Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-05-26
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 mai 1932 26 mai 1932
Description : 1932/05/26 (A32,N56). 1932/05/26 (A32,N56).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380491b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TflRNTE-DEUXIBME ANNEE. N° 5«.
LE NUMERO : 30 CENTIMES
JEUDI SOIR, 26 MAI 1902.
JOURNAL JjUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
14, im la Mu-mur
PARIS O")
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Les Annales Coloniales
Lti annonces et réclame$ sont rquo «
bureau du fou mai.
DmiCTKUR.FoNDATftUR , Marcel RUEDEL
Tous les articles publiés dans notre journal ne peuvent
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ABONNEiENTS
avec la Revue mensuelle ;
Un se 6 Mois a Moie
France et
Colonie* 180 » 100 > il.
Étranger.. 240 » 125 » 70 »
On s'abonne sans frais daot
tous les bureaux de poste.
Dans l'lie Maurice
> m%m <
Sa Situation économique
et son Industrie sucrière
) ..e IE -
De même que dans nos colonies, rll
Maurice, l'ancienne Ile de France, n'a pas
échappé à la crise économique mondiale et
,l'industrie principale de file, l'industrie
sucrière, ne s'améliore pas et continue à
occuper la première place dans les préoccu-
pations des dirigeants mauriciens.
En 1926, à la suite de cyclones, on avait
dû, pour porter secours aux usiniers, recourir
à un emprunt de 6 miHions de roupies ; cet
emprunt fut consolidé en 1928-1929. Puis,
en 1930, toujours par l'intermédiaire du
Gouvernement local, un nouvel emprunt de
8 millions de roupies fut encore contracté.
Tous ces emprunts étaient en paTtie gagés
sur le revenu des droits de sortie, dont une
partie servait à la constitution d'un fonds de
réserve à peu près épuisé aujourd'hui
en faveur des usiniers. Pour y parer, on avait
majoré Je droit de sortie sur les sucres qui
était de une roupie par cent kilogs d'une taxe
supplémentaire de o fr. 75 par 50 kgs.
En vue d'alléger les obligations qui pèsent
sur l'industrie sucrière, le droit principal de
sortie a déjà été ramené à o R. 50, puis sup-
primé. La perception de la taxe supplémen-
taire de 15 sous a été suspendue. Le Gou-
vernement a décidé en outre de surseoir au
remboursement de l'emprunt (18 sous pour
50 kilos de sucre). Les industriel intéressés
bénéficieront ainsi d'une détaxe nouvelle de
11. sous par 50 kilos de sucre.
-- D'autre part, le pouvoir central a accord é
aux sucriers une avance de 68 sous par cent
livres sur les « Fonds de Développement.
destinés a favoriser les grands travaux.
Dans ces conditions, on pense que les pro-
duits de la coupe actuelle pourront se réa-
liser à 6 Roupies 65 les 50 kilos (ce prix
comprenant avance, détaxes et dispense de
remboursement d'emprunt) ; les sucres de la
dernière campagne se sont vendus à 5 R. 65
les 50 kilos. Aux nouveaux prix, il semble
que certaines exploitations pourront encore
couvrir leurs frais; mais pour la plupart,
cela paraît improbable. Il faut, en effet, tenir
compte qu'elles sont toutes plus ou moins
grevées de charges provenant soit d'hypothè-
ques, soit de créances chirographaires, toit
"'- eaoore de comptes débiteurs chez leurs bail-
leurs de fonds.
On prévoit donc qu'il sera nécessaire ne
réduire les superficies cultivées, de conserver
plus longtemps les vieilles cannes en lais-
sant « filer les repousses. et l'emploi des engrais. Par ailleurs, on devra
licencier encore de nombreux employés,
abaisser le prix de la main-d'œuvre et re-
noncer à toute amélioration, a tout perfec-
tionnement de l'outillage. Et toutes ces me-
sures ne pourront qu'aggraver la situation
économique et sociale.
Les répercussions de l'état de choses ac-
tuel sont d'autant plus dures qu'elles attei-
gnent une population qui a passé en dix
années de 375.000 à près de 425.000 âmes
grossissant en moyenne de 5.000 unités par
année.
Le nombre des sans-travail augmente a
tel point qu'une caisse de chômage a été créée.
La situation se complique de la présence de
nombreux mendiants professionnels qu'on a
dû faire arrêter à Port-Louis.
Déjà, il y a quelque temps, -le Gouver-
nement de Londres avait invité les planteurs
des Colonies sucrières à examiner s il ne se-
rait pas opportun de procurer aux ouvriers
désœuvrés des emplois dans les travaux pu-
blics. Mais les ressources locales manquent
et c'est sans grand espoir de succès que les
journaux demandent à la Métropole d'affec-
ter à Maurice une partie des c fonds de dé-
veloppement » afin d'entreprendre certains
grands travaux d'intérêt collectif.
Toutefois, l'opinion publique semble
craindre que cet emploi de la main-d œuvre
ne détourne les ouvriers des champs et ne les
incite à déserter les usines. Etant donnés
les nouveaux prix offerts par les employeurs,
le salaire perçu sur les chantiers publics se-
rait plus rémunérateur, d'où complet aban-
don des travaux agricoles, pour lesquels
d'ailleurs la plupart des Mauriciens propre-
ment dits manifestent une certaine répu-
gnance, les considérant comme une spécia-
lité de la population indienne.
Quoi qu'il en soit, les ouvriers sans emploi
s'agitent, viennent en groupes solliciter le
gouverneur. Les manifestations sont encore
pacifiques; mais les journaux y voient un
symptôme grave. L'achèvement de certains
travaux en cours augmente encore le nom-
bre des chômeurs et donnera plus <1 acuité
à la crise.
Par contre, nombreux sont les habitants
qui poussés par le « besoin de paraître » ne
veulent pas renoncer à leurs habitudes de
luxe et dépensent encore d'une façon exces-
sive, compromettant définitivement leur ave-
nir.
La situation est donc pleine d'éléments
contradictoires.
iks importations du premier semestre qui
étaient de 24.296.768 roupies en 1928, de
20.464.685 en 1929, sont ramenées en 1930
à 15.944.044 roupies, Je chiffre n'est pas encore connu, mais, sans fttre grand
prophète, on peut prédire qu'il sera encore
inférieur à celui de 1930. Ce mouvement ne
peut que faciliter le règlement des comptes
de la Colonie à l'extérieur, mais il Rêne
l'approvisionnement local et fait monter le
coût de la vie. Aussi, le gouvernement a-t-il,
pour faciliter l'ailimentation des habitants,
levé les prohibitions relatives à la sortie des
roupies à destination de l'Inde. Et pourtant,
cette mesure atteint évidemment les proprié-
taires suoriers que favorisait un change assez
élevé et qui protestent.
D'autre part, l'administration mauricienne
n'a consenti au dégrèvement du droit de sor-
tie de 15 sous par 50 kilos de sucre qu'à
la seule condition de trouver des ressources
dans d'autres compartiments. L'impôt sur les
successions a été augmenté et procurera une
recette supplémentaire annuelle de 400.000
-roupies. On avait même envisagé un relève-
ment des droits de douane à l'entrée. Toutes
ces mesures, provoquent les protestations
d'une partie de l'opinion publique.
La population continue à réagir contre la
baisse des sucres par la recherche d'indus-
tries nouvelles. Elle a reçu dernièrement tout
un outillage pour la confection des sacs de
fibres, qui remplaceront les emballages en
jute de l'Inde destinés à l'exportation des
sucres ; on pense atténuer ainsi les répercus-
sions de la mévente des aloès. Des machines
pour la fabrication des conserves d'ananas
sont attendues. Sous la direction d'un ex-
pert venu du Japon une fabrique d'allu-
mettes a été créée. Enfin le département de
l'Agriculture s'efforce de soutenir l'indus-
trie des tabacs qui ne trouve pas de prix
suffisamment rémunérateurs dans les condi-
tions actuelles de vente.
Lion Arehbnbaad,
Député de la Drôme,
Ancien sous-Secrétaire d'Etat aux
Colonies.
) (
La mise en service
de Il l'El Kantara"
«» 1
L'El-Kantara a pris, mardi, son service sur
la ligne de Port- Vendras-Alger. Commandé
le 10 juillet 1931, il a été livré le 20 avril
1932 et VEI-Kantara, qui remplace YEl-Go-
léa, assurera donc son service par Port- Ven-
dres tout au début de la saison-d'été.
