujourd'hui
à 15 heures.
A l'ordre du iour :
-- - ------ --- ..---
Audition du ministre des Colonies sur la
situation agricole de l'Indochine.
Nomination d'un rapporteur pour le pro-
jet de loi n° 861 adopté par le Sénat, por-
tant création d'un fonds commun des socié-
tés indigènes de prévoyance, do secours et
de prêts mutuels de l'Algérie.
A LA COMMISSION DES FINANCES
La réorganisation de la Compagnie
Transatlantique
(REUNION DU MATIN)
La Commission des Finances a continué
hier matin l'examen du projet de la concer-
nant la réorganisation de la Compagnie Gé-
nérale Transatlantique.
M. Renaudel a déclaré que le projet de ré-
organisation devait tendre vers la nationalisa-
tion de la Compagnie, dont M. Léon Meyer,
ministre la Marine marchande, n'a pas re-
poussé le nrincioe.
Un débat s'est engagé au sujet de la
question préalable posée par M. Guy La
Chambre qui a signalé les diflicultés nées
de la présentation des textes réglant le sta-
tut de la Compagnie Générale Transatlan-
tique en deux projets distincts renvoyés pour
le fond à deux commissions différentcs.
M. Jules Moch a critique "ta méthode qui
consiste à soumettre au Parlement au moyen
d'une convention les points essentiels du
projet.
M. Guy La. Chambre, s'est rallié à une
proposition de M. Ernest Lafont tendant à
examiner dès maintenant l'ensemble des
deux projets sous réserve de provoquer un
accord ultérieur entre les deux commissions
ot a estime nue l'état des travaux parlemen-
taires risquait de ne pas permettre le vote
définitif des projets avant fin décembre.
Il faut donc, a-t-il dit, si nous ne vou-
lons pas prendre la responsabilité de l'arrêt
des lignes, proroger, sous condition de ga-
ranties données à l'Etat, les avances con-
senties par la loi du 3 mars 1932 :
L'établissement d'un bilan de fin d'année
est indispensable pour opérer l'assainisse-
ment financier. Quant à l'assainissement
moral, le ministre, s'il le juge nécessaire à
tous les pouvoirs pour le réaliser puisqu'il
dispose de la majorité de l'assemblée.
M. Rcnaudel a déclaré qu'au cas où le
vote des deux projets ne pourraient pas être
acquis avant fin décembre, il accepterait des
mesures provisoires pour éviter l'arrêt de
l'exploitation.
(RKI'NION DP L'AFRF.S-MIDI)
La Commission des Finances a entendu un
exposé de M. Léon Meyer, ministre de la
Marine marchande, au sujet de la réorgani-
sation de la Compagnie Générale Transat-
lantique.
Le ministre a tenu à préciser que, d'après
lui, la conséquence des projets qu'il a sou-
mis hier à l'appréciation de la Commission
des r inances, aurait pour effet, s'ils
étaient adoptés par le Parlement, de donner
toute quiétude pour l'avenir. De plus, les
500 millions avancés par l'Etat rentreraient
dans ses caisses en quatorze ans pour la moi-
tié et, pour le surplus, après un nouveau dé-
lai de quatre ans. Le ministre a indiqué les
motifs qui l'ont amené à conclure des ar-
rangements financiers et administratifs aussi
bien en ce qui concerne la Société des Chan-
tiers de Penhoët que les autres créanciers.
Il J'estime, a déclaré le ministre, que les
actionnaire- ont trop conscience de la limite
de leurs droits et de la situation dans la-
quelle se trouve la Compagnie pour ne pas
comprendre que les solutions soumises par le
ministre à l'approbation du Parlement sont
infiniment préférables aux risques que com-
porterait une liquidation judiciaire. » M.
Léon Meyer a justifié son intervention au-
près des créanciers. Il a expliqué pour que?-
les raisons il a été amené à prendre, en main
la conduite des plus importantes négocia-
tions qui ont abouti aux principaux abatte-
ments des créances et dont le résultat a été
l'adhésion formelle des créanciers :
u Je me refuse, dit-il, à toute remise à la.
Compagnie Générale Transatlantique de la.
moindre comme et, par conséquent, des 54
millions restant sur le solde des 110 millions
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Les Annales Coloniales
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tous la feumm éi prit
Pour connaître les richesses
minières de nos colonies
L'étude comparée de la production minière
de nos colonies et des colonies britanniques
nous révèle un phénomène curieux et, dans
une certaine mesure, déconcertant. L'Inde,
l'Australie, l'Afrique Australe, certaines
parties de l'Afrique Occidentale anglaise,
le Canada, jettent tous les ans sur le mar-
ché du monde des milliers et des millions
e tonnes de charbon, de minerais précieux
ou autres alors que nos possessions n'en
fournissent que des quantités insignifiantes.
