Titre : Les Annales coloniales : organe de la "France coloniale moderne" / directeur : Marcel Ruedel
Auteur : France coloniale moderne. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-05-03
Contributeur : Ruedel, Marcel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693410p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 mai 1932 03 mai 1932
Description : 1932/05/03 (A32,N48). 1932/05/03 (A32,N48).
Description : Collection numérique : Bibliothèque Francophone... Collection numérique : Bibliothèque Francophone Numérique
Description : Collection numérique : Numba, la bibliothèque... Collection numérique : Numba, la bibliothèque numérique du Cirad
Description : Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1 Appartient à l’ensemble documentaire : RfnHisg1
Description : Collection numérique : Protectorats et mandat... Collection numérique : Protectorats et mandat français
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6380483s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC12-252
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
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Les Annales Coloniales
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OmscTtUR.FoNDATftMH 8 Marcel RUEDBL
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AIOMEBENTS
avis la Revue, mensuMê :
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Colonies 1M» Wt Mw
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On t'abonne sens frils ÛÊÊÊ
tous les bureaux de poste.
Le décret des 5 ans
'-,-'
et - coloniaux
> < :
Mbn interpellation sur la situation écono-
mique de l'Inde Française, et sur le gou-
vernéur éminemment indésirable qu'est et
reste M. Juvanon, aura, à défaut d'autre ré-
sultat immédiat, appelé l'attention publique
sur les abus criants auxquels donne lieu, de-
puis un certain nombre d'années, la nomi-
nation des gouverneur* coloniaux. !
Au cours de là discussion, mon collègue,
M. A. feàrraut, qui fut ministre des colonies
de février 1920 à mars 1924, a défendu avec
véhémence le décret dit des cinq ans, qll:
fut son œuvre, et en vertu duquel un gou-
verneur devait rester au moins cinq ans dans
la colonie à la tête de laquelle il était placé.
M. Sarraut s'est, naturellement, félicité
de ce décret qui, dans sa pensée, devait met-
tre fin à ce qu'il a nommé la « valse » des
gouverneurs. C'était son droit.
Mais c'est mon droit de l'admirer beau-
coup moins que lui et de continuer à trou-
ver étrange qu'on veuille le faire vivre ou
revivre, précisément pour l'appliquer à
l'homme qui, de l'aveu unanime, est le plus
médiocre et le plus incapable des gouver-
rteuts
Il est donc entendu que M. Juvanon qui,
depuis deux ans sévit en Inde Française,
aura encore trois ans devant lui pour para-
chever tranquillement son œuvre de désorga-
nisation. Je ne sais si les habitants des Eta-
blissements français de l'Inde en sauront un
gré Infini à M. Sarraut.
Quoi qu'il en soit, la vive attaque que
M. Sarraut a menée contre moi n'a pas mo-
difié mon sentiment. En théorie puret il se
peut que l'ancien ministre des Colonies ait
raison. J'estime, en effet, comme lui, qu'on
ne doit pas s'amuser à déplacer les gouver-
neurs en vertu du bon plaisir. Si un gou-
verneur, est bon, nous sommes d'accord. Il
faut le laisser le plus -longtemps possible
dans son gouvernement.
Mais s'il est mauvais? J'ai posé la ques-
tion à M. Sarraut. Il m'a répondu : on le
révoque. Soit, quoique je ne vols point qu'on
ait encore révoqué M. Juvanon.
Et s'ilVest que médiocre mais, du fait
même de sa médiocrité, malfaisant pour le
pays a Ïa tête duquel il est placé? Aura-t-il
j - -.. - .t_ --
droit a ses cinq ans? M. sarraut n'a pas en-
visagé line hypothèse, qui, Curtant, s'est
bien «xivéht réalisée. A
-1 C'eii -ddric qu'îl y à redire fyu fameux dé-
",' cret. Je vais plus tain. Ce Jk.rct a-t-tl ja-
mais été appliqué ?
Et d'abord4 a-t-il été appliqué par M. Sar-
faut M.méme? Je feuillette VAtmuatre des
Colonies, et j'y vois, .par exemple, que M.
Marchand, gouverneur de troisième classe et
chargé par intérim de la Guadeloupe, a été
titularise à ce poste par M, Sarraut; et que
le même ministre l'a nommé le 4 mars 1923
commissaire au Cameroun, sans se soucier
des cinq ans.
J'y vois encore que M. Lapalud, gouver-
neur de troisième classe et faisant fonction
de secrétaire général de J'A. E. F. est passé
de l'A. E. F. à la Réunion, où il était
nommé en 1921 pour revenir au début de
1924 à la Côte d'Jvoire. Et les cinq ans?
M Guyon, gouverneur de première classe,
secrétaire général à Madagascar, a été cn,
voyé en A. O. F. d'abord, en Nouvelle-Calé-
donie ensuite. Et la règle des cinq ans? Es-
camotée.
A la Guadeloupe, M. Sarraut étant tou-
jours ministre, trois titulaires, MM. Duprat,
Berthier, Maurice Beurnier, se sont succédé
avec une rapidité vertigineuse. Et je ne parle
pas des gouverneurs par intérim. Personne
n'a jamais, pour ou contre eux, invoqué les
cinq ans.
Jetons maintenant un coup d'œil sur les
gouverneurs généraux. M. Angoulvant était
à la tête de l'A. E. F. A-t-on attendu cinq
ans pour le débarquer, en lui donnant comme
fiche de consolation le Commissariat général
de l'Exposition Coloniale ?
Est-ce que M. Merlin, passé de l'Afrique
Equatoriale à Madagascar, puis en A.O.F.
puis en Indochine est resté cinq ans à cha-
cun. de ces derniers postes ?
Il semble donc bien que M. Sarraut ait
été le premier à ne pas appliquer son décret.
C'est donc, toutes proportions et révérences
gardées, l'histoire de ce curé de village qui
déclarait ingénuement à ses ouailles : « Fai-
tes ce que je dis. Ne faites pas ce que je
fais. »
D'ailleurs, les successeurs de M. Saivraut
ont fait exactement ce qu'avait fait M. Sar-
raut lui-même. Et l'exemple de M. Juva-
non est à cet égard le plus f rappant de tous.
M a passé six mois à lia. Guyane ; sept ou
huit mois à Saint-Pierre et Miquelon. Ce
n'est que depuis qu'il est installé à Pon.da-
chéry qu'il est devenu « tabou J,
Des quelques faits que j'ai cités, les lec-
teurs n'auront aucune peine à tirer la con-
clusion. Le décret des cinq ans - décret
purement théorique n'a jamais empêché
aucun ministre des Colonies de faire « va-
loir. les gouverneurs. Le seul M. Juvanon,
aimé des Dieux, aura eu la rare fortune de
fixer, il cet égard, au moins jusqu'il nouvel
ordre, la «pensée des divers ministres des
Coîonies, js»squc»là Vni^lièrcment difftïSéV
Et ce sera un des principaux titres de gloire
de M. de Chappedelaine de s'être abrité,
pour ne pas agir, derrière le décret de M.
Sarraut que, pour les besoins d'une mau-
vaise cause, M. Paul Reynaud avait exhu-
mé.
Jean Philip,
Sénateur, secrétaire de la Commis.
sion des Affaires étrangères,
membre de la Commission des
Finances, membre de la Commis.
slon des Colonies.
AFAcadémie des Sciences'
«»»
Contre la lièvre jaune
Par t'inoculation de doses progressives du
virus vwitit de la fièvre jaune, p^ssé par la sou-
ris, MM. Sellards et Laigret, de "tastitut
Pasteur de Tunis, sont parvenus à vacciner
1" homme contre cette terrible maladie.
Telle est ta très importante nouvelle qu'ap-
portait hier à ses cônfrèrea de l'Académie des
Sciences M. Charles Nicotte, directeur de
l'Institut Pasteur de Tunis, professeur au Col-
lège de France.
Et l'éinment savant ajoutait : « Il semble
bien qu'il n'y ait plus qu à appliquer en grand
la méthode. »
Transmission de la lièvre porcine
D'autre part, M. Charles Nicolle, en son
nom et au nom de M. L. Balozet, annonçait
que là peste porcine est transroissible expéri-
mentalement à l'homme sous la fonne inappa-
rente.
Etude sur une météorite
M. Alfred LictOÎs, secrétaire perpétuel, a
étudié une météorite tombée à la limite du
Niger et de la Nigeria et que vient d apporter
au Muséum le professeur Auguste Chevalier :
c'est une chondrite riche en fer nickelé métal-
lique présentant des traita intéressants de staic-
ture.