L'El-Kantara a une jauge brute de 5.100
tonnes ; sa longueur est de .120 mètres, sa lar-
geur de 16 m. 30, creux 8 m. 30. La puissan-
ce de ses machines (600 chevaux) lui a permis
de réaliser une vitesse de 21 nœuds aux es-
sais, ce qui lui permet d'accomplir le trajet
Port-Vendres-Alger en 22 heures.
W El-Kantara constitue un très grand pro-
grès sur les navires précédents. Il possède 4
cabines de luxe, 17 cabines à une place de
première classe. Aucune cabine de première
classe, sauf deux cabines de famille, n' a plus
de deux couchettes. Les ponts sont extrême-
ment larges et les décorations intérieures du
meiHeur goût.
Il est - certain que VEI-Kantara représente
pour une traversée de 22 heures le summum
du confort et de la vitesse de route combinés,
Ajoutons qu'il répond à toutes les prescrip-
tions et bénéficie de tous les progrès en matiè-
re de sécurité de route (embarcations, sondeur
ultra-sons, compas giroscopique, etc.) et de lut-
te contre l'incendie (indicateur automatique et
extincteur)
Le paquebot ayant le téléphone sans fil, les
passagers pourront téléphoner et réciproquement
dès que les appareils correspondants existeront
à terre.
Le mouvement de débarquement et d'embar-
quement s'effectue dans d' excellentes condi-
tions à la gare maritime de la Compagnie de
navigation mixte.
En raison du deuil de la marine marchande
française, aucune fête n'a eu lieu à l'occasion
de cette solennité.
(
Croisière
M. Ad. Gaussen, notre collaborateur et
l'artiste peintre (listingué, part ces jours-ci
pour plusieurs mois faire une croisière en
Méditerranée.
) - (
A l'Académie de Médecine
Démenti aux calomnies sur l'état sanitaire
du Maroc
M. Léon Bernard a présenté une note du
docteur Colombani, directeur de la Santé
et de 'l'Hygiène publiques au Maroc, qui ré-
cuse les informations lancées dernièrement
par M. Remlinger à la tribune - de --- l'Aca-
démie.
La variole est infiniment moins répandue
au Maroc qu'en Angleterre ou aux Etats-
Unis; -par contre, les vaccinations y sont
bien plus pratiquées puisque, pour les deux
premiers mois de 1932, près d'un million de
vaccinations ont été effectuées.
Les autres maladies pestilentielles sont en
régression très marquée et victorieusement
combattues ; la typhoïde est moins fréquente
au Maroc que dans la Métropole; quant au
paludisme et a l'amibiase, ces deux mala-
dies, encore endémiques au Maroc, n'ont au-
cune aptitude à 'l'expansion hors du pays.
) «a*- (
A l'Académie des Sciences
»♦«.
Comunication
M. Cayeux communique une note de M.
Furon sur les roches phosphatées de la côte du
Gabon.
Là conquête
du marché rfançais
-
TV
OUTES les mesures pri.
ses pour que nos
producteurs puissent
lutter efficacement
contre la paralysie
de leurs efforts
(caisses de compen.
sation, ristournes,
taxes douanièresf
etc.) resteraient in-
efficaces, s'ils ne
trouvaient pas de
débouchés suffisants à leur production.
Il faut donc, non seulement se maintenir
sur les marchés actuels, mais surtout en con-
quérir de nouveaux.
La première condition pour atteindre ce
double but, c'est que nos produits se présen-
tent sur ces marchés, au moins dans d'aussi
bonnes conditions que les produits concur-
rents, ce qui, à présent, n'est malheureuse-
ment pas toujours le cas.
Il est grand temps que nos producteurs se
disciplimnt, soignent la qualité, l'homogé-
néité, l'emballage, se soumettent aux règle-
ments de « standardisation. édictés avec
raison par les gouvernements gélllrallx.
Telle est la rançon de toutes les mesures
d'aide et de protection consenties par le Par-
lement.
Il est très vrai, et l'on ne saurait trop le
répéter, que ce dont souffre notre empire
d'outre-mer ce n'est pas d'une sous-consom-
mation métropolitaine de ses produits, ce
n'est, pas davantage d'une surproduction ;
c'est surtout d'une organisation défectueuse
de cette production.
« Prix de revient trop élevé, rendement in-
férieur, transports onéreux, financement in-
suffisant, crédit nul ou presque. »
Seules. Vamélioration de la production, la
standardisation peuvent combattre ef ficace-
ment la crise économique et rendre utile le
rôle des caisses de compensation.
Ainsi armée, la production coloniale pourra
partir à la conquête des débouchés nouveaux.
Le premier marché à améliorer c'est le
marché français. Là, tout un service de pro-
pagande est à organiser ; ni les métropoli-
tains, ni les coloniaux n'ont encore tenté dans
ce sens un effort soutenu, rationnel. Cette
seule question de la propagande commande
une « action coloniale » dont le programme
très chargé est entièrement à élaborer. Et, si
l'on veut que la métropole et les colonies
s'entr'aident et se complètent par des
échanges de productions : « Il faut qu'un
inventaire des productions de la France dans
les cinq parties du monde et une carte des
échanges entre ces diverses parties soient
faits dans le pllls bref délai. Puis, cette do-
cumentation une fois établie, il resterait à
créer l'état d'esprit « plus grande France »
c'est-à-dire : enseigner à l'opinion publique
que « les colonies sont les fournisseurs et les
clients naturels de leur métropole, ce qui im-
plique un changement radical de notre orga-
nisation économique et la subordination à
l'intérêt général de certains intérêts privés
qui parfois sont en opposition avec ceux du
bloc français dans le monde ».
F.conomisons, certes, en luttant contre le
gllJ, mais organisons surtout. le salut
de la production coloniale est à ce prix.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Président de la Commission
des Domnes.
Au Muséum National
d'histoire naturelle
Le cours de M. Aug. Chevalier
M. Aug. Chevalier, professeur au Mu-
séum, ouvrira son cours le vendredi 27 mai
à 20 h. 30, dans la salle des cours du Labo-
ratoire d'anthropologie du Muséum, 61, rue
de Buffon. Il les poursuivra les mardi et
vendredi de chaque semaine à la même
heure.
Cette année, le professeur étudiera les
cultures irriguées des pays tropicaux, spé-
cialement dans les colonies françaises. Le
cours sera accompagné de projections.
Le 20 mai, à 15 heures, dans le grand
amphithéâtre du Muséum tjardin des Fian-
tes), M. A. Chevalier fera en outre une
conférence publique avec projections sur le
sujet suivant : Voyage d'études à travers le
Sahara et sur les confins soudanais.
INTERIM
Au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
Par décret en date du 20 mai 1932 rendu
sur la proposition du ministre des Colonies,
M. Jore (Léonce-Alphonse - Noël-Henri),
Gouverneur des Etablissements français de
l'Océanie, a été chargé de mission pour oc-
cuper les fonctions de Gouverneur de la
Nouvelle-Calédonie, de Commissaire géné-
ral de la République dans l'Océan Pacifique
et de Haut Commissaire de la France dans
les Nouvelles-Hébrides, pendant t'absence
du titulaire.
Par décret en date du 20 mai 1932 rendu
sur la proposition du ministre des Colonies,
M. Bouchet (Louis-Henri), chef de bureau
hors classe des secrétariats généraux des
Co'lonies, délégué dans les fonctions de se-
crétaire général du Gouvernement des Eta-
blissements français de l'Océanie, a été
chargé des fonctions intérimaires de Gou-
verneur de cette colonie, pendant l'absence
du titulaire.
Le commerce extérieur de la France
avec ses colonies
̃ o»
QUATRE PREMIERS MOIS DE 1932
Le tableau suivant donne 'la valeur com-
parée des marchandises en provenance des
colonies et pays de protectorat, importées
en France pendant les quatre premiers mois
de 1932 et 1931 :
Importations (en milliers de franci) :
1932 1931
1932 1931
Afrique occid. franç.. 143.512 173.676
Algérie 952.74d 1.138.050
Indochine 122.274 131.334
Madagascar et dép. 76.379 70.715
Maroc 116.779 51 -37°
Syrie (mandat franç.) 9.492 18.864
Tunisie 120.866 125.514
Autres colonies et
pays de protectorat 197.835 209.556
Totaux des colonies
franç. et pays de
protectorat 1.739.987 1.919.079
Par rapport aux importations des quatre
premiers mois de 1932, celles des mois de
janvier à avril ont diminué de 179.090 fr.
