Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-05-21
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 mai 1932 21 mai 1932
Description : 1932/05/21 (A32,N54). 1932/05/21 (A32,N54).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k63804898
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
TRENTE-DEUXIEME ANNEE. N° 54.
LE NUMIDRO : 80 GBNTIMIB
SAMEDI SOIR, 21 MAI i960.
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Les Annales Coloniales
ka mume et réclëmes sont reçuee m
bureau du tournai.
DIÉHT|UII.PONOATIUII 1 Mareel RUEDEL
fW let articles publiés dans notre tournai ne peuvent
tire reproduite qu'on citant les ANXALU CMMAM*.
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ttr.,.. 241. t. J F$t
On «'«bonne sans Inli êem
Mm les bmni 4» poste.
Un colonial au temps de Colbert
i- ) -.. ( -
.ç Ecrivain du Roi », tel était le titre que
portait ce colonial, nommé Robert Challes,
et l'on qualifiait ainsi, au dix-septième siè-
cle, ces fonctionnaires qui, sur la flotte, ou
sur les vaisseaux des compagnies privilé-
giées, surveillaient les marchandises, du
port de départ au port d'arrivée, détenaient
les clefs des magasins, et délivraient au
jour le jour, durant la traversée, les provi-
sions nécessaires. Robert Challes fit ce mé-
tier vingt-quatre ans durant : les navires sur
lesquels il monta le conduisirent au Canada
et aux Antilles, et au Siam ; et de la même
plume dont il tenait ses comptabilités, il
écrivait le foutnal du voyagé qu'il avait fait
aux Indes Orientales aux années 1690 et
1691, manuscrit extrêmement précieux pour
l'histoire de notre pénétration au Siam et
ail Cambodge, et qui fut publié après la
mort de Robert Challes, en 1721.
De- cette même plume, encore, il com-
mença de griffonner de très piquants Mémoi-
res, que vient de publier M. Augustin-
Thierry ; -et dans ces .Mémoires, Robert
Challes nous apparaît comme un « colo-
tiiàl » perspicace, qu'il y a grand profit à
écouter.
11 était inconsolable du traité d'Utrecht.
Certain discours du trône, par lequel la
reine Anne s'était félicitée, devant les
Chambres 'anglaises, d'avoir obligé la
France à céder la Grande-Bretagne l'Àca-
dielet la baie d Hudson, laissait à Robert
Challes d'amers regrets. Ltt Reine avait
parlé des quarante mille personnes qu'on
pourrait faire subsister là-bas, par la pêche
de la morue. Challes se sentait très mortifié
de voir les j&cheuts de France dépossédés
de l'ile de Terre-Neuve; et il songeait avec
mélancolie qu'à la prochaine guerre, les An-
glais, en ces latitudes, achèveraient la ruine
des fleurs de lis. Plus de cinquante ans
avant l'héroïque et inutile résistance de
Montcalm, Challes écrivait : 1 Dieu veuille
, que je sois mauvais prophète ; mais je pré-
vois que Québec et le Canada seront bien-
tôt angticanisés, Voilà une partie tic ce que
les plénipotentiaires de France devaient
.prévoir, avant de signer le triste traité
d'Utrecht, qui, certainement, sera cause un
jour "de plusieurs guerres sanglantes. » Ces
lignes se lisent au second chapitre des Mé-
moires de Robert Challes.
Mais, des 1684, quatre-vingts ans avant
m, les douloureuses destinées du
Canada avaient été prévues par Robert
Challes dans des rapports officiels qu'il
avâit remis au ministre Seignelay. Celui-ci
en avait parlé Louis XIV, et le Grand
Roi avait voulu voir Challes, l'entendre.
Pontchartrain, puis Maurepas. «héritèrent de
ces rapports de Robert Challes, que Sei-
gnelay avait fait relier. Et Challes nous
dit dans ses Mémoires : « Je les prends à
témoin si je n'ai pas écrit que tôt ou tard
l'Acadie serait anglaise. Je n'ai, comme on
voit, rien annoncé qui ne soit arrivé. J'ai
prédit la même chose pour Québec, mais
dans un temps plus éloigné.. Combien il
eùt préféré, lorsqu'il vit l'Acadie devenir
anglaise, avoir été mauvais prophète 1 Son
amour-propre de pronostiqueur eût joyeuse-
ment accepté cette humiliation. Mais tout
au contraire sa douleur, sa colère, ne con-
naissaient plus de bornes, et Challes allait
jusqu'à déclarer ; « Ceux qui, comme moi,
ont été dans l'Acadie et le Canada, et qui
connaissent la pêche de la morue, la ferti-
lité du terroir l'étendue du pays, qui ont
pratiqué la traite avec les sauvages et savent
la facilité que les Anglais auront à nous
boucher le fleuve du Saint-Laurent : ceux-
là, dis-je, savent aussi qu'il aurait été plus
avantageux à la France de leur céder la
Normandie, la Bretagne et même l'Aqui-
taine, comme ils l'ont eue autrefois, que
de leur céder l'Acadie, Terre-Neuve et la
baie d'Hudson. 1 Ainsi l'attachement de
Robert Challes à l'idée coloniale 'l'indui-
sait-il, parfois, à de paradoxales exagéra-
tions: *
Mais de ces Mémoires se dégage toute
une doctrine coloniale, pleine de bon sens
et de finesse. Colbert avait songé à vider
les galères pour remplir las colonies : tel
n'est pas l'avis de Challes. Son programme,
à lui se rapprocherait plutôt - quelle que
soit sa haine pour la compagnie de Jésus
du programme de ces Jésuites qui, sous
Richelieu, voulaient attirer au Canada des
« peuplades de Français B. Challes estime
qu'on pourrait i tirer de la misère une :t}fi-
nité de malheureux, qui Janguissent en
France » : on les embarquerait, on les trai-
terait humainement pendant la traversée,
on donnerait à chacun un morceau de terre
à défricher,'avec les instruments nécessai-
res, tant pour abattre les bois que pour cul-
tiver le sol ; on leur fournirait, gratis, des
vêtements pour deux ans, des grains, 'des
poules, des truies. Et-Challes propose que
l'on ramène en France, au bout de trois ou
quatre ans, « une vingtaine des mieux
intentionnés, ceux qui auraient le mieux
apprécié la douceur et la fertilité du cli-
mat » : ils se feraient les apôtres de l'idée
coloniale dans les villes et dans les cam-
pagnes françaises. « Je suis convaincu, dé-
clare Challes, que « sur le rapport de ces
gens, il s'embarquerait volontairement plus
de Français que les vaisseaux du Roi n'en
pourraient porter w. Ainsi entrevoit-il, en
rive, « une espèce de royaume aussi floris-
sant que la vieille France européenne ».
Mais il redoute qu'on ne le traite de Don
Quichotte et que la versatilité française ne
s'axsommode mal, au delà des mers, de la
stabilité d'uns « politique sage, humaine et
chrétienne 9.
Il persiste, néanmoins, à développer son
rêve. Pour les ouvriers transportés au delà
des mers, Challes veut la journée de huit
heures : le reste de leur temps serait libre ;
l'esprit de société les amènerait à se grou-
Eer ; des hameaux se formeraient, et ces
hameaux deviendraient des bourgades. Uto-
pies. à la Télêmaque •/ diront certains.
Challes accepte le reproche ; il rappelle que
Rome a été fondée par une poignée de ban.
dits, et dit aux Parisiens de son temps :
« Si nous savions quels sont "les premiers
fondateurs de Paris, nous trouverions sans
dotite qu'ils étaient peu de chose P. L'in-
térêt qu'il porte pour les desseins colonisa-
teurs du financier Crozat dans, le bassin du
Mississipi lui suggère sa franchise de lan-
gage ; il regarde ce que font les Anglais,
ce que font les Hollandais : que ne sui-
vons-nous, s'écrie Challes, le chemin qu'ils
nous tracent : « Il semble qu'il nous suffise
que les étrangers aient inventé les moyens
de se rendre riches et heureux, pour que ces
mêmes moyens nous paraissent indignes
d'être pratiqués. »
Ça et là, en des lignes éloquentes, Robert
Challes part en guerre contre les abus
d'outre-mer. S'il eût été gouverneur d'une
colonie, il eût châtié sévèrement, chez ses
administras français, « la moindre inclina-
tion pour les filles du pays, à moins que ce
ne fût en vue du mariage ». Il n'eût per-
mis de faire la cour aux sauvagesses, que
pour le bon motif 1 Il aurait facilité ces
alliances entre Français et sauvagesses, pour
s'assurer ainsi, dans les milieux indigènes,
des sources de renseignements. S'il eût
choisi les gouverneurs des colonies, il n'eût
tenu compte que du c mérite » et de la
« probité personnelle JI, et n'eût jamais
attaclié la moindre importance aux « re-
commandations JI, comme aujourd'hui l'on
dit. Il n'admettait pas que de pareils choix
pussent dépendre de l'intervention d'un
« bonnet à cornes, d'un capuchon, d'un
cotillon, d'un homme en faveur P.
