Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-10-25
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 octobre 1932 25 octobre 1932
Description : 1932/10/25 (A32,N110). 1932/10/25 (A32,N110).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380529b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. - No 110. LE NUMBRO : 30 CENTIMES M AUDI SUlU, *25 OGTOllHlî 1932.
OUIIIIL ^QUOTIDIEH
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TftLtPH. 1 LOUVRL1I-37
» RICHELIEU 87-54
Les Annales Coloniales
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France et
Colonie» 180 » 100 » 50 »
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L'application des lois
sociales en Algérie
Parmi les lois sociales qui font le plus
honneur à notre troisième République, il
faut citer la loi de huit heures et la loi des
Assurances sociales. Certes, leur application
dans la Métropole s'est heurtée à des résis-
tances considérables qui ne sont pas toutes
définitivement surmontées. Il existe encore,
très puissants en certains points, des mou-
vements de protestation contre ces conquêtes
dont le monde du travail se réjouit. La prin-
cipale çritique qui leur est faite, c'est qu'el-
les alourdissent le prix de revient de notre
production nationale, qu'elles l'handicapent
devant la production étrangère.
Ce n'est pas dans le cadre de ce journal
qu'il peut nous appartenir de répondre à pa-
reilles critiques, dont l'expérience des no-
tions industrielles a d'ailleurs fait justice.
Mais, il nous appartient cependant, sur le
plan colonial, d examiner s'il existe des rai-
sons majeures pour que le bénéfice de ces
lois ne soit pas accordé sans plus tarder à
nQs possessions d'outre-mer les plus évoluées.
Or, la plus évoluée de ces possessions est,
sans contredit, l'Algérie. L'Algérie est, en
effet, plus qu'une colonie, c'est un prolon-
gement de la Métropole, c'est un territoire
formé de trois départements français. Ce
territoire, peuplé d'un million de citoyens,
de 4 ou 5 millions d'indigènes, constitue du
point de vue impérial et du point de vue
économique un facteur important, très im-
portant, de la prépondérance de la France
dans le monde.
Mais, il est indéniable que de même qu'il
existe entre certaines provinces françaises
des antagonismes sociaux et économiques, il
serait vain de nier, qu'entre l'Algérie et la
France métropolitaine, nulle rivalité n'existe.
Les céréales, les vins algériens constituent
ou peuvent constituer demain une concur-
rence dangereuse pour notre production con-
tinentale. Il en est de même pour la produc-
tion minière et pour après-demain certaines
production!i industrielles. Or, pour que cette
rivalité ne se traduise pas par des conflits
aigus ou violents, il faut avant tout qu'il y
ait égalité des charges en Algérie et en Fran-
ce dans le domaine de la production, qu'il y
ait les mêmes charges sociales qui pèsent sur
la production algérienne et sur la production
métropolitaine. Les prix de revient doivent
être comparables.
En est-il ainsi si la loi de huit heures, si
la loi des Assurances sociales, si les lois mi-
nières ne jouent pas à plein d'un côté com-
me de l'autre de la Méditerranée, si les sa-
laires ne sont pas équivalents, compte tenu
du rendement. Evidemment non 1
Ainsi donc sur le plan économique ne pas
admettre pour l'Algérie, simple prolongement
de la France, les mêmes charges sociales que
pour la Métropole, c'est fatalement susciter
entre les deux rives de. la Méditerranée une
hostilité du plus mauvais a loi. C'est par con-
séquent aller à l'encontre des intérêts géné-
raux du pays, c'est faire preuve d'un esprit
politique étroit et borné. Ne parlons pas, si
vous voulez, de l'aspect purement humain du
problème.
Il semblerait, par conséquent, que ceux à
qui la République a confié les destinées de
1 Algérie devraient s'appliquer à favoriser
là, l'application des lois sociales votées par
le Parlement. Il semblerait qu'au Gouver-
nement général il devrait régner un état d'es-
prit propre à encourager toute initiative
s'exerçant dans cé sens. Hélas, il semble
qu'il en soit autrement.
Nous avons déjà signalé combien nous pa-
raissait regrettable la suppression de la Di-
rection du Travail et de la Prévoyance So-
ciale, combien nous paraissait fâcheusement
inspirée une pareille mesure. Le mal est plus
grave que nous ne le pensions, à ce moment.
En effet, nous avons sous les yeux un cer-
tain nombre de projets et décrets qui furent,
il y a plus d'un an, présentés à l'approba-
tion du Gouvernement général, et qui avaient
été préparés en vue de l'application de la loi
de huit heures à divers commerces ou indus-
tries. Quelles réponses furent faites à ceux
qui présentèrent les dits projets. Les voici :
« Le Service demande l'application de huit
« heures en Algérie.
« Je n'ai pas qualité pour apprécier si
a cette mesure est opportune. Mais il ne fau-
« drait pas que la Direction pour justifier
« cette partie de ses attributions s'employât
a à proposer l'application en Algérie pays
« neuf .- d'une législation qui trouve son
« emploi légitime en pays ancien de produc-
« tion pléthorique. » - - - -
D autre part, voici l'annotation du Gou-
verneur général lui-même, M. Carde :
« Il faut en pareille matière agir avec
« prudence. Comme le fait remarquer M. le
« Secrétaire général, nous sommes en pays
« neuf.
« Est-il bien démontré d'ailleurs qu'il y a
« crise ou plutôt baisse des salaires qui
« avaient atteint pendant le centenaire des
m plafonds exorbitants.
a En fait, il y a encore de nombreux tra-
it vaux en perspective suffisants pour absor-
« ber les disponibilités de main-d'œuvre. »
Tl est bien entendu pour M. le Gouverneur
général, ainsi que son ooadjuteur, que l'Al-
gérie n'est pas un pays de production plétho-
rique, ni en blé, ni en vin, ni en minerai,
qu'elle peut facilement absorber toute la
main-d'œuvre disponihlc,c'est un pays de co-
cagne dans un monde bouleversé. Çeci nous
autorisera à déclarer avec autorité à la tri-
bune du Parlement que certaines revendica-
tions des producteurs algériens sont exagé-
rées devant la dépense des producteurs mé-
tropolitains. Si nous ne le faisons pas per-
sonnellement, nul doute que les représentants
des viticulteurs du Midi et des céréaliculteurs
de la Beauce ne le fassent en notre lieu et
place.
'1",..;. x i._ j? A î É r.» • * t-
LlC tuute Iaçon Algériens et r rançais ae la
Métropole seront unanimes à penser que vrai-
ment l'état d'esprit du Gouvernement gé-
néral l'entraîne à faire des déclarations qui
nuisent même aux intérêts égoïstes qu'il veut
sauvegarder à tout prix.
M. Chautemps, grand maître des destinées
de l'Algérie, devra dire si oui ou non M.
Carde exprime bien la pensée du gouverne-
ment actuel en matière sociale et si entre
Dakar et Alger, ne doit exister nulle diffé-
rence de concept administratif.
a.or. Nouelle,
Député de Saône-et-Loire.
Vice-président de la commission de
l'Algérie, des colonies et protectorats,
Vice-président de la commission des
Mines.
) «M*M (
Les élections
au Conseil Supérieur des Colonies
«♦«
S&SOND TOUR
Soudan et Haute-Volta
Inscrits 1.135
Votants 606
Suffrages attribués 596
Ont obtenu :
MM. Proust 400 voix.
lia rve t 194-
Côte d'Ivoire
Ont obtenu :
(Chiffres provisoires)
MM. Delmont 459 voix.
Auriol , 333-
Nouvelle Galédonie
M. ~r<-A<~)t~
Tonkin
MM. Marius Borel 752 voix. ELU
Wilkin ,. 673
Martin \-. 111
) ( ..,
L'élection sénatoriale
de la Martinique contestée
.t.
M. Lagrosillière a annoncé son intention
d'attaquer l'élection sénatoriale de son
concurrent, M. Lémery. Il reproche à celui-
ci divers faits de corruption et de diffam-
mation.
les producteurs algériens
de blé et d'orge
et le contingentement
Saisi par un télégramme de l'Association
des producteurs de blé d'Algérie des inquié-
tudes de ce groupement, M. Jacques Duroux,
sénateur d'Alger, s'est rendu hier matin au-
près de M. Gardey, ministre de l'Agricul-
ture.