Voici maintenant comment se comparent
les exportations françaises à destination des
colonies et pays de protectorat, pendant 'les
quatre premiers mois de 1932 et 1931 ;
Exportations (en milliers de francs) :
1932 19^1
Afrique occid. franç.. 67.649 108.017
Algérie 1.066.67c) 1.464.139
Indochine 136..475 224.022
Madagascar et dép. 81.786 89.511
Maroc 2e. le 319-168
Syrie (mandat franç.) 41.633 50*039
Tunisie 256.17S 278.814
Autres colonies et
pays de protectorat 132.474 164.596
Totaux des colonies
franç. et pays de
protectorat .,. 2.040.990 2.698.306
Par rapport aux exportations des quatre
premiers mois de 1931, celles des mois de
janvier à avril 1932 ont diminué de 657.316
francs.
) -+- - (
L'élection de M. Diagne contestée
M. Georges Barthélemy, ancien député du
Pas-de-Calais, ancien délégué du Soudan au
Conseil supérieur des colonies, candidat aux
dernières élections législatives au Sénégal,
a déposé sur le bureau de la Chambre une
demande tendant à l'invalidation de M.
Diagne, réélu le 8 mai dernier.
Cette demande est basée sur l'envoi en
mission officielle, dans sa circonscription,
pendant la période électorale, de l'ancien
sous-secrétaire d'Etat.
) -+- (
Brazzaville-Paris
via le Bosphore
La mission française automobile composée
du commandant Pic luit, du capitaine Farran
et du mécanicien Renard, qui effectue un
raid sur une camionnette avec les seuls
moyens du bord est arrivé lundi soir à Bel-
grade. La mission, partie de Brazzaville, a
déjà accompli un iparcours de 13.000 km.
à travers le Soudan, l'Egypte, la Palestine
et le Bosphore.
Les automobilistes Hont partis mardi dans
la direction de Paris.
) ..- (
Tu te rends compte.
« MACACHE, POULETTE »
Le jeune prince N edsukwasti, neveu du roi
de Siam, fait ses études à l'université de Prin-
celown ; sa grande distraction est la danse et
les dancing-hall de New- York, notamment the
jamous Orpheum Dance Palace le compte par-
mi leur clientèle frénétique. Là se trouvent,
pour se livrer au plaisir de la dame. de char-
mantes danseuses professionnelles appelées en
Amérique taxi-cancers ; l'une d'elles, surnom-
mée Chiek, ce qui signifie Poulette, jouit par-
ticulièrement des faveurs du prince.
Le prince est moins studieux depuis qu'il fit
la connaissance de Poulette et sur l'ordre de la
légation siamoise à Washington, une enquête
aurait été ordonnée.
La légation siamoise a demandé au Prince
de faire preuve de circonspection et de songer
un peu plus aux études.
Pauvre prince, pauvre Poulette 1
Il a eu cependant plus de chance que le jeu-
ne empereur d'A nnam qui doit se contenter,
comme distraction, des bains pris à la piscine
Molitor sous I'oeil sévère de sa nurse roussil-
lonnaise, M. le résident supérieur Charles 1
EXPERIENCE CONCLUANTE :
LE PETIT CHIMPANZE ET LE BEBE 1
Le docteur Kellog, professeur de psycholo-
gie à l'université d'Indiana, vient de faire une
surprenante étude qui tend à prouver que les
petits chimpanzés sont beaucoup plus intelli-
gents et plus vifs que les bébés.
Les parents groupés en une ligue ont traité
le doctein d'imposteur et l'ont couvert .de leur
malédiction.
Cependant certains savants maintiennent que
l'homme descend du singe.
Le chimpanzé qui servit à l'expérience toute
scientifique était âgé de 7 mois et demi et élevé
exactement dans les mêmes conditions que le bé-
bé qui, lui, était âgé de 10 mois.
En dépit de son handicap d'âge, le profes-
seur Kellog a conclu que le chimpanzé appre-
nait plus rapidement, qu'il était plus vif à dé-
faire des nœuds ou à jouer, qu'il répondait
plus vite quand on l'appelait,qu'il avait davan-
tage de mémoire et s'intéressait beaucoup plus
à ce qui se passait autour de lui, qu'il était plus
docile que le bébé. L'unique supériorité du bé-
bé était d'être capable de parler.
F* Sa
Notes sur la Guyane
Où sont les derniers indiens ?
J '1
On connaît l'existence en Guyane des in-
diens Galibis, des Roucouyennes, des Eme-
rillons et des Oyampis. L'existence des au-
tres tribus n'est plus que supposée. Au cours
de notre mission, nous crûmes un moment
être sur la trace des indiens- Aramichaux,
mais nous n'avons pas eu la chance de les
découvrir. Sans doute. cette tribu est-elle
éteinte, à moins qu'elle n'ait émigré vers des
régions inconnues.
La Guyane, en effet, recèle certainement
encore plusieurs vieilles tribus complètement
isolées et en voie d'extinction dans la région
encore inexplorée des hauts bassins du Ia-
rouini et de l'Oyapoc.
La carte ethnographique de la Guyane
reste à faire ; certes, elle se fera dans le dé-
tail à mesure que se précisera la carte géo-
graphique, mais on pourrait d ici là, en
poussant vers tel ou tel point de l'intérieur
deux ou trois petites expéditions, délimiter
approximativement le.s régions encore han-
tées par les Indiens. Souhaitons que la Com-
mission de délimitation de frontière franco-
brésilienne, dont on nous parle depuis si
longtemps, accomplisse enfin le merveilleux
itinéraire qu'elle se propose : elle en rap-
portera sans aucun doute les plus précieux
enseignements pour l'ethnographie guyanai-
s*.
Les derniers grands travaux qui ont été
faits sur la répartition des Indiens en Guya-
ne française datent des jésuites du xvin*
siècle. On sait d'ailleurs qu'il leur revient la
gloire d'avoir donné à la Guyane une pros-
périté qu'elle a perdue depuis, mais dont il
reste encore de nombreuses traces. Sans dou-
te, les embarras poltiques dans lesquels cet
ordre et débattait alors en France ont-ils
suscité de nombreux départs pour la Guyane
où ces religieux savaient trouver de quoi
exercer leur activité spirituelle et tempo-
relle.
Il faut donc remonter jusqu'aux environs
de 1730 pour trouver des rensegnements
complets sur l'ethnographie de cette colo-
nie. Depuis, nous ne savons rien ou très peu
de chose sur la disparition des Akokwas éta-
blis jadis sur le haut Approuague, 'les Ar-
magotus, sur les sources du Camopi, les Cai-
coticianes du haut Ouaqui, les Caranes du
bas Oyapoc, non plus que sur les déplace-
ments des Amicouanes du haut Camopi et
l'invasion des Guaranis dont les Oyampis et
les Emerillons sont les descendants.
La population indienne est évidemment
beaucoup trop infime aujourd'hui pour qon
puisse songer à y puiser les ressources de
main-d'œuvre qui font tant défaut à la colo-
nie. Quand bien même seraient-ils plus
nombreux, on se lyeurterait à leur fainéan-
tise incurable et à plusieurs autres particula-
rités de tempérament et de caractère que
nous considérons comme de graves défauts et
qui les rendent franchement inaptes à toute
activité sociale européenne.
Nous avons abordé les Indiens avec un es-
prit plein de préjugés favorables à leur
égard, et nous étions persuadés que les pre-
miers colons avaient fait de la mauvaise po-
litique en négligeant leur collaboration, con-
trairement aux méthodes des pionniers de
l'Amérique du Nord. Il nous a fallu rapide-
ment rcconnaiitre que, tels qu'ils nous sont
apparus, les Emerillons et sans doute aussi
Roucouyennes et Oyampis, ne sauraient être
de grande utilité dans les progrès de la civi-
lisation. On pourrait néanmins se demander
si le métissage indien-blanc, favorisé dès les
débuts de 'l'occupation, ne nous aurait pas
transmis une race bien acclimatée prolifique
et point trop rebelle aux travanx agricoles.