On reconnaîtra qu'il n'y a rien d'ar-
chaIque, ni d'inopportun, dans les maximes,
inédites jusquiéÏ, de l'honnête « écrivain du
Roi P.
Georges Ooyaut
dé VAcadémte Françaiset
t ", 1( 1
U Itftf&t dn prix littéraire
des "Vikioll"
̃
Le prix littéraire des Vikings, d'une valeur
de ! 0.000, fmncs, a été attribué, jeudi. par un
jury présidé par M. Jean Vignaud,
Les concurrents étaient : ML Henry de
Monfreid, Mme Titayna, MM. Feuga, Paul
V¡alar. Roger Vercel, Alain Serdac et Ju-
lien GuiUerMrd. Par 18 voix, le prix a été
décerné à M. Henry de Monfreid, pour son
roman : les Secrets de la (mer Rouge, contre
6 voix à Mme Titayna, pour l'ensemble de
ses reportages, 3 voix à M. Julien GuiUe-
mard, pour les Morts vivants de VApiifer, et
1 voix à M, Vialar.
Fils du peintre Daniel de Monfreid, qui
fut un grand ami de Gauguin, M. Henry de
Monfreid n'est pas écrivain de métier. Son
enfance, passée parmi les pêcheurs des envi-
rons de Leucate, l'incita à rechercher une
vie d'aventures. Agent commercial dans la
colonie française de la côte des Somalis, à
Djibouti. il ne tarda pas à quitter ce poste
qu'il jugeait trop sédentaire. Ayant acheté un
boutre, petit voilier, il devait mener dès lors
avec une demi-douzaine de matelots, à peu
près pirates, une existence semée dés aven-
tures les plus périlleuses, La contrebande des
armes et la pêche des perles ont occupé une
gran de partie de son activité. Tour à tout
pourchassé par les Turcs, les Anglais qui
l'emprisonnèrent et furent sur le point de le
fusiller, les Italiens, les Arabes, if a continué
à vivre presque toute l'année en ces lieux.
Après avoir passé dernièrement quelques
jours à Paris, il est reparti et vogue en ce mo-
ment vers Djibouti avec l'un de ses enfants.
Car ce « Viking » méditerranéen est marié et
père de famille.
Le livre primé est une suite de récits, où
foisonne l'aventure, et qui donnent une idée
de la vie menée par l'auteur, Nos lecteurs
n'ont pas oublié l'éloge qu'en a fait notre col-
laborateur André Tnérive quand les secrets
de la mer Rouge ont paru.
Un nouveau livre de M. Henry de Mon-
freid, Aventures de mer, est sous presse.
A la méaolre de Jolre
Diégo-Suarez va élever un monument
Sur l'initiative de M, Léon Cayla, gouver-
neur général de Madagascar, la ville de
Diégo-Suarcz a décidé d'élever un monument
à la mémoire du maréchal Joffre, à qui 'l'on
doit la plupart des travaux d'urbanisme de
Diégo, en particulier l'aménagement d'une
station d'altitude aux environs de la ville et
à laquel'le on a déjà donné le nom de Jof-
frevillc.
; - ( -
DaDa la Marine
La croisière de la première escadre
Poursuivant sa croisière, la première esca-
dre est arrivée, hier, à Beyrouth.
.1 Une amitié
qui n'est pas désintéressée
m
N
el
DUS n'en sommes
pourtant plus aux
temps prehistori- 1
ques de « l'enlè-
vement des Sabi-
nes », et l'ole pou-
vait espérer que,
de Romulus à nos
-- -- - -
jours, le respect. du droit des peuples avait
fait quelques progrès, au moins au cœur de
Rome, ce berceau de la civilisation latine.
Hélas! M. Grandi, sans se soucier le'
moins du monde des plus élémentaires no-
tions de justice, cherche à dépouiller la
France sur le terrain colonial, et le Came-
roun est l'enjeu d'un incompréhensible
chantage.
L'amitié de l'Italie n'est pas précisément
désintéressée, nous devrions la payer d'un
territoire de 790.000 kilom. carrés, peuplé
d'environ 3 millions d'hommest a Les af-
faires sont donc les affaires n, même quand
il s'agit d'une assemblée d'êtres vivants,
habitués depuis seize ans à notre tutelle, à
notre langue. Vieille tradition peut-être qui
remonte aux premiers marchandages entre le
Gouvernement de la Res Publica et le Ju
piter Capitolin?
Ainsi, nous ferions à l'Italie le cadeau
du Cameroun pour gagner tJuoi 1 Rien. le
plaisir de nous offrir en holocauste, à Ja-
nus, en l'honneur des distÙtguos-mussoli-
niens entre les armes offensives et les ar-
mes défensives.
M. Grandi nous prend pour aussi niais
que « l'Ane J) des « Animaux malades de
la peste », si L'ail en juge par sa thèse qui
est la suivante :
Si le déséquilibre économique terrorise le
monde, c'est en partie l'injustice du Traité
de Versailles envers l'Italie qui en est la
cause. Il faut donc que quelqu'un « se sa-
crifie aux traits du céleste courroux » que
le plus coupable paye. Et. M. Grandi, qui
s'identifie, on ne sait pourquoi, avec le lion
de la fable, a déclaré, par. la voie du Gior-
nale d'italia. :
« Que l'Italie ne peut craindre aucune des
revendications d'autres pays sur son proprt
territoire parce qu'elle est créditrice et nbn
débitrice. »
Le Popolo d'ltalia, le journal de M.
Mussolini, consacre un article aux reven-
dications coloniales du régime fasciste :
L'Italie, dit-il, demande dés tterres et, dé
sonnais, tout le monde est convaincu de la
nécessité et de la justice de ses revendica-
tions. La nation à laquelle cette demande
est le plus directement adressée, la France,
n'a pas été choisie par les Italiens, par une
étrange préférence. Il existe entre les deux
nations des rapports de créditeur à débiteur.
L ¡Italie veut que les torts qui lui ont été
faits soient loyalement reconnus et intégrale-
ment réparés.
Elle ne demande pas de changements ter-
ritoriaux en Europe et se limite dans ce sens,
à désirer une amélioration politique dans le
continent. Elle veut que soit revue la situa-
tion que l'injuste paix de Versailles a dé-
terminée à son préjudice dans le bassin de
la Méditerranée et sur le continent africain.
La France débitrice par ci. la France
débitrice par lai. tel est Vargument dhi-
sif, paraît-ilj pour mus enlever le Came-
rouii, territoire sous-mandat, qui n'est >nê-
me pas une colonie de peuplement. Or, la
France (elle l'a hautement prouvé) est mieux
qualifiée que V Italie pour « gérer » le bien-
être matériel et tnoral et favoriser le pro
grès social des populations qui lui sont
cOllfiées.
Evidemment, il nous faut convenir que'
« Vabominable » traite de Versailles est
dangereusement boiteux, nous n'en sommes
pas les responsables : nous en sommes les
victimes.
Nous le répétons, la France et ses colo-
nies forment itn bloc dont oit ne peut dis-
traire une partie sans porter atteinte au
tout,
tout.L'Italie nous réclame le Cameroun, que
penser ait-elle si, en retour de notre amitié
nous lui demandions de. nous rétrocéder la
Sardaigne ?
Marcel Ruedel.
) - (
L'antenne coloniale
Les élections et la T. S. F.
En Algérie, parmi les nombreuses candi..
datures à 'la députation, l'une d'elles, dans
la première circonscription d'Alger, retint
tout particulièrement l'attention des sans-
filistes par le fait qu'en bonne place, au
deuxième alinéa de la profession de foi, il
était inscrit :
« Pour les sans-filistes !
Défense des sans-fi'listcs,
Création du statut de la radiophonie,
Mesures de défense antiparasites. »
Or, c'est précisément ce candidat, M. H.
Fiori, qui a été élu contre le député sor-
tant qui, lui, avait totalement ignoré la
T. S. F. dans sa déclaration. Certains Algé-
rois affirment même que cette omission a été
la cause absolue de son insuccès, car à Alger
de nombreux sans-filistes veulent avoir un
défenseur au Parlement. &
Les émissions de Radio-Toulouse
jusqu'à minuit trente
Radio-Toulouse répond au désir d'un
grand nombre d'auditeurs noctambules fran-
çais et aussi du Maroc, puisque, quand ill est
minuit chez nous il n'est que 23 heures à
Casablanca, a décidé que désormais les
émissions de la grande station du Midi de
la France se poursuivront chaque jour jus-
qu'à minuit trente.
Notes sur la Guyane
La Société indienne
1 «»»
La tribu des indiens Emerillons, après
avoir connu un âge prospère, ne compte plus
aujourd'hui, nous l'avons vu, que soixante-
neuf individus. Soit qu'il s'agisse d'une cou-
tume observée de tout temps, soit que la di-
minution des effectifs de la tribu ait imposé
cette règle, le mariage consanguin est une
loi indienne.
