Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-10-27
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 octobre 1932 27 octobre 1932
Description : 1932/10/27 (A32,N111). 1932/10/27 (A32,N111).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63805300
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEMB ANNEE. - N° 111.
LE NUMBRO : 80. CENTIMES JEUDI SOIR, 27 OCTOBRE 193?.
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Les Annales Cctoniates
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DiRBCTiùR-PoNOAfvuR, Maroel RUEDEL
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-- -Il- tà
Le Maroc Oriental
V ÉL. TO "9 J -
Le Maroc oriental est probablement la
partie la moins connue en France des ter-
ritoires du protectorat. Il passe pour la
moins riche. Cette appréciation est sévère et
même pour une bonné part inexacte. Il ne
possède pas les grandes ressources agricoles
du Maroc atlantique, mais n'en est pas tota-
lement dépourvu. De grandes étendues sont
évidemment incultes et infertiles, mais il
ne manque pas de terres qui sont déjà mises
en valeur et donnent de fort beaux revenus,
et d'autres qui n'attendent que les travaux
indispensables d'irrigation pour porter de
belles récoltes ou d'abondants pâturages.
Les géographes nous apprennent que le
Maroc oriental est le prolongement dé l'Al-
gérie, peut-être serait-il plus juste de dire
qu'il en est le commencement. La frontière
entre les deux pays est tout à fait artifi-
cielle. Aussi y trouve-t-on comme dans la
colonie voisine, les mêmes zones qui se suc-
cèdent de la Méditerranée au Sahara : Tell,
Hauts-Platdaux, désert !Entre elles, la vwlllée
de la Moulouya crée un lien en même temps
que par le couloir dè Taza, elle communi-
que avec Fez et le Maroc intérieur du Nprd
et ipar sa partie supérieure avec la région
de Marrakech grâce à la dépression de
l'Oued el Abid.
«r
La partie voisine de la Méditerranée est
représentée surtout par une plaine, la plaine
des Triffas, qui borde la mer sur une lon-
gueur un peu inférieure à 20 kilomètres.
Elle est légèrement ondulée. Son climat est
assez humide et doux; Elle ne connaît pas
des gelées. Cependant, les pluies ne sont
pas suffisamment abondantes et l'agricul-
ture doit recourir à l'irrigation. Des puits
d'une profondeur de 5 à 15 mètres four-
nissent le complément d'eau indispensable.
La plupart des cultures de la région médi-
terranéenne y viennent parfaitetnent. La
vigne y pousse à merveille il côté du blé et
des céréales en cénéral. Le cotonnier, le ta-
bac, le géranium y réussissent fort bien.
Mais ce sont les primeurs qui paraissent
appelés à un grand développement, à condi-
tion toutefois que ta facilité et la rapidité
des moyens de transport viennent seconder
les conditions favorables de la nature. On
peut en dire autant de l'arboriculture :
orangers, "figuiers, citronniers, mandariniers
et peut-être même le bananier que certains
songent à introduire.
.', La plaine des Triffas n'ektpas très pro-
re à l'élevage. En revanche, les habitants
dès Bqui-gnawied, situés au, Sud, pratiquent
avec, succès celui des chèvres et surtout des
moutons.
Les Hauts-Plateaux présentent l'aspect
de ceux de l'Algérie. Ce sont les mêmes
étendues, au climat excessif et sec, :à la
végétation maigre et rare, et où l'élevage
du mouton est la seule industrie permise à
l'homme. C'est le pays du nortadisme im-
posé beaucoup plus par la nature qu'il n'est
le résultat d'une inclination personnelle.
Plus au Sud, enfin, c'est le désert avec
̃ ses oasis plus ou moins étendues et qui sont
trop connues pour que j'y insiste.
La vallée de la Moyenne Moulouya tient,
peutJort dire, le milieu entre les pays voi-
sins de la Méditerranée et les Hauts-Pla-
teaux. L'humidité lui est parcimonieusement
mesurée par une nature avare. Aussi la
végétation forestière y est-elle réduite.
Cependant, il n'en fut pas toujours ainsi.
Le géographe arabe Ibn Kaldoun nous dé-
clare qu'au XIIIe siècle on pouvait faire le
voyage de Tlemcen à Fez sous une voûte
de verdure. Aujoutd'hui, il ne saurait on
être question. Il s'est vraisemblablement
produit ici quelque chose d'analogue à oe
qu'on a conâtaité en Tunisie : le déboise.
ment systématique du pays. - .-
Aussi ceux qui ont le souci de l'avenir de
cette partie du Maroc ipréconisent-ils son
reboisement intensif. L'arbre.. qui parait le
mieux convenir est l'olivier qui, à l'époque
romaine et au Moyen Age, en couvrait de
grandes surfaces; Le pêcher, l'amandier,
l'abricotier peuvent également y prospérer.
Les essais de culture de la vigne ont été
heureux.
Le sol est inculte, mais n'est pas stérile.
Les écrivains arabes nous décrivent les nom-
breuses cultures qu'ils y ont vues il y a
quelque huit cents ans. Il est prudent de
ne pas prendre à la lettre leurs tableaux.
Ils n'étaient pas exempts d'exagération.
Mais il convient aussi de ne pas rejeter en
bloc ce qu'ils disent. L'exemple d ailleurs
de la Tunisie nous apprend qu'il est parfai-
tement possible de reconstituer les planta-
tions arbustives qu'ils nous ont mention-
nées. C est ce que fit, il y a une quaran-
taine d'années, le Français Bourde dans le
Sahel tunisien.
Avec l'irrigation, on peut faire réappa-
raitre dans ces pays la vie intense qu'ils
ont connue. Les plaines qui bordent la Mou-
louya et son affluent le Melloloa se couvrent
vite d'une végétation luxuriante dès qu'on
y amène de l'eau. Des travaux ont été com-
mencés, des canaux ont été construits, mais
nous ne sommes qu'au début de l'équipe-
ment économique de cette région.
Le Maroc oriental passe pour posséder de
grandes richesses minières. Une carte des
ressources métalliques nous montre des mi-
nes de plomb à quelque 30 kilomètres au
sud d'Oudjda. Non loin de Taoufirt on si-
gnale du manganèse et encore du charbon.
Plus au Sud, dans la région de Bou-Arfa,
on note l'existence du fer, du cuivre et du
manganèse. Près de Midelt. le charbon voi-
sine avec le plomb et à quelque 40 kilomè-
tres à l'Est avec le zinc.
Ces mines commencent à être .exploitées.
Cependant, il est difficile, de se prononcer
dès maintenant sur leur richesse. La pros-
pection du territoire n'est pas, encore assez
avancée.
Nous aurons terminé cette vue d'ensemble
du Maroc oriental quand nous aurons dit un
mot de la question' du port de 1 Saïda. Jus-
qu'ici, le Maroc oriental n'a pour l'embar-
quement de ses produits que le port d'Oran,
auquel il est rattaché par une voie ferrée de
près de 300 kilomètres, voie difficile acci-
dentée et d'un rendement insuffisant. Des
frais de transport trop élevés grèvent les
produits exportés.
- Le protectorat marocain s'est préoccupé
de cette question et a jeté son dévolu sur
Saïda, dont il voudrait faire le débouché
de toute la région. Les conditions géogra-
phiques s'y prêtent ; les communications
avec l'intérieur sont relativement commodes
et la construction du port ne rencontre pas
des difficultés insurmontables. Mais le Ma-
roc se trouve en conflit avec l'Algérie qui,
à défaut d'Oran, voudrait faire de Nemours
le débouché du Maroc Oriental. Le conflit
n'est pas tranché à l'heure présente. Mais
quand on consulte la carte on donne raison
aux partisans de Saïda.
TeLle est cette partie du Maroc moins
riche sans doute que celle qui est tournée
vers l'Atlantique, mais qui possède des ré-
gions appelées à un fort bel avenir écono-
mique quand elles auront été équipées com-
me on songe à le faire.
Henry Pontaier,
Député du Cantal.
Membre de la commission de VAlgérie,
des colonies et protectorats.
-
La forit et la culture
ne doivent plus s'ignorer
mène et surtout aux colonies
Dans une courte étude qu'il nous adresse
M. Prigatard, ancien chef du Service de
l'agriculture et des forêts de La Réunion,
pose la question suivante : lorsqu'une teye
n'assurera plus la prospérité de la culture
qu'elle porte actuellement, sera-t-elle aban-
donnée à la friche ou bien pourra-t-elle por-
ter d'autres fécoltes, et lesquelles?