D'où vient cette différence ? Est-ce que,
peuple prédestiné, les Anglais auraient eu
dans ce domaine la main constamment heu-
reuse alors qu'une guigne remarquable et
persistante aurait été le lot des Français ?
Cette explication est simple et commode,
mais elle n'est pas satisfaisante. Nous pou-
vons essayer de nous consoler en déclarant
que nous n'avons pas eu de chance. Seule-
ment on arrive difficilement à admettre que
ce sort contraire ait été uniquement réservé
à notre pays. -
Aussi bien, des savants ne l'admettent
pas, et ils cherchent ailleurs la raison d'un
état de choses qu'ils ne veulent pas impu-
ter à je ne sais quel génie malfaisant qui
nous aurait constamment desservis. Ils pen-
sent que la cause en est tout simplement
'dans notre ignorance du sol de nos colonies.
Celles-ci recèlent des richesses qui existent
mais que nous ne connaissons pas et que,
pour cette raison, nous n'exploitons pas.
A priori, cette thèse n'est pas le moins
'du monde invraisemblable. Nous avons ici-
tnême, il y a quelque temps, parlé des res-
sources minières du Maroc Oriental que nous
écouvrons progressivement. Or, qui nous
idit que ce que nous constatons sur ce point
kle l'Afrique du Nord n'est pas vrai aussi
pour certaines de nos autres possessions?
Car comment supposer, par exemple, que
Iparmi les territoires du Golfe de Guinée
ceux où flotte le drapeau britannique soient
abondamment pourvus de différents mine-
rais comme l'or et le manganèse alors que
ceux qu'administre la France en seraient
dépourvus. La nature n'a certainement pas
marqué d'une pareille partialité dans la dis-
tribution de ses dons.
Tel est le sentiment de M. Blondel, ingé-
nieur des mines et dont le nom fait autorité
en ces matières. Cet homme éminent a visité
les exploitations minières coloniales an.
glaises, belges, hollandaises et françaises, et
de ce grand voyage d'exploration, il con-
clut que nous sommes très en retard sur nos
voisins et concurrents.
Certes, la prospection des terres tropicales
n'est pas commode. L'exubérance de la
végétation coloniale, l'existence d'une
épaisse couche de latérite et l'indifférence
des indigènes desquels il est difficile de tirer
des renseignements précis, la gênent consi-
dérablement. Mais ces difficultés existent
aussi bien pour les Belges ou les Anglais
que pour nous.
A la vérité, le service des recherches sur
nos territoires n'est pas judicieusement orga-
nisé. Il n'y a pas de liaison entre les deux
catégories de personnes qui s'y livrent, à
savoir les géologues et les prospecteurs.
Les géologues sont des hommes tout à
fait aptes aux travaux auxquels -- ils se li-
vrent. Mais ils sont peu nombreux. Beaucoup
de colonies n'ont pas de service géologique
permanent, et sont simplement parcourues de
temps à autres par des savants en mission.
Certaines régions même sont encore vierges
d'investigations scientifiques. D'autre part,
les minerais n'intéressent pas le géologue
(l'une façon particulière. La répartition des
terrains, leur formation, les mouvements qui
les ont affectés le préoccupent davantage.
C'est un sentiment différent qui anime
le prospecteur, léger de science mais en-
flammé du désir de découvrir le filon qui doit
lui apporter la fortune.
Il faudrait établir un lien entre ces deux
formes d'activité. \o:M. Blondel qui possède
une connaissance profonde de la question
nous propose les moyens.
En premier lieu, il faut dresser la carte
géologique des colonies dont on veut mettre
les ressources minérales en valeur. « Pour
que ce travail soit utile, il faut, écrit-il, qu'il
soit effectué sur toute l'étendue du terri-
toire : on ne sait pas à l'avance où on
construira des routes, des ponts et des tun-
nels, où les plantations s'installeront, où
Ton devra chercher de l'eau, où des mines
seront mises en éxploitation. -
Les cartes ainsi obtenues et dont l'établis-
sement sera long et naturellement coûteux,
tendront de grands services aux prospec-
teurs, leur éviteront les recherches inutiles,
bref leur serviront de guides. Mais pour
qu'elles aient une utilité plus grande et plus
immédiate, M. Blondel déclare qu'elles
doivent contenir la délimitation des zones
minéralisées et il en donne la raison : « En
général, prétend-il, un gisement n'est pas
isolé dans une région ; il correspond à une
teneur métallifère qui a, en quelque sorte,
imprégné toute une région avec de-ci de-là
des localisations qui constituent les gise-
ments proprement dits. Si au lieu de cher-
cher de prime abord ces localisations on se
proposait de délimiter les contours de la
zone imprégnée, on retomberait sur un pro-
blème du même type que ceux dont s occu-
pent les géologues, c'est-à-dire qu'on aurait
à fixer les contours d'une zone assez grande
et non pas des points particuliers et isolés.