Le nombre des Emerillons allant sans ces-
se diminuant, il va de soi que les liens de
parenté sont toujours plus étroits entre les
membres de cette société agonisante. Chaque
nouveau mariage complique encore davanta-
ge le réseau des attaches familiales et cha-
que individu cumule avec sa femme ou ses
fils les parentés les plus rares. 11 arrive sou-
vent, en effet, de voir quelque vieil indien
dont la femme est à la fois sa tante, sa belle-
mère et sa bru, car la bigamie et l'instabi-
lité des unions viennent encore compliquer
les états civils. Enfin, le nombre insuffisant
des femmes (26 femmes pour 43 hommes)
achève d'embrouiller les liens du sang en
multipliant 'les demi-frères et contribue à la
- dépopulation - rapide.
On comprend alors que l'organisation so-
ciale d'une telle tribu ne soit plus ce qu'elle
était il y a quelques siècles, en dépit des
instincts conservateurs et traditionnalistes
de ces indiens.
Le chef des Emerillons, actuellement le
« capitaine Alépon » dit « Alphons.e » par
les mineurs créoles, dispose moins d'une au-
torité sociale que d'un prestige religieux, ce-
lui-ci d'ailleurs étant incontesté. Sans dou-
te, les conflits entre particuliers, les délits,
les embarras de toutes sortes sont-ils souvent
soumis à son jugement, mais c'est plus une
consultation qu'on lui demande qu'un arrêt
définitif. Chacun, en somme, agit à sa guise,
et le groupe n'exerce que de très rares pres-
sions sur l'individu.
D'ailleurs, dans une tribu si peu nombreu-
se, les préoccupations '-d'organisation sociale
sont non seulement réduites au minimum,
mais elles disparaissent le plus souvent de-
vant le grand problème quotidien qui est
d'apaiser la faim. Chacun se serrant les cou-
des pour mieux lutter contre les mille diffi-
cultés d'une existence si pénible, il est pres-
que obligatoire que les vivres soient mises
en commun. L'heureux chasseur qui rappor-
te un pécari doit le mettre en petits mor-
ceaux dans la marmite banale, et chaque ré-
colte de manioc doit profiter à tous, même à,
ceux qui n'y ont pas travaillé.
MCme organisation spontanément commu-
niste pour ce qui est de l'habitation. La pre-
mière construction d'un village est toujours
le grand carbet commun où chaun peut venir
.accrocher son hamac comme il lui plaît. Ce
communisme est grandement favorisé pat un
sentiment de la propriété très rudimentaire.
Ces nomades étant fort peu industrieux et
remarquablement paresseux, ils n'ont jamais
grand'chose à perdre.
Bien que fidèles à de nombreux rites an-
cestraux, les Emerillons semblent souvent
s'y conformer sans bien en pénétrer le sens
ésotérique. Ceux-là même qui font figures
d'initiés savent mal débrouiller les histoires
sacrées propres à la tribu des apports pseu-
do-chrétiens fournis par les mineurs créoles.
Très avides de manifestations mystiques, ils
adoptent volontiers certains rites étrangers à
la tribu. C'est ainsi que la cérémonie du
baptême, par exemple, connue grâce à leurs
relations intermittentes avec les chercheurs
d'or mulâtres, a trouvé bon accueil chez les
Emerillons. Un vieux scapulaire cédé en
échange de quelque gibier boucané tcia un
excellent préventif contre les embûches des
rapides. de gré ou de force le Dieu chrétien
est incorporé dans la mythologie indienne,
tantôt grâce à de lointaines survivances des
missions jésuites du XVIIIo, tantôt grâce à
l'image pieuse entrevue dans le carbet de
quelqup mineur créole.'
Quant aux gendarmes, bien qu'ils n'aient
jamais remonté le Maroni, les coureurs des
bois les représentent toujours comme des
êtres redoutables et 'les indiens en ont fait
des mauvais génies, des démons malfaisants,
des dieux parmi 'les plus dangereux de la
théogonie créole.
Jacques Perret.
Membre de la Mission Monteux-Richard.
) -+.-;;
Mme Lucien Saint
dans le Tafilalet
»».
Mme Lucien Saint est allée au Tafilalet
où elle passera quelques jours afin d'exa-
miner les conditions dans 'lesquelles pour-
raient être installées, dans les postes nouvel-
lement occupés, des œuvres de bienfaisance
(Gouttes de lait ou Dispensaires) analogues
à celles qui fonctionnent si heureusement
dans les autres régions du Maroc.
Mme Saint a emporté un lot important de
vêtements qui ont été confectionnés sou
l'impulsion de Mmes Célérier et Immari-
geon, dans les lycées de Rabat, et qu'elle
compte distribuer aux indigènes pauvres des
postes qu'elle traversera.
On sait avec quelle diligence et quel dé-
vouement Mme Lucien Saint préside aux
ccuvrès de bienfaisance marocaines et à tou-
les les distributions de secours aux indi-
gènes.
- - (
La crise se fait sentir partout !
."1
Les difficultés économiques font sentir
leurs effets jusqu'aux lieux les plus inatten-
dus de la terre. La Mecque n'a pas fait re-
cette cette année et de grands prêtres des
lieux saints de l'Iracq : Najef, Karbala,
Kadhimain ont vu leurs revenus diminuer de
80 Les shiites indiens sont restés chez eux
et le gouvernement persan, par protection-
nisme, pour empêcher l'argent de sortir, a
fait une active propagande en faveur des
sanctuaires nationaux, propagande qui a
porté ses fruits.
La pêche en Guinée française
en 1931
1 0
La pêche a continué en 1931 à être prati-
quée par les indigènes sur le littoral mari-
time de la Guinée Française avec les mêmes
méthodes que les années précédentes.
La pêche est particulièrement active sur le
littoral du cerde de Conakry et notamment
autour des îles de Loos. Le marché de Co-
nakry offre, en effet, un important débouché
pour le poisson frais car il peut absorber
chaque jour 100 kilos environ de poissons
pour les européens et 300 kilos pour les indi-
gènes. t
La pêche sur la côte guinéenne se pratique
habituellement du mois de décembre au mois
de mai et on constate un ralentissement pen-
dant l'hivernage.
Les exportations de poissons constatées
par 'le service des douanes pendant l'année
1931 ont été très faibles : 5.936 kgs de pois-
sons frais (valeur 11.593 fr.) ont servi à
l'avitaillement des navires faisant escale à
Conakry, 1.175 kilos de poissons séchés (va-
leur 4.850 fr.) ont été expédiés vers les colo-
nies du groupe.
Presque tout le poisson péché est donc ab-
sorbé par le marché intérieur. Il est vendu
à Conakry et dans les gares du chemin de
fer. 11 a été expédié en 1931 par les différen-
tes gares du réseau : de Conakry, 14.338
kilos; de SimbaIa, 21.796 kgs; de Dubréka,
8.178 kgs; de iKakoulima, 9.671 kgs; de Kou-
ria; 5*385 kilos.
Il existe à Conakry une entreprise de pê-
che à forme européenne employant un per-
sonnel de 12 pêcheurs et disposant d'un ma-
tériel *de capture comprenant 1 chalutier à
moteur, 6 pirogues, 3 baleinières et t cotre.
Cette entreprise qui possède une installation
de 11 fours de séchage, traite actuellement
environ 100.000 harengs et 3.000 kgs de gros
poissons par mois. Elle envisage l'utilisa-
tion des sous-produits de la pêche (vessies
natatoires, foies, ailerons de requins, etc.)
Elle prépare avec les déchets (tripes, pois-
sons non comestibles) des engrais utilisables
pour la fumure des bananeraies.
ou ) (
L'exploitation forestière
à la Côte d'Ivoire en 1931
»♦»
Par suitede la crise économique mondiale
qui s'est traduite par un encombrement des
stocks sur les marchés européens, l'exploita.
tion forestière a subi un certain ralentissement
à la Côte d'Ivoire en 1931. Il a été exporté,
en effet, de cette colonie, pendant cette der-
nière année, 50.965 tonnes de bois en grumes,
dont 39.424 tonnes de bois d'ébénisterie et
11.441 tomrçs de bois coaqmuns, En 1930,
l'exportation avait été de 91.024- tonnes, dont
68.415 tonnes de bois d'ébénisterie et 22.609
tonnes de bois communs. Il faut ajouter aux
chiffres de 1931, il est vrai, 1.590 tonnes de
bois qui ont été exportés débités.
Le nombre des exploitants forestiers a éga-
lement diminué d'une dizaine d'unités au
cours de l'année dernière. De même, il a été
concédé moins de chantiers forestiers (452 en
193,1 contre 588 en 1930).
Au point de vue de la production, l'acajou
fournit toujours à peu près la moitié des arbres
sortis des chantiers, puis viennent : le Hama,
l'avodiré, le framiré, le niangon et le bossé.
Ces six essences donnent les 4/5 des sorties.
Il y a lieu de remarquer, cependant que,
malgré la crise, le nombre dès scieries à la
Côte d'Ivoire est passé, en 1931, de 11 à 14.
Il en existe 4 à Abidjan, 3 à Bassam, 2 ap-
partenant à l'Administration, 1 à Adjouan sur
la lagune Àby, 1 à Dabou, 1 à Grand-Lahou,
1 au Mafou près d'Agboville, 1 près de Tias-
salé, 1 à Gbadikaha, 1 près 4e Ferkessédou-
gou. Toutes ces scieries ont travaillé au ra-
lenti l'année dernière pour tfoumir le bois dé-
bité exporté (1.590 tonnes) et satisfaire la
consommation locale.