L'interrogation intéresse au premier chef
nos colonies, et voici comment M. Rigotard
y répond : -
Lorsqu'une .terta n.' as&A«: £ -plus - la prospé-
rité des cultures qu'elle porte, parfois même
depuis peu d'années - et par culture nous
entendons ici spécialement les plantes her-
bacées annuelles ou vivaces - on a cénéra-
lement tendance à dire qu'elle est devenue
stérile, sans ee demander si elle serait sus*
ceptible de donner des productions d'un au-
tre genre, du matériel, ligneux, chaque an-
née, inlassablement.
Tant que cette impossibilité n'est pas
prouvée, il n'est pas exact de considérer pa-
teille terre comme rigoureusement infertile
au même titre, par exemple, qu'une roche
dénudée. Lorsqu une plante supérieure né
prospère plus sur un terrain donné, ce n'est
pas, en toute logique, le sol qui est stérile
mats bien la plante puisque c'est elle qui ne
produit pas. On doit dire qu'une plante est
stérile sur un sol donné, qu'elle est fertile
ailleurs.
En d'autres termes il ne faut pas voulon,
coûte que coûte, adapter le sol à la plante ;
c'est la vocation du sol qu'il convient de
suivre vocation qui peut évoluer au cours
des âges - et adapter dans le moment pré-
sent la plante du sol. Cette considération est
tron perdue de vue.
On fait - et c'est une grave erreur - une
démarcation trop marquée entre les plantes
herbacées et les plantes ligneuses. L'arbre
doit entrer dans la rotation des cultures et
la rotation idéale pour les terres des régions
tropicales et peut-être parfois des régions
tempérées (Champagne crayeuse.) devrait
être :
Forêt;
Plantes herbacées ;
Forêt;
Etc.
A La Réunion, par exemple, des milliers
d'hectares de sables de la zone littorale oc-
cidentale, et les coulées de laves du Sud,
inutilisables autrement, ont été plantés ,en
filaos. Ces vastes espaces où la canne à su-
cre, le manioc, etc., - ne donneraient pas
même quelques pousses, sont capables de por-
ter des forêts de filaos qui sont une richesse
et dont les coupes, régulièrement espacées,
constituaient Un revenu de tout repos avec
des frais de main-d'œuvre insignifiants. A
Madagascar, au Sénégal, en Indochine, sans
parler de l'Australie, le filao a de même étc
une plante exactement adaptée aux possibi-
lités du terrain qu'il serait dès lors fon-
cièrement illusoire de qualifier de stérile.
D'ailleurs, même au point de vue stricte-
ment forestier, on est parfois 'amené à re-
connaître la nécessité de faire succéder, sur
le même terrain, à une essence qui, a la lon-
gue produit moins, une autre qui s'y déve,
loppe mieux.
Si l'assolement forestier s'impose, dans
certains cas il passe ert général '¡ape!çu,
tandis que l'assolement agricole proprement
dit a pour lui l'avantage d'être mieux a la
mesure de la courte longévité de i' "xistuncc
humaine et il' est le seul dont on fasse état.
La forêt et la culture ne doivent plus
s'ignorer et encore moins s'exclure dans les
pays tropicaux; chacun des deux me des
d'utilisation du sol doit se compléter par
l'autre, et lorsque les cultures herbacées ne
trouvent plus dans le sol les principes nutri-
tifs leur permettant de donner des récoltes
abondantes, sinon tout ce qu'elles pefhftnt
donner, on devra leur substituer des plântèg
ligneuses, remplacer la culture proprement
îlite par la forêt. Toute autre solution nous
1 parait inacceptable et • dépourvue du souci
de ménsger l'avenir.
Les «MMs illg- --Itês»,
-
de l'économie nationale
el
W/kfk
JSSSl
LLONS boni Voilà-"
les bêtises qui re*
commencentl coml-
me rêfltait en.
leit-motiv un co-i
médien fort aimii
du public. i
comment ne satuetmt-on pas de cette
exclamation la fantaisie --: d'autant plus
comique qu'elle veut être sérieuse - d'une.
Chambre de Commerce du Midi qui de-
mande que lé Maroc soit contraint à renon-
cer à cultiver des céréales, et limité à la cul-
ture de la canne à sucre, du café, du cacao.
ét du thé 1
Les viticulteurs• ornaient déjà réclamé l'in.
terdiction pour VAlgérie, la Tunisie et le
Maroc de planter de la vigne, en assignant
à ces pays du nord-africain français le
coton, la banane et a figue tomme buts de
leur agriculture.
L'exemple, dit-on, est contagieux. Quel
malheur que ce soit surtout pour le mauvais
exemple que cet adage se justifiet
Il est évident que la motion émise par
d'éminents céréalistes à Vencontre du Maroc
s'inspire de celle qu'un leader plus éminent
encore des vignerons narbonnais, préconisa
naguère pour écarter de ses électeurs la con-
currence nord-africaine.
Elle est même plus abracadabrante, car le
Maroc ne produit pas et ne peut pas pro-
duire du café, du thé ou du cacao, tandis
que c'était déjà, bien avant le Protectorat
français, un pays à blé, comme la Tunisie
qui fut le grenier de Rome et à qui des
céréalistes métropolitains à courte vue vou-
draient interdire d'envoyer du blé en France.
Ce sont là sottises. dont on se hâte de rire
pour ne pas être obligé d'en pleurer.
En réalité, elles sont bien affligeantes.
Que .certains particuliers ratatinés dans leurs
sentiments égoïstes se laissent aller à des
concepitons de cette nature, c'est dèlà peu
reluisant. Mais qu'un homme public en
nourrisse sa démagogie locale; qu'un corps
élu, qui devrait se composer d'une élite,
s'assemble et délibère tour aboutir à pa.
reille élucubration, il ny a vraiment pas de
quoi rire.
Tant que le public français ne saura Pas
s'élever nettement au-dessus de Pareilles
contingences, il n'y a pas à compter sur
l'essor solidaire de la Plus Grande France.
On a stigmatisé les. mares stagnantes »
de Itrpolitttfue. Cesônt'des tniames encore
plus délétères qui se dégagent des c mares
stagnantes » de l'économie nationale.
Lueinn Gatparin,
Député de La RéunIon. La
Secrétaire dé la commission * de la
Marine marchande.
) (
Les élections
ao Conseil Supérieur des Colonies
Scrutin de ballottage
Cédant à des démarches pressantes qui ont
été faites auprès de lui par un grand nombre
des électeurs de l'A. E. F., M. Lucien La-
moureux, député de l'Allier, accepte de main-
tenir sa candidature au second tour. Ce sera
une. bonne fortune pour l'Afrique Equatoriale
d'avoir pour défenseur un homme aussi auto-
risé que l'éminent rapporteur général du bud-
get.
:il (
Grand-Croix de la Légion d'Honneur
C'est M. Albert Lebrun, président de la
République, qui a remis personnellement à
M. Georges Schwob d'Héricourt président
de la Section métrqpolitaine. de l'Exposition
Coloniale, les insignes de grand'croix de la
Légion d'honneur qui lui ont été accordés la
semaine dernière dans la promotion de l'Ex-
position Coloniale. -. -
A LELYSEE
Le Président de la République a reçu hier
S. A. R. le prince Savarg, fils du roi de
Luang-Tabang ; le président de la Compa-
gnie Générale Transatlantique et des Chan-
tiers de Penhoët ; le général commandant
supérieur des troupes coloniales dans la Mé-
tropole; le président du- Comité d'études mi-
nières coloniales.
)
A la Présidence du conseil
Réception de ministres
M. Edouard Herriot, Président du Conseil,
a eu hier soir un entretien avec MM. Paul-
Boncour, ministre de la Guette, Georges Ley-
gues, ministre de la Marine; Paul Painlevé,
ministre de l'Air, et Albert Sarraut, ministre
des Colonies.
Réception des apiculteurs de l'Afrique
du Nord
Ce soir. M. Herriot, président du Conseil,
recevra ta délégation des agriculteurs cfe l'Afri-
que du Nord.
..- - 1
A la direction de rEcote Memk
Par arrêté du ministre des Cotbnies, M.
Croiaet (Paul), inspecteur de l'Académie de
Paris, inspecteur-conseil du Ministère des Co-
lonies,. a été chargé provisoirement d'une mts-
sion gratuite pour assurer l'intérim de la di-
rection de rËcote Ctdoniate, en ranplacment
de M, : Hardy, précédemment lUHimié reetwir
de PAcadMÓe" Alpr.
L'avenir colonial de la France:
Un devoir républicain à remplir
1O1
Le parti radical, après quatre années d'op-
position a repris les rênes du gouvernement.
Pour résoudre les difficultés sans nombre
qui sollicitent son attention, il ne faut pas
moins de toute sa sagacité, tout son sang-
froid, toutes ses forces spirituelles.