Ce n'est qu'à la fin de ces premières études,
lorsque la zone minéralisée aura été bien
délimitée que l'on pourra essayer de déter-
miner à son intérieur les concentrations suf-
hsamment riches pour conduire à des exploi-
tations ; il va de soi d'ailleurs que les
recherches mêmes qui ont été faites pour dé-
limiter la zone auront déjà fourni des indi-
cations sur la répartition de ce qu'on pour-
rait appeler la densité de minéralisation.
M. Blondel indique ensuite les divers pro-
cédés qui lui paraissent les plus rapides et
les plus efficaces pour déterminer les zones
minéralisées. Leur étude nous mènerait trop
loin et nous forcerait à dépasser le cadre
de cet article. Au surplus, elles intéressent
surtout les géologues et les prospecteurs. Ce
que nous voulons surtout retenir des sugges.
tions de cet éminent ingénieur, c'est la né-
cessité de faire un inventaire méthodique
et scientifique des ressources du sol de nos
colonies.
C'est évidemment un travail de longue ha-
leine. Mais l'exemple de certaines posses-
sions anglaises nous montre qu'il ne consti-
tue pas un gaspillage de temps et d'argent.
Nous en avons d'ailleurs une preuve dans
notre Maroc même où l'étude géologique con-
duite par des honunes de grande valeur,
donne du double point de vue scientifique et
utilitaire les meilleurs résultats. Ce ui a été
entrepris dans cette partie de l'Afrique du
Nord et s'y poursuit d'une façon heureuse
peut l'être ailleurs avec les mêmes succès.
Henry Fontanier,
Député du Cantal.
Membre de la commission de t'Algérie,
des colonies et protectorats.
> <
Les élections
au Conseil Supérieur des Colonies
l'
En A. E. F..
La Commission de recensements des votes
pour les élections au Conseil supérieur des
colonies françaises, vient de publier le résultat
officiel du premier tour du scrutin :
Nombre de votants : 723
Suffrages exprimés : 703
M. WVcfrers a obtenu 270 voix, M. Lamou-
reux 185, M. Monmarson 84, M. Rebstoc^
51, M. Marlière 39. M. Harquet 31, M.
Beraud 22, M. Baudet 21.
MM. Harquet et Monmarson se sont désis-
tés en faveur de M. Lamoureux ancien minis-
tre, rapporteur général du budget.
M. Rebstock s'est désisté en faveur de
M. Wickers.
Rappelons aue c'est Ne 18 décembre que
doit avoir lieo le second tour.
+- (
Le duc et la dnchesse de Brabant
feront - voyage an Congo Belge
.8.
LL. AA. RR. le duc et la duchesse de Bra-
bant se rendront prochainement au Congo, où
ils séjourneront quatre mois. Le prince héré-
ditaire se propose d'étudier spécialement la
situation de l'agriculture dans la colonie.
) -+- (
Pour le développement
agricole du Gabon
0-68
Afin de stimuler le développement agricole
de la Colonie, l'administration locale du
Gabon organise chaque année dans l'es prin-
cipaux centres, tels que Port-Gentil, Lamba-
réné, Nouilla des concours comportant l'attri-
bution de récompenses aux exposants les plus
méritants.
Les concours qui ont eu lieu cette année
ont obtenu un grand succès et ont permis de
constater les progrès réalisés tant par les colons
européens que par les agriculteurs indigènes.
Les artisans indigènes participaient également
à cette exposition et les visiteurs ont particu-
lièrement admiré le fini des meubles et objets
divers de leur fabrication.
) - (
La campagne d'arachide
Au Sénégal
Après la chute des cours mondïaux, ce fut
l'eftonckemcint des stocks exportables. Une an-
née de sécheresse et de sauterelles réduisit en
1931, au Sénégal, la récolte des arachides
dans des proportions terribles : De 500.000 t.
à moins de 200.000. L'indigène pressé de
vendre pour avoir quelque argent, Ve commerce
pressé d'acheter pour sortir de sa torpeur et
profiter de la hausse survenue en hn de traite
toutes ces causes firent qu'il ne restait plus
assez de semences au début de Tannée 1932.