Au Conseil d'.t
, -
Annulation d'un arrêté du Gouverneur
Général de l'Indochine.
A la requête de M. Tonal rédacteur des
services civils de l'Indochine, le Conseil
d'Etat a annulé un arrêté du Gouverneur
général de l'tndochine en date du 31 décem-
bre 1026. ainsi que sa décision implicite de
rejet résultant du silence par lui gardé sur
la réclamation du requérant, en tant que
l'un et l'autre ont dénié à M. Tonal le droit
à un report d'ancienneté de deux ans et
quatone jours dans la première classe des
rédacteurs des services civils de l'Indo-
chine.
6 'devant le Gouver-
M Tonal est renvoyé devant le Gouver-
neur général de l'Indochine pour être pro-
cédé aux mesures que comporte 1 exécution
de la présente décision.
Le Gouvernement Général est condamné
à rembourser à M. Tonal les frais de tim-
bre gag que les droits d'enregistrement par
lui eipuéi.
D £ P4ilir
188 ̃
M. Gabriel Angoulvant, Gouverneur général
honoraire des Colonies, a quitté Paris hier pour
se rendre à Genève où il doit prendre part aux
travaux de la Commission de l'esclavage.
M. Besson, sous-directeur au Ministère des
Colonies, l'accompagne.
à,- -.-- (
M. Lucien Saint chez le Siltan
J". -
M. J^ucien Saint, acçompagné du colonel
Juin, s'est rendu au Palais Impérial samedi
où il a eu, avec le Sultan Sidi Mohamed, un
entretien relatif aux diverses questions in-
téressant le protectorat.
: |
Notre action au Maroc
.,
Une piste a autocyclable
dans le Sud Marocain
On vient de terminer 'la piste autocyclable
reliant Iglierm à l'oasis d'Aggazet et cette
oasis fut, par voie de conséquence, dotée
d'un poste et d'un camp d'aviation. Il s'agit
d'une mesure d'organisation et, nullement,
d'un nouvel épisode de la pacification.
) (
Le cé. Paather" sera démoli
̃ 1»!
Le contre-torpilleur allemand Panther va
être vendu à Kiel pour la démolition. C'est
ce bâtiment, on s'en souvient, car l'événe-
ment causa une très vive émotion, qui fut
envoyé en 1911 à Agadir en manière de
potestation contre les projets français au
Maroc. Ce fut un des gestes les plus tapa-
geurs et théâtraux de l'ex-kaiser avant la
guerre. Le Panther, devenu vieux, et mis à
a retraite, avait été affecté à un service de
surveillance des pêches en Baltique.
(
Le ntrar de la IIIISIII
Sixte lie Btnrboa
̃ ̃
le Hier après-midi sont aijivés, venant d* Alger,
le prince Sixte de Bonbon, le comte de Neu-
boutg et le comte de Béarn.
Ils ont été précédés & Tunis par M. Louis
Bréguet, la princesse Sixte de Bouibon et la
comtesse de Neo b ourg, venant de Maneille en
hydravion,
Le rail de Tunis à Marrakech
- •
tlt- trois pays du Nord-
Africain français sont
intéressés solidaire-
ment à V achèvement
d'un projet en voie
de réalisation, mais
qui comporte encore
certains délais : la
ligne ferrée qui mè-
nera de Tunis à Màr:
rakech, c'est-à-dire
de la Méditerranée orientale au sud du
Maghreb en traversant dans toute leur lar-
geur la Tunisie, l'Algérie et le Maroc, sur
une longueur de 2.400 kilomètres.
Il s'agit là d'une œuvre considérable et
qui exige d'intportants travaux sur certains
points du long parcours envisagé,
On se tromperait, en effet, si l'on croyait
que la Tunisie et l'Algérie possèdent déjà
des lignes ferrées qui se correspondent de
Tunis par Alger à la frontière marocaine, il
stiffil d'achever le réseau marocain, et d.;
Vembrancher à Oudjda sur la ligne alglto-
t uni sienne.
Même considère SOlis cet aspect un peu
trop simpliste, le problème ne serait Pas
encore résolu mais seulement en voie d'exé-
ClIlioit.
Il y a déjà trois ans que l'on a commencé
les travaux de construction de la ligne nor
maie qui doit remplacer la « draisine • ou
petit chemin de fer à voie étroite qui circule
encore pour quelque temps d'Oudjda à Fez.
La première partie de ce tronçon, qui va
d'Oudjda à Guercif est terminée : le 19 jan-
vier dernier un train de démonstration a par-
couru pour la première fois les 170 kilomè-
tres de ce trajet et cette épreuve a été en
toits points satisfaisante, si bien que Von v
décidé de commencer immédiatement
l'exploitation pour les marchandises et les
voyageurs de 40 classe., la mise en marcha
complète étant remise de trois ou quatre mois
pour la pose du téléphone et diverses instal-
lations électriques.
Sur le tronçon Gticrcif-Taza, les travaux
sont poussés activement et. ceux du tronçon
l'aoa-Fes vont être entrepris sous peu et me.
nés rapidement.
La partie marocaine du grand réseau,
nord-africain sera alors achevée et sera
même la mieux construite de l'ensemble.
'Dès ce moment, un convoi fourra partit
'dc Martaktch çt. arriver à Tutus mais elfj.
ne veut pas dire que ce parcours se présen-
tera dans des conditions convenables
d'exploitation, La partie algérienne, qui en
est la plus importante, demallde, en effet:
d'importantes améliorations pour que voya-
geurs ci touristes soient tentés de l'aftron.
ter.
ùur la partie du reseau algenen dont cite
a la gérance, la Compagnie P.L.M. se
préoccupe de cette éventualité : elle fait
procéder a« doublement de la voie ferrée
Alger-Oran par des travaux de réelle impor-
tance. C'est ainsi qu'un pont en béton armé
de 200 mètres de long a lté jeté sur l'oued
Chiffa, la fameuse rivière aux sillges. Sur
l'oued Bou-Roumi, un autre pont en béton
armé a été établi. Il a une portée de 37 mè-
tres avec laquelle il bat le record de la spé-
cialité,
Déjà, la Compagnie P.L.M. a fait pro-
céder à des essais sur le premier tronçon de
sa nouvelle voie entre Alger et Boufarik. Le
train y a réalisé une vitesse de 100 kilomètres
à l'Heure.
On peut donc déjà tenir pour certain que
la grande ligne présentera aux voyageurs de
sérieux avantages sur les deux tiers au moins
de son étendue, de Marrakech à Alger. Mais
elle doit s'appliquer à mériter ce témoi-
gnage sur le reste de son parcours" c'est-à-
dire d'Alger à Ghardimaou et de cette sta-
lion-frontière à Tunis. Pour cette fraction
tunisiemle, il suffira de quelques ambtagc-
ments de la voie et d'achat de matériel. Maii
pour la ligne algérienne d'Etat, de Ghardi
maou à Alger, il faudrait davantage, Z?:
Annales Coloniales ont déjà signalé les in
convénients de cette voie tracée en zig-zag,
comme pour pouvoir distribuer âux entrepre-
lieurs plus de kilomètres à construire, et qui
comporte des rampes telles que les trains
pesamment chargés y perdent fréquemment
leur souffle.
Il faudrait imiter de ce côté l'exemple
que donne, de l'autre, la Compagnie P.L.M.
en faisant doubler sa voie d'Alger à Or an.
Encore faudrait-il que ce doublement com-
portât des rectifications de tracé assez nom-
breuses.
Si l'Algérie ne se résout pas à ces tra-
vatex, elle compromettra le résultat en reje-
tant voyageurs et touristes vers l'automo-
bile 'l'Ii) à l'heure actuelle, est préférée Par
la plupart de ceux qui ont à se rendre de
Tunis à Alger ou réciproquement.
Ainsi serait compromis l'attrait du magni-
fique parcours ferroviaire de Tunis à
Marrakech.
Smat Hmdmp
Sénateur de la Marne,
Vice-Président de la Commission
des Dounnen.
LIRE EN SECONDE PAGE :
Les élections législatives et les colonies.
Lo commerce extérieur de l'Afrique du
Nord,
L'aviation coloniale.
La pèche et la chasse à Madiegascar,
L'équipement des villes maioaches.