M. Edouard Herriot à qui l'expérience de
1924 a manifestement appris à se méfier des
initiatives personnelles non moins que des
périlleuses entreprises rétrogrades de ses ad-
versaires, semble marcher o d'un pas prudent
mais ferme vers la solution des grands pro-
blèmes vitaux.
Que son gouvernement qui compte parmi
ses membres M. Albert Sarraut, spécialiste
des questions coloniales, nous permette de
laisser aujourd'hui de côté les questions
financières et internationales qui sont quoti-
diennement discutées dans la presse, pour
nous préoccuper de l'avenir colonial de la
T rance.
C'est un sujet, qui pour n avoir guère
passionné l'opinion au cours de la dernière
bataille électorale ne doit pas moins inté-
resser l'élite française. Nos colonies ne
contribuent pas pour peu de chose au pres-
tige de la France dans le monde et il n'est
pas téméraire d'affirmer qu'elles ont beau-
coup contribué à lui garder sa place au pre-
mier rang des grandes nations.
Au surplus nous ne nous proposons pas de
faire faire à nos lecteurs le tour du monde
colonial français, pas plus que nous ne
cherchons à l'absorber par des questions trop
spéciales. Nous voudrions simplement appe-
ler l'attention des vrais républicains sur un
devoir auquel la République ne saurait plus
longtemps se dérober.
L'Idéal de toute démocratie est le perfec-
tionnement moral de la nation. Ce point de
vue me paraît encore plus essentiel pour le
déeloppement des sociétés primitives que
nous avons attirées a notre civilisation, rour
ceux qui ont fréquenté les peuplades afri-
caines, la notion qp justice est un des prin-
cipes dont l'application s'impose avec le
plus de rigueur à qui veut s'assurer une in-
fluence durable sur leur esprit. Aussi les na-
tions colonisatrices, pour maintenir leur
prestige, doivent-elfcs exercer sur leurs pro-
pres actions un contrôle et une discipline
que les indigènes les plus attardés sont
parfaitement capables de vérifier.
Ceci est encore plus vrai quand il s'agit
de peuples plus évolués et mieux adaptés
aux lois de l'esprit français. Ce n'est pas un
secret que nos milles îles des Antilles subis-
sent une crise morale dont la politique fran-
çaise ne se soucie pas suffisamment. Elles
sont arrivées à une période de croissance où
leur organisme, pour continuer à vivre a be-
soin d'être fortifié par des réformes et des
jjaéthodes d/administxatian nçmvelle..Belles
ont deI besoins particuliers dus à leur climat
et à leur situation géographique, c'est pour-
quoi elles ne réclament pas une législation
en tous points conforme a celle de la France.
Mais elles prétendent avoir franchi le stade
primaire pendant lequel elles ont eu besoin
d'être menées par la main à travers le dé-
dale obscur d'une législation fragmentaire et
cahotique.
Pays ingouvernables, a-t-on souvent dit.
Peut-être ne les a-t-on pas suffisamment étu-
diés et n'a-t-on pris à leur égard les disposi-
tions les plus justes. On n'a pas toujours
ménagé leur susceptibilité, on n'a pas tou-
jours respecté les droits qu'on leur a re-
connus. Ils sont heureux d'être Français,
mais ils voudraient que ce titre ne fût pas
purement nominal et qu'on témoignât aux
privilèges qu'il comporte plus de respect.
Nos populations des îles sont profondé-
ment attachées au régime et je garde la
conviction qu'elles sont parfaitement capa-
bles d'en appliquer les principes. Il est sur-
tout vrai qu'on les empêche souvent de les
réaliser.
On renverse les rôles, lorsqu'on prétend
qu'ils sont inaptes à excrçer les droits poli-
tiques qui leur ont été accordés : l'électeur
antillais vote selon sa conscience ; mais
on est parti de ce principe qu'il ne savait
pas voter pour voter à sa place.
Tout changement de trouvernement impli-
que un changement de politique. -
Il est souhaitable que la nouvelle majorité
de la Chambre inscrive à son programme
certaines réformes, telles que l'assainissement
des mœurs électorales qu'on reproche à nos'
vieilles colonies et qui sont moins le fait des
électeurs que celui de l'administration.
J'entends bien que l'abus de la candida-
ture officielle sévit aussi bien en France.
Mais aux Colonies, elle prend une acuité
extrême entre les mains des gouverneurs
qui disposent d'un pouvoir autrement plus
étendu que nos préfets.
S'ils n'interviennent pas directement dans
la bataille pour imposer leurs candidats, ce
qui est rare, ils les laissent faire sous l'œil
bienveillant des gendarmes et du Parquet.
Les Antillais souffrent de voir le Parle-
ment rester indifférent aux -abus qu'ils ne
cessent de dénoncer et dont ils portent la
responsabilité aux yeux de la nation.
Un député disait récemment à propos des
dernières élections législatives de mai qu'on
ne pouvait pas exiger de nos populations an-
tillaises qu'elles aient une juste conception
du suffrage universel parce qu'elles n'ont
été appelées que depuis peu à la liberté et à
la civilisation. Français depuis trois siècles,
citoyens depuis 1792 les Antillais ne sau-
raient accepter cete appréciation.
Fut-elle vraie-qu'il resterait un effort
d'éducation à faire pour libérer nos compa-
triotes des Antilles. Ce n'est pas y travailler
que de leur présenter comme un hochet,
l'image décolorée d'un faux républicanisme
et de favoriser des pratiques électorales qui
ne satisfont ni leurs convictions ni la mo-
rale - toute - pure.
Les hommes de gauche ont à cet égard un
devoir à remplir. Il leur appartient de faire
respecter les institutions que la République
a créées aux Colonies. C'est peu de leur
avoir donné des libertés, si elles sont mises
dans l'impossibilité d'en user.
Le parti radical se doit d'entreprendre
l'œuvre de redressement à la fois politique
et moral à laquelle nous le convions.
Il ne saurait s'y dérober ni lui être infé-
rieur.
CHmin*Oé*t Dcnyi. :
*
CIMDIA COLONIAL
-6-
Visages d'Afrique
Dans le grand amphithéâtre du Muséum
d'Histoire Naturelle, M. Henry de Mon-
freid vient de faire une conférence avec pro-
jection cinématographique Visages d'Afrique
qui a obtenu le succès mérité.
Le conférencier, cet « aventurier de la
magie noire qui a su aimer et faire aimer
sa vie dangereuse », est l'homme connais-
sant le mieux la Côte des Somalis et l'Abys-
sinie. Aussi, est-çe avec le plus vif intérêt
que l'auditoire a écouté l'auteur d'Aventures
de mer parler des Dankalis, des Somalis,
des Abyssins et de la vie des pêcheurs de
perles sur la Mçr Rouge.
Le film de M. Monod-Herzen est un « pris
sur le vif » aussi peu truqué que possible, ce
qui ajoute un prix inestimable à la beauté
de Visages d'Afrique.
Les programmes dans les cinémas
de l'Afrique du Nord
Le directeur général des films de Jim Kay,
M. Jim
avec. l'une des phis grandes compagnies
américaines de production cinématographi-
que, lui donnant le droit de distribuer cha-
que année, en France et en Afrique du Nord,
douze surproductions.
Chacun de ces films, d'un métrage d'en-
viron 3.000 mètres, sera interprété par les
vedettes les plus en vue et les plus popu-
laires d'Amérique et sera sélectionné dans
la production de cette firme américaine qui
distribue annuellement plus de cent films.
) -.- - (
La tempête en Méditerranée
Le port de Marseille bloqué par une
tempête de mistral
Une violente tempête de mistral souffle sur
Marseille et la région, gênant considérable-
ment les mouvements de la navigation. De
nombreux navires ont subi des retards plus
ou moins longs. D'autres ont dû relâcher
dans tes ports de la côte. Quelques courriers,
notamment le Mariette-Pacha ç\. le Provi-
dence pour l'Orient et l'Extrême-Orient et
le Canada pour l'Afrique Occidentale ont
été contraints de retarder leur départ.
>-«M*eb E.
Le voyage du Surcouf
Le grand sous-inapin Surcouf 3 commandé
par le capitaine de frégate de Belot, a fait
savoir hier qu'il était arrivé à Konakry, en
Guinée, point extrême de son grand raid. Le
Surcottf ralliera, pour le 10 novembre, le
chef-lieu de la première région maritime.
) (
Dépêches de l'Indochine
»♦«
Exportations de riz pour la France
Le Sikiang est parti le 22 octobre avec
075 tonnes de riz blanc, 826 t. de brisures
pour Strasbourg, 130 t. de riz blanc pour
Oran, 550 t. de riz blanc, 225 t. dte brisures
pour le Havre, 125 t. de riz blanc et'25 t.
de brisures pour DunUerque.