Pour obvier à cette situation le gouverne-
ment général de l'A.O.F. a garanti l'achat
de 20.000 tonnes de semences. En même
temps un plan de normalisation de la produc-
tion de r arachide était élaboré et exécuté.
Cette noimahsation se fait par I intermédiaire
des sociétés de prévoyance indigènes qui em-
magasinent les semences, recueillent et vendent
les stocks de graines, sélectionnent le produit,
vulgarisent le matériel agricole moderne. Ainsi
la fonction économique des Sociétés de pré-
voyance est de plus en glus étendue. Leur
nombre est passé de 35 en 1930 à 55 en 1932
et dépassera 70 en 1933. Elles groupent ac-
tuellement 2.300.000 sociétaires ; leur actif est
voisin de 13 miRions.
Une disparition navrante
̃
ES fameux décrits
dits des écono-
mies qui de-
fuis quelque
temps, paraissent
à l'Officiel, con-
tiennent quelque-
fois des mesures
assez inattendues.
On ne semble fas
avoir remarqué
dans le monde
colonial, que le décret se rapportant aux
économies décidées sur le budget colonial
consacre, par voie budgétaire, voie indirecte,
la disparition d'un organisme modeste,
comme modeste et faible l'économie réali-
sée (moins de 50.000 francs) : la mission
permanente d'agriculture coloniale confiée,
il y a de longues années, à M. le Professeur
Auguste Chevalier, savant éminent dont la
science botanique et la compétence coloniale
sont recontmes et appréciées dans le monde
entier. Elle semblait visée, depuis long-
temps cette mission permanente, lien cepen-
dant si nécessaire, si utile entre la science et
l'agronomie coloniale, et c'est à l'action de
certain ,n-h-hn,fn" J, Illidoo-f et J* min-
.-. --.- -,.r-. aw. V "---b-"" "-4' "'v.,-
ni aux de marque qu'elle put légèrement
prolonger son existence. La voilà désormais
radicalement supprimée afin d'apporter sur
l'autel des économies une participation
substantielle de moins de 50.000 francs.
D'aucuns prétendent (et ils sont quelques-
uns), qu'il y a dans cette mesure, des
contingences autres que budgétaires.
Quoi qu'il en soit, la disparition de la
mission permanente, qui s'identifiait si par-
faitement avec la personnalité de M. Che-
valier, dont tout colonial averti connait les
voyages récents et les études d'une incontes-
table uti/ité, est chose navrante. Personne
ne doute cependant plus que rien ne se fera
de grand, de durable, en agriculture coid-
niale sans que la science pure soit à la base
de l'entreprise quelle qu'elle soit. Et c'est
en pleine crise économique coloniale qu'on
amenuise ainsi les moyens de travail, déjà
restreints par ailleurs, d'un savant tel
1 .A.n.11t rl.A""J81:A- _.: A':.
c/« '-'1It'l'UH[;( ¥"*9 çriugririuriy
personne, ne saurait être égalé en compé-
tence scientifique. Dans le compartiment des
dépenses coloniales d'autres élagages au-
raient pu être opérés.
Il n'y a qu'à décortiquer les chapitres de
Budget Colonial pour s'en convaincre. pne
personnalité colqniale bien connue et qui
marqua sa place dans la politique coloniale
française disait, ces jours-ci, à propos de la
disparition de la mission Chevalier (elle
employa ce terme à dessein) : « Décidé-
ment, nul n'est prophète en son pays.
Jamais les Anglais, jamais les Améri-
cains dit Sud qui connaissent et apprécient
la valeur du professeur et sa science n'au-
raient agi ainsi. Il est vrai Mutatis mu-
tandis - que Branly ne disposait que d'un
labo.ratoire sordide. Il n'y a qu'en
France. - -- -
Erneat Haudoa,
Sénateur de la Marne,
Vice-Président de la Commission
des Douanes.
) -.- (
La banane de Guinée
l'
L'entrepôt frigorifique de Conakry est vir-
tuellement terminé ; un service de navires spé-
ciaux. aménagés pour le transport du fruit,
a commencé son parcours entre Conakry et
Nantes. Les exportations sont passées de
11.600 tonnes en 1931 à 16.000 tonnes cette
année.
- - V-
Au Conseil d'État
Requête d'un vétérinaire-inspecteur
à Phnom-Penh
Cette haute juridiction a rejeté la requête
que M. Berbudeau, vétérinaire-inspecteur de
ire classe à Phnom-Penh, avait présentée con-
tre une décision du Gouverneur général de
l'Indochine, en date du 9 octobre 1925, reje-
tant sa réclamation relative à l'établissement
du tableau d'avancement exceptionnel dressé
en vue de l'application des rappels de l'an-
cienneté.