De même il y a eu augmentation de la
consommation locale de bois de feu. Un arrêté
du tor-octobre 1931 en a réglementé la coupe.
A la demande des exploitants, le chantier
accordé au chemin de fer pour la coupe du
bois de chauffe destiné à ses machines a été
supprimé, les exploitants désirant assurer eux-
mêmes cette fourniture par concurrence.
Au point de vue technique, l action du
service forestier s'est manifestée en 1931 par
l'augmentation des superficies des réserves fo-
restières et la poursuite des études scientifi-
ques.
Au 31 décembre 1931, ces réserves s'éten-
daient sur 1.293.530 hectares en augmentation
de 718.280 hectares sur les chiffres de l'an-
née précédente. Ces réserves se répartissent
ainsi :
Hectares
Réserves d'enrichissement. 235.920
Réserves de protection 982.310
Réserve botanique et touristique 75.300
Dans les réserves d'enrichissement, le ser-
vice forestier fait procéder à des plantations et
à des coupes de dégagement. C'est surtout à
la station de Banco, près d'Abidjan, que s'ef-
fectuent les travaux scientifiques tant en ce qui
concerne la mensuration des arlbres que les
essais de plantations selon différentes métho-
des. Des prélèvements d'échantillons de bois
sont régulièrement opérés. 147 échantillons ont
été adressés l'an dernier au Muséum pour
expertise.
Dans l'ensemble de la' colonie, 992 hec-
tares ont été enrichis en 1931.
Pour 1 instant, 1 action du service forestier
se borne à a conservation des deux autres
catégories de réserves.
L'effectif du personnel forestier de la colo-
nie était, en fin 1931, die 22 Européens (dont
3 officiers des forêts) et de 47 indigènes. C'est
à ce personnel réduit qu incomibe de veiller
non seulement à la conservation et à l'aména-
gement de notre domaine forestier de la Côte
d Ivoire, mais de faire appliquer la réglemen-
tation relative à son exploitation.
Un concours agricole
à Bambori (Oubangui-Chari)
Il y a quelques années le voyageur qui
après avoir visité le Gàbon et le Moyen-
Congo pénétrait dans l'Oubangui-Chari, ne
manquait pas de constater que dans cette
dernière colonie, l'indigène présentait un
aspect physique révélant par comparaison,
un homme infiniment mieux nourri.
C'est qu'en Oubangui-Chari l'autochtone
appliquait aux cultures vivrières un travail
qui n'était nulle part ailleurs si productif.
Il mangeait amplement à sa faim. Même,
autour de sa case, farine et grains de la
cuisine journalière étaient picorés par les
animaux de basse-cour. Si bien que l'Ou
bangui était aussi le pays du poulet gras.
L'administration locale a toujours eu le
souci de pousser au développement des den-
rées vivrières. Pour y mieux aider elle fa-
vorise les concours agricoles. Un de ces
concours organisé tout récemment à Bam-
bari par le Syndicat Agricole .du Haut-Ou-
bangui, a eu un' plein succès, par l'émula-
tion née entre les exposants annuels.
Là, où naguère quelques maigres légumes
d'Europe ne figuraient que de temps en temps
sur la table des fonctionnaires et des colons,
est aujourd'hui cultivé à peu près ce que nos
potagers produisent. Notre confrère Yfctoile
de l'A.E.F. cite des aubergines monstrueu-
ses, des choux pommés, des radis énormes,
des fraises superbes, du blé envoyés par les
nombreux exposants. Les visiteurs purent
même déguster du pain d'épices de fabrica-
tion locale, des confitures diverses, etc.
Le temps a marché et le progrès avec lui.
Plus d'une fois, nous avons ici écrit que
la légende des colonies, terres inhospitaliè-
res, était finie.
Dans les coins les plus reculés des brous-
ses africaines, l'Européen actuellement peut
vivre d'une façon normale. Il y vivra bien
mieux encore lorsque les centres d'adminis-
tration et de commerce qui se créent ou se
développent, seront diotes des commodités
diverses par quoi se constitue une hygiène
suffisante.
Nous sommes déjà tout à fait loin de l'épo-
que où Vigné d'Octon écrivant sur le Séné-
gal et le Soudan, intitulait son livre : Terre
de mort.
Et c'était, alors, pourtant vrai.
P.-C. Georges François,
Gouverneur honoraire des Colonies.
LE TIMBRE COLONIAL
L'histoire des Colonies
par le Timbre
par Georges Brunbl.
LES PETITES COMORES
Mayotte, Anjouan et Moheli
Mayuttc, Ils inléressuntc, a lu forme du
l'Italie; elle fut habitée ,PUl' des noirs qui pour
écliupper à la domination des Portugais, lors-
qu'ils débarquèrent à la Grande Colllore, s'en-
iuirent a Mayotte, sous la conduite d'un chef
61 erglque. Ils lonaèrent un village dont il reste
encore des vestiges. Puis les Sakulaves (de
Madagascar) vinrent s'établir dans la région ap-
pelée M'Sapéro (nord de l'ile). Un chef de la
lirunde Comore, Moliainmed bon BuYssa. étant
vt-iiu visiter Mayotte, il lut bien accueilli, si
bien qu'il resta. et Ópousa la fille du chef. A lu
mort do ce dernier, il prit le pouvoir, se lit
aimer dq la population et bâtit lu ville de Chiu-
gourio, qui existe toujours (dans une baie au
nord-ouest)
Jusqu'en 1830, l'histoire réelle de cetLe terre
est ouscure, il y eut des révoltes entre les chefs
et les hubitants de certains cercles et ceux do
Madagascar, inuis a l'époque citée, on a des
notions luis toriques plus précises. Un grand
nombre de sakulaves, diriges par leur chef,
Andrian Souli arrivèrent à iMiiyotle. On leur
donna de vastes territoires alin qu'ils pussent
se livrer librement a lu culLure
Mais les nouveaux venus n'étaient pas en
faveur auprOs d'un ancien chef Buanaconibé
dont ces gens leur faisuit miite avances, mais
enlin tout a une fin, le chef fut chassé, il se
réifugia à Moheli.
Arrive iuiins l ilc, Il rundil visite au liou-
verneur Rama Nuté:m et sans se soucier de ce
qui pourrait arriver, il vendit MiiyolAe conlIn
s'n en. était l'unique possesseur ; Huma, uliéché,
ntre.prit la conquête de son nouveau royaume
et il y réussit. Andrian Suuli Illlu demander
aide et protection au sultan d'Anjuulul Abd-Al-
lah, qui lui facilita la reprise de ."layotte.
En 1841 le lieutenant de vaisseau Jehenne vi-
sita l'île et se rendit compte des grandes res-
sources qui s'y trouvaient.
Après avoir rendu compte de sa mission à
son retour à bord, l'amiral de Helt, qui com-
mandait l'escadre envoya le capitaine Passot
auprès du sultan. Après des palabres assez la-
borieuses, Passot Unit par décider le potentat
a vendre Mayotte à la France, moyennant une
rente viagère de cinq mille francs et les frais
d'éducation de ses deux enfants dans une école
de la Réunion (convention du 25 avril 1S41 rati-
fiée par le décret du 10 février 1843).
Les sultans (l'ancien de Mayotte, ceux de Mo-
héli et d'Anjouan) protestèrent énergiquement,
mais la France ne se laissa pas intimider par
leur mécontentement et d'ailleurs la mort de
deux d'entre eux arrangea - fort bien les cho-
ses et à propos.
Lai prise de possiission de Mayotte eut lieu le
13 juin J8M. ln détachement de marins avec
de l'artillerie, débarqju pour assurer l'ordre.
Un commandant fut désigné, le 10 novembre
1844.
Mayotte est aussi une ilo d'origine volcanique,
mais ayant une couche végéta le assez épaisse
qui lui donne ainsi une grande fertilité. Une
chaîne de montagnes la traverse du Nord-Ouest
au Snd-Est, avec des élévations de 500 à 600
métrés ; il Dzoudzi on voit un volcan éteint.
Bien qu'entourée de récifs niadréporiques,
l'ile offre quelques ports naturels sur toute sa
périphérie. Il y a quelques cours d'eau qui des-
cendent des montagnes mais qui sont souvent
ù. sec pendant la saison chaude.
L'île a 31-.000 hectares de superficie, dont
10.000 de vallées où les cultures sont produc-
tives.
Avec une moyenne de températude de plus
ou moins 25° le climat est sain et surtout chose,
importante, il n'y a ni coup de vent, ni raz
do marée.
L'île est parsemée de nombreux villages mal-
gaches construits ! n lv>i.s. Le chef-lieu, Ma-
moctxou étant insalubre une partie de l'année,
le rentre de l'activité commerciale est à M'Sa-
perc (au nord), grand village arabe.
Le türrioirl est, <.i\'Ï;(' en quatre quartiers
avec des chefs a ln UMe el des routes bien en-
tretenues facililint les relations très suivies en-
tre les divers points a. l'île.
