Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-08-11
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 août 1932 11 août 1932
Description : 1932/08/11 (A32,N84). 1932/08/11 (A32,N84).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63805085
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. N° 84.
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Les Annales Coloniales
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Allez au Darlac
c
Lors de notre établissement en Cochin-
chine en février 1959, ^puis en octobre 1793,
nous fûmes en .possession de vastes territoi-
res encore inexplorés. Quand, en 1904, le
Darlac fut rattaché à l'Annam, nous n'étions
pas encore bien avancés au point de vue
colonisation. En 1905, quatre ou cinq Euro
péens seulement peuplent le petit centre de
Buon-Kra dont l'aspect ne change qu'avec
les saisons.
La pacification du Darlac fut longue, en
effet, difficile, rebutante parfois, étant
donné le caractère de ces peuplades belli-.
queUses, superstitieuses, paresseuses, vivant
de vol, de pillage, d'une indépendance abso-
lue, ayant l'horreur du joug, quel qu'il soit,
et s'opposant naturellement à notre prise en
charge du sol qu'ils avaiçnt considéré de
tous temps comme leur propriété.
Nous ne connaissions pas non plus la lan-
gue des indigènes et nous avions peut-être
aussi trop de tendance à imposer nos habi-
tudes, notre genre de vie.
Le climat surtout était considéré comme
pénible à supporter, car, de mai à septem-
bre, il est malsain, anémiant, et' renC\ fié-
vreux les Européens et les indigènes (cepen-
dant d'octobre à mai il est très doux). On
disait que le sol était ingrat et que les res-
- sources du pays étaient nulles.
Malgré toutes les légendes répandues sur
le Darlae, nos résidents supérieurs et admi-
nistrateurs ont su. envisager et entreprendre
la mise en valeur du pays, malgré des res-
sources précaires et des crédita souvent déri-
soires.
Elle était possible, à condition d'appri-
voiser les diverses peuplades du Darlac et
de s'intéresser à-la-santé et à la vitalité de
la race en s'attaquant tpar une lutte métho-
dique. aux grands fléaux tels que le palu-
disme, les maladies vénériennes, la mortalité
infantile, les maladies épidémiques et para-
sitaires, etc., et' en protégeant la vie des
indigènes par la constitution dans chaque
village de t réserves, suffisantes.
Il fallait aussi éviter de heurter les prin-
cipes des indigènes sur la propriété. Elle est
en effet collective au lieu d'être individuelle,
essentiellement religieuse et inaliénable, et il
était nécessaire de passer des contrats avec
les représentants des collectivités.
11 fallait que l'indigène eùt conscience,
non pas d'avoir un tnaltfe, mais un chef veu-
* lant sans tfoute se faire obéir, ifiais sachant
• V jMil UJsgufcJer, g©»*t An défendre.
'v LaFfUncé, elle, avait besoin pour lîaider
d'un chef indigène aimé, respecté et craint.
Nous le possédons actuellement en la per-
sonne Tle Khunjonod, notre ami.
Il faut dire, à la louange de nos résidents
supérieurs et administrateur^ qu'ils se sont
en général inspirés de ces divers principes,
leur tâche, quoique complexe, leur étant
facilitée d'ailleurs par l'œuvre déjà réalisée
par les précurseurs et prédécesseurs dans
l'œuvre colonisatrice.
; D'imtnenseb progrès ont été réalisés au
Darlac au point de vue matériel. 11 y en a
encore beaucoup à faire, ne l'oublions pas.
M. le gouverneur général Pasquier écrivait
.en 1926 qu'il fallait toujours procéder par
étapes dans la colonisation et « qu'il était
préférable avant d'ouvrir le Darlac à la co-
lonisation européenne, de réaliser la mise en
valeur par les moïs eux-mêmes, dirigés par
nous, en les modernisant sans leur imposer
le contact parfois brutal de nos conceptions
occidentales ».
Le développement économique d'un pays
est lié à la création et à l'extension des voies
de communication. Tous nos organisateurs se
'sont efforcés de faire le plus de routés pos-
sible.
En dehors des pistes indigènes et des che-
mins atcessibles aux charrettes à boeufs, aux
chevaux et aux éléphants, il y a six belles
routes qui vont de la périphérie aU èehtre,
Ban-Mé-Thuot. La plus importante, la route
d'Annam, fait. tout le transit, la plus belle,
la route coloniale n° i, insuffisamment em.
pierrée sur tout son pàrcours, supporte, tout
le trafic. Elle est parcourue chaque jour par
plusieurs camions dans les deux sens et
aussi par des voitures de tourisme, facili-
tant les transactions et l'apport de produits
nouveaux appréciés des indigènes, leur per-
mettant d'améliorer leur situation matérielle.
Chaque village a ses maisons en planches
sur pilotis ou surélevées par des des en ma-
çonnerie. Il a son marché, son infirmerie, sa
distribution d'eau potable. Il est éclairé à
l'électricité.
L'enseignement donné dans nos écoles
franco-indigènes est théorique et pratique.
'l.es' élèves sont orientés selon leurs aptitu-
des. Certains sont devenus d'excellents mé-
caniciens, d'autres de bons secrétaires.
Au point de vue travail, la législation ci-
vile concernant les travailleurs Indochinois
est respectée.
Au point de vue sanitaire, l'ambulance,
en plus des consultations et des soins qu'elle
donne, effectue des tournées dans toute il a
province pour initier peu à peu les autoch-
tones à la médecine européenne et les enga-
ger à délaisser les procédés empiriques em-
ployés jusqu'à ce jour, dont certains n'ont
même pas le mérite d'être inoffensifs.
(Essayes de vous faire souffler dans l'oeil
de la pulpe d'ail écrasée entre les doigts, 51
vous avez de l'ophtalmie, et vous compren-
drez alors tout le danger de cette thérapeu-
tique improvisée.
La justice actuelle est telle que l'a insti-
tuée l'ancien résident Sabatier, après avoir
-codifié les lois en usage. A côté du tribunal
résidentiel qui fonctionne comme dans tou-
tes les autres provinces, existe un trlburiàl
indigène constitué par le grand chef su-
prême Khunjouab, aidé de chefs indigènes
auxquels tous acceptent d'obéir et qui règle
les affaires selon les lois locales. On dit qu'il
n'y a plus de vengeance, plus de vendettas
au Darlac.
La réellè mise en valeur du Darlac n'est
guère commencée que depuis 5 ou 6 ans.
La terre est riche. Travaillée selon lés
méthodes les plus modernes, elle contribuera
par la variété de ses productions au dével-
loppetnent. économique de la province.
Si les méthodes d'ensemencement il i 'riz
sont encore des plus simples, 'les indigènes
ont cependant tenu compte des conseils qui
-letir ont été donnés puisque la 'SUpedh't'! des
terres cultivées est en augmentation d'une
année sur l'autre. Si la progression continue,
on peut en attendre <1'heure ax résultats.
Les diverses sociétés concessionnaires dn
Darlac ont planté de nombreux hévéas, des
caféiers, du thé. Des particuliers ont fait des
estais, réussis de plantations de quinquina et
de canne à sucre.
- Les forêts magnifiques et peuplements
denses renferment des arbres d'essences de
valeur, de bois odorant que nous ne sau-
rions, faute d'une réglementation bien éta-
blie, laisser rechercher et vendre par des
étrangers.
Le cheptel, à l'heure actuelle, compte en
boeufs, buMes, chevaux, éléphants, chèvres,
plus de 60.000 têtes, sans compter les mou-
tons que des particuliers commencent à éle.
ver. Tous ces animaux appartiennent aux
indigènes et ne font l'objet d'aucune expor-
tation, sauf les éléphants que les Laotiens,
surtout, achètent fort cher.
Le commerce d'animaux est donc restreint
ainsi que celui qu'i s'effectue. pour les objets
de première nécessité ou même d'agrément.
Les trois, en principe, ne fabriquent que les
ustensiles dont ils ont un besoin constant :
poteries, vanneries, étoffes, nattes, hachet-
tes, couteaux, coupe-coupe. Il convient de
signaler que les jarres, très recherchées,
d ailleurs et très chères, sont d'importation
chinoise ou annamite, aussi félicitons-nous
de l'initiative de l'Administration qui a en-
voyé à l'Ecole Professionnelle de Bien-Hoa
des-échftntillons de terre en vue de détermi-
ffirfc fœssitôiité fabriquer suf "placé: des
jarres et des marmites à l'usage des indi-
gènes.