! Le rail nord-africain
i lutte contre la route
l'
; Depuis la chute verticale des transports
de minerais eV phosphates qui constituaient
le principal trahc des chemins de 1er nord-
africains, ceux-ci connaissent maintenant la
concurrence de l'automobile dans toute son
acuité: Ce n'est certes pas d'aujourd'hui que
la route attire une partie pu lret dont la voie
ferrée détenait jadis le monopole, mais cette
perte n'était pas aussi sensible au chemin de
ter qu'elle l'est depuis que les mines ont
cesse de tournir un tratic normal et rémuné-
rateur. Des réactions étaient à prévoir;
elles commencent à se manilester.
"1 En Tunisie, aussi bien qu'en Algérie et au
Maroc le rail tend de plus en plus à dispu-
ter à la route 'ie trafic qui reste encore. La
lutte est dure, car il n'y a pas qu'une ques-
tion de tarits qui est en jeu. Si le train peut
transporter à meilleur compte dans certains
cas, il ne lui est pas possible d'oilrir les
mêmes commodités que le camion automo-
b i lé' qûV prend le fret au domicile de l'ex-
peçliteur et le transporte au domicile du
destinataire, ce qui présente un avantage sé-
rieux pour l'usager quand Ú est très éloigné
d'une gare de chemin de fer, comme il ar-
- rive fréquemment dans les pays coloniaux.
Qu'il s'adresse au rail ou - à la route, l'usa-
ger bénéficie aujourd'hui de conditions de
transports de plus en plus avantageuses.
C'est ainsi que les chemins de fer tunisiens,
en prévision du trafic important qu'an-
nonce la prochaine campagne de céreales,
mettent en application au icr mai, pour
le transport des blés et des orges, un nou-
veau barème ayant pour résultat d/abaisser
les tarifs habituels de 65 en certains cas.
Cette nouvelle formule a été accueillie avec
joie par les colons et fellahs, comme on
pense; d'autant plus qu'elle aura pour effet
de provoquer une baisse correspondante chez
les camionneurs et les arabatiers. Dans
quelle mesure ceux-ci pourront-ils 'la sup-
porter, c'est une autre histoire et déjà les
tenants de la route récriminent.
Constatons toutefois que La circulation
routière s'accroît régulièrement, malgré la
crise économique qui sévit. Et rien ne fait
prévoir un arrêt des importations des véhi-
cules automobiles dont la courbe ascen-
dante marque le succès et l'avenir de ce
moyen de locomotion dans les pays nord-
africains.
Mais les chemins de fer seront encore
'longtemps indispensables, pour le transport
des voyageurs à grande vitesse, la desserte
des banlieues et pour le trafic lourd, mine-
rais et phosphates. En commercialisant leurs
méthodes d exploitation et en les adaptant
aux besoins nouveaux do leur clientèle, les
chemins de fer continueront à jouer un rôle
de premier plan dans lia vie économique,
tout en restant un instrument stratégique
irremplaçable pour la sécurité du pays.
La concurrence du rai'l et de la route
n'est d'ailleurs, assez souvent, que la consé-
quence de la rareté du trafic ; dès que la si-
tuation économique sera redevenue normale
il y aura des possibilités d'existence et de
développement pour tous les moyens de
transport et de locomotion, à-condition
qu'une fiscalité équitable s'institue et ne
vienne pas handicaper les uns pour avanta-
ger les autres.
Arthur Pellegrin,
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie.
) - (
Le commerce de la France
avec ses colonies
«4»
Premier trimestre 1932
Le tableau suivant donne la valeur comparée
des marchandises en provenance des colonies et
pays de protectorat, importées en France pen-
dant les trois premiers mois de 1932 et 1931 :
Importations
(En milliers de francs.)
1932 1931
Afrique Occidentale
française 101.764 111.784
Algérie.,. 706.988 814.393
Indochine 89.126 99.738
Madagascar et dé-
pendances. 58.969 55.093
Maroc 93.617 38.881
Syrie (mand. fçais). 7.041 13.574
Tunisie 84.338 103.927
Autres colonies et
pays de protecto-
rt 146.890 145.253
Totaux des colonies
françaises et pays
de protectorat 1.288.733 1.382.643
Par rapport aux Importations des trois pre-
miers mois de 1931, celles des trois premiers
mois de 1932 ont diminué de 93.910 francs..
Voki maintenant comment se comparent les
exportations françaises à destination des princi-
paux pays étrangers ainsi que des colonies t et
pays de protectorat, pendant les trois premiers
mois de 1932 et 1931 :
Exportations
(En milliers de francs.)
1932 1931
Afrique occidentale 47.890 85.44 1
française 47.890 85.441
Algérie 788.957 1.085.014
Incrochine 93.727 175.063
Madagascar et dé-
jpendances 60.593 68.275
Maroc ., 195.521 240.299
.(mand. fçais). 29.878 35.048
TuMaie t85.223 209.807
Autres colonies et
pays de protecto-
rat Il 98.696 124.375
Totaux des colonies
fnmcaisea et pays
dep~ectorat L500.687 2.023.322
Par rapport aux exportations des trois pre-
miewirois de 1931, cens des trois premiers
mois de 1932 ont diminué M 522.633 francs.
La case aux livres
ÉCRIVAINS COLONIAUX. ET D'AILLEURS
) ( –-
HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES
ET DE L'EXPANSION
DE LA FRANGE DANS LE MONDE
Le quatrième tome de l'oeuvre consacrée
au génie civilisateur de 'la France et entre-
prise sous la haute direction de M. Gabriel
Hanotaux est paru. Ce volume traite de l'A.
O.F. par Maurice Delafosse, ancien gouver-
neur des Colonies, professeur à 'l'Ecole des
langues vivantes ; de l' A.E. F ., par Auguste
Terrier, secrétaire général du Comité de
l'Afrique Française ; de la Côte des Sonia-
lis par Alfred Maftineaiij ancien gouverneur
et professeur au Collège de France.
L'histoire, telle que la connaît la majo-
rité des Français, n'est qu'une suite d'événe-
ments-explosions, tenant plus de la fiction
et du merveilleux que d'une permanence
dans 'la race de qualités et de défauts, per-
mettant à la France de réaliser logique-
ment au cours des siècles, souvent en dépit
de ses gouvernants, la destinée inscrite dans
la main de son peuple.
« Savoir son histoire de France », c'est
se rappeler Vercingétorixi-Alésia, Jeanne
d'Arc-Guerre de cent ans, Coup-d'éventail.
Prise d'Alger, etc. Je comprends que cette
science historique ait fort répugné à Paul
Valéry. Mais justement, ces grands noms ro-
mancés, héros de légendes, n'ont rien à voir
avec l'histoire de la France. Tandis que je
'la découvre" au cours de ces volumineux ré-
cits des événements coloniaux, souterraine
en l'épaisseur des siècles, parfois en sources
jaillissantes, toujours présente.
Et, c'est ce lien de continuité jamais in-
terrompu; au temps les plus obscurs, cette
volonté tenace, sans intermittence des Fran-
çais de se répandre en Afrique, dans le
monde, qui explique humainement la consti-
tution, au cours du dix-neuvième siècle, de
notre Empire colonial.
Le miracle, c'est justement, quoiqu'on ait
dit de notre humeur casanière, la perma-
nence dans notre peuple de qualités coloni-
satriccs qui rachetèrent les fautes d'un
Louis XV ou les aberrations coloniales
d'un Clemenceau, et soutinrent Jules Ferry
le Tonkinois, etc.
Dans aucune autre histoire, on ne trouve,
comme dans la chronique coloniale, le cha-
pitre aussi jonché de déboires, a'actionà
qui vont à vau-l'eau, d'héroïsmes jusqu'à la
morf qui semulent inutiles.
Et pourtant, il suffit de parcourir « l'his-
toire des colonies françaises et de l'expan-
sion de la France dans le monde » pour se
rendre compte, qu'aucun effort ne fut stérile ;
que la sueur et le sang répandus dans les
sillons les plus arides ne l'avaient pas été
en vain ; qu'en marge de nos officielles et
éclatantes déceptions coloniales, le peuple
français, héritier d'une tradition jamais in-
terrompue, travaillaient victorieusement à
la constitution d'une France-d'Outre-Mer
(exemple mère Javouhcy, René Caillié, etc.)
C'est cette salutaire, revivifiante philoso-
phie, que le lecteur doit dégager de cette
histoire coloniale solidement documentée.
Pion. Editeur.