Attendu que la durée du rappel dont s'agit,
est inférieure à la durée de trois ans de ser-
vice obligatoire imposée par la loi du 15 juil-
let 1889 aux jeunes gens de la classe du re-
quérant.
D'autre part, l'ancienneté acquise à titre de
services civils par le requérant, dans le grade
inférieur, ne pouvait être reportée dans le
grade supérieur.
Pour ces motifs la requête de M. Berbudeau
est rejetée.
Scissions pratiquées par les agents des
Douanes en A. O. F.
Le Conseil d'Etat a rejeté la requête nré-
sentée par le Gouvernement général de l'A.
O. F. contre un arrêté, en date du 18 avril
1929, par lequel le Conseil du Contentieux
administratif de la colonie a déclaré que
M. Desdis, brigadier des Douanes, pouvait
prétendre à une part dans les produits des
amendes devenues exigibles à l'occasion de
la saisie pratiquée sur M. Bougaleb, le 7
avril 1925.
Annulation d'un arrêté du Conseil du
Contentieux administratif de l'Indochine.
A la requête du Gouvernement général de
l'Indochine, le Conseil d'Etat a annulé un
arrêté du Conseil du Contentieux adminis-
tratif de l'Indochine accordant des bonifica-
tions d'ancienneté à M. Laurençont, briga-
dier des Douanes et Régies de la colonie.
Attendu qu'il appartenait au Gouverneur
général de l'Indochine d'édicter en faveur
des employés ou agents des services locaux,
une réglementation analogue à celle dont bé-
néficient les agents de l'Etat.
Dépêches de l'Indochine
«♦«
Les travaux de chemin de fer se poursuivent
avec succès en Indochine
Après la section Pursat-Batlambang,
d'une longueur de 100 kilomètres environ,
sur laquelle les premiers trains circulent
depuis le courant de novembre, assurant
désormais la liaison de Pnom-Penh avec
l'importante région rizicole de IJattam-
bang, une nouvelle section de voie ferrée
vient
vient d'être achevée dans le sud de l'Indo-
chifW, Le tronçon Arbre Brotle-Dalat a été
en effet ouvert au trafic le 1er décembre.
TA lianp. Tniirr.hnm.nnJnt nlli rip.ssprl In
---«------ - - -. 1
principale station d'altitude de l'Indochine
est ainsi achevée. Le développement total
de cette ligne est de 84 kilomètres. Le pre-
mier tronçon, d'une longueur de 40 kilo-
mètres a été terminé en juillet 1914 ; il
s'arrêtait au pied de la montagne. Les tm-
vaux ont été repris en 1. Le second
tronçon de la ligne qui s'élève à une alti-
tude de 1.500 mètres sur un parcours de 20
kilomètres et dont les rampes atteignent
jusqu'à 10 et 12 %, a été livré à l'exploita-
tation en juillet 1928. De grosses dIfficul-
tés ont été rencontrées dans l'exécution de
cette partie de la ligne d'ordre technique,
d'abord, mais consécutives aussi à t'insaltt-
brité de la région et au recrutement de la
main-d'œuvre. Elles ne purent être surmon-
tées que grâce à la science des ingénieurs
et des entrepreneurs, et au dévouement du
personnel.
I.'exécution de la dernière section longue
de 26 kilomètres a nécessité le percement
de trois tunnels dont un de 700 mètres de
longueur et de quelques kilomètres de cré-
maillères.
La liaison est désormais assurée sans
transbordement de Saigon à Dalat, ce qui
rendra plus accessible cette station d'alti-
tude et en /alJo,'iseI'CÍ grandement le déve-
loppement
Exposition de peinture à Hanoï
- .- ------- -- r-------- - ----
M. Léon Félix, artiste peintre qui avait
obtenu le prix de l'Indochine, membre du
jury du Salon des Artistes français expose
actuellement un choix de toiles composées
au cours de son séjour en Indochine, Des
paysages de fa baie d'Along, de l'Anna m
et du Cambodge retiennent l'attention par
leur facture impeccable et leur grande sin-
cérité. L'artiste a su, notamment, à la fois
être fidèle et très personnel, il a sji expri-
mer l'harmonie des lignes et des couleurs
qui. donnent tout leur charme aux paysages
de Hué, tandis que des toiles lumineuses
d'un style sobre et dépouillé évoquent la
splendeur et le cadre majestueux des ruines
prestigieuses d'Angkor.
1 a -
le prince suavu g vatlhana
est airlTé à Hanel
S. A. le prince Sisavang Vatthana fils de
S. M. le roi de Luang-Prabang dont les
Annales Coloniales avaient annoncé le de-
part de France il y a quelques semaines est
arrivé à Hanoï d où il se rendra à Luang-
Prabang.