Un typhon sur l'Annam
Le gouvernement général communique
que le 24 octobre, un typhon a ca.ltsQ tles
dôgdts en Annam, notamment sur les. rou-
tes des provinces de Konlum et de Pleiku.
Un grand nombre de. constructions en bois
ou, de passeï elles ont été enlevées. Des
lignes télégraphiques ont été. coupd.es. Les
bâtiments administratifs ci divers, postes
ont subi, des dégâts, assez considérables.
Deux personnes ont péri noyées à Mann
Giang.
1 É
Mort d'un missionnaire Prémontré
Un télégramme nous annonce la mort à
Vatomandry (Madagascar), du R. P. Char-
les Soubès" missionnaire Prémontré.
Le R. P. Charles était né à Fonrcès (Ciers),
le 15 juillet 1877 et était entré chez les Pre-
montrés le 8 décembre 1898.
En 1904, il demandait à partir pour la
mission de Madagascar et fut envoyé à V0-
hômar.
En 1907, il fondaitavec le R. P. Pierre
Bure, le poste de Sambava. Cette mission
détruite par un violent cyclone en 1915, Mgr
le 'vicaire apostolique ne crut pas devoir la
relever durant la période difficile de la
Grande Guerre et le P, Charles fut envoyé
à MarcantsetraJ en août de la même année.
En 1916, sa santé ébranlée ayant besoin
d'un repos bien méritij il dut rentrer en
France, Il fut appliqué au ministère pasto-
ral puis appelé, à professer la philosophie à
l'abbaye de Mondaye.
En 1925, les Supérieurs exauçant ses dé-
sirs, il retournait à AI adagascar pour diriger
la Mission de Vatomandry.
C'est en cette mission où il avait voula
consacrer les dernières années de sa vie qu'il
est mort.
En trente ans, les Missionnaires Prémon-
trés ont perdu cinq religieux à Madagascar :
quatre prêtres et un frère convers.
) ..- (
Au Conseil d'État
Annulation d'une décision du ministre des
Colonies.
A la requête présentée par M. Lafon du
Gasq, ancien administrateur adjoint des Co-
lonies, demeurant au Havre, le Conseil
d'Etat a annulé, pour excès de pouvoir, une
décision implicite de rejet résultant du si-
lence gardé pendant plus de quatre mois par
le ministre des Colonies sur sa demande de
retrait du décret du 12 juin 1930, le rayant
des cadres de son administration, attendu
que la radiation du requérant ne pouvait
être prononcée qu'après l'observation des
formalités prévues par l'article 6S de la loi
du 22 avril 1905.
LIRE EN SECONDE PAGE :
A la Chambre : La rentrée.
Au Sénat : Une rentrée de quarante mi-
nutes.
IMPRESSIONS ALGÉRIENNES
-
L'Algérie en progrès
par Thomas GRUlfWOOD.
Nous sommes heureux de publier qîielques<
articles de M. Thomas Greenwood; ses im-
pressions d'Algérie cette année comme cel-
les du Maroc l'atméc dernière ne maltque-
ront pas d'intéresser vivement nos lecteurs.
J'ai patiemment égiené le long chapelet
des contrées musulmanes qui, du Taurus à
l'Atlas, se bousculent sur les 'bords de la
Méditerranée. Malgré leurs nombreux fac-
teurs communs, chacune d'elles présente des
éléménts irréductibles qui ajoutent à leurs
charmes et leur donnent leur physionomie
propre. La part merveilleuse que la France
s'est taillée dans le monde de l'Islam, de-
puis Damas jusqu'à Marrakech, présente à
l'esprit .curieux les détails les plus inatten-
dus, et suscite les plus généreuses réflexions.
La magnifique colonisation de l'Algérie,
fruit d'un long effort de cent ans, indique,
en particulier, les belles réalisations de tous
genres que le génie français peut créer sur
la terre africaine. Le progrès accompli par
l'Algérie depuis le fameux coup d'éventail
du dey, est vraiment étonnant : l'accroisse-
ment de sa population et de son commerce
peuvent d'ailleurs servir de coordonnées à sa
courbe ascendante. En effet, en un siècle, la
population a passé de deux à six millions ;
et le commerce du pays a bondi de 17 mil-
lions à 20 milliards de francs. Mais ce n'est
pas sans peine que l'Algérie est devenue
aussi prospère. Il a fallu le labeur gigantes-
que d'un demi-million de Français pour
transformer des marécages malsains ou des
solitudes désertiques, en vignobles et en ri-
ches plaines de céréales. Il a fallu de leur
part une patience et un héroïsme dont la
modestie fait la noblesse, pour apprendre
aux indigènes à seconder leur mission de
paix et de progrès, et pour ouvrir leurs vo-
lontés aux appels de la civilisation. Et c'est
ainsi que, peu à peu, l'Algérie est devenue
un paradis du tourisme : de la mer jusqu'au
désert, que de merveilles n'a-t-on pas réali-
sées !
.De l'émancipation des femmes
Mais que ne reste-t-il pas encore à accom-
plir dans ce vaste pays ! Le problème social
est celui qui demande le plus d'attention, car
on se heurte ici aux coutumes et aux supers-
titions coraniques qui constituent un obsta-
cle presque insurmontable aux initiatives gé-
néreuses de l'Occident. Aucune solution du
problème social n'est possible tant que la
femme n'a pas une mesure d'émancipation,
qui conditionne le sentiment de sa valeur
morale et qui, peu a peu, impose à l'homme
l'égalité que celui-ci lui conteste. Or, que
voyons-nom; en Algérie? Malgré les recom-
mandations humanitaires du Prophète, la loi
coranique n'a pu empêcher la femme de res-
ter dans un état d'infériorité révoltant.
Daborcl, dès l'approche de la nubihté, la
fillette est voilée et claustrée au domicile pa-
ternel où elle prend charge de tous les gros
travaux de la maison. Devenue femme, elle
n'est plus qu'un instrument de volupté et
une bête de somme, qui est revendue et ache-
tée au gré de son mari. « Ane le jour, cour-
tisane la nuit B. le proverbe résume le sort
habituel de la femme arabe qui ne possède
aucun droit social. Et même, dans les tri-
bus du Sud, la femme est moins considérée
que le chameau, le cheval ou la chèvre du
gourbi.
Cependant les femmes forment la moitié
de la population algérienne. Peut-on dire
qu'elles soient heureuses ? C'est un mystère
oriental qu'il serait vain de chercher à ré-
soudre sous l'angle de nos habitudes à nous.
Certes, il v en a un grand nombre nui souf -
frent de leur état ; mais je ne crois pas me
tromper en disant que l'immense majorité
sont inconscientes de leur situation. L'héré-
dité de plusieurs siècles a déjà façonné
l'âme de la femme arabe. Aussi l'éducation
empirique que les femmes arabes donnent à
leurs filles ne comporte que , des supersti-
1 - .,. 1
tions et oes traditions surannées que perpé-
tue leur état d'infériorité. Si fort est le
culte de la tradition qu'on peut riter plu-
sieurs exemples de jeunes algériens. étu-
diants à Paris, mariés à des jeunes filles de
leur pays rencontrées aussi dans les facul-
tés de la métropole, et adoptant les mœurs
arabes dès leur retour en Algérie.
Pour combattre le mal à sa racine, il faut
tout d'abord surveiller l'éducation de la
jeunesse, du garçon comme de la fille. L'ins-
truction seule leur permettrait, en effet, de
s'affranchir de ces idées arriérées. Mais dans
cc domaine, malgré les efforts des autorités,
le nombre des écoles est étrangement insuf-
fisant. Pour s'en convaincre, il suffit d'ob-
server le nombre considérable d'enfants qui
traînent dans les rues, et non seulement à
Alger et dans les grandes ville*, mais aussi
dans les palmeries du sud et dans les douars
des plaines. Les statistiques révèlent, d'au-
tre part, que sur plus d'un demi-million
d'enfants en Algérie, à peine le dixième
fréquente les écoles, Et ce n'est pas seu-
lement la paresse innée des enfants ou la né-
gligence des parents qui en est la cause,
mais aussi l'insuffisance des établissements
scolaires et du personnel enseignant
Extension de l'Enseignement
D'énormes difficultés d'ordre moral et ma-
tériel restent à vaincre avant d'arriver à la
généralisation de renseignement. On se
heurte aux défiances et aux résistances d'une
population qui rraint toujours que le vain-
queur ne veuille substituer une autre foi à
la sienne - ou bien que leurs enfants, pen-
dant les longues heures passées en classe, no
siubissent les influences qui les soustraient à
la tradition familiale. Il y a enfin les consi-
délations égoïstes des parents qui préfèrent
LE NUMBRO : 80. CENTIMES JEUDI SOIR, 27 OCTOBRE 193?.