COURRIER D'AFRIQUE
par
MAURICE MARTIN, DU GARD
« Avez-vous lu Cotirrier d'Afrique ?. »
Depuis certain événement littéraire « pa-
risiano-coloniale », cette phrase est d'une
brûlante actualité et attire de nouveau l'at-
tention du grand public sur une œuvre im-
portante, que tous les métropolitains-afri
cains doivent avoir lue, car elle éclaire, en
profondeur, des problèmes du passé, du pré-
sent, de l'avenir, du plus haut intérêt. Il
était logique, que Maurice Martin du Gard,
moraliste-encyclopédiste, soit demeuré fas-
ciné par le « To be or not to be » de la
France en Afrique Noire.
Et, parce qu'il s'est longuement penché
sur les raisons de l'existence même de la
nation, le jeune directeur des « Nouvelles
Littéraires » fait des remarques pleines de
saveur et de vérité.
Dans le chapitre intitulé : tç Une matinée
à l'Eco'le Faidherbe » de Dakar où il assista
à une leçon d'histoire faite par un institu-
teur de couleur à des enfants noirs de six à
treize ans, je relève ces quelques lignes qui
doivent servir de sujet de méditation à tous
nos parlementaires :
« On ne leur apprendra pas, j'espère,
que Clemenceau avait décidé, dans sa jeu-
nesse, vers la soixantaine, que la France ne
serait forte qu'en se recroquevillant sur
elle-même, ce qu'elle ne pourrait faire au-
jourd'hui, qu'au risque de disparaître. C'est
au contraire à ses frontières coloniales
qu'elle doit veiller si elle veut vivre. »
Ne pouvant citer « Courrier d'Afrique » en
entier je conseille de lire ce livre auquel
je souhaite bon voyage dans la France des
cinq parties du monde.
Ernest Flammarion, Editeur.
L'EMPIRE DE FEZ
LE MAROC DU NORD
par
FERNAND BENOIT
En quelques pages vivantes, l'auteur évo-
que le passé, le présent de ce Maroc du
Nord dans lequel deux vies, deux âges s'af-
frontent, comme autrefois dans l'Afrique
Romaine. cc Il n'y a pas de barrière qui ait
résisté à leur fatale transfusion peut-être
plus lente dans l'Afrique d'autrefois que
dans celle d'aujourd'hui. Toute colonisation
(et ce mot s'entend dans son sens le plus
large), est réciproque. »
M. Fernand Benoît a raison, l'avenir de
la double ville indigène française est dans
la double interprétation des deux génies et
dans leur incorporation ; car les deux villes
ont solidaires et la Médina ne continuera à
jouer son rôle de capitale, en face des mille
concurrences nées des marchés nouveaux de
la campagne qu'en fonction même de la
puissance de la ville française.
Telle est la réponse du vingtième siècle à
la thèse romantique de Victor Hugo : « Ceci
tuera cela. n
Alixis Redier, Editeur.
EVOCATIONS LITTERAIRES
par
GABRIEL BRUNET
Tel est le livre qui vient de valoir à son
auteur, un jeune universitaire, le prix de la
Critique Littéraire. Je sais qu'auprès du
public dépourvu trop souvent de réactions
personnelles, qui a l'habitude d'adopter les
Idées-confectiulls à la taille de tout le monde,
la critique universitaire ne jouit pas d'une
presse excellente. « On D la dit parente
pauvre de la littérature ; « on » l'accuse
d'être le pique-assiette s'alimentant au dé-
pens des auteurs-créateurs ; « on a la juge,
lorsqu'elle est universitaire, rigide et en-
nuyeuse. M. Thibaudet n'a pas craint de ré-
pondre à Il on » : « que cette critique demeu-
rait une des parties les plus solides, les
plus respectables du dix-neuvième siècle lit-
téraire ». Quant à notre présent (1932), il
faut convenir que M. Gabriel Brunet donne
à ces préjugés en soldes un démenti écla-
tant.
Sa manière d'évoquer Mme de Sévigné,
patronne des journalistes ; Bossuet, réactif
de choix pour l'humain moderne ; Paul-Louis
Courier, le paradoxe incarné, ou Sainte-
Beuve, l'hypocrite protecteur des arrivistes,
sa manière de dresser ces grandes figures
consacrées au culte académique, selon le ca-
non futuriste de l'homme éternel, est bien
d'un créateur.
Et, dès les premières pages de son livre,
Gabriel Brunet, par l'originalité osée des
idées émises, réduit à néant le légendaire et
ennuyeux poncif universitaire.
Il y a, dans ces « Evocations littéraires P,
une passionnante recherche du secret de
l'âme de « ces beaux exemplaires d'écril-
vains ». Le critique en arrive à cette consta-
tation, bien faite pour plaire à nos âmes
changeantes, brumeuses, incompréhensibles
pour nous-mêmes : a Mais, plus je regarde
les individus, plus je sens que nos esprits
sont faits souvent de pièces et de morceaux
entremêlés, sans qu'on puisse parler d'unité
ni d'harmonio ».
Livre curieux, en vérité, dont la lecture
fascine de la première à la dernière page.
(Nouvelle Librairie Française.)
LE JUIF ET L'AUVERGNAT
par
EDMOND GAHEN
La Bohème de Montparnasse!. vieux
thème archi-rabâché, depuis le jour trois
fois heureux où Siegfried et le Limousin se
sont rencontrés, attablés à une terrasse de
café sans Coupole. Il faut reconnaître que
M. Edmond Cahcn a renouvelé avec talent le
refrain populaire en campant dans l'ambiance
des studios son Juif et son Auvergnat. Et
nous apprenons, au cours de ce roman com-
ment un médecin sans clientèle, las de la
dèchc, transformé sa femme, peintre médio-
cre, en maître cubiste et exploite en grand
le talent conjugal ; comment un juif ruiné
se venge d'un Auvergnat. Enfin, nous assis-
tons à l'ascension de Gomez et de Chaffou-
gnat réconciliés. Sous la firme « Max frè-
res », les deux larrons prospèrent malgré la
crise.
(Fasquelle, éditeurs.)
L'INDOCHINE
par
ALBERT MAYBON
Spécialisé depuis longtemps dans l'étude
des questions d'Extrême-Asie, M. Albert May-
bon vient d'écrire un ouvrage sur l'Indochine
qui doit rendre le plus grand service à tous
ceux qui sont pressés de recueillir des no-
tions précises, générales, sur le développe-
ment de la vie française dans notre grande
possession d'Extrême-Asie. Il faut souhaiter
la diffusion de ce livre (qui n'a rien d'un ma-
nuel), car il est rédigé de telle façon que le
lecteur métropolitain, ou colonial doit pren-
dre intérêt à la lecture de ces pages qui, en
même temps qu'elles montrent une colonie au
travail, découvrent des horizons sur l'avenir
(Larose.) éditeur.)
Marie-Louise Sicard.
) ..- (
Nécessité d'un enseignement
professionnel à la Réunion
par MAURICE RIBET.
»♦»
Ainsi donc le cyclone qui vient de sévir
à la Réunion y a causé des dégâts à ce point
graves, que la Chambre a voté, sur la pro-
position du Gouveiiiement, une subvention
de 50 millions en faveur - des sinistrés.
Do grands travaux seront nécessaires aussi
bien pour la réfection des ruines particuliè-
res que pour la remise en état des routes,
des lignes télégraphiques et des immeubles
administratifs. Et ce ne sera pas cette fois,
une mince affaire.
Il existe bien dans le pays une main-
d'œuvre expérimentée, d'excellents ouvriers
à qui on devra faire appel. Mais ces ou-
vriers seront-ils en nombre suffisant pour
assurer avec toute la célérité que la situation
comporte, l'ensemble des travaux à mener
à bien ?
Nous ne le pensons pas à moins qu'on ne
se contente d'à peu près, ce qui, en matière
de construction, n'est guère recommandable
ou qu'on ne redoute pas les effets d'une
concurrence qui trop limitée aboutirait à des
exigences onéreuses pour la collectivité.
Et ceci nous amène à considérer la néces-
sité absolue pour la colonie de former des
corps de métier.
Il existe bien à Saint-Denis une Ecole pro,
fessionnelle fonctionnant déjà depuis quel-
ques années sous la surveillance du Service
des travaux publics. Mais si les renseigne-
ments que nous possédons sont exacts,
comme nous le croyons, cette institution ne
progresserait que très lentement.