Nos lecteurs se souviennent que l'éduca-
tion et l'instruction du prince se firent en
France.
]
L'urbanisme à Tamatave:
le nouveau Palais de Justice
66*
La justice s'abrita longtemps à Tamatave
dans l'un des bâtiments dits démontables,
fer et bois, qui furent en grande vogue après
la conquête. Toutes proportions gardées, ces
bâtiments, perches sur pilotis, rappelaient,
pour cette raison, les cases indigènes. Pour
cette raison également, les Tamataviens pré-
tendaient que, plus qu'ailleurs, la Justice du
lieu avait des béquilles.
Tout cela est changé, grâce à l'exécution
du grand plan d'urbanisme auquel dès le dé-
but de son installation, M. Cayla donna une
particulière attention. Et le mardi 11 octobre
dernier, fut inauguré en grande pompe, le
nouveau Palais de Justice que la presse mal-
gache s'accorde à décrire comme un bâtiment
ayant grande allure.
La salle des audiences est imposante et fort
bien éclairée, et des proportions grandioses
ont été données à la salle des délibérations
et à la bibliothèque.
Il n'est pas indifférent que Tamatave offre
aux étrangers de passage un bel aspect. Cette
ville côtière a été et reste encore l'escale la
plus fréquentée des grandes lignes de navi-
gation de l'Océan indien. Son port en voie
d'achèvement, ne pourra que fortifier encore
cette situation. L'urbanisme y a donc une im-
portance primordiale.
On ne saurait trop louer M. le Gouver-
neur général Léon Cayla de l'avoir compris.
) (
L-aateane coloniale
1»
Une « parleuse » pour Radio-Alger
Radio-Alger est la première station fran-
çaise ayant utilisé une femme comme spea-
ker. La titulaire de l'emploi ayant démis-
sionné, la station d'Alger organise un
concours public pour l'élection d'une nou-
velle « parleuse ». Plus de 50 postulantes
sont, paraît-il, sur les rangs, mais une com-
mission doit faire une première sélection
avant de présenter quatre ou cinq candida-
tes aux auditeurs du poste d'Alger.
Diffusion d'une pièce radiophonique
à Radio-Alger
Radio-Alger doit diffuser jeudi 15 décem-
bre la charmante pièce radiophonique de
Carlos Larronde intitulée l'autre soleil.
A la mémoire de Marc Delmas
A l'occasion de l'anniversaire de la mort
du compositeur Marc Delmas, très connu en
Afrique du Nord, Radio-Alger a consa('n son
émission du 5 décembre à cette, commémo-
ration, avec te concours de M. de Galland,
président de la Fédération musicale, et de
M. Simian, adjoint aux Beaux-Arts.
Littérature et France d'Outre-Mer
> t
Eugène Briéux colonial
L'auteur de Blanchctie vient de mourir. Lui
aussi, qui fut F un des plus célèbres représen-
tants du Théâtre social et des pièces à thèses,
il entendit l'appel « des pays étrangers », de
la France d'Extrême-Asie. Images toutes sub-
jectives, souvenirs de lectures « exotiques )«
dont il voulut vérifier la magie terrestre. Peut.
être aussi, Eugène Brieux fut-il tenté de frôler,
sous d'autres cieux, les grands problèmes so
ciaux qui sont les éléments frémissants de l'En-
grenage, de La Robe Rouge, de Maternité,
etc., pièces quasi évangétques, de forme laï-
que, et qui exposent des conflits humains dou-
loureusement vrais sous bien des latitudes.
C'est à la fin de 1909 qu'Eugène Brieux
effectua sa grande randonnée asiatique. 11 en
rappela un livre : Voyage aux Indes et en
Indochine, où il raconte du reste cette anecdote
qui prouve jusqu'à quel point il fut fier d'être,
avant tout, un brave homme.
Rencontre d'un Coolie
Eugène Brieux avait pris place dans UJ.
pousse-pousse, pour se rendre aux environs
d'Hanoï. Fatigué, au bout de quelques kilo-
mètres, le « traîneur » t'invita à descendre
pour pouvoir souffler un peu ; d'ailleurs, Brieux
lui-même en avait assez d'être cahoté dans
l'étroit véhicule. Il restait un kilomètre à faire.
« Je me sentis soudain honteux, raconte
Brieux, d'être traîné par un homme. Je décidai
de marcher près de lui.
Vous trouvez, me dit-il tristement, que je
traîne mal ?