JOUMAljjOTIDIÉN
Rédaction t AtI"'("is".fI" < »
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Les Annales Cctoniates
Le annonces et réclames sont reçues au
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DiRBCTiùR-PoNOAfvuR, Maroel RUEDEL
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Colonies 180 t> 100 » 50 »
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tous les bureaux de poste.
-- -Il- tà
Le Maroc Oriental
V ÉL. TO "9 J -
Le Maroc oriental est probablement la
partie la moins connue en France des ter-
ritoires du protectorat. Il passe pour la
moins riche. Cette appréciation est sévère et
même pour une bonné part inexacte. Il ne
possède pas les grandes ressources agricoles
du Maroc atlantique, mais n'en est pas tota-
lement dépourvu. De grandes étendues sont
évidemment incultes et infertiles, mais il
ne manque pas de terres qui sont déjà mises
en valeur et donnent de fort beaux revenus,
et d'autres qui n'attendent que les travaux
indispensables d'irrigation pour porter de
belles récoltes ou d'abondants pâturages.
Les géographes nous apprennent que le
Maroc oriental est le prolongement dé l'Al-
gérie, peut-être serait-il plus juste de dire
qu'il en est le commencement. La frontière
entre les deux pays est tout à fait artifi-
cielle. Aussi y trouve-t-on comme dans la
colonie voisine, les mêmes zones qui se suc-
cèdent de la Méditerranée au Sahara : Tell,
Hauts-Platdaux, désert !Entre elles, la vwlllée
de la Moulouya crée un lien en même temps
que par le couloir dè Taza, elle communi-
que avec Fez et le Maroc intérieur du Nprd
et ipar sa partie supérieure avec la région
de Marrakech grâce à la dépression de
l'Oued el Abid.
«r
La partie voisine de la Méditerranée est
représentée surtout par une plaine, la plaine
des Triffas, qui borde la mer sur une lon-
gueur un peu inférieure à 20 kilomètres.
Elle est légèrement ondulée. Son climat est
assez humide et doux; Elle ne connaît pas
des gelées. Cependant, les pluies ne sont
pas suffisamment abondantes et l'agricul-
ture doit recourir à l'irrigation. Des puits
d'une profondeur de 5 à 15 mètres four-
nissent le complément d'eau indispensable.
La plupart des cultures de la région médi-
terranéenne y viennent parfaitetnent. La
vigne y pousse à merveille il côté du blé et
des céréales en cénéral. Le cotonnier, le ta-
bac, le géranium y réussissent fort bien.
Mais ce sont les primeurs qui paraissent
appelés à un grand développement, à condi-
tion toutefois que ta facilité et la rapidité
des moyens de transport viennent seconder
les conditions favorables de la nature. On
peut en dire autant de l'arboriculture :
orangers, "figuiers, citronniers, mandariniers
et peut-être même le bananier que certains
songent à introduire.
.', La plaine des Triffas n'ektpas très pro-
re à l'élevage. En revanche, les habitants
dès Bqui-gnawied, situés au, Sud, pratiquent
avec, succès celui des chèvres et surtout des
moutons.
Les Hauts-Plateaux présentent l'aspect
de ceux de l'Algérie. Ce sont les mêmes
étendues, au climat excessif et sec, :à la
végétation maigre et rare, et où l'élevage
du mouton est la seule industrie permise à
l'homme. C'est le pays du nortadisme im-
posé beaucoup plus par la nature qu'il n'est
le résultat d'une inclination personnelle.
Plus au Sud, enfin, c'est le désert avec
̃ ses oasis plus ou moins étendues et qui sont
trop connues pour que j'y insiste.
La vallée de la Moyenne Moulouya tient,
peutJort dire, le milieu entre les pays voi-
sins de la Méditerranée et les Hauts-Pla-
teaux. L'humidité lui est parcimonieusement
mesurée par une nature avare. Aussi la
végétation forestière y est-elle réduite.
Cependant, il n'en fut pas toujours ainsi.
Le géographe arabe Ibn Kaldoun nous dé-
clare qu'au XIIIe siècle on pouvait faire le
voyage de Tlemcen à Fez sous une voûte
de verdure. Aujoutd'hui, il ne saurait on
être question. Il s'est vraisemblablement
produit ici quelque chose d'analogue à oe
qu'on a conâtaité en Tunisie : le déboise.
ment systématique du pays. - .-
Aussi ceux qui ont le souci de l'avenir de
cette partie du Maroc ipréconisent-ils son
reboisement intensif. L'arbre.. qui parait le
mieux convenir est l'olivier qui, à l'époque
romaine et au Moyen Age, en couvrait de
grandes surfaces; Le pêcher, l'amandier,
l'abricotier peuvent également y prospérer.
Les essais de culture de la vigne ont été
heureux.
Le sol est inculte, mais n'est pas stérile.
Les écrivains arabes nous décrivent les nom-
breuses cultures qu'ils y ont vues il y a
quelque huit cents ans. Il est prudent de
ne pas prendre à la lettre leurs tableaux.
Ils n'étaient pas exempts d'exagération.
Mais il convient aussi de ne pas rejeter en
bloc ce qu'ils disent. L'exemple d ailleurs
de la Tunisie nous apprend qu'il est parfai-
tement possible de reconstituer les planta-
tions arbustives qu'ils nous ont mention-
nées. C est ce que fit, il y a une quaran-
taine d'années, le Français Bourde dans le
Sahel tunisien.
Avec l'irrigation, on peut faire réappa-
raitre dans ces pays la vie intense qu'ils
ont connue. Les plaines qui bordent la Mou-
louya et son affluent le Melloloa se couvrent
vite d'une végétation luxuriante dès qu'on
y amène de l'eau. Des travaux ont été com-
mencés, des canaux ont été construits, mais
nous ne sommes qu'au début de l'équipe-
ment économique de cette région.
Le Maroc oriental passe pour posséder de
grandes richesses minières. Une carte des
ressources métalliques nous montre des mi-
nes de plomb à quelque 30 kilomètres au
sud d'Oudjda. Non loin de Taoufirt on si-
gnale du manganèse et encore du charbon.
Plus au Sud, dans la région de Bou-Arfa,
on note l'existence du fer, du cuivre et du
manganèse. Près de Midelt. le charbon voi-
sine avec le plomb et à quelque 40 kilomè-
tres à l'Est avec le zinc.
Ces mines commencent à être .exploitées.
Cependant, il est difficile, de se prononcer
dès maintenant sur leur richesse. La pros-
pection du territoire n'est pas, encore assez
avancée.
Nous aurons terminé cette vue d'ensemble
du Maroc oriental quand nous aurons dit un
mot de la question' du port de 1 Saïda. Jus-
qu'ici, le Maroc oriental n'a pour l'embar-
quement de ses produits que le port d'Oran,
auquel il est rattaché par une voie ferrée de
près de 300 kilomètres, voie difficile acci-
dentée et d'un rendement insuffisant. Des
frais de transport trop élevés grèvent les
produits exportés.
- Le protectorat marocain s'est préoccupé
de cette question et a jeté son dévolu sur
Saïda, dont il voudrait faire le débouché
de toute la région. Les conditions géogra-
phiques s'y prêtent ; les communications
avec l'intérieur sont relativement commodes
et la construction du port ne rencontre pas
des difficultés insurmontables. Mais le Ma-
roc se trouve en conflit avec l'Algérie qui,
à défaut d'Oran, voudrait faire de Nemours
le débouché du Maroc Oriental. Le conflit
n'est pas tranché à l'heure présente. Mais
quand on consulte la carte on donne raison
aux partisans de Saïda.
TeLle est cette partie du Maroc moins
riche sans doute que celle qui est tournée
vers l'Atlantique, mais qui possède des ré-
gions appelées à un fort bel avenir écono-
mique quand elles auront été équipées com-
me on songe à le faire.
Henry Pontaier,
Député du Cantal.
Membre de la commission de VAlgérie,
des colonies et protectorats.
-
La forit et la culture
ne doivent plus s'ignorer
mène et surtout aux colonies
Dans une courte étude qu'il nous adresse
M. Prigatard, ancien chef du Service de
l'agriculture et des forêts de La Réunion,
pose la question suivante : lorsqu'une teye
n'assurera plus la prospérité de la culture
qu'elle porte actuellement, sera-t-elle aban-
donnée à la friche ou bien pourra-t-elle por-
ter d'autres fécoltes, et lesquelles?