A vrai dire, le commerce actuel au Dar-
lac n'est encore qu'un commerce d'échange.
Contre des marchandises d'origine annamite,
laotienne, cambodgienne, birmanes : sel,
étoffes, coffrets, jarres, bijoux, le Moï donne
de la cire, du miel, des cornes, des peaux,
du riz.
Une poignée seulement de commerçants
français, chinois, annamites, se sont instal-
lés à Ban-Né-Thuot.
En résumé, l'agriculture, le commerce et
l'industrie sont peu importants et peuvent se
développer, dans un pays pacifié, sur une
grande échelle, si les colons et les planteurs
français veulent bien travailler en collabo-
ration avec les Indigènes. Nul doute que le
Darlac ne devienne d'ici quelques années
l'une des plus riches provinces de l'Annam.
Camille Briquet,
Député de l'Eure.
Vice-président do la commission de
VAlgérie, des colonies al protectoratsv
membre de la commission dé VAgricul-
ture.
Dépêches de l'Indochine
-
Les eaux du Fleuve Rouge
commencent à baisser à Hanoï
La crue soudaine qui s'est produite ces
jours derniers à la suite des pluies dans les
bassins supérieurs du Fleuve Rouge et de
ses affluents a atteint dans la soirée de lun-
di la cote maxima de 11 mètres 90. La bais-
se des eaux signalée dans la haute région
a commencé à se faire ressentir à llanoï.
Il est intéressant de constater que t'impor-
tant programme d'M renforcement, et da
l'exhaussement, des. digues, artivgt_ngnt
poursuivi depuis plusieurs années par le
gouvernement général, actuettetrieni très,
avancé, a révélé grandement son efficacité.
Alors qu'en 19M pour une. hauteur des
eaux sensiblement équivalente, des acci-
dents graves avaient été dus à la rupture,
de la digue située en face d'Ilanct, ce qui
avait entraîné la submersion d'une super-
ficie considérable et la destruction de. vil-
lage's, de culture.s, de route et de voies fer-
rées, la tenue des digues a donné cette an-
née satisfaction dans l'ensemble.
Un rigoureux service de surueillance,
ainsi que la mise en œuvre de ra/pides
moyens de secours prdvus, a permis d'ail-
leurs de parer sans délai aux menaces qui
ont pu apparaître en quelques rares en-
droits.
Un s&ul accident est signalé; un canton
de la prot)ince de Thaibinh a été submergé,
mais sans accident de personne.
L'empërimce actuelle permet donc d'es-
compter qu'après Cachèvement du prochain
programme actuel, les populations tonkinoi-
ses seront définitivement mises à l'abri des
dévastations périodiques des inondations.
Du rie pour la France
Le Général-Metwiinger est parti le 8 cou-
rant avec 1,728 tonnes de riz blanc, 125
lonnes de riz cargo, et 400 tonnes de bri-
sures, à destination dé Marseille
Un progrès important
pour le Congo-Océan
8.
".À,"="I
N a beaucoup écrit
beaucoup parlé
peut-être trop! -
sur le Cotigo-Oté-
an. Le sentiment
de cette surabon-
dance -ne doit
point aller jusqu'à
faire négliger de signaler les phases déci-
sives qui s'avèrâtt dans l'exécution de ce
projet chaque jour plus proche, d'être enfin
une rtalité complète.
Or, en ce moment même, se produit une
réforme qui pour ne pas être encore défini-
tive, tien doit pas moins > être enregistrée
avec satisfaction :
Les communications maritimes de la Mé-
tropole (nlec l'A.E.F. sont surtout assurées
pas un service régulier, organisé par la Com-
pagnie des Chargeurs Réunis, de Bordeaux
à Matadi, grand port du Congo belge.
Les navires de cette ligne font escale, sur
le littoral de L'A .E.F, à Port-Gentil et à
Pointe-Noire. Mais, en dépit des améliora-
tions dljèi effectuées et de celles qui sont
projetées par les deux premiers de ces mouil-
lages, leur situation géographique ne dési-
gnait ni l'titi ni l'autre pour devenir le
grand port maritime de l'Afrique Etjtlato.
riale française. Ce rôle est dévolu à Pointe-
Noire, tête ou terminus du COtlgo-Océan, ce
chemin de fer qui ira, à Brazzaville, rejoin-
dre, à plus de 500 kilomètres du littoral, le
fleuve géant, véhicule économique d'immen.
ses régions africaines.
Des travaux considérables sont en pleine
exteution pour créer, sur cc point, un part
en cati profonde, afin de remplacer ou com-
pléter le wharf qui depuis 1926 s'avançait
dans la rade pour permettre aux navires
des opérations rapides d'embarquement ft
de débarquement, mais ne saurait suffire
au rôle de port de transit de l'intérieur afri-
cain que Pointe-Noire est appelé à jouer
à très bref délai.
Lorsque cc port sera suffisamment ins-
tallé pour le permettre, il deviendra, au
moins pour les paquebots, tète de ligne du
service de navigatton des Chargeurs réunis
dant les cargos seuls continueront, après és-
cale à Pointe-Noire, à se diriger sur les
ports du Congo belge, Banane, Borna et
,Vatadi. Or, dès ce mois, de juillet, un pre-
mier essai du service ainsi constitué a lieu.,
avec le paquebot « Formose » qui, fartant
de Bvrâtaux le"ivjuillet, atrbetilt ? "ti
août à Pointe-Noire et -en- repartira le 13
août, non pas pour continuer sur Matadi,
mais pour retourner à Bordeaux où il ar-
rivera le 3 septembre.
Le même trajet sera effectué par le pa-
auebot « Brazza », avec départ de Bordeaux
le 13 août, arrivée à Pointe-Nôirc le 3 sep.
tembre et retour le surlendemain sur Bor-
deaux où il Sera attendu le 25 septembre.
- Ensuite, pour l'hiver, le service sur Ma-
ladi sera repris jusqu'à Vachèvement des
ouvrages de protection du port de Pointe-
Noire, achèvement qui ne sera plus que l'af-
faire de quelques mois.
Le fait d'être des à présent, desservis di-
rectement par deux paquebots des Chargeurs
Réunis ne peut manquer de produire cites
nos compatriotes de l'A.E.F. une sensation
profonde.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Président de ta Commission
des Douanes.
A la mémoire
de M. Alapetite
»-+«
A Clamecy (Nièvre), vient d'avoir lieu la
cérémonie d'inauguration d'une plaque apposée
sur la maison natale de Gabriel Alapetite, am-
bassadeur de France, ancien Résident général
de France à Tunis, décédé au mois de mars
dernier. M. Léon Mirot, conservateur aux Ar-
chivés nationales, Président de la Société des
Amis du vieux Clamecy, a rappelé la vie admi-
nistrative du défunt et l'intérêt qu'il avait tou-
jours porté à sa ville natale. M. Renard, an-
cien ministre, ancien député, maire de Cla-
mecy, a reçu la plaque confiée aux soins de la
municipalité et prononcé quelques mots de re-
merciements.
t - .- (
En mémoire
d'un iianfl explorateur
f M. Albert Sarraut, ministre des Colonies,
présidera dimanche prochain, à Loches, les
fêtes organisées par la municipalité, le syn-
dicat d'initiative et différents groupements, à
l'occasion du comice agricole de l'arrondisse-
ment i
Au cours de cette manifestation, le ministre
inaugurera la plaque déposée sur la maison
natale de M. Delaporte, grand explorateur,
auquel on doit la reconstitution du temple
d'Angkor.
M. Albert Sarraut, qui sera assisté de M.
Paul Bernier, sous-secrétaire d'ttat à l'Air,
député de la circonscription, prononcera un
important discours.
Au Quai d'Orsay
-
M. Paganon, pous-secrétaire d'Etat aux
Affaires étrangères, a reçu mardi M. Henri
Ponsot, haut commissaire de 'la République
en Syrie.
M. Llclel saint à Paris
M. Lucien Saint, résident général de
France au Maroc, a été reçu mardi matin par
MM. René Renoult, garde des sceaux; Aimé
Berthod, ministre des Pensions, et Dalimier,
ministre du Travail.
) (
le voyage du Sultan du Maroc
en France
»♦«
Ainsi que les Annales Coloniales l'ont an-
noncé mardi le Sultan du Maroc est en
France. Il est arrivé mardi à Marseille; à
bord se trouvaient avec lui son jeune fils, le
grand-vizir El Mokri, Si Mammeri, précep-
teur et MM. Guy et Babeuf, délégués du mi-
nistère des AiTaires étrangères.