J'eus pendant une seconde l'idée de lui
exposer quelques vérités nouvelles sur fégatité
des mortels et sur le principe si fécond de la
fraternité. Je m'écriai :
Mais, je suis comme toi, un homme du
peuple. Je suis un humble. Je le proclame et
je !A'en tire nul orgueil.
Il me répondit :
Vous vous moquez de moi. Quel métier
faites-vous ?
Je suis un ouvrier de la pensée.
Vous travaillez avec vos mains ?
Oui, j'écris.
Vous êtes un fonctionnaire ?
Non, non ; j'écris des l ivres. -
est ce que je pensaiS. Vous êtes un
mandarin ? Montez dans la voiture.
Mais je crains de te fatiguer.
Il se redressa fièrement :
Je suis robuste, affirma-t-il, et patient.
Je nie flatte d'être vigoureux et d'étonner les
touristes par mon endurance. Mes frères ont
presque tous le même orgueil, et vous pouvez
vous asseoir sans crainte dans les véhicules.
Depuis de longues générations nous sommes
habitués à traîner.
J'observai :
Tu dis que tes frères ont « presque tous »
le même orgueil. Il en est donc quelques-
uns ?..
-
Vul. Il y en a qui sont l'as de traîner la
voiture et qui voudraient s' asseoir. Mais qui
les traînerait ?
Moi ! m'écriai-je.
Il fut ému de cette déclaration généreuse,
et qui d'ailleurs ne m'engageait à rien. Il
essuya une larme et me dit ce que tant d'hom-
mes m'ont déjà dit :
Vous êtes un brave homme.
Il ajouta : -
Montez dans la voiture.
Je montai et je sentis que mon noble élan
lui avait donné des forces.
Il accomplissait plus joyeusement sa tâche
et, parfois, tout en courant, i, se tournait vers
moi et murmurait :
Vous êtes un brave homme.
D'Indochine, Eugène Brieux a rapporté
d'autres beaux souvenirs certes, mais aucun ne
l'a aussi profondément ému.
Prix littéraires
Du Goncourt au Théophraste-Renaudot nos
colonies sont encore à l'honneur. M. Guy
Mazeline, lauréat du Goncourt et M. Céline,
l'élu du prix Théophraste-Renaudot, ont sé-
journé dans nos colonies. Des « loups » au
« Voyage au bout de la Nuit » l'œuvre se
poursuit oui n' aDDartient oas seulement à la
métropole, mais aussi à la brousse, aux Sava-
nes, aux déserts de sabfe.
Est-ce à l'écrivain qu'il appartient de forger
« l'âme de la France des cinq parties du
monde » ?
Acceptons-en l' augue.
M..L. S.
Louis-Ferdinand Céline
Né à Asnières en mai 1094, l'auteur du
Voyage au bout de la nuit. débita dans la vie
de manière à en connaître tout de suite les ri-
gueurs. A douze ans, if travaillait dans une
maison de rubans, préparant son baccalauréat
sa journée finie. C'est ainsi que Céline fut suc-
cessivement garçon livreur et représentant de
commerce. Blessé durant la guerre, puis ré-
formé, il partit pour l'Afrique en qualité
d' agent d'une société forestière, puis revint en
France où il acheva sa médecine, obtenant,
après la soutenance de sa thèse, une médaille
d' or.
Après avoir visité l'Afrique alors qu'il était
médecin de bord, il fut chargé par la Fonda-
tion Rockefel'ler d'études relatives à la maladie
du sommeil puis, par la S.D.N., d'importantes
enquêtes en Europe.
Louis-Ferdinand Céline est aujourd'hui mé-
decin dans un dispensaire de la banlieue pari-
sienne. Voyage au bout de la nuit est sa pre-
mière oeuvre.
Guy Mazeline
M. Guy Mazeline est né au Havre en 1900.
A l'âge de 6 ans, il partit avec sa famille pour
Fort-de-France (Martinique) où il resta une an-
née. Après avoir commencé ses études au H.
vre, à l'institution Saint-Joseph, il fit en 1911.
un séjour de six mpis aux îles Seychelles (océan
indien). Dès ttors. il devait achever ses études
à Paris, au lycée Condorcet et dans diverses
institutions pjrivéeL, Officier de la marine de
guerre, fit un stage de six mois sur le navire-
école Magellan, puis, pendant dix mois, la
campagne de Syrie à bord d'une canonnière af-
fectée au dragage des mines.
il quitta la marine et débuta dans le jour-
nalisme à Marseille. entra en 1927 à Y Intran-
sigeant où il occupe encore actuellement l'a ru-
brique judiciaire. Son œuvre littéraire com-
prend Piège du démon (1927) ; Porte close
(1928); Un royaume près de la mer, présenté
l'an dernier aux suffrages des Concourt ; enfin.