Telle était d'ailleurs l'opinion du grand ex-
plorateur Coudreau, qu'il fondait sur l'ex-
périence du Brésil.
Jacques Perret.
Membre de la Mission JI onteux-Riclzard.
) (
La pêche au Soudan français
en 1931
i
Comme les années précédentes, la pêche flu-
viale a été pratiquée activement par les Bozos
et Somonos, installés sur les bords du Niger
et du Bani, pour satisfaire la consommation lo-
cale et même pour alimenter un commerce d'ex-
portation dont l'importance tend à s' accroître
de plus en plus. On estime à environ 17.000
le nombre des indigènes qui se livrent habituel-
lement à la pêche et qui constituent même une
caste spéciale dans les cercles riverains du Ni-
ger.
Les indigènes n'ont pas changé de méthode
pour la capture du poisson. Les Bopos et So-
monos emploient surtout les filets de grandes
dimensions atteignant parfois quatre cents mè-
tres de longueur et maniés par quarante hom-
mes. Les autres engins sont le petit filet, la
nasse, le harpon et l'épervier.
Une grande partie du produit de la pêche est
consommée sur place et constitue un appoint
important dans la nourriture des indigènes.
Quant au poisson sec, il et généralement
exporté sur les colonies du Sud. En 1931, le
cercle de Hopti a expédié sur la Haute-Volt a
et la Côte d'Ivoire plus du tiers de sa produc-
tion. Les travaux neufs du chemin de fer de la
Côte d'Ivoire en ont absorbé une grosse partie.
Les quantités exportées de Ségou sont de l'or-
dre de 5 à 600 tonnes. Les prix de vente ont
varié selon les régions et les époques de 0,50
à 5 francs le kilo pour le poisson frais et de
1 franc à 6 francs pour le poisson sec. Les ser-
vices publics, notamment le Service temporaire
des travaux d'irrigation du Niger, ont été ache-
teurs de quantités importantes.
Une entreprise européenne de pêche s' est
installée à Kabara près de Tombouctou. Elle
se propose d'assurer la fourniture de poisson
séché pour les chantiers de travaux de la Hau-
te-Volta et de la Côte d'Ivoire.
La liaison
Cameroun- Oubangui - Tchad
par P.-C. GEORGES FRANÇOIS.
Les conditions d'exploitation
de la voie ferrée projetée
Dans un article documenté publié dans
Les Annales Coloniales du jeudi 19 mai der-
nier. il était énoncé que la dépense à pré-
voir pour la construction de la ligne pro-
jetée était de 1. 500 millions, compte tenu
des aléas toujours possibles en matière de
travaux publics, surtout aux colonies. Notre
épargne surabondante et inactive la fourni-
rait au premier appel, d'autant plus qu'ici
encore, tout comme pour le grand emprunt
colonial voté l'année dernière, jouerait la
garantie de l'Etat.
Pour un service d'intérêts à 5 %, c'est un
bénéfice de 75 millions qu'il faudrait réali-
ser. Tout permet de l'escompter moyennant
une recette brute de 300 millions, eu ad-
mettant un coefficient normal d'exploitation
de 0,7 5.
Compte tenu d'une part des distances
moyennes et du tarif fixé à 0,60 'la tonne
kilométrique, de l'autre, du mouv.ement in-
térieur des voyageurs et des marchandises,
il suffirait de trouver 300.000 tonnes, à
transporter, dont par exemple 200.000 à
l'exportation et 100.000 à l'importation.
Les trouvera-t-on ?
Pour répondre à la question il convient
de se rappeler que le Sénégal, pays de mo-
noculture, et trois fois moins peuplé que les
territoires peut exporter à lui seul 400.000
tonnes d'arachides.
Combien plus fertiles sont, dans leur di-
\'ersité, les terres du Cameroun, du Tchad
et de
versité, l'Oubangui ; et combien plus variés
leurs produits! Bois, palmistes, cacao, café,
caoutchouc, tabac, arachides, manioc, riz,
sésame, coton, karité, kapok, c'est ici toute
la gamme des productions coloniales. Nous
devons y ajouter les ressources considéra-
bles de l'élevage et de ses dérivés,
Enfin, et à moins de considérer que déli-
bérément malveillante, la Nature ait à no-
tre détriment faussé une logique qu'on ren-
contre d'ordinaire chez elle, nous pouvons
escompter que des prospections poussées
avec suite, ne manqueront pas de mettre au
jour des richesses minières du genre de cel-
les qu'exploitent déjà les territoires voisins
de la Nigeria, de l'A. E. F. et du Congo
Belge.
Voilà qui est de nature à apaiser les ap-
préhensions et à lever tous 'les doutes. Au
surplus, ne convient-il pas d'insister sur
cette vérité de démonstration constante, que
les chemins de fer, en pays neufs, plus en-
core qu'ils ne sont destinés à transporter le
tonnage existant, créent le tonnage néces-
saire à leur exploitation, et par cela même
sont 'le moyen le plus efficace pour la mise
en valeur des territoires desservis.
Tant que notre Afrique Occidentale usta
dépourvue de voies terrées, son activité éco-
nomique, insuffisamment aidé»* par l'apport
de ses Heuves et rivicres incommodes, se
cantonna sans progrès dans la partie péri-
phérique maritime.
Les ports, sans outillage», livraient aux
cargos ce qu'apportaient la pirogue, le dus
de l'homme et de l'animal, Et si (-e trafic
suffisait à la vie des légions littorales, le
lointain hinterland échappant aux échanges
commerciaux restait sans développement
matériel, et, soustrait aux contât ts inoraux,
perpétuait l'état de barbarie des habitants.
Nous n'acceptâmes que trop longtemps
pareille situation, prenant avec légèreté no-
tre pa'rti d'être le « Coq gaulois >1 s'occu-
pant à gratter un sable stérile. Jusqu'au
jour où les résultats d'initiative timides et
dispersées, prenant forme en s'additionnant,
nous décidèrent enfin à une politique suivi e
de grands travaux publics. Ce que nous en
avons retiré, nous le savons aujourd'hui
que par ie rail, auquel nous avons ajouté
la route, notre Fédération ouest-africaine
divisée pour les commodités administratives
en huit gouvernements, présente la réalité
productive d'un bloc économique.
Ce que nous avons fait ici, il faut que
nous le répétions ailleurs, et d'ahord dans
ies terres équatoriales de domination fran-
çaise.
Leur étendue n 'est pas moindre; mais, en
moins de temps, leur voisinage et leurs
conditions géographiques nous mettent à
leur propos, en taie de certaines fatalités
nous icquérant de les reconnaître et de les
exploiter, si nous voulons qu'elles tournent
à notre avantage. Le Cameroun possède
deja un tronçon de voie terrée de l)ual.i à
Yaounde. l'i sut tira, de le poust rr avec,
comme terminus, Maroua, pour que dans
l'utilisation normale d'un terrain >ans relief
gênant elle desserve la colonie tout en-
tière. L'Afrique Equatoriale, de son côté,
aura mené à bonne, fin dans deux ans, son
Congo-Océan. Au prix des pires difficultés
elle se sera donné- le moyen d'exploiter com-
modément deux colonies du groupe : le lia-
bon et le. Moyen-Congo. Mais sur le reste,
Oubangui-Chari et Tchad, pèse l'handicap
de la distance qui, en matière de transport,
est, de tous, le plus lourd. Arriverions-
nous, pour lu construction, à 'le surmonter
à coups de millions, que l'entretien forcé-
ment déficitaire d'un railway démesurément
étendu ferait peser sur les finances de l'A.
E. F. ou plutôt sur les finances métropoli-
taines des charges d'autant plus grandes
qu'elles seraient inutiles pour moitié.
Fort heureusement, le traité qui .1 clos la
dernière guerre, nous a donné, par l'attri-
bution d'un mandat sur le Cameroun, une
solution aisée à un problème difficile. Ce
n'est plus l'ancienne colonie allemande qui
pointe chez nous ses antennes dangereuses.
C'est nous qui possédons, à travers son ter-
ritoire, un droit de passage avec, vers la
mer et vers un port déjà parfaitement ou.
tillé, le bénéfice inappréciable du plus court
trajet direct.