On donne il cela diverses raisons dont la
princinale est que l'Ile enfermée en el'Je..
même n'a que des besoins limités.
Mais est-ce qu'à cette affirmation, l'évé»
nement récent et déplorable auquel nous ve-
MtNIlLJVITIBHI
RMictiq* S- Admltitlrtlln :
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Les Annales Coloniales
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les muumcee ef rédiames 89W ",. -
bureau Journal.
OmscTtUR.FoNDATftMH 8 Marcel RUEDBL
Tout tel articles publiés dans notre tournai ne peuvent
être reproduits qu'en oitant les Amnaus CoLOllIALII.
AIOMEBENTS
avis la Revue, mensuMê :
Vim INiii IMib
FralOt e.
Colonies 1M» Wt Mw
fct ranger.. 241. IU 9 lès
On t'abonne sens frils ÛÊÊÊ
tous les bureaux de poste.
Le décret des 5 ans
'-,-'
et - coloniaux
> < :
Mbn interpellation sur la situation écono-
mique de l'Inde Française, et sur le gou-
vernéur éminemment indésirable qu'est et
reste M. Juvanon, aura, à défaut d'autre ré-
sultat immédiat, appelé l'attention publique
sur les abus criants auxquels donne lieu, de-
puis un certain nombre d'années, la nomi-
nation des gouverneur* coloniaux. !
Au cours de là discussion, mon collègue,
M. A. feàrraut, qui fut ministre des colonies
de février 1920 à mars 1924, a défendu avec
véhémence le décret dit des cinq ans, qll:
fut son œuvre, et en vertu duquel un gou-
verneur devait rester au moins cinq ans dans
la colonie à la tête de laquelle il était placé.
M. Sarraut s'est, naturellement, félicité
de ce décret qui, dans sa pensée, devait met-
tre fin à ce qu'il a nommé la « valse » des
gouverneurs. C'était son droit.
Mais c'est mon droit de l'admirer beau-
coup moins que lui et de continuer à trou-
ver étrange qu'on veuille le faire vivre ou
revivre, précisément pour l'appliquer à
l'homme qui, de l'aveu unanime, est le plus
médiocre et le plus incapable des gouver-
rteuts
Il est donc entendu que M. Juvanon qui,
depuis deux ans sévit en Inde Française,
aura encore trois ans devant lui pour para-
chever tranquillement son œuvre de désorga-
nisation. Je ne sais si les habitants des Eta-
blissements français de l'Inde en sauront un
gré Infini à M. Sarraut.
Quoi qu'il en soit, la vive attaque que
M. Sarraut a menée contre moi n'a pas mo-
difié mon sentiment. En théorie puret il se
peut que l'ancien ministre des Colonies ait
raison. J'estime, en effet, comme lui, qu'on
ne doit pas s'amuser à déplacer les gouver-
neurs en vertu du bon plaisir. Si un gou-
verneur, est bon, nous sommes d'accord. Il
faut le laisser le plus -longtemps possible
dans son gouvernement.
Mais s'il est mauvais? J'ai posé la ques-
tion à M. Sarraut. Il m'a répondu : on le
révoque. Soit, quoique je ne vols point qu'on
ait encore révoqué M. Juvanon.
Et s'ilVest que médiocre mais, du fait
même de sa médiocrité, malfaisant pour le
pays a Ïa tête duquel il est placé? Aura-t-il
j - -.. - .t_ --
droit a ses cinq ans? M. sarraut n'a pas en-
visagé line hypothèse, qui, Curtant, s'est
bien «xivéht réalisée. A
-1 C'eii -ddric qu'îl y à redire fyu fameux dé-
",' cret. Je vais plus tain. Ce Jk.rct a-t-tl ja-
mais été appliqué ?
Et d'abord4 a-t-il été appliqué par M. Sar-
faut M.méme? Je feuillette VAtmuatre des
Colonies, et j'y vois, .par exemple, que M.
Marchand, gouverneur de troisième classe et
chargé par intérim de la Guadeloupe, a été
titularise à ce poste par M, Sarraut; et que
le même ministre l'a nommé le 4 mars 1923
commissaire au Cameroun, sans se soucier
des cinq ans.
J'y vois encore que M. Lapalud, gouver-
neur de troisième classe et faisant fonction
de secrétaire général de J'A. E. F. est passé
de l'A. E. F. à la Réunion, où il était
nommé en 1921 pour revenir au début de
1924 à la Côte d'Jvoire. Et les cinq ans?
M Guyon, gouverneur de première classe,
secrétaire général à Madagascar, a été cn,
voyé en A. O. F. d'abord, en Nouvelle-Calé-
donie ensuite. Et la règle des cinq ans? Es-
camotée.
A la Guadeloupe, M. Sarraut étant tou-
jours ministre, trois titulaires, MM. Duprat,
Berthier, Maurice Beurnier, se sont succédé
avec une rapidité vertigineuse. Et je ne parle
pas des gouverneurs par intérim. Personne
n'a jamais, pour ou contre eux, invoqué les
cinq ans.
Jetons maintenant un coup d'œil sur les
gouverneurs généraux. M. Angoulvant était
à la tête de l'A. E. F. A-t-on attendu cinq
ans pour le débarquer, en lui donnant comme
fiche de consolation le Commissariat général
de l'Exposition Coloniale ?
Est-ce que M. Merlin, passé de l'Afrique
Equatoriale à Madagascar, puis en A.O.F.
puis en Indochine est resté cinq ans à cha-
cun. de ces derniers postes ?
Il semble donc bien que M. Sarraut ait
été le premier à ne pas appliquer son décret.
C'est donc, toutes proportions et révérences
gardées, l'histoire de ce curé de village qui
déclarait ingénuement à ses ouailles : « Fai-
tes ce que je dis. Ne faites pas ce que je
fais. »
D'ailleurs, les successeurs de M. Saivraut
ont fait exactement ce qu'avait fait M. Sar-
raut lui-même. Et l'exemple de M. Juva-
non est à cet égard le plus f rappant de tous.
M a passé six mois à lia. Guyane ; sept ou
huit mois à Saint-Pierre et Miquelon. Ce
n'est que depuis qu'il est installé à Pon.da-
chéry qu'il est devenu « tabou J,
Des quelques faits que j'ai cités, les lec-
teurs n'auront aucune peine à tirer la con-
clusion. Le décret des cinq ans - décret
purement théorique n'a jamais empêché
aucun ministre des Colonies de faire « va-
loir. les gouverneurs. Le seul M. Juvanon,
aimé des Dieux, aura eu la rare fortune de
fixer, il cet égard, au moins jusqu'il nouvel
ordre, la «pensée des divers ministres des
Coîonies, js»squc»là Vni^lièrcment difftïSéV
Et ce sera un des principaux titres de gloire
de M. de Chappedelaine de s'être abrité,
pour ne pas agir, derrière le décret de M.
Sarraut que, pour les besoins d'une mau-
vaise cause, M. Paul Reynaud avait exhu-
mé.
Jean Philip,
Sénateur, secrétaire de la Commis.
sion des Affaires étrangères,
membre de la Commission des
Finances, membre de la Commis.
slon des Colonies.
AFAcadémie des Sciences'
«»»
Contre la lièvre jaune
Par t'inoculation de doses progressives du
virus vwitit de la fièvre jaune, p^ssé par la sou-
ris, MM. Sellards et Laigret, de "tastitut
Pasteur de Tunis, sont parvenus à vacciner
1" homme contre cette terrible maladie.
Telle est ta très importante nouvelle qu'ap-
portait hier à ses cônfrèrea de l'Académie des
Sciences M. Charles Nicotte, directeur de
l'Institut Pasteur de Tunis, professeur au Col-
lège de France.
Et l'éinment savant ajoutait : « Il semble
bien qu'il n'y ait plus qu à appliquer en grand
la méthode. »
Transmission de la lièvre porcine
D'autre part, M. Charles Nicolle, en son
nom et au nom de M. L. Balozet, annonçait
que là peste porcine est transroissible expéri-
mentalement à l'homme sous la fonne inappa-
rente.
Etude sur une météorite
M. Alfred LictOÎs, secrétaire perpétuel, a
étudié une météorite tombée à la limite du
Niger et de la Nigeria et que vient d apporter
au Muséum le professeur Auguste Chevalier :
c'est une chondrite riche en fer nickelé métal-
lique présentant des traita intéressants de staic-
ture.
Au Conseil d'.t
, -
Annulation d'un arrêté du Gouverneur
Général de l'Indochine.