: Le Sultan a été salué, au nom du Gouver-
i ncmentJ par MM. Guérir, secrétaire général
de la Préfecture, et Froment, chef de cabi-
net, puis par MM. Sisteron contrôleur géné-
ral ; Dliubert, commissairex spécial ; Hubert,
Giraud et Nunzi, administrateurs-directeurs
de la Compagnie Paquet ; Henri Brenier, di-
recteur, général des services de la Chambre
de commerce ; Boyer et Surjous. directeurs
de l'Office marocain. -
Le souverain a fait une promenade dans
les environs de Marseille et est parti hier
matin pour Cannes, première étape de la
randonnée qu'il va effectuer en France jus-
qu'au 23 septembre.
Après déjeuner il a quitté Cannes pour
Nice où il est arrivé à 16 heures et a pris pos-
session de ses appartements réservés, les mê-
mes qu'il, occupait l'an dernier, à pareille
mes qu'il, l'hôtel Ruhl.
époque, à l'hôtel Ruhl.
M. Benedetti, préfet des Alpes-Maritimes,
et Jean Médecin, député ft maire de Nice,
sont venus le saluer au nom du gouvernement
.et de la. municipalité. Après quoi l'hôte royal,
la seule tête couronnée qui se trouve en ce
moment sur la Côte, d Azur, a. dû paraitre au
balcon de ses appartements pour saluer les
badauds peu désireux de lui laisser croire que
son incognito avait été respecté.
Les curieux voulurent aussi voir le fils du
Sultan, lorsque Mlle Espagnat, la nurse du
jeune prince, sortit avec l'enfant dans ses
bras.
, S. M. le Sultan du Maroc, qui affectionne
beaucoup la Riviera, assistera à de beaux
feux d'artifices, sa distraction préférée, et
fera de nombreuses excursions aux alentours
de Nice.
j
Le budget du Maroc
6
Le budget de l'exercice 1932, que précède
un rapport du commissaire résident général
au Sultan et s'appliquant à la période de
neuf mois du i"1* avril eu 31 décembre 1931
afin d'âssqter, à partir dQ 1933, le retour de
1*': coïncidence entre l'année- financière ut
l'année civile a pu être établi en suivant les
principes généraux adoptés pour les exercices
antérieurs.
En voici le détail :
• Le budget ordinaire des recettes s'élève ii
734.467.100 francs, dont 168.396.000 d'impôts
directs, 149.050.000 d'impôts indirects,
194.800.000 de droits de consommation et
116.896.350 de produits des monopoles et ex-
ploitalion, Le budget des dépenses atteint
734* 145790 francs, dont 181.949.410 pour la
dette publique et la liste civile, et 117.616.795
pour le contrôle politique et 1 administration
générale. L'excédent ressort à 321.310 francs.
--«M*ao (
DSPART
«♦»
M. Carde rejoint son poste
M. Jules Carde, gouverneur général de
l'Algérie, a quitté Paris hier soir à 19 h. 30
par la gare de Lyon pour Marseille. 11 s'em-
barquera jeudi pour Alger, où il va rejoindre
son poste.
M. Carde est accompagné de Mme Carde
et du capitaine Gardcl, de son cabinet mili-
taire.
De nombreuses personnalités parisiennes et
algériennes étaient venues saluer M. Carde à
son départ à la gare de Lyon.
On remarquait notamment dans l'assis-
tance M. Robert David, ancien ministre ; M.
Magre, préfet, représentant M. Israël, sous-
secrétaire d'Etat à l'Intérieur; M. Voizard,
chef de cabinet de M. Lucien Saint, repré-
sentant le Résident général de France au Ma-
roc ; M. Annet, chef du cabinet de M. Carde ;
M. Margot, directeur de la Compagnie P.-L.-
M. ; M. Jourdain, directeur de la Compagnie
du P.-L.-M. en Algérie: M. Falck, sous-di-
recteur de l'Office de 1 Algérie à Paris ; M.
Mirante, directeur des Affaires indigènes en
Algérie ; M. Mélia, président du Conseil du
commerce extérieur- M. Bost, chef du cabi-
net de" M. Israël ; le Bachaga Delis de La-
gliouat, ainsi que de nombreux amis person-
nels du Gouverneur général de l'Algérie.
-..
Le chômage chez les travailleurs
algériens
M. Castettaz, conseiller général, vient de
signaler au préfet de la Seine, par voie de ques-
tion écrite, la situation pénible dans laquelle
se trouvent actuellement un certain nombre de
travailleurs alriens.
En chômage, il y a trois mois, six mois, un
an, ils avaient cru possible de trouver du travail
dans leur pays d'origine et y étaient retournés.
N'ayant pu trouver à s'occuper en Algérie,
d'aucuns sont revenus en France, mais sont
considérés maintenant par le service Nord-Afri-
cain comme ne remplissant plus les conditions
de résidence, et le visa leur est refusé; visa sans
leouel ils ne peuvent être inscrits au chômage.
M. Castellaz demande instamment au préfet
de la Seine d'intervenir pour que ces travail-
leurs soient admis à recevoir les modestes allo-
cations de chômage.
Il insiste d'autant plus que le ministre du
Travail a déclaré au Parlement qu'il avait l'in-
tention de modifier, « sinon de faire disparaître,
les conditions de résidence imposées juu'à
présent pour avoir droit à l'inscription à t'allo-
cation qe chômage.
»
6
La mission pour l'année polaire
en A. E. F.
»♦»
C'est hier que la mission scientifique fran.
çaise en A.E. F. pour 1' « Année internatio-
nale » 1932-33 s'est embarquée à bord du pa-
quebot FÔTla.
On sait qu'elle est placée sous la direction
d'un jeune physicien, M. Charles Capmas,
désigne par la » Commission française de
l'année polaire », sur la proposition de M.
Ch. Maurain directeur de l'Institut de phy-
sique du globe et doyen de la Faculté des
sciences de Paris.
- --
M. Capmas, avec la collaboration d'un au-
tre physicien, M. Galand, a organisé la mis-
sion sous la haute direction de M. Henry Hu-
bert, inspecteur général de la météorologie
coloniale, et avec le concours de l'O.N.M.
Après avoir débarqué à Douala (Came-
roun), la mission devra, avec 6 tonnes de ma-
tériel scientifique, accomplir un parcours au-
tomobile de plus de 1.500 kms pour se rendre
à Bangui en A.E.F., où elle séjournera une
année entière.
Ses buts scientifiques sont les mêmes que
ceux de la mission Habert, qui se rend en ce
moment au Groenland, ainsi que de ce!les qui
s'installent sur les divers points du globe par
les soins des nâtions qui participent à cette
grande œuvre scientifique de l' « Année po-
laire ».
Entre autres recherches bien modernes, la
mission procédera à des sondages radioélcc-
triques de la haute atmosphère ; ces sondages
permettent, sans quitter le sol, de faire des
mesures physiques précises et quasi instanta-
nées jusqu'à plus de 21.000 mètres.
> < <
Les peintres coloniaux,
Galerie Marignan
66
Aujourd 'hui, devait se clôturer une intéres-
sante exposition de peintres coloniaux à la Gale-
rie Marignan. Félicitons les artistes qui ont pris
part à cette manifestation. Voici ceux qui ont
particulièrement attiré notre attention.
Nous retrouvons ici avec plaisir un certain
nombre d'envois de nos peintres coloniaux,
collaborateurs des Annales Coloniales Illus-
trées, aux talents déjà maintes fois appréciés
au Salon des Artiste" français et dans les dif-
férents pavillons des colonies françaises à
l'Exposition Coloniale.
Lucienne Capdevielle, que l'Afrique du Nord
a charmée, expose un portrait d'arabe d'expres-
sion saisissante. Une ibelle jeune fille mauresque
au regar d d ébène retient 1 attention. et les ter-
rasses d'Alger sont un coin de- paysage devant
lequel on râve. Adélaïde de Groot revient elle
aussi de l'Afrique du Nord, un coin de Sidi
Bou Saïd, le port de Tanger, le grand Socco
à Tanger, sont de jolies toiles qui ne manquent
pas d'intérêt par leur justesse.
La Guadeloupe est le berceau de Germaine
Casse, aussi a-t-elle su, dans ses portraits de
femmes, retracer toute la beauté et la grâce des
Guadeloupéennes, qu'elles soiedt au bain ou
drapant le foulard autour de la tête. Un paysage
de notre vieille colonie, la baie des Mousses,
une maison créole sevu autant d'études honnête-
ment rapportées.