Par un singulier concours de circonstan-
ces; il se fait même que la voie projetée,
grâce à ses deux embranchements, traversera
LE NUMERO : 30 CENTIMES
JEUDI SOIR, 26 MAI 1902.
JOURNAL JjUOTIDIEN
Rédaction & Administration :
14, im la Mu-mur
PARIS O")
Ttlira. t LOUVRC IMI
RICHKLIKU1744
1 c e
Les Annales Coloniales
Lti annonces et réclame$ sont rquo «
bureau du fou mai.
DmiCTKUR.FoNDATftUR , Marcel RUEDEL
Tous les articles publiés dans notre journal ne peuvent
être reproduits qu'en citant les ANNALES COLONIALU.
ABONNEiENTS
avec la Revue mensuelle ;
Un se 6 Mois a Moie
France et
Colonie* 180 » 100 > il.
Étranger.. 240 » 125 » 70 »
On s'abonne sans frais daot
tous les bureaux de poste.
Dans l'lie Maurice
> m%m <
Sa Situation économique
et son Industrie sucrière
) ..e IE -
De même que dans nos colonies, rll
Maurice, l'ancienne Ile de France, n'a pas
échappé à la crise économique mondiale et
,l'industrie principale de file, l'industrie
sucrière, ne s'améliore pas et continue à
occuper la première place dans les préoccu-
pations des dirigeants mauriciens.
En 1926, à la suite de cyclones, on avait
dû, pour porter secours aux usiniers, recourir
à un emprunt de 6 miHions de roupies ; cet
emprunt fut consolidé en 1928-1929. Puis,
en 1930, toujours par l'intermédiaire du
Gouvernement local, un nouvel emprunt de
8 millions de roupies fut encore contracté.
Tous ces emprunts étaient en paTtie gagés
sur le revenu des droits de sortie, dont une
partie servait à la constitution d'un fonds de
réserve à peu près épuisé aujourd'hui
en faveur des usiniers. Pour y parer, on avait
majoré Je droit de sortie sur les sucres qui
était de une roupie par cent kilogs d'une taxe
supplémentaire de o fr. 75 par 50 kgs.
En vue d'alléger les obligations qui pèsent
sur l'industrie sucrière, le droit principal de
sortie a déjà été ramené à o R. 50, puis sup-
primé. La perception de la taxe supplémen-
taire de 15 sous a été suspendue. Le Gou-
vernement a décidé en outre de surseoir au
remboursement de l'emprunt (18 sous pour
50 kilos de sucre). Les industriel intéressés
bénéficieront ainsi d'une détaxe nouvelle de
11. sous par 50 kilos de sucre.
-- D'autre part, le pouvoir central a accord é
aux sucriers une avance de 68 sous par cent
livres sur les « Fonds de Développement.
destinés a favoriser les grands travaux.
Dans ces conditions, on pense que les pro-
duits de la coupe actuelle pourront se réa-
liser à 6 Roupies 65 les 50 kilos (ce prix
comprenant avance, détaxes et dispense de
remboursement d'emprunt) ; les sucres de la
dernière campagne se sont vendus à 5 R. 65
les 50 kilos. Aux nouveaux prix, il semble
que certaines exploitations pourront encore
couvrir leurs frais; mais pour la plupart,
cela paraît improbable. Il faut, en effet, tenir
compte qu'elles sont toutes plus ou moins
grevées de charges provenant soit d'hypothè-
ques, soit de créances chirographaires, toit
"'- eaoore de comptes débiteurs chez leurs bail-
leurs de fonds.
On prévoit donc qu'il sera nécessaire ne
réduire les superficies cultivées, de conserver
plus longtemps les vieilles cannes en lais-
sant « filer les repousses. et
licencier encore de nombreux employés,
abaisser le prix de la main-d'œuvre et re-
noncer à toute amélioration, a tout perfec-
tionnement de l'outillage. Et toutes ces me-
sures ne pourront qu'aggraver la situation
économique et sociale.
Les répercussions de l'état de choses ac-
tuel sont d'autant plus dures qu'elles attei-
gnent une population qui a passé en dix
années de 375.000 à près de 425.000 âmes
grossissant en moyenne de 5.000 unités par
année.
Le nombre des sans-travail augmente a
tel point qu'une caisse de chômage a été créée.
La situation se complique de la présence de
nombreux mendiants professionnels qu'on a
dû faire arrêter à Port-Louis.
Déjà, il y a quelque temps, -le Gouver-
nement de Londres avait invité les planteurs
des Colonies sucrières à examiner s il ne se-
rait pas opportun de procurer aux ouvriers
désœuvrés des emplois dans les travaux pu-
blics. Mais les ressources locales manquent
et c'est sans grand espoir de succès que les
journaux demandent à la Métropole d'affec-
ter à Maurice une partie des c fonds de dé-
veloppement » afin d'entreprendre certains
grands travaux d'intérêt collectif.
Toutefois, l'opinion publique semble
craindre que cet emploi de la main-d œuvre
ne détourne les ouvriers des champs et ne les
incite à déserter les usines. Etant donnés
les nouveaux prix offerts par les employeurs,
le salaire perçu sur les chantiers publics se-
rait plus rémunérateur, d'où complet aban-
don des travaux agricoles, pour lesquels
d'ailleurs la plupart des Mauriciens propre-
ment dits manifestent une certaine répu-
gnance, les considérant comme une spécia-
lité de la population indienne.
Quoi qu'il en soit, les ouvriers sans emploi
s'agitent, viennent en groupes solliciter le
gouverneur. Les manifestations sont encore
pacifiques; mais les journaux y voient un
symptôme grave. L'achèvement de certains
travaux en cours augmente encore le nom-
bre des chômeurs et donnera plus <1 acuité
à la crise.
Par contre, nombreux sont les habitants
qui poussés par le « besoin de paraître » ne
veulent pas renoncer à leurs habitudes de
luxe et dépensent encore d'une façon exces-
sive, compromettant définitivement leur ave-
nir.
La situation est donc pleine d'éléments
contradictoires.
iks importations du premier semestre qui
étaient de 24.296.768 roupies en 1928, de
20.464.685 en 1929, sont ramenées en 1930
à 15.944.044 roupies, Je chiffre
prophète, on peut prédire qu'il sera encore
inférieur à celui de 1930. Ce mouvement ne
peut que faciliter le règlement des comptes
de la Colonie à l'extérieur, mais il Rêne
l'approvisionnement local et fait monter le
coût de la vie. Aussi, le gouvernement a-t-il,
pour faciliter l'ailimentation des habitants,
levé les prohibitions relatives à la sortie des
roupies à destination de l'Inde. Et pourtant,
cette mesure atteint évidemment les proprié-
taires suoriers que favorisait un change assez
élevé et qui protestent.
D'autre part, l'administration mauricienne
n'a consenti au dégrèvement du droit de sor-
tie de 15 sous par 50 kilos de sucre qu'à
la seule condition de trouver des ressources
dans d'autres compartiments. L'impôt sur les
successions a été augmenté et procurera une
recette supplémentaire annuelle de 400.000
-roupies. On avait même envisagé un relève-
ment des droits de douane à l'entrée. Toutes
ces mesures, provoquent les protestations
d'une partie de l'opinion publique.
La population continue à réagir contre la
baisse des sucres par la recherche d'indus-
tries nouvelles. Elle a reçu dernièrement tout
un outillage pour la confection des sacs de
fibres, qui remplaceront les emballages en
jute de l'Inde destinés à l'exportation des
sucres ; on pense atténuer ainsi les répercus-
sions de la mévente des aloès. Des machines
pour la fabrication des conserves d'ananas
sont attendues. Sous la direction d'un ex-
pert venu du Japon une fabrique d'allu-
mettes a été créée. Enfin le département de
l'Agriculture s'efforce de soutenir l'indus-
trie des tabacs qui ne trouve pas de prix
suffisamment rémunérateurs dans les condi-
tions actuelles de vente.
Lion Arehbnbaad,
Député de la Drôme,
Ancien sous-Secrétaire d'Etat aux
Colonies.
) (
La mise en service
de Il l'El Kantara"
«» 1
L'El-Kantara a pris, mardi, son service sur
la ligne de Port- Vendras-Alger. Commandé
le 10 juillet 1931, il a été livré le 20 avril
1932 et VEI-Kantara, qui remplace YEl-Go-
léa, assurera donc son service par Port- Ven-
dres tout au début de la saison-d'été.