Les bols fournissent des matériaux propres
aux constructions navales et à l'industrie, il y
LE NUMIDRO : 80 GBNTIMIB
SAMEDI SOIR, 21 MAI i960.
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Les Annales Coloniales
ka mume et réclëmes sont reçuee m
bureau du tournai.
DIÉHT|UII.PONOATIUII 1 Mareel RUEDEL
fW let articles publiés dans notre tournai ne peuvent
tire reproduite qu'on citant les ANXALU CMMAM*.
AIMREliRTS
mm la Jlevu$mensueU*:
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FrtRMifi
CtloniM , III» M io M a
ttr.,.. 241. t. J F$t
On «'«bonne sans Inli êem
Mm les bmni 4» poste.
Un colonial au temps de Colbert
i- ) -.. ( -
.ç Ecrivain du Roi », tel était le titre que
portait ce colonial, nommé Robert Challes,
et l'on qualifiait ainsi, au dix-septième siè-
cle, ces fonctionnaires qui, sur la flotte, ou
sur les vaisseaux des compagnies privilé-
giées, surveillaient les marchandises, du
port de départ au port d'arrivée, détenaient
les clefs des magasins, et délivraient au
jour le jour, durant la traversée, les provi-
sions nécessaires. Robert Challes fit ce mé-
tier vingt-quatre ans durant : les navires sur
lesquels il monta le conduisirent au Canada
et aux Antilles, et au Siam ; et de la même
plume dont il tenait ses comptabilités, il
écrivait le foutnal du voyagé qu'il avait fait
aux Indes Orientales aux années 1690 et
1691, manuscrit extrêmement précieux pour
l'histoire de notre pénétration au Siam et
ail Cambodge, et qui fut publié après la
mort de Robert Challes, en 1721.
De- cette même plume, encore, il com-
mença de griffonner de très piquants Mémoi-
res, que vient de publier M. Augustin-
Thierry ; -et dans ces .Mémoires, Robert
Challes nous apparaît comme un « colo-
tiiàl » perspicace, qu'il y a grand profit à
écouter.
11 était inconsolable du traité d'Utrecht.
Certain discours du trône, par lequel la
reine Anne s'était félicitée, devant les
Chambres 'anglaises, d'avoir obligé la
France à céder la Grande-Bretagne l'Àca-
dielet la baie d Hudson, laissait à Robert
Challes d'amers regrets. Ltt Reine avait
parlé des quarante mille personnes qu'on
pourrait faire subsister là-bas, par la pêche
de la morue. Challes se sentait très mortifié
de voir les j&cheuts de France dépossédés
de l'ile de Terre-Neuve; et il songeait avec
mélancolie qu'à la prochaine guerre, les An-
glais, en ces latitudes, achèveraient la ruine
des fleurs de lis. Plus de cinquante ans
avant l'héroïque et inutile résistance de
Montcalm, Challes écrivait : 1 Dieu veuille
, que je sois mauvais prophète ; mais je pré-
vois que Québec et le Canada seront bien-
tôt angticanisés, Voilà une partie tic ce que
les plénipotentiaires de France devaient
.prévoir, avant de signer le triste traité
d'Utrecht, qui, certainement, sera cause un
jour "de plusieurs guerres sanglantes. » Ces
lignes se lisent au second chapitre des Mé-
moires de Robert Challes.
Mais, des 1684, quatre-vingts ans avant
m, les douloureuses destinées du
Canada avaient été prévues par Robert
Challes dans des rapports officiels qu'il
avâit remis au ministre Seignelay. Celui-ci
en avait parlé Louis XIV, et le Grand
Roi avait voulu voir Challes, l'entendre.
Pontchartrain, puis Maurepas. «héritèrent de
ces rapports de Robert Challes, que Sei-
gnelay avait fait relier. Et Challes nous
dit dans ses Mémoires : « Je les prends à
témoin si je n'ai pas écrit que tôt ou tard
l'Acadie serait anglaise. Je n'ai, comme on
voit, rien annoncé qui ne soit arrivé. J'ai
prédit la même chose pour Québec, mais
dans un temps plus éloigné.. Combien il
eùt préféré, lorsqu'il vit l'Acadie devenir
anglaise, avoir été mauvais prophète 1 Son
amour-propre de pronostiqueur eût joyeuse-
ment accepté cette humiliation. Mais tout
au contraire sa douleur, sa colère, ne con-
naissaient plus de bornes, et Challes allait
jusqu'à déclarer ; « Ceux qui, comme moi,
ont été dans l'Acadie et le Canada, et qui
connaissent la pêche de la morue, la ferti-
lité du terroir l'étendue du pays, qui ont
pratiqué la traite avec les sauvages et savent
la facilité que les Anglais auront à nous
boucher le fleuve du Saint-Laurent : ceux-
là, dis-je, savent aussi qu'il aurait été plus
avantageux à la France de leur céder la
Normandie, la Bretagne et même l'Aqui-
taine, comme ils l'ont eue autrefois, que
de leur céder l'Acadie, Terre-Neuve et la
baie d'Hudson. 1 Ainsi l'attachement de
Robert Challes à l'idée coloniale 'l'indui-
sait-il, parfois, à de paradoxales exagéra-
tions: *
Mais de ces Mémoires se dégage toute
une doctrine coloniale, pleine de bon sens
et de finesse. Colbert avait songé à vider
les galères pour remplir las colonies : tel
n'est pas l'avis de Challes. Son programme,
à lui se rapprocherait plutôt - quelle que
soit sa haine pour la compagnie de Jésus
du programme de ces Jésuites qui, sous
Richelieu, voulaient attirer au Canada des
« peuplades de Français B. Challes estime
qu'on pourrait i tirer de la misère une :t}fi-
nité de malheureux, qui Janguissent en
France » : on les embarquerait, on les trai-
terait humainement pendant la traversée,
on donnerait à chacun un morceau de terre
à défricher,'avec les instruments nécessai-
res, tant pour abattre les bois que pour cul-
tiver le sol ; on leur fournirait, gratis, des
vêtements pour deux ans, des grains, 'des
poules, des truies. Et-Challes propose que
l'on ramène en France, au bout de trois ou
quatre ans, « une vingtaine des mieux
intentionnés, ceux qui auraient le mieux
apprécié la douceur et la fertilité du cli-
mat » : ils se feraient les apôtres de l'idée
coloniale dans les villes et dans les cam-
pagnes françaises. « Je suis convaincu, dé-
clare Challes, que « sur le rapport de ces
gens, il s'embarquerait volontairement plus
de Français que les vaisseaux du Roi n'en
pourraient porter w. Ainsi entrevoit-il, en
rive, « une espèce de royaume aussi floris-
sant que la vieille France européenne ».
Mais il redoute qu'on ne le traite de Don
Quichotte et que la versatilité française ne
s'axsommode mal, au delà des mers, de la
stabilité d'uns « politique sage, humaine et
chrétienne 9.
Il persiste, néanmoins, à développer son
rêve. Pour les ouvriers transportés au delà
des mers, Challes veut la journée de huit
heures : le reste de leur temps serait libre ;
l'esprit de société les amènerait à se grou-
Eer ; des hameaux se formeraient, et ces
hameaux deviendraient des bourgades. Uto-
pies. à la Télêmaque •/ diront certains.
Challes accepte le reproche ; il rappelle que
Rome a été fondée par une poignée de ban.
dits, et dit aux Parisiens de son temps :
« Si nous savions quels sont "les premiers
fondateurs de Paris, nous trouverions sans
dotite qu'ils étaient peu de chose P. L'in-
térêt qu'il porte pour les desseins colonisa-
teurs du financier Crozat dans, le bassin du
Mississipi lui suggère sa franchise de lan-
gage ; il regarde ce que font les Anglais,
ce que font les Hollandais : que ne sui-
vons-nous, s'écrie Challes, le chemin qu'ils
nous tracent : « Il semble qu'il nous suffise
que les étrangers aient inventé les moyens
de se rendre riches et heureux, pour que ces
mêmes moyens nous paraissent indignes
d'être pratiqués. »
Ça et là, en des lignes éloquentes, Robert
Challes part en guerre contre les abus
d'outre-mer. S'il eût été gouverneur d'une
colonie, il eût châtié sévèrement, chez ses
administras français, « la moindre inclina-
tion pour les filles du pays, à moins que ce
ne fût en vue du mariage ». Il n'eût per-
mis de faire la cour aux sauvagesses, que
pour le bon motif 1 Il aurait facilité ces
alliances entre Français et sauvagesses, pour
s'assurer ainsi, dans les milieux indigènes,
des sources de renseignements. S'il eût
choisi les gouverneurs des colonies, il n'eût
tenu compte que du c mérite » et de la
« probité personnelle JI, et n'eût jamais
attaclié la moindre importance aux « re-
commandations JI, comme aujourd'hui l'on
dit. Il n'admettait pas que de pareils choix
pussent dépendre de l'intervention d'un
« bonnet à cornes, d'un capuchon, d'un
cotillon, d'un homme en faveur P.
On reconnaîtra qu'il n'y a rien d'ar-
chaIque, ni d'inopportun, dans les maximes,
inédites jusquiéÏ, de l'honnête « écrivain du
Roi P.