A la requête de M. Tonal rédacteur des
services civils de l'Indochine, le Conseil
d'Etat a annulé un arrêté du Gouverneur
général de l'tndochine en date du 31 décem-
bre 1026. ainsi que sa décision implicite de
rejet résultant du silence par lui gardé sur
la réclamation du requérant, en tant que
l'un et l'autre ont dénié à M. Tonal le droit
à un report d'ancienneté de deux ans et
quatone jours dans la première classe des
rédacteurs des services civils de l'Indo-
chine.
6 'devant le Gouver-
M Tonal est renvoyé devant le Gouver-
neur général de l'Indochine pour être pro-
cédé aux mesures que comporte 1 exécution
de la présente décision.
Le Gouvernement Général est condamné
à rembourser à M. Tonal les frais de tim-
bre gag que les droits d'enregistrement par
lui eipuéi.
D £ P4ilir
188 ̃
M. Gabriel Angoulvant, Gouverneur général
honoraire des Colonies, a quitté Paris hier pour
se rendre à Genève où il doit prendre part aux
travaux de la Commission de l'esclavage.
M. Besson, sous-directeur au Ministère des
Colonies, l'accompagne.
à,- -.-- (
M. Lucien Saint chez le Siltan
J". -
M. J^ucien Saint, acçompagné du colonel
Juin, s'est rendu au Palais Impérial samedi
où il a eu, avec le Sultan Sidi Mohamed, un
entretien relatif aux diverses questions in-
téressant le protectorat.
: |
Notre action au Maroc
.,
Une piste a autocyclable
dans le Sud Marocain
On vient de terminer 'la piste autocyclable
reliant Iglierm à l'oasis d'Aggazet et cette
oasis fut, par voie de conséquence, dotée
d'un poste et d'un camp d'aviation. Il s'agit
d'une mesure d'organisation et, nullement,
d'un nouvel épisode de la pacification.
) (
Le cé. Paather" sera démoli
̃ 1»!
Le contre-torpilleur allemand Panther va
être vendu à Kiel pour la démolition. C'est
ce bâtiment, on s'en souvient, car l'événe-
ment causa une très vive émotion, qui fut
envoyé en 1911 à Agadir en manière de
potestation contre les projets français au
Maroc. Ce fut un des gestes les plus tapa-
geurs et théâtraux de l'ex-kaiser avant la
guerre. Le Panther, devenu vieux, et mis à
a retraite, avait été affecté à un service de
surveillance des pêches en Baltique.
(
Le ntrar de la IIIISIII
Sixte lie Btnrboa
̃ ̃
le Hier après-midi sont aijivés, venant d* Alger,
le prince Sixte de Bonbon, le comte de Neu-
boutg et le comte de Béarn.
Ils ont été précédés & Tunis par M. Louis
Bréguet, la princesse Sixte de Bouibon et la
comtesse de Neo b ourg, venant de Maneille en
hydravion,
Le rail de Tunis à Marrakech
- •
tlt- trois pays du Nord-
Africain français sont
intéressés solidaire-
ment à V achèvement
d'un projet en voie
de réalisation, mais
qui comporte encore
certains délais : la
ligne ferrée qui mè-
nera de Tunis à Màr:
rakech, c'est-à-dire
de la Méditerranée orientale au sud du
Maghreb en traversant dans toute leur lar-
geur la Tunisie, l'Algérie et le Maroc, sur
une longueur de 2.400 kilomètres.
Il s'agit là d'une œuvre considérable et
qui exige d'intportants travaux sur certains
points du long parcours envisagé,
On se tromperait, en effet, si l'on croyait
que la Tunisie et l'Algérie possèdent déjà
des lignes ferrées qui se correspondent de
Tunis par Alger à la frontière marocaine, il
stiffil d'achever le réseau marocain, et d.;
Vembrancher à Oudjda sur la ligne alglto-
t uni sienne.
Même considère SOlis cet aspect un peu
trop simpliste, le problème ne serait Pas
encore résolu mais seulement en voie d'exé-
ClIlioit.
Il y a déjà trois ans que l'on a commencé
les travaux de construction de la ligne nor
maie qui doit remplacer la « draisine • ou
petit chemin de fer à voie étroite qui circule
encore pour quelque temps d'Oudjda à Fez.
La première partie de ce tronçon, qui va
d'Oudjda à Guercif est terminée : le 19 jan-
vier dernier un train de démonstration a par-
couru pour la première fois les 170 kilomè-
tres de ce trajet et cette épreuve a été en
toits points satisfaisante, si bien que Von v
décidé de commencer immédiatement
l'exploitation pour les marchandises et les
voyageurs de 40 classe., la mise en marcha
complète étant remise de trois ou quatre mois
pour la pose du téléphone et diverses instal-
lations électriques.
Sur le tronçon Gticrcif-Taza, les travaux
sont poussés activement et. ceux du tronçon
l'aoa-Fes vont être entrepris sous peu et me.
nés rapidement.
La partie marocaine du grand réseau,
nord-africain sera alors achevée et sera
même la mieux construite de l'ensemble.
'Dès ce moment, un convoi fourra partit
'dc Martaktch çt. arriver à Tutus mais elfj.
ne veut pas dire que ce parcours se présen-
tera dans des conditions convenables
d'exploitation, La partie algérienne, qui en
est la plus importante, demallde, en effet:
d'importantes améliorations pour que voya-
geurs ci touristes soient tentés de l'aftron.
ter.
ùur la partie du reseau algenen dont cite
a la gérance, la Compagnie P.L.M. se
préoccupe de cette éventualité : elle fait
procéder a« doublement de la voie ferrée
Alger-Oran par des travaux de réelle impor-
tance. C'est ainsi qu'un pont en béton armé
de 200 mètres de long a lté jeté sur l'oued
Chiffa, la fameuse rivière aux sillges. Sur
l'oued Bou-Roumi, un autre pont en béton
armé a été établi. Il a une portée de 37 mè-
tres avec laquelle il bat le record de la spé-
cialité,
Déjà, la Compagnie P.L.M. a fait pro-
céder à des essais sur le premier tronçon de
sa nouvelle voie entre Alger et Boufarik. Le
train y a réalisé une vitesse de 100 kilomètres
à l'Heure.
On peut donc déjà tenir pour certain que
la grande ligne présentera aux voyageurs de
sérieux avantages sur les deux tiers au moins
de son étendue, de Marrakech à Alger. Mais
elle doit s'appliquer à mériter ce témoi-
gnage sur le reste de son parcours" c'est-à-
dire d'Alger à Ghardimaou et de cette sta-
lion-frontière à Tunis. Pour cette fraction
tunisiemle, il suffira de quelques ambtagc-
ments de la voie et d'achat de matériel. Maii
pour la ligne algérienne d'Etat, de Ghardi
maou à Alger, il faudrait davantage, Z?:
Annales Coloniales ont déjà signalé les in
convénients de cette voie tracée en zig-zag,
comme pour pouvoir distribuer âux entrepre-
lieurs plus de kilomètres à construire, et qui
comporte des rampes telles que les trains
pesamment chargés y perdent fréquemment
leur souffle.
Il faudrait imiter de ce côté l'exemple
que donne, de l'autre, la Compagnie P.L.M.
en faisant doubler sa voie d'Alger à Or an.
Encore faudrait-il que ce doublement com-
portât des rectifications de tracé assez nom-
breuses.
Si l'Algérie ne se résout pas à ces tra-
vatex, elle compromettra le résultat en reje-
tant voyageurs et touristes vers l'automo-
bile 'l'Ii) à l'heure actuelle, est préférée Par
la plupart de ceux qui ont à se rendre de
Tunis à Alger ou réciproquement.
Ainsi serait compromis l'attrait du magni-
fique parcours ferroviaire de Tunis à
Marrakech.
Smat Hmdmp
Sénateur de la Marne,
Vice-Président de la Commission
des Dounnen.
LIRE EN SECONDE PAGE :
Les élections législatives et les colonies.
Lo commerce extérieur de l'Afrique du
Nord,
L'aviation coloniale.
La pèche et la chasse à Madiegascar,
L'équipement des villes maioaches.