L'El-Kantara a une jauge brute de 5.100
tonnes ; sa longueur est de .120 mètres, sa lar-
geur de 16 m. 30, creux 8 m. 30. La puissan-
ce de ses machines (600 chevaux) lui a permis
de réaliser une vitesse de 21 nœuds aux es-
sais, ce qui lui permet d'accomplir le trajet
Port-Vendres-Alger en 22 heures.
W El-Kantara constitue un très grand pro-
grès sur les navires précédents. Il possède 4
cabines de luxe, 17 cabines à une place de
première classe. Aucune cabine de première
classe, sauf deux cabines de famille, n' a plus
de deux couchettes. Les ponts sont extrême-
ment larges et les décorations intérieures du
meiHeur goût.
Il est - certain que VEI-Kantara représente
pour une traversée de 22 heures le summum
du confort et de la vitesse de route combinés,
Ajoutons qu'il répond à toutes les prescrip-
tions et bénéficie de tous les progrès en matiè-
re de sécurité de route (embarcations, sondeur
ultra-sons, compas giroscopique, etc.) et de lut-
te contre l'incendie (indicateur automatique et
extincteur)
Le paquebot ayant le téléphone sans fil, les
passagers pourront téléphoner et réciproquement
dès que les appareils correspondants existeront
à terre.
Le mouvement de débarquement et d'embar-
quement s'effectue dans d' excellentes condi-
tions à la gare maritime de la Compagnie de
navigation mixte.
En raison du deuil de la marine marchande
française, aucune fête n'a eu lieu à l'occasion
de cette solennité.
(
Croisière
M. Ad. Gaussen, notre collaborateur et
l'artiste peintre (listingué, part ces jours-ci
pour plusieurs mois faire une croisière en
Méditerranée.
) - (
A l'Académie de Médecine
Démenti aux calomnies sur l'état sanitaire
du Maroc
M. Léon Bernard a présenté une note du
docteur Colombani, directeur de la Santé
et de 'l'Hygiène publiques au Maroc, qui ré-
cuse les informations lancées dernièrement
par M. Remlinger à la tribune - de --- l'Aca-
démie.
La variole est infiniment moins répandue
au Maroc qu'en Angleterre ou aux Etats-
Unis; -par contre, les vaccinations y sont
bien plus pratiquées puisque, pour les deux
premiers mois de 1932, près d'un million de
vaccinations ont été effectuées.
Les autres maladies pestilentielles sont en
régression très marquée et victorieusement
combattues ; la typhoïde est moins fréquente
au Maroc que dans la Métropole; quant au
paludisme et a l'amibiase, ces deux mala-
dies, encore endémiques au Maroc, n'ont au-
cune aptitude à 'l'expansion hors du pays.
) «a*- (
A l'Académie des Sciences
»♦«.
Comunication
M. Cayeux communique une note de M.
Furon sur les roches phosphatées de la côte du
Gabon.
Là conquête
du marché rfançais
-
TV
OUTES les mesures pri.
ses pour que nos
producteurs puissent
lutter efficacement
contre la paralysie
de leurs efforts
(caisses de compen.
sation, ristournes,
taxes douanièresf
etc.) resteraient in-
efficaces, s'ils ne
trouvaient pas de
débouchés suffisants à leur production.
Il faut donc, non seulement se maintenir
sur les marchés actuels, mais surtout en con-
quérir de nouveaux.
La première condition pour atteindre ce
double but, c'est que nos produits se présen-
tent sur ces marchés, au moins dans d'aussi
bonnes conditions que les produits concur-
rents, ce qui, à présent, n'est malheureuse-
ment pas toujours le cas.
Il est grand temps que nos producteurs se
disciplimnt, soignent la qualité, l'homogé-
néité, l'emballage, se soumettent aux règle-
ments de « standardisation. édictés avec
raison par les gouvernements gélllrallx.
Telle est la rançon de toutes les mesures
d'aide et de protection consenties par le Par-
lement.
Il est très vrai, et l'on ne saurait trop le
répéter, que ce dont souffre notre empire
d'outre-mer ce n'est pas d'une sous-consom-
mation métropolitaine de ses produits, ce
n'est, pas davantage d'une surproduction ;
c'est surtout d'une organisation défectueuse
de cette production.
« Prix de revient trop élevé, rendement in-
férieur, transports onéreux, financement in-
suffisant, crédit nul ou presque. »
Seules. Vamélioration de la production, la
standardisation peuvent combattre ef ficace-
ment la crise économique et rendre utile le
rôle des caisses de compensation.
Ainsi armée, la production coloniale pourra
partir à la conquête des débouchés nouveaux.
Le premier marché à améliorer c'est le
marché français. Là, tout un service de pro-
pagande est à organiser ; ni les métropoli-
tains, ni les coloniaux n'ont encore tenté dans
ce sens un effort soutenu, rationnel. Cette
seule question de la propagande commande
une « action coloniale » dont le programme
très chargé est entièrement à élaborer. Et, si
l'on veut que la métropole et les colonies
s'entr'aident et se complètent par des
échanges de productions : « Il faut qu'un
inventaire des productions de la France dans
les cinq parties du monde et une carte des
échanges entre ces diverses parties soient
faits dans le pllls bref délai. Puis, cette do-
cumentation une fois établie, il resterait à
créer l'état d'esprit « plus grande France »
c'est-à-dire : enseigner à l'opinion publique
que « les colonies sont les fournisseurs et les
clients naturels de leur métropole, ce qui im-
plique un changement radical de notre orga-
nisation économique et la subordination à
l'intérêt général de certains intérêts privés
qui parfois sont en opposition avec ceux du
bloc français dans le monde ».
F.conomisons, certes, en luttant contre le
gllJ, mais organisons surtout. le salut
de la production coloniale est à ce prix.
Edouard Néron,
Sénateur de la Haute-Loire,
Vice-Président de la Commission
des Domnes.
Au Muséum National
d'histoire naturelle
Le cours de M. Aug. Chevalier
M. Aug. Chevalier, professeur au Mu-
séum, ouvrira son cours le vendredi 27 mai
à 20 h. 30, dans la salle des cours du Labo-
ratoire d'anthropologie du Muséum, 61, rue
de Buffon. Il les poursuivra les mardi et
vendredi de chaque semaine à la même
heure.
Cette année, le professeur étudiera les
cultures irriguées des pays tropicaux, spé-
cialement dans les colonies françaises. Le
cours sera accompagné de projections.
Le 20 mai, à 15 heures, dans le grand
amphithéâtre du Muséum tjardin des Fian-
tes), M. A. Chevalier fera en outre une
conférence publique avec projections sur le
sujet suivant : Voyage d'études à travers le
Sahara et sur les confins soudanais.
INTERIM
Au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie
Par décret en date du 20 mai 1932 rendu
sur la proposition du ministre des Colonies,
M. Jore (Léonce-Alphonse - Noël-Henri),
Gouverneur des Etablissements français de
l'Océanie, a été chargé de mission pour oc-
cuper les fonctions de Gouverneur de la
Nouvelle-Calédonie, de Commissaire géné-
ral de la République dans l'Océan Pacifique
et de Haut Commissaire de la France dans
les Nouvelles-Hébrides, pendant t'absence
du titulaire.
Par décret en date du 20 mai 1932 rendu
sur la proposition du ministre des Colonies,
M. Bouchet (Louis-Henri), chef de bureau
hors classe des secrétariats généraux des
Co'lonies, délégué dans les fonctions de se-
crétaire général du Gouvernement des Eta-
blissements français de l'Océanie, a été
chargé des fonctions intérimaires de Gou-
verneur de cette colonie, pendant l'absence
du titulaire.
Le commerce extérieur de la France
avec ses colonies
̃ o»
QUATRE PREMIERS MOIS DE 1932
Le tableau suivant donne 'la valeur com-
parée des marchandises en provenance des
colonies et pays de protectorat, importées
en France pendant les quatre premiers mois
de 1932 et 1931 :
Importations (en milliers de franci) :
1932 1931
1932 1931
Afrique occid. franç.. 143.512 173.676
Algérie 952.74d 1.138.050
Indochine 122.274 131.334
Madagascar et dép. 76.379 70.715
Maroc 116.779 51 -37°
Syrie (mandat franç.) 9.492 18.864
Tunisie 120.866 125.514
Autres colonies et
pays de protectorat 197.835 209.556
Totaux des colonies
franç. et pays de
protectorat 1.739.987 1.919.079
Par rapport aux importations des quatre
premiers mois de 1932, celles des mois de
janvier à avril ont diminué de 179.090 fr.