Georges Ooyaut
dé VAcadémte Françaiset
t ", 1( 1
U Itftf&t dn prix littéraire
des "Vikioll"
̃
Le prix littéraire des Vikings, d'une valeur
de ! 0.000, fmncs, a été attribué, jeudi. par un
jury présidé par M. Jean Vignaud,
Les concurrents étaient : ML Henry de
Monfreid, Mme Titayna, MM. Feuga, Paul
V¡alar. Roger Vercel, Alain Serdac et Ju-
lien GuiUerMrd. Par 18 voix, le prix a été
décerné à M. Henry de Monfreid, pour son
roman : les Secrets de la (mer Rouge, contre
6 voix à Mme Titayna, pour l'ensemble de
ses reportages, 3 voix à M. Julien GuiUe-
mard, pour les Morts vivants de VApiifer, et
1 voix à M, Vialar.
Fils du peintre Daniel de Monfreid, qui
fut un grand ami de Gauguin, M. Henry de
Monfreid n'est pas écrivain de métier. Son
enfance, passée parmi les pêcheurs des envi-
rons de Leucate, l'incita à rechercher une
vie d'aventures. Agent commercial dans la
colonie française de la côte des Somalis, à
Djibouti. il ne tarda pas à quitter ce poste
qu'il jugeait trop sédentaire. Ayant acheté un
boutre, petit voilier, il devait mener dès lors
avec une demi-douzaine de matelots, à peu
près pirates, une existence semée dés aven-
tures les plus périlleuses, La contrebande des
armes et la pêche des perles ont occupé une
gran de partie de son activité. Tour à tout
pourchassé par les Turcs, les Anglais qui
l'emprisonnèrent et furent sur le point de le
fusiller, les Italiens, les Arabes, if a continué
à vivre presque toute l'année en ces lieux.
Après avoir passé dernièrement quelques
jours à Paris, il est reparti et vogue en ce mo-
ment vers Djibouti avec l'un de ses enfants.
Car ce « Viking » méditerranéen est marié et
père de famille.
Le livre primé est une suite de récits, où
foisonne l'aventure, et qui donnent une idée
de la vie menée par l'auteur, Nos lecteurs
n'ont pas oublié l'éloge qu'en a fait notre col-
laborateur André Tnérive quand les secrets
de la mer Rouge ont paru.
Un nouveau livre de M. Henry de Mon-
freid, Aventures de mer, est sous presse.
A la méaolre de Jolre
Diégo-Suarez va élever un monument
Sur l'initiative de M, Léon Cayla, gouver-
neur général de Madagascar, la ville de
Diégo-Suarcz a décidé d'élever un monument
à la mémoire du maréchal Joffre, à qui 'l'on
doit la plupart des travaux d'urbanisme de
Diégo, en particulier l'aménagement d'une
station d'altitude aux environs de la ville et
à laquel'le on a déjà donné le nom de Jof-
frevillc.
; - ( -
DaDa la Marine
La croisière de la première escadre
Poursuivant sa croisière, la première esca-
dre est arrivée, hier, à Beyrouth.
.1 Une amitié
qui n'est pas désintéressée
m
N
el
DUS n'en sommes
pourtant plus aux
temps prehistori- 1
ques de « l'enlè-
vement des Sabi-
nes », et l'ole pou-
vait espérer que,
de Romulus à nos
-- -- - -
jours, le respect. du droit des peuples avait
fait quelques progrès, au moins au cœur de
Rome, ce berceau de la civilisation latine.
Hélas! M. Grandi, sans se soucier le'
moins du monde des plus élémentaires no-
tions de justice, cherche à dépouiller la
France sur le terrain colonial, et le Came-
roun est l'enjeu d'un incompréhensible
chantage.
L'amitié de l'Italie n'est pas précisément
désintéressée, nous devrions la payer d'un
territoire de 790.000 kilom. carrés, peuplé
d'environ 3 millions d'hommest a Les af-
faires sont donc les affaires n, même quand
il s'agit d'une assemblée d'êtres vivants,
habitués depuis seize ans à notre tutelle, à
notre langue. Vieille tradition peut-être qui
remonte aux premiers marchandages entre le
Gouvernement de la Res Publica et le Ju
piter Capitolin?
Ainsi, nous ferions à l'Italie le cadeau
du Cameroun pour gagner tJuoi 1 Rien. le
plaisir de nous offrir en holocauste, à Ja-
nus, en l'honneur des distÙtguos-mussoli-
niens entre les armes offensives et les ar-
mes défensives.
M. Grandi nous prend pour aussi niais
que « l'Ane J) des « Animaux malades de
la peste », si L'ail en juge par sa thèse qui
est la suivante :
Si le déséquilibre économique terrorise le
monde, c'est en partie l'injustice du Traité
de Versailles envers l'Italie qui en est la
cause. Il faut donc que quelqu'un « se sa-
crifie aux traits du céleste courroux » que
le plus coupable paye. Et. M. Grandi, qui
s'identifie, on ne sait pourquoi, avec le lion
de la fable, a déclaré, par. la voie du Gior-
nale d'italia. :
« Que l'Italie ne peut craindre aucune des
revendications d'autres pays sur son proprt
territoire parce qu'elle est créditrice et nbn
débitrice. »
Le Popolo d'ltalia, le journal de M.
Mussolini, consacre un article aux reven-
dications coloniales du régime fasciste :
L'Italie, dit-il, demande dés tterres et, dé
sonnais, tout le monde est convaincu de la
nécessité et de la justice de ses revendica-
tions. La nation à laquelle cette demande
est le plus directement adressée, la France,
n'a pas été choisie par les Italiens, par une
étrange préférence. Il existe entre les deux
nations des rapports de créditeur à débiteur.
L ¡Italie veut que les torts qui lui ont été
faits soient loyalement reconnus et intégrale-
ment réparés.
Elle ne demande pas de changements ter-
ritoriaux en Europe et se limite dans ce sens,
à désirer une amélioration politique dans le
continent. Elle veut que soit revue la situa-
tion que l'injuste paix de Versailles a dé-
terminée à son préjudice dans le bassin de
la Méditerranée et sur le continent africain.
La France débitrice par ci. la France
débitrice par lai. tel est Vargument dhi-
sif, paraît-ilj pour mus enlever le Came-
rouii, territoire sous-mandat, qui n'est >nê-
me pas une colonie de peuplement. Or, la
France (elle l'a hautement prouvé) est mieux
qualifiée que V Italie pour « gérer » le bien-
être matériel et tnoral et favoriser le pro
grès social des populations qui lui sont
cOllfiées.
Evidemment, il nous faut convenir que'
« Vabominable » traite de Versailles est
dangereusement boiteux, nous n'en sommes
pas les responsables : nous en sommes les
victimes.
Nous le répétons, la France et ses colo-
nies forment itn bloc dont oit ne peut dis-
traire une partie sans porter atteinte au
tout,
tout.L'Italie nous réclame le Cameroun, que
penser ait-elle si, en retour de notre amitié
nous lui demandions de. nous rétrocéder la
Sardaigne ?
Marcel Ruedel.
) - (
L'antenne coloniale
Les élections et la T. S. F.
En Algérie, parmi les nombreuses candi..
datures à 'la députation, l'une d'elles, dans
la première circonscription d'Alger, retint
tout particulièrement l'attention des sans-
filistes par le fait qu'en bonne place, au
deuxième alinéa de la profession de foi, il
était inscrit :
« Pour les sans-filistes !
Défense des sans-fi'listcs,
Création du statut de la radiophonie,
Mesures de défense antiparasites. »
Or, c'est précisément ce candidat, M. H.
Fiori, qui a été élu contre le député sor-
tant qui, lui, avait totalement ignoré la
T. S. F. dans sa déclaration. Certains Algé-
rois affirment même que cette omission a été
la cause absolue de son insuccès, car à Alger
de nombreux sans-filistes veulent avoir un
défenseur au Parlement. &
Les émissions de Radio-Toulouse
jusqu'à minuit trente
Radio-Toulouse répond au désir d'un
grand nombre d'auditeurs noctambules fran-
çais et aussi du Maroc, puisque, quand ill est
minuit chez nous il n'est que 23 heures à
Casablanca, a décidé que désormais les
émissions de la grande station du Midi de
la France se poursuivront chaque jour jus-
qu'à minuit trente.
Notes sur la Guyane
La Société indienne
1 «»»
La tribu des indiens Emerillons, après
avoir connu un âge prospère, ne compte plus
aujourd'hui, nous l'avons vu, que soixante-
neuf individus. Soit qu'il s'agisse d'une cou-
tume observée de tout temps, soit que la di-
minution des effectifs de la tribu ait imposé
cette règle, le mariage consanguin est une
loi indienne.