! Le rail nord-africain
i lutte contre la route
l'
; Depuis la chute verticale des transports
de minerais eV phosphates qui constituaient
le principal trahc des chemins de 1er nord-
africains, ceux-ci connaissent maintenant la
concurrence de l'automobile dans toute son
acuité: Ce n'est certes pas d'aujourd'hui que
la route attire une partie pu lret dont la voie
ferrée détenait jadis le monopole, mais cette
perte n'était pas aussi sensible au chemin de
ter qu'elle l'est depuis que les mines ont
cesse de tournir un tratic normal et rémuné-
rateur. Des réactions étaient à prévoir;
elles commencent à se manilester.
"1 En Tunisie, aussi bien qu'en Algérie et au
Maroc le rail tend de plus en plus à dispu-
ter à la route 'ie trafic qui reste encore. La
lutte est dure, car il n'y a pas qu'une ques-
tion de tarits qui est en jeu. Si le train peut
transporter à meilleur compte dans certains
cas, il ne lui est pas possible d'oilrir les
mêmes commodités que le camion automo-
b i lé' qûV prend le fret au domicile de l'ex-
peçliteur et le transporte au domicile du
destinataire, ce qui présente un avantage sé-
rieux pour l'usager quand Ú est très éloigné
d'une gare de chemin de fer, comme il ar-
- rive fréquemment dans les pays coloniaux.
Qu'il s'adresse au rail ou - à la route, l'usa-
ger bénéficie aujourd'hui de conditions de
transports de plus en plus avantageuses.
C'est ainsi que les chemins de fer tunisiens,
en prévision du trafic important qu'an-
nonce la prochaine campagne de céreales,
mettent en application au icr mai, pour
le transport des blés et des orges, un nou-
veau barème ayant pour résultat d/abaisser
les tarifs habituels de 65 en certains cas.
Cette nouvelle formule a été accueillie avec
joie par les colons et fellahs, comme on
pense; d'autant plus qu'elle aura pour effet
de provoquer une baisse correspondante chez
les camionneurs et les arabatiers. Dans
quelle mesure ceux-ci pourront-ils 'la sup-
porter, c'est une autre histoire et déjà les
tenants de la route récriminent.
Constatons toutefois que La circulation
routière s'accroît régulièrement, malgré la
crise économique qui sévit. Et rien ne fait
prévoir un arrêt des importations des véhi-
cules automobiles dont la courbe ascen-
dante marque le succès et l'avenir de ce
moyen de locomotion dans les pays nord-
africains.
Mais les chemins de fer seront encore
'longtemps indispensables, pour le transport
des voyageurs à grande vitesse, la desserte
des banlieues et pour le trafic lourd, mine-
rais et phosphates. En commercialisant leurs
méthodes d exploitation et en les adaptant
aux besoins nouveaux do leur clientèle, les
chemins de fer continueront à jouer un rôle
de premier plan dans lia vie économique,
tout en restant un instrument stratégique
irremplaçable pour la sécurité du pays.
La concurrence du rai'l et de la route
n'est d'ailleurs, assez souvent, que la consé-
quence de la rareté du trafic ; dès que la si-
tuation économique sera redevenue normale
il y aura des possibilités d'existence et de
développement pour tous les moyens de
transport et de locomotion, à-condition
qu'une fiscalité équitable s'institue et ne
vienne pas handicaper les uns pour avanta-
ger les autres.
Arthur Pellegrin,
Délégué au Grand Conseil de la Tunisie.
) - (
Le commerce de la France
avec ses colonies
«4»
Premier trimestre 1932
Le tableau suivant donne la valeur comparée
des marchandises en provenance des colonies et
pays de protectorat, importées en France pen-
dant les trois premiers mois de 1932 et 1931 :
Importations
(En milliers de francs.)
1932 1931
Afrique Occidentale
française 101.764 111.784
Algérie.,. 706.988 814.393
Indochine 89.126 99.738
Madagascar et dé-
pendances. 58.969 55.093
Maroc 93.617 38.881
Syrie (mand. fçais). 7.041 13.574
Tunisie 84.338 103.927
Autres colonies et
pays de protecto-
rt 146.890 145.253
Totaux des colonies
françaises et pays
de protectorat 1.288.733 1.382.643
Par rapport aux Importations des trois pre-
miers mois de 1931, celles des trois premiers
mois de 1932 ont diminué de 93.910 francs..
Voki maintenant comment se comparent les
exportations françaises à destination des princi-
paux pays étrangers ainsi que des colonies t et
pays de protectorat, pendant les trois premiers
mois de 1932 et 1931 :
Exportations
(En milliers de francs.)
1932 1931
Afrique occidentale 47.890 85.44 1
française 47.890 85.441
Algérie 788.957 1.085.014
Incrochine 93.727 175.063
Madagascar et dé-
jpendances 60.593 68.275
Maroc ., 195.521 240.299
.(mand. fçais). 29.878 35.048
TuMaie t85.223 209.807
Autres colonies et
pays de protecto-
rat Il 98.696 124.375
Totaux des colonies
fnmcaisea et pays
dep~ectorat L500.687 2.023.322
Par rapport aux exportations des trois pre-
miewirois de 1931, cens des trois premiers
mois de 1932 ont diminué M 522.633 francs.
La case aux livres
ÉCRIVAINS COLONIAUX. ET D'AILLEURS
) ( –-
HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES
ET DE L'EXPANSION
DE LA FRANGE DANS LE MONDE
Le quatrième tome de l'oeuvre consacrée
au génie civilisateur de 'la France et entre-
prise sous la haute direction de M. Gabriel
Hanotaux est paru. Ce volume traite de l'A.
O.F. par Maurice Delafosse, ancien gouver-
neur des Colonies, professeur à 'l'Ecole des
langues vivantes ; de l' A.E. F ., par Auguste
Terrier, secrétaire général du Comité de
l'Afrique Française ; de la Côte des Sonia-
lis par Alfred Maftineaiij ancien gouverneur
et professeur au Collège de France.
L'histoire, telle que la connaît la majo-
rité des Français, n'est qu'une suite d'événe-
ments-explosions, tenant plus de la fiction
et du merveilleux que d'une permanence
dans 'la race de qualités et de défauts, per-
mettant à la France de réaliser logique-
ment au cours des siècles, souvent en dépit
de ses gouvernants, la destinée inscrite dans
la main de son peuple.
« Savoir son histoire de France », c'est
se rappeler Vercingétorixi-Alésia, Jeanne
d'Arc-Guerre de cent ans, Coup-d'éventail.
Prise d'Alger, etc. Je comprends que cette
science historique ait fort répugné à Paul
Valéry. Mais justement, ces grands noms ro-
mancés, héros de légendes, n'ont rien à voir
avec l'histoire de la France. Tandis que je
'la découvre" au cours de ces volumineux ré-
cits des événements coloniaux, souterraine
en l'épaisseur des siècles, parfois en sources
jaillissantes, toujours présente.
Et, c'est ce lien de continuité jamais in-
terrompu; au temps les plus obscurs, cette
volonté tenace, sans intermittence des Fran-
çais de se répandre en Afrique, dans le
monde, qui explique humainement la consti-
tution, au cours du dix-neuvième siècle, de
notre Empire colonial.
Le miracle, c'est justement, quoiqu'on ait
dit de notre humeur casanière, la perma-
nence dans notre peuple de qualités coloni-
satriccs qui rachetèrent les fautes d'un
Louis XV ou les aberrations coloniales
d'un Clemenceau, et soutinrent Jules Ferry
le Tonkinois, etc.
Dans aucune autre histoire, on ne trouve,
comme dans la chronique coloniale, le cha-
pitre aussi jonché de déboires, a'actionà
qui vont à vau-l'eau, d'héroïsmes jusqu'à la
morf qui semulent inutiles.
Et pourtant, il suffit de parcourir « l'his-
toire des colonies françaises et de l'expan-
sion de la France dans le monde » pour se
rendre compte, qu'aucun effort ne fut stérile ;
que la sueur et le sang répandus dans les
sillons les plus arides ne l'avaient pas été
en vain ; qu'en marge de nos officielles et
éclatantes déceptions coloniales, le peuple
français, héritier d'une tradition jamais in-
terrompue, travaillaient victorieusement à
la constitution d'une France-d'Outre-Mer
(exemple mère Javouhcy, René Caillié, etc.)
C'est cette salutaire, revivifiante philoso-
phie, que le lecteur doit dégager de cette
histoire coloniale solidement documentée.
Pion. Editeur.