C'est toujours en A. O. F ., au Soudan et
au Tchad que Mary Morin nous fait voyager.
Ces coins pittoresques de villages nègres sont
toujours de bonnes impressions pleines d'origi-
nalité.
Hestons en A. O F. avec Le Scouezec et
on admirera les bords d'un marigo d'un coin du
Soudan. C'est le calme du paysage africain, un
village soudanais est également une documenta-
tion intéressante.
La Syrie a inspiré une très jolie toile à
Suzanne Frémont lors du voyage qu'elle y fit
l' année dernière, les bords du Tigre à Bagdad.
Giraud-Hanriot a expose deux toiles saisis-
santes de vie et d'expression, dans deux genres
différents, une est la reproduction pleine de
force et de réalisme d'une superbe tigresse, et
l'autre est le portrait d'un noir de 'la Haute-
Volta, visage musclé presque sculpté. Un autre
talent féminin qui s'affirme chaque jour est celui
de Mme Barthalot qui expose deux types de
Martiniquaises aux jolies lignes régulières, et
une tête de vieil Algérien pleine d'expression
dont le regard et le. sourire seront reconnus par
tous ceux qui, en Afrique du Nord, ont voyagé.
Enfin, parmi cette pléiade d'artistes, citons
Marcel-Gaillard qui, directeur aimable et cour-
tois de la Galerie Marignan, a su faire des
choix aussi judicieux d'artistes pour inaugurer
cette exposition et l'ouverture de cette galerie.
Marcel-Gaillard est modeste, mais il faut
rendre hommage à son talent consacré officiel-
lement par la présence d'une de ses toiles au
Luxembourg, Ses œuvres rappellent les rives
du Congo bordées de palétuviers, le Stanley-
Pool, tableau original, et un portrait d'une
femme bondjo aux cheveux noirs et bouffants
sont des souvenirs de précieuse documentation
que Marcel Gaillard a rapportés de ses nom-
breuses missions aux colonies. Bel ensemble
captivant par les souvenirs qui sont évoqués.
Admirons comme il le sied tous les jeunes et
vigoureux talents de ces peintres, la plupart
boursiers de la Société Coloniale des Artistes
français.
Souhaitons que cette manifestation se proroge
des mois et des mois comme les organisateurs
en ont l'intention.
<
Echanges entre Paris et Alger
*♦«
Parmi 1rs lions en liberté dans lee: rochers
du Zoo de Vincennes se trouvait le beau et
royal animal Sultan.
Qr, le Muséum de Paris l'a tout récem-
ment cédé au parc zoologique du jardin
d'essai d'Alger, contre l'envoi d'un troupeau
de jeunes gazelles,
Une réduction du personnel
de l'Administration générale
à Madagascar
.t.
Le Gouverneur général de Madagascar
vient de fixer par arrêté du 20 juin 1932 lea
effectifs du personnel des administrateur"
des services civils, de la garde indigène et
de la gendarmerie, ainsi que leur répartition,
Ce nouvel aménagement des cadres, rendu
possible par la récente suppression des pro-
vinces, permet, tout en assurant une meilleu-
re utilisation du personnel, de réduire de
28 unités les effectifs budgétaires prévus en
1932.
Vingt-huit unités sur le personnel chargé
de l'administration de la Grande lie, c'est
évidemment peu; d'autant plus que le? ra-
diations faites au budget peuvent ne pas se
traduire par des radiations correspondantes
des contrôles.
Mais nous notons ici une tendance; et la
tendance est heureusp
Elle gagnerait à s'exercer par la suite dans
les autres domaines.
Toutes les administration, qu'elles soient
coloniales ou métropolitaines, ont, en ma-
tière de personnels, les mêmes indéracinables
habitudes. A côté des fonctions absolument
nécessaires et qui devraient être suffisantes,
elles créent d'autres fonctions, de simples
commodités, qui ne répondent à aucune obli-
gation véritable.
De cette multiplicité des emplois naissent
les cadres pléthoriques.
C'est de ce côté qu'on voudrait voir s'exer-
cer l'énergique sagacité des chefs, dans l'in-
térêt bien compris des fonctionnaires eux-
mêmes.
Qu'on - ne - s'illusionne pas.
La question de la réduction des soldes se
posera de nouveau à la rentrée des Cham-
bres.
Une campagne de presse, savamment or-
ganisée, y a préparé l'opinion. Un trait de
P141me et voici les salaires substantiellement
diminués au profit de l'Etat. Les fonction-
naires, que l'on tient, n'auront qu'à se ser-
rer la ceinture. Car on ne s'imagine pas que
le législateur, pour leur plaire, s'attaquera
au trop périlleux problème de la vie trop
chère.
La réponse du berger consisterait par une
refonte des cadres, à supprimer les fonctions
de commodité auxquelles nous venons de fai-
re allusion de manière à libérer des crédits
qui rendraient inutiles des atteintes aux sa-
laires.
Mais pourra-t-on jamais dans les emplois
publics, ne pas croire à la vertu du nombre ?
Et M. Cayla trouvera-t-il quelques part des
imitateurs ?
P.-C. Georges François,
Gouverneur honoraire des Colonies.
) -.-- (
La crise au Dahomey
-
La grande épidémie du siècle, la crise, qui
étreint le monde entier, n'a point épargné le
Bas-Dahomey.
Vers fin 1930 elle commençait déjà à se
faire sentir. Elle atteignit tout d'abord les
produits du crû dont les cours se mirent à
baisser.
Cette baisse des produits, on l'attribua des
l'abord aux agissements de la fameuse en-
tente survenue entre les grosses firmes com-
merciales de la Colonie ; cette entente avait
pour but de vendre et d'acheter au client-
consommateur indigène les articles manufac-
turés et les produits du crû à des prix-limites
qu'aucune des firmes associées ne devait dé-
passer. Cette entente, on le conçoit, entravait
le libre jeu de la concurrence, stimulant des
transactions commerciales.
Mais, les choses ne se passèrent point sans
difficulté.
Il faut dire que cette ligue contre la con-
currence devint vite un colin-maillard assez
intéressant où chacun essayait de se dérober
aux règles du jeu. Certaines mations, pleines
de bonne foi, se soumettaient aux limites
fixées tandis que d'autres passaient outre.
Au cours des réunions des agents généraux,
on s'accusait mutuellement d'avoir haussé les
prix des produits sur tel marche, d'avoir
yçndu certains articles d'écoulement courant
au-dessous des prix fixés, aux fins de nuire
aux autres. Certains agents savaient que
leurs partenaires avaient des griefs sérieux
contre eux pour des prix pratiqués qui
n'étaient point ceux de l'entente; alors, ils
obstruaient systématiquement les réunions ;
pour ce faire, ils s'étendaient longuement sur
des différences de centimes relevées dans les
cours pratiqués par les autres ; la discussion
s'éternisait et on levait la séance sans avoir
eu le temps de leur reprocher les écarts sé -
rieux notés contre eux. Puis, ils récidivaient
sans être inquiétés.
Si nous nous sommes étendus quelque peu
sur cette * question de l'entente, c'est parce
que ce sujet a défrayé en son temps la presse
locale et a servi de cible aux récriminations
de l'indigène à la fois client et consomma-
frpur. A
Il est une chose que l'indigène de la brousse
ne saisit pas aussi aisément que l'élément let-
tré : le cultivateur reste surpris devant les
« sautes d'humeur » des cours des produits,
Les cours d'achat des produits, comme on le
sait, sont fonction directe des cours des mar.
chés d'Europe; les frais intermédiaires qui
viennent grever les exportations depuis la
place d'achat jusqu'au port de débarquement
ne subissent pas les vaiiations des cours. Cc
sont donc les cours européens qui comman-
dent le cours en usage sur les places d'achat
d'Afrique.
L'homme de la brousse regarde ces fluctua-
tions des cours comme des moyens habiles,
propres à le tromper, à le « rouler 11, Il n'a
donc pas compris que l'entente, c'était comme,
un service de sauvetage organisé sur un na-
vire qui, pour n'être pas tout entier à la
merci de la tempête, n'en subit pas moins le*
secousses. Oui, la crise minait déjà le Monde.
Le commerce local ôc liguait non par plaisir,
puisque l'on savait que cette ligue gênait la
concurrence, aiguillon des transactions ; le
commerce se liguait par besoin, par nécessité,
tout comme on prend une purge amère, pour
se vider et se libérer d'un mal.