Le nombre des Emerillons allant sans ces-
se diminuant, il va de soi que les liens de
parenté sont toujours plus étroits entre les
membres de cette société agonisante. Chaque
nouveau mariage complique encore davanta-
ge le réseau des attaches familiales et cha-
que individu cumule avec sa femme ou ses
fils les parentés les plus rares. 11 arrive sou-
vent, en effet, de voir quelque vieil indien
dont la femme est à la fois sa tante, sa belle-
mère et sa bru, car la bigamie et l'instabi-
lité des unions viennent encore compliquer
les états civils. Enfin, le nombre insuffisant
des femmes (26 femmes pour 43 hommes)
achève d'embrouiller les liens du sang en
multipliant 'les demi-frères et contribue à la
- dépopulation - rapide.
On comprend alors que l'organisation so-
ciale d'une telle tribu ne soit plus ce qu'elle
était il y a quelques siècles, en dépit des
instincts conservateurs et traditionnalistes
de ces indiens.
Le chef des Emerillons, actuellement le
« capitaine Alépon » dit « Alphons.e » par
les mineurs créoles, dispose moins d'une au-
torité sociale que d'un prestige religieux, ce-
lui-ci d'ailleurs étant incontesté. Sans dou-
te, les conflits entre particuliers, les délits,
les embarras de toutes sortes sont-ils souvent
soumis à son jugement, mais c'est plus une
consultation qu'on lui demande qu'un arrêt
définitif. Chacun, en somme, agit à sa guise,
et le groupe n'exerce que de très rares pres-
sions sur l'individu.
D'ailleurs, dans une tribu si peu nombreu-
se, les préoccupations '-d'organisation sociale
sont non seulement réduites au minimum,
mais elles disparaissent le plus souvent de-
vant le grand problème quotidien qui est
d'apaiser la faim. Chacun se serrant les cou-
des pour mieux lutter contre les mille diffi-
cultés d'une existence si pénible, il est pres-
que obligatoire que les vivres soient mises
en commun. L'heureux chasseur qui rappor-
te un pécari doit le mettre en petits mor-
ceaux dans la marmite banale, et chaque ré-
colte de manioc doit profiter à tous, même à,
ceux qui n'y ont pas travaillé.
MCme organisation spontanément commu-
niste pour ce qui est de l'habitation. La pre-
mière construction d'un village est toujours
le grand carbet commun où chaun peut venir
.accrocher son hamac comme il lui plaît. Ce
communisme est grandement favorisé pat un
sentiment de la propriété très rudimentaire.
Ces nomades étant fort peu industrieux et
remarquablement paresseux, ils n'ont jamais
grand'chose à perdre.
Bien que fidèles à de nombreux rites an-
cestraux, les Emerillons semblent souvent
s'y conformer sans bien en pénétrer le sens
ésotérique. Ceux-là même qui font figures
d'initiés savent mal débrouiller les histoires
sacrées propres à la tribu des apports pseu-
do-chrétiens fournis par les mineurs créoles.
Très avides de manifestations mystiques, ils
adoptent volontiers certains rites étrangers à
la tribu. C'est ainsi que la cérémonie du
baptême, par exemple, connue grâce à leurs
relations intermittentes avec les chercheurs
d'or mulâtres, a trouvé bon accueil chez les
Emerillons. Un vieux scapulaire cédé en
échange de quelque gibier boucané tcia un
excellent préventif contre les embûches des
rapides. de gré ou de force le Dieu chrétien
est incorporé dans la mythologie indienne,
tantôt grâce à de lointaines survivances des
missions jésuites du XVIIIo, tantôt grâce à
l'image pieuse entrevue dans le carbet de
quelqup mineur créole.'
Quant aux gendarmes, bien qu'ils n'aient
jamais remonté le Maroni, les coureurs des
bois les représentent toujours comme des
êtres redoutables et 'les indiens en ont fait
des mauvais génies, des démons malfaisants,
des dieux parmi 'les plus dangereux de la
théogonie créole.
Jacques Perret.
Membre de la Mission Monteux-Richard.
) -+.-;;
Mme Lucien Saint
dans le Tafilalet
»».
Mme Lucien Saint est allée au Tafilalet
où elle passera quelques jours afin d'exa-
miner les conditions dans 'lesquelles pour-
raient être installées, dans les postes nouvel-
lement occupés, des œuvres de bienfaisance
(Gouttes de lait ou Dispensaires) analogues
à celles qui fonctionnent si heureusement
dans les autres régions du Maroc.
Mme Saint a emporté un lot important de
vêtements qui ont été confectionnés sou
l'impulsion de Mmes Célérier et Immari-
geon, dans les lycées de Rabat, et qu'elle
compte distribuer aux indigènes pauvres des
postes qu'elle traversera.
On sait avec quelle diligence et quel dé-
vouement Mme Lucien Saint préside aux
ccuvrès de bienfaisance marocaines et à tou-
les les distributions de secours aux indi-
gènes.
- - (
La crise se fait sentir partout !
."1
Les difficultés économiques font sentir
leurs effets jusqu'aux lieux les plus inatten-
dus de la terre. La Mecque n'a pas fait re-
cette cette année et de grands prêtres des
lieux saints de l'Iracq : Najef, Karbala,
Kadhimain ont vu leurs revenus diminuer de
80 Les shiites indiens sont restés chez eux
et le gouvernement persan, par protection-
nisme, pour empêcher l'argent de sortir, a
fait une active propagande en faveur des
sanctuaires nationaux, propagande qui a
porté ses fruits.
La pêche en Guinée française
en 1931
1 0
La pêche a continué en 1931 à être prati-
quée par les indigènes sur le littoral mari-
time de la Guinée Française avec les mêmes
méthodes que les années précédentes.
La pêche est particulièrement active sur le
littoral du cerde de Conakry et notamment
autour des îles de Loos. Le marché de Co-
nakry offre, en effet, un important débouché
pour le poisson frais car il peut absorber
chaque jour 100 kilos environ de poissons
pour les européens et 300 kilos pour les indi-
gènes. t
La pêche sur la côte guinéenne se pratique
habituellement du mois de décembre au mois
de mai et on constate un ralentissement pen-
dant l'hivernage.
Les exportations de poissons constatées
par 'le service des douanes pendant l'année
1931 ont été très faibles : 5.936 kgs de pois-
sons frais (valeur 11.593 fr.) ont servi à
l'avitaillement des navires faisant escale à
Conakry, 1.175 kilos de poissons séchés (va-
leur 4.850 fr.) ont été expédiés vers les colo-
nies du groupe.
Presque tout le poisson péché est donc ab-
sorbé par le marché intérieur. Il est vendu
à Conakry et dans les gares du chemin de
fer. 11 a été expédié en 1931 par les différen-
tes gares du réseau : de Conakry, 14.338
kilos; de SimbaIa, 21.796 kgs; de Dubréka,
8.178 kgs; de iKakoulima, 9.671 kgs; de Kou-
ria; 5*385 kilos.
Il existe à Conakry une entreprise de pê-
che à forme européenne employant un per-
sonnel de 12 pêcheurs et disposant d'un ma-
tériel *de capture comprenant 1 chalutier à
moteur, 6 pirogues, 3 baleinières et t cotre.
Cette entreprise qui possède une installation
de 11 fours de séchage, traite actuellement
environ 100.000 harengs et 3.000 kgs de gros
poissons par mois. Elle envisage l'utilisa-
tion des sous-produits de la pêche (vessies
natatoires, foies, ailerons de requins, etc.)
Elle prépare avec les déchets (tripes, pois-
sons non comestibles) des engrais utilisables
pour la fumure des bananeraies.
ou ) (
L'exploitation forestière
à la Côte d'Ivoire en 1931
»♦»
Par suitede la crise économique mondiale
qui s'est traduite par un encombrement des
stocks sur les marchés européens, l'exploita.
tion forestière a subi un certain ralentissement
à la Côte d'Ivoire en 1931. Il a été exporté,
en effet, de cette colonie, pendant cette der-
nière année, 50.965 tonnes de bois en grumes,
dont 39.424 tonnes de bois d'ébénisterie et
11.441 tomrçs de bois coaqmuns, En 1930,
l'exportation avait été de 91.024- tonnes, dont
68.415 tonnes de bois d'ébénisterie et 22.609
tonnes de bois communs. Il faut ajouter aux
chiffres de 1931, il est vrai, 1.590 tonnes de
bois qui ont été exportés débités.
Le nombre des exploitants forestiers a éga-
lement diminué d'une dizaine d'unités au
cours de l'année dernière. De même, il a été
concédé moins de chantiers forestiers (452 en
193,1 contre 588 en 1930).
Au point de vue de la production, l'acajou
fournit toujours à peu près la moitié des arbres
sortis des chantiers, puis viennent : le Hama,
l'avodiré, le framiré, le niangon et le bossé.
Ces six essences donnent les 4/5 des sorties.
Il y a lieu de remarquer, cependant que,
malgré la crise, le nombre dès scieries à la
Côte d'Ivoire est passé, en 1931, de 11 à 14.
Il en existe 4 à Abidjan, 3 à Bassam, 2 ap-
partenant à l'Administration, 1 à Adjouan sur
la lagune Àby, 1 à Dabou, 1 à Grand-Lahou,
1 au Mafou près d'Agboville, 1 près de Tias-
salé, 1 à Gbadikaha, 1 près 4e Ferkessédou-
gou. Toutes ces scieries ont travaillé au ra-
lenti l'année dernière pour tfoumir le bois dé-
bité exporté (1.590 tonnes) et satisfaire la
consommation locale.