Voici maintenant comment se comparent
les exportations françaises à destination des
colonies et pays de protectorat, pendant 'les
quatre premiers mois de 1932 et 1931 ;
Exportations (en milliers de francs) :
1932 19^1
Afrique occid. franç.. 67.649 108.017
Algérie 1.066.67c) 1.464.139
Indochine 136..475 224.022
Madagascar et dép. 81.786 89.511
Maroc 2e. le 319-168
Syrie (mandat franç.) 41.633 50*039
Tunisie 256.17S 278.814
Autres colonies et
pays de protectorat 132.474 164.596
Totaux des colonies
franç. et pays de
protectorat .,. 2.040.990 2.698.306
Par rapport aux exportations des quatre
premiers mois de 1931, celles des mois de
janvier à avril 1932 ont diminué de 657.316
francs.
) -+- - (
L'élection de M. Diagne contestée
M. Georges Barthélemy, ancien député du
Pas-de-Calais, ancien délégué du Soudan au
Conseil supérieur des colonies, candidat aux
dernières élections législatives au Sénégal,
a déposé sur le bureau de la Chambre une
demande tendant à l'invalidation de M.
Diagne, réélu le 8 mai dernier.
Cette demande est basée sur l'envoi en
mission officielle, dans sa circonscription,
pendant la période électorale, de l'ancien
sous-secrétaire d'Etat.
) -+- (
Brazzaville-Paris
via le Bosphore
La mission française automobile composée
du commandant Pic luit, du capitaine Farran
et du mécanicien Renard, qui effectue un
raid sur une camionnette avec les seuls
moyens du bord est arrivé lundi soir à Bel-
grade. La mission, partie de Brazzaville, a
déjà accompli un iparcours de 13.000 km.
à travers le Soudan, l'Egypte, la Palestine
et le Bosphore.
Les automobilistes Hont partis mardi dans
la direction de Paris.
) ..- (
Tu te rends compte.
« MACACHE, POULETTE »
Le jeune prince N edsukwasti, neveu du roi
de Siam, fait ses études à l'université de Prin-
celown ; sa grande distraction est la danse et
les dancing-hall de New- York, notamment the
jamous Orpheum Dance Palace le compte par-
mi leur clientèle frénétique. Là se trouvent,
pour se livrer au plaisir de la dame. de char-
mantes danseuses professionnelles appelées en
Amérique taxi-cancers ; l'une d'elles, surnom-
mée Chiek, ce qui signifie Poulette, jouit par-
ticulièrement des faveurs du prince.
Le prince est moins studieux depuis qu'il fit
la connaissance de Poulette et sur l'ordre de la
légation siamoise à Washington, une enquête
aurait été ordonnée.
La légation siamoise a demandé au Prince
de faire preuve de circonspection et de songer
un peu plus aux études.
Pauvre prince, pauvre Poulette 1
Il a eu cependant plus de chance que le jeu-
ne empereur d'A nnam qui doit se contenter,
comme distraction, des bains pris à la piscine
Molitor sous I'oeil sévère de sa nurse roussil-
lonnaise, M. le résident supérieur Charles 1
EXPERIENCE CONCLUANTE :
LE PETIT CHIMPANZE ET LE BEBE 1
Le docteur Kellog, professeur de psycholo-
gie à l'université d'Indiana, vient de faire une
surprenante étude qui tend à prouver que les
petits chimpanzés sont beaucoup plus intelli-
gents et plus vifs que les bébés.
Les parents groupés en une ligue ont traité
le doctein d'imposteur et l'ont couvert .de leur
malédiction.
Cependant certains savants maintiennent que
l'homme descend du singe.
Le chimpanzé qui servit à l'expérience toute
scientifique était âgé de 7 mois et demi et élevé
exactement dans les mêmes conditions que le bé-
bé qui, lui, était âgé de 10 mois.
En dépit de son handicap d'âge, le profes-
seur Kellog a conclu que le chimpanzé appre-
nait plus rapidement, qu'il était plus vif à dé-
faire des nœuds ou à jouer, qu'il répondait
plus vite quand on l'appelait,qu'il avait davan-
tage de mémoire et s'intéressait beaucoup plus
à ce qui se passait autour de lui, qu'il était plus
docile que le bébé. L'unique supériorité du bé-
bé était d'être capable de parler.
F* Sa
Notes sur la Guyane
Où sont les derniers indiens ?
J '1
On connaît l'existence en Guyane des in-
diens Galibis, des Roucouyennes, des Eme-
rillons et des Oyampis. L'existence des au-
tres tribus n'est plus que supposée. Au cours
de notre mission, nous crûmes un moment
être sur la trace des indiens- Aramichaux,
mais nous n'avons pas eu la chance de les
découvrir. Sans doute. cette tribu est-elle
éteinte, à moins qu'elle n'ait émigré vers des
régions inconnues.
La Guyane, en effet, recèle certainement
encore plusieurs vieilles tribus complètement
isolées et en voie d'extinction dans la région
encore inexplorée des hauts bassins du Ia-
rouini et de l'Oyapoc.
La carte ethnographique de la Guyane
reste à faire ; certes, elle se fera dans le dé-
tail à mesure que se précisera la carte géo-
graphique, mais on pourrait d ici là, en
poussant vers tel ou tel point de l'intérieur
deux ou trois petites expéditions, délimiter
approximativement le.s régions encore han-
tées par les Indiens. Souhaitons que la Com-
mission de délimitation de frontière franco-
brésilienne, dont on nous parle depuis si
longtemps, accomplisse enfin le merveilleux
itinéraire qu'elle se propose : elle en rap-
portera sans aucun doute les plus précieux
enseignements pour l'ethnographie guyanai-
s*.
Les derniers grands travaux qui ont été
faits sur la répartition des Indiens en Guya-
ne française datent des jésuites du xvin*
siècle. On sait d'ailleurs qu'il leur revient la
gloire d'avoir donné à la Guyane une pros-
périté qu'elle a perdue depuis, mais dont il
reste encore de nombreuses traces. Sans dou-
te, les embarras poltiques dans lesquels cet
ordre et débattait alors en France ont-ils
suscité de nombreux départs pour la Guyane
où ces religieux savaient trouver de quoi
exercer leur activité spirituelle et tempo-
relle.
Il faut donc remonter jusqu'aux environs
de 1730 pour trouver des rensegnements
complets sur l'ethnographie de cette colo-
nie. Depuis, nous ne savons rien ou très peu
de chose sur la disparition des Akokwas éta-
blis jadis sur le haut Approuague, 'les Ar-
magotus, sur les sources du Camopi, les Cai-
coticianes du haut Ouaqui, les Caranes du
bas Oyapoc, non plus que sur les déplace-
ments des Amicouanes du haut Camopi et
l'invasion des Guaranis dont les Oyampis et
les Emerillons sont les descendants.
La population indienne est évidemment
beaucoup trop infime aujourd'hui pour qon
puisse songer à y puiser les ressources de
main-d'œuvre qui font tant défaut à la colo-
nie. Quand bien même seraient-ils plus
nombreux, on se lyeurterait à leur fainéan-
tise incurable et à plusieurs autres particula-
rités de tempérament et de caractère que
nous considérons comme de graves défauts et
qui les rendent franchement inaptes à toute
activité sociale européenne.
Nous avons abordé les Indiens avec un es-
prit plein de préjugés favorables à leur
égard, et nous étions persuadés que les pre-
miers colons avaient fait de la mauvaise po-
litique en négligeant leur collaboration, con-
trairement aux méthodes des pionniers de
l'Amérique du Nord. Il nous a fallu rapide-
ment rcconnaiitre que, tels qu'ils nous sont
apparus, les Emerillons et sans doute aussi
Roucouyennes et Oyampis, ne sauraient être
de grande utilité dans les progrès de la civi-
lisation. On pourrait néanmins se demander
si le métissage indien-blanc, favorisé dès les
débuts de 'l'occupation, ne nous aurait pas
transmis une race bien acclimatée prolifique
et point trop rebelle aux travanx agricoles.