Du reste, au moment où les firmes euro-
péennes se liaient par l'entente, certaines
a tmMImO ; 80 centimes
JEUDI SOin, Il AOUT IM
*
JOIIHMlJfOTIOIB*
Riiaction &̃ AdminlstHUont
14, IM II i.
radis tao)
TtLlPH.I bouymiHf
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Allez au Darlac
c
Lors de notre établissement en Cochin-
chine en février 1959, ^puis en octobre 1793,
nous fûmes en .possession de vastes territoi-
res encore inexplorés. Quand, en 1904, le
Darlac fut rattaché à l'Annam, nous n'étions
pas encore bien avancés au point de vue
colonisation. En 1905, quatre ou cinq Euro
péens seulement peuplent le petit centre de
Buon-Kra dont l'aspect ne change qu'avec
les saisons.
La pacification du Darlac fut longue, en
effet, difficile, rebutante parfois, étant
donné le caractère de ces peuplades belli-.
queUses, superstitieuses, paresseuses, vivant
de vol, de pillage, d'une indépendance abso-
lue, ayant l'horreur du joug, quel qu'il soit,
et s'opposant naturellement à notre prise en
charge du sol qu'ils avaiçnt considéré de
tous temps comme leur propriété.
Nous ne connaissions pas non plus la lan-
gue des indigènes et nous avions peut-être
aussi trop de tendance à imposer nos habi-
tudes, notre genre de vie.
Le climat surtout était considéré comme
pénible à supporter, car, de mai à septem-
bre, il est malsain, anémiant, et' renC\ fié-
vreux les Européens et les indigènes (cepen-
dant d'octobre à mai il est très doux). On
disait que le sol était ingrat et que les res-
- sources du pays étaient nulles.
Malgré toutes les légendes répandues sur
le Darlae, nos résidents supérieurs et admi-
nistrateurs ont su. envisager et entreprendre
la mise en valeur du pays, malgré des res-
sources précaires et des crédita souvent déri-
soires.
Elle était possible, à condition d'appri-
voiser les diverses peuplades du Darlac et
de s'intéresser à-la-santé et à la vitalité de
la race en s'attaquant tpar une lutte métho-
dique. aux grands fléaux tels que le palu-
disme, les maladies vénériennes, la mortalité
infantile, les maladies épidémiques et para-
sitaires, etc., et' en protégeant la vie des
indigènes par la constitution dans chaque
village de t réserves, suffisantes.
Il fallait aussi éviter de heurter les prin-
cipes des indigènes sur la propriété. Elle est
en effet collective au lieu d'être individuelle,
essentiellement religieuse et inaliénable, et il
était nécessaire de passer des contrats avec
les représentants des collectivités.
11 fallait que l'indigène eùt conscience,
non pas d'avoir un tnaltfe, mais un chef veu-
* lant sans tfoute se faire obéir, ifiais sachant
• V jMil UJsgufcJer, g©»*t An défendre.
'v LaFfUncé, elle, avait besoin pour lîaider
d'un chef indigène aimé, respecté et craint.
Nous le possédons actuellement en la per-
sonne Tle Khunjonod, notre ami.
Il faut dire, à la louange de nos résidents
supérieurs et administrateur^ qu'ils se sont
en général inspirés de ces divers principes,
leur tâche, quoique complexe, leur étant
facilitée d'ailleurs par l'œuvre déjà réalisée
par les précurseurs et prédécesseurs dans
l'œuvre colonisatrice.
; D'imtnenseb progrès ont été réalisés au
Darlac au point de vue matériel. 11 y en a
encore beaucoup à faire, ne l'oublions pas.
M. le gouverneur général Pasquier écrivait
.en 1926 qu'il fallait toujours procéder par
étapes dans la colonisation et « qu'il était
préférable avant d'ouvrir le Darlac à la co-
lonisation européenne, de réaliser la mise en
valeur par les moïs eux-mêmes, dirigés par
nous, en les modernisant sans leur imposer
le contact parfois brutal de nos conceptions
occidentales ».
Le développement économique d'un pays
est lié à la création et à l'extension des voies
de communication. Tous nos organisateurs se
'sont efforcés de faire le plus de routés pos-
sible.
En dehors des pistes indigènes et des che-
mins atcessibles aux charrettes à boeufs, aux
chevaux et aux éléphants, il y a six belles
routes qui vont de la périphérie aU èehtre,
Ban-Mé-Thuot. La plus importante, la route
d'Annam, fait. tout le transit, la plus belle,
la route coloniale n° i, insuffisamment em.
pierrée sur tout son pàrcours, supporte, tout
le trafic. Elle est parcourue chaque jour par
plusieurs camions dans les deux sens et
aussi par des voitures de tourisme, facili-
tant les transactions et l'apport de produits
nouveaux appréciés des indigènes, leur per-
mettant d'améliorer leur situation matérielle.
Chaque village a ses maisons en planches
sur pilotis ou surélevées par des des en ma-
çonnerie. Il a son marché, son infirmerie, sa
distribution d'eau potable. Il est éclairé à
l'électricité.
L'enseignement donné dans nos écoles
franco-indigènes est théorique et pratique.
'l.es' élèves sont orientés selon leurs aptitu-
des. Certains sont devenus d'excellents mé-
caniciens, d'autres de bons secrétaires.
Au point de vue travail, la législation ci-
vile concernant les travailleurs Indochinois
est respectée.
Au point de vue sanitaire, l'ambulance,
en plus des consultations et des soins qu'elle
donne, effectue des tournées dans toute il a
province pour initier peu à peu les autoch-
tones à la médecine européenne et les enga-
ger à délaisser les procédés empiriques em-
ployés jusqu'à ce jour, dont certains n'ont
même pas le mérite d'être inoffensifs.
(Essayes de vous faire souffler dans l'oeil
de la pulpe d'ail écrasée entre les doigts, 51
vous avez de l'ophtalmie, et vous compren-
drez alors tout le danger de cette thérapeu-
tique improvisée.
La justice actuelle est telle que l'a insti-
tuée l'ancien résident Sabatier, après avoir
-codifié les lois en usage. A côté du tribunal
résidentiel qui fonctionne comme dans tou-
tes les autres provinces, existe un trlburiàl
indigène constitué par le grand chef su-
prême Khunjouab, aidé de chefs indigènes
auxquels tous acceptent d'obéir et qui règle
les affaires selon les lois locales. On dit qu'il
n'y a plus de vengeance, plus de vendettas
au Darlac.
La réellè mise en valeur du Darlac n'est
guère commencée que depuis 5 ou 6 ans.
La terre est riche. Travaillée selon lés
méthodes les plus modernes, elle contribuera
par la variété de ses productions au dével-
loppetnent. économique de la province.
Si les méthodes d'ensemencement il i 'riz
sont encore des plus simples, 'les indigènes
ont cependant tenu compte des conseils qui
-letir ont été donnés puisque la 'SUpedh't'! des
terres cultivées est en augmentation d'une
année sur l'autre. Si la progression continue,
on peut en attendre <1'heure ax résultats.
Les diverses sociétés concessionnaires dn
Darlac ont planté de nombreux hévéas, des
caféiers, du thé. Des particuliers ont fait des
estais, réussis de plantations de quinquina et
de canne à sucre.
- Les forêts magnifiques et peuplements
denses renferment des arbres d'essences de
valeur, de bois odorant que nous ne sau-
rions, faute d'une réglementation bien éta-
blie, laisser rechercher et vendre par des
étrangers.
Le cheptel, à l'heure actuelle, compte en
boeufs, buMes, chevaux, éléphants, chèvres,
plus de 60.000 têtes, sans compter les mou-
tons que des particuliers commencent à éle.
ver. Tous ces animaux appartiennent aux
indigènes et ne font l'objet d'aucune expor-
tation, sauf les éléphants que les Laotiens,
surtout, achètent fort cher.
Le commerce d'animaux est donc restreint
ainsi que celui qu'i s'effectue. pour les objets
de première nécessité ou même d'agrément.
Les trois, en principe, ne fabriquent que les
ustensiles dont ils ont un besoin constant :
poteries, vanneries, étoffes, nattes, hachet-
tes, couteaux, coupe-coupe. Il convient de
signaler que les jarres, très recherchées,
d ailleurs et très chères, sont d'importation
chinoise ou annamite, aussi félicitons-nous
de l'initiative de l'Administration qui a en-
voyé à l'Ecole Professionnelle de Bien-Hoa
des-échftntillons de terre en vue de détermi-
ffirfc fœssitôiité fabriquer suf "placé: des
jarres et des marmites à l'usage des indi-
gènes.