De même il y a eu augmentation de la
consommation locale de bois de feu. Un arrêté
du tor-octobre 1931 en a réglementé la coupe.
A la demande des exploitants, le chantier
accordé au chemin de fer pour la coupe du
bois de chauffe destiné à ses machines a été
supprimé, les exploitants désirant assurer eux-
mêmes cette fourniture par concurrence.
Au point de vue technique, l action du
service forestier s'est manifestée en 1931 par
l'augmentation des superficies des réserves fo-
restières et la poursuite des études scientifi-
ques.
Au 31 décembre 1931, ces réserves s'éten-
daient sur 1.293.530 hectares en augmentation
de 718.280 hectares sur les chiffres de l'an-
née précédente. Ces réserves se répartissent
ainsi :
Hectares
Réserves d'enrichissement. 235.920
Réserves de protection 982.310
Réserve botanique et touristique 75.300
Dans les réserves d'enrichissement, le ser-
vice forestier fait procéder à des plantations et
à des coupes de dégagement. C'est surtout à
la station de Banco, près d'Abidjan, que s'ef-
fectuent les travaux scientifiques tant en ce qui
concerne la mensuration des arlbres que les
essais de plantations selon différentes métho-
des. Des prélèvements d'échantillons de bois
sont régulièrement opérés. 147 échantillons ont
été adressés l'an dernier au Muséum pour
expertise.
Dans l'ensemble de la' colonie, 992 hec-
tares ont été enrichis en 1931.
Pour 1 instant, 1 action du service forestier
se borne à a conservation des deux autres
catégories de réserves.
L'effectif du personnel forestier de la colo-
nie était, en fin 1931, die 22 Européens (dont
3 officiers des forêts) et de 47 indigènes. C'est
à ce personnel réduit qu incomibe de veiller
non seulement à la conservation et à l'aména-
gement de notre domaine forestier de la Côte
d Ivoire, mais de faire appliquer la réglemen-
tation relative à son exploitation.
Un concours agricole
à Bambori (Oubangui-Chari)
Il y a quelques années le voyageur qui
après avoir visité le Gàbon et le Moyen-
Congo pénétrait dans l'Oubangui-Chari, ne
manquait pas de constater que dans cette
dernière colonie, l'indigène présentait un
aspect physique révélant par comparaison,
un homme infiniment mieux nourri.
C'est qu'en Oubangui-Chari l'autochtone
appliquait aux cultures vivrières un travail
qui n'était nulle part ailleurs si productif.
Il mangeait amplement à sa faim. Même,
autour de sa case, farine et grains de la
cuisine journalière étaient picorés par les
animaux de basse-cour. Si bien que l'Ou
bangui était aussi le pays du poulet gras.
L'administration locale a toujours eu le
souci de pousser au développement des den-
rées vivrières. Pour y mieux aider elle fa-
vorise les concours agricoles. Un de ces
concours organisé tout récemment à Bam-
bari par le Syndicat Agricole .du Haut-Ou-
bangui, a eu un' plein succès, par l'émula-
tion née entre les exposants annuels.
Là, où naguère quelques maigres légumes
d'Europe ne figuraient que de temps en temps
sur la table des fonctionnaires et des colons,
est aujourd'hui cultivé à peu près ce que nos
potagers produisent. Notre confrère Yfctoile
de l'A.E.F. cite des aubergines monstrueu-
ses, des choux pommés, des radis énormes,
des fraises superbes, du blé envoyés par les
nombreux exposants. Les visiteurs purent
même déguster du pain d'épices de fabrica-
tion locale, des confitures diverses, etc.
Le temps a marché et le progrès avec lui.
Plus d'une fois, nous avons ici écrit que
la légende des colonies, terres inhospitaliè-
res, était finie.
Dans les coins les plus reculés des brous-
ses africaines, l'Européen actuellement peut
vivre d'une façon normale. Il y vivra bien
mieux encore lorsque les centres d'adminis-
tration et de commerce qui se créent ou se
développent, seront diotes des commodités
diverses par quoi se constitue une hygiène
suffisante.
Nous sommes déjà tout à fait loin de l'épo-
que où Vigné d'Octon écrivant sur le Séné-
gal et le Soudan, intitulait son livre : Terre
de mort.
Et c'était, alors, pourtant vrai.
P.-C. Georges François,
Gouverneur honoraire des Colonies.
LE TIMBRE COLONIAL
L'histoire des Colonies
par le Timbre
par Georges Brunbl.
LES PETITES COMORES
Mayotte, Anjouan et Moheli
Mayuttc, Ils inléressuntc, a lu forme du
l'Italie; elle fut habitée ,PUl' des noirs qui pour
écliupper à la domination des Portugais, lors-
qu'ils débarquèrent à la Grande Colllore, s'en-
iuirent a Mayotte, sous la conduite d'un chef
61 erglque. Ils lonaèrent un village dont il reste
encore des vestiges. Puis les Sakulaves (de
Madagascar) vinrent s'établir dans la région ap-
pelée M'Sapéro (nord de l'ile). Un chef de la
lirunde Comore, Moliainmed bon BuYssa. étant
vt-iiu visiter Mayotte, il lut bien accueilli, si
bien qu'il resta. et Ópousa la fille du chef. A lu
mort do ce dernier, il prit le pouvoir, se lit
aimer dq la population et bâtit lu ville de Chiu-
gourio, qui existe toujours (dans une baie au
nord-ouest)
Jusqu'en 1830, l'histoire réelle de cetLe terre
est ouscure, il y eut des révoltes entre les chefs
et les hubitants de certains cercles et ceux do
Madagascar, inuis a l'époque citée, on a des
notions luis toriques plus précises. Un grand
nombre de sakulaves, diriges par leur chef,
Andrian Souli arrivèrent à iMiiyotle. On leur
donna de vastes territoires alin qu'ils pussent
se livrer librement a lu culLure
Mais les nouveaux venus n'étaient pas en
faveur auprOs d'un ancien chef Buanaconibé
dont ces gens leur faisuit miite avances, mais
enlin tout a une fin, le chef fut chassé, il se
réifugia à Moheli.
Arrive iuiins l ilc, Il rundil visite au liou-
verneur Rama Nuté:m et sans se soucier de ce
qui pourrait arriver, il vendit MiiyolAe conlIn
s'n en. était l'unique possesseur ; Huma, uliéché,
ntre.prit la conquête de son nouveau royaume
et il y réussit. Andrian Suuli Illlu demander
aide et protection au sultan d'Anjuulul Abd-Al-
lah, qui lui facilita la reprise de ."layotte.
En 1841 le lieutenant de vaisseau Jehenne vi-
sita l'île et se rendit compte des grandes res-
sources qui s'y trouvaient.
Après avoir rendu compte de sa mission à
son retour à bord, l'amiral de Helt, qui com-
mandait l'escadre envoya le capitaine Passot
auprès du sultan. Après des palabres assez la-
borieuses, Passot Unit par décider le potentat
a vendre Mayotte à la France, moyennant une
rente viagère de cinq mille francs et les frais
d'éducation de ses deux enfants dans une école
de la Réunion (convention du 25 avril 1S41 rati-
fiée par le décret du 10 février 1843).
Les sultans (l'ancien de Mayotte, ceux de Mo-
héli et d'Anjouan) protestèrent énergiquement,
mais la France ne se laissa pas intimider par
leur mécontentement et d'ailleurs la mort de
deux d'entre eux arrangea - fort bien les cho-
ses et à propos.
Lai prise de possiission de Mayotte eut lieu le
13 juin J8M. ln détachement de marins avec
de l'artillerie, débarqju pour assurer l'ordre.
Un commandant fut désigné, le 10 novembre
1844.
Mayotte est aussi une ilo d'origine volcanique,
mais ayant une couche végéta le assez épaisse
qui lui donne ainsi une grande fertilité. Une
chaîne de montagnes la traverse du Nord-Ouest
au Snd-Est, avec des élévations de 500 à 600
métrés ; il Dzoudzi on voit un volcan éteint.
Bien qu'entourée de récifs niadréporiques,
l'ile offre quelques ports naturels sur toute sa
périphérie. Il y a quelques cours d'eau qui des-
cendent des montagnes mais qui sont souvent
ù. sec pendant la saison chaude.
L'île a 31-.000 hectares de superficie, dont
10.000 de vallées où les cultures sont produc-
tives.
Avec une moyenne de températude de plus
ou moins 25° le climat est sain et surtout chose,
importante, il n'y a ni coup de vent, ni raz
do marée.
L'île est parsemée de nombreux villages mal-
gaches construits ! n lv>i.s. Le chef-lieu, Ma-
moctxou étant insalubre une partie de l'année,
le rentre de l'activité commerciale est à M'Sa-
perc (au nord), grand village arabe.
Le türrioirl est, <.i\'Ï;(' en quatre quartiers
avec des chefs a ln UMe el des routes bien en-
tretenues facililint les relations très suivies en-
tre les divers points a. l'île.
Les bols fournissent des matériaux propres
aux constructions navales et à l'industrie, il y
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