COURRIER D'AFRIQUE
par
MAURICE MARTIN, DU GARD
« Avez-vous lu Cotirrier d'Afrique ?. »
Depuis certain événement littéraire « pa-
risiano-coloniale », cette phrase est d'une
brûlante actualité et attire de nouveau l'at-
tention du grand public sur une œuvre im-
portante, que tous les métropolitains-afri
cains doivent avoir lue, car elle éclaire, en
profondeur, des problèmes du passé, du pré-
sent, de l'avenir, du plus haut intérêt. Il
était logique, que Maurice Martin du Gard,
moraliste-encyclopédiste, soit demeuré fas-
ciné par le « To be or not to be » de la
France en Afrique Noire.
Et, parce qu'il s'est longuement penché
sur les raisons de l'existence même de la
nation, le jeune directeur des « Nouvelles
Littéraires » fait des remarques pleines de
saveur et de vérité.
Dans le chapitre intitulé : tç Une matinée
à l'Eco'le Faidherbe » de Dakar où il assista
à une leçon d'histoire faite par un institu-
teur de couleur à des enfants noirs de six à
treize ans, je relève ces quelques lignes qui
doivent servir de sujet de méditation à tous
nos parlementaires :
« On ne leur apprendra pas, j'espère,
que Clemenceau avait décidé, dans sa jeu-
nesse, vers la soixantaine, que la France ne
serait forte qu'en se recroquevillant sur
elle-même, ce qu'elle ne pourrait faire au-
jourd'hui, qu'au risque de disparaître. C'est
au contraire à ses frontières coloniales
qu'elle doit veiller si elle veut vivre. »
Ne pouvant citer « Courrier d'Afrique » en
entier je conseille de lire ce livre auquel
je souhaite bon voyage dans la France des
cinq parties du monde.
Ernest Flammarion, Editeur.
L'EMPIRE DE FEZ
LE MAROC DU NORD
par
FERNAND BENOIT
En quelques pages vivantes, l'auteur évo-
que le passé, le présent de ce Maroc du
Nord dans lequel deux vies, deux âges s'af-
frontent, comme autrefois dans l'Afrique
Romaine. cc Il n'y a pas de barrière qui ait
résisté à leur fatale transfusion peut-être
plus lente dans l'Afrique d'autrefois que
dans celle d'aujourd'hui. Toute colonisation
(et ce mot s'entend dans son sens le plus
large), est réciproque. »
M. Fernand Benoît a raison, l'avenir de
la double ville indigène française est dans
la double interprétation des deux génies et
dans leur incorporation ; car les deux villes
ont solidaires et la Médina ne continuera à
jouer son rôle de capitale, en face des mille
concurrences nées des marchés nouveaux de
la campagne qu'en fonction même de la
puissance de la ville française.
Telle est la réponse du vingtième siècle à
la thèse romantique de Victor Hugo : « Ceci
tuera cela. n
Alixis Redier, Editeur.
EVOCATIONS LITTERAIRES
par
GABRIEL BRUNET
Tel est le livre qui vient de valoir à son
auteur, un jeune universitaire, le prix de la
Critique Littéraire. Je sais qu'auprès du
public dépourvu trop souvent de réactions
personnelles, qui a l'habitude d'adopter les
Idées-confectiulls à la taille de tout le monde,
la critique universitaire ne jouit pas d'une
presse excellente. « On D la dit parente
pauvre de la littérature ; « on » l'accuse
d'être le pique-assiette s'alimentant au dé-
pens des auteurs-créateurs ; « on a la juge,
lorsqu'elle est universitaire, rigide et en-
nuyeuse. M. Thibaudet n'a pas craint de ré-
pondre à Il on » : « que cette critique demeu-
rait une des parties les plus solides, les
plus respectables du dix-neuvième siècle lit-
téraire ». Quant à notre présent (1932), il
faut convenir que M. Gabriel Brunet donne
à ces préjugés en soldes un démenti écla-
tant.
Sa manière d'évoquer Mme de Sévigné,
patronne des journalistes ; Bossuet, réactif
de choix pour l'humain moderne ; Paul-Louis
Courier, le paradoxe incarné, ou Sainte-
Beuve, l'hypocrite protecteur des arrivistes,
sa manière de dresser ces grandes figures
consacrées au culte académique, selon le ca-
non futuriste de l'homme éternel, est bien
d'un créateur.
Et, dès les premières pages de son livre,
Gabriel Brunet, par l'originalité osée des
idées émises, réduit à néant le légendaire et
ennuyeux poncif universitaire.
Il y a, dans ces « Evocations littéraires P,
une passionnante recherche du secret de
l'âme de « ces beaux exemplaires d'écril-
vains ». Le critique en arrive à cette consta-
tation, bien faite pour plaire à nos âmes
changeantes, brumeuses, incompréhensibles
pour nous-mêmes : a Mais, plus je regarde
les individus, plus je sens que nos esprits
sont faits souvent de pièces et de morceaux
entremêlés, sans qu'on puisse parler d'unité
ni d'harmonio ».
Livre curieux, en vérité, dont la lecture
fascine de la première à la dernière page.
(Nouvelle Librairie Française.)
LE JUIF ET L'AUVERGNAT
par
EDMOND GAHEN
La Bohème de Montparnasse!. vieux
thème archi-rabâché, depuis le jour trois
fois heureux où Siegfried et le Limousin se
sont rencontrés, attablés à une terrasse de
café sans Coupole. Il faut reconnaître que
M. Edmond Cahcn a renouvelé avec talent le
refrain populaire en campant dans l'ambiance
des studios son Juif et son Auvergnat. Et
nous apprenons, au cours de ce roman com-
ment un médecin sans clientèle, las de la
dèchc, transformé sa femme, peintre médio-
cre, en maître cubiste et exploite en grand
le talent conjugal ; comment un juif ruiné
se venge d'un Auvergnat. Enfin, nous assis-
tons à l'ascension de Gomez et de Chaffou-
gnat réconciliés. Sous la firme « Max frè-
res », les deux larrons prospèrent malgré la
crise.
(Fasquelle, éditeurs.)
L'INDOCHINE
par
ALBERT MAYBON
Spécialisé depuis longtemps dans l'étude
des questions d'Extrême-Asie, M. Albert May-
bon vient d'écrire un ouvrage sur l'Indochine
qui doit rendre le plus grand service à tous
ceux qui sont pressés de recueillir des no-
tions précises, générales, sur le développe-
ment de la vie française dans notre grande
possession d'Extrême-Asie. Il faut souhaiter
la diffusion de ce livre (qui n'a rien d'un ma-
nuel), car il est rédigé de telle façon que le
lecteur métropolitain, ou colonial doit pren-
dre intérêt à la lecture de ces pages qui, en
même temps qu'elles montrent une colonie au
travail, découvrent des horizons sur l'avenir
(Larose.) éditeur.)
Marie-Louise Sicard.
) ..- (
Nécessité d'un enseignement
professionnel à la Réunion
par MAURICE RIBET.
»♦»
Ainsi donc le cyclone qui vient de sévir
à la Réunion y a causé des dégâts à ce point
graves, que la Chambre a voté, sur la pro-
position du Gouveiiiement, une subvention
de 50 millions en faveur - des sinistrés.
Do grands travaux seront nécessaires aussi
bien pour la réfection des ruines particuliè-
res que pour la remise en état des routes,
des lignes télégraphiques et des immeubles
administratifs. Et ce ne sera pas cette fois,
une mince affaire.
Il existe bien dans le pays une main-
d'œuvre expérimentée, d'excellents ouvriers
à qui on devra faire appel. Mais ces ou-
vriers seront-ils en nombre suffisant pour
assurer avec toute la célérité que la situation
comporte, l'ensemble des travaux à mener
à bien ?
Nous ne le pensons pas à moins qu'on ne
se contente d'à peu près, ce qui, en matière
de construction, n'est guère recommandable
ou qu'on ne redoute pas les effets d'une
concurrence qui trop limitée aboutirait à des
exigences onéreuses pour la collectivité.
Et ceci nous amène à considérer la néces-
sité absolue pour la colonie de former des
corps de métier.
Il existe bien à Saint-Denis une Ecole pro,
fessionnelle fonctionnant déjà depuis quel-
ques années sous la surveillance du Service
des travaux publics. Mais si les renseigne-
ments que nous possédons sont exacts,
comme nous le croyons, cette institution ne
progresserait que très lentement.
On donne il cela diverses raisons dont la
princinale est que l'Ile enfermée en el'Je..
même n'a que des besoins limités.
Mais est-ce qu'à cette affirmation, l'évé»
nement récent et déplorable auquel nous ve-
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