A vrai dire, le commerce actuel au Dar-
lac n'est encore qu'un commerce d'échange.
Contre des marchandises d'origine annamite,
laotienne, cambodgienne, birmanes : sel,
étoffes, coffrets, jarres, bijoux, le Moï donne
de la cire, du miel, des cornes, des peaux,
du riz.
Une poignée seulement de commerçants
français, chinois, annamites, se sont instal-
lés à Ban-Né-Thuot.
En résumé, l'agriculture, le commerce et
l'industrie sont peu importants et peuvent se
développer, dans un pays pacifié, sur une
grande échelle, si les colons et les planteurs
français veulent bien travailler en collabo-
ration avec les Indigènes. Nul doute que le
Darlac ne devienne d'ici quelques années
l'une des plus riches provinces de l'Annam.
Camille Briquet,
Député de l'Eure.
Vice-président do la commission de
VAlgérie, des colonies al protectoratsv
membre de la commission dé VAgricul-
ture.
Dépêches de l'Indochine
-
Les eaux du Fleuve Rouge
commencent à baisser à Hanoï
La crue soudaine qui s'est produite ces
jours derniers à la suite des pluies dans les
bassins supérieurs du Fleuve Rouge et de
ses affluents a atteint dans la soirée de lun-
di la cote maxima de 11 mètres 90. La bais-
se des eaux signalée dans la haute région
a commencé à se faire ressentir à llanoï.
Il est intéressant de constater que t'impor-
tant programme d'M renforcement, et da
l'exhaussement, des. digues, artivgt_ngnt
poursuivi depuis plusieurs années par le
gouvernement général, actuettetrieni très,
avancé, a révélé grandement son efficacité.
Alors qu'en 19M pour une. hauteur des
eaux sensiblement équivalente, des acci-
dents graves avaient été dus à la rupture,
de la digue située en face d'Ilanct, ce qui
avait entraîné la submersion d'une super-
ficie considérable et la destruction de. vil-
lage's, de culture.s, de route et de voies fer-
rées, la tenue des digues a donné cette an-
née satisfaction dans l'ensemble.
Un rigoureux service de surueillance,
ainsi que la mise en œuvre de ra/pides
moyens de secours prdvus, a permis d'ail-
leurs de parer sans délai aux menaces qui
ont pu apparaître en quelques rares en-
droits.
Un s&ul accident est signalé; un canton
de la prot)ince de Thaibinh a été submergé,
mais sans accident de personne.
L'empërimce actuelle permet donc d'es-
compter qu'après Cachèvement du prochain
programme actuel, les populations tonkinoi-
ses seront définitivement mises à l'abri des
dévastations périodiques des inondations.
Du rie pour la France
Le Général-Metwiinger est parti le 8 cou-
rant avec 1,728 tonnes de riz blanc, 125
lonnes de riz cargo, et 400 tonnes de bri-
sures, à destination dé Marseille
Un progrès important
pour le Congo-Océan
8.
".À,"="I
N a beaucoup écrit
beaucoup parlé
peut-être trop! -
sur le Cotigo-Oté-
an. Le sentiment
de cette surabon-
dance -ne doit
point aller jusqu'à
faire négliger de signaler les phases déci-
sives qui s'avèrâtt dans l'exécution de ce
projet chaque jour plus proche, d'être enfin
une rtalité complète.
Or, en ce moment même, se produit une
réforme qui pour ne pas être encore défini-
tive, tien doit pas moins > être enregistrée
avec satisfaction :
Les communications maritimes de la Mé-
tropole (nlec l'A.E.F. sont surtout assurées
pas un service régulier, organisé par la Com-
pagnie des Chargeurs Réunis, de Bordeaux
à Matadi, grand port du Congo belge.
Les navires de cette ligne font escale, sur
le littoral de L'A .E.F, à Port-Gentil et à
Pointe-Noire. Mais, en dépit des améliora-
tions dljèi effectuées et de celles qui sont
projetées par les deux premiers de ces mouil-
lages, leur situation géographique ne dési-
gnait ni l'titi ni l'autre pour devenir le
grand port maritime de l'Afrique Etjtlato.
riale française. Ce rôle est dévolu à Pointe-
Noire, tête ou terminus du COtlgo-Océan, ce
chemin de fer qui ira, à Brazzaville, rejoin-
dre, à plus de 500 kilomètres du littoral, le
fleuve géant, véhicule économique d'immen.
ses régions africaines.
Des travaux considérables sont en pleine
exteution pour créer, sur cc point, un part
en cati profonde, afin de remplacer ou com-
pléter le wharf qui depuis 1926 s'avançait
dans la rade pour permettre aux navires
des opérations rapides d'embarquement ft
de débarquement, mais ne saurait suffire
au rôle de port de transit de l'intérieur afri-
cain que Pointe-Noire est appelé à jouer
à très bref délai.
Lorsque cc port sera suffisamment ins-
tallé pour le permettre, il deviendra, au
moins pour les paquebots, tète de ligne du
service de navigatton des Chargeurs réunis
dant les cargos seuls continueront, après és-
cale à Pointe-Noire, à se diriger sur les
ports du Congo belge, Banane, Borna et
,Vatadi. Or, dès ce mois, de juillet, un pre-
mier essai du service ainsi constitué a lieu.,
avec le paquebot « Formose » qui, fartant
de Bvrâtaux le"ivjuillet, atrbetilt ? "ti
août à Pointe-Noire et -en- repartira le 13
août, non pas pour continuer sur Matadi,
mais pour retourner à Bordeaux où il ar-
rivera le 3 septembre.
Le même trajet sera effectué par le pa-
auebot « Brazza », avec départ de Bordeaux
le 13 août, arrivée à Pointe-Nôirc le 3 sep.
tembre et retour le surlendemain sur Bor-
deaux où il Sera attendu le 25 septembre.
- Ensuite, pour l'hiver, le service sur Ma-
ladi sera repris jusqu'à Vachèvement des
ouvrages de protection du port de Pointe-
Noire, achèvement qui ne sera plus que l'af-
faire de quelques mois.
Le fait d'être des à présent, desservis di-
rectement par deux paquebots des Chargeurs
Réunis ne peut manquer de produire cites
nos compatriotes de l'A.E.F. une sensation
profonde.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Président de ta Commission
des Douanes.
A la mémoire
de M. Alapetite
»-+«
A Clamecy (Nièvre), vient d'avoir lieu la
cérémonie d'inauguration d'une plaque apposée
sur la maison natale de Gabriel Alapetite, am-
bassadeur de France, ancien Résident général
de France à Tunis, décédé au mois de mars
dernier. M. Léon Mirot, conservateur aux Ar-
chivés nationales, Président de la Société des
Amis du vieux Clamecy, a rappelé la vie admi-
nistrative du défunt et l'intérêt qu'il avait tou-
jours porté à sa ville natale. M. Renard, an-
cien ministre, ancien député, maire de Cla-
mecy, a reçu la plaque confiée aux soins de la
municipalité et prononcé quelques mots de re-
merciements.
t - .- (
En mémoire
d'un iianfl explorateur
f M. Albert Sarraut, ministre des Colonies,
présidera dimanche prochain, à Loches, les
fêtes organisées par la municipalité, le syn-
dicat d'initiative et différents groupements, à
l'occasion du comice agricole de l'arrondisse-
ment i
Au cours de cette manifestation, le ministre
inaugurera la plaque déposée sur la maison
natale de M. Delaporte, grand explorateur,
auquel on doit la reconstitution du temple
d'Angkor.
M. Albert Sarraut, qui sera assisté de M.
Paul Bernier, sous-secrétaire d'ttat à l'Air,
député de la circonscription, prononcera un
important discours.
Au Quai d'Orsay
-
M. Paganon, pous-secrétaire d'Etat aux
Affaires étrangères, a reçu mardi M. Henri
Ponsot, haut commissaire de 'la République
en Syrie.
M. Llclel saint à Paris
M. Lucien Saint, résident général de
France au Maroc, a été reçu mardi matin par
MM. René Renoult, garde des sceaux; Aimé
Berthod, ministre des Pensions, et Dalimier,
ministre du Travail.
) (
le voyage du Sultan du Maroc
en France
»♦«
Ainsi que les Annales Coloniales l'ont an-
noncé mardi le Sultan du Maroc est en
France. Il est arrivé mardi à Marseille; à
bord se trouvaient avec lui son jeune fils, le
grand-vizir El Mokri, Si Mammeri, précep-
teur et MM. Guy et Babeuf, délégués du mi-
nistère des AiTaires étrangères.