L'interrogation intéresse au premier chef
nos colonies, et voici comment M. Rigotard
y répond : -
Lorsqu'une .terta n.' as&A«: £ -plus - la prospé-
rité des cultures qu'elle porte, parfois même
depuis peu d'années - et par culture nous
entendons ici spécialement les plantes her-
bacées annuelles ou vivaces - on a cénéra-
lement tendance à dire qu'elle est devenue
stérile, sans ee demander si elle serait sus*
ceptible de donner des productions d'un au-
tre genre, du matériel, ligneux, chaque an-
née, inlassablement.
Tant que cette impossibilité n'est pas
prouvée, il n'est pas exact de considérer pa-
teille terre comme rigoureusement infertile
au même titre, par exemple, qu'une roche
dénudée. Lorsqu une plante supérieure né
prospère plus sur un terrain donné, ce n'est
pas, en toute logique, le sol qui est stérile
mats bien la plante puisque c'est elle qui ne
produit pas. On doit dire qu'une plante est
stérile sur un sol donné, qu'elle est fertile
ailleurs.
En d'autres termes il ne faut pas voulon,
coûte que coûte, adapter le sol à la plante ;
c'est la vocation du sol qu'il convient de
suivre vocation qui peut évoluer au cours
des âges - et adapter dans le moment pré-
sent la plante du sol. Cette considération est
tron perdue de vue.
On fait - et c'est une grave erreur - une
démarcation trop marquée entre les plantes
herbacées et les plantes ligneuses. L'arbre
doit entrer dans la rotation des cultures et
la rotation idéale pour les terres des régions
tropicales et peut-être parfois des régions
tempérées (Champagne crayeuse.) devrait
être :
Forêt;
Plantes herbacées ;
Forêt;
Etc.
A La Réunion, par exemple, des milliers
d'hectares de sables de la zone littorale oc-
cidentale, et les coulées de laves du Sud,
inutilisables autrement, ont été plantés ,en
filaos. Ces vastes espaces où la canne à su-
cre, le manioc, etc., - ne donneraient pas
même quelques pousses, sont capables de por-
ter des forêts de filaos qui sont une richesse
et dont les coupes, régulièrement espacées,
constituaient Un revenu de tout repos avec
des frais de main-d'œuvre insignifiants. A
Madagascar, au Sénégal, en Indochine, sans
parler de l'Australie, le filao a de même étc
une plante exactement adaptée aux possibi-
lités du terrain qu'il serait dès lors fon-
cièrement illusoire de qualifier de stérile.
D'ailleurs, même au point de vue stricte-
ment forestier, on est parfois 'amené à re-
connaître la nécessité de faire succéder, sur
le même terrain, à une essence qui, a la lon-
gue produit moins, une autre qui s'y déve,
loppe mieux.
Si l'assolement forestier s'impose, dans
certains cas il passe ert général '¡ape!çu,
tandis que l'assolement agricole proprement
dit a pour lui l'avantage d'être mieux a la
mesure de la courte longévité de i' "xistuncc
humaine et il' est le seul dont on fasse état.
La forêt et la culture ne doivent plus
s'ignorer et encore moins s'exclure dans les
pays tropicaux; chacun des deux me des
d'utilisation du sol doit se compléter par
l'autre, et lorsque les cultures herbacées ne
trouvent plus dans le sol les principes nutri-
tifs leur permettant de donner des récoltes
abondantes, sinon tout ce qu'elles pefhftnt
donner, on devra leur substituer des plântèg
ligneuses, remplacer la culture proprement
îlite par la forêt. Toute autre solution nous
1 parait inacceptable et • dépourvue du souci
de ménsger l'avenir.
Les «MMs illg- --Itês»,
-
de l'économie nationale
el
W/kfk
JSSSl
LLONS boni Voilà-"
les bêtises qui re*
commencentl coml-
me rêfltait en.
leit-motiv un co-i
médien fort aimii
du public. i
comment ne satuetmt-on pas de cette
exclamation la fantaisie --: d'autant plus
comique qu'elle veut être sérieuse - d'une.
Chambre de Commerce du Midi qui de-
mande que lé Maroc soit contraint à renon-
cer à cultiver des céréales, et limité à la cul-
ture de la canne à sucre, du café, du cacao.
ét du thé 1
Les viticulteurs• ornaient déjà réclamé l'in.
terdiction pour VAlgérie, la Tunisie et le
Maroc de planter de la vigne, en assignant
à ces pays du nord-africain français le
coton, la banane et a figue tomme buts de
leur agriculture.
L'exemple, dit-on, est contagieux. Quel
malheur que ce soit surtout pour le mauvais
exemple que cet adage se justifiet
Il est évident que la motion émise par
d'éminents céréalistes à Vencontre du Maroc
s'inspire de celle qu'un leader plus éminent
encore des vignerons narbonnais, préconisa
naguère pour écarter de ses électeurs la con-
currence nord-africaine.
Elle est même plus abracadabrante, car le
Maroc ne produit pas et ne peut pas pro-
duire du café, du thé ou du cacao, tandis
que c'était déjà, bien avant le Protectorat
français, un pays à blé, comme la Tunisie
qui fut le grenier de Rome et à qui des
céréalistes métropolitains à courte vue vou-
draient interdire d'envoyer du blé en France.
Ce sont là sottises. dont on se hâte de rire
pour ne pas être obligé d'en pleurer.
En réalité, elles sont bien affligeantes.
Que .certains particuliers ratatinés dans leurs
sentiments égoïstes se laissent aller à des
concepitons de cette nature, c'est dèlà peu
reluisant. Mais qu'un homme public en
nourrisse sa démagogie locale; qu'un corps
élu, qui devrait se composer d'une élite,
s'assemble et délibère tour aboutir à pa.
reille élucubration, il ny a vraiment pas de
quoi rire.
Tant que le public français ne saura Pas
s'élever nettement au-dessus de Pareilles
contingences, il n'y a pas à compter sur
l'essor solidaire de la Plus Grande France.
On a stigmatisé les. mares stagnantes »
de Itrpolitttfue. Cesônt'des tniames encore
plus délétères qui se dégagent des c mares
stagnantes » de l'économie nationale.
Lueinn Gatparin,
Député de La RéunIon. La
Secrétaire dé la commission * de la
Marine marchande.
) (
Les élections
ao Conseil Supérieur des Colonies
Scrutin de ballottage
Cédant à des démarches pressantes qui ont
été faites auprès de lui par un grand nombre
des électeurs de l'A. E. F., M. Lucien La-
moureux, député de l'Allier, accepte de main-
tenir sa candidature au second tour. Ce sera
une. bonne fortune pour l'Afrique Equatoriale
d'avoir pour défenseur un homme aussi auto-
risé que l'éminent rapporteur général du bud-
get.
:il (
Grand-Croix de la Légion d'Honneur
C'est M. Albert Lebrun, président de la
République, qui a remis personnellement à
M. Georges Schwob d'Héricourt président
de la Section métrqpolitaine. de l'Exposition
Coloniale, les insignes de grand'croix de la
Légion d'honneur qui lui ont été accordés la
semaine dernière dans la promotion de l'Ex-
position Coloniale. -. -
A LELYSEE
Le Président de la République a reçu hier
S. A. R. le prince Savarg, fils du roi de
Luang-Tabang ; le président de la Compa-
gnie Générale Transatlantique et des Chan-
tiers de Penhoët ; le général commandant
supérieur des troupes coloniales dans la Mé-
tropole; le président du- Comité d'études mi-
nières coloniales.
)
A la Présidence du conseil
Réception de ministres
M. Edouard Herriot, Président du Conseil,
a eu hier soir un entretien avec MM. Paul-
Boncour, ministre de la Guette, Georges Ley-
gues, ministre de la Marine; Paul Painlevé,
ministre de l'Air, et Albert Sarraut, ministre
des Colonies.
Réception des apiculteurs de l'Afrique
du Nord
Ce soir. M. Herriot, président du Conseil,
recevra ta délégation des agriculteurs cfe l'Afri-
que du Nord.
..- - 1
A la direction de rEcote Memk
Par arrêté du ministre des Cotbnies, M.
Croiaet (Paul), inspecteur de l'Académie de
Paris, inspecteur-conseil du Ministère des Co-
lonies,. a été chargé provisoirement d'une mts-
sion gratuite pour assurer l'intérim de la di-
rection de rËcote Ctdoniate, en ranplacment
de M, : Hardy, précédemment lUHimié reetwir
de PAcadMÓe" Alpr.
L'avenir colonial de la France:
Un devoir républicain à remplir
1O1
Le parti radical, après quatre années d'op-
position a repris les rênes du gouvernement.
Pour résoudre les difficultés sans nombre
qui sollicitent son attention, il ne faut pas
moins de toute sa sagacité, tout son sang-
froid, toutes ses forces spirituelles.
M. Edouard Herriot à qui l'expérience de
1924 a manifestement appris à se méfier des
initiatives personnelles non moins que des
périlleuses entreprises rétrogrades de ses ad-
versaires, semble marcher o d'un pas prudent
mais ferme vers la solution des grands pro-
blèmes vitaux.
Que son gouvernement qui compte parmi
ses membres M. Albert Sarraut, spécialiste
des questions coloniales, nous permette de
laisser aujourd'hui de côté les questions
financières et internationales qui sont quoti-
diennement discutées dans la presse, pour
nous préoccuper de l'avenir colonial de la
T rance.
C'est un sujet, qui pour n avoir guère
passionné l'opinion au cours de la dernière
bataille électorale ne doit pas moins inté-
resser l'élite française. Nos colonies ne
contribuent pas pour peu de chose au pres-
tige de la France dans le monde et il n'est
pas téméraire d'affirmer qu'elles ont beau-
coup contribué à lui garder sa place au pre-
mier rang des grandes nations.
Au surplus nous ne nous proposons pas de
faire faire à nos lecteurs le tour du monde
colonial français, pas plus que nous ne
cherchons à l'absorber par des questions trop
spéciales. Nous voudrions simplement appe-
ler l'attention des vrais républicains sur un
devoir auquel la République ne saurait plus
longtemps se dérober.
L'Idéal de toute démocratie est le perfec-
tionnement moral de la nation. Ce point de
vue me paraît encore plus essentiel pour le
déeloppement des sociétés primitives que
nous avons attirées a notre civilisation, rour
ceux qui ont fréquenté les peuplades afri-
caines, la notion qp justice est un des prin-
cipes dont l'application s'impose avec le
plus de rigueur à qui veut s'assurer une in-
fluence durable sur leur esprit. Aussi les na-
tions colonisatrices, pour maintenir leur
prestige, doivent-elfcs exercer sur leurs pro-
pres actions un contrôle et une discipline
que les indigènes les plus attardés sont
parfaitement capables de vérifier.
Ceci est encore plus vrai quand il s'agit
de peuples plus évolués et mieux adaptés
aux lois de l'esprit français. Ce n'est pas un
secret que nos milles îles des Antilles subis-
sent une crise morale dont la politique fran-
çaise ne se soucie pas suffisamment. Elles
sont arrivées à une période de croissance où
leur organisme, pour continuer à vivre a be-
soin d'être fortifié par des réformes et des
jjaéthodes d/administxatian nçmvelle..Belles
ont deI besoins particuliers dus à leur climat
et à leur situation géographique, c'est pour-
quoi elles ne réclament pas une législation
en tous points conforme a celle de la France.
Mais elles prétendent avoir franchi le stade
primaire pendant lequel elles ont eu besoin
d'être menées par la main à travers le dé-
dale obscur d'une législation fragmentaire et
cahotique.
Pays ingouvernables, a-t-on souvent dit.
Peut-être ne les a-t-on pas suffisamment étu-
diés et n'a-t-on pris à leur égard les disposi-
tions les plus justes. On n'a pas toujours
ménagé leur susceptibilité, on n'a pas tou-
jours respecté les droits qu'on leur a re-
connus. Ils sont heureux d'être Français,
mais ils voudraient que ce titre ne fût pas
purement nominal et qu'on témoignât aux
privilèges qu'il comporte plus de respect.
Nos populations des îles sont profondé-
ment attachées au régime et je garde la
conviction qu'elles sont parfaitement capa-
bles d'en appliquer les principes. Il est sur-
tout vrai qu'on les empêche souvent de les
réaliser.
On renverse les rôles, lorsqu'on prétend
qu'ils sont inaptes à excrçer les droits poli-
tiques qui leur ont été accordés : l'électeur
antillais vote selon sa conscience ; mais
on est parti de ce principe qu'il ne savait
pas voter pour voter à sa place.
Tout changement de trouvernement impli-
que un changement de politique. -
Il est souhaitable que la nouvelle majorité
de la Chambre inscrive à son programme
certaines réformes, telles que l'assainissement
des mœurs électorales qu'on reproche à nos'
vieilles colonies et qui sont moins le fait des
électeurs que celui de l'administration.
J'entends bien que l'abus de la candida-
ture officielle sévit aussi bien en France.
Mais aux Colonies, elle prend une acuité
extrême entre les mains des gouverneurs
qui disposent d'un pouvoir autrement plus
étendu que nos préfets.
S'ils n'interviennent pas directement dans
la bataille pour imposer leurs candidats, ce
qui est rare, ils les laissent faire sous l'œil
bienveillant des gendarmes et du Parquet.
Les Antillais souffrent de voir le Parle-
ment rester indifférent aux -abus qu'ils ne
cessent de dénoncer et dont ils portent la
responsabilité aux yeux de la nation.
Un député disait récemment à propos des
dernières élections législatives de mai qu'on
ne pouvait pas exiger de nos populations an-
tillaises qu'elles aient une juste conception
du suffrage universel parce qu'elles n'ont
été appelées que depuis peu à la liberté et à
la civilisation. Français depuis trois siècles,
citoyens depuis 1792 les Antillais ne sau-
raient accepter cete appréciation.
Fut-elle vraie-qu'il resterait un effort
d'éducation à faire pour libérer nos compa-
triotes des Antilles. Ce n'est pas y travailler
que de leur présenter comme un hochet,
l'image décolorée d'un faux républicanisme
et de favoriser des pratiques électorales qui
ne satisfont ni leurs convictions ni la mo-
rale - toute - pure.
Les hommes de gauche ont à cet égard un
devoir à remplir. Il leur appartient de faire
respecter les institutions que la République
a créées aux Colonies. C'est peu de leur
avoir donné des libertés, si elles sont mises
dans l'impossibilité d'en user.
Le parti radical se doit d'entreprendre
l'œuvre de redressement à la fois politique
et moral à laquelle nous le convions.
Il ne saurait s'y dérober ni lui être infé-
rieur.
CHmin*Oé*t Dcnyi. :
*
CIMDIA COLONIAL
-6-
Visages d'Afrique
Dans le grand amphithéâtre du Muséum
d'Histoire Naturelle, M. Henry de Mon-
freid vient de faire une conférence avec pro-
jection cinématographique Visages d'Afrique
qui a obtenu le succès mérité.
Le conférencier, cet « aventurier de la
magie noire qui a su aimer et faire aimer
sa vie dangereuse », est l'homme connais-
sant le mieux la Côte des Somalis et l'Abys-
sinie. Aussi, est-çe avec le plus vif intérêt
que l'auditoire a écouté l'auteur d'Aventures
de mer parler des Dankalis, des Somalis,
des Abyssins et de la vie des pêcheurs de
perles sur la Mçr Rouge.
Le film de M. Monod-Herzen est un « pris
sur le vif » aussi peu truqué que possible, ce
qui ajoute un prix inestimable à la beauté
de Visages d'Afrique.
Les programmes dans les cinémas
de l'Afrique du Nord
Le directeur général des films de Jim Kay,
M. Jim
avec. l'une des phis grandes compagnies
américaines de production cinématographi-
que, lui donnant le droit de distribuer cha-
que année, en France et en Afrique du Nord,
douze surproductions.
Chacun de ces films, d'un métrage d'en-
viron 3.000 mètres, sera interprété par les
vedettes les plus en vue et les plus popu-
laires d'Amérique et sera sélectionné dans
la production de cette firme américaine qui
distribue annuellement plus de cent films.
) -.- - (
La tempête en Méditerranée
Le port de Marseille bloqué par une
tempête de mistral
Une violente tempête de mistral souffle sur
Marseille et la région, gênant considérable-
ment les mouvements de la navigation. De
nombreux navires ont subi des retards plus
ou moins longs. D'autres ont dû relâcher
dans tes ports de la côte. Quelques courriers,
notamment le Mariette-Pacha ç\. le Provi-
dence pour l'Orient et l'Extrême-Orient et
le Canada pour l'Afrique Occidentale ont
été contraints de retarder leur départ.
>-«M*eb E.
Le voyage du Surcouf
Le grand sous-inapin Surcouf 3 commandé
par le capitaine de frégate de Belot, a fait
savoir hier qu'il était arrivé à Konakry, en
Guinée, point extrême de son grand raid. Le
Surcottf ralliera, pour le 10 novembre, le
chef-lieu de la première région maritime.
) (
Dépêches de l'Indochine
»♦«
Exportations de riz pour la France
Le Sikiang est parti le 22 octobre avec
075 tonnes de riz blanc, 826 t. de brisures
pour Strasbourg, 130 t. de riz blanc pour
Oran, 550 t. de riz blanc, 225 t. dte brisures
pour le Havre, 125 t. de riz blanc et'25 t.
de brisures pour DunUerque.
Un typhon sur l'Annam
Le gouvernement général communique
que le 24 octobre, un typhon a ca.ltsQ tles
dôgdts en Annam, notamment sur les. rou-
tes des provinces de Konlum et de Pleiku.
Un grand nombre de. constructions en bois
ou, de passeï elles ont été enlevées. Des
lignes télégraphiques ont été. coupd.es. Les
bâtiments administratifs ci divers, postes
ont subi, des dégâts, assez considérables.
Deux personnes ont péri noyées à Mann
Giang.
1 É
Mort d'un missionnaire Prémontré
Un télégramme nous annonce la mort à
Vatomandry (Madagascar), du R. P. Char-
les Soubès" missionnaire Prémontré.
Le R. P. Charles était né à Fonrcès (Ciers),
le 15 juillet 1877 et était entré chez les Pre-
montrés le 8 décembre 1898.
En 1904, il demandait à partir pour la
mission de Madagascar et fut envoyé à V0-
hômar.
En 1907, il fondaitavec le R. P. Pierre
Bure, le poste de Sambava. Cette mission
détruite par un violent cyclone en 1915, Mgr
le 'vicaire apostolique ne crut pas devoir la
relever durant la période difficile de la
Grande Guerre et le P, Charles fut envoyé
à MarcantsetraJ en août de la même année.
En 1916, sa santé ébranlée ayant besoin
d'un repos bien méritij il dut rentrer en
France, Il fut appliqué au ministère pasto-
ral puis appelé, à professer la philosophie à
l'abbaye de Mondaye.
En 1925, les Supérieurs exauçant ses dé-
sirs, il retournait à AI adagascar pour diriger
la Mission de Vatomandry.
C'est en cette mission où il avait voula
consacrer les dernières années de sa vie qu'il
est mort.
En trente ans, les Missionnaires Prémon-
trés ont perdu cinq religieux à Madagascar :
quatre prêtres et un frère convers.
) ..- (
Au Conseil d'État
Annulation d'une décision du ministre des
Colonies.
A la requête présentée par M. Lafon du
Gasq, ancien administrateur adjoint des Co-
lonies, demeurant au Havre, le Conseil
d'Etat a annulé, pour excès de pouvoir, une
décision implicite de rejet résultant du si-
lence gardé pendant plus de quatre mois par
le ministre des Colonies sur sa demande de
retrait du décret du 12 juin 1930, le rayant
des cadres de son administration, attendu
que la radiation du requérant ne pouvait
être prononcée qu'après l'observation des
formalités prévues par l'article 6S de la loi
du 22 avril 1905.
LIRE EN SECONDE PAGE :
A la Chambre : La rentrée.
Au Sénat : Une rentrée de quarante mi-
nutes.
IMPRESSIONS ALGÉRIENNES
-
L'Algérie en progrès
par Thomas GRUlfWOOD.
Nous sommes heureux de publier qîielques<
articles de M. Thomas Greenwood; ses im-
pressions d'Algérie cette année comme cel-
les du Maroc l'atméc dernière ne maltque-
ront pas d'intéresser vivement nos lecteurs.
J'ai patiemment égiené le long chapelet
des contrées musulmanes qui, du Taurus à
l'Atlas, se bousculent sur les 'bords de la
Méditerranée. Malgré leurs nombreux fac-
teurs communs, chacune d'elles présente des
éléménts irréductibles qui ajoutent à leurs
charmes et leur donnent leur physionomie
propre. La part merveilleuse que la France
s'est taillée dans le monde de l'Islam, de-
puis Damas jusqu'à Marrakech, présente à
l'esprit .curieux les détails les plus inatten-
dus, et suscite les plus généreuses réflexions.
La magnifique colonisation de l'Algérie,
fruit d'un long effort de cent ans, indique,
en particulier, les belles réalisations de tous
genres que le génie français peut créer sur
la terre africaine. Le progrès accompli par
l'Algérie depuis le fameux coup d'éventail
du dey, est vraiment étonnant : l'accroisse-
ment de sa population et de son commerce
peuvent d'ailleurs servir de coordonnées à sa
courbe ascendante. En effet, en un siècle, la
population a passé de deux à six millions ;
et le commerce du pays a bondi de 17 mil-
lions à 20 milliards de francs. Mais ce n'est
pas sans peine que l'Algérie est devenue
aussi prospère. Il a fallu le labeur gigantes-
que d'un demi-million de Français pour
transformer des marécages malsains ou des
solitudes désertiques, en vignobles et en ri-
ches plaines de céréales. Il a fallu de leur
part une patience et un héroïsme dont la
modestie fait la noblesse, pour apprendre
aux indigènes à seconder leur mission de
paix et de progrès, et pour ouvrir leurs vo-
lontés aux appels de la civilisation. Et c'est
ainsi que, peu à peu, l'Algérie est devenue
un paradis du tourisme : de la mer jusqu'au
désert, que de merveilles n'a-t-on pas réali-
sées !
.De l'émancipation des femmes
Mais que ne reste-t-il pas encore à accom-
plir dans ce vaste pays ! Le problème social
est celui qui demande le plus d'attention, car
on se heurte ici aux coutumes et aux supers-
titions coraniques qui constituent un obsta-
cle presque insurmontable aux initiatives gé-
néreuses de l'Occident. Aucune solution du
problème social n'est possible tant que la
femme n'a pas une mesure d'émancipation,
qui conditionne le sentiment de sa valeur
morale et qui, peu a peu, impose à l'homme
l'égalité que celui-ci lui conteste. Or, que
voyons-nom; en Algérie? Malgré les recom-
mandations humanitaires du Prophète, la loi
coranique n'a pu empêcher la femme de res-
ter dans un état d'infériorité révoltant.
Daborcl, dès l'approche de la nubihté, la
fillette est voilée et claustrée au domicile pa-
ternel où elle prend charge de tous les gros
travaux de la maison. Devenue femme, elle
n'est plus qu'un instrument de volupté et
une bête de somme, qui est revendue et ache-
tée au gré de son mari. « Ane le jour, cour-
tisane la nuit B. le proverbe résume le sort
habituel de la femme arabe qui ne possède
aucun droit social. Et même, dans les tri-
bus du Sud, la femme est moins considérée
que le chameau, le cheval ou la chèvre du
gourbi.
Cependant les femmes forment la moitié
de la population algérienne. Peut-on dire
qu'elles soient heureuses ? C'est un mystère
oriental qu'il serait vain de chercher à ré-
soudre sous l'angle de nos habitudes à nous.
Certes, il v en a un grand nombre nui souf -
frent de leur état ; mais je ne crois pas me
tromper en disant que l'immense majorité
sont inconscientes de leur situation. L'héré-
dité de plusieurs siècles a déjà façonné
l'âme de la femme arabe. Aussi l'éducation
empirique que les femmes arabes donnent à
leurs filles ne comporte que , des supersti-
1 - .,. 1
tions et oes traditions surannées que perpé-
tue leur état d'infériorité. Si fort est le
culte de la tradition qu'on peut riter plu-
sieurs exemples de jeunes algériens. étu-
diants à Paris, mariés à des jeunes filles de
leur pays rencontrées aussi dans les facul-
tés de la métropole, et adoptant les mœurs
arabes dès leur retour en Algérie.
Pour combattre le mal à sa racine, il faut
tout d'abord surveiller l'éducation de la
jeunesse, du garçon comme de la fille. L'ins-
truction seule leur permettrait, en effet, de
s'affranchir de ces idées arriérées. Mais dans
cc domaine, malgré les efforts des autorités,
le nombre des écoles est étrangement insuf-
fisant. Pour s'en convaincre, il suffit d'ob-
server le nombre considérable d'enfants qui
traînent dans les rues, et non seulement à
Alger et dans les grandes ville*, mais aussi
dans les palmeries du sud et dans les douars
des plaines. Les statistiques révèlent, d'au-
tre part, que sur plus d'un demi-million
d'enfants en Algérie, à peine le dixième
fréquente les écoles, Et ce n'est pas seu-
lement la paresse innée des enfants ou la né-
gligence des parents qui en est la cause,
mais aussi l'insuffisance des établissements
scolaires et du personnel enseignant
Extension de l'Enseignement
D'énormes difficultés d'ordre moral et ma-
tériel restent à vaincre avant d'arriver à la
généralisation de renseignement. On se
heurte aux défiances et aux résistances d'une
population qui rraint toujours que le vain-
queur ne veuille substituer une autre foi à
la sienne - ou bien que leurs enfants, pen-
dant les longues heures passées en classe, no
siubissent les influences qui les soustraient à
la tradition familiale. Il y a enfin les consi-
délations égoïstes des parents qui préfèrent
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