Telle était d'ailleurs l'opinion du grand ex-
plorateur Coudreau, qu'il fondait sur l'ex-
périence du Brésil.
Jacques Perret.
Membre de la Mission JI onteux-Riclzard.
) (
La pêche au Soudan français
en 1931
i
Comme les années précédentes, la pêche flu-
viale a été pratiquée activement par les Bozos
et Somonos, installés sur les bords du Niger
et du Bani, pour satisfaire la consommation lo-
cale et même pour alimenter un commerce d'ex-
portation dont l'importance tend à s' accroître
de plus en plus. On estime à environ 17.000
le nombre des indigènes qui se livrent habituel-
lement à la pêche et qui constituent même une
caste spéciale dans les cercles riverains du Ni-
ger.
Les indigènes n'ont pas changé de méthode
pour la capture du poisson. Les Bopos et So-
monos emploient surtout les filets de grandes
dimensions atteignant parfois quatre cents mè-
tres de longueur et maniés par quarante hom-
mes. Les autres engins sont le petit filet, la
nasse, le harpon et l'épervier.
Une grande partie du produit de la pêche est
consommée sur place et constitue un appoint
important dans la nourriture des indigènes.
Quant au poisson sec, il et généralement
exporté sur les colonies du Sud. En 1931, le
cercle de Hopti a expédié sur la Haute-Volt a
et la Côte d'Ivoire plus du tiers de sa produc-
tion. Les travaux neufs du chemin de fer de la
Côte d'Ivoire en ont absorbé une grosse partie.
Les quantités exportées de Ségou sont de l'or-
dre de 5 à 600 tonnes. Les prix de vente ont
varié selon les régions et les époques de 0,50
à 5 francs le kilo pour le poisson frais et de
1 franc à 6 francs pour le poisson sec. Les ser-
vices publics, notamment le Service temporaire
des travaux d'irrigation du Niger, ont été ache-
teurs de quantités importantes.
Une entreprise européenne de pêche s' est
installée à Kabara près de Tombouctou. Elle
se propose d'assurer la fourniture de poisson
séché pour les chantiers de travaux de la Hau-
te-Volta et de la Côte d'Ivoire.
La liaison
Cameroun- Oubangui - Tchad
par P.-C. GEORGES FRANÇOIS.
Les conditions d'exploitation
de la voie ferrée projetée
Dans un article documenté publié dans
Les Annales Coloniales du jeudi 19 mai der-
nier. il était énoncé que la dépense à pré-
voir pour la construction de la ligne pro-
jetée était de 1. 500 millions, compte tenu
des aléas toujours possibles en matière de
travaux publics, surtout aux colonies. Notre
épargne surabondante et inactive la fourni-
rait au premier appel, d'autant plus qu'ici
encore, tout comme pour le grand emprunt
colonial voté l'année dernière, jouerait la
garantie de l'Etat.
Pour un service d'intérêts à 5 %, c'est un
bénéfice de 75 millions qu'il faudrait réali-
ser. Tout permet de l'escompter moyennant
une recette brute de 300 millions, eu ad-
mettant un coefficient normal d'exploitation
de 0,7 5.
Compte tenu d'une part des distances
moyennes et du tarif fixé à 0,60 'la tonne
kilométrique, de l'autre, du mouv.ement in-
térieur des voyageurs et des marchandises,
il suffirait de trouver 300.000 tonnes, à
transporter, dont par exemple 200.000 à
l'exportation et 100.000 à l'importation.
Les trouvera-t-on ?
Pour répondre à la question il convient
de se rappeler que le Sénégal, pays de mo-
noculture, et trois fois moins peuplé que les
territoires peut exporter à lui seul 400.000
tonnes d'arachides.
Combien plus fertiles sont, dans leur di-
\'ersité, les terres du Cameroun, du Tchad
et de
versité, l'Oubangui ; et combien plus variés
leurs produits! Bois, palmistes, cacao, café,
caoutchouc, tabac, arachides, manioc, riz,
sésame, coton, karité, kapok, c'est ici toute
la gamme des productions coloniales. Nous
devons y ajouter les ressources considéra-
bles de l'élevage et de ses dérivés,
Enfin, et à moins de considérer que déli-
bérément malveillante, la Nature ait à no-
tre détriment faussé une logique qu'on ren-
contre d'ordinaire chez elle, nous pouvons
escompter que des prospections poussées
avec suite, ne manqueront pas de mettre au
jour des richesses minières du genre de cel-
les qu'exploitent déjà les territoires voisins
de la Nigeria, de l'A. E. F. et du Congo
Belge.
Voilà qui est de nature à apaiser les ap-
préhensions et à lever tous 'les doutes. Au
surplus, ne convient-il pas d'insister sur
cette vérité de démonstration constante, que
les chemins de fer, en pays neufs, plus en-
core qu'ils ne sont destinés à transporter le
tonnage existant, créent le tonnage néces-
saire à leur exploitation, et par cela même
sont 'le moyen le plus efficace pour la mise
en valeur des territoires desservis.
Tant que notre Afrique Occidentale usta
dépourvue de voies terrées, son activité éco-
nomique, insuffisamment aidé»* par l'apport
de ses Heuves et rivicres incommodes, se
cantonna sans progrès dans la partie péri-
phérique maritime.
Les ports, sans outillage», livraient aux
cargos ce qu'apportaient la pirogue, le dus
de l'homme et de l'animal, Et si (-e trafic
suffisait à la vie des légions littorales, le
lointain hinterland échappant aux échanges
commerciaux restait sans développement
matériel, et, soustrait aux contât ts inoraux,
perpétuait l'état de barbarie des habitants.
Nous n'acceptâmes que trop longtemps
pareille situation, prenant avec légèreté no-
tre pa'rti d'être le « Coq gaulois >1 s'occu-
pant à gratter un sable stérile. Jusqu'au
jour où les résultats d'initiative timides et
dispersées, prenant forme en s'additionnant,
nous décidèrent enfin à une politique suivi e
de grands travaux publics. Ce que nous en
avons retiré, nous le savons aujourd'hui
que par ie rail, auquel nous avons ajouté
la route, notre Fédération ouest-africaine
divisée pour les commodités administratives
en huit gouvernements, présente la réalité
productive d'un bloc économique.
Ce que nous avons fait ici, il faut que
nous le répétions ailleurs, et d'ahord dans
ies terres équatoriales de domination fran-
çaise.
Leur étendue n 'est pas moindre; mais, en
moins de temps, leur voisinage et leurs
conditions géographiques nous mettent à
leur propos, en taie de certaines fatalités
nous icquérant de les reconnaître et de les
exploiter, si nous voulons qu'elles tournent
à notre avantage. Le Cameroun possède
deja un tronçon de voie terrée de l)ual.i à
Yaounde. l'i sut tira, de le poust rr avec,
comme terminus, Maroua, pour que dans
l'utilisation normale d'un terrain >ans relief
gênant elle desserve la colonie tout en-
tière. L'Afrique Equatoriale, de son côté,
aura mené à bonne, fin dans deux ans, son
Congo-Océan. Au prix des pires difficultés
elle se sera donné- le moyen d'exploiter com-
modément deux colonies du groupe : le lia-
bon et le. Moyen-Congo. Mais sur le reste,
Oubangui-Chari et Tchad, pèse l'handicap
de la distance qui, en matière de transport,
est, de tous, le plus lourd. Arriverions-
nous, pour lu construction, à 'le surmonter
à coups de millions, que l'entretien forcé-
ment déficitaire d'un railway démesurément
étendu ferait peser sur les finances de l'A.
E. F. ou plutôt sur les finances métropoli-
taines des charges d'autant plus grandes
qu'elles seraient inutiles pour moitié.
Fort heureusement, le traité qui .1 clos la
dernière guerre, nous a donné, par l'attri-
bution d'un mandat sur le Cameroun, une
solution aisée à un problème difficile. Ce
n'est plus l'ancienne colonie allemande qui
pointe chez nous ses antennes dangereuses.
C'est nous qui possédons, à travers son ter-
ritoire, un droit de passage avec, vers la
mer et vers un port déjà parfaitement ou.
tillé, le bénéfice inappréciable du plus court
trajet direct.
Par un singulier concours de circonstan-
ces; il se fait même que la voie projetée,
grâce à ses deux embranchements, traversera
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