: Le Sultan a été salué, au nom du Gouver-
i ncmentJ par MM. Guérir, secrétaire général
de la Préfecture, et Froment, chef de cabi-
net, puis par MM. Sisteron contrôleur géné-
ral ; Dliubert, commissairex spécial ; Hubert,
Giraud et Nunzi, administrateurs-directeurs
de la Compagnie Paquet ; Henri Brenier, di-
recteur, général des services de la Chambre
de commerce ; Boyer et Surjous. directeurs
de l'Office marocain. -
Le souverain a fait une promenade dans
les environs de Marseille et est parti hier
matin pour Cannes, première étape de la
randonnée qu'il va effectuer en France jus-
qu'au 23 septembre.
Après déjeuner il a quitté Cannes pour
Nice où il est arrivé à 16 heures et a pris pos-
session de ses appartements réservés, les mê-
mes qu'il, occupait l'an dernier, à pareille
mes qu'il, l'hôtel Ruhl.
époque, à l'hôtel Ruhl.
M. Benedetti, préfet des Alpes-Maritimes,
et Jean Médecin, député ft maire de Nice,
sont venus le saluer au nom du gouvernement
.et de la. municipalité. Après quoi l'hôte royal,
la seule tête couronnée qui se trouve en ce
moment sur la Côte, d Azur, a. dû paraitre au
balcon de ses appartements pour saluer les
badauds peu désireux de lui laisser croire que
son incognito avait été respecté.
Les curieux voulurent aussi voir le fils du
Sultan, lorsque Mlle Espagnat, la nurse du
jeune prince, sortit avec l'enfant dans ses
bras.
, S. M. le Sultan du Maroc, qui affectionne
beaucoup la Riviera, assistera à de beaux
feux d'artifices, sa distraction préférée, et
fera de nombreuses excursions aux alentours
de Nice.
j
Le budget du Maroc
6
Le budget de l'exercice 1932, que précède
un rapport du commissaire résident général
au Sultan et s'appliquant à la période de
neuf mois du i"1* avril eu 31 décembre 1931
afin d'âssqter, à partir dQ 1933, le retour de
1*': coïncidence entre l'année- financière ut
l'année civile a pu être établi en suivant les
principes généraux adoptés pour les exercices
antérieurs.
En voici le détail :
• Le budget ordinaire des recettes s'élève ii
734.467.100 francs, dont 168.396.000 d'impôts
directs, 149.050.000 d'impôts indirects,
194.800.000 de droits de consommation et
116.896.350 de produits des monopoles et ex-
ploitalion, Le budget des dépenses atteint
734* 145790 francs, dont 181.949.410 pour la
dette publique et la liste civile, et 117.616.795
pour le contrôle politique et 1 administration
générale. L'excédent ressort à 321.310 francs.
--«M*ao (
DSPART
«♦»
M. Carde rejoint son poste
M. Jules Carde, gouverneur général de
l'Algérie, a quitté Paris hier soir à 19 h. 30
par la gare de Lyon pour Marseille. 11 s'em-
barquera jeudi pour Alger, où il va rejoindre
son poste.
M. Carde est accompagné de Mme Carde
et du capitaine Gardcl, de son cabinet mili-
taire.
De nombreuses personnalités parisiennes et
algériennes étaient venues saluer M. Carde à
son départ à la gare de Lyon.
On remarquait notamment dans l'assis-
tance M. Robert David, ancien ministre ; M.
Magre, préfet, représentant M. Israël, sous-
secrétaire d'Etat à l'Intérieur; M. Voizard,
chef de cabinet de M. Lucien Saint, repré-
sentant le Résident général de France au Ma-
roc ; M. Annet, chef du cabinet de M. Carde ;
M. Margot, directeur de la Compagnie P.-L.-
M. ; M. Jourdain, directeur de la Compagnie
du P.-L.-M. en Algérie: M. Falck, sous-di-
recteur de l'Office de 1 Algérie à Paris ; M.
Mirante, directeur des Affaires indigènes en
Algérie ; M. Mélia, président du Conseil du
commerce extérieur- M. Bost, chef du cabi-
net de" M. Israël ; le Bachaga Delis de La-
gliouat, ainsi que de nombreux amis person-
nels du Gouverneur général de l'Algérie.
-..
Le chômage chez les travailleurs
algériens
M. Castettaz, conseiller général, vient de
signaler au préfet de la Seine, par voie de ques-
tion écrite, la situation pénible dans laquelle
se trouvent actuellement un certain nombre de
travailleurs alriens.
En chômage, il y a trois mois, six mois, un
an, ils avaient cru possible de trouver du travail
dans leur pays d'origine et y étaient retournés.
N'ayant pu trouver à s'occuper en Algérie,
d'aucuns sont revenus en France, mais sont
considérés maintenant par le service Nord-Afri-
cain comme ne remplissant plus les conditions
de résidence, et le visa leur est refusé; visa sans
leouel ils ne peuvent être inscrits au chômage.
M. Castellaz demande instamment au préfet
de la Seine d'intervenir pour que ces travail-
leurs soient admis à recevoir les modestes allo-
cations de chômage.
Il insiste d'autant plus que le ministre du
Travail a déclaré au Parlement qu'il avait l'in-
tention de modifier, « sinon de faire disparaître,
les conditions de résidence imposées juu'à
présent pour avoir droit à l'inscription à t'allo-
cation qe chômage.
»
6
La mission pour l'année polaire
en A. E. F.
»♦»
C'est hier que la mission scientifique fran.
çaise en A.E. F. pour 1' « Année internatio-
nale » 1932-33 s'est embarquée à bord du pa-
quebot FÔTla.
On sait qu'elle est placée sous la direction
d'un jeune physicien, M. Charles Capmas,
désigne par la » Commission française de
l'année polaire », sur la proposition de M.
Ch. Maurain directeur de l'Institut de phy-
sique du globe et doyen de la Faculté des
sciences de Paris.
- --
M. Capmas, avec la collaboration d'un au-
tre physicien, M. Galand, a organisé la mis-
sion sous la haute direction de M. Henry Hu-
bert, inspecteur général de la météorologie
coloniale, et avec le concours de l'O.N.M.
Après avoir débarqué à Douala (Came-
roun), la mission devra, avec 6 tonnes de ma-
tériel scientifique, accomplir un parcours au-
tomobile de plus de 1.500 kms pour se rendre
à Bangui en A.E.F., où elle séjournera une
année entière.
Ses buts scientifiques sont les mêmes que
ceux de la mission Habert, qui se rend en ce
moment au Groenland, ainsi que de ce!les qui
s'installent sur les divers points du globe par
les soins des nâtions qui participent à cette
grande œuvre scientifique de l' « Année po-
laire ».
Entre autres recherches bien modernes, la
mission procédera à des sondages radioélcc-
triques de la haute atmosphère ; ces sondages
permettent, sans quitter le sol, de faire des
mesures physiques précises et quasi instanta-
nées jusqu'à plus de 21.000 mètres.
> < <
Les peintres coloniaux,
Galerie Marignan
66
Aujourd 'hui, devait se clôturer une intéres-
sante exposition de peintres coloniaux à la Gale-
rie Marignan. Félicitons les artistes qui ont pris
part à cette manifestation. Voici ceux qui ont
particulièrement attiré notre attention.
Nous retrouvons ici avec plaisir un certain
nombre d'envois de nos peintres coloniaux,
collaborateurs des Annales Coloniales Illus-
trées, aux talents déjà maintes fois appréciés
au Salon des Artiste" français et dans les dif-
férents pavillons des colonies françaises à
l'Exposition Coloniale.
Lucienne Capdevielle, que l'Afrique du Nord
a charmée, expose un portrait d'arabe d'expres-
sion saisissante. Une ibelle jeune fille mauresque
au regar d d ébène retient 1 attention. et les ter-
rasses d'Alger sont un coin de- paysage devant
lequel on râve. Adélaïde de Groot revient elle
aussi de l'Afrique du Nord, un coin de Sidi
Bou Saïd, le port de Tanger, le grand Socco
à Tanger, sont de jolies toiles qui ne manquent
pas d'intérêt par leur justesse.
La Guadeloupe est le berceau de Germaine
Casse, aussi a-t-elle su, dans ses portraits de
femmes, retracer toute la beauté et la grâce des
Guadeloupéennes, qu'elles soiedt au bain ou
drapant le foulard autour de la tête. Un paysage
de notre vieille colonie, la baie des Mousses,
une maison créole sevu autant d'études honnête-
ment rapportées.