Les Loups. le livre primé.
Dans les Commissions
A Lit CHABIMÀRE
A LA COMMISSION DE L'ALGERIE
DES COLONIES ET PROTECTORATS
Audition du ministre des Colonies
La Commission de l'Algérie, des Colonies
et des Protectorats s'est réunie aujourd'hui
à 15 heures.
A l'ordre du iour :
-- - ------ --- ..---
Audition du ministre des Colonies sur la
situation agricole de l'Indochine.
Nomination d'un rapporteur pour le pro-
jet de loi n° 861 adopté par le Sénat, por-
tant création d'un fonds commun des socié-
tés indigènes de prévoyance, do secours et
de prêts mutuels de l'Algérie.
A LA COMMISSION DES FINANCES
La réorganisation de la Compagnie
Transatlantique
(REUNION DU MATIN)
La Commission des Finances a continué
hier matin l'examen du projet de la concer-
nant la réorganisation de la Compagnie Gé-
nérale Transatlantique.
M. Renaudel a déclaré que le projet de ré-
organisation devait tendre vers la nationalisa-
tion de la Compagnie, dont M. Léon Meyer,
ministre la Marine marchande, n'a pas re-
poussé le nrincioe.
Un débat s'est engagé au sujet de la
question préalable posée par M. Guy La
Chambre qui a signalé les diflicultés nées
de la présentation des textes réglant le sta-
tut de la Compagnie Générale Transatlan-
tique en deux projets distincts renvoyés pour
le fond à deux commissions différentcs.
M. Jules Moch a critique "ta méthode qui
consiste à soumettre au Parlement au moyen
d'une convention les points essentiels du
projet.
M. Guy La. Chambre, s'est rallié à une
proposition de M. Ernest Lafont tendant à
examiner dès maintenant l'ensemble des
deux projets sous réserve de provoquer un
accord ultérieur entre les deux commissions
ot a estime nue l'état des travaux parlemen-
taires risquait de ne pas permettre le vote
définitif des projets avant fin décembre.
Il faut donc, a-t-il dit, si nous ne vou-
lons pas prendre la responsabilité de l'arrêt
des lignes, proroger, sous condition de ga-
ranties données à l'Etat, les avances con-
senties par la loi du 3 mars 1932 :
L'établissement d'un bilan de fin d'année
est indispensable pour opérer l'assainisse-
ment financier. Quant à l'assainissement
moral, le ministre, s'il le juge nécessaire à
tous les pouvoirs pour le réaliser puisqu'il
dispose de la majorité de l'assemblée.
M. Rcnaudel a déclaré qu'au cas où le
vote des deux projets ne pourraient pas être
acquis avant fin décembre, il accepterait des
mesures provisoires pour éviter l'arrêt de
l'exploitation.
(RKI'NION DP L'AFRF.S-MIDI)
La Commission des Finances a entendu un
exposé de M. Léon Meyer, ministre de la
Marine marchande, au sujet de la réorgani-
sation de la Compagnie Générale Transat-
lantique.
Le ministre a tenu à préciser que, d'après
lui, la conséquence des projets qu'il a sou-
mis hier à l'appréciation de la Commission
des r inances, aurait pour effet, s'ils
étaient adoptés par le Parlement, de donner
toute quiétude pour l'avenir. De plus, les
500 millions avancés par l'Etat rentreraient
dans ses caisses en quatorze ans pour la moi-
tié et, pour le surplus, après un nouveau dé-
lai de quatre ans. Le ministre a indiqué les
motifs qui l'ont amené à conclure des ar-
rangements financiers et administratifs aussi
bien en ce qui concerne la Société des Chan-
tiers de Penhoët que les autres créanciers.
Il J'estime, a déclaré le ministre, que les
actionnaire- ont trop conscience de la limite
de leurs droits et de la situation dans la-
quelle se trouve la Compagnie pour ne pas
comprendre que les solutions soumises par le
ministre à l'approbation du Parlement sont
infiniment préférables aux risques que com-
porterait une liquidation judiciaire. » M.
Léon Meyer a justifié son intervention au-
près des créanciers. Il a expliqué pour que?-
les raisons il a été amené à prendre, en main
la conduite des plus importantes négocia-
tions qui ont abouti aux principaux abatte-
ments des créances et dont le résultat a été
l'adhésion formelle des créanciers :
u Je me refuse, dit-il, à toute remise à la.
Compagnie Générale Transatlantique de la.
moindre comme et, par conséquent, des 54
millions restant sur le solde des 110 millions
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