Parlant en son nom personnel et au nom
de MM. Guastavino et Fiori, députés d'Al.
ger, le sénateur a fait connaître au ministre
qu'une augmentation du contingent d'impor-
tation des orges étrangères dont il a été par-
lé, causerait un préjudice réel aux produc.
teurs algériens de blé dur et d'orge.
Le ministre a pris note des arguments dé-
veloppés par M. Jacques Duroux, l'a vive-
ment remercié de sa communication et l'a as-
suré qu'il réservait toute son attention à
cette question.
) -+- (
Notre action au Maroc
1"
La pacification se poursuit
Dans le Grand Atlas, les soumissions
continuent ; le vieux repaire de brigandage
qui s'était installé dans ces parages loin-
tains et peu accessibles a maintenant cessé
d'exister. Du côté du territoire du Tadla, on
ne signale plus d'attaque d'isolés ; aucun
djich ne cherche à s'infiltrer chez nos sou-
mis.
Du côté des Tounfit et du plateau des
Lacs, on rencontre encore quelques coupeurs
de routes qui nous obligent à assurer une
police active dans cette région très acci-
dentée dont l'altitude moyenne est de 2.000
mètres, mais rien de grave ne s'est pro-
duit et il est probable que ce carrefour
redoutable sera purgé incessamment ; rap-
pelons que c'est de là que partaient
depuis de longues années toutes les ex-
péditions du banditisme qui venaient raz-
zier les troupeaux jusqu'à Midelt et au
Tadla.
Le beau temps qui a régné durant le mois
dernier a permis au commandement d'orga-
niser des postes sur l'ensemble du front ;
on peut donc attendre sans inquiétude le
printemps de 1933. D'ici là, d'ailleurs, les
officiers de renseignement auront agi et leur
œuvre de pénétration pacifique et d'appro-
visionnement se sera accentuée chez les Aïi
Moghrad et les Targhia de l'Atlas.
) ..a (
Des princes siamois en France
Les princes siamois Y. et A. Spasii, venant
de Penang qui sont arrivés à Marseille, à
bor du paquebot Ranchi sont à Paris.
Les stations océaniques
du Maroc
»»«
IJJ
E voudrais revenir
sur la question du
tourisme au Maroc
et farler des nom-
b r eus e s stations
0 c é a n i q ues du
Maghreb auxquel-
les MA Lucien
Saint s'intéresse tout particulièrement et à
juste titre.
Mazagan est une ville d'un caractère par-
ticulier qu'elle doit à ses murailles créne-
lées, aux portes monumentales surmontées
des écussons des rois de Portugal, à son
vieux château-fort, à son antique citerne de
tilus de mille mètrea carrés.
Ils admireront la magnifique plage de S.f-
ble fin qui, partant du port, se prolonge sur
plus d'un kilomètre, et, séduits par l'azur
de la mer, l'or du soleil et la douceur am-
biante, ils se décideront peut-être à séjour-
ner dans cette ville qui fut portugaise de
1502 à 1769, fut à peu près détruite à cette
époque après un long siège, reconstruite,
vers 1815, par Moulay Abd Er Rahmane,
mais n'a vraiment pris son essor que depuis
l'établissement du Protectorat français.
S'ils continuent leur voyage, ils gagne-
ront Safi par une promenade de 156 kilontè-
tres sur bonne route ou par une piste côtière
de 140 kilomètres, plus pittoresque, peut-
être, mais moins propice au roulement.
Là encore, existent des vestiges de l'occu-
pation portugaise, moins imposants toutefois
oue ceux de Mazacan.
O *
Pas de vaste plage, comme à Mazagan ;
la ville s'étage sur le versant du plateau ro-
cheux dont chaque palier offre sur la mer
d'admirables perspectives et sur le rivage,
des rochers pittoresques ménagent des bas-,
sitts propices au bain. De l'ensemble de la
cité et de ses environs se dégage un charme
qui avait séduit les consuls de France. Ils
en avaient fait leur résidence, avant de la
transporter à Salé. Vers 1767, leur maison
était occupée par le consul Chénier avec
deux petits garçons de cinq et quatre ans,
André et Joseph qui devaient illustrer le
nom familial. Ce souvenir ne sera pas sans
exercer son attrait sur le visiteur lettré.
Le climat de Safi procède de celui de Ma-
zagan dont il a toute la douceur.
Peut-être faudrait-il accorder sous ce rap-
port la prime à Mogador qu'un trajet de 165
kilomètres permettra de gagner par la route-
En effet, la température y est particulière-
ment clémente : elle varie entre 150 et 25°,
sous un ciel presque toujours pur.
Malheureusement, la ville construite sur
une presqu'île très peu élevée au-dessus de
la mer, est entourée de dunes dont les sa-
bles sont portés par les vents alizés jusque
dans les maisons.
Le lirémontier qui fixerait ces dunes par
des arbres ou des plantes idoines, rendrait à
Mogador un immense service.
Son climat est néanmoins apprécié par des
hiverneurs anglais et espagnols, tandis que
les Français ont jsemblé jusqu'ici l'ignorer.
C'est cependant un architecte français,
Cornut, originaire d'Avignon, qui en dressa
le plan au xvin8 siècle. Aussi, avec ses rues
rectilignes se coupant à angles droits, ses
maisons à étages, diffère-t-elle essentielle-
ment des autres villes dont nous avons par-
lé. Elle est même entourée de fortifications
du st vie VauhOlt.
Encore plus au sud, à 177 kilomètres de
distance, Agadir jouit aussi d'un climat dé-
licieux et d'un décor pittoresque. Sa rade
incurvée dont l'horizon n'est plus gâté par
la silhouette agressive du Panther, s'ouvre
sur une longue et belle plage. Mais la civi-
lisation européenne ne .'y est pas encore suf-
fisamment implantée pour que les hiver-
neurs y trouvent des installations à leur COll-
venance.
Ce que nous tenions à souligner, c'est que,
à trois journées de mer de Rordcaux, à qua-
tre de Marseille, que l'on peut même éviter
en traversant l'Espagne et en débarquant à
Tanger aprsè trois ou quatre heures de naii-
gation, les Français peuvent trouver, sur la
côte occidentale du Maroc, des stations hi-
vernales ou estivales ne le cédant à aucune
plage réputée pour la clémence de la tempé-
rature et la salubrité du climat.
Lucien G..parin,
Député de La Réunion.
Secrétaire de la commission de la
Marine marchande.
) (
A l'Académie des Sciences
-
Communications
M. Jacob a cité des observations de M. Cl i-
riond sur les mouvements géologiques primaires
dans le sud du Maroc, et une contribution de
M. Rivière, de l'Université de Téhéran, à
l'étude du palozoïque de l'Elbourg central.
< –-
L' Aramis" est parti
pour l'Extrême-Orient
Le paquebot Aramis, des Messageries ma-
ritimes, a effectué son premier départ pour
l'Extrême-Orient. Parmi les nombreux pas-
sagers qui. inaugurent ainsi la nouvelle unité
se trouvaient S. E. le Dedjaznatch Nessibon
Zamanuel, ministre de la Guerre d'Ethiopie ;
M. Chapon-Baissac, gouverneur de la Côte
des Somalis, le général Andlauer et des tou-
ristes se rendant en Indochine. La croisière
est organisée par le Touring Club de France.
Quelques décorés
de la promotion
de l'Exposition Coloniale
- 00
Parmi les nouveaux grands officiers de la
Légion d'honneur, nous avons tenu à félici-
ter tout spécialement l'aimable Gouverneur
général de l'Indochine M. Pierre Pasquier,
qui a réussi à doubler le cap d'une période
difficile en Annam, avec beaucoup de sou-
plesse et d'habileté.
Il est aujourd'hui à l'honneur, après avoir
été à la peine ; il méritait bien cette juste
récompense d'une vie de labeur consacrée en-
tièrement à l'Indochine. Nul mieux que lui
ne connaît dans le détail notre grande colo-
nie, nul ne jouit plus dans le milieu indo-
chinois d'une sympathie plus grande.
Nous tenons à le féliciter de cette plaque
de Grand-Officier dont il était particulière-
ment digne.
M. Victor Berti, commissaire général ad-
joint à l'Exposition Coloniale de 1931, est
promu au grade de Commandeur de la Lé-
gion d'honneur.
Il a débuté dans la vie par la carrière di-
plomatique et fut décoré, lui civil, au titre
militaire, chevalier de la Légion d'honneur
à Casablanca, au moment du débarquement
des troupes françaises, pour sa brillante
conduite.
Depuis cette date, il a fait toute sa carrière
au Maroc ; il fut l'homme de confiance et
d'organisation aux côtés du maréchal Lyau.
tey. C'est lui qui organisait les foires au
Maroc pendant la guerre ; aussi, le maréchal
Lyautey a eu raison de l'appeler près de lui
au moment de l'Exposition de Vincennes
comme Commissaire général adjoint; il fut
le véritable animateur de la Cité des Infor-
mations où il a fait preuve, dans ce poste,
de rares qualités de méthode, d'intelligence
et d'habileté. Nous lui adressons nos bien
cordiales félicitations.
M. Perdrizet, administrateur en chef des
Colonies en retraite, chevalier de la Légion
d'honneur, depuis le 24 juillet 1912, reçoit
bien tardivement la rosette, récompense des
services qu'il a rendus à la France dans l'or..
ganisation de l'Afrique Equatoriale fran-
çaise.
M. Maxime Cats est un métropolitain qui
s'est beaucoup intéressé aux affaires colonia-
les et plus spécialement au Maroc ; il y a
réalisé d'importants projets ; nous sommes
beureux de voir récompensé le fruit de ses
travaux par le ruban touge.
M. R.
> {
1m alssloi Uaiçaise
pour l'Angola et le MoiambHue
l'-
Une mission française d'ethnographes,
d'écrivains, de journalistes et de cinéastes
va partir de Lisbonne pour un grand voyage
d'étude aux riches possessions du Portugal
en Afrique Occidentale et en Afrique Orien-
tale.
Cette missions transafricaine, dite « Ango-
la-Mozambique », comprend parmi ses mem-
bres : le baron Christian de Caters, ingé-
nieur des arts et manufactures ; l'explora-
teur Robert Chauvelot, professeur d'ethno-
graphie au collèges des sciences sociales de
Paris ; le peintre Georges Scott, le roman-
cier André Armandy, M. G.-A. Oubert, un
cinéaste et un opérateur de cinéma.
Conduite par M. Guerra Maio, secrétaire
de la Chambre de commerce portugaise de
Paris, la mission fera d'abord escale à l'île
de San-Tomé et traversera de part en part
le territoire de l'Angola, de Lobito à Dilo-
lo ; puis, bifurquent à travers les forêts du
Katanga (Congo belge) et du Zambèze (Rho-
désie britannique), elle gagnera, par Li-
vingstone et Bulawayo, le port de Beïra. De
là, elle visitera toute la colonie portugaise
du Mozambique avant d'aboutir à Lourenço-
M arquez.
) - .- - (
Le lancement de l' ceEI Mansour"
>» t
Samedi, à La. Seyne, a. eu lieu le lance-
ment du paquebot Hl M allsollr, destiné au
service des lignes d'Algérie.
Le paquebot mesure une longueur de
121 m. 70, une largeur de 16 met. 30 ; le
creux du pont supérieur a 8 met. 30 ; port en
lourd au franc bord du bureau Véritas, 1.400
tonnes.
L'avant du navire est de forme dite « en
bulbe », qui permet d'obtenir une augmen-
tation de vitesse sur les formes habituelles.
Les aménagements permettent l'embarque-
ment de quatre passagers de luxe; 17 passa.
gers de priorité j 90 passagers de première
classe; 142 passagers de deuxième classe :
126 passagers de troisième classe, soit au to.
tal 379 passagers.
Les autorités maritimes, militaires et ci-
viles assistaient au lancement. La bénédic-
tion a été donnée au bateau par Mgr Si-
meone, évêque de Fréjus et de Toulon.
Le vicé-amiral Robert, commandant en
chef de la première escadre ; le vice-amiral
Pirot, commandant en chef de la 30 région
maritime ; les maires de Marseille, Toulon
et de La Seyne ; les ingénieurs en chef de
l'arsenal de Toulon et des ateliers de La
Seyne étaient présents à la cérémonie ; un
banquet a réuni les invités.
Ce paquebot appartient à la Compagnie
de navigation mixte.
LIRE EN SECONDE PAGE :
La réorganisation do la Compagnie Géné-
rale Transatlantique.
L'Aviation coloniale.
Répertoire de l'Officiel.
A l'Officiel.
Nos dépéches de l'Afrique du Nord.
A l'Académie des Sciences coloniales.
Gouverneurs et Résidents
généraux
»♦»
Il est n' 1 du « bled »
Il est nécessaire qu'une voix du « bled »
fasse écho à l'article de M. Georges Noue lle,
député de Saône-et-Loire, paru dans les Anna-
les Coloniales du 8 octobre, sur la question des
incompatibilités parlementaires.
En demandant, pour les raisons qu'il indique,
l' abrogation de l'art. 88 de la loi des Finances
du 31 décembre 1929 qui interdit le cumul
d'un mandat parlementaire avec les fonctions
de Gouverneur d'une colonie, M. 'Nouel le ré-
pond à un vœu de la majorité des coloniaux.
Et, ajoutons tout de suite, à un vœu des pays
de protectorat ou sous mandat, dont M. Nouelle
n'a point parlé, mais auxquels ses arguments
s'appliquent parfaitement.
Tout le monde est d'accord pour reconnaître
qu'un gouverneur ou un résident général, à la
tête du pays qu'il administre, doit faire preuve
de qualités éminentes, voire exceptionnelles.
Ces qualités sont rarement le fait d'une forma-
tion administrative et bureaucratique. Il y a eu,
certes, des préfets de la République qui ont
fait des gouverneurs ou des résidents généraux
remarquables. Mais on les compte. C'est sou-
vent le contraire qui se produit. Or, une colo-
nie ou un pays de protectorat ne peut guère
supporter ces sortes d'inter-règnes, ces éclipses
plus ou moins courtes. Il y faut en permanence
des hommes de premier plan.
Les pays qu'il s'agit de gouverner ne pos-
sèdent pas des traditions administratives qui
arrivent, par l' effet de la vitesse acquise, à sup-
pléer à la carence du chef. Pays neufs dans le
plan de la civilisation moderne, leurs besoins
sont immenses, leurs ressources doivent être
développées suivant un rythme accéléré, afin
qu'il y ait synchronisme entre les besoins et les
moyens de les satisfaire. De plus, l'état d'es-
• 1 » • i>/ft *ia - 1
prit des populations ditîère sensiblement de ce
qu'on est habitué de voir dans la Métropole.
D'une part, les Européens qui constituent l'élé-
ment colonisateur sont des hommes d' esprit
jeunes, actifs, énergiques, des réalisateurs, dont
il faut parfois freiner les appétits en fonction de
l'intérêt général. D'autre part, une population
indigène mise en contact permanent avec des
formes de civilisation, où prédominent les idées
de bien-être et de liberté, est travaillée par des
aspirations légitimes de justice sociale et poli-
tique, auxquelles il faut trouver une issue dans
le cadre de la colonisation, pour la propre jus-
tification de celle-ci.
On comprend que, dans ces conditions, gou-
verner exige l' application d'une intelligence so-
lide et pénétrante, un sens politique aiguisé et
une volonté de réalisation appelée à être une
volonté de fer quand elle doit s'exercer à l'en-
contre des routines administratives du milieu
colonial lui-même ou à l'encontre de l' omnipo-
tence jalouse des Bureaux de Paris. Un gou-
verneur ou un résident général a trop souvent
l'occasion de décider sur place, de faire acte
d'autorité, de prendre des initiatives dans le
domaine économique et social. S'il se croit
obligé, avant de décider et d'exécuter, d'en ré-
férer chaque fois en haut lieu, le pays qu'il
administre a quelque chance de se trouver dans
une situation périlleuse ou de manquer de
moyens - de propulsion ou - de développement.
EU l'homme qui gouverne doit aussi jouir
d'une certaine autorité auprès du Parlement et
avoir l' oreille des grandes commissions de la
Chambre et du Sénat, auprès desquelles ses
interventions auront d'autant plus de chance
d'être efficaces quand il s'agit de faire prévaloir
les intérêts économiques de la colonie ou du
protectorat qu'il représente.
Parmi les hommes de valeur que compte le
Parlement, il en est qui remplissent à un degré
éminent les conditions requises pour faire un
gouverneur ou un résident général. Nous ne di-
sons pas que la désignation d'un parlementaire
doive devenir la règle générale et permanente ;
mais à l' occasion et dans les circonstances ac-
.- -
tuelles, il convient a la France de faire appel
à des hommes capables d'insuffler un esprit nou-
veau à de vieilles choses, de savoir rompre au
besoin avec des formes d'administration routi-
nières et peureuses, et surtout de faire apparaî-
tre dans les pays d'outre-mer le véritable visage
de la France républicaine.
Arthur Pellegrin.
Délégué au Griwd Conseil de la Tunisie
Dépêches de l'Indochine
"'eo
Au Conseil français des Intérêts
économiques et financiers d'Annam
Le Consi'il, fiaiieais des intérêts écoHomi-
ques et financiers de l'Annam s'est réuni à
Hué pour la session ordinaire de 19&J, ainsi-
que les Aimiiles Coloniales l'onl annoncé
samedi dernier.
Dans le discours d'ouverture, le llésident
Supérieur Chlltda déclaré que, malgré les
grandes difficultés financières actuelles, on
peut préuoir que le budget local de t'exerci-
ce en cours, jirdce à la prudence avec la-
quelle les prévisions ont été établies, se clli-
turera sans déficit.
Exposant ensuite l'état des grands tra-
vaux hydrauliques, agricoles et ferroviaires
en cours exécutés sur les fanas de l'em-
prunt, il montra tout l'allégement que ces
travaux apjiortcnt aux effets de la crise sur
les populations indigènes par la distribu-
lion de sommes importantes sous forme de
salaires. l'a ce qui concerna la situation po-
litique, le Résident Supérieur a fait ressor-
tir l'apaisement constaté l'an dernier qui
s'est maintenu sans jncidmt. Il ojollta: « le
retuiir de S. \f. Uao-Dai dans ses Etl'accueil qui lui (t été fait par tous, la fa-
veur dont elle jouit dès ff' aébut de son rè-
gne aussi bien dans l'opinion française que
dans l'opinion annamite nous sont d'une ai-
de efficace dans l'avivre, du maintien de
l'ordre ei de la tranquilité. »
UN PEU D'HISTOIRE VRAIE
Coup d' œil sur le retour
de l'empereur Bao-Daï
"b -
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER.)
Visites et contre-visites
Une nuit vient de passer. Cette journéo
du y septembre, qui doit être consacrée aux
visites officielles, commenta de bonne heure
dans la matinée par la réception à la gare,
du Gouverneur général. M. Pasquier, en
effet, qui arrive du Sud, a couché 1a nuit
dernière à Tourane et a pris le train de bon
matin. Celui-ci fait son entrée suivant les
rites habituels ; personnalités diverses sur le
quai, sourires, congratulations, Marseillaise,
long cortège d'automobiles, et finalement dis-
location.
Il l'ait relativement frais, un peu plus tard
le long de la Rivière des Parfums délicate-
ment opalisée. Flâneur, je muse à tous
vents, songeant à ces complications du pro-
tocole qui exige que, cet après-midi, le jeune
empereur liao-Dai doit effectuer la première
visite au Gouverneur général, l'Annam ne
composant qu'une partie dans ce tout qu'est
l'Union indochinoise. Cet après-midi seule-
ment. Mais quelles sont donc ces voitures
qui dévalent rapidement ? La première est
celle de la Sûreté, je la reconnais. Et dans
la deuxième, celle de l' Empereur, n'ai-je
pas la surprise d'apercevoir en un rapide
coup d'ail l'Empereur lui-même et le Gou-
verneur général? Je commence à compren-
dre. Les visites officielles de l'après-midi se-
ront pour le communiqué. Que vient-il de se
passer, d'où arrivent les voitures ?
Renseignements pris, liao-Dai vient, dès
les premières heures de cette journée, de
commencer à bousculer le protocole. Sorti de
bonne heure du palais, il s'est rendu en une
course rapide en automobile au tombeau de
son père jKhai-Dinh, puis il est revenu dé-
placement qui stupéha par sa rapidité son
entourage de la Cour, stupéfaction augmen-
tée du fait que l'empereur, en arrivant au
tombeau, avait refusé je ne quel pousse ri-
tuel en bois doré dans lequel il eût dû nor-
malement faire le tour du tombeau et s 'était
contenté beaucoup plus simplement d'en gra.
vir les degrés.
Vers onze heures enfin, M. l'asquier et lui
se sont rencontrés, suivant son vœu égale-
ment, parait-il. Et tous deux, à l'instant où
je les ai aperçus, revenaient d'une visite ef-
fectuée chez le Régent de l'Empire, Tôn-
thàt-Hàn, lequel, cloué au lit par une grave
maladie, n'avait pu jusqu'ici et ne pourra
d'ailleurs dans la suite, participer aux cé-
rémonies. Cette visite, parait-il, avait été fort
émouvante, le Régent, une @ réellement très
noble figure, touché jusqu'aux larmes par
cet acte de piété filiale, si conforme aux tra-
ditions annamites, mais si extraordinaire de
la part d'un empereur d'Annam.
Quoi qu'il en soit, ces petits impromptus
commencent à faire dans la ville la meil-
leure impression. L'enipereui, murmure-t-on,
sera à la fois un souverain traditionnel et
moderne ; le tout est de réussir toujours une
exacte conjugaison de l'un et de l'autre.
Que dire des visites? A trois heures, Bao-
Dat arrive à la Résidence supérieure suivi
de quelques ministres. Toujours des soldats,
toujours des hymnes. Et puis, dans le grand
salon de réception, il prend place ayant à sa
droite le Gouverneur général, à sa gauche le
Résident supérieur en Annam, M. l'halel.
Présentations des grands chefs de servica
par le Gouverneur général, qui viennent
tour à tour s'incliner devant S. M. ; champa-
gne et biscuits comme d'usage, l'empereur
lève sa coupe à la ronde avec inhniment d'ai-
sance et toujours ce charmant sourire qui
lui retrousse légèrement le coin des li vres.
A cinq heures, même cérémonie mais dans
l'autre son-. C'est le cortège gubernatorial,
qui, cette fois-ci, toujours précédé des petits
cavaliers rouges de la garde, s'engage dans
le palais. A l'orée du vestibule, la musiqua
royale, vêtue de bleu clair et de jaune, ar-
rête le. cortège en exécutant à son tour les
hymnes, Le coup d'œil e-t à ce moment-là
très joli. Sur le seuil du palais Càn-Chanh,
l'empereur tout en or, entouré de se- minis-
tres en robes bleues ou aubergine, avec au
milieu d'eux les hautes stries pourpre des
colonnes qui soutiennent le palais. Leur fai-
sant exactement vis-à-vis, et comme eux
frappé d'immobilité aux sons des hymnes) le
Gouverneur général, le Résident supérieur
et d'autres pCbunnalités, avec leurs unifor-
mes bigarrés. Je regrette de ne pas 111e trou-
ver avec les linhs qui font la haie dans la
cour qui sépare le palais Càn-Chanh du ves-
tibule : ceux-ci .-ont au centre du spectacle
et, tournant alternativement, la tète vers l'un
ou l'autre des cortèges, profitent le mieux de
la situation. Mais les instruments cessent de
jouer et le Gouverneur général a vite fait do
traverser ensuite la Cour pour rejoindre
l'empereur.
Sur les mêmes fauteuils rouges qu'hier,
chacun s'est de nouveau assis. Le même pro-
tocole se déroule. Vraiment que ces trois
énormes femmes nues, ou à peu près, de cui-
vre qui soutiennent je ne sais quelle aflfreuse
pendule qui se trouve placée derrière l'em-
IJCrcur, sont vilaines à voir : parmi tous les
cadeaux de Louis-Philippe ou de Napo-
léon 111 qui encombrent cette salle, si anti-
harmonieusement mêlés à certaines merveil-
les de l'art annamite, je teur donnerai volon-
tiers la palme! Conversations entre, les auto-
rités. On entend la voix légèrement rauque
de liai, le premier ministre, qui ne sait pas
parler bas et lit toujours très haut. Enfin la
séparation qui permet, après les serrements
de mains et le trajet en voiture, d'aller dé-
poser uniformes et habits.
Feu les grands lays
Une autre nuit encore à passer. Quand jes
dis passer, pas tout, à fait, car, naturelle-
ment, on a bavarde"' ou dan<é tard. 11 a fallu
se lever à cinq heures, iar la c érémonie des
grands lays, prévue pour aujo\1rdh 'ui, -e dé-
roule toujours de très bonne heure, à l'aube
même théoriquement.
Las, la théorie n'est plus que souvenir.
Non seulement les six coups de six heures
du matin ont remplacé rauhr, mais le cor-
tège gubernatorial arrive au palais pour ap"
OUIIIIL ^QUOTIDIEH
Rédaction & Administration :
14, im « WMHMtf
PARIS ne,)
TftLtPH. 1 LOUVRL1I-37
» RICHELIEU 87-54
Les Annales Coloniales
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Colonie» 180 » 100 » 50 »
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L'application des lois
sociales en Algérie
Parmi les lois sociales qui font le plus
honneur à notre troisième République, il
faut citer la loi de huit heures et la loi des
Assurances sociales. Certes, leur application
dans la Métropole s'est heurtée à des résis-
tances considérables qui ne sont pas toutes
définitivement surmontées. Il existe encore,
très puissants en certains points, des mou-
vements de protestation contre ces conquêtes
dont le monde du travail se réjouit. La prin-
cipale çritique qui leur est faite, c'est qu'el-
les alourdissent le prix de revient de notre
production nationale, qu'elles l'handicapent
devant la production étrangère.
Ce n'est pas dans le cadre de ce journal
qu'il peut nous appartenir de répondre à pa-
reilles critiques, dont l'expérience des no-
tions industrielles a d'ailleurs fait justice.
Mais, il nous appartient cependant, sur le
plan colonial, d examiner s'il existe des rai-
sons majeures pour que le bénéfice de ces
lois ne soit pas accordé sans plus tarder à
nQs possessions d'outre-mer les plus évoluées.
Or, la plus évoluée de ces possessions est,
sans contredit, l'Algérie. L'Algérie est, en
effet, plus qu'une colonie, c'est un prolon-
gement de la Métropole, c'est un territoire
formé de trois départements français. Ce
territoire, peuplé d'un million de citoyens,
de 4 ou 5 millions d'indigènes, constitue du
point de vue impérial et du point de vue
économique un facteur important, très im-
portant, de la prépondérance de la France
dans le monde.
Mais, il est indéniable que de même qu'il
existe entre certaines provinces françaises
des antagonismes sociaux et économiques, il
serait vain de nier, qu'entre l'Algérie et la
France métropolitaine, nulle rivalité n'existe.
Les céréales, les vins algériens constituent
ou peuvent constituer demain une concur-
rence dangereuse pour notre production con-
tinentale. Il en est de même pour la produc-
tion minière et pour après-demain certaines
production!i industrielles. Or, pour que cette
rivalité ne se traduise pas par des conflits
aigus ou violents, il faut avant tout qu'il y
ait égalité des charges en Algérie et en Fran-
ce dans le domaine de la production, qu'il y
ait les mêmes charges sociales qui pèsent sur
la production algérienne et sur la production
métropolitaine. Les prix de revient doivent
être comparables.
En est-il ainsi si la loi de huit heures, si
la loi des Assurances sociales, si les lois mi-
nières ne jouent pas à plein d'un côté com-
me de l'autre de la Méditerranée, si les sa-
laires ne sont pas équivalents, compte tenu
du rendement. Evidemment non 1
Ainsi donc sur le plan économique ne pas
admettre pour l'Algérie, simple prolongement
de la France, les mêmes charges sociales que
pour la Métropole, c'est fatalement susciter
entre les deux rives de. la Méditerranée une
hostilité du plus mauvais a loi. C'est par con-
séquent aller à l'encontre des intérêts géné-
raux du pays, c'est faire preuve d'un esprit
politique étroit et borné. Ne parlons pas, si
vous voulez, de l'aspect purement humain du
problème.
Il semblerait, par conséquent, que ceux à
qui la République a confié les destinées de
1 Algérie devraient s'appliquer à favoriser
là, l'application des lois sociales votées par
le Parlement. Il semblerait qu'au Gouver-
nement général il devrait régner un état d'es-
prit propre à encourager toute initiative
s'exerçant dans cé sens. Hélas, il semble
qu'il en soit autrement.
Nous avons déjà signalé combien nous pa-
raissait regrettable la suppression de la Di-
rection du Travail et de la Prévoyance So-
ciale, combien nous paraissait fâcheusement
inspirée une pareille mesure. Le mal est plus
grave que nous ne le pensions, à ce moment.
En effet, nous avons sous les yeux un cer-
tain nombre de projets et décrets qui furent,
il y a plus d'un an, présentés à l'approba-
tion du Gouvernement général, et qui avaient
été préparés en vue de l'application de la loi
de huit heures à divers commerces ou indus-
tries. Quelles réponses furent faites à ceux
qui présentèrent les dits projets. Les voici :
« Le Service demande l'application de huit
« heures en Algérie.
« Je n'ai pas qualité pour apprécier si
a cette mesure est opportune. Mais il ne fau-
« drait pas que la Direction pour justifier
« cette partie de ses attributions s'employât
a à proposer l'application en Algérie pays
« neuf .- d'une législation qui trouve son
« emploi légitime en pays ancien de produc-
« tion pléthorique. » - - - -
D autre part, voici l'annotation du Gou-
verneur général lui-même, M. Carde :
« Il faut en pareille matière agir avec
« prudence. Comme le fait remarquer M. le
« Secrétaire général, nous sommes en pays
« neuf.
« Est-il bien démontré d'ailleurs qu'il y a
« crise ou plutôt baisse des salaires qui
« avaient atteint pendant le centenaire des
m plafonds exorbitants.
a En fait, il y a encore de nombreux tra-
it vaux en perspective suffisants pour absor-
« ber les disponibilités de main-d'œuvre. »
Tl est bien entendu pour M. le Gouverneur
général, ainsi que son ooadjuteur, que l'Al-
gérie n'est pas un pays de production plétho-
rique, ni en blé, ni en vin, ni en minerai,
qu'elle peut facilement absorber toute la
main-d'œuvre disponihlc,c'est un pays de co-
cagne dans un monde bouleversé. Çeci nous
autorisera à déclarer avec autorité à la tri-
bune du Parlement que certaines revendica-
tions des producteurs algériens sont exagé-
rées devant la dépense des producteurs mé-
tropolitains. Si nous ne le faisons pas per-
sonnellement, nul doute que les représentants
des viticulteurs du Midi et des céréaliculteurs
de la Beauce ne le fassent en notre lieu et
place.
'1",..;. x i._ j? A î É r.» • * t-
LlC tuute Iaçon Algériens et r rançais ae la
Métropole seront unanimes à penser que vrai-
ment l'état d'esprit du Gouvernement gé-
néral l'entraîne à faire des déclarations qui
nuisent même aux intérêts égoïstes qu'il veut
sauvegarder à tout prix.
M. Chautemps, grand maître des destinées
de l'Algérie, devra dire si oui ou non M.
Carde exprime bien la pensée du gouverne-
ment actuel en matière sociale et si entre
Dakar et Alger, ne doit exister nulle diffé-
rence de concept administratif.
a.or. Nouelle,
Député de Saône-et-Loire.
Vice-président de la commission de
l'Algérie, des colonies et protectorats,
Vice-président de la commission des
Mines.
) «M*M (
Les élections
au Conseil Supérieur des Colonies
«♦«
S&SOND TOUR
Soudan et Haute-Volta
Inscrits 1.135
Votants 606
Suffrages attribués 596
Ont obtenu :
MM. Proust 400 voix.
lia rve t 194-
Côte d'Ivoire
Ont obtenu :
(Chiffres provisoires)
MM. Delmont 459 voix.
Auriol , 333-
Nouvelle Galédonie
M. ~r<-A<~)t~
Tonkin
MM. Marius Borel 752 voix. ELU
Wilkin ,. 673
Martin \-. 111
) ( ..,
L'élection sénatoriale
de la Martinique contestée
.t.
M. Lagrosillière a annoncé son intention
d'attaquer l'élection sénatoriale de son
concurrent, M. Lémery. Il reproche à celui-
ci divers faits de corruption et de diffam-
mation.
les producteurs algériens
de blé et d'orge
et le contingentement
Saisi par un télégramme de l'Association
des producteurs de blé d'Algérie des inquié-
tudes de ce groupement, M. Jacques Duroux,
sénateur d'Alger, s'est rendu hier matin au-
près de M. Gardey, ministre de l'Agricul-
ture.
Parlant en son nom personnel et au nom
de MM. Guastavino et Fiori, députés d'Al.
ger, le sénateur a fait connaître au ministre
qu'une augmentation du contingent d'impor-
tation des orges étrangères dont il a été par-
lé, causerait un préjudice réel aux produc.
teurs algériens de blé dur et d'orge.
Le ministre a pris note des arguments dé-
veloppés par M. Jacques Duroux, l'a vive-
ment remercié de sa communication et l'a as-
suré qu'il réservait toute son attention à
cette question.
) -+- (
Notre action au Maroc
1"
La pacification se poursuit
Dans le Grand Atlas, les soumissions
continuent ; le vieux repaire de brigandage
qui s'était installé dans ces parages loin-
tains et peu accessibles a maintenant cessé
d'exister. Du côté du territoire du Tadla, on
ne signale plus d'attaque d'isolés ; aucun
djich ne cherche à s'infiltrer chez nos sou-
mis.
Du côté des Tounfit et du plateau des
Lacs, on rencontre encore quelques coupeurs
de routes qui nous obligent à assurer une
police active dans cette région très acci-
dentée dont l'altitude moyenne est de 2.000
mètres, mais rien de grave ne s'est pro-
duit et il est probable que ce carrefour
redoutable sera purgé incessamment ; rap-
pelons que c'est de là que partaient
depuis de longues années toutes les ex-
péditions du banditisme qui venaient raz-
zier les troupeaux jusqu'à Midelt et au
Tadla.
Le beau temps qui a régné durant le mois
dernier a permis au commandement d'orga-
niser des postes sur l'ensemble du front ;
on peut donc attendre sans inquiétude le
printemps de 1933. D'ici là, d'ailleurs, les
officiers de renseignement auront agi et leur
œuvre de pénétration pacifique et d'appro-
visionnement se sera accentuée chez les Aïi
Moghrad et les Targhia de l'Atlas.
) ..a (
Des princes siamois en France
Les princes siamois Y. et A. Spasii, venant
de Penang qui sont arrivés à Marseille, à
bor du paquebot Ranchi sont à Paris.
Les stations océaniques
du Maroc
»»«
IJJ
E voudrais revenir
sur la question du
tourisme au Maroc
et farler des nom-
b r eus e s stations
0 c é a n i q ues du
Maghreb auxquel-
les MA Lucien
Saint s'intéresse tout particulièrement et à
juste titre.
Mazagan est une ville d'un caractère par-
ticulier qu'elle doit à ses murailles créne-
lées, aux portes monumentales surmontées
des écussons des rois de Portugal, à son
vieux château-fort, à son antique citerne de
tilus de mille mètrea carrés.
Ils admireront la magnifique plage de S.f-
ble fin qui, partant du port, se prolonge sur
plus d'un kilomètre, et, séduits par l'azur
de la mer, l'or du soleil et la douceur am-
biante, ils se décideront peut-être à séjour-
ner dans cette ville qui fut portugaise de
1502 à 1769, fut à peu près détruite à cette
époque après un long siège, reconstruite,
vers 1815, par Moulay Abd Er Rahmane,
mais n'a vraiment pris son essor que depuis
l'établissement du Protectorat français.
S'ils continuent leur voyage, ils gagne-
ront Safi par une promenade de 156 kilontè-
tres sur bonne route ou par une piste côtière
de 140 kilomètres, plus pittoresque, peut-
être, mais moins propice au roulement.
Là encore, existent des vestiges de l'occu-
pation portugaise, moins imposants toutefois
oue ceux de Mazacan.
O *
Pas de vaste plage, comme à Mazagan ;
la ville s'étage sur le versant du plateau ro-
cheux dont chaque palier offre sur la mer
d'admirables perspectives et sur le rivage,
des rochers pittoresques ménagent des bas-,
sitts propices au bain. De l'ensemble de la
cité et de ses environs se dégage un charme
qui avait séduit les consuls de France. Ils
en avaient fait leur résidence, avant de la
transporter à Salé. Vers 1767, leur maison
était occupée par le consul Chénier avec
deux petits garçons de cinq et quatre ans,
André et Joseph qui devaient illustrer le
nom familial. Ce souvenir ne sera pas sans
exercer son attrait sur le visiteur lettré.
Le climat de Safi procède de celui de Ma-
zagan dont il a toute la douceur.
Peut-être faudrait-il accorder sous ce rap-
port la prime à Mogador qu'un trajet de 165
kilomètres permettra de gagner par la route-
En effet, la température y est particulière-
ment clémente : elle varie entre 150 et 25°,
sous un ciel presque toujours pur.
Malheureusement, la ville construite sur
une presqu'île très peu élevée au-dessus de
la mer, est entourée de dunes dont les sa-
bles sont portés par les vents alizés jusque
dans les maisons.
Le lirémontier qui fixerait ces dunes par
des arbres ou des plantes idoines, rendrait à
Mogador un immense service.
Son climat est néanmoins apprécié par des
hiverneurs anglais et espagnols, tandis que
les Français ont jsemblé jusqu'ici l'ignorer.
C'est cependant un architecte français,
Cornut, originaire d'Avignon, qui en dressa
le plan au xvin8 siècle. Aussi, avec ses rues
rectilignes se coupant à angles droits, ses
maisons à étages, diffère-t-elle essentielle-
ment des autres villes dont nous avons par-
lé. Elle est même entourée de fortifications
du st vie VauhOlt.
Encore plus au sud, à 177 kilomètres de
distance, Agadir jouit aussi d'un climat dé-
licieux et d'un décor pittoresque. Sa rade
incurvée dont l'horizon n'est plus gâté par
la silhouette agressive du Panther, s'ouvre
sur une longue et belle plage. Mais la civi-
lisation européenne ne .'y est pas encore suf-
fisamment implantée pour que les hiver-
neurs y trouvent des installations à leur COll-
venance.
Ce que nous tenions à souligner, c'est que,
à trois journées de mer de Rordcaux, à qua-
tre de Marseille, que l'on peut même éviter
en traversant l'Espagne et en débarquant à
Tanger aprsè trois ou quatre heures de naii-
gation, les Français peuvent trouver, sur la
côte occidentale du Maroc, des stations hi-
vernales ou estivales ne le cédant à aucune
plage réputée pour la clémence de la tempé-
rature et la salubrité du climat.
Lucien G..parin,
Député de La Réunion.
Secrétaire de la commission de la
Marine marchande.
) (
A l'Académie des Sciences
-
Communications
M. Jacob a cité des observations de M. Cl i-
riond sur les mouvements géologiques primaires
dans le sud du Maroc, et une contribution de
M. Rivière, de l'Université de Téhéran, à
l'étude du palozoïque de l'Elbourg central.
< –-
L' Aramis" est parti
pour l'Extrême-Orient
Le paquebot Aramis, des Messageries ma-
ritimes, a effectué son premier départ pour
l'Extrême-Orient. Parmi les nombreux pas-
sagers qui. inaugurent ainsi la nouvelle unité
se trouvaient S. E. le Dedjaznatch Nessibon
Zamanuel, ministre de la Guerre d'Ethiopie ;
M. Chapon-Baissac, gouverneur de la Côte
des Somalis, le général Andlauer et des tou-
ristes se rendant en Indochine. La croisière
est organisée par le Touring Club de France.
Quelques décorés
de la promotion
de l'Exposition Coloniale
- 00
Parmi les nouveaux grands officiers de la
Légion d'honneur, nous avons tenu à félici-
ter tout spécialement l'aimable Gouverneur
général de l'Indochine M. Pierre Pasquier,
qui a réussi à doubler le cap d'une période
difficile en Annam, avec beaucoup de sou-
plesse et d'habileté.
Il est aujourd'hui à l'honneur, après avoir
été à la peine ; il méritait bien cette juste
récompense d'une vie de labeur consacrée en-
tièrement à l'Indochine. Nul mieux que lui
ne connaît dans le détail notre grande colo-
nie, nul ne jouit plus dans le milieu indo-
chinois d'une sympathie plus grande.
Nous tenons à le féliciter de cette plaque
de Grand-Officier dont il était particulière-
ment digne.
M. Victor Berti, commissaire général ad-
joint à l'Exposition Coloniale de 1931, est
promu au grade de Commandeur de la Lé-
gion d'honneur.
Il a débuté dans la vie par la carrière di-
plomatique et fut décoré, lui civil, au titre
militaire, chevalier de la Légion d'honneur
à Casablanca, au moment du débarquement
des troupes françaises, pour sa brillante
conduite.
Depuis cette date, il a fait toute sa carrière
au Maroc ; il fut l'homme de confiance et
d'organisation aux côtés du maréchal Lyau.
tey. C'est lui qui organisait les foires au
Maroc pendant la guerre ; aussi, le maréchal
Lyautey a eu raison de l'appeler près de lui
au moment de l'Exposition de Vincennes
comme Commissaire général adjoint; il fut
le véritable animateur de la Cité des Infor-
mations où il a fait preuve, dans ce poste,
de rares qualités de méthode, d'intelligence
et d'habileté. Nous lui adressons nos bien
cordiales félicitations.
M. Perdrizet, administrateur en chef des
Colonies en retraite, chevalier de la Légion
d'honneur, depuis le 24 juillet 1912, reçoit
bien tardivement la rosette, récompense des
services qu'il a rendus à la France dans l'or..
ganisation de l'Afrique Equatoriale fran-
çaise.
M. Maxime Cats est un métropolitain qui
s'est beaucoup intéressé aux affaires colonia-
les et plus spécialement au Maroc ; il y a
réalisé d'importants projets ; nous sommes
beureux de voir récompensé le fruit de ses
travaux par le ruban touge.
M. R.
> {
1m alssloi Uaiçaise
pour l'Angola et le MoiambHue
l'-
Une mission française d'ethnographes,
d'écrivains, de journalistes et de cinéastes
va partir de Lisbonne pour un grand voyage
d'étude aux riches possessions du Portugal
en Afrique Occidentale et en Afrique Orien-
tale.
Cette missions transafricaine, dite « Ango-
la-Mozambique », comprend parmi ses mem-
bres : le baron Christian de Caters, ingé-
nieur des arts et manufactures ; l'explora-
teur Robert Chauvelot, professeur d'ethno-
graphie au collèges des sciences sociales de
Paris ; le peintre Georges Scott, le roman-
cier André Armandy, M. G.-A. Oubert, un
cinéaste et un opérateur de cinéma.
Conduite par M. Guerra Maio, secrétaire
de la Chambre de commerce portugaise de
Paris, la mission fera d'abord escale à l'île
de San-Tomé et traversera de part en part
le territoire de l'Angola, de Lobito à Dilo-
lo ; puis, bifurquent à travers les forêts du
Katanga (Congo belge) et du Zambèze (Rho-
désie britannique), elle gagnera, par Li-
vingstone et Bulawayo, le port de Beïra. De
là, elle visitera toute la colonie portugaise
du Mozambique avant d'aboutir à Lourenço-
M arquez.
) - .- - (
Le lancement de l' ceEI Mansour"
>» t
Samedi, à La. Seyne, a. eu lieu le lance-
ment du paquebot Hl M allsollr, destiné au
service des lignes d'Algérie.
Le paquebot mesure une longueur de
121 m. 70, une largeur de 16 met. 30 ; le
creux du pont supérieur a 8 met. 30 ; port en
lourd au franc bord du bureau Véritas, 1.400
tonnes.
L'avant du navire est de forme dite « en
bulbe », qui permet d'obtenir une augmen-
tation de vitesse sur les formes habituelles.
Les aménagements permettent l'embarque-
ment de quatre passagers de luxe; 17 passa.
gers de priorité j 90 passagers de première
classe; 142 passagers de deuxième classe :
126 passagers de troisième classe, soit au to.
tal 379 passagers.
Les autorités maritimes, militaires et ci-
viles assistaient au lancement. La bénédic-
tion a été donnée au bateau par Mgr Si-
meone, évêque de Fréjus et de Toulon.
Le vicé-amiral Robert, commandant en
chef de la première escadre ; le vice-amiral
Pirot, commandant en chef de la 30 région
maritime ; les maires de Marseille, Toulon
et de La Seyne ; les ingénieurs en chef de
l'arsenal de Toulon et des ateliers de La
Seyne étaient présents à la cérémonie ; un
banquet a réuni les invités.
Ce paquebot appartient à la Compagnie
de navigation mixte.
LIRE EN SECONDE PAGE :
La réorganisation do la Compagnie Géné-
rale Transatlantique.
L'Aviation coloniale.
Répertoire de l'Officiel.
A l'Officiel.
Nos dépéches de l'Afrique du Nord.
A l'Académie des Sciences coloniales.
Gouverneurs et Résidents
généraux
»♦»
Il est n' 1 du « bled »
Il est nécessaire qu'une voix du « bled »
fasse écho à l'article de M. Georges Noue lle,
député de Saône-et-Loire, paru dans les Anna-
les Coloniales du 8 octobre, sur la question des
incompatibilités parlementaires.
En demandant, pour les raisons qu'il indique,
l' abrogation de l'art. 88 de la loi des Finances
du 31 décembre 1929 qui interdit le cumul
d'un mandat parlementaire avec les fonctions
de Gouverneur d'une colonie, M. 'Nouel le ré-
pond à un vœu de la majorité des coloniaux.
Et, ajoutons tout de suite, à un vœu des pays
de protectorat ou sous mandat, dont M. Nouelle
n'a point parlé, mais auxquels ses arguments
s'appliquent parfaitement.
Tout le monde est d'accord pour reconnaître
qu'un gouverneur ou un résident général, à la
tête du pays qu'il administre, doit faire preuve
de qualités éminentes, voire exceptionnelles.
Ces qualités sont rarement le fait d'une forma-
tion administrative et bureaucratique. Il y a eu,
certes, des préfets de la République qui ont
fait des gouverneurs ou des résidents généraux
remarquables. Mais on les compte. C'est sou-
vent le contraire qui se produit. Or, une colo-
nie ou un pays de protectorat ne peut guère
supporter ces sortes d'inter-règnes, ces éclipses
plus ou moins courtes. Il y faut en permanence
des hommes de premier plan.
Les pays qu'il s'agit de gouverner ne pos-
sèdent pas des traditions administratives qui
arrivent, par l' effet de la vitesse acquise, à sup-
pléer à la carence du chef. Pays neufs dans le
plan de la civilisation moderne, leurs besoins
sont immenses, leurs ressources doivent être
développées suivant un rythme accéléré, afin
qu'il y ait synchronisme entre les besoins et les
moyens de les satisfaire. De plus, l'état d'es-
• 1 » • i>/ft *ia - 1
prit des populations ditîère sensiblement de ce
qu'on est habitué de voir dans la Métropole.
D'une part, les Européens qui constituent l'élé-
ment colonisateur sont des hommes d' esprit
jeunes, actifs, énergiques, des réalisateurs, dont
il faut parfois freiner les appétits en fonction de
l'intérêt général. D'autre part, une population
indigène mise en contact permanent avec des
formes de civilisation, où prédominent les idées
de bien-être et de liberté, est travaillée par des
aspirations légitimes de justice sociale et poli-
tique, auxquelles il faut trouver une issue dans
le cadre de la colonisation, pour la propre jus-
tification de celle-ci.
On comprend que, dans ces conditions, gou-
verner exige l' application d'une intelligence so-
lide et pénétrante, un sens politique aiguisé et
une volonté de réalisation appelée à être une
volonté de fer quand elle doit s'exercer à l'en-
contre des routines administratives du milieu
colonial lui-même ou à l'encontre de l' omnipo-
tence jalouse des Bureaux de Paris. Un gou-
verneur ou un résident général a trop souvent
l'occasion de décider sur place, de faire acte
d'autorité, de prendre des initiatives dans le
domaine économique et social. S'il se croit
obligé, avant de décider et d'exécuter, d'en ré-
férer chaque fois en haut lieu, le pays qu'il
administre a quelque chance de se trouver dans
une situation périlleuse ou de manquer de
moyens - de propulsion ou - de développement.
EU l'homme qui gouverne doit aussi jouir
d'une certaine autorité auprès du Parlement et
avoir l' oreille des grandes commissions de la
Chambre et du Sénat, auprès desquelles ses
interventions auront d'autant plus de chance
d'être efficaces quand il s'agit de faire prévaloir
les intérêts économiques de la colonie ou du
protectorat qu'il représente.
Parmi les hommes de valeur que compte le
Parlement, il en est qui remplissent à un degré
éminent les conditions requises pour faire un
gouverneur ou un résident général. Nous ne di-
sons pas que la désignation d'un parlementaire
doive devenir la règle générale et permanente ;
mais à l' occasion et dans les circonstances ac-
.- -
tuelles, il convient a la France de faire appel
à des hommes capables d'insuffler un esprit nou-
veau à de vieilles choses, de savoir rompre au
besoin avec des formes d'administration routi-
nières et peureuses, et surtout de faire apparaî-
tre dans les pays d'outre-mer le véritable visage
de la France républicaine.
Arthur Pellegrin.
Délégué au Griwd Conseil de la Tunisie
Dépêches de l'Indochine
"'eo
Au Conseil français des Intérêts
économiques et financiers d'Annam
Le Consi'il, fiaiieais des intérêts écoHomi-
ques et financiers de l'Annam s'est réuni à
Hué pour la session ordinaire de 19&J, ainsi-
que les Aimiiles Coloniales l'onl annoncé
samedi dernier.
Dans le discours d'ouverture, le llésident
Supérieur Chlltda déclaré que, malgré les
grandes difficultés financières actuelles, on
peut préuoir que le budget local de t'exerci-
ce en cours, jirdce à la prudence avec la-
quelle les prévisions ont été établies, se clli-
turera sans déficit.
Exposant ensuite l'état des grands tra-
vaux hydrauliques, agricoles et ferroviaires
en cours exécutés sur les fanas de l'em-
prunt, il montra tout l'allégement que ces
travaux apjiortcnt aux effets de la crise sur
les populations indigènes par la distribu-
lion de sommes importantes sous forme de
salaires. l'a ce qui concerna la situation po-
litique, le Résident Supérieur a fait ressor-
tir l'apaisement constaté l'an dernier qui
s'est maintenu sans jncidmt. Il ojollta: « le
retuiir de S. \f. Uao-Dai dans ses Et
veur dont elle jouit dès ff' aébut de son rè-
gne aussi bien dans l'opinion française que
dans l'opinion annamite nous sont d'une ai-
de efficace dans l'avivre, du maintien de
l'ordre ei de la tranquilité. »
UN PEU D'HISTOIRE VRAIE
Coup d' œil sur le retour
de l'empereur Bao-Daï
"b -
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER.)
Visites et contre-visites
Une nuit vient de passer. Cette journéo
du y septembre, qui doit être consacrée aux
visites officielles, commenta de bonne heure
dans la matinée par la réception à la gare,
du Gouverneur général. M. Pasquier, en
effet, qui arrive du Sud, a couché 1a nuit
dernière à Tourane et a pris le train de bon
matin. Celui-ci fait son entrée suivant les
rites habituels ; personnalités diverses sur le
quai, sourires, congratulations, Marseillaise,
long cortège d'automobiles, et finalement dis-
location.
Il l'ait relativement frais, un peu plus tard
le long de la Rivière des Parfums délicate-
ment opalisée. Flâneur, je muse à tous
vents, songeant à ces complications du pro-
tocole qui exige que, cet après-midi, le jeune
empereur liao-Dai doit effectuer la première
visite au Gouverneur général, l'Annam ne
composant qu'une partie dans ce tout qu'est
l'Union indochinoise. Cet après-midi seule-
ment. Mais quelles sont donc ces voitures
qui dévalent rapidement ? La première est
celle de la Sûreté, je la reconnais. Et dans
la deuxième, celle de l' Empereur, n'ai-je
pas la surprise d'apercevoir en un rapide
coup d'ail l'Empereur lui-même et le Gou-
verneur général? Je commence à compren-
dre. Les visites officielles de l'après-midi se-
ront pour le communiqué. Que vient-il de se
passer, d'où arrivent les voitures ?
Renseignements pris, liao-Dai vient, dès
les premières heures de cette journée, de
commencer à bousculer le protocole. Sorti de
bonne heure du palais, il s'est rendu en une
course rapide en automobile au tombeau de
son père jKhai-Dinh, puis il est revenu dé-
placement qui stupéha par sa rapidité son
entourage de la Cour, stupéfaction augmen-
tée du fait que l'empereur, en arrivant au
tombeau, avait refusé je ne quel pousse ri-
tuel en bois doré dans lequel il eût dû nor-
malement faire le tour du tombeau et s 'était
contenté beaucoup plus simplement d'en gra.
vir les degrés.
Vers onze heures enfin, M. l'asquier et lui
se sont rencontrés, suivant son vœu égale-
ment, parait-il. Et tous deux, à l'instant où
je les ai aperçus, revenaient d'une visite ef-
fectuée chez le Régent de l'Empire, Tôn-
thàt-Hàn, lequel, cloué au lit par une grave
maladie, n'avait pu jusqu'ici et ne pourra
d'ailleurs dans la suite, participer aux cé-
rémonies. Cette visite, parait-il, avait été fort
émouvante, le Régent, une @ réellement très
noble figure, touché jusqu'aux larmes par
cet acte de piété filiale, si conforme aux tra-
ditions annamites, mais si extraordinaire de
la part d'un empereur d'Annam.
Quoi qu'il en soit, ces petits impromptus
commencent à faire dans la ville la meil-
leure impression. L'enipereui, murmure-t-on,
sera à la fois un souverain traditionnel et
moderne ; le tout est de réussir toujours une
exacte conjugaison de l'un et de l'autre.
Que dire des visites? A trois heures, Bao-
Dat arrive à la Résidence supérieure suivi
de quelques ministres. Toujours des soldats,
toujours des hymnes. Et puis, dans le grand
salon de réception, il prend place ayant à sa
droite le Gouverneur général, à sa gauche le
Résident supérieur en Annam, M. l'halel.
Présentations des grands chefs de servica
par le Gouverneur général, qui viennent
tour à tour s'incliner devant S. M. ; champa-
gne et biscuits comme d'usage, l'empereur
lève sa coupe à la ronde avec inhniment d'ai-
sance et toujours ce charmant sourire qui
lui retrousse légèrement le coin des li vres.
A cinq heures, même cérémonie mais dans
l'autre son-. C'est le cortège gubernatorial,
qui, cette fois-ci, toujours précédé des petits
cavaliers rouges de la garde, s'engage dans
le palais. A l'orée du vestibule, la musiqua
royale, vêtue de bleu clair et de jaune, ar-
rête le. cortège en exécutant à son tour les
hymnes, Le coup d'œil e-t à ce moment-là
très joli. Sur le seuil du palais Càn-Chanh,
l'empereur tout en or, entouré de se- minis-
tres en robes bleues ou aubergine, avec au
milieu d'eux les hautes stries pourpre des
colonnes qui soutiennent le palais. Leur fai-
sant exactement vis-à-vis, et comme eux
frappé d'immobilité aux sons des hymnes) le
Gouverneur général, le Résident supérieur
et d'autres pCbunnalités, avec leurs unifor-
mes bigarrés. Je regrette de ne pas 111e trou-
ver avec les linhs qui font la haie dans la
cour qui sépare le palais Càn-Chanh du ves-
tibule : ceux-ci .-ont au centre du spectacle
et, tournant alternativement, la tète vers l'un
ou l'autre des cortèges, profitent le mieux de
la situation. Mais les instruments cessent de
jouer et le Gouverneur général a vite fait do
traverser ensuite la Cour pour rejoindre
l'empereur.
Sur les mêmes fauteuils rouges qu'hier,
chacun s'est de nouveau assis. Le même pro-
tocole se déroule. Vraiment que ces trois
énormes femmes nues, ou à peu près, de cui-
vre qui soutiennent je ne sais quelle aflfreuse
pendule qui se trouve placée derrière l'em-
IJCrcur, sont vilaines à voir : parmi tous les
cadeaux de Louis-Philippe ou de Napo-
léon 111 qui encombrent cette salle, si anti-
harmonieusement mêlés à certaines merveil-
les de l'art annamite, je teur donnerai volon-
tiers la palme! Conversations entre, les auto-
rités. On entend la voix légèrement rauque
de liai, le premier ministre, qui ne sait pas
parler bas et lit toujours très haut. Enfin la
séparation qui permet, après les serrements
de mains et le trajet en voiture, d'aller dé-
poser uniformes et habits.
Feu les grands lays
Une autre nuit encore à passer. Quand jes
dis passer, pas tout, à fait, car, naturelle-
ment, on a bavarde"' ou dan<é tard. 11 a fallu
se lever à cinq heures, iar la c érémonie des
grands lays, prévue pour aujo\1rdh 'ui, -e dé-
roule toujours de très bonne heure, à l'aube
même théoriquement.
Las, la théorie n'est plus que souvenir.
Non seulement les six coups de six heures
du matin ont remplacé rauhr, mais le cor-
tège gubernatorial arrive au palais pour ap"
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