C'est toujours en A. O. F ., au Soudan et
au Tchad que Mary Morin nous fait voyager.
Ces coins pittoresques de villages nègres sont
toujours de bonnes impressions pleines d'origi-
nalité.
Hestons en A. O F. avec Le Scouezec et
on admirera les bords d'un marigo d'un coin du
Soudan. C'est le calme du paysage africain, un
village soudanais est également une documenta-
tion intéressante.
La Syrie a inspiré une très jolie toile à
Suzanne Frémont lors du voyage qu'elle y fit
l' année dernière, les bords du Tigre à Bagdad.
Giraud-Hanriot a expose deux toiles saisis-
santes de vie et d'expression, dans deux genres
différents, une est la reproduction pleine de
force et de réalisme d'une superbe tigresse, et
l'autre est le portrait d'un noir de 'la Haute-
Volta, visage musclé presque sculpté. Un autre
talent féminin qui s'affirme chaque jour est celui
de Mme Barthalot qui expose deux types de
Martiniquaises aux jolies lignes régulières, et
une tête de vieil Algérien pleine d'expression
dont le regard et le. sourire seront reconnus par
tous ceux qui, en Afrique du Nord, ont voyagé.
Enfin, parmi cette pléiade d'artistes, citons
Marcel-Gaillard qui, directeur aimable et cour-
tois de la Galerie Marignan, a su faire des
choix aussi judicieux d'artistes pour inaugurer
cette exposition et l'ouverture de cette galerie.
Marcel-Gaillard est modeste, mais il faut
rendre hommage à son talent consacré officiel-
lement par la présence d'une de ses toiles au
Luxembourg, Ses œuvres rappellent les rives
du Congo bordées de palétuviers, le Stanley-
Pool, tableau original, et un portrait d'une
femme bondjo aux cheveux noirs et bouffants
sont des souvenirs de précieuse documentation
que Marcel Gaillard a rapportés de ses nom-
breuses missions aux colonies. Bel ensemble
captivant par les souvenirs qui sont évoqués.
Admirons comme il le sied tous les jeunes et
vigoureux talents de ces peintres, la plupart
boursiers de la Société Coloniale des Artistes
français.
Souhaitons que cette manifestation se proroge
des mois et des mois comme les organisateurs
en ont l'intention.
<
Echanges entre Paris et Alger
*♦«
Parmi 1rs lions en liberté dans lee: rochers
du Zoo de Vincennes se trouvait le beau et
royal animal Sultan.
Qr, le Muséum de Paris l'a tout récem-
ment cédé au parc zoologique du jardin
d'essai d'Alger, contre l'envoi d'un troupeau
de jeunes gazelles,
Une réduction du personnel
de l'Administration générale
à Madagascar
.t.
Le Gouverneur général de Madagascar
vient de fixer par arrêté du 20 juin 1932 lea
effectifs du personnel des administrateur"
des services civils, de la garde indigène et
de la gendarmerie, ainsi que leur répartition,
Ce nouvel aménagement des cadres, rendu
possible par la récente suppression des pro-
vinces, permet, tout en assurant une meilleu-
re utilisation du personnel, de réduire de
28 unités les effectifs budgétaires prévus en
1932.
Vingt-huit unités sur le personnel chargé
de l'administration de la Grande lie, c'est
évidemment peu; d'autant plus que le? ra-
diations faites au budget peuvent ne pas se
traduire par des radiations correspondantes
des contrôles.
Mais nous notons ici une tendance; et la
tendance est heureusp
Elle gagnerait à s'exercer par la suite dans
les autres domaines.
Toutes les administration, qu'elles soient
coloniales ou métropolitaines, ont, en ma-
tière de personnels, les mêmes indéracinables
habitudes. A côté des fonctions absolument
nécessaires et qui devraient être suffisantes,
elles créent d'autres fonctions, de simples
commodités, qui ne répondent à aucune obli-
gation véritable.
De cette multiplicité des emplois naissent
les cadres pléthoriques.
C'est de ce côté qu'on voudrait voir s'exer-
cer l'énergique sagacité des chefs, dans l'in-
térêt bien compris des fonctionnaires eux-
mêmes.
Qu'on - ne - s'illusionne pas.
La question de la réduction des soldes se
posera de nouveau à la rentrée des Cham-
bres.
Une campagne de presse, savamment or-
ganisée, y a préparé l'opinion. Un trait de
P141me et voici les salaires substantiellement
diminués au profit de l'Etat. Les fonction-
naires, que l'on tient, n'auront qu'à se ser-
rer la ceinture. Car on ne s'imagine pas que
le législateur, pour leur plaire, s'attaquera
au trop périlleux problème de la vie trop
chère.
La réponse du berger consisterait par une
refonte des cadres, à supprimer les fonctions
de commodité auxquelles nous venons de fai-
re allusion de manière à libérer des crédits
qui rendraient inutiles des atteintes aux sa-
laires.
Mais pourra-t-on jamais dans les emplois
publics, ne pas croire à la vertu du nombre ?
Et M. Cayla trouvera-t-il quelques part des
imitateurs ?
P.-C. Georges François,
Gouverneur honoraire des Colonies.
) -.-- (
La crise au Dahomey
-
La grande épidémie du siècle, la crise, qui
étreint le monde entier, n'a point épargné le
Bas-Dahomey.
Vers fin 1930 elle commençait déjà à se
faire sentir. Elle atteignit tout d'abord les
produits du crû dont les cours se mirent à
baisser.
Cette baisse des produits, on l'attribua des
l'abord aux agissements de la fameuse en-
tente survenue entre les grosses firmes com-
merciales de la Colonie ; cette entente avait
pour but de vendre et d'acheter au client-
consommateur indigène les articles manufac-
turés et les produits du crû à des prix-limites
qu'aucune des firmes associées ne devait dé-
passer. Cette entente, on le conçoit, entravait
le libre jeu de la concurrence, stimulant des
transactions commerciales.
Mais, les choses ne se passèrent point sans
difficulté.
Il faut dire que cette ligue contre la con-
currence devint vite un colin-maillard assez
intéressant où chacun essayait de se dérober
aux règles du jeu. Certaines mations, pleines
de bonne foi, se soumettaient aux limites
fixées tandis que d'autres passaient outre.
Au cours des réunions des agents généraux,
on s'accusait mutuellement d'avoir haussé les
prix des produits sur tel marche, d'avoir
yçndu certains articles d'écoulement courant
au-dessous des prix fixés, aux fins de nuire
aux autres. Certains agents savaient que
leurs partenaires avaient des griefs sérieux
contre eux pour des prix pratiqués qui
n'étaient point ceux de l'entente; alors, ils
obstruaient systématiquement les réunions ;
pour ce faire, ils s'étendaient longuement sur
des différences de centimes relevées dans les
cours pratiqués par les autres ; la discussion
s'éternisait et on levait la séance sans avoir
eu le temps de leur reprocher les écarts sé -
rieux notés contre eux. Puis, ils récidivaient
sans être inquiétés.
Si nous nous sommes étendus quelque peu
sur cette * question de l'entente, c'est parce
que ce sujet a défrayé en son temps la presse
locale et a servi de cible aux récriminations
de l'indigène à la fois client et consomma-
frpur. A
Il est une chose que l'indigène de la brousse
ne saisit pas aussi aisément que l'élément let-
tré : le cultivateur reste surpris devant les
« sautes d'humeur » des cours des produits,
Les cours d'achat des produits, comme on le
sait, sont fonction directe des cours des mar.
chés d'Europe; les frais intermédiaires qui
viennent grever les exportations depuis la
place d'achat jusqu'au port de débarquement
ne subissent pas les vaiiations des cours. Cc
sont donc les cours européens qui comman-
dent le cours en usage sur les places d'achat
d'Afrique.
L'homme de la brousse regarde ces fluctua-
tions des cours comme des moyens habiles,
propres à le tromper, à le « rouler 11, Il n'a
donc pas compris que l'entente, c'était comme,
un service de sauvetage organisé sur un na-
vire qui, pour n'être pas tout entier à la
merci de la tempête, n'en subit pas moins le*
secousses. Oui, la crise minait déjà le Monde.
Le commerce local ôc liguait non par plaisir,
puisque l'on savait que cette ligue gênait la
concurrence, aiguillon des transactions ; le
commerce se liguait par besoin, par nécessité,
tout comme on prend une purge amère, pour
se vider et se libérer d'un mal.
Du reste, au moment où les firmes euro-
péennes se liaient par l'entente